Psychosonique en Pédo-Psychiatrie

Dr Joffrin, Françoise

 

 

8. - L'ESPACE PSYCHIQUE SONORE :

Nous allons ébaucher, comme nous l'avions annoncé au départ, une approche de l'espace psychique étayé sur le monde sonore, pressenti  dans l’antiquité et par maints acousticiens, musiciens, chanteurs et psychologues. Nous pouvons avancer que l'espace psychique sonore est d'une part  vectorisé, les sons graves affectant le bas du corps, (50-125 Hz),  les aigus, le haut du corps (4000-12000 Hz) ; il est d’autre part polarisé, le matériel sonore n'étant pas identiquement traité par nos deux hémisphères cérébraux.

 



Avec Édith Lecourt (1985), nous pouvons donner quelques caractéristiques du monde sonore : « L'absence de limites dans l'espace : le son nous atteint de toutes parts, il nous entoure, nous traverse et en dehors de nos productions sonores volontaires, des sons vont jusqu'à s'échapper subrepticement de notre propre corps ».

L'absence de limites dans le temps : il n'y a pas de répit pour la perception sonore, active de jour comme de nuit, elle ne s'éteint qu'avec la mort ou la surdité complète.

Le sonore se caractérise par l'absence de concrétude. Le son reste insaisissable, seule la source sonore peut être repérée, modulée, voire fabriquée. Le son-objet est la construction des acousticiens, non un fait d'expérience. Parallèlement au repérage objectivant de ces derniers quelques espaces peuvent cependant  être décrits. P. Schæffer (1966) définit le champ acousmatique en analogie avec l'expérience que Pythagore faisait éprouver à ses élèves qui, pendant cinq années, écoutaient ses leçons,  cachés derrière un rideau, sans le voir, et en observant le silence le plus rigoureux.

Figure 14

Cette situation interdit symboliquement tout rapport avec ce qui est visible, touchable et mesurable et définit un espace subjectif de la perception : cet espace pédagogique évoque aussi l'espace psychothérapeutique défini par un cadre et des limites qui sont  aussi celles de notre espace psychique, décrit par Anzieu (1974) par l'intermédiaire des enveloppes psychiques  comprenant l'espace sonore et Freud n’a-t-il pas  évincé la pulsion scopique pour pouvoir écouter les sujets parlants ? Nous décomposons par ailleurs l’audiogramme en courbe osseuse reflétant la résonance spécifiquement à l’intérieur du sujet, et la courbe aérienne reflétant l’écoute  adressée à l’Autre  dans l’espace virtuellement extérieur.

Il existe de nombreux modèles de l'espace psychique dont celui, en psychiatrie de Henri Ey, élaboré à partir du modèle de H. Jackson de l'organisation des niveaux structuraux de l'être psychique ; notons aussi les modèles d'évolution et de complexification de la conscience  de Teillard de Chardin (1955) Mac-Lean  (1990) ainsi que "l’appareil psychique", selon Freud, constitué des trois sous-systèmes que nous connaissons (Ça, Moi, Surmoi), probablement  élaboré a partir du modèle de  Platon qu’il admirait,  selon le  ternaire :

  1. Le “NOUS,” (noèse, noumène) : l’esprit, la représentation,
  2. Le “THUMOS” (thymie, disthymie) :  le  cœur, l’âme en tant que principe de vie, souffle  au niveau de l’étage thoracique et support des sentiments, de l’humeur et de «  l’intelligence du cœur »
  3. L“’EPITHUMIA” : le désir, le souhait, la passion.

A moins que ce ne soit à partir du modèle de la mystique juive acheminé par les cours  andalouses à partir du 12eme siècle (voir  Chapitre12).

La représentation graphique que celui-ci  en fait prend forme de "vésicule" et comporte, sur son sommet, selon certaines éditions, la calotte acoustique (centre de l'audition) surmontant le Surmoi. L'image du corps n'est cependant pas très flatteuse… et, à l'instar de la tradition, nous dotons le petit homme  de membres, nous l'érigeons sur ses pieds… nous l'équipons d'un axe vertébral… et le latéralisons (fig.14).

Nous pouvons maintenant nous interroger sur une spécificité métamérique (un métamère est un étage du corps centré sur une vertèbre) : "vibrons-nous" différemment selon ce que nous "ressentons" au niveau de la gorge, du bassin ou du dos ? Quelle lecture de l’audiogramme de telles considérations peuvent-elles nous inspirer ? Plus spécifiquement, qu'en est-il de notre oreille lors de sollicitations corporelles ou sensorielles intempestives n'ayant pas donné lieu à un phénomène de symbolisation lors du traumatisme de l’intrusion d’un signifiant. Nous référant aux différents étages vertébraux, nous distinguons plusieurs plans, qui sont non seulement des plans résonantiels mais aussi des plans psycho-somatiques, des  plans de l'organisation de l'être psychique que nous aborderons sur le mode pluridisciplinaire  et dont nous donnerons la description en fin d’ouvrage page .

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