Enjeux du développement de la capacité introjective dans l’équipe soignante[1].

 

                                                                                                                        L. GRIMAUD[2]

 

 

 

 « Observer c’est pour la plus grande part, imaginer ce que l’on s’attend à voir. »

                                                                                                                                                                                                                                                Paul VALERY

 

 

 

 

Cette remarque de Paul VALERY introduit le problème : comment construire une clinique de bonne qualité au sein de l’équipe pluridisciplinaire ? Sachant que, plus nous avons de difficulté à nous identifier aux personnes dont nous nous occupons, plus la qualité de notre observation est altérée.

Pour engager la réflexion, je m’appuierai sur ma pratique de psychologue qui est allé dans deux directions, l’une comme praticien rattaché à l’équipe médico – sociale, l’autre comme intervenant extérieur pour des établissements sanitaires, sociaux ou médico – sociaux.

Ces deux points de vue ont orienté ma recherche vers une épistémologie des pratiques de l’équipe soignante. Il s’agit d’une démarche qui tente la liaison entre situations vécues, formulation de ce qui a été vécu, élaboration de modèles pratiques.

Dans cette perspective les modèles sont extraits de la pratique avec objectif de comprendre et d’améliorer le fonctionnement de l’équipe soignante sur les plans de la pertinence, de l’efficacité, de la créativité.

A noter qu’un modèle pratique n’a pas vocation d’aboutir à une théorie globale mais de faire retour vers les conceptions du quotidien, à la manière d’un outil réflexif.

 

 



En deuxième partie de cet exposé, je présenterai un modèle actuellement à l’étude à l’IES Lestrade dont le but est de formaliser un dispositif intra institutionnel de développement du récit de pratique.

Son utilité est premièrement de reconnaître le récit de pratique comme compétence clinique de base, et secondairement de favoriser dans l’équipe médico - sociale une culture de l’argumentation des orientations techniques.

Le propos est de circonstance au vu de la loi 2002 qui semble bien déterminer une conception technique de l’action globale impliquant l’équipe pluridisciplinaire comme outil clinique central dans l’élaboration du projet de l’usager. Il semble donc bien que l’équipe pluridisciplinaire doive maintenant se définir comme cet outil cohérent et intelligible pour une mission de production de sens à partir de l’observation de terrain. Jusque là, rien n’empêchait qu’elle soit simplement conçue comme une somme d’agents spécialisés plus ou moins coordonnés entre eux, comme une sorte d’entité administrative de rattachement à l’intérieur de l’établissement.

Le fait que ces orientations soient maintenant inscrites dans la loi n’annule pas miraculeusement le fait que toute réflexion sur la formalisation des pratiques soignantes oblige à l’inventivité dans la construction de modèles qui restent de toute façon dépendant de la nature hétérogène du champ.

 Il faut donc « bricoler », comme le dit LEVY -  STRAUSS à propos de la construction des mythes, et ne pas hésiter d’aller à la pêche au concept dans le grand marigot des sciences humaines.

Pour cette recherche nous nous sommes en l’occurrence référés à l’ethnométhodologie,  une théorie sociologique qui nous a semblé particulièrement adaptée pour traiter ces questions et dont je parlerai en deuxième partie.

 

Avant cela j’aurai recours, pour présenter ce que j’entends par capacité introjective, aux travaux du psychanalyste anglais W.R. BION.

Je vais essayer de montrer en quoi cette potentialité d’intériorisation psychique, à la fois individuelle et groupale, joue un rôle primordial dans la qualité du travail relationnel soignant. La qualité de la rencontre clinique déterminant en cascade la qualité de l’élaboration des  projets, des dispositifs et des conceptions théorico pratique.

 

 

I - La capacité introjective.

 

Initialement, la notion d’introjection indique un mouvement qui « Fait passer, sur un mode fantasmatique du dehors au-dedans des objets et des qualités inhérentes à ces objets. »[3] Le concept connaît un parcours depuis le début de l’histoire de la psychanalyse.

Il apparaît chez FERENCZI, est repris par FREUD, développé par Mélanie KLEIN au travers du couple projection / introjection. On le retrouve chez BION en filigrane de sa théorie de la pensée.

Avec ce dernier éclairage, l’introjection désigne autre chose que le mouvement du dehors vers le dedans,  autre chose aussi que la mise en résonance mutuelle de deux subjectivités, mais plutôt un mouvement psychique qui tente de faire passer l’inconnu dans le connu.

Cette acception pourra être rapprochée de la notion de prise de conscience en psychanalyse, de ce que Sara et César  BOTELLA appellent figurabilité, des développements de René ROUSSILLON sur la symbolisation, de la relation d’inconnu chez Guy ROSOLATO.

Le passage d’inconnu à connu, d’impensé à pensé, ne concerne pas seulement les objets du dehors, mais aussi les objets internes. Le « connais-toi - toi–même » socratique est en quelque sorte une invite à l’introjection. A condition de préciser que le connu et l’inconnu à l’intérieur de nous entretiennent un processus de transaction perpétuelle. Refoulement et prise de conscience étant liés, pour FREUD, comme les deux temps progrédient et régrédient, du processus psychique.

BION investit cette idée du rapport dynamique tout en précisant que le développement psychique consiste dans le passage d’une manière de connaître à une autre manière de connaître et, tout aussi bien, d’une manière de méconnaître à une autre manière de méconnaître.

Sa théorie intègre les ressorts de la psychanalyse et ceux de la sémiotique en tant que théorie de la connaissance à tous les niveaux de l’expérience du corps. Tenant compte du fait que l’expérience du monde s’inscrit toujours dans l’espace de l’expérience du corps et que la pensée reflète donc un corps en train de faire l’expérience de lui – même, quelle que soit la nature de cette expérience.

En réorientant, me semble – t – il, la question de la pulsion vers celle de l’expérience de la pensée, Bion décrit le maillon intermédiaire entre soma et psyché comme un mouvement perpétuel de transformation des éléments psychiques entre les deux butées de la sensation corporelle et de la pensée abstraite.

Si, en effet, « Il serait absurde de dire d’une pulsion qu’elle pense »[4], on peut cependant dire qu’elle obéit à la fois à une exigence économique d’excitation et à une exigence narcissique de forme. Ce que Bion indique comme la rencontre d’une pré – conception et d’une conception. Ce disant, me revient à l’esprit le fameux «  Mais c’est bien sûr ! » jubilatoire de l’inspecteur BOUREL  à l’instant où son intuition rencontre la gestalt synthétisée d’une série d’articulations logiques. 

Connaître, c’est donc établir sur fond d’éléments en attente d’articulation, un lien entre sensation, intuition et idée, mais c’est aussi établir une liaison à rebours, du concept vers le sensible. Tel est l’axe génétique que Bion nous propose dans sa « grille », comme figuration de la manière dont l’homme s’humanise au travers de la rencontre  subjective, à la fois dans l’espace de sa personne et dans celui des groupes auxquels il appartient.

Dans une telle perspective, penser un objet, c’est entrer en relation de transformation réciproque avec lui, qu’il soit externe ou interne, archaïque ou ré élaboré, clairement délimité ou pas.

 

A ) Du sensible vers le concept.

 

 On peut comprendre que la théorie de BION ait pris une place centrale dans les cliniques analytiques du groupe, de la psychose, de l’enfant et, globalement, du cadre soignant.

Pour nous, qui nous occupons de personnes porteuses de handicaps parfois très invalidants et de familles profondément traumatisées, produire une évolution dans des systèmes de pensée et de communication figés constitue un enjeu majeur.

Car il nous faut accéder et mobiliser des transformations à de multiples niveaux interdépendants : entre parents et enfant, dans le couple, entre parents – enfant et institution, entre enfant et fratrie, enfant et groupe de pairs, enfant et professionnel, ainsi qu’à l’intérieur même de l’équipe pluridisciplinaire.

Le premier outil, en bonne clinique, c’est de « sentir ce qui se passe et circule » d’un de ces niveaux à l’autre, se dévoilant au passage comme effet de sens avant de s’éclipser dans le bruit de fond du groupe et du discourscourant, comme disait LACAN.

Toute lecture clinique se base sur la caisse de résonance du corps vécu et prend sa source entre les lignes de l’événement.  Le discours symptomatique nous expose à sentir dans notre corps et dans le corps du groupe, des choses difficiles.

Acceptera ? Acceptera pas ? - d’héberger des choses difficiles, telle est la question qui se pose à la fois pour le professionnelle et pour le groupe. Ne pas accepter c’est demander au comportemental réactionnel et, en définitive, au physiologique, de régler la note de l’angoisse. Accepter, revient à tenter de faire assumer ce rôle au processus de la mentalisation au cours de ces va et vient entre sensation et pensée.

 

Vignette clinique.

Il s’agit d’une intervention effectuée au titre de l’analyse des pratiques auprès d’une équipe prenant en charge de jeunes adultes polyhandicapés atteints de troubles profonds de la personnalité. Une professionnelle évoque la situation d’un résident qui lacère ses vêtements et, la nuit, ses couvertures. On le retrouve au matin, nu sous des  lambeaux, donnant l’impression que sa personne elle – même est en charpie.

Ce récit fait suite à des contenus de séances qui évoquent des ritualisations destructrices, des attaques imprévisibles sur les personnes, une incommunicabilité pesant jour après jour sur le moral de chacun. Ces situations sont vécues comme autant d’effractions dans l’enveloppe contenante, elles génèrent des sentiments d’impuissance, d’incompétence et de désespoir.

De fait, j’écoute en essayant de voir surgir une piste, un point d’appui dans mes propres représentations. Mais je n’arrive pas à être convaincu par mes pensées, je les trouve à fonction d’emplâtre, impuissantes à rendre compte de ce qui s’exprime entre les participants.

Le groupe m’imprègne progressivement des affects de détresse qu’il contient, preuve que je commence à en faire partie.

Au cours de l’animation, mon régime interne est affecté par le poids de réel présent dans les prises de parole et par l’ambiance d’agitation entre les participants. Je continue d’éprouver au long des premières séances de ne rien apporter d’utile au groupe. Aucune construction psychique que je ressente comme fiable ne s’effectue dans mon esprit devant un matériau qui se saisit de moi bien avant que je me saisisse de lui.

Moments désagréables en sortant du groupe où je me demande ce que je suis allé faire dans cette galère ; et comment ma propre analyse a pu être à ce point ratée que ma mégalomanie continue de me pousser à animer des groupes en difficultés.

 

Jusqu’au jour où une participante nous met le pied à l’étrier en disant que si je n’amène pas de solution c’est sans doute parce que j’estime ne pas être suffisamment payé.

Mes associations vont vers le thème du « retour sur investissement ». Les représentations s’organisent dans le groupe autour de ce fil.

Emergent des sentiments qui pourraient se traduire ainsi : les résidents reçoivent des choses de bonne qualité de notre part, des soins, de l’attention, de la préoccupation, on se fait du souci pour eux, on leur fait de multiples propositions, mais ils n’investissent pas, il n’y a pas de retour. Il est même impossible de les aider à se constituer en groupe. Lorsqu’on veut organiser une activité ça « fuit », on court chercher les résidents dans toutes les directions, laissant en plan les seuls d’entre eux qui accrochent à l’activité.

Je me rends compte à ce moment d’avoir eu souvent l’impression que ce groupe ne s’assemblait pas, ne s’écoutait pas, et que jusque là mon travail reste centré sur la contenance, ordinaire fonction de tout animateur : ordonner la parole, la rendre à celui qui se l’est fait couper, équilibrer les expansions, répartir l’expression, repérer les axes mouvants de l’alliance et de l’hostilité, distinguer entre le silence de l’écoute et le silence du retrait, proposer le retour à celui qui s’éloigne, guetter l’approche de celui qui n’est pas encore entré dans l’échange…etc.

 Au travers de ce tricotage interne au groupe, deux fantasmes ont pu finalement se communiquer clairement - le premier sur un vecteur mélancolique : « On n’est pas à la hauteur de notre tâche » - le deuxième sur un vecteur persécutif : « L’intervenant et les résidents ont un trait commun : l’ingratitude à notre égard, car ils rétribuent nos efforts par de l’incommunication, provoquant notre désir de vengeance et notre culpabilité. »

La formulation concrète de la question du « retour sur investissement » dans toute pratique éducative parentale ou professionnelle, fut donc le cadeau transférentiel à partir duquel une figurabilité du contenant percé a pu se construire.

 

Comme toujours, le rôle de la fonction introjective est repérable à partir d’un élément projectif pris dans le transfert. Elle s’exprime à bas bruit essentiellement sous la forme d’une opération réceptrice qui prend le temps de se développer.

Ici, il fallait héberger les éléments de douleur narcissique et du sentiment de déprivation libidinale issus de l’incommunicabilité vécue au quotidien. Le processus psychique entre le groupe et  l’animateur a pu s’appuyer sur un affect partagé à partir de la formulation : « Vous ne vous estimez sans doute pas assez payé pour …etc. » dont la deuxième partie est : « comme nous-mêmes sommes bien mal payés en retour, narcissiquement et objectalement, par les personnes dont nous nous occupons. »

 

Ceci est une illustration de la fonction du développement de la capacité introjective qui, comme l’indique BION au travers de son modèle de la « rêverie maternelle », est de recevoir la projection, de l’élaborer et de la ré adresser sous une forme organisatrice. En précisant toutefois que l’élaboration s’effectue entre les acteurs psychiques de la situation. Le rôle spécifique de tout professionnel soignant et de tout groupe soignant étant alors non seulement d’aménager des espaces de transition, mais de s’aménager soi comme espace de transition, pour une expérience de la pensée tenant compte de sa base d’expression corporelle infra verbale. 

 L’enjeu du développement de la capacité introjective dans l’équipe soignante se précise donc comme l’organisation par la transitionnalité d’un contenant pour les pulsions en souffrance de réalisation – c’est à dire de représentation -  qui circulent comme autant d’éléments désorganisateurs entre le sujet porteur du handicap sa famille et l’équipe.

 

B ) – Du concept vers la perception.

 

Ayant entrevu comment le corps du professionnel et le corps du groupe soignant peuvent s’impliquer comme aire transitionnelle, selon la formule de WINNICOTT, dans la relation thérapeutique, il nous reste à nous faire une idée du mouvement inverse selon lequel les aspects les plus élaborés de la pensée influencent la sensation, la perception et l’organisation somatique elle – même.

 

 La clinique montre, en effet, que lorsque le système de représentation d’attente et d’anticipation d’un sujet est brusquement troublé, celui - ci est confronté à un conflit d’introjection. Il ne sait plus dans quelle case mettre le réel auquel il est confronté. Une telle situation de crise de la mentalisation peut déterminer de graves désorganisations y compris sur le plan somatique.

La gamme de situations de crise affectant l’appareil de la compréhension du monde et de soi, est immense[5]. Mais dans tous les cas, le conflit d’introjection se traduit par une crise du jugement perceptif selon la formule de PIERCE[6]. Devant un événement insupportable par la surprise, la déception ou l’horreur qu’il suscite, un enchaînement de séquences psychiques peuvent avoir lieu : on se frotte les yeux, tout en disant, « j’en crois pas mes yeux » ou, à la manière des adolescent d’aujourd’hui ; « J’y crois pas ». Ne pas croire le perçu détermine une distorsion de la perception elle – même.

La dénégation est constitutive de la pensée en permettant l’intégration du refoulé fait remarquer FREUD dans son article de 1925 « Die verneinung ». On peut ajouter que la dénégation affecte « physiquement » la perception dans le registre d’un ajustement consensuel. Je vois ce qu’il m’est acceptable de voir, inversement je tends à na pas voir ce qui provoque en moi une crise de la consensualité. Ainsi, la crise introjective déterminant la  distorsion perceptive et, plus profondément, la possibilité de désorganisations somatiques, se décline en crise d’interprétation ( quoi croire ? ), crise d’identification  (quoi comprendre ? ) et crise identitaire ( comment conserver mon ordre intime devant une réalité qui n’entre dans aucune de mes catégories de pensée ? )

 

Cette problématique concerne toute personne recevant une atteinte traumatique. Ce qui est le cas des parents dés l’annonce du handicap de leur enfant selon des degrés et des types d’organisations très diverses. Et si nous pouvons bien souvent observé que le rapport des parents à la réalité de l’enfant est distordu, justifiant l’urgence de la mise en place d’une guidance parentale et d’une intervention éducative spécialisée, il s’agit au préalable de reconnaître la valeur dynamique du processus en cours et, surtout, de ne pas perdre le contact avec les parents au motif de ce que l’on interprèterait à tort comme une dérive psychopathologique, d’autant que se manifestent des contenus transférentiels négatifs.

En réalité ces motions transférentielles négatives qui éprouvent les équipes, constituent la première et parfois la seule voie de rencontre et d’élaboration du lien parents – enfant – institution. Il est donc essentiel que les équipes sachent en travailler les effets autrement qu’en y réagissant de façon à leur tour défensive.  Ces projections parentales suturantes et psycho protectrices répondent  le plus souvent aux sentiments d’angoisse et d’injustice, de menace généalogique, générés dans l’intersubjectivité familiale à partir de l’événement de l’annonce du handicap d’un enfant. Elles constituent donc un point d’appui au processus d’élaboration.

Le paradoxe doit ici être considéré pour sa valeur psycho dynamique : dans certaines situations une pensée qui se présente partiellement contre la réalité, contre l’évidence et le bon sens, peut être la seule manière, et donc la bonne manière, de lutter contre l’effondrement psychique. Il me semble que le film de Roberto BEGNINI, « La vie est belle » illustre bien ce processus en montrant un père qui, dans une situation catastrophique, met en scène une réalité illusoire pour protéger son fils d’une réalité destructrice. Au fond les deux personnages du film représentent deux aspects du moi, le « moi – pour – la – survie » et le « moi – réalitaire – désespéré », dont l’un joue la comédie à l’autre afin que l’ensemble conserve son intégrité.

Je prendrai un autre exemple lui aussi en dehors de la clinique, pour illustrer cet aspect du processus psychique au cours duquel la forme consensuelle prend le pas sur la forme perçue et lui impose en quelque sorte sa protection.

Le sémioticien Umberto ECO analyse dans son livre « Kant et l’ornithorynque »[7] un épisode de l’histoire de la science lié à la découverte de cet animal à la fin du XVIII° siècle.  

L’ornithorynque est un mammifère qui pond des œufs. S’est donc posé pour les naturalistes de l’époque le problème de son classement.

Eco remarque que son identification correcte a pris plus d’un demi-siècle, le temps de modifier la taxinomie, et délai attestant de la crise d’interprétation ayant sévie  parmi les spécialistes.

Tout fait nouveau modifie la grille de lecture existante. C’est le premier enseignement que l’on peut tirer de cette affaire qui permet d’appréhender le trauma, au delà des conceptions classiques des effets d’une effraction du pare – excitation, en terme d’atteinte de l’outil sémiosique. La naissance d’un enfant handicapé dans une famille confronte en effet dans la plupart des cas la famille non seulement à un impensable, mais à une mise en échec des conceptions organisatrices de la pensée. Laquelle doit donc impérativement se réorganiser sur de nouvelles bases qui restent à créer sans que l’environnement ordinaire à cette famille constitue dans un premier temps une ressource disponible pour ce faire.

La rencontre famille traumatisée - institution spécialisée revêt, par conséquent, une importance fondamentale dans l’attente que soit remanié et réactivé le lien famille - milieu.

On constate dans la pratique que les transferts peuvent être massifs, paradoxaux, phobiques ou contra phobiques et il convient que l’équipe ait l’idée d’en faire quelque chose.  

 L’affaire de l’ornithorynque montre secondairement que devant la mise en crise de leur référentiel, des scientifiques, pourtant formés à l’observation et au raisonnement, ont « vu » sur l’ornithorynque des traits distinctifs qui n’existait pas, et n’ont pas « vu » certains traits pourtant apparents.

Le désir de faire entrer le spécimen dans une catégorie existante fut  tel que la perception elle – même a pu être modifiée.

Ceci en dit long sur les effets de distorsion, au niveau même de la perception, pouvant survenir entre des partenaires ayant à communiquer  sur la base d’un événement traumatique.

Il serait trop long de présenter ici des études cliniques de ces phénomènes, mais je pense que les illustrations surviendront dans la discussion ou les ateliers.

 

Revenons maintenant à notre base de travail. La qualité de l’action de l ‘équipe dépend directement de la qualité du vecteur de l’observation qu’est le récit de pratique. C’est donc à ce maillon de la chaîne clinique que nous allons pratiquement nous intéresser.

 

 

 

II - Le récit de pratique, un outil clinique en institution ?

 

«  Le récit de vie peut constituer un instrument remarquable d’extraction des savoirs pratiques, à condition de l’orienter vers la description d’expériences vécues personnellement et des contextes au sein desquelles elles se sont inscrites. Cela revient à orienter les récits de vie vers la forme que nous avons proposé de nommer récits de pratique. »

                                                                                                                        D. BERTHAUX

 

            Dans le cadre de l’Institut d’Education Sensorielle LESTRADE, la réunion des directeurs psychiatres et psychologues traitent des orientations théoriques et techniques des différentes pratiques existantes et de leur évolution. Elle peut aussi développer une réflexion plus proche de l’innovation pour laquelle manque les repères familiers. Ce fut le cas il y a quelques années lorsque nous avons envisagé de recourir au « pool » des psychologues de l’établissement afin de répondre à des projets nécessitant une co-animation. L’idée était qu’un professionnel  pourrait, dans un but précis et pour un projet déterminé, intervenir dans l’établissement auprès d’une équipe à laquelle il n’était pas habituellement rattaché.

Depuis, des événements importants sont intervenus dans l’établissement, une restructuration a provoqué la venue de plusieurs services pour déficients auditifs qui se sont ajoutés aux services existants pour les déficients visuels. Notre réflexion sur d’éventuels partenariats ponctuels des psychologues s’est peu à peu élargie à une réflexion sur le développement de coopérations internes.

D’autant que la Loi 2002 met en perspective l’écriture du projet d’établissement sur la base de nouveaux déterminants. D’un autre côté la perspective de mise en place d’une démarche qualité a, elle aussi, contribué à orienter notre attention vers le développement de nouvelles ressources, c’est à dire en ce qui concerne notre secteur, la potentialisation de ressources liées à l’existant.

C’est dans ce climat assez favorable à la germination des idées et des initiatives qu’a cheminé une réflexion qui nous a conduit à la rencontre du concept de récit de pratique et de son éventuelle utilisation pour l’équipe soignante.

Le récit de pratique, en tant que méthode de connaissance des logiques locales, nous a paru pertinent pour construire une représentation approchant de ce que nous faisons réellement. Dans le double but d’améliorer les compétences d’équipe et de résister aux tendances communes à tous les groupes de s’enfermer dans son propre ethnocentrisme. 

Je propose ici mon point de vue sur l’historique de notre démarche et sur l’état de la réflexion.

 

A ) - Construire une ressource institutionnelle.

 

- Dans un premier temps, il s’agissait de constituer une ressource transversale aux équipes pour la mise en place d’événements nécessitant une co-animation comme, par exemple, certaines modalités de consultation thérapeutique, le jeu de rôle, le groupe analytique, le groupe de parole, le groupe de parents, etc.

 

- Dans un deuxième temps, nous avons pensé que les équipes pouvaient aussi bénéficier de la co-animation afin d’élargir les conditions d’élaboration de leurs pratiques. Dés lors, il fut question de proposer à des équipes qui le souhaiteraient de travailler sur leurs pratiques en s’adjoignant ponctuellement quelqu’un de relativement extérieur. Cette idée d’un travail sur les pratiques, dans des conditions particulières d’animation que l’on pourrait qualifier de semi – externe, a rencontré ultérieurement le modèle ethnométhodologique du récit de pratique.

 

- Au départ, et sans l’appui de ce modèle, nous avions mené une première expérience en 2000 – 2001, dans l’esprit de la recherche-action, avec un animateur auprès de deux équipes travaillant avec les enfants déficients auditifs ; Une deuxième expérience a eu lieu, avec deux animateurs en  2001 – 2002 auprès de deux autres équipes travaillant aussi avec des enfants déficients auditifs. Dans cette dernière situation l’animation était assurée par un animateur stable, toujours le même au cours des sept séances prévues pour le cycle, et par un co–animateur tournant, puisque à chaque séance un psychologue différent était impliqué.

 

- Les bilans de ces actions, même s’ils n’ont pas été réalisés de façon formelle ont fait ressortir des appréciations plutôt satisfaisantes de la part des équipes, mais aussi des questions quant aux conditions de validité de la démarche et aux modèles théoriques capables d’en orienter une première formalisation.

 

 

B - Critiques positives, réserves et objections concernant le tiers semi – externe.

 

a ) -  Les appréciations favorables à ces pratiques.

 

Cette animation constitue un événement qui :

 

- modifie ponctuellement le fonctionnement de l’équipe et l’ouvre à de nouveaux points de vue[8].

 

- constitue une technique d’implication régénérant les compétences relationnelles individuelles des professionnels, mais aussi la compétence groupale à contenir les affects des enfants accueillis et de leurs parents.

 

- enrichit le potentiel d’action de l’établissement en créant une combinatoire entre les psychologues qui forment ainsi, parallèlement à leur action habituelle auprès de leur équipe de rattachement, un groupe ressource capable de développer de nouvelles compétences institutionnelles,

 

- favorise l’inter – connaissance entre les équipes, assouplissant les frontières sans remettre en cause les identités d’équipe,

 

- dynamise l’élaboration de l’identité technique de l’établissement en faisant ressortir les complémentarités et les articulations entre les différents services et secteurs de pratique,

 

 - exerce un effet « garde – fou » contre la tendance, toujours existante dans les groupes, à se cliver ou se refermer sur des fonctionnements figés. 

 

b ) - Questions, réserves et objections :

 

- Ne serions – nous pas en train de créer un système malsain en faisant jouer à des professionnels internes à l’établissement le rôle d’ « intervenants extérieurs » ?

 

-Rappelons à ce propos la règle psychosociologique première pour tout intervenant de conserver une véritable position d’extériorité par rapport au groupe dans lequel il intervient,

 

- En ce qui concerne leur cadre théorique, ces initiatives ont l’inconvénient de se définir par la seule négative - ni analyse des pratiques, ni régulation, ni supervision, ni analyse institutionnelle, ni « team-building », etc.

 

- De quoi s’agit – il donc ? Si cet outil technique peut - être utile, comment le définir, quelles sont ses conditions de fonctionnement, à quels modèles le référer ?

 

C ) - Développer la compétence de l’équipe médico – sociale.

 

- A partir de cette première argumentation, il convient de revenir sur les intuitions qui ont guidé l’initiative et d’en faire dériver une série d’hypothèses pratiques. L’hypothèse de fond est que l’équipe pluridisciplinaire constitue en soi un outil doté d’une compétence, de savoirs – faire, d’une méthodologie des pratiques du quotidien. Reste à les faire apparaître, à les formaliser suffisamment pour disposer de modèles améliorables et transmissibles pour la pratique médico - sociale.

 

- L’équipe pluridisciplinaire est susceptible d’un développement qui lui est propre et que l’on ne saurait confondre avec la somme des développements des professionnels qui le composent. Autrement dit et par exemple, une équipe constituée de professionnels en formation continue, chacun de leur côté ou par catégories professionnelles, ne serait pas automatiquement bénéficiaire dans son fonctionnement groupal de cet effort de formation.

 

- En matière de formation continue dans les secteurs institutionnels d’accueil et de soin, il convient de définir un ensemble de dispositifs complémentaires, adressés à l’équipe en tant que telle, dans sa dimension de groupe de base. Pour cela, certains outils sont connus - analyse des pratiques, supervision, etc. Notre question est ici la suivante :  pour contribuer à cette fonction de potentialisation de l’équipe, quels seraient les dispositifs intra établissement concevables ?

 

- Méthodologiquement il serait irrecevable de déterminer à priori qu’il n’y a pas de ressource interne pertinente à dégager sans avoir au préalable soutenu, dans le long terme, une réflexion et une expérience institutionnelle à partir de cette question.

   

D ) -  Le Récit de Pratique.

 

a ) - L’Ethnométhodologie.

 

- Dans cette perspective, nous avons trouvé un modèle théorique susceptible – par extrapolation – de s’avérer intéressant, il s’agit  du récit de pratique qui appartient au courant des récits de vie[9], une méthodologie qualitative qui s’inscrit elle – même dans le courant sociologique de l’Ethnométhodologie initiée dés les années cinquante par H. GARFINKEL[10].

 

- GARFINKEL définit cette nouvelle perspective en sociologie comme des études qui se « … proposent de traiter les activités pratiques, les circonstances pratiques et le raisonnement sociologique pratique comme des thèmes d’étude empirique, en accordant aux activités les plus communes de la vie quotidienne l’attention habituellement accordée aux événements extraordinaires. Elles cherchent à les traiter en tant que phénomène de plein droit. »[11] 

 

- Contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord il ne s’agit pas d’une nouvelle méthode en ethnologie, mais de l’étude des méthodologies du sens commun, des modalités selon lesquelles les groupes humains construisent la vie quotidienne. Modalités orientées dans deux sens indissociables : le rapport aux tâches et la construction du système d’appartenance sociale[12].

 

- Selon ce courant sociologique, les méthodes pratiques pour donner sens et accomplir nos actions de tous les jours constituent un sens intégré au fonctionnement du groupe. Reste éventuellement à extraire ce sens, à le formaliser pour l’organiser, le transmettre, éventuellement sous forme d’argumentation justificative ( ce que nous sommes tenus de faire en tant qu’établissement médico – social agréé gérant des fonds publics.

 

- Il s’agit continuellement dans toute pratique sociale ( au sens global de fait de société ) de passer de l’expérience privée au monde commun. Pour cela dans tous les groupes humains s’instaurent des procédures d’interprétation mises en œuvre pour donner sens aux actions venant de soi ou d’autrui. Ces procédures d’interprétation sont à comprendre plutôt qu’à expliquer dans la mesure où il s’agit de formes sémiotiques singulières émanant du groupe au travers de son effort pour consister en tant que groupe ainsi que dans son rapport aux autres groupes.

 

- En conséquence, pour l’Ethnométhodologie, « Les descriptions du social deviennent aussitôt dites des parties constitutives de ce qu’elles décrivent[13] . Le même fait de structure habite l’action et son récit. Il y a homologie, à tout le moins affinité, de syntaxe entre le dire et le faire.

 

            b ) – Intérêts du Récit de Pratique dans l’équipe soignante.

 

- Le récit prend, sous cet angle, un statut particulier ; l’intérêt qu’il représente n’est pas  l’objectivation d’une réalité, mais d’aider les membres du groupe à comprendre les logiques à l’œuvre dans les pratiques qu’ils suscitent. Le dégagement de ces articulations logiques est une condition pour qu’émerge le sens de la pratique.

 

- Ce postulat étant retenu, on va tenter d’accorder  une attention particulière aux conditions du récit dans le groupe professionnel. De la possibilité du récit, de sa qualité, de son développement, dépend la capacité du groupe à comprendre son propre fonctionnement, donc, secondairement à l’analyser pour le transformer dans le sens de la pertinence. En terme psychanalytique, cette pertinence continûment recherchée est formulée en terme de croissance de l’appareil psychique groupal.

 

- De la croissance de l’appareil psychique groupal[14] dépend la compétence d’équipe à appréhender les intenses difficultés des usagers et des familles. Sachant que les niveaux d’angoisse catastrophique vécus par les parents d’enfants handicapés et, secondairement, par les enfants eux – mêmes, tendent à être maintenu par l’équipe à l’extérieur d’elle – même.

 

- Il faut donc agir spécifiquement, par un ensemble de dispositifs complémentaires, pour permettre au groupe professionnel de remanier ses défenses et de maintenir une capacité introjective vis à vis des éléments les plus difficiles à éprouver, à penser, c’est à dire à transformer. R. MISES remarque que l’intellectualisation est une modalité défensive parmi d’autres susceptible d’envahir les équipes. En investissant une instance pour le récit de pratique, l’équipe produit une action vis à vis de son propre système défensif. Par la discipline de renoncer ponctuellement à l’explication, le commentaire, la rationalisation, la revendication, le débat conflictuel ou le consensus auto satisfait, le groupe créé l’écart qui ouvre une perspective sur ses présupposés de base.

 

 

- En ce qui concerne l’animation de la réunion sur le récit de pratique, il n’y a rien à interpréter ou à expliquer du récit car l’on attend de lui que, par le fait même de se dire, il approfondisse le sens qu’il contient. C’est dire que le récit détermine dans son processus même la fonction psychique de l’introjection. Cette fonction, au travers des pratiques traditionnelles du conte, est connue dans son principe depuis la nuit des temps.

 

- Le philosophe Paul RICOEUR nous met sur la même voie en montrant qu’action et récit, fonction narrative et fonction identitaire sont dynamiquement liés[15]. De fait, la fonction narrative rejoint le principe thérapeutique premier de la cure analytique ( la « talking cure » revendiquée par Anna. O, qui a inauguré pour FREUD l’idée de la psychanalyse ) et constitue bien, à certaines conditions de pratique, un organisateur psychique des angoisses mises en jeu entre l’usager, sa famille et l’équipe soignante.

 

- La pratique institutionnalisée du récit est susceptible d’améliorer la participation subjective de tous les professionnels confrontés à l’événementiel de terrain. Ainsi peut - on la considérer comme un agent dynamique de la clinique institutionnelle ( éducative, pédagogique, thérapeutique. On peut ici parler du récit de pratique non comme analyseur, mais plutôt comme organisateur clinique à l’intérieur de l’équipe pluridisciplinaire.

 

- Cette mise en circulation dans l’équipe pluridisciplinaire des éléments du quotidien exige une première condition : que soit  intégré à la culture d’établissement de valoriser la fonction du récit.

 

 

 

 En conclusion.

 

Au moment où intervient une formalisation dogmatique[16] des secteurs social et médico – social, les praticiens ont à faire connaître leurs conceptions et outils afin d’orienter une modélisation sur la base des pratiques et de leur évolution et non pas laisser le champ aux conceptions de l’ingénierie sociale qui n’est, au fond, que la transposition ré habillée d’un discours managérial[17] inapte à tenir compte, à lui seul, du travail sur les représentations et leur transformation.  

Nous l’avons vu, toute pratique du quotidien recèle ses présupposés, ses modèles, ses dysfonctionnements mais aussi et surtout son efficacité. Reste à construire les dispositifs institutionnels réguliers qui permettent d’extraire savoirs et savoir-faire pour les formaliser, les rendre transmissibles et utilisable directement pour un argumentaire apte à faire valoir la pertinence de l’action institutionnelle à deux niveaux :

- la qualité de la rencontre avec l’usager par quoi passe le soin humanisant,

- la conception, la mise en place, la transformation dynamique des dispositifs du quotidien qui en sont les outils.

Ce n’est donc pas un hasard si nous en sommes arrivés à concevoir, parmi d’autres dispositifs de parole, un dispositif centré sur le récit de pratique, et si nous avons pensé intéressant de l’animer selon une modalité transversale.

Notre recherche s’appuie sur une idée globale qui n’est pas nouvelle, mais a été semble – t - il peu investie dans les secteurs social et médico – social. Il s’agit du développement des compétences transversales.

Le plateau technique d’un établissement représente des fonctions professionnelles juxtaposées. Il y a là un premier niveau de la compétence institutionnelle mise en œuvre pour réaliser les objectifs définis. Il existe un deuxième niveau de compétence institutionnelle, à l’état de potentialité, représenté par la combinatoire raisonnée des acteurs disponibles. C’est ce qu’on a appelé ici transversalité, et concerne tous types de coopérations et de mouvements internes susceptibles de former des réponses, en terme de dispositif, favorables à l’évolution individuelle et groupale des usagers.

Nous pensons que pour justifier son existence sur le fond, l’établissement social ou médico – social devra interroger sa compétence primaire ( chacun est – il à sa place et fait – il son travail ) mais aussi sa compétence secondaire ( quelle recherche et quelle innovation l’établissement a – t – il réalisé à partir des équipements humains et matériels qui  lui sont alloués ).

Les éléments ici réunis ne doivent pas créer un rideau de fumée et nous faire perdre de vue qu’il y a en effet encore  beaucoup à concevoir et à tenter avant de valider éventuellement l’hypothèse d’un réel intérêt de l’institutionnalisation du récit de pratique et de son mode d’animation transversale.

 Le but n’est en effet pas de « faire passer en force » un dispositif  auprès des équipes, mais de soutenir vis à vis de nous-mêmes une démarche de potentialisation de l’existant qui est, si on accepte de le remarquer, exactement ce que l’on tente de faire auprès des usagers et que l’on appelle le soin.

Je terminerai donc sur ce qui me semble le plus important, au-delà de la réalisation concrète d’un dispositif particulier, et que résume F. TOSQUELLES dans une note sur la nécessité dans une institution « … de la présence interactive de groupes multiples, divers et surtout structurés fondamentalement selon des modes différents…[18].

 

 

 

 

 

 

 

***********

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Intervention pour les 34° Journées  d’Etude de l’A.L.F.PH.V., «  Du corps au sens », Poitiers, 16, 17, 18 mai 2003.

[2] Psychologue, I.E.S. Centre LESTRADE, 3, rue du Bac, 31520, Ramonville St Agne.

[3] J. LAPLANCHE, J.-B. PONTALIS. «  Vocabulaire de la Psychanalyse ». P.U.F. 1973.

[4] Ch. DEJOURS. In « Psychopathologie de l’expérience du corps ». Dunod, 2002.

[5] Voir l’article remarquable de Glady SWAIN, « Une logique de l’inclusion : Les infirmes du signe ». Revue Esprit, mai 1982.

[6] C.S. PIERCE. « Textes anticartésiens », Aubier, 1984.

[7] U. ECO. « Kant et l’ornithorynque ». Grasset, 1999.

[8] Voir la notion de présupposé chez BION. «  Recherche sur les petits groupes  », P.U.F., 1961.

[9] Voir à ce propos :

    D. BERTHAUX, «  Les récits de vie », Nathan université, 2001.

    G. PINEAU, J.L. LE GRAND, «  Les histoires de vie », P.U.F. 1993.

    F. FERRAROTI, « Histoire et histoires de vie : la méthode biographique dans les sciences sociales », Les      Méridiens, 1983.    

[10] H. GARFINKEL, «  Studies in Ethnomethodology », Cambrige, Polity press, 1984.

[11] H. GARFINKEL, op. cit., Traduction CEMS, 1984.

[12] Voir à ce propos la notion d’épistémè chez M. FOUCAULT.

[13] A. COULON, «  Ethnométhodologie », Que Sais – je »,

[14] R. KAËS, « Le Groupe et le Sujet du groupe », Dunod, 1993.

[15] P. RICOEUR, «  Temps et récit », Seuil, 1991.

[16]Entendons dogmatique non dans un sens péjoratif, mais comme l’état de formalisation législative d’un ensemble de pratiques sociales qui se trouve dés lors organisées au travers de notions déterminées, en l’occurrence : le contrat usager-établissement, projet individuel global et projet d’établissement, l’équipe pluridisciplinaire, l’auto évaluation, etc. Voir P. LEGENDRE, « Anthropologie dogmatique. »

[17] Y. LE PENNEC, « Bourdieu et les fantassins du social. », in les Cahiers de l’Actif, juillet/octobre 2002.

[18] F. TOSQUELLES, « Note sur la séméiologie de groupe », cité par J. TOSQUELLAS,                   «  « NAPOLITANI, le grand oublié », in revue INSTITUTION, N° 10 mars 1992.