Frère Guy, L’ ami au grand cœur

Il est des rencontres qui forgent une existence,
Il est des visages qui gravent en nous
La trace de l’Evangile,
La simplicité d’instants féconds
Vécus dans la largesse des relations.
Passionné de chant lyrique,
sensible à la musique entre les mots

La petite voie qui conduisait
Au 33 avenue Jean Rieux,
Au couvent des Capucins de la côte pavée,
Etait un refuge de verdure et de paix.
Ce lieu habité par des disciples de François d’Assise
Recelait une guérite bien insolite
Où vous accueillait un frère
Au regard lumineux,
A l’habit monacal d’un autre temps,
A la barbe secrète des vieux sages d’orient.
Cet homme fut l’ami d’un jour
De ses frères clochards des années durant,
Des sans-abri d’une ville rose
Flétrie par une détresse urbaine
Bien plus triste et morose.
Non satisfait de distribuer le sandwich de survie,
Sa parole pacifiée redonnait
Courage et énergie.
Combien de fois l’ai-je vu
Parcourir les couloirs du couvent
A la recherche d’un étudiant,
Ou d’un de ses frères mendiants.
La dernière fois que je vous ai rencontré
Cher Frère Guy, mon ami bien-aimé,
Vous étiez encore à la table de l’accueil,
A décrocher le combiné,
A chercher une solution pour vos invités.
Autour de la table de la communauté,
Ou à votre bureau bien assuré,
C’est votre silence qui m’impressionnait,
Silence de l’écoute en secret,
Parole du regard illuminé.


Il en fallait du temps pour vous lancer,
Dire une parole bien à vous,
Libérer la langue affûtée du cœur en sa sincérité.
Soudain la colère pointait son nez,
Vous dénonciez avec force
Mesquineries et décisions injustes.
Je vous entends encore
Parler de votre compagnon Simon,
Simon le savant que vous admiriez
Pour sa modestie et son sens du service.
Pourtant, vous n’aimiez pas les discussions théologiques
Et les querelles des doctes élites.
Votre plaisir se coulait plutôt
Dans la douceur d’une conversation
Dans laquelle vous saviez distiller
Les pétales de la spiritualité de St François.
Saint François était votre modèle,
L’exemple à suivre en sainteté,
Votre style raffiné en était le portrait,
Le signe vivant et bien concret.

Sur votre lit de mort, à vos côtés, En ces premiers jours de l’été, Je sens monter en moi
Une action de grâce,
Une prière qui cherche ses mots.
Vous étiez pour nous
Une figure d’Evangile singulière,
Un regard qui oriente vers l’indicible
Dans la simplicité d’un cœur ouvert,
Dans le creuset de vos mains
D’humble et fidèle serviteur.

Silence, écoute, discrétion, le regard seul nourrit la relation

Marc MARONNE,
votre ami de Poitiers, dont les mots diront peut-être
l’hommage que vous doivent les étudiants qui ont cheminé en étude
sous votre regard paternel et bienveillant.
Labarthe-sur-Lèze, le 15 juillet 2013, 9h56.

 

Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

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15 Août 2013