Christian GUERIN, professeur de technique vocale
Le Dr Bernard Auriol recommande vivement la lecture de cette page
de Christian Guérin dont la sagacité et celle de ses collaborateurs,
participant à l'Association d'Orthophonistes qu'il anime se manifeste
de manière plus développée dans le site
d'où cette page est extraite et adaptée (avec l'autorisation
de l'auteur).
Tout d'abord, vous êtes francophones, et ce n'est pas la meilleure langue pour placer sa voix ! !
Une preuve ? Voyez donc d'où sont venus les meilleurs chanteurs français depuis UN SIECLE : en majorité des régions "à assent"! où on fait rebondir le son comme le ballon de ruby ! ! ! Roberto Alagna, Michelle Alliot Lugaz, Francine Arrauzau, Gabriel Bacquier, André Baugé, Jeanne Berbié, René Bianco, Ernest Blanc, Anne Marie Blanzat, Géorie Boué, Roger Bourdin, Hélène Bouvier, Jacqueline Brumaire, Charles Burles, Paul Cabanel, Charles Cambon, Guy Chauvet, Michèle Command, Rémy Corraza, Régine Crespin, Magali Damonte, André Dassary, Nadine Denizé, Michel Dens, Nathalie Dessay, Renée Doria, Martine Dupuy, José Ferrari, Alain Fondary, Françoise Garner, Jean Giraudeau, Andréa Guiot, Rudy Hirigoyen, Marcel Journet, Jean Philippe Lafont, Michèle Lagrange, Albert Lance, François Leroux, Germaine Lubin, José Luccioni, Mateo Manuguerra, Luis Mariano, Robert Massard, Mady Mesplé, Janine Micheau, Solange Michel, Leo Nougaro, Françoise Pollet, Tony Poncet, Lily Pons, Gilbert Py, Jane Rhodes, Mado Robin, Raphael Romagnoni, Suzanne Sarroca, Michel Sénéchal, Germaine Taillon, Pierre Thau, Georges Thill, Ninon Vallin et Alain Vanzo. Si nous isolons
la région parisienne terre d'immigration où tous les accents
existent , nous remarquons que 4 chanteurs ont vécu leur enfance
au nord de la Loire, et pas des sous-doués, Michel Dens, Germaine
Taillon, Nadine Denizé et Michele Lagrange, pour 45 "en dessous"
dont 39 au sud de Bordeaux ! ! Cela veut dire que votre façon de prononcer est peut être la cause de vos difficultés. |
Il existe un certain nombre de pièges qui se mettent sur votre chemin, et dont les conséquences sont le dysfonctionnement de votre larynx, la perte momentanée de votre voix, jusqu'à la maladie, laryngite ou pire.
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Noubliez pas : ils
surviennent AVANT
que votre larynx ne se mettre à mal fonctionner puis souffre, AVANT
:
Ces pièges peuvent être circonscrits assez aisément quand
vous les aurez décelés. Vous DEVEZ, par contre, les avoir présents
à l'esprit dès que vous sentez la moindre alerte dans le son de
votre voix.
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Ils peuvent être d'ordre acoustique :
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Ils peuvent être d'ordre psychologique :
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Enfin, on ne peut oublier le piège d'ordre fonctionnel du texte :
LE
TABAC
La consommation de tabac tapisse vos poumons ET votre larynx de minuscules
particules de nicotine. La conséquence est notamment que vos muscles
crico- et inter-aryténoïdiens chargés de provoquer la vibration
de votre larynx fonctionnent moins bien. Votre voix baisse vers un ton beaucoup
plus grave, et perd de la tonicité. Ne vous étonnez plus de ce
phénomène, et tirez en les conséquences pour vous. Les
sensibilités au tabac sont différentes selon les personnes, et
il en existe qui, bien que n'ayant JAMAIS fumé, ou peut être à
cause de cela, sont extrêmement sensibles à l'air enfumé
qu'elles respirent. Ce n'est pas un caprice de diva. C'est une réalité
physiologique. Il en est de même de l'alcool . Vous en faites l'usage que bon vous
semble, mais sachez qu'en période de difficulté vocale, un verre
d'alcool ne vous ramènera certainement pas la voix. Certaines personnes ont une digestion difficile et la nourriture trop riche,
les sauces et les épices, ainsi qu'un estomac trop plein peuvent vous
empêcher de parler, notamment à forte intensité.L'explication
est simple : votre diaphragme me parvient plus à descendre, et votre
souffle devient court. Ne vous étonnez pas ! Enfin, les nuits blanches sont par définition contraires à la
santé de la voix, puisque c'est pendant le sommeil, notamment le sommeil
profond, qu'elle se régénère. Philippe Leotard et Serge
Gainsbourg par exemple ont usé et abusé de tout, sans s'en cacher
du public, et leur voix en a été la conséquence. Pavarotti
ne fait pas un secrêt de son obligation "de ne pas faire de "câlin"
la veille d'un concert ! ! Mirella Freni dit qu'au contraire, celà lui
améliore la voix........ Le contrôle de votre voix se fait " a posteriori " par votre
oreille de deux façons différentes. Par l'oreille interne, les
sensations " solidienne ", véhiculées à l'intérieur
de votre corps par les vibrations des solides tels que vos os et les liquides
vous donnent une série d'informations. Par l'oreille externe, le son
émis vous revient de façon aérienne après un circuit
plus ou moins long en fonction des réverbérations, et plus ou
moins fidèle en fonction des modifications qu'il aura subies. De toute
évidence, ces deux informations sont différentes. Il vous suffit
de vous écouter parler sur un magnétophone pour vous en convaincre
: Vous ne vous reconnaissez pas !
A cette dichotomie, s'ajoutent les transformations ou illusions auditives
conjoncturelles, susceptibles de modifier provisoirement votre perception. C'est
sur celles-là que vous pouvez agir. La plus évidente est le changement de salle. Vous parlez dans un bureau,
vous avez une bonne voix. Vous allez dans un amphithéâtre non sonorisé
ou sous un préau, sur la plage ou sur un stade, et on ne vous entend
plus. Vous poussez votre voix et en une demi-heure, vous êtes enroué
! .. que s'est il donc passé ? Votre perception aérienne, paramétrée
provisoirement pour contrôler votre voix dans votre bureau a été
abusée quand vous êtes sorti, et vous avez modifié votre
façon d'émettre votre son pour continuer à percevoir le
même signal. C'est ce qu'il ne fallait pas faire. Vous êtes tombé
dans le piège.
Les causes peuvent être multiples, telles que
Le remède consiste notamment à vous rapprocher d'un élément solide, comme un tronc d'arbre, un mur, un paravent, ou tout autre obstacle qui vous renverra votre voix comme vous en avez l'habitude. Ce n'est pas pour rien que Gilbert Bécaud met sa main à son oreille durant ses concerts, c'est pour s'entendre directement.
Un geste contraire consiste à vouloir " ne pas être entendu ", notamment avec un téléphone cellulaire, ou dans un restaurant. Ne pas être entendu des voisins immédiats, et non de son interlocuteur… Quand le niveau sonore est fluctuant. S'il y a du brouaha, on hausse le ton. Quand il y a le silance, on baisse le ton, on détimbre sa voix, on chuchote, et à la fin, il n'y a plus de projection du son et le larynx souffre. Il en est de même dans le métro ou l'autobus. La solution est de s'isoler mieux, ou d'admettre inonder ses voisins de sa voix.
L'usage normal du téléphone dans son bureau peut aussi générer une aphonie passagère, quand on a déjà des difficultés. On ne parle pas fort et la projection du son ne se fait plus. Le son se fait dans la gorge. La solution consiste à coller l'écouteur à son oreille et tourner sa main de 45° pour mettre le combiné HORIZONTAL . On entend bien, et il faut parler plus fort pour être entendu. En quelques minutes, la voix revient.
La sonorisation a apporté un progrès énorme à la communication. encore faut il savoir s'en servir. Agresser le public avec un son trop fort est une hérésie de communication. Il aura envie de fuir. Faire confiance au sonorisateur préposé derrière sa console est une erreur à ne pas commettre. Il ignore ce que vous voulez et cherchera à SE faire plaisir. Vous risquez un retour( haut parleur sur scène destiné à vous faire entendre VOTRE voix en retour) trop fort, un son avec boosters (accroissement des extrêmes, graves et aigus), un peu de chambre d'écho pour faire joli, et votre discours ressemblera à une prestation de Johnny ! Si vous vous entendez trop, vous vous engorgerez, si vous vous entendez trop large, vous serrerez, si vous ne vous entendez pas, vous pousserez sous le larynx, enfin ce sera la catastrophe.
Le mieux est de faire une " balance " c.a.d. un essai avant l'arrivée du public, de vérifier auprès d'un ami au fond de la salle que l'on vous entend, et d'obtenir du sonorisateur qu'il ne touche plus à rien. Pas facile !
Comment voulez vous obtenir des nuances de votre micro si quand vous vous approchez pour parler " intime " au public, le sonorisateur vous voyant trop près " baisse " son potentiomètre. L'effet sera fichu.
Un, le trac, est à maîtriser sur l'instant. L'autre, le stress, est à combattre AVANT. Le trac se manifeste par une difficulté de respirer profondément bas. A cela s'ajoutent une accélération du rythme cardiaque, une gorge sèche, une difficulté à
articuler, des sueurs. Vous pouvez perdre le contrôle de votre discours en quelques minutes et sortir aphone de l'estrade. On ne peut éviter qu'il apparaisse, et certains artistes l'appellent de leurs vœux pour se transcender. Le trac se combat avec deux armes :
Le stress est bien plus dangereux !
L'origine de l'état de stress est incernable, depuis la chaussure qui glisse jusqu'à votre dernière communication avec l'être aimé, en passant par l'âge avancé de vos parents et la guerre du Golf. Il ne sert donc à rien de tenter de combattre le stress devant votre auditoire. C'est trop tard. Les effets sur la voix peuvent être catastrophiques, lents mais certains, profonds et longs. Il est courant d'observer sur 100 voix à rééduquer plus de la moitié dont le premier travail consiste à remonter à l'enfance, la famille, l'insertion sociale, enfin à faire un début d'analyse psychologique.
Une bonne méthode simpliste à observer est la méthode Coué. Je suis laid, mais celle que j'aime me trouve beau. Mon père ne m'estime pas, mais je lui prouverai ma valeur… Mon adversaire est dans la salle, mais il ne sait pas que je le sais…
Ce fichu texte vous fait buter, hésiter, perdre vos moyens, mélanger les commandes, vous ne vous rendez plus compte de ce que fait votre voix, et vous sortez enroué. Le pire est un texte lu ET écrit par un autre. Vous ânonnez et vous en rendez compte, le public décroche car vous n'êtes pas persuasif, vous vous en rendez compte et le stress s'installe. Vous perdez vos moyens, la voix s'étrangle, et le ridicule arrive. Oh, n'ayez crainte, il y en a jusqu'à la tribune de l'Assemblée dans ce genre, qui prennent connaissance de ce qu'ils vont avoir à dire en montant les marches.
Si c'est vous qui avez rédigé le texte, il y a moindre mal, vous devez être en mesure de sortir du texte et d'y revenir.
Le mieux est le pense-bête, conducteur sur un petit carton avec un ou deux mots clé par phrase à formuler, afin de démontrer une spontanéité qui en étonnera plus d'un. Là est le vrai art oratoire, dans la formulation de la phrase, sa modulation jusqu'à la chute que vous aviez préparée, et le silence qui suit, générateur d'applaudissements.
Cela requiert outre un canevas de discours élaboré comme ci-dessus, une voix modulable, en intensité comme en nuances, et à l'abri des adversités psychologiques, mécaniques, acoustiques ou physiologiques. Mais si vous lisez ce texte, c'est que vous n'en êtes pas là.
L'articulation d'un texte de chanson pour le rendre intelligible peut déplacer l'émission vocale. L'appui sur des consonnes occlusives (sans son) pour rythmer le phrasé, comme P, B, D, K, T, provoque un surcroît de pression sous-glottique à l'instant T et bouscule le larynx. ON NE CHANTE PAS SUR CES CONSONNES puisqu'elles ne génèrent pas de son. Enfin, les voyelles ouvertes " è " de père, " o " de casserole, " a " de gare, ont tendance à déplacer le son en arrière, et, à forte intensité, provoquent un différentiel de pression générateur de couac selon la hauteur de la note, ou de tétanisation des cordes. Pour la diction, techniquement parlant bien sûr, il faut revenir encore et encore à Montand qui avait TOUT compris. Fut-il un jour enroué ? Ecoutez aussi Claude Nougaro, fils de baryton lyrique toulousain, magnifique musicien et auteur, dont l'articulation sur un timbre chaud et riche est un régal.
- Quand le chanteur débute ou quand il répète avec des
accompagnateurs non professionnels, il ne sait pas définir dans quelle
tonalité il faut chanter telle ou telle chanson. Il n'existe qu'une
partition, dans une seule tonalité. Quand il sait ce qu'il veut, les
accompagnateurs refusent parfois certaines tonalités difficiles,
notamment pour les instruments transpositeurs, saxo, trompette en sib ou autres.
Considérant que le chanteur n'est pas à un demi ton près,
ils préfèrent par exemple sib (do pour les transpositeurs)
à la ou si. Ce n'est pas acceptable.
Les critères de chant au lyrique valent pour la variété.
Un baryton ne filera pas le son d'un mi3 comme un fa ou un mib. Toute voix est
au summum de ses qualités dans son haut médium. Or le haut médium
ne se décide pas, il se constate. Il faut donc tester toutes les tonalités
possibles d'un morceau, décider la meilleure pour sa voix et ensuite
IMPOSER SON CHOIX, quand bien même le pianiste trouverait 5 ou 6 bémols
ou dièses à la clé.
Chanter avec un micro NE DOIT PAS changer la façon de chanter. Et le
meilleur exemple en est Yves Montand, qui a commencé avant guerre
à Marseille sans micro, pour poursuivre ensuite sa carrière en
usant de tous les artifices du métier, sans changer sa façon de
chanter. Son professionnalisme était dû notamment à sa
propension à être fâché avec la mesure et son angoisse
de mal faire.
Le micro est destiné à sonoriser une salle, pas à faire
croire que vous avez de la voix. Le premier principe doit être,
après avoir fait une " balance " avec le sonorisateur, d'exiger
qu'il ne touche plus à ses potentiomètres. Dur, dur, dur. Mais
comment envisager de faire des nuances si à chaque " forte " le
préposé baisse le son, et à chaque " piano " le
pousse ? Folie ! Le mieux est de se mettre à 40cm du micro, PAS MOINS, et
de tester les nuances à potentiomètre constant, en changeant cette
distance de quelques centimètres, pas plus, sur forte ou piano. Plus
près pour piano, plus loin pour forte. Tous les grands le font, parce
qu'ils se font obéir à la cabine de son.
Pour la sono, inonder la salle de milliers de watt est une hérésie.La
sonorisation idéale est composée de BAS PARLEURS placés
près du public, et non pas de haut parleurs crachant la mort des oreilles.
Plus on sonorise fort, plus le retour sur scène devra être puissant,
plus le contrôle auditif " feed back " sera difficile, et plus
le chanteur risque de déstabiliser son émission vocale et sortir
de scène aphone ou enroué. L'envie de sonoriser avec des milliers
de watts est un phénomène social actuel dont les psychologues
et les psychiatres se sont saisis. C'est de la même veine que les réalisations
de films ou d'émissions musicales de TV sans un plan qui dépasse
les 5 secondes.
" Le summum de l'émotion
du public réside dans le caractère sensuel du timbre de voix du
chanteur". Piaf, Montand, Morane, Lama, chantent sur la même tessiture,
celle du violoncelle, du trombone, du basse baryton ou de la mezzo. Et tout le
monde veut le même résultat, quelle que soit sa tessiture propre.
!
Les femmes ne pensent au départ qu'à la voix de poitrine (dans
leur grave) de Céline Dion, de Whitney Huston, de Morane, de Nicole Croisille,
de Barbra Streissand. Illusion, écoutez bien ces dames. Elles ont développé
leur voix de tête au point de faire la jonction avec les notes de poitrine,
aux environs du fa/sol3 et elles font intelligemment illusion.Enzo enzo chante
très bien sans sa voix de poitrine. La voix de poitrine est le cercueil
des voix de variété. Plus on la développe au-dessus du
sol3, plus la jonction avec la voix de tête devient difficile, voire un
jour impossible (cf. Nicoletta, et dans le lyrique Viorica Cortez ou Callas).
Il ne faut jamais travailler la puissance de sa voix de poitrine. Il faut aller
de l'une à l'autre, développer la puissance du grave en voix de
tête sur des voyelles riches, et toute la tessiture s'équilibrera.
Les hommes veulent avoir un timbre viril, même s'ils sont ténors,
et Dieu sait s'il y a beaucoup de ténors en variété. (F
Pagny, Dave, Vigneault, Polnareff, Nino Ferrer, Cl François, Herbert
Léonard, Gilbert Montagné, Francis Cabrel, Souchon, Voulzy, et
même Johnny qui révèle dans son dernier disque des si3 naturels
admirables). Vouloir élargir son timbre dans son grave pour en faire
un médium de baryton ne peut que générer une tension des
piliers, une congestion du larynx et à terme l'enrouement, à l'image
de la grenouille qui voulait…