Bernard Auriol
Séraphin Civera est né à Teruel (Espagne) le 17 Décembre 1919.
Son aïeul avait sauvé de la mort le roi Alphonse XIII. En remerciement, celui ci l’ennoblit et lui donna la vallée et le lac qui portent son nom (“Vall de Civera”) près d’Andorre.
Il obtint son brevet de Pilote, pour tous avions de tourisme, le 26 Octobre 1938 (N° 12 776) à l’Ecole de Pilotage N°42 à Gaillac (Tarn). Il défraya la chronique en faisant des loopings et réalisant le tour du clocher, au plus près : en le frolant de l’aile !
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Séraphin Civera |
Il s’est engagé en 1939 (lors de la déclaration de guerre) pour la durée de la guerre. |
Il fut affecté à la Base de Nîmes Courbessac.
L'aérodrome de Nimes-Courbessac aujourd'hui |
Gard (Wikipedia) |
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Courbessac fait partie du 2° canton de Nîmes |
Il fit ses classes de Pilote Militaire d’Avion (Ecole auxiliaire de pilotage n°19) à Istres et obtint son brevet de pilote d’avion d’aviation maritime le 29 Avril 1940 (N° 33 441). Il fut 1° pilote de l’Ecole de Nîmes avec mention chasse et bombardement.
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Séraphin Civera |
Actions des Forces de l'Axe (1939-1941) |
Passée la maigre démonstration de Gamelin dans la Sarre allemande (6-13 septembre 1939), les troupes franco-britanniques (sous commandement français) ne prennent aucune initiative militaire. En mai-juin 1940, l'armée allemande mène à bien l’invasion foudroyante des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Belgique et de la France. On parle de « Blitzkrieg », c'est-à-dire de « guerre éclair ». L’Italie se joint à l’Allemagne et déclare la guerre à la France le 10 juin. Le nouveau gouvernement Pétain accepte les conditions d’une armistice le 22 Juin avec l’Allemagne et le 24 avec l’Italie. Les combats cessent le 25 juin. (d’après Wikipedia France, Août 2007) |
En Mai 1940, tous les membres du corps de Courbessac furent consignés car un d’eux avait affirmé être atteint de la scarlatine qui – à l’époque – imposait une quarantaine. C’est là que Séraphin Civera réfléchit et calcula comment passer sous une arche du Pont du Gard.
Il est passé sous la grande arche du pont du Gard avec un Morane 306. Pour réaliser cet exploit de légende, il dut incliner latéralement l’appareil dont l’envergure était trop grande pour passer sous l’arche !
Deux autres pilotes de la Base étaient de l’aventure et avaient décidé de le suivre mais, devant l’obstacle, ils renoncèrent au dernier moment.
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Une patrouille de gendarmes, considérant qu’il s’agissait d’une infraction, relevèrent le N° de l’avion de Séraphin Civera.
Au retour, son commandant, furieux, le réprimanda et lui imposa une interdiction de voler pendant quinze jours ; il lui déclara qu’il avait de la chance d’être un bon pilote, qu’autrement, il l’aurait cassé !
Tombant par hasard sur votre page sur Séraphin Civera, je me suis intéressé à la première photo de la page intitulée "Un des avions de la base de Courbessac : un Bréguet ou un Morane (?)". Il s'agit en fait clairement d'un Caudron Simoun (voir, entre autre, http://aerostories.free.fr/biographies/saintex/page9.html). Pour l'autre avion, j'aurais tendance à penser qu'il s'agit d'un De Havilland Tiger Moth (http://www.warbirdalley.com/tiger.htm), mais je serais moins catégorique. Bien à vous. Jean Herpin |
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Un
des avions de la base de Courbessac : un
Caudron Simoun |
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Un
des avions de la base de Courbessac : il s'agit probablement (d'après
Jean Herpin) d'un De
Havilland Tiger Moth |
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Le Pont du Gard (photo ancienne) |
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Le
Pont du Gard aujourd’hui |
L’unité de Courbessac fut déplacée par bateau à la Base Aérienne de Blida (Algérie) et les pilotes furent contraints de laisser leurs avions à Courbessac.
Il fut démobilisé sous condition d’armistice en 1940.
Par la suite, Séraphin Civera est incorporé à la 2° Compagnie de l’Armée Secrète (1 Aout 1942) et participe effectivement à la Résistance à partir de Janvier 1943. Il a notamment participé à différentes opérations contre des miliciens en 1943 et contre le poste allemand de Labegeau en 1944. Le 10 Aout 1944, il participe, avec le Groupe dont il est le chef, à un coup de main contre un poste allemand à Montgaillard.
Il fut blessé à la face par une balle de pistolet-mitrailleur (“mitraillette”) en arrêtant à Parages, Route de Toulouse, commune de Bressols (82), une colonne d’allemands qui tentait de rentrer dans Montauban (18 Août 1944). Ils n’étaient que huit maquisards dans son groupe. Mais, ils s’étaient dispersés et tiraient tous en même temps, de sorte que les allemands crurent qu’ils étaient très nombreux et décidèrent de se replier sans pénétrer dans Montauban.
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Carte actuelle centrée sur Parages au Sud de Montauban dans le Nord de la Commune de Bressols. L’autoroute “L’Occitane” est de création récente, elle n’existait pas en 1944 |
Le fait que sa blessure ait été faite par une balle en plomb suggère :
- soit que les troupes nazis étaient presque à court de munitions,
- soit que ces munitions avaient été fabriquées par des ouvriers français qui auraient altéré la qualité des balles, en mettant moins de poudre et plutôt du plomb que du cuivre.
Il participe encore à une opération lors de la libération de Montauban les 19 et 20 Aout 1944.
Il est hospitalisé pour sa blessure du 22 Août au 24 Octobre 1944.
Séraphin Civera
Il sera cité à l’ordre de l’Armée et recevra la médaille militaire et la croix de guerre avec palme, au titre de la résistance.
« A la dissolution de l'armée de l'armistice [Séraphin Civera] est entré à la 2e compagnie du maquis de Tarn‑et‑Garonne. Chef de groupe dans cette unité, a été un exemple magnifique de sang froid et de courage lors des combats contre les troupes allemandes et au cours desquels il a été blessé d'une balle de mitraillette. »
« Pilote de chasse, pendant la guerre 1939‑40, il a eu une conduite digne d’éloges. Il refusa, de rejoindre l'armée de Vichy et gagna le maquis où, chef de groupe il fut blessé d'une balle de mitraillette à la face ( J.O. du 5 juillet 1951) ». (Extraits de La Dépèche du Midi, Juillet 1951)