Jean Cizo et BB Alain (alias Claire et Bernard Auriol) |
Dans sa splendeur et son secret,
Notre- Dame renaît...
Patinée par le temps passé
Notre- Dame renaît...
Les contre- forts la poussent fort
Pendant que des pigeons jolis
Grattent ses plis.
Dans sa splendeur et son secret,
Notre- Dame renaît...
Patinée par le temps passé,
Notre- Dame renaît...
Sa grande cape de mystère,
Manteau de pierre qui sourit
Veille sur Paris jour et nuit.
Dans sa splendeur et son secret
Notre- Dame renaît...
Patinée par le temps passé,
Notre- Dame renait !...
La tour a mis sa guêpière,
Oui papa... là !... - De pierre ? - Misère
« - De fer, gros béta ! Oui, papa...
Pourquoi ne ferait- elle pas ça ?
Quand je la vois, de ma fenêtre,
Je la salue : Bonjour, squelette ! »
Et puis, papa- ci, papa- là,
Pourquoi ne ferait- elle pas ça ?
Toute ajourée, pleine de ciel,
C'est un spectacle sans pareil,
Et puis, papa- ci, papa- là ;
Pourquoi ne ferait- elle pas ça ?
Elle tire Paris vers le haut ;
Pas commode ce dur Boulot !
Et puis, papa- choc, papa- là,
Pourquoi ne ferait- elle pas ça ?
Et tires que tu tireras,
Belle- fille, tire tire,
Et tires que tu tireras,
Belle fille que voilà !
La tour a mis sa guêpière;
Oui papa,là l... - De pierre ?... - Misère !
- De fer, gros béta ! oui papa,
Pourquoi ne ferait- elle pas ça ?
Bonjour, trottoir,
Vieux copain gris,
Qu'est- ce que tu roules,
Comme soucis;
Vieux copain noir,
Vieux copain gris,
Qu'est- ce que tu roules,
Comme appétits !
Tu déroules tes rouleaux gris,
Tu deviens large, tu rétrécis.
Tu déroules tes vieux tapis !
Bonjour, vieux copain gris...
Tu prends nos coeurs
Tu prends nos vies...
Vieux trottoir, copain gris...
Mon vieux trottoir, bonsoir !
Tu roules, tu coules, tu luis,
Grande dame de Paname.
Tu roules, tu coules, tu luis,
Grande dame de Paris.
Dans la boue noire de Paris,
Tu roules, tu coules, tu luis,
Indifférente à nos soucis !
Superbe, altière, ma mie,
Tu roules dans l'or de Paris...
Le soleil dore ta peau,
Il fait miroiter tes eaux ;
Peau de vache, peau d'agneau,
Poil de chien, poil de chevreau,
Le soleil dore ta peau.
|
Belle Seine, amour joli,
Tu danses autour de Paris,
Tu prends puis tu engloutis,
Et tu donnes, donnes, donnes,
Plus d'amour que tu n'en voles !
Tu roules, tu coules, tu fuis,
Grande dame de Paname;
Toujours couchée et ravie,
Tu songes à ton dieu : Paris !
A Maria candido
Petit blanc et petit noir,
Petit jaune et petit bis,
L'amour luit.
Aujourd'hui,
Les races S'effacent ;
La nuit fuit...
Petit blanc et petit noir,
Petit jaune et petit bis,
L'amour luit.
Aujourd'hui,
Plus trace
De classes,
L'amour luit.
Petit blanc et petit noir,
Petit jaune et petit bis,
L'amour luit.
.
Aujourd'hui,
Donne ta main,
Et souris
Viens, ami ;
Petit blanc et petit noir,
Petit jaune et petit bis,
L'amour luit.
(Une chanson)
A Guy Poujade.
Vous ne savez pas...
Non, Madame,
Vous ne savez pas ce que c'est qu'un "Carnaval"...
Et d'abord, pourquoi nous avons un Carnaval ?
Ah ! vous allez le savoir... Voilà
Nous n'avons pas des eaux thermales,
Et encore, faudrait voir ça
Faudrait faire des sondages
Et puis, faute de merles,
On mangera des grives;
Et les grives sont saoûles de raisins...
Ah ! mais, ce n'est pas ça .que je voulais vous dire...
Non, Madame,
Nous y voici : On dit, on dit
Le Languedoc, c'est un nouveau Texas.
Oui, Madame,
Où sont les « gauchos », les « pampas » ?
Y en a pas, mais, ça viendra.
Oui, mais nous avons un Carnaval
Un fameux Carnaval. Celui de Nice,
C'est trois fois rien, c'est régional.
Mais, oui, Madame,
"Nous" nous avons un « Carnaval », un fameux carnaval !
Oui, mon vieux, un carnaval fameux,
Un carnaval... Mondial.
Au cabaret du « mouton blanc »
Dans le seizième,
Se rencontraient les « quatre grands »
Du dix- septième...
Racine et puis Boileau,
La Fontaine et Molière
..........
La tour d'ivoire de Paris,
C'est le seizième.
Un îlot où souffle l'esprit,
C'est le seizième.
..........
De la Porte Maillot à la Porte Saint- Cloud,
La Seine s'élargit
Les arbres inspirés,
Vous apportent l'oubli ;
C'est le seizième.
On ne se lasse pas
Du noble paysages,
De la beauté de l'eau,
Et de la majesté
Du palais de Chaillot.
..........
Bois de Boulogne
Et grand Trocadéro,
Seizième où souffle l'esprit,
tour d'ivoire de Paris
L'homme du « seizième »... privilégié...
Place de l'Etoile, Champs- Elysées,
L'homme du « seizième », privilégié
« Seizième » où souffle l'esprit
Air pur et noble paysage
Tu effaces le tintamarre,
Le tintamarre de Paris.
..........
Villages charmants d'autrefois,
Auteuil, Passy, Chaillot, Muette,
Se sont établis là,
dans l'ancienne forêt,
Masures et palais.
..........
Les charmes du « seizième »
ne sont plus à vanter,
Tes jardins suspendus, colline de Chaillot,
Descendent vers la SEINE,
avec deux cents jets d'eau.
..........
Anatole France à Said...
Paul Adam au quai de Passy...
Seizième où souffle l'esprit,
La tour d'ivoire de Paris
La « maison de Molière » et celle de Boileau,
reçurent Ninon de Lenclos,
les « Goncourt > firent leur grenier
..........
La porte de Balzac, la porte. dérobée,
Par où la « grosse tête », maintes fois, s'échappait
Pierre Louys, Paul Valéry,
et Victor Margueritte et Colette « chérie »
Claude Farrère voyageur, Louis Jouvet, l'ensorceleur
..........
Seizième, seizième joli,
Des effluves d'esprit
déferlent de là, vers Paris.
La vie est faite de mille rêves
Rêves d'argent
Rêves d'amour,
Rêves perdus au long des jours,
Rêves tristes et joyeux
Rêves !...
La vie `est faite de mille espoirs
Espoirs d'argent
Voilés de noir ;
Espoirs perdus au long des soirs,
Espoirs joyeux, immenses,
Espoirs.
La vie est faite de mille peines,
Peines d'amour, peines d'oubli,
Peines perdues au long des nuits,
Peines cruelles et cachées, peines.
La vie est faite de mille regards,
regards d'amour
Et de rancoeur
Regards séchés au fond des coeurs,
regards profonds et immobiles ;
regards.
B. B.
Sur quoi on se préoccupa de boirePLATON
Libons libons
a dit le sage
c'est bon c'est bon
à tout âge.
B. B.
DEUXIEME PARTIE
Sur la lyre des couleurs, que murmure donc l'ivoire
l'ivoire, ou le jaune paille ?
Chacun murmure une histoire.
Le bleu, le vert ?
Le bleu chante la turquoise, la mer,
parfois, nos cieux du midi ;
Quand le violet les ranime,
Il chante le lazulli
et nous évoquons alors les statues pailletées d'or
dont parlaient les vieux corsaires...
Et le vert- jade si pâle
uni à l'or ou l'ivoire ?
Il atteint son apogée,
pour nous chanter la beauté
des statues si travaillées
par des mains jaunes d'artistes.
Pierres de lune à reflets,
chantent sur la lyre des gris,
des gris tourterelles jolis.
Sur la lyre des couleurs,
les couleurs chantent, murmurent ou crient.
Sur la lyre des couleurs,
le rouge chante la cerise,
le soleil couchant, le bon feu,
et puis Noël, l'âtre et... nous deux...
le corail et l'ambre de Chine,
et le rubis au coeur profond,
et le grenat noir de l'Espagne.
Sur la lyre des couleurs,
chante le violet sublime,
le violet si solennel
évoque les cathédrales,
les vitraux, tympans et galbes,
les orgues, les violoncelles,
et tout le chant grégorien
qui surgit du fond des siècles,
les gargouilles, les cathèdres,
la beauté de nos autels.
Le vert givré des feuilles du parc.
Le vert- de- gris des bronzes antiques.
Le vert chrysoprase de ta robe du soir.
Le fallot vert- lumière du ver- luisant.
Le vert- bouteille du tronc du marronnier
et de ta robe de faille.
Le vert lumineux des bogues acérées, éclatant
sur le sol pour laisser briller la châtaigne
soyeuse... châtaigne fraîche, ravie de son écrin
doublé de blanc, tu nais à la vie de la châtaigneraie,
où foisonnent les cèpes de chez nous
Le vert jaune des bourgeons pascals.
Le brouillard vert- pâle des jeunes feuilles,
étonnées de la caresse du soleil levant.
Le vert des prairies humides après la pluie
d'avril.
Le vert- pâle de ton collier de jade, devenant
lui- même, seulement sur ta robe rose...
Les papillons de tulle bleu
Les champs de lin rejoignant un ciel bleuazur sans nuage.Les yeux bleus pers d'un jeune fille brune,
Le myosotis bleu, tout petit, tout petit.
La lumière bleue d'une opaline et le bleu sophistiqué d'un hortensia.Le bleu profond d'un vieux vase de Sèvres.
Le bleu sans fond d'une nuit d'été.
Les voûtes bleues des cathédrales gothiques.
Le velours bleu- nuit pailleté d'or de ta robe à danser.
La vieille charrette bleu- cru qui écorche l'œil sous le soleil ....
Bleu, rouge
Quels ébats !
Blanc- neige
Calme plat !
Vagabonds
grands chemins
espaces
sans fin.
Le mauve prie
Le rouge crie
Le gris dort
et le jaune sonne.
Le bleu pépie
Le vert calme
L'orangé claironne
et le blanc sourit.
Couleurs muettes,
Lignes, arêtes,
Courbes secrètes
Peinture abstraite.
Rien d'imposé
Tout proposé
Concret coupé
Puis détaché
Du monde né...
Dans la limite,
Le « sans limite »
Le fin complet
dans l'incomplet
Très pauvre en « soi »
Riche pour toi
Tu rêveras
Tu évoqueras.
Peinture sainte.
Et sans contrainte
Tu renaîtras,
Transcenderas, t'évaderas
Et tu vivras.
Arbres mystiques,
Roseaux pensants
Larmes secrètes
Guignol et marionnettes.
Couleurs muettes,
Lignes, arêtes
Courbes secrètes
Peinture abstraite.
La campagne meurtrie pleurait de tous ses pores,
L'asphalte suintait une eau de désespoir,
Le ciel gris, surbaissé, pesait sur nos joies mortes...
TROISIEME PARTIE
De TOUT, je veux de tout ; de la mer et du ciel .... de la terre et de l'eau... du feu, des pierres, des fleuves ; TOUT... tout ce qui abreuve ; du bien et du beau ; du petit et du grand et du tout plein les mains ; j'en veux, j'en ai, j'en prends partout... et surtout, ailleurs, parce que là, c'est meilleur !
B. B.
A Corinne.
Au divan de velours, elles se jetèrent, lasses,
Dans leurs cheveux défaits brillaient encore des traces
De confetti bleutés, éclairant leurs cheveux,
Messagers d'une joie mensongère et rapide ;
Leur menton et leurs joues, fardés par leur ardeur,
Jetaient un cri aigu, presque un cri de douleur;
Le pique- fleurs doré chantait dans le soleil
Les fillettes vannées,
avaient un teint vermeil
Et le petit panier de cristal baccarat,
Etalait ses dragées bleues, roses, nacarat,
Tandis que le « Chinois », aussi brillant qu'un marbre
Regardait s'endormir ces beautés, près des arbres.
Ce matin la vie change de chemin,
Prison sans barreaux, le lycée frémit.
La cloche grêle a tressailli.
Baignades dorées., finies, bien finies ;
Montagnes violettes, vite évanouies ;
Danses colorées, maintenant ternies ;
Bulles bleues de rêves, parties, bien parties.
Ce matin, la vie change de chemin,
Prison sans barreaux, le lycée frémit ;
La cloche grêle a tressailli.
Le temple d'émeraude à colonnes gothiques
Laisse filtrer le jour pour nous dire d'aimer
Et de plier à terre un genou sarcastique
Pour adorer le grand Nirva qui a tout créé.
L'éventail du matin ouvre de larges palmes,
L'herbe jette à mes pieds ses diamants et ses larmes,
Les liserons bleutés défroissent leurs tuniques
Et boivent la douceur d'une nuit platonique ;
L'énorme point d'un I naissait à l'horizon
Des montagnes de fleurs croulaient au ciel vermeil,
Et le matin naissait, splendide et sans pareil.
A Lucetre.
La douce nuit brillait ; la nuit bleue des amants...
Tels d'énormes fruits mûrs, les lampes vénitiennes
Se balançaient légèrement;
De longues effluves de rêve
S'accrochaient aux fallots dansants ;
Vous êtes l'ambiance et l'ambiance est vous
Et vous vous dissolvez dans la joie platonique
De cette nuit d'été, soir d'or auparavant.
La valse vous étreint, vous berce et vous enivre
Vous croyez à la j oie de vivre !
Les marronniers géants protègent votre rêve.
Le jardin a fleuri ; c'est un enchantement
Des serpentins d'amour tombent sur les amants.
Des jeunes femmes passent avec des robes claires
Qui ruissellent autour de vous.
Leurs écharpes bleu- lin, pures, enchanteresses,
Evoluent et chatoient, paradis retrouvé
Après un jour torride et une soif d'été.
Le jardin a fleuri, c'est un enchantement
Temple platonicien, éphèbes, archanges, belles
Nuit d'harmonies subtiles et de parfums troublants,
Nuit mystique et - sacrée, aux merveilleux sommets,
Nuit bleu- sombre, aux milliers d'étoiles scintillantes...
O, Nuit de plénitude, est- ce l'accord parfait ?
De nos deux mains croisées, la cruelle adjacente,
N'a pas pu émouvoir ta belle adolescence ;
Ma caressante main, sur tes cheveux posée,
Plus ne viendra jamais ta beauté effleurer.
Amour
J'ai poussé vers tes mains des cris adulatoires Leur teint, adulte et mûr, cuivré, incantatoire, A réveillé en moi des ondes apaisées Et j'ai rêvé de fruits, de fleurs et de victoires.
Pureté
Ta main, albide et pure est franche comme un livre;
L'almée jalouserait tes vertus aimantines.
Colombe d'un ciel bleu, aéronef d'amour,
Cristal inaltéré, source rafraîchissante,
Dansante libellule,
Messagère d'amour, à la mienne ajointée.
Tu te laissais regarder, remplie de trouble...
Tes mains étaient devant moi, nerveuses ;
Je les voyais tenir les rênes d'un alezan de pure race.
D'orages étouffés, tes doigts étaient chargés ; leur transparence enfantine et ma douleur, à la fois, agréable et voluptueuse.
Mains sculptées dans l'esprit de braise,
Mains issues de fournaise,
Plus souples que la liane
Et plus lumineuses que l'opale,
Tenez pour moi rênes et rames.
Tu contemplais, ravie, le feu incantatoire...
Au giron du fauteuil, ramassant tout ton corps,
Tes genoux et tes seins jointaient leurs ombres noires
Et la flamme ondulait; essor d'un rêve d'or ;
Ta bouche était fiévreuse et tes lèvres, lustrées...
Puis, tu ris avec dureté.
La coupure des jours est faite; c'est Dimanche.
Demain m'accueillera l'agitation lointaine !
Le train- train quotidien ne peut nous enliser,
Vive la liberté, pour ce jour retrouvée !
Fontaine de lumière vive et de jeunesse.
Le vent souffle ; restons couchés... Vive paresse !
La fenêtre est ouverte et les marronniers verts
Secouent leurs bourgeons clairs couverts de caramel
Le grand voile de tulle bis qui les tamise
Se gonfle, ballon blanc, ballon démesuré,
Frissonne, ondule ou tombe en plis grecs et serrés,
Tandis qu'un grand silence emplit tout le jardin.
Lointain, un klaxon gicle, et crie une corneille.
Une cloche a lancé son appel cristallin ;
La coupure des jours est faite... O Merveille !
Grotesque affublement d'une race adamique,
Tes mains me font penser aux pénibles ahans,
Aux moeurs agrestes, aux chants rustiques,
A l'alpage élevé, solitaire et calmant.
Mains arquées, au- dessus d'un rêve replié.
Mons- Lisa, ce qui fait ta jeunesse,
Ce sont tes lèvres charmeressès .
..... Par un sortilège de Grand peintre,
Tu es toujours en train de nous reprendre
Ce sourire que Tu étais sur le point de nous donner
Ou presque... sourire divin, que nous quêtons sur tes lèvres.
QUATRIEME PARTIE
Les idoles des nations sont de l'argent et de l'or;elles ont une bouche et ne respirent pas.(LA BIBLE)
Je veux chanter, en des vers somptueux
Les dieux des hommes, tous les dieux ;
Je veux parler des papiers de la Banque de France
Et des dollars américains
Ne faites pas de remontrances
Car le dollar est sain...
Je veux parler des « vénus » grecques et d'autre part,
Des vénus de journaux et des stars ;
Je veux chanter les héros haut
Surtout Napoléon et tous les fous aussi,
Car ils ont du génie;
Et j'allais oublier, ô tragique et fatal oubli !
Le monarque adoré, l'hydre aux cent yeux, le sans égal,
(Je tremble encore de cet oubli)
J'allais laisser l'ETAT ; n'est- ce pas « monstrual »
Je veux chanter en des vers somptueux
Les dieux des hommes, tous les dieux.
Et Dieu ?
B. B.
PAQUES SUBITES
Au R.P. Marie- Albert.
Le soleil retentit sur le toit des églises
Le Christ qui est mort pour nous,
Il est ressuscité !
Les cloches volent, m'électrisent
Par chants de joie, chants de beauté
Alleluia !
Quelle aubaine, mon âme,
Que cet air d'allégresse
Hors moi ce que je blâme
Lourd péché de tristesse.
L'air est frais, suave et si pur !
La douche a mis en joie mon corps tout plein de force
Mon coeur est tout à coup plus mür,
Et il bat follement comme au film qui se corse.
Il sent venir l'instant, à la fois clair et sombre
Où l'on jette dehors tout ce qui nous encombre,
Où le vieil homme meurt
Laissant à Dieu- le- Maître
Tout le sang de son coeur,
Pour qu'il puisse s'y mettre.
Cet instant ne vient plus
Serai- je toujours lâche ?
Mais si, le revoilà,
Ce moment qui m'arrache.
Le voilà ! Il n'y est plus.
- "Je vous aime, mon Dieu"
Le voici revenu et je ne suis plus vieux.
Le soleil retentit sur le toit des églises ;
Le Christ qui est mort pour moi, il est ressuscité
Les cloches volent, m'électrisent
Par chants de joie, chants de beauté,
Alleluia !
B. B.
Merci mon Dieu, parce que je ne suis pas comme les autres, orgueilleux pharisiens qui vous prient du bout dea lèvres et ne vous aiment pas.
Moi, Seigneur, j'ai écouté Votre parole
et j'ai bâti votre royaume.
Aujourd'hui, Seigneur, j'ai pratiqué l'humilité;
Un homme mauvais était auprès de moi,
et je lui ai dit
" Passe devant, je t'en prie ;
et je me suis effacé devant ce crapaud hideux
qui ne verra jamais votre face.
Moi, Seigneur, j'ai écouté votre parole
et j'ai bâti votre royaume.
Aujourd'hui, Seigneur, j'ai pratiqué la charité
Un fainéant m'a demandé un peu d'argent
qu'il ne méritait pas;
Je l'ai donné, Seigneur, et pourtant,
cet hommé était si peu mon frère,
que j'osai à peine approcher mon aumône
de son béret crasseux...
Moi, Seigneur, j'ai écouté votre parole,
et j'ai bâti votre royaume.
Aujourd'hui, Seigneur, j'ai appelé votre saint nom
Ce n'était pas du bout des lèvres,
car mes bras étaient en croix et je souffrais par votre passion
chassant, sans exception, toutes les distractions ;
et tout d'abord le camarade importun
qui venait m'encombrer de ses gémissements
afin que je le plaigne, plutôt que vous mon Dieu ;
Et par amour pour vous, je l'ai chassé très poliment
Vous voyez bien, Seigneur
La profondeur de mon amour.
J'ai été humble et charitable
J'ai veillé et j'ai prié.
Merci, mon Dieu parce que je ne suis pas
Comme les autres, orgueilleux pharisiens !
B. B.
Je vous dis : parlez,
et je me bouche les oreilles ;
Je vous demande votre force
Et je la repousse avec effroi ;
Je vous dis : Montrez- moi le chemin
et je détourne la tête devant la lumière ;
Je vous supplie : « Donnez- moi le pardon ! »
et je pense déjà aux péchés à commettre.
Je vous déclare mon Amour
Et je piétine votre croix
Je vous crie : " Sauvez- moi",
Et je fuis votre secours.
Seigneur, malgré moi,
et mes injures et mes défaites,
malgré mes hypocrisies, malgré tout,
J'ai confiance en Vous !
B. B.
Noël allait venir...
Mademoiselle dressa
Un maigre genévrier,
Enfant de la montagne ;
Quel petit arbre de Noël,
Quel petit arbre !
Mais, si petit soit- il,
Il faut la garniture ;
Mademoiselle acheta des poupées, des guipures,
Des tambourins et des tambours ;
Colombine à tutu, Pierrots à colerettes
Surgirent de ses doigts menus.
Les épines du genévrier piquèrent même
des danseuses légères, des marins joufflus,
Qui faisaient sursauter le cache- pot moussu...
De vieux Noëls furent chantés,
Des feux lancèrent
les tambours, rehaussés d'azur et de chimères ;
Et la joie des petits fut grande tout le jour...
A Augustine.
...Noël, Noël!
Bergers, laissez vos blancs moutons;
quittez vos riants palais, ô Rois mages,
une étoile, au ciel noir, brille d'un feu étrange,
là- bas, à Bethléem,- le doux Jésus est né.
Portez le lait crémeux des brebis et des chèvres,
l'or et les pierreries de vos riches présents ;
courez, courez à l'humble crèche,
Allez voir le divin Enfant...
Puis, vous retournerez à vos hauteurs herbeuses,
vous reviendrez, pensifs, aux marbres de vos tours
heureux pâtres et Rois, qui là- bas, en Judée,
avez vu le Messie quand il reçut le jour !
Bergers, laissez vos blancs moutons,
quittez vos riants palais, ô Rois mages
une étoile au ciel noir brille d'un feu étrange,
là- bas, à Bethléem, le doux Jésus est né.
Voici le rire froid
de ceux qui n'ont pas froid.
Voici l'imploration
des hommes d'inaction.
Voici les accents mâles
des gens pas assez pâles.
Voici les fleurs fanées
des petits coeurs mort- nés.
Voici le brasier mort
de ceux qui n'ont pas tort.
Voici le chant éteint
de ceux qui n'ont pas faim...
B. B.
J'ai peur du vent violent qui secoue l'ossature
Des châteaux, des maisons, dés taudis, des masures.
J'ai peur des champs de neige et j'ai peur de la mer
Et du jour de colère où finira notre ère.
J'aime le ciel immense où gravitent les mondes,
J'aime le vent léger où ce qui vit frissonne ;
Et la mer apaisée, les torrents que Tu donnes.
A la montagne belle appelée Pyrénée.
Et Ta Bonté sacrée qui fait une parure
Aux scintillements d'or des mondes- miniatures.
L'air de l'hiver
sculpte ma chair de frissons délicats ;
des hommes ont froid.
Le vent...
sa grande voix pousse
d'enivrants glissandos qu'animent mes oreilles ;
des gens crient de faim.
Un train se jette au loin entre les rails songeurs
je dis merci pour tous les voyageurs;
il suicidera un homme à cinq heures,
un homme que les hommes ont trahi...
Les troènes se parlent, branlant du chef avec tristesse
ils parlent d'une mère au bébé bleu
bleu de froid...
Les peupliers sont plus volages
avec leur feuillure ils papillonnent s
ans même demander s'il y a du vent pour les aider.
D'autres, des hommes, n'ont pas,
besoin du vent pour trembloter
de tous leurs membres ;
Le ciel est gris.
Savez- vous qu'il est bleu par- derrière ?
Pleure, gémis, éclate en sanglots,
souriant La Fontaine,
près d'un chêne orgueilleux
qui bombe son écorce,
un roseau cassé net, met tes fables à l'eau
sauf celle :
des hommes ont froid,des hommes ont faim -
B. B.
CINQUIEME PARTIE
Les machines dormaient dans l'usine alanguie;
Les protecteurs voilaient des volants immobiles ;
Les moteurs débrayés avaient cessé leurs valses ;
Les marteaux, les poulies n'allaient plus en cadence
Le « mouton » ahuri de ne plus rien broyer,
Se reposait, debout, prêt à recommencer.
Les tambours, les étaux, les forges et le jour même,
Se sont voilés d'oubli pour une nuit entière.
A Jean- Marc.
Dans le nouveau Texas,
Tout près de la montagne appelée Pyrénée,
Et non loin de la mer bien nommée Atlantique,
Le gaz impétueux, jaillissait, magnifique ;
Les chalumeaux géants brûlaient, gonflés d'espoir
Lacq naissait peu à peu, submergeant les terroirs ;
Des flambeaux de victoire illuminaient la plaine.
à E. Auriol.
Elle s'était endormie, un soir, dans la matière
Le caillou la tenait, secrète prisonnière,
Les nuées la portaient, princesse plus qu'altière
Les torrents la berçaient.
Elle hantait les esprits mais ne naissait jamais
XX° siècle en beau marquis l'a réveillée.
Elle pourrait dominer, rugir, tout submerger
Mais elle sera domptée par un plus petit qu'elle.
Avec elle, tout vit, tout se tient, tout cohère,
L'insecte et le rocher
Le nuage et les eaux,
L'acier bleu, les gaz délétères,
L'argent, le bois, le fer,
La mer et ses mystères,
Et la goutte de sang et l'or, les pierreries,
Les pensées, les gaz bleus,
Ce qui fuit, ce qui dure,
Et l'unité de tout éclaire la nature ;
Réversible pouvoir, réversible tendance,
Agrippements ardents, dansant autour d'un centre,
Etau silencieux, guide des nations,
Reine des temps futurs, puissante cohésion !
Nos mots sont trop petits pour contenir des mondes...
La vivante matière, autour de nous s'unit
S'agrippe et se défait...
Est- elle l'énergie qui procède du « Verbe »
Où la forme s'évanouit ?
La forme disparaît et l'esprit seul subsiste...
Le drame de toujours, s'éclaire transcendé,
Et l'amour de Platon (1) sourit, régénéré.
Grands arbres, mes amis, ma verte sauvegarde,
Rassasiez nos faims, apaisez nos débats,
Et nos nerfs, surchauffés par une vie infâme ;
Témoins platoniciens, donnez- nous la douceur
D'une vie dans la paix, la grande paix du coeur...
Conseillers infaillibles, amis prestigieux,
Témoins d'amour divin, assurance mystique,
Que nos esprits, charmés, s'élèvent vers vos fronts
Y restent accrochés, loin de la boue des fonds...
Quand je viens, fatigué des choses malchanceuses,
Et le coeur ulcéré, meurtri et pleurnichant,
Vous trouver, me .plonger en un bain fraîchissant,
Nos mots périclités ne valent plus grand- chose ;
Chrysalides vidées, ils tombent à nos pieds
Comme de vils trophées.
(1) Amour- de la beauté.
24 Janvier 2007