LES PHENOMENES DE GROUPE

 

Après deux journées passées en commun avec les aumôniers des hôpitaux généraux. cliniques, hospices et maisons de repos, les aumôniers des établissements psychia­triques ont consacré la journée du 23 septembre 1970 à l'une de leurs préoccupations présentes : Les phénomènes de groupe. Réunis à N: D. des Côteaux, près de Toulouse, ils ont étudié ce sujet avec des infirmiers et infirmières, des religieuses, des psychiatres et le Père Bruneau O.P. (de l'Institut Catholique).

Le matin était destiné à examiner les techniques de groupe chez les malades ; le soir, chez les membres du personnel (à propos des stages de formation).

 

Problèmes posés par les techniques de groupe chez les malades

Un des médecins (Dr Bernard Auriol) expose rapidement comment la psychothérapie individuelle psycha­nalytique étant hors de portée de nos établissements, l'on se tourne naturellement vers les groupes psychothérapiques : économie de moniteurs, dilution du transfert, possibilité d'améliorer la vie en commun, telles sont les principales raisons invoquées.

Un tour de table (« ce que l'on fait chez nous ») a montré que, dans les établisse­ments représentés, les modalités d'application étaient très différentes. Alors que certaines cliniques psychiatriques ne connaissent à peu prés que les soins individuels, les hôpitaux possèdent en général des organisations communautaires, mais plus ou moins structurées, plus ou moins rattachées à des principes (psychothérapie institutionnelle).

Tantôt, c'est l'empirisme à « la bonne franquette » ; ailleurs, c'est l'application systé­matique avec participation d'un médecin, interne ou psychologue. Tantôt, c'est à l'échelle d'un petit pavillon. Parfois, l'on vise à la communauté thérapeutique, parfois il s'agit d'un groupe spécialisé (yogathérapie).

Notre inquiétude devant toute sociothérapie, quelle que soit son ampleur et son ambition, s'est manifestée d'abord sous cette forme :

A propos des réserves devant cette forme de thérapie, le Père Bruneau indique que les difficultés peuvent provenir des conditions de réalisation plutôt que du principe lui- même. Parmi les membres du personnel soignant, certains ont été sans doute initiés aux phénomènes relationnels, grâce à des groupes « ad hoc » (groupes de sensibilisation), tandis que d'autres procèdent avec des modes d'approche psychologique utilisant surtout leurs dons personnels. II est inévitable qu'il y ait des malfaçons ou des maladresses.

II remarque en outre qu'une caractéristique du milieu hospitalier tel qu'il a été décrit, c'est la continuité du groupe : l'on se rencontre bien des fois en dehors des séances formellement prévues. II peut donc y avoir interférence entre le relationnel vécu dans le groupe et le relationnel dans la vie collective ou privée. Le retentissement des temps forts de la thérapie dans la continuité de la vie quotidienne amène parfois « ces moments de détente » qui prennent des formes moralement peu souhaitables, selon l'un des aumôniers.

Quant à la question primordiale des atteintes à la liberté, plusieurs (et entre autres, les médecins), font remarquer que nous provoquons ou gênons toujours la liberté de la personne soignée. La question doit donc être posée sous la forme :

Y a- t- il proportion entre l'action sur autrui et le bien escompté ?

A- t- on pris les précautions suffisantes : Un entretien individuel préa­lable à tout traitement non urgent, entre le malade entrant et le médecin chef de service; une juste concertation entre ce médecin et le personnel ?

Interrogé, le P. Bruneau précise que l'on peut librement accepter une diminution ou une privation momentanée de la liberté personnelle pour un mieux- être de cette liberté, de même, par exemple, que l'on accepte la perte de conscience dans l'anesthésie au cours d'une opération. On peut reprendre par analogie les données de la morale tradi­tionnelle : il suffit d'un juste motif.

Deux remarques furent ajoutées :

·         la première concernait la perturbation causée dans un groupe par un participant « difficile » (mais il semble qu'un bon technicien de la dynamique de groupe devrait pouvoir affronter et absorber ce risque).

Problèmes posés par les techniques de groupe chez les membres du personnel (A propos des stages de formation)

L'un d'entre nous rapporte l'expérience qu'il a vécue dans un stage des C.E.M.E.A. Son récit rejoint le témoignage d'un autre participant à ce même stage exprimé dans une lettre dont nous pûmes entendre des extraits. Ils ont perçu à travers le stage une certaine orientation idéologique qui n'était pas indispensable.

Quelques membres de notre réunion, anciens stagiaires, n'ont pas éprouvé ces mêmes impressions. De telle sorte que nous hésitons à porter un jugement.

Les difficultés éprouvées sont peut- être en partie liées aux méthodes de groupe qu'utilisent les C.E.M.E.A. comme d'autres organismes.

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21 Janvier 2007