A propos du corps calleux

« un cas d'agénésie du corps calleux  avec déficience intellectuelle,

abordé par psychosonique et méthode Mesker » .

Dr Françoise Joffrin

 

« La main gauche ignore ce que fait la main droite »

Historique – généralités :

 

Le  corps calleux est une formation interhémisphérique impaire et médiane, de substance blanche, connu depuis l’antiquité qui  assure le transfert d’information  d’un hémisphère à l’autre. Son importance est reconnue par La Peyronie qui en fait le siège de l’âme… Nous devons distinguer trois étapes  dans l’approche des pathologies du corps calleux – l’étape purement clinique avec les descriptions de Déjerine et Liepman, ce dernier ayant décrit l’apraxie et clairement établi le rôle de la lésion calleuse  dans l’apparition de syndromes de disconnexion inter-hémisphérique.

 

- Entre 1939 et 1942, c’est l’époque anatomo-clinique : avec description de patients  présentant une alexie dans le champ visuel gauche après section du splénium (partie postérieure)  du corps calleux.

 

- En 1961, Edith Kaplan observa  un malade présentant un syndrome neurologique au cours duquel elle pouvait noter qu’il écrivait correctement avec sa main droite et sur le mode des  aphasiques avec sa main gauche (agraphie).  Les travaux  ultérieurs de Geschwind, Sperry et Gazzaniga, par section du corps calleux, établissent clairement la présence de disconnexion inter-hémisphérique et définissent le syndrome du corps calleux.

 

Sur le plan anatomique le corps calleux est bien vu quand on écarte la scissure inter-hémisphérique. Il a un aspect arciforme et d’avant en arrière nous pouvons décrire le bec ou rostrum puis le  genou, puis le corps, puis le bourrelet  ou splénium.

 



 

Phylogénétiquement,     son   développement  est   maximal   chez  l’homme et sur le plan  de l’ontogénèse, il est intéressant de noter qu’il est la dernière grande structure cérébrale à se développer chez le fœtus au cours des derniers mois de la vie intra-utérine.

 

L’aspect microscopique révèle en coupe horizontale que ces fibres unissent des aires symétriques entre elles, non des aires primaires mais des aires secondaires et tertiaires. Du  rat à  l’homme, non seulement le cerveau et le cortex évoluent d’une façon privilégiée mais pour ce dernier, c’est principalement le cortex associatif qui évolue davantage par rapport aux zones de projection primaire (sensorielle et motrice), la transmission calleuse contribuerait essentiellement aux fonctions associatives et intégratives néo-corticales plutôt qu’à la simple bilatéralisation de toute information primaire comme le  montreront les expériences Myers.

 

Le corps calleux est donc constitué de fibres blanches transversales qui s’étendent d’un hémisphère cérébral à l’autre. Le genou et le 1/ 3 antérieur du corps calleux  sont ainsi formés  par les fibres qui unissent les deux cortex frontaux ; le 1/3 moyen par les fibres qui unissent les cortex pariétaux et temporaux, le 1/3 postérieur  et le splénium  par les fibres qui unissent les deux cortex occipitaux. Ainsi, grâce au corps calleux, les messages centripètes, en provenance d’une voie afférente, unilatérale, auront une terminaison bilatérale sur les deux aires symétriques et cette duplication du message  joue certainement un rôle important dans le transfert d’un hémisphère à l’autre des acquisitions perceptives et motrices, c’est-à-dire dans la mémoire et l’apprentissage. La mise hors circuit du corps calleux au cours de différents processus pathologiques aura pour conséquence une déconnexion cérébrale à l’origine d’une asynergie entre les deux hémisphères. Sur le plan expérimental citons l’expérience de Myers :

 

- L’expérimentation : Myers pratique chez le chat la section longitudinale du chiasma optique (de sorte que le champ médian reste intact) et oblitère une paupière.Il fait pratiquer un apprentissage au chat, puis  ouvre l’œil oblitéré, et coud l’autre œil. Sans apprentissage, ce chat se conduit en chat savant. L’apprentissage effectué avec  une seule hémi-rétine  a été transféré à l’autre portion visuelle par d’autres voies que les voies visuelles.

 

- Contre expérience : Un autre chat subit une section du chiasma optique et de plus celle du corps calleux et de la commissure blanche antérieure : il oblitère une paupière, fait faire un apprentissage avec l’hémi-voie visuelle, puis inverse l’oblitération : l’animal se comporte comme un animal neuf, ce qui démontre l’intérêt du corps calleux dans la transmission des apprentissages et des transferts de mémoire.

 

RESERVE  vis à vis de l’expérience de Myers : pour  distinguer les luminosités l’implication du cortex occipital n’est pas nécessaire, les tubercules quadri-jumeaux  y pourvoient (de même que ceux-ci  sont responsables de l’appréciation de la hauteur tonale et de l’intensité pour les sons) : appendus au thalamus ce sont des noyaux gris a fonction intégrative. De même que  si quelques  fibres persistent les symptômes n’apparaissent pas. L’expérience de Myers est cependant fondatrice, elle sera relayée par les commissurotomies de SPERRY (1965) en ce qui concerne l’épilepsie grave.

 

LE SYNDROME DU CORPS CALLEUX

 

Les signes  ne sont pas  vraiment spécifiques ; la séméiologie est parfois difficile à préciser, car la lésion du corps calleux est rarement isolée. Selon la topologie des lésions on décrit :

 

1.-       Les troubles psychiques tels que le déficit intellectuel et les modifications de caractère à type d’irritabilité, surviennent sur un fond d’indifférence et d’apathie. Il s’y associe bien souvent une méconnaissance des troubles présentés (anosognosie).         

 

En fait, il s’agit surtout de troubles de la mémoire, qui semblent les plus constants, avec possibilité de désorientation dans le temps et de fausses reconnaissances.

 

2.-        Les troubles  des  activités  gestuelles  aux  niveaux  des  membres  supérieurs  :

l’apraxie idéomotrice unilatérale gauche se caractérise  par un trouble portant sur la réalisation des actes s’ils sont réfléchis et intentionnels chez un sujet qui possède la pleine connaissance du geste à exécuter.(définition de la praxie) Le malade est incapable d’exécuter sur commande un   geste simple, par exemple le salut militaire, un pied de nez, mais il l’exécute correctement si le même geste survient dans son contexte automatique habituel.

 

 

(1) Apraxie idéo-motrice par lésion du gyrus supra-marginalis gauche
(2) Apraxie idéo-motrice gauche par lésion du corps calleux
(3) Apraxie idéomotrice gauche par lésion de l'hémisphère droit

 

Cette apraxie idéo-motrice est gauche chez le droitier, par destruction des fibres associatives  du corps calleux qui transmettent les messages en provenance du centre pariétal gauches (gyrus supra margynalis) vers l’hémisphère droit qui commande le côté gauche. Il s’agit d’une apraxie en relation avec une consigne verbale( il s’agit donc de prendre en compte des messages sur le plan auditif) l’imitation, visuelle étant préservée (il n’y a pas de lésion du faisceau d’association occipital) 

Cette apraxie idéomotrice unilatérale G  est à différencier de l’apraxie sympathique G chez un droitier qui .a une hémiplégie : il y a  une apraxie à Gauche car il n’y a pas de possibilité de mouvement à Droite.

 

Il s’y associe fréquemment une agraphie de la main gauche  pour la même raison., de même que pour dessiner ou recopier le sujet est plus performant sur copie que sur consigne.(apraxie constructive)

 

3.-       Troubles au niveau des sensations : SOMESTHESIES

 

 Il s’agit de la graphesthésie, l’aptitude à ressentir au niveau cutané : lorsque l’on effectue un dessin en forme  de croix ou de rond sur la peau d’un sujet il n’en n’a pas la connaissance à gauche, mais l’a à droite.

 

4.-        TROUBLES GNOSIQUES :

 

Dénomination des objets touchés  : .

Un objet placé dans la main droite est correctement nommé, un objet placé dans la main G ne l’est pas, ( le sujet peut avoir la sensation de la présence de l’objet, il peut  dans certains cas en rendre compte verbalement par le biais des  informations somesthésiques homolatérales, la partie médiane du corps ayant une représentation ipsi-latérale). Par ailleurs  si un objet  est placé  dans chaque main, il y a rivalité perceptive  entre les deux mains et la stimulation de la main gauche s’éteint au profit de la main droite : il s’agit en fait d’une pseudo-asteréognosie, ou anomie.

-A été décrit le phénomène de la main étrangère (Brion) , lors de l’habillage ou lors de la manipulation d’un crayon au moyen des deux mains : le sujet dit palper un crayon de la main droite, et donne pour la main gauche le nom d’un autre objet.

 

Domaine visuel : selon le type de lésion

 

-L’expérimentation nous a appris que si nous ne sectionnons que le corps calleux mais pas le chiasma optique : l’ image dans le champ visuel droit à lobe occipital gauche

                  l’image dans le champ visuel gauche  à lobe occipital droit.

 

Le corps calleux étant lésé, le sujet ne peut rendre compte verbalement de ce qu’il a vu, mais par les aires motrices et prémotrices avec la main gauche il peut mimer l’utilisation de l’objet. Si c’est du matériel linguistique, des lettres,  des mots, le champ visuel droit peut être lu, mais pas le gauche : c’est une pseudo-hémi-anopsie latérale homonyme gauche liée à la disconnexion visuo-verbale : le sujet ne peut rendre compte des stimulations présentes à gauche mais il les mime en raison de la trace mnésique laissée dans l’hémisphère..Ce trouble fait apparaître un défaut de communication sémantique entre les deux hémisphéres. Il n’y a plus accés à l’hémisphère gauche de stimulations qui peuvent être verbalisées, lequel hémisphère gauche est responsable d’activités mnésiques et conceptuelles.

 

 - Il peut s’agir d’une alexie pure ou cécité verbale qui se manifeste par l’incompréhension du langage écrit. dans l’hémichanp visuel gauche. .

 

AUDITION : nous savons qu’à ce niveau  chaque oreille, par le jeu des décussations et des commissures a une projection ipsi-latérale et contro-latérale. Anatomiquement et fonctionnellement  il y a une projection privilégiée qui est la projection croisée et  les travaux de  Kimura (dès 1961) puis Habib (1989) Chouard (1991) ont montré chez les sujets normaux droitiers l’existence d’une supériorité de l’oreille droite pour les situmuli verbaux et au contraire une supériorité de l’oreille gauche pour les stimuli non verbaux. Chaque oreille s’adresse préférentiellement  à l’hémisphère controlatéral, (pour plus de précisions voir sur ce site « fonction d’écoute chez l’enfant, le chapitre 5 : oreille, latéralité et dominance cérébrale »). Sur le plan diagnostic, le test dichotique, qui présente simultanément un message à l’oreille droite et à l’oreille gauche ( chiffres,mots, phrases, etc.)  met en compétition les voies ipsi et contro latérales, favorisant les voies controlatérales. Il permet d’appréhender la voie controlatérale lésée en cas de lésion hémisphérique, et à l’aide des potentiels évoqués (PEA)  de préciser  la responsabilité du corps calleux.

 

Michel et Peronnet,  qui ont mis au point à Lyon l’étude des potentiels évoqués acoustiques, rapportent, lors du colloque de 1974 l’extinction gauche au test dichotique en posant la question : lésion hémisphérique ou lésion commissurale ? :

 

- « un hémisphère peut être aveugle : lorsque l’on trace les limites du champ visuel d’un malade on décèle un déficit dans l’hémichamp controlatéral, c’est à dire une Hémianopsie Latérale Homonyme. Mais comment démontrer qu’un hémisphère est sourd ? Cela serait facile si un hémisphère ne recevait d’informations acoustiques que d’une seule oreille, et, en bonne logique anatomique de l’oreille controlatérale. Dans ce cas une lésion hémisphérique sur les voies, les relais ou les centres acoustiques entraînerait une surdité de l’oreille opposée ». Ces auteurs présentent des cas de lésions hémisphériques D et G, ainsi que des agénésies du corps calleux qui donnent peu de signes de disconnexion  et les deux cas présentés ont un dichotique normal , car l’agénésie calleuse est rarement complète, et de plus les commissures antérieures  peuvent être normales. Je donne le compte-rendu de ces auteurs à propos de cet enfant porteur d’une agénésie du corps calleux.

 

Le  syndrome de déconnexion fait toute l’originalité du tableau clinique et se manifeste par une série de signes :

 

            - diminution du transfert d’une main à l’autre des acquisitions tactiles et kinesthésiques du sujet :

 

            - difficulté pour l’hémicorps gauche d’exécuter les consignes verbales ; de même à exposer verbalement les activités perceptives et gestuelles de cet hémicorps, comme nommer des objets sous le seul contrôle du tact à gauche.

 

- Pseudo-hémianopsie latérale homonyme gauche.

 

            - alexie dans l’hémichamp visuel gauche. Tableau auquel nous devons ajouter  les signes d’extension des lésions tels que troubles de l’équilibre, troubles moteurs, troubles articulatoires etc.  

 

 

 

FORMES ETIOLOGIQUES

 

Il est classique de décrire les formes étiologiques suivantes :

 

1.         Les agénésies du corps calleux, j’évoquerai le cas d’un jeune patient,

 

2.         les causes vasculaires, (ramollissement),

 

3.         La dégénérescence du corps calleux ou maladie de Marchiafava-Bignami, dans le cadre de l’alcoolisme chronique,

 

4.         Les tumeurs,

 

5.         Les causes infectieuses, plus rares aujourd’hui.

 

Un cas d’agénésie calleuse chez des jumeaux :Joël et Pierre sont des jumeaux de 13 ans, déficients intellectuels. Ils sont très socialisés, voyagent avec leurs parents. Ils sont maintenus dans le primaire par la volonté de ces derniers. Leur bilan a été effectué dans le laboratoire de neuropsychologie et de rééducation du langage du Dr Michel de Lyon Je relate le bilan de Pierre, le seul jumeau que je reçus, aux réalisations graphiques très rudimentaires, et qui était alors en psychothérapie. Je décrirai donc son abord par la psychosonique et pratiques affines  ainsi que son évolution dans ce cadre, ayant beaucoup écouté les parents qui me présentaient le jumeaux en les comparant: « Pierre est non communicatif, il ne raconte pas, il est secret comme sa mère, Joël échange, il raconte, il ressemble à son père ; Pierre aime l’élevage, Joël bricole, c’est un excellent manœuvre. »

 

Bilan du Dr Michel et conclusion  à 8 ans et 4mois : Pierre est un droitier bien affirmé. Sur le plan psycho-moteur  les mouvements sont saccadés et irréguliers. On note de la raideur, des syncinésies. L’adaptation au rythme est très difficile. A l’examen psychologique : le contact s’établit très facilement, il coopère aisément mais se lasse assez vite et il faut faire une pause au bout d’une demi-heure de travail assidu. L’enfant présente un important retard de développement du langage. Le QI au Terman-Merill est de 51, (épreuves pratiques réussies jusqu’à 5 et même 6 ans). Sur le plan orthophonique : la réalisation du langage est très pauvre (2 ans environ), elle est composée de mots isolés sans articles et très déformés phonétiquement. Le système phonétique utilisé est très réduit  toutes les sifflantes sont remplacées  par un son mouillé  et les occlusives se réduisent à P et T. Dans la répétition de mots une seule syllabe est répétée. A plusieurs reprises Pierre s’est mis à hurler pendant le bilan., essayant d’ouvrir la porte.

           

Potentiels évoqués auditifs précoces :

 

Les latences des potentiels évoqués auditifs précoces sont discrètement retardées mais ce retard ne porte pas sur la composante spécifique du tronc cérébral (intervalle III – V rigoureusement normal).

 

Potentiels évoqués auditifs corticaux :

 

8 électrodes explorent les deux régions temporales et le vertex. Dans ces conditions de stimulation et d’enregistrement, les réponses évoquées recueillies sur le scalp sont inhabituelles par leur morphologie. En effet, on note sur le vertex, un potentiel négatif précédé et suivi d’un potentiel positif qui semble correspondre à l’habituel complexe P1 N1 P2. Cependant cette réponse est très retardée par rapport à celle habituellement observée puisque le potentiel N1 culmine au voisinage de la 200ème msec alors qu’habituellement le temps de latence est de l’ordre de 100 msec.

 

Dans les deux régions temporales, et ceci quelle que soit l’oreille stimulée, on observe également des réponses évoquées de polarité positive comme cela est habituel, dont les latences de culmination (125msec pour le lobe temporal gauche et 140 msec pour le lobe temporal droit), sont retardées par rapport à la normale. L’amplitude de ces réponses temporales est de 3 µvolt dans la région temporale gauche et de 2 µvolt dans la région temporale droite).

 

Conclusions du Dr F. Michel :

 

« Vous savez  que vos enfants ont une agénésie du corps calleux, mais il est clair que ce n’est pas la seule malformation intracérébrale dont ils sont porteurs. L’agénésie du corps calleux peut à elle seule entraîner l’apraxie du regard, type Cogan, qu’ils présentent. Mais le retard de compréhension du langage et surtout le regard d’expression impliquent d’autres anomalies de développement de leur système nerveux central.

 

Beaucoup des examens que je vous transmets ne doivent pas être pris trop à la lettre. Vous savez que vos enfants sont difficiles à examiner. Par exemple les champs visuels que nous avons tenté de faire sont très anormaux, mais cela signifie simplement que vos enfants ne fixent pas les cible. Aussi il faut comprendre que les tests ne donnent qu’une image imparfaite à un moment donné. »

 

Au bilan psychosonique : à l’audiogramme il n’y a pas de déficit sensoriel, les seuils sont normaux. Par contre,  Pierre n’est  pas apte à reconnaître  des  écarts différentiels et le sens des variations au niveau des fréquences  de même amplitude : c’est à dire discriminer la hauteur du son (du son plus aigu au  son plus grave) : l’analyse tonale, (sélectivité) est impossible à réaliser. Au test  temporel de Leipp,  Pierre inscrit des traits surnuméraires par rapport   au nombre de clics  correspondant aux écarts temporels qu’il ne quantifie pas. Il y a égalisation des perceptions aux niveaux temporel et tonal, confusions concernant son  pouvoir de séparation, support de sa capacité à discriminer (Test de Leipp sur le site, faire : http ://auriol.free.fr/psychosonique/raufaste/population_raufaste.htm#leipp et http://auriol.free.fr/psychosonique/ClefDesSons/difference.htm#leipp).

 

Il y a par contre au niveau de l’oreille gauche de 125 à 4000 H un défaut de spatialisation  en osseux c’est à dire que pratiquement toutes les fréquences reçues au niveau OG sont localisées au milieu ou  au niveau de l’oreille droite, ce que nous pourrions assimiler (avec réserves bien sûr) à tous les déficits G que nous avons décrits  tant au niveau  praxique  que gnosique.

La parole  spontanée est rare, la voix est aiguë et il y a des troubles de l’articulation.

 

Bilan du tableau de Mesker : grande irrégularité des boucles, difficultés majeures dans l’orientation centrifuge d’abord, puis centripète…. et quasi indépendance d’une main par rapport à l’autre, alors que la réalisation doit se faire, dans ces exercices en synchronicité.

 

Quelle fut la pratique ? Cela consista en une cure  en musique progressivement filtrée (20 séances)  puis de nombreuses séances en voix maternelle filtrée à 8OOO HERTZ ; il y eut ensuite défiltrage de la musique et répétition de consonnes sifflantes adaptées à son âge. Par ailleurs, au casque, il y avait orientation progressive de la fourniture sonore en direction de l’oreille droite, celle dont nous avons dit qu’elle était linguistiquement compétente. Un travail  bimanuel au tableau de Mesker  fut proposé  en même  temps que fut remis à la famille un protocole de fabrication du tableau de façon à ce qu’un des parents, sur un mode ludique, entraîne l’enfant. (ci-dessous voir protocole de réalisation dudit tableau) :

 

TABLEAU DE MESKER : Ce tableau est proposé pour améliorer le travail de l’écriture, et notamment des boucles, ainsi que la coordination entre le côté droit et le côté gauche du corps.

1.      Réalisation du tableau

·        une planche en bois ou en aggloméré (dimension : 50X40 cm) ou à défaut, utiliser la porte d’un placard.

·        Du rouleau blanc adhésif Velleda pour recouvrir la planche recto-verso.

·        Deux feutres Velleda  effaçables

2.      Pratique

·        L’enfant est assis et appuie son front et son nez sur l’arête du tableau.

·        L’enfant utilise les deux mains et imite les graphismes proposés (guirlandes, boucles), vers le haut et vers le bas, dans le sens centrifuge : loin du corps, et dans le sens centripète : on ramène le trait vers soi.

·        Les traits sont exécutés sans lever la main et en veillant au changements de sens de rotation.

 

 

 

 

 

 

Un bilan  effectué en fin de cursus a objectivé  une normalisation de la spatialisation : au niveau de l’oreille G (nous avons agi  principalement au niveau de l’oreille D… et l’oreille G. a réduit ses erreurs).  Au tableau de Mesker une réalisation très fluide des boucles  et surtout une synchronisation des deux mains., ces repères instrumentaux nous permettant de supposer une meilleure orientation temporo-spatiale, ainsi qu’une  réalisation  plus fine et plus rapide des taches usuelles.. La famille envisage  pour le futur une insertion professionnelle  dans le domaine manuel avec sérénité,. en acceptant l’IME, (s’ensuivit l’IMPRO, puis le CAT dans lequel la socialisation perdure).

 

En guise de conclusion : Le corps calleux est impliqué dans nombre d’opérations  nécessitant l’usage du langage  ainsi que  dans des activités requérant un certain degré d’élaboration, Il joue un rôle dans la latéralisation  et le transfert de différentes fonctions dont les praxies, les coordinations visuo-motrices, mais surtout celle du langage. impliqué dans les phénomènes de mémoire et d’acquisitions. Dans notre cas  comment  la thérapie sonique a-t-elle opéré  : par voie contro-latérale à partir de l’oreille droite, via le corps calleux, mais que peut-on dire de la  voie ipsi-latérale ? Au niveau de la grapho-motricité , qui nécessite l’intégration des sensations tactiles entre autre, la pratique du tableau de Mesker semble manifestement faire intervenir les structures interhémisphériques, dont le corps calleux et cette démarche tant diagnostique que thérapeutique mérite attention dans les structures  de type IME. 

Le rapport à l’Autre et à la parole avec ses effets de substitution et de combinaison  se trouve grevé  en cas de lésion, notamment en ce qui concerne la  synchronie et diachronie. Le sujet    est dans l’incapacité de répondre  aux consignes, celles concernant le côté gauche, et se  trouvant réellement divisé, un côté pouvant ignorer l’autre... Pouvons-nous dire que le corps calleux concourt à l’ordre Symbolique, au sens de Levi-Strauss et de Lacan,  lequel requiert notre double polarité, qui transcende les notions de droite et de gauche : SUN= relier, notamment le son et le sens, ou ce qui est vu et entendu, via les concepts et BALLO= lancer, mettre à distance, à des fins d’abstraction ( pour mémoire, aux structures gauches sont référées le langage, la logique, l’analytique, le temps, la causalité, la loi, aux structures droites : la globalité, la forme, l’espace, la rythmo-mélodie c’est à dire l’intonation de la voix ou prosodie, l’émotion, l’analogie, la synchronie ). En l’absence de tout élément lésionnel du corps calleux, dans quelle mesure peut-il être impliqué  chez un sujet se disant mal latéralisé, ou qu’un psycho-motricien déclare comme tel ? Qu’en est-il alors de l’image du corps propre ?

Annexe

Construction du tableau, dispositif

Le tableau de Mesker est un tableau double dont l’utilisation s’effectue sur un plan sagittal, à l’inverse du plan frontal comme à l’accoutumée. Il est constitué de deux panneaux en bois de 50 cm par 50 cm * ; s’écartant d’un angle de 5°, disposé à la manière de deux couvertures d’un livre tenu verticalement. Le sujet étant assis, il appose perpendiculairement son front et son nez sur l’arête du tableau, et effectue ses réalisations à deux mains. L’ensemble repose sur 2 panneaux horizontaux sur lesquels écrit la personne qui propose le modèle du graphisme à exécuter.

Pratique

Le sujet, assis, son front appliqué contre le tableau, est invité à réaliser des dessins de guirlandes avec des boucles vers le haut et vers le bas, dans le sens centrifuge (la main s’éloignant du corps) et dans le sens centripète (la main revenant vers soi) ; ceci dans une visée diagnostique dans un premier temps, puis en une pratique thérapeutique.

Il est invité ensuite à effectuer à deux mains en centrifuge et en centripète des représentations de traits complexes, qui seront au décours du travail associés à des mots. La majeure partie des exercices se fait à deux mains pour terminer à une main.

Principe neuro-physiologique

L’intérêt de cette pratique réside dans la vision globaliste, bi-hémisphérique du fonctionnement du cerveau dans le rapport à la trace écrite, le sujet visualisant principalement les mouvements de ses mains mais non ses réalisations graphiques (boucles, lettres, mots), qui, en raison de la disposition sagittale du tableau. se profilent selon une ligne de fuite allant vers l’avant du sujet (sur le mode centrifuge, la main s’éloigne de son point de départ symboliquement :l’élan vers les autres), ou faisant retour vers celui-ci (voie centripète, du retour vers le moi) Il y a donc suppression partielle du contrôle visuel, au profit des entrées tactilo-kinesthésiques et proprioceptives, auxquelles nous ajoutons les mécanismes d’autorépétition mentale et sub-vocale de la consigne : en haut, en haut, en haut, en bas, en bas, en bas, en haut et en bas, selon le cas. L’information verbale, présentée par voie auditive accède directement au registre temporaire de stockage des informations constituant la mémoire immédiate que BADELEY assimile à la boucle phonologique, sous système de l'instance attentionnelle de contrôle avec le calepin visuo-spatial.

Cliniquement, hormis les troubles relatifs au corps calleux, il s’agit de la mise en évidence de retards et d’anomalies de la grapho-motricité susceptibles d’être perfectionnés, plus précisément d’un mode d’abord des dyspraxies de l’enfant, et notamment des dysgraphies, ainsi que du défaut de coordination droite/gauche chez l’enfant comme chez l’adulte, mais aussi du champ très vaste du trouble « déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ».

Il s’agit donc d’asseoir la capacité d’accéder aux formes globales sur le rapport empirique au réel et sur les capacités de discrimination grapho-phonétique dans le cadre ou non d’une cure audio-phonologique.

Le contrôle des mouvements de l’écriture s’effectue de deux manières, de façon pro-active et de façon rétro-active.

 

               

BIBLIOGRAPHIE

BOTTE, M-C, Psycho-acoustique et perception auditive, I.N.S.E.R.M., S.F.A. & C.N.E.T., 1989

CHOUARD, C.H., Latéralité et pathologie O.R.L., Ann. Oto-Latryngo, Paris, 1991, 108, 169-180.

CHOUARD, C.H. , Contribution à l’étude de la latéralité chez les musiciens professionnels, Ann. Oto-laryng. (Paris), 1991, 108, 181-184.

MICHEL & PERONNET, Syndromes de disconnexion calleuse chez l’homme « Colloque international de Lyon de 1974 »

Docteur PONZIO, Cours de neuro-linguistique, ces de psychiatrie. (faculté de Médecines de Marseille 1985).

Note complémentaire du Dr Bernard Auriol:

Pourvu que les connexions inter-hémisphériques ne soient pas totalement endommagées, on peut tenter de travailler à les renforcer non seulement au niveau visuo-grapho-moteur par les méthodes dérivées de celle du Pr Mesker, mais aussi par les exercices de psychomotricité et les jeux qui font intervenir simultanément ou tour à tour les deux côtés du corps.

Un travail auditif expérimental spécifique peut être utilisé (ce que j'ai appelé Musique Bipolaire).


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