L'anorexie, l'abus de régime pour maigrir

"Anorexia nervosa"

Dr Bernard Auriol

 

Anorexie

 « La névrose alimentaire dite anorexie peut se comparer à la mélancolie. L'anorexie des jeunes filles - qui est un trouble bien connu - m'apparaît, après observation poussée, comme une forme de mélancolie chez des sujets à sexualité encore inachevée. La malade assure ne pas manger simplement parce qu'elle n'a pas faim. Perte d'appétit => dans le domaine sexuel, perte de libido [9] ."

 

Il y a un principe de conservation "...selon lequel un organe qui a une fonction érogène en plus de sa fonction générale (dans ce cas les muqueuses de la région buccale) com­mence à s'affaiblir dans une direction aussitôt qu'il est trop solli­cité dans l'autre.". Les troubles de l'appétit résulteraient donc d'une érogénéisation de la zone buccale. Le suçotement est un plaisir sexuel auto- érotique ; si ce plaisir donne lieu à refoulement, il provoque des troubles de la fonction alimentaire.

Portrait de Hyeronimus Tschekkenbürlin de Hans Baldung Grien, bois, 40x28.5, XV°s. (Musée de Bâle, CH)

Le premier choix d'objet se fait sous un mode identificatoire, et à la phase orale cela détermine une attitude ambivalente à l'égard de l'objet dont le sujet souhaite la dévoration. La régression qui caractérise les affections narcis­siques, expliquerait le refus d'alimentation de l'état mélancolique grave.

Prévalence, hérédité et risques prospectifs de l'anorexie Dr Cynthia M. Bulik et collaborateurs, (Arch Gen Psychiatry du 9 mars 2006) Pendant une période de quatre ans, ayant pris fin en 2002 des jumeaux suédois consentants nés entre janvier 1935 et décembre 1958, soit 31.406 personnes, furent testés au sujet de l'anorexie mentale. Les participants retenus étaient diagnostiqués anorexie mentale lors d'une consultation, d'une hospitalisation ou à l'issue de leur décès. La fréquence était de 1,20 % chez les femmes et de 0,29 % chez les hommes. On a comparé de vrais (issus d'un seul ovule) et de"faux" jumeaux (issus de deux ovules distincts) nés entre 1935 et 1958. L'anorexie a été plus souvent retrouvée chez les vrais jumeaux, et l'analyse statistique conduit à conclure que 56% de la faculté à développer ce trouble était d'origine génétique, les facteurs environnementaux déterminant le reste. L'étude souligne aussi l'existence d'un lien significatif entre l'anorexie et une névrose infantile comportant une tendance à l'anxiété et à la dépression, et des réactions émotionnelles excessives. L'anorexie mentale se caractérise par la crainte de devenir obèse et une aversion à la nourriture. Selon les auteurs le risque génétique est le terrain de fond de l'affection et l'environnement le facteur déclenchant. (Ecole de santé publique de l'Université Chapel Hill , CHARLOTTE, Caroline du Nord associés avec l'Institut Karolinska de Stockholm)

 

Hystérie

Le dégoût sexuel est signe d'hystérie [10] , même s'il n'y a pas de symptômes somatiques. Ce dégoût peut d'ailleurs se transformer en dégoût pour les aliments. Pour Freud « l'anorexie hystérique est une contre- indication à l'analyse [11]  ».