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Surpoids, obésité et boulimie

Dr Bernard Auriol

 

Approche psychanalytique

La clinique psychanalytique de l'adolescente boulimique met en évidence « une vulnérabilité narcissique » à l'origine de laquelle on retrouve une défaillance précoce des intériorisations avec pour conséquence un défaut des ressources auto- érotiques et un échec partiel des identifications (P. Jeammet).

Cet auteur souligne les points suivants dans la genèse et la pérennisation du trouble du comportement.

• Une relation de complétude narcissique mère-fille dans l’enfance : envahissement du sujet par l'objet et dépendance extrême à son égard.
• Cette fusion mère- fille empêche toute intériorisation : prendre les qualités de l'autre c'est le détruire ; se montrer supérieur à l'objet, c'est risquer de le tuer.
• À l'occasion de traumatismes ou de frustrations (avec expérience d'insécurité et ou d'abandon), cette relation fusionnelle est altérée. La fille se voit dans l'incapacité d'aménager ou d'élaborer la perte de cette relation.
• L'adolescence, avec toutes les transformations qui la caractérisent, réactive les conflits d’identification infantiles. Cette période est marquée par des sentiments de perte : perte du corps infantile materné, perte des images parentales idéalisées (hostilité, rejet, dégoût des gros). Velléités d'autonomisation avec possibilité d'accession à une sexualité agie.

• Le comportement boulimique a un sens et une fonction.

-        C'est un « acte anti-pensée » qui permet d'éviter la représentation trop crue du conflit
-       Ttout en autorisant « l’expression des désirs destructifs (retournés contre le corps propre du sujet) ». 
-         L'incorporation (« orgie alimentaire » : ingestion massive, rapide, sans goût et sans répit) « n'est pas l’appropriation dans un monde interne (introjection), c'est un engloutissement, une pure sensation.

• Le comportement boulimique est un piège substituant un acte au conflit objectal. Ceci bloque toute élaboration et s'autorenforce. II apparaît « une dépendance réelle à l'égard du comportement boulimique » sans que la dépendance objectale soit annihilée (clivage du Moi plus que déplacement qui permet la coexistence d'une dépendance extrême à la mère et de son refus...).

 


 

Abus sexuel et boulimie

Walter a montré que les abus sexuels subis durant l’enfance sont liés à une plus forte tendance vers la boulimie.

Parmi les boulimiques, celles qui ont subi une violence sexuelle dans leur enfance ont des comportements de vomissement et des crises de fringale plus importants que les autres, surtout si l’abus sexuel était infrafamilial, violent et précoce (avant 14 ans). Il s’agit alors d’une dévoration compulsive, frénétique et autodestructrice.

Pathologies associées fréquemment à la boulimie

-         Alcoolisme
-         Kleptomanie
-         Boulimies d’achats (acquisition d’objets qui ne sont que peu ou pas utilisés),
-         collection de vêtements ou de bijoux
-         Boulimie sexuelle
-         Boulimie de lectures
-         Trouble panique, Tentatives de suicide

Obésité

 

Evaluation des anomalies de la Masse Corporelle

L’indice de masse corporelle est calculé ainsi :

{19 <  [ (poidsKg/(taillem x taillem) ] <24}

·        Si cet indice dépasse 24 Kg/m², on est déjà trop « enrobé » par rapport au poids idéal.

·        Au dessus de 30 Kg/m², il s’agit d’un surpoids pathologique (obésité, diabète, hypothyroïdie, etc.).

·        En deçà de 19 Kg/m², nous sommes en deçà du poids idéal et il faut craindre une atteinte organique ou une anorexie.

Manuel Uribe, 40 ans, à San Nicolas de la Garza (Nuevo Leon, Mexique), pèse 500 kg.
Il souffre depuis 20 ans de cette "obésité morbide" (AFP/AFP - mercredi 17 janvier 2006)

 
Les facteurs favorisant l'obésité sont liés au sexe ou aux circonstances de la vie :
-         Stress qui peut engendrer de la boulimie. Le stress peut être lié à des conditions de vie actuelles défavorables (pauvreté, chômage) ou comportant une forme d’hyperactivité (workoholics, insomniaques) ou à des traumatismes (notamment abus sexuels pendant l’enfance)
-         Le stress est souvent celui d’une séparation (deuil, rupture, changement professionnel, déménagement)
-         Habitudes familiales ou individuelles : bonne chère, alcool, abus de télévision avec grignotage
-         Arrêt du tabac
-         Arrêt brutal de l’activité sportive
-         Modifications endocriniennes liées à la puberté, la grossesse, la ménopause
-         Hypothyroïdie
-         Diabète gras
-         Prise de corticoïdes, psychotropes, anxiolytiques, antidépresseurs, anti-histaminiques ou neuroleptiques
Le Traitement

Le bon sens nous dit que pour retrouver un poids standard, l’obèse n’aurait qu’à moins manger !

Exception faite concernant l’anorexique qui évalue incorrectement sa propre morphologie ou même obtient des gonflements de carence (oedèmes, gros ventre de carence), le bon sens a raison.

Certes !

Mais ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît ! L’avidité, les compulsions, les fringales ingérables s’opposent à ce remède ; lequel peut devenir contre productif sur la base de régimes drastiques qui font perdre 12 kilos pour en regagner très vite 13 ! Accordéon de Sisyphe (ou syndrome du yo-yo), dont la parade est à l’opposé du caractère de l’obèse : il est excessif alors qu’il y faudrait de la modération ! Il convient d’abandonner toute illusion charlatanesque et toute potion magique : ce ne sera pas le guérisseur ni l’hypnose, ni les anneaux chirurgicaux qui bloquent l’estomac, pas davantage les crèmes amincissantes et autres liposuccions. Ne pas se droguer aux amphétamines, thyroxine, tabac ou caféine !

Il convient aussi de prendre en compte une éventuelle tendance génétique qui, sans obliger à l'obésité ou à l'anorexie, rend plus difficle de "rester dans les clous".

Le Figaro a publié à ce sujet, le compte rendu que voici :

« Découverte d’un gène impliqué dans l’obésité »

« Deux équipes de chercheurs, l'une anglo-américaine (dirigée par le Dr Mark McCarthy, université d'Oxford), qui a publié ses résultats sur le site de Science, l'autre franco-anglaise (dirigée par le Pr Philippe Froguel, Institut Pasteur de Lille, Imperial College de Londres), dont les travaux sont à paraître dans Nature Genetics, viennent chacune de leur côté de découvrir un gène dit FTO qui, lorsqu'il est surexprimé, serait en cause dans plus de 25 % des obésités ».

La journaliste du Figaro explique notamment que « selon les chercheurs [anglo-américains], les personnes ayant hérité des deux copies de certaines formes de ce gène auraient 70 % de plus de risque d'être obèses que celles qui n'en ont qu'une copie. Et celles qui auraient hérité d'une seule copie de certaines formes de ce gène auraient, elles, 30 % de risque d'en souffrir ».

La journaliste cite aussi le Pr Andrew Hattersley, de l'école de médecine Peninsula (Grande-Bretagne), cosignataire du travail publié dans Science, qui écrit : « Les résultats de notre étude pourraient être une réponse à quelqu'un qui se demanderait pourquoi il est plus gros que son voisin alors qu'il ne mange pas plus et fait autant d'exercice ».

 

Compter plutôt sur les quelques grammes qu’on sacrifie jour après jour, repas après repas : par exemple,

·        Utiliser les fruits, les légumes, les bouillons dès le début du repas
·        Stopper de manger dès que le goût est moindre ou que l’appétit diminue.
·        Laisser une bouchée de chaque met ;
·        Il ne s’agit plus que de finir l’assiette et de n’en point jeter : il faut en jeter malgré ce que la bonne éducation et la sainte morale nous ont inculqué ! Ou plutôt, faire offrande de la « part maudite » de l’opulence, comme le chasseur qui évite de tuer tout le gibier (potlatch)…
·        Eviter de se resservir,
·        Eliminer ou diminuer la consommation de bière, de vin et d’alcools qui apportent une quantité de calories inutiles.
·        Eviter de grignoter devant la télé
·        Dans un grand repas de fête choisir de n’accepter qu’un plat sur deux (le meilleur) …
·        Pratiquer une activité physique douce et harmonieuse : hatha yoga, natation, marche paisible
·        Utiliser une méthode de relaxation, de méditation ou de contemplation

Embryologie : l’endoderme

L’endoderme (ou entoblaste), est le feuillet interne de l'embryon.  Il se met en place au moment de la gastrulation. Il donne naissance notamment au tube digestif. C'est à un développement relativement préférentiel de ses dérivés que correspondrait le type endomorphe de Shaldon ou entoblastique de Martiny.

Pycnique versus Leptosome

Il est très banal de constater, à la suite de Kretschmer [7] qu’il existe un lien statistique entre la série {cyclothymie-cycloïdie-Psychose Maniaco Dépressive} et l’embonpoint ou l’obésité ; ce lien n’est pas le résultat exclusif de l’usage de médicaments psychotropes et on l’a constaté bien avant leur invention.

Cette observation se rattache à l’ancienne théorie des tempéraments hippocratiques et a eu son heure de gloire dans le cadre des bio-typologies.

Cet angle de vue a récemment perdu du terrain mais, comme bien des idées à éclipse, il pourrait revenir sur le devant de la scène dans le sillage des recherches génétiques.

Le cyclothymique

-         Endomorphisme [8] , Brachytype, bréviligne, digestif rond

-         Forte expansion des cavités viscérales (crâne, thorax, abdomen)

-         mains larges

-         embonpoint du tronc et de l’abdomen

-         peau douce, rosée ou rouge

-         dos rond, tête portée en avant

-         cou massif

-         visage rond et plat

-         tendance à la calvitie

-         amabilité

-         sociabilité

-         vivacité

-         entrain

-         bonté

-         douceur

-         sensibilité

-         tranquillité

-         chaleur affective

-         variations fortes de l’humeur (gaieté / tristesse)

-        manque de confiance dans ses assises, manque de sécurité intérieure (Lowen, p.45)

Caractéristiques somatiques

Caractéristiques psychologiques

 
Le Vagotonique

se rapproche du pycnique par sa tendance à engraisser (proche du « type rond » de Pende).

Il présente par ailleurs différentes caractéristiques physiologiques et psychologiques :

Le Parasympathicotonique ou Vagotonique (d’après Mounier)
Au niveau physiologique
Au niveau psychologique

-        Tendance à engraisser

-       Palpitations,
-        
pouls lent,

-         brûlures d’estomac,
-        
nausées fréquentes (sensible au mal de mer, au contre-sens en train),
-        
tendance à la colite
-        faible tension
des sphincters ;

-         crises sudorales, surtout aux mains et aux pieds
-        
fortes sécrétions lacrymales,

-         faible exophtalmie,
-         léger myosis,
-         tremblements,

- Il n’aime pas la lutte, le combat,

- mais plutôt la paix et la jouissance, le farniente, dormir et manger.

- Il est prompt au découragement, à la tristesse, voire à la dépression

-         excitation sexuelle,

-         fatigabilité

 

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

17 Mai 2007

[7] dans son ouvrage, Köperbau und Character , Berlin: J. Springer, 1921.

[8] Sheldon a montré que la PMD est corrélée positivement à l’endomorphisme (+.54) et au mésomorphisme (+.41) et négativement à l’ectomorphisme (-.59)