Emission, animée par Michel Field, « Prise Directe »
( Jeudi 4 01 2001 ).
Parmi les participants : François Roustang, Sylvie Nelson-Rousseau, Dr Bernard Auriol, Dr. Alain Gérard Beineix, JL Servan Shreiber, C. Muller, Le Doc, Psychonet.fr, Jean-Pierre Winter, etc …
idées esquissées par Dr Bernard auriol :Les Psy sont partout …mais pas toujours où ils devraient être ! |
"Selon les données officielles, un Français sur quatre souffre chaque année d'un trouble mental et, si la prévalence des maladies mentales reste stable avec 1% de schizophrénies et 15 % de dépressions, on observe une augmentation constante des consultations psychiatriques, avec notamment six fois plus de dépressions déclarées qu'il y a trente ans. Avec 23 psychiatres pour 100.000 habitants, la France se classe au troisième rang mondial derrière la Suisse et les Etats-Unis. Mais Paris compte 80 "psys" pour 100.000 habitants tandis que d'autres régions en manquent et que 10% des postes de psychiatres du secteur public ne sont pas pourvus". D'après l'étude des Dr Eric PIEL et Jean-Luc ROELANDT .
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Plutôt que d’une mode, nous devons penser à
- un plus grand malaise (sur-compétition, sur-information, sur-connexion et isolement)- une meilleure « disponibilité » du Psy (remboursement sécurité sociale, nombre des intervenants, diversité des approches théoriques et pratiques),- une moindre disponibilité des autres recours ? (religion, militantisme idéologique, adhésion sectaire)
Face à ces exemples nous regrettons l’absence de formation des intervenants concernés, leur éthique discutable, leurs erreurs « techniques ». Cependant, côté Psy il y a aussi à boire et à manger !
- Tel musicothérapeute « joint le geste à la parole ».- Un psychiatre-psychothérapeute crée un groupe qui réunit les membres de sa famille et certains patients. Notamment une patiente dont il devient l’amant avec des conséquences fort dommageables (Tentatives de Suicide, etc.)
Psychothérapie (hypnose ericksonienne, entretiens, groupe pendant six ans = 83-89) puis relation sentimentale et sexuelle avec le thérapeute de 90 à 94. Ce dernier étant marié et sa femme l’ayant appris, la relation a été plus ou moins rompue et la patiente est devenue dépressive, avec idées de meurtre et de suicide ! « Je passe mon temps à pleurer ! Je rêve que ma voiture va s’écraser sur un mur sans que je puisse intervenir ! Je pense à mon thérapeute sous le titre « l’insoutenable légèreté de l’autre ! » Je le compare à un ver solitaire qui me parasite, me dévore de l’intérieur…»
Plusieurs analystes (appartenant à une école de l’IPA ou non) couchent avec une patiente ou un patient. Dans tel cas, c’est une histoire sans lendemain, dans tel autre cas, il refait sa vie avec !
Il existe aussi des cas ou le fantasme du patient peut faire croire à une attitude inappropriée du thérapeute !Telle patiente sur la foi d’une pression de la main qu’elle éprouve très particulière, telle autre à partir d’un échange de regard qui lui semble « plein de sens » construisent une idylle virtuelle qui n’en finit pas malgré le refus d’y répondre du médecin, du psychanalyste ou de l’artiste. Il s’agit de l’illusion rêveuse d’être courtisée.
Ces faits parlent plutôt de thérapeutes hommes et de leur patiente mais tous les cas de figure sont possibles !
« Quant au psy, il n’est plus un docteur fou, mais un grand manitou[1] respectable dont on ne cesse de solliciter, pour un oui ou pour un non, l’avis dans les journaux ou sur les plateaux de télé ».
1. Psychiatrie biologique2. Thérapies cognitivo-comportementales et Hypnose(Le thérapeute propose un contrat précis par rapport aux symptômes et aux moyens de les dépasser)3. Thérapies Psycho-corporelles faisant appel aux interactions entre le sujet et ses muscles ou sa respiration (bioénergie, végétothérapie caractéro-analytique, gestalt, biodynamique, rebirth, etc. ) et Thérapies de relaxation (training autogène, sophrologie, Wolpe).4. Psychanalyse et dérivés (IPA, Lacan, Klein, Jung) ; Thérapies humanistes (Rogers)5. Citons à part, les thérapeutes, patentés ou non, qui préconisent des rites d’exorcisme, des cures d’âme, l’intervention miraculeuse d’entités ou de défunts, l’imposition des mains, l’usage d’objets à pouvoir sacré ou magique, des pratiques sexuelles à prétention tantrique, etc.
Chacun adhère sincèrement à un courant de pensée dont les adhérents se croient détenteurs de la Vérité. Cette peste proto-scientifique concerne bien sûr les adeptes du New Age, des Thérapies alternatives et des sectes pseudo-religieuses, mais aussi les différents courants de la Psychanalyse, le mouvement montant des thérapies cognitivo-comportementales et la Psychiatrie Biologique elle même…
- Une réaction est celle du patient qui, dans cette forêt vierge, passe de l’un à l’autre ou mène simultanément des combats pas forcément synergiques,- Une autre est celle de thérapeutes qui tentent (humblement ou avec forfanterie) d’être « éclectiques ».
Le patient est censé venir au Psy pour se débarrasser de ses symptômes, moins dépendre des contraintes qui l’obèrent, se transformer :
- abandon d’un certain rapport des forces et des représentations considérés comme nocifs, générateurs de symptômes.- au profit d’un nouveau rapport des forces et des représentations considéré comme bon.Ces changements concernent éventuellement :- la génétique,- la structuration et le développement de chacune des sous structures cérébrales et cérébelleuses,- l’activité biochimique de différents sous systèmes neuroniques quelle que soit la cause de leur dérèglement,- les données freudiennes (topiques, économiques et dynamiques),- les scénarios imaginaires répétitifs et créatifs,- les relations entre le somatique et le psychique,- les relations entre l’individu et son environnement (famille, système socio-politique, etc).
Mais tout acte n’a-t-il pas des mobiles, des motivations qui l’expliquent. Le délire enlève-t-il la nécessité de sanctionner ? rappelons qu’autrefois on jugeait les animaux !
Il intervient sur la demande des enseignants ou des parents. La demande de l’enfant est, au mieux, engendrée après plusieurs rencontres de l’analyste !
Il dit sa vérité.
L’intervenant est choisi par le journaliste qui valorise ainsi, le sachant ou non, ses propres choix, dont on comprend aussitôt que
il s’agit souvent d’options philosophiques, ils sont parfois liés à une mode, à un réseau d’amitiés, à une présence à l’écran de l’intervenant plus génératrice d’audimat.
Cancer (Psycho-oncologie) Sida
Se posent deux questions :
1. en quoi les facteurs psychologiques peuvent-ils favoriser ou enrayer l’installation de telles affections ?2. En quoi ces affections touchent-elles la psyché du patient (travaux récents indiquant que les sollicitations excessives du système immunitaire engendrent de la dépression) ?
Le debriefing à chaud ne s'est pas révélé très utile, mais l'habitude étant prise...
Certains, dont je suis, acceptent de recevoir en analyse des personnes avec le remboursement de la Sécurité Sociale. Ce type de prise en charge a existé dès la création de la psychanalyse. Ces analyses et/ou thérapies sont en moyenne, plus laborieuses, plus longues en durée, moins évidentes dans leur résultat. Dans tous les cas, il est important que le patient n’ait pas l’impression qu’on lui fait un cadeau. En dernier ressort, on demandera une contribution symbolique qui n’a d’ailleurs rien d’évident.
L’un d’eux, pris en charge par la CMU met plus de deux ans avant d’accepter de donner un franc symbolique ! Il peut même arriver qu’un patient arrive à se faire rembourser des actes qu’il n’a pas payés ! Tel autre, au contraire, prend sur sa mensualité, inférieure au Smic, pour payer réellement une partie de sa thérapie ! Tel autre contracte une dette de plus d’un an (plus de 150 séances) mais, dès qu’il le peut, il les règle toutes !
Dans le cadre de ma fonction d’analyste et de psychothérapeute, j’évite personnellement de prescrire des médicaments.
Je considère pourtant que la prescription est parfois un mal nécessaire.
- Je me rappellerai toujours le cas de ce patient, vu au cours de mon internat, aveugle pour s’être arraché les yeux dans la cellule de l’Hôpital de Nantes, où il était enfermé, au motif que le Psychiatre du service refusait toute chimiothérapie !
Plus généralement, ce sont les psychotropes, notamment les Neuroleptiques (chlorpromazine = largactil), qui ont permis de desserrer l’étau de l’Asile, développer la psychothérapie institutionnelle et la sectorisation…
C’est surtout le cas depuis l’apparition des nouveaux psychotropes :
Surtout :
- les Neuroleptiques de nouvelle génération => Sulpiride ( Dogmatil* ), Amisulpride ( Solian* ), Risperidone ( Risperdal* ), Olanzapine (Zyprexa*) …
Mais aussi :
- Stabilisateurs de l’humeur => Sels de Lithium (Theralite*, NeuroLithium*), carbamazepine ( Tegretol* ), Acide Valproique (Dépakine*, Dépamide*)
- Nouveaux anti-dépresseurs
- Et même les anxiolytiques malgré leurs inconvénients et l’abus qu’on en fait (DBZ)
- Les médicaments de la douleur (morphiniques et apparentés)
- Les médicaments de la migraine, du trac (bêta bloquants), de l’impuissance (Viagra)
Voir l'émission "Ça se discute" du 14 Mars 2001
3 Août 2003
[1] Manitou, ce nom est utilisé par la langue des indiens Algonquin-Wakashan pour décrire le pouvoir surnaturel qui infiltre toutes les choses. Ce pouvoir est possédé à des degrés divers, à la fois par les êtres spirituels et par les humains. L’idée d’un Manitou suprême et personnifié (dieu) Kitchi Manitoo pourrait avoir germé sous l’influence des missionnaires chrétiens.