Discussion de la Littérature scientifique au sujet des bêta-bloquants (ou bêta-bloqueurs)

Dr Bernard Auriol

 

Chapitre 2

 

 

1 – 200

 

Boissier et Giudicclli font remarquer que " chez l'animal comme chez l'homme , les effets sédatifs du propranol n'apparaissent qu'à forte dose " (16). Ils supposent que cet effet sédatif n'a lieu que pour certains bêta - bloquants, ceux qui comportent un radical naphtyl ou naphtoxy (16) (9) (102) (90). Ils opposent à cet effet sédatif, l'action stimulante de l'INPEA (67). (102), (105) et l'accroissement expérimental de l'agressivité animale par le pindolol (126)

 

L'utilisation par Volk et al. de l'oxprénolol à haute dose comme sédatif des agitations psychotiques (151) permet d'éliminer la différentiation des diverses drogues à partir de l'existence ou non du radical naphtyl au naphtoxy : en effet l'oxprénolol ne comporte pas de radical de ce type (105). Pour expliquer les différences constatées, on peut alors invoquer plusieurs mécanismes : par exemple le plus ou moins grand pouvoir bêta- bloquant des différentes drogues ; leur plus ou moins grand effet stabilisant de membrane ( ou " quinidine - like ") etc...

 

 

1 - 201

 

L’effet sédatif des bêta - bloquants à haute dose , différant d'un effet éventuellement anti - dépresseur et stimulant à dose faible ou moyenne pourrait s'expliquer si on admettait que ce n'est qu'à forte dose qu'ils sont capable d'agir notablement sur certains phénomènes de transmission synaptique ou neuronale.

 

On a pu montrer ( 35 bis ) ( 35 ter ) qu'il y avait au niveau des transmissions ganglionnaires un effet bêta de facilitation et un effet alpha d'inhibition. Les bêta - lytiques s'opposant à la facilitation joueraient donc en faveur de l'inhibition ; cela au niveau de structures de transmission non adrénergiques et dans la mesure où ces structures seraient notablement imprégnées de nor - adrénaline, ou d'adrénaline. On ne peut refuser à priori l'hypothèse selon laquelle certains troubles mentaux (notamment excitation et délire ) seraient liés à une imprégnation excessive catécholaminergique de certaines structures centrales ou périphériques. On ne peut non plus exclure l'hypothèse qui verrait là une imprégnation de pseudo - catécholamines pathogènes.

 

 

1 - 210

 

Léonard ( 89) ne réussit pas à dégager un profil neuro - chimique lié précisément à l'effet bêta - bloquant. Les résultats qu'il obtient permettent souvent d'apparenter plus le dérive D au dérivé L bêtabloquant que ce dernier à un autre produit L également bêta - bloquant. Il ne peut confirmer les travaux selon lesquels une activité augmentée est associée à une diminution en glycogène ( 119 ) (103) ( 123), alors qu'une activité diminuée correspondrait à une accumulation ( 94) ( 95 ) ( 61).

 

En fait la plupart des bêta - bloquants accumulent le glycogène (dans le cerveau) et devraient tous produire une sédation. Mais les doses employées par l'auteur sont massives.

 

1 - 211

 

Divers travaux conduisent à admettre avec Sutherland ( 104 bis ) que les hormones et les médiateurs chimiques les plus variés ( glucagon , ACTH , TSH , vasopressine , intermédine , surtout adrénaline et noradrénaline ) agissent sur leurs cellules effectrices en activant un enzyme , l'adényl - cyclase , qui agit à l'intérieur de 1a cellule effectrice pour en augmenter l'activité spécifique. On a appelé le produit d'activation de l'adénylcyclase, c'est à dire l' AMP cyclique ( AMPc ) , " deuxième messager ".

 

Fig. - 1 - 211

 

 

 

Le schéma de la transformation de l' adénosine mono - phosphate (AMP) en adénosine tri - phosphorique (ATP) peut être résumé: ainsi d'après différents travaux ( 25 bis ) ( 106 bis ) ( 136 ter ) ( 154 bis ) ( 154 ter ). Il faut noter ( 104 bis ) que tous les auteurs sensibilisés à ce problème ont mis en évidence le fait que la stimulation de type bêta se fait toujours par activation de l'adényl - cyclase , qu'il s'agisse d’actions " métaboliques " ( glycogénolyse hépatique et musculaire , lipolyse des tissus adipeux , transport de sodium par l'épithélium cutané de la grenouille , etc. ) ou d'actions sur la contraction musculaire ( action inotrope positive , relaxation coronarienne et artériolaire , actions sur la motilité intestinale ou utérine , etc. ).

 

Il est intéressant de noter que le dibutyril - AMPc injecté dans le ventricule cérébral du chat ou du rat provoque un état d'agitation et d’activisme analogue à la manie humaine…

Fig. - I - 211 bis : Suite de réactions aboutissant à l'élaboration de la réponse physiologique

 

 

 

 

1 – 212

 

Comme les variations thymiques semblent avoir d'importants corollaires ( s'il ne s'agit pas de causalité ) au niveau du métabolisme des catécholamines ( 142 ) , il est intéressant de mettre en regard de ce schéma les dosages d' AMPc urinaire en fonction de la nosologie thymique. ( 109 bis ) ( 109 ter ); ( 1094 ).

 

Groupe de malades

Taux d'AMP cyclique

(en micromoles dans les

urines de 24 heures)

p

Témoins

5 , 64 ± 0 , 68

 

Phase dépressive
(de la PMD)

3 , 64 ± 0 , 19

0.10

Phase maniaque
(de la PMD)

9 , 94 ± 1 , 8

0.01

Névrose dépressive

6 , 70 ± 0 , 37

0.10

Tableau I - 212 diapres ( 109 bis )

 

Si on admettait que les variations de l'AMPc en fonction de la thymie sont uniquement dues aux variations du taux de Nor - adrénaline, il faudrait conclure que ce tableau confirme cette hypothèse et que ce sont les récepteurs encéphaliques bêta qui jouent le rôle de modulateurs de l'humeur ( puisque nous l'avons vu la Nor - Adrénaline ne fait varier le taux d'AMPc que par les récepteurs bêta ). Dès lors et conformément aux travaux d'Atsmon et coll. , Volk et Coll. (5) (6) (7) ( 151 ) , les bêta - bloquants n'auraient d'indication que dans les états d'excitation ( maniaque ) et jamais dans les états mélancoliques. Tout au plus pourrait - on les essayer dans les états dépressifs névrotiques. On verra que l'ensemble de nos observations dément cette façon de voir.

 

 

1 - 213

 

Il ne faut pas se limiter à cette hypothèse et on peut évoquer la suivante : le taux d'AMPc refléterait plus l'ensemble des processus actifs cellulaires , c'est à dire; la masse des messages autres que morphogénétiques ( 104 bis ) circulant dans l'organisme , le nombre d'informations cellulaires transmises dans tout l'organisme. Il ne s'agirait donc pas ici simplement des transmissions nerveuses nor - adrénergiques , mais de toutes les transmissions nerveuses et hormonales ( 136 ter ).

 

Interprété dans ce sens , le tableau 1 - 212 indique que la masse des messages est plus faible que la normale dans la mélancolie , beaucoup plus importante que la normale dans la manie. Cette masse est plutôt augmentée dans les états dépressifs névrotiques ; mais dans ce dernier cas la masse des messages ne parait pas significativement perturbée , c'est probablement la nature des messages qui est en défaut et non leur quantité.

 

Les anti - dépresseurs en induisant une augmentation de l'AMPc , expliqueraient la guérison de la mélancolie par une plus grande possibilité de circulation des informations. Dans cette perspective , l'amélioration des états dépressifs névrotiques serait plutôt, le résultat du masquage de la pathologie présentée par une pathologie iatrogénique de type hypomaniaque. Les sels de lithium devraient leur efficacité concernant la manie à la diminution qu'ils provoquent de l'AMPc et dans la présente hypothèse , à la réduction de la masse d'information circulante.

 

 

On serait alors amené à distinguer :

 

v    La dépression anaclitique du nourrisson et certaines mélancolies

de l'adulte par privation de stimuli ( déprivation sensorielle , ou peut être privation de certaines sortes de messages , affectifs en particulier ) : défaut de circulation de l'information en raison de la pauvreté des entrées.

v    La manie : excès de messages entraînant une excessive dépense d'énergie et oblitérant les processus de remise en équilibre ( sommeil , repos )

v    La mélancolie, post - maniaque : l'excès de messages devient tel qu'ils jouent en sens inverses , anarchie des messages , stupeur par excès d'information circulante ; épuisement du stock de produit messager

v    les états mixtes , la " fibrillation de, l'humeur " dans lesquels la production de produit messager ne parvient pas à suffire aux besoins

 

Contre cette hypothèse on doit retenir que l'AMPc passe brusquement d'un taux faible à un taux élevé lorsque l'humeur mélancolique s'inverse sous l'effet du traitement.. On ne saurait donc considérer qu'il y a épuisement du stock dans la mélancolie mais il faut plutôt penser à une diminution de la synthèse par l'adényl - cyclase : peut - être parce que certains circuits sont privilégiés ( rumination mentale , délectation morose ).

 

On sait que certains auteurs ont pu guérir des mélancoliques en les sur - stimulant, peut - être en dépassant leurs barrières défensives à l' égard des néo - stimuli exogènes ; ils opèrent en privant le patient de tout repos et de toute possibilité de dormir ou même de somnoler.

 

Y.H.Abdulla a donné un tableau suggestif (quoique les conséquences qu'on en peut tirer soient controversées) quant au parallélisme entre la dépression mélancolique et le mauvais fonctionnement de ce qui fait entrer en jeu l'A.M.P.c..

Voici ce tableau d'aprés (0)

 

1 - 214

 

Les neuroleptiques , les tranquillisants , les antidépresseurs et certains psychotoniques , doués d'une activité anti - phosphodiestérasique se comportent tous en économiseurs d'AMPc. Un puissant inhibiteur de la phosphodiestérase comme le SQ20,009 se comporte comme un puissant anxiolytique. Les produits cités en début de § sont tous actifs dans un test de conflit anxiogène et une corrélation significative existe entre l'activité de l'une de ces drogues au point de vue anxiolytique dans le test de conflit et au point de vue de l'inhibition de la phosphodiestérase. Il n'est pas exclu que l'ensemble de ces médications puissent avoir des effets thérapeutiques semblables en fonction des doses employées. On a vu paraître des travaux sur l'activité anti - dépressive des neuroleptiques incisifs[1], sur l'activité anti - psychotique des antidépresseurs , sur l'action quasi - neuroleptique de certains tranquillisants ( 76 ter ).

 

Quoiqu'il en soit , les bêta - bloquants , quant à eux n'agissent pas , semble - t - il sur la phosphodiestérase mais au contraire , empêchant l'action de la nor - adrénaline sur l'adényl - cyclase , ils diminuent la synthèse d'AMPc et devraient dès lors montrer une activité inverse des produits ci - dessus : or on sait qu'il n'en est rien.

 

 

1 - 215

 

On sait par ailleurs que les neuroleptiques diminuent la formation d'AMPc dans les neurones nor - amidergiques , ou plus exactement dans les neurones soumis aux stimulations de type adrénergique. Béta - bloquants et neuroleptiques devraient avoir le même effet sur les effecteurs neuronaux des neurones adrénergiques si on admet que la transmission se fait par l'intermédiaire , dans tous les cas de ce type , des récepteurs de type bêta. On sait que les travaux d'Atsmon (5) (6) (7) sont en faveur d'une telle interprétation. Notre essai clinique tendrait à l'infirmer en partie.

 

 

1 - 216

 

Si on admettait que la mélancolie est liée à un épuisement du stock d'AMPc, épuisement entretenu par une hyperstimulation ( ou une sensibilité plus grande aux stimuli : notion de " stressabilité " => plus grande sensibilité au stress), un blocage partiel des neurones adrénergiques devrait permettre au bilan d'AMPc de redevenir positif en réduisant le nombre d'informations et permettre ainsi le retour à un état de fonctionnement acceptable. On comprend dans cette hypothèse que l'action de faibles doses ou de doses moyennes de Pindolol ou de Propranolol soit de type anti - dépresseur alors que de très hautes doses seraient nécessaires pour faire face à un hyperfonctionnement concomitant avec une capacité de fabrication non - dépassée par la demande.

 

La mélancolie succèderait ainsi le plus souvent à la manie , lorsque cette dernière n'est possible qu'en usant des stocks d'AMPc ( lors de leur épuisement ).

On peut d'ailleurs imaginer que l'état maniaque représente une " escalade " des stimuli , puisque l'hyperactivité du maniaque induit nécessairement une hyper - stimulation , au moins " physique ", souvent relationnelle : l'excité importune , énerve , agace , etc,...

 

 

1 - 217

 

Dès lors , les neuroleptiques devraient se comporter d'une manière comparable. C'est ce que vérifierait le travail de Baruk qui emploie , parfois avec succès de faibles quantités de neuroleptiques incisifs pour prévenir les rechutes de PMD. Nous avons nous - mêmes observé une malade traitée par de faibles doses de neuroleptiques retard et dont les rechutes , autrefois fréquentes, avaient disparues ( observations de Madame G., suivie par le Pr Oulès ) Le lithium à faibles doses ( moins de 0,70 mEq ) pourrait avoir les mêmes effets explicables selon le mime schéma. [On se référera au travail de Eyssette M. et coll. : "Le lithium. dans les états dépressifs. Une experience de 18 mois à partir de 150 observations" in La Nouv.press. Méd. 1972, 25 s pp.1695 - 1698]

 

Cette hypothèse invite au rapprochement entre crises maniaques et crises d'excitation schizophrénique ( traitées avec succès par Atsmon en utilisant de hautes doses de propranolol ). On rapprocherait également états athymormiques , autistiques et certains états délirants de la mélancolie ( nous donnons quelques observations qui semblent appuyer ce point de vue ).

 

On devrait.alors distinguer deux sortes d'états d'inhibition :

v    par défaut de stimuli affectifs ( états anaclitiques ) et

v    Par excès de stimuli affectifs ( états mélancolique ou délirants )

 

La complexité des phénomènes amène trop souvent à se limiter à un point de vue partiel. Nous n'aurons garde d'oublier qu' outre les actions notées sur l'AMPc les psychotropes en général ont d'autres effets : les

neuroleptiques incisifs bloquent les récepteurs dopaminergiques alors que les anti - dépresseurs , les IMAO modifient la quantité de catécholamines disponibles au niveau des récepteurs qu'ils soient tous de type bêta dans les centres , ou non !

 

 

 

1 - 218

 

Paul M.I. et coll._ (109 ter, 1095) sont allés plus loin dans l' investigation des variations de l'AMPc et des catécholamines au cours de la PMD. Ils ont administré à quatre patients mélancoliques de la L - DOPA et ont observé une augmentation extrêmement significative de l'excrétion d'AMPc dans les deux cas où une amélioration clinique notable est apparue grâce à ce traitement , alors que l' augmentation de l' AMPc était modérée ou peu significative dans les deux cas où aucune amélioration clinique ne fut décelée. Ils ont effectué le même travail par rapport à des sujets mis à la thérapeutique lithinée et ont obtenu des résultats comparables : augmentation ou diminution notable de l'excrétion de l'AMPc chez les mélancoliques ou les maniaques s'améliorant cliniquement , peu de variation du taux quotidien d'AMPc chez les malades peu améliorés.

 

 

1 - 220

 

Les cardiologues ont rapidement abandonné l'hypothèse qui liait la diminution de la douleur dans l'angor à l'effet anesthésique local du propranolol (146). Il reste le fait que cette action anesthésique revêt une importance strictement parallèle à l'effet quinidine - like (16).

 

Par contre, on ne peut équiparer cet effet et le pouvoir bêta - bloquant (on sait par exemple que si le propranolol est 50 fois plus puissant comme anesthésique local que le pindolol, ce dernier est 5 fois plus puissant comme bêta - bloqueur).(cf fig 1 - 220).

 

D'ailleurs l'effet de membrane se produit indépendamment de la conformation stérique (9) (74) (91), alors que les formes dextrogyres des bêta - bloqueurs sont quasiment incapables d'antagoniser l'isoprénaline. Si on admettait que c'est l'effet anesthésique local qui fait la différence d'action sur le S.N.C., il faudrait que les effets centraux du propranolol se rapprochent de ceux de la procaïne en se différenciant (en plus) du pindolol : or, l'action de la procaïne est plutôt de type stimulant (comme le pindolol) ; le propranolol est sédatif !

 

Fig 1 - 220 d’après (1)

 

 

 

Tableau 1 - 220 ter

pouvoir bêta - bloquant comparé des différents bêtalytiques sous forme racémique d'après (1) modifié par nous (simplifié)

 

 

On ne peut toutefois exclure complètement un effet central de type anesthésique local pour expliquer l'action ou les différences d'action des différents bêtalytiques sur le Système nerveux central. Tous les anesthésiques locaux jouent un rôle par rapport au Calcium, ion extrêmement important dans tout l'organisme et notamment dans les tissus nerveux, y compris le tissu cérébral.

L'action anti - pithiatique du propranolol (par référence à la spasmophilie) pourrait trouver là un fondement biochimique (55) (138) [cf. également bibliographie (1) et (1 bis).].

 

On sait par ailleurs que la procaïnamide peut provoquer des phénomènes hallucinatoires ou confusionnels, tout comme le propranolol ou le pindolol.

 

On voit, si on nous suit dans ces remarques, que les divers bêta - bloquants pourraient avoir des indications variées en fonction de l’existence ou non d'un effet de membrane, c'est à dire , en dernière analyse, de leur action inhibitrice sur la pénétration du calcium à travers la membrane cellulaire, entraînant une diminution cytoplasmique de cet ion (16) (107)(108) (124) (138).

 

A l'appui de cette argumentation, on notera que, si le propranolol est sédatif, le pindolol peut l’être également, à condition d'utiliser de très hautes doses (89) (105), doses auxquelles il peut avoir un effet de membrane.

 

On sait par contre que le sotalol est dépourvu d'activité de membrane et d'activité bêta - mimétique (51), il augmente cependant le temps de sommeil induit par l'hexobarbital chez la souris (73) et cet effet ne semble pas lié à une inhibition du métabolisme hépatique de l'hexabarbital (89).

 

Tableau 1 - 221 PRODUIT

Classification des bêta - bloquants d'après P.PUECH ire "Traitement des troubles du rythme par le blocage bêta - adrénergique" Revue de Médecine N°5, 29 - 1 - 73 p.319.

 

Au niveau de l'expérimentation pharmacologique, Murmann et coll. (105) ont donné des arguments tendant à exclure un lien entre l' action bêta - bloquante et l'action sur le système nerveux central des bêta - bloquants. En particulier l' I.N.P.E. A. , bêta - bloquant cérébrostimulant, le reste, quel que soit l'isomère employé, dont un seul cependant est bêta - lytique.

 

 

1 - 231

 

Cela tend à prouver que les bêta - bloquants ont d'autres effets centraux que ceux éventuellement liés à leur pouvoir bêta - bloquant, que les différents bêta - bloquants doivent avoir des particularités quant à leur action psychotrope, enfin peut - être ( !), qu'il n'existe pas de récepteurs bêta au niveau central...

 

 

1 - 240

 

Cependant on sait que les bêta - bloquants inhibent le recaptage de la nor - adrénaline par le neurone. Dans L'hypothèse ou des récepteurs post - synaptiques bêta n' existeraient pas au niveau cérébral, cela voudrait dire que la régulation de la sécrétion de nor - adrénaline est de mécanisme non - bêta, ou à titre d'hypothèse de travail "alpha" ; l'inhibition du recaptage par un bêta - bloquant, en augmentant le taux extra - cellulaire bloquera la sécrétion pour autant qu'il n'y ait pas augmentation de la dégradation extra - cellulaire.

 

Hormis le cas de la prescription antérieure ou simultanée d'IMAO il y aura dégradation accrue ; dés lors les bêta - bloquants se comporteront en "gaspilleurs" de médiateur adrénergique : leur usage massif ou/et prolongé devrait entraîner un épuisement des stocks en nor - adrénaline et un état dépressif ou au moins la chute d'une excitation préalable.

 

A dose moyenne ou faible, ce "gaspillage" n'entraînerait pas un épuisement des stocks mais accélèrerait le turn - over de la, nor - adrénaline ce qui pourrait expliquer la guérison de mélancolies, la désinhibition, l'agressivité, voire l'insomnie ou l'hypomanie (cf § 3 - 01 à 3 - 75 )

 

 

1 - 250

 

Au point de vue du métabolisme des hydrates de carbone, on a pu montrer (47)(89) que le sotalol avait un profil neuro - chimique identique à celui de la dopamine et de type "stimulation". Or le sotalol est considéré comme un bêta - bloquant "pur" (c'est à dire qu’il est dépourvu d'effet de membrane et d'action bêta - stimulante)(16)(51).

 

Ce rapprochement, aussi curieux soit - il entre blocage bêta et stimulation dopaminergioue n'est pas le seul qu'on puisse faire. Le tremblement parkinsonien, exagéré par les stress et l'émotion diminue sous traitement par propranolol, et cette action anti - parkinsonienne est solidement établie malgré les premières discussions (75) (78) (109)(145)(147). L'action anti - parkinsonienne de la L - DOPA, non seulement sur l'akinésie, mais aussi, quoique à un moindre degré, sur le tremblement, est une notion de thérapeutique courante. Ces deux types de drogue (bêta - lytique, 1 - dopa) peuvent provoquer des vomissements, des mouvements anormaux très particuliers et analogues (ataxie hypermétrique caricaturale, dyskinésies "grimaçantes", pharyngo - glosso - faciales), des hallucinations de type hypnagogique (76) (116), l'expression d'un délire transitoire (154), etc...

 

 

1 - 251a

 

De nombreux auteurs ont décrit les troubles psychiques qu'on peut observer chez les alcooliques sevrés par la thérapeutique de déconditionnement au disulfirame (D.E.R. = disulfirame - éthanol - réaction). On a ainsi pu observer de l'aphasie, un délire aigu, de l'anxiété, dela confusion mentale, de l'onirisme, de la comitialité, de la catatonie, des accès maniaques ou mélancoliques et même l'installation d'une psychose au long cours (P.M.D., Schizophrénie).

 

Godefroy (66 bis) donne un schéma descriptif séduisant parce qu'il se veut également explicatif. Les mécanismes invoqués me paraissent être des inférences appuyées avant tout sur l'idée "a priori" que le disulfirame par lui même n'aurait pas d'action centrale et qu'on ne pourrait expliquer ces accidents ou complications que par "autre chose" que lui. C'est ainsi (Tableau 1 - 251) qu'il rattache les actions à court terme au sevrage éventuellement aggravé par les DEIR. L'action à long terme quant à elle ne serait pas liée au disulfirame mais à son efficacité sur l'alcoolisme : décompensation d'un terrain psychiatrique qui aurait été, antérieurement masqué ou compensé par l’abus d'alcool...

 

Tableau 1 - 251a

 

 

Troubles sous traitement par disulfirame, d’après (66bis)

 

 

 

 

A la lumière de travaux moins anciens sur le métabolisme des amines cérébrales, il semble qu’il faille revoir cette conception afin de prendre en considération une action psychotrope du disulfirame, action dont on doit pouvoir tirer des indications thérapeutiques nouvelles, mais aussi de nouvelles contre - indications, spécialement chez l'alcoolique…

 

 

1 - 251 b

 

Il est en effet parfaitement établi, à l'heure actuelle que le disulfirame et son dérivé dans l'organisme le "di - éthyl - di - thiocarbamate" inhibent in vitro et in vivo la dopamine - bêta - hydroxylase, enzyme responsable de la transformation de dopamine en noradrénaline. Cette inhibition est d'un grand intérêt théorique et pratique puisqu'il s'agit d'une étape limitante (29 bis) (31 bis) (66 bis) (66 ter) (664) ('78 ter) (90 bis) (106 ter) (139 bis) (145 bis) (etc...).

 

La conséquence de cette action inhibitrice sur la dopamine - bêtahydroxylase est évidemment, comme l'a montré Goldstein (66 ter) que le taux de dopamine s'accroîtra alors que décroîtra celui de la nor - adrénaline.

 

Cependant, son étude montre qu'en quelque région du cerveau où soient effectués les dosages, le taux de nor - adrénaline baisse plus que n'augmente celui de dopamine. L'usage d'animaux pré - traités aux I.M.A.O. lui a permis de montrer que s' effectuait une régulation du taux de la dopamine grâce à la M.A.O.

 

 Différents travaux montrent (60 bis) (95 ter) que le disulfirame diminue très significativement la motilité spontanée des animaux, d'une façon que Gérardy (60 bis) à comparé à la réserpine. Ils sont conduits à conclure que le rapport Dopamine/Noradrénaline joue un rôle dans la motricité spontanée.

 

On peut supposer à partir de cela que l'association { halopéridol + disulfirame } devrait avoir, en clinique, une action particulièrement sédative. De même l' association Disulfirame + L - DOPA pourrait avoir des effets diamétralement opposés à ceux de l'halopéridol et être, par exemple, hallucinogène.

 

La vérification de ce fait n'a pas été faite (à ma connaissance, 1972). Maj J. et coll. (95 ter) ont montré que le disulfirame à la dose de 100 mg par Kg inhibait significativement la motilité spontanée des rats ou des souris, mesurée au bout de quatre heures, faisait baisser leur température centrale de un à six degrés, diminuait la réponse aux stimuli thermiques douloureux et potentialisait l'anesthésie à l'hexobarbital (cf aussi bibliogr 110).

 

Par contre, ils n'observent pas d'effet anti - convulsivant par rapport aux chocs électriques ou à l'injection de cardiazol, ni d’activité cataleptisante.

 

On ne peut donc assimiler le disulfirame aux barbituriques ni aux neuroleptiques et on doit différencier son action de celle de la réserpine.

 

Plusieurs auteurs ont vérifié (36 bis) (95 ter) (110) (120) (142) que le disulfirame bloque l'hyperactivité induite par les amphétamines. On savait cru cette hyper - activité était médiatisée soit par la dopamine, soit par la nor - adrénaline. A la suite de ces travaux, on doit plutôt conclure qu’il s'agit de la nor - adrénaline. Mais cette antagonisation de l'hypermotilité amphétaminique ne s'accompagne pas de la disparition des comportements stéréotypés de l'animal amphétaminé (120) ; ces stéréotypies sont donc de mécanisme dopaminergique (36 bis) ou liées à un troisième médiateur (acétyle - choline ?). Sans extrapoler outre mesure, on peut supposer que certains symptômes psychiatriques ou neurologiques sont liés à une hyper - dopaminergie, exacerbée par l’administration de L - DOPA ou d'inhibiteurs nor - adrénergiques, contrôlables par les dopamino - lytiques (halopéridol) ; d'autres symptômes dépendraient d’une hyper - noradrénergie et devraient céder à la prescription de disulfirame et/ou d’inhibiteurs spécifiques bêta ou alpha.

 

 

1 - 251 d

 

On sait que la réserpine, par son action déplétive sur les catécholamines, supprime chez l'animal la réponse conditionnée d'évitement (C.A.R. = conditioned avoidance response). L'administration de L - DOPA inhibe l'action inhibitrice de la réserpine sur la C.A.R. ; on observe une réapparition temporaire et partielle de la C.A.R.

 

On pouvait penser que c'était par l'intermédiaire d'une médiation dopaminergique qu'agissait ainsi la L - DOPA, puisque lorsqu'on l' administre à raison de 400 mg/Kg à la souris réserpinée on observe une augmentation de 600 % de la dopamine et seulement de 13 % de la Nor - Adrénaline.

 

L'adjonction à ce traitement par L - DOPA de disulfirame, réduit de 50 % l'effet de la L - DOPA. (autrement dit la C.A.R. réapparaît avec une incidence 50 % moindre) : cela laisse supposer que ces 13 % de Nor - Adrénaline supplémentaire ont une extrême importance et suggère que cette catécholamine joue un rôle essentiel dans la C..A.R. La dopamine et surtout la Nor - Adrénaline auraient donc un rôle important dans les phénomènes de retrait, de peur, d'anxiété, en particulier devant une menace fictive, illusoire (127 bis).

 

Le disulfirame serait ainsi un médicament de la stressabilité psychique excessive.

 

On doit cependant reconnaître qu'il ne protège pas les souris groupées de l'effet mortifère de l'amphétamine (110). L'angoisse relationnelle devrait donc ressortir à la fois du disulfirame et des neuroleptiques dopaminolytiques (???).

 

 

1 - 251 e

 

Le disulfirame agit aussi sur le taux de sérotonine qu'il fait diminuer ainsi que celui de l'excrétion urinaire de 5 - HIAA. Il est possible que cette diminution existe aussi dans l'encéphale. Le mécanisme est, soit la stockage tissulaire augmenté (quoique le taux dans les thrombocytes ne varie pas), soit la synthèse diminuée, ce qui parait le plus probable (122 bis).

 

Il est à envisager que cette diminution soit indirecte et liée à la diminution du taux des catécholamines (en particulier si on admet l'existence de mécanismes régulateurs du taux de la sérotonine en fonction de celui des catécholamines, de façon que soit conservé le rapport fonctionnel invariable catécholaminergie / sérotoninergie) mais rien ne permet actuellement (1972) de l'affirmer. On ne peut donc poser dire que la diminution de nor - adrénaline avec augmentation de la dopamine explique tous les effets du disulfirame. Nous sommes plutôt contraints de dire que pour expliquer tous les effets de ce produit il faut prendre en compte aussi une diminution de la 5 H.T. (et d’autres variations encore).

 

Bien des conclusions pharmacologinues évoquées en § 1 - 251 a b c d sont sujettes à caution en fonction de cette remarque qui ne permet pas de prendre sans discussion les résultats rapportés (36bis) (60 bis) (66 ter) (95 ter) (1096) (127 bis)...

 

 

1 - 251 f

 

Le disulfirame pourrait avoir une action azoo - spermiante réversible (37 bis)(69 bis) observée chez l'animal et chez l'homme. Il n'est pas exclu que cette action soit liée à une insuffisance des stimuli ergotropes à médiation catécholaminergique sous l’action de ce produit. Pour le vérifier, il faudrait l'administrer à des sujets non alcooliques ou utiliser un inhibiteur différent comme par exemple 1' alpha - méthyl - tyrosine. Une autre utilisation du disulfirame pourrait être, en fonction des remarques de Shilkraut, de le donner aux maniaques. Nous avons fait cet essai sur quelques cas [répliqué plus tard dans une étude en double aveugle : Bernard Auriol, Elisabeth Bardou et C. Lambic, Expérimentation contrôlée à propos de l'action sédative chez l'homme d'un inhibiteur de la dopamine - bêta - hydroxylase : le disulfirame. Psychologie Médicale N°2 (Epri ed), (1980) et B. Auriol, E. Bardou et C. Lambic, Control Experiment in man on the sedative effect of disulfiran, an inhibitor of dopamine - beta - hydroxylase, Biological Psychiatry, New York, 15/4/1980].

 

 

1 - 252

 

Les essais d'utilisation de la L - DOPA dans les états dépressifs, essais menés selon l'hypothèse de Shildkraut, n'ont quant à eux, pas donnés de résultats constants (149). C'est peut - être qu'ici, comme dans d'autres secteurs de la biochimie dynamique, il ne suffit pas de considérer le taux absolu d'une substance, mais son taux relatif par rapport à d'autres substances intervenant dans la symptomatologie.

 

 

1 - 253

 

Pratiquement, la potentialisation de 1a L - DOPA par les bêta - bloquants pourrait être intéressante dans le Parkinson, sous réserve de vérifications cliniques qui n'ont, à ma connaissance, même pas été esquissées. Réciproquement, 1a potentialisation des bêta - bloquants par la L - DOPA dans les dépressions "endogènes" ou dans certains délires pourrait être essayée. Nous avons tenté de donner un commencement d'application à cette hypothèse (cf par ex. § 3 - 20 ; 3 - 21 ; 3 - 27)

 

 

1 - 254

 

Du point de vue théorique, il convient de se demander en effet, si le Parkinson ne pourrit être compris comme un déficit relatif en dopamine, dans certains cas.

 

Notamment il pourrait en aller ainsi du syndrome parkinsonien des neuroleptiques (par blocage des récepteurs dopaminergiques…). Dans un certain nombre de cas, il est possible qu'un excès de stimulation adrénergique (de type bêta ?) puisse provoquer un syndrome extra - pyramidal. Cela en fonction de troubles non pas biochimiques (puisque en fin de compte il n'y a aucune raison actuellement connue au point de vue biochimique pour qu’un tel phénomène ait jamais lieu :1 l’étape de transformation de la Dopa en Dopamine étant limitante et aucune autre voie biochimique n'étant connue qui mènerait à la Nor - Adrénaline sans passer par la Dopamine), mais neuro - physiologique : les circuits dopaminergiques étant par exemple sous - stimulés alors que seraient sur - stimulés les circuits nor - adrénergiques.

 

Il s'agirait d'une façon générale d'une perturbation du rapport Dopaminergie / Noradrnergie bêta, plutôt que d'une simple diminution de la dopaminergie.

 

Le sommeil (§ 1 - 500 et sq.), qui est contemporain d'une diminution des catécholamines sécrétées, voit les manifestations parkinsoniennes s'abolir (diminution de stimulations nor - adrénergiques ?).

 

L'anxiété qui s'accompagne probablement d'un hyperfonctionnement catécholaminergique voit les signes du parkinson s'exagérer. Il est encore possible que les bêta - bloquants (ou certains d'entre eux, cf § 1 - 231 et § 1 - 100) agissent à ce niveau, non comme bloquants des récepteurs, mais en inhibant le recaptage de la nor - adrénaline par les terminaisons prés - synaptiques avec, pour effet, une diminution de la nor - adrénaline cérébrale (par accroissement de sa dégradation extra - cellulaire) objectivée sur le rat (27) (89). Mais dans cette perspective la réserpine devrait avoir le même effet...

 

On connaît au moins un cas où dopamine et nor - adrénaline se comportent en antagonistes : les réponses unitaires de certains neurones de la réticulée, provoquées par la nor - adrénaline, sont inhibées par la dopamine (23).

 

On sait par ailleurs que, dans la maladie de Parkinson, la diminution de l'excrétion des catécholamines n'est pas homogène : il y a chute de la dopamine et excrétion normale de la nor - adrénaline et de l'adrénaline (ou plutôt de leurs métabolites respectifs).

 

Ceci est bien en faveur du point de vue exposé plus haut. Le mécanisme de la dépression semble au moins aussi complexe, faisant intervenir en particulier le taux de sérotonine. On sait en tous cas que les stress provoquent chez l’animal (80) une augmentation de l'activité des structures nor - adrénergiques avec diminution consécutive du stock cérébral, état de stupeur et maintien du métabolisme et du taux normal de dopamine (142).

 

 

1 - 255

 

On trouvera ci - dessous le schéma proposé par Schmitt (126bis) de l’ interaction des fibres adrénergiques et cholinergiques au niveau du système nerveux autonome et qu'il propose d'étendre à titre d’hypothèse à d'éventuelles inter - actions centrales.

 

Sur la terminaison de la fibre post ganglionnaire parasympathique se trouve un récepteur alpha - mimétique dont l'activation réduit la libration d’acétyl - choline. En outre, à très forte dose la nor - adrénaline, par effet bêta, peut bloquer le récepteur cholinergique (effet myasthéniant).

 

On voit que la nor - adrénaline libérée par les terminaisons sympathiques (ergotropes) post - ganglionnaires, stimule, non seulement le récepteur adrénergique, mais réduit aussi la libération d'acétyl - choline par la fibre parasympathique, majorant ainsi son action ergotrope par blocage du système local antagoniste trophotrope. Au niveau central, cela pourrait vouloir dire par exemple que la vigilance adrénergique est en partie liée à un blocage des mécanismes cholinergiques ; cela expliquerait l'abolition du tremblement parkinsonien ou émotif par un effort de vigilance (?).

 

On sait qu'un alpha - stimulant comme la clonidine voit ses propriétés centrales modifiées par les drogues en rapport avec le système cholinergique. Ce schéma permettrait de comprendre certains effets acétylcholino - lytiques des bêta - bloquants. Si on admet, qu'au moins en partie, la sécrétion de la nor - adrénaline dépend du plus ou moins grand degré de stimulation de son récepteur bêta (feed - back régulateur). Le bêta - bloquant inhibant cette régulation et provoquant une sur - sécrétion de nor - adrénaline et donc une sur - stimulation alpha.

 

 

 

 

1 - 260

 

Certains auteurs ayant insisté sur un soi - disant effet dépresseur du propranolol (154) que d'autres niaient, divers travaux ont tenté de mettre en évidence son éventuelle action sur le taux des catécholamines cérébrales avec des résultats contradictoires.

 

 

1 - 261

 

Brunner et coll. (27) décrivent une chute de la nor - adrénaline cérébrale et une augmentation de la nor - adrénaline cardiaque après administration répétée de propranolol. Westfall (156) ne confirme pas ces résultats, pas plus que Laverty et Taylor (86). les travaux de Dengler et coll., Glowinski et Axelrod (37)(67) essaient d'approcher plus finement les phénomènes cellulaires, périphériques et cérébraux, de recaptation et de libération de la nor - adrénaline marquée au tritium. Les bêtabloquants semblent bien jouer un rôle par rapport à ces phénomènes, mais il est encore mal élucidé et, peut être, de type indirect (16).

 

 

1 – 262

 

Schmitt (126 bis), étudiant les effets de la clonidine, alpha - stimulant d’action centrale, remarque que, si ce produit inhibe la sécrétion périphérique de nor - adrénaline, c'est probablement en imitant la nor - adrénaline elle même qui agirait sur sa propre sécrétion (feed - back négatif) selon une alpha - médiation. Si le système de régulation de la nor - adrénaline cérébrale est, comme on l'a proposé ci - dessus, dépendant d'un feed - back négatif initié par le récepteur alpha en aval ou par un hypothétique récepteur alpha pré - synaptique, il ne faudrait pas perdre de vue que l’ organisme utilise toujours simultanément plusieurs mécanismes régulateurs à l'égard d'un même phénomène. On peut, à cette occasion énoncer un postulat très général utilisable en biologie dont il semble curieux qu'on tienne si peu compte une modification quelconque, en un point quelconque, et selon des modalités quelconques, de l'organisme, entraîne nécessairement une série de réactions plus ou moins complexes et plus ou moins rapides, en des lieux plus ou moins éloignés, qui aboutit a modifier en retour le point ou le phénomène initial, très généralement en sens inverse de la variation initiale.

 

Dans le cas où il deviendrait patent que la régulation immédiate, locale, rapprochée, de la sécrétion de nor - adrénaline est initiée par la stimulation de récepteurs alpha, cela n'exclurait donc pas, en aucune façon, une régulation liée au récepteur bêta, que cette régulation soit directe ou même extrêmement indirecte dans son mécanisme. Toutes choses étant égales par ailleurs, le blocage des récepteurs bêta dans un organisme, devrait avoir pour conséquence une augmentation à plus ou moins long terme de la sécrétion de nor - adrénaline et donc une accélération de son métabolisme. Selon l'hypothèse de Shildkraut, les bêta - bloquants et les alpha - bloquants d'action centrale devraient, à dose modérée relativement à l’ organisme considéré, induire un état d'excitation, d'hyperthymie. L'excés de bêta - bloquant ou d’alpha - bloquant mettant complètement hors - circuit l'un ou l’ autre type de récepteur, apparaît dés lors comme très anti - physiologique et on serait tenté d'essayer des doses modérées de bêta - stimulant plutôt que ces doses massives de bêta - bloquant lorsqu'on se trouve en présence d'un excès fonctionnel bêta – adrénergique (manie par ex. ?)

 

Figure 1 - 262

 

 

 

1 – 263

 

Herman (72) met en évidence l'action de l'alprénolol sur la concentration des différentes amines cérébrales en des lieux précis de l'encéphale, après six mois de traitement d'un lot de rats. Il obtient un accroissement de la sérotonine dans le cortex et l'hippocampe avec diminution de ce même corps dans le thalamus, l'hypothalamus, le pont, le mésencéphale, le bulbe et le striatum ; il n'observait pas de variation notable de la 5 - hydroxytryptamine dans le cervelet.

 

Les études menées relativement à l'action des anti - dépresseurs ont montré l’ importance de cette sérotonine sur l’amélioration des états dépressifs, amélioration qui serait concomitante d’une plus grande activité des synapses sérotoninergiques (59 bis). En fait, il est difficile de savoir si les résultats de Karman (77) sont dus à une accélération du métabolisme de ce corps dans les zones où son taux absolu est diminué.

 

On peut simplement évoquer provisoirement cette hypothèse pour rendre compte de l'effet anti - dépresseur du pindolol et probablement du propranolol (§ 3 - 01). Perman (72) a également dosé la nor - adrénaline. Il trouve que son taux est diminué dans toutes les aires considérées, sauf dans l' hippocampe où il augmente. Dans le cervelet et le mésencéphale, on ne trouve pas de variation significative. Cette action sur le taux absolu de la nor - adrénaline après une administration à dose conséquente pendant une longue durée est bien cn accord avec l'effet sédatif reconnu par Atsmon en clinique humaine au propranolol. Les doses plus faibles semblent avoir un effet très différent, au moins lorsqu'on utilise le pindolol.

 

Cette action à long terme des bêta - bloquants expliquerait le fait que le traitement par pindolol débouche parfois à long terme sur une sédation, voire un état dépressif qui cède à l’arrêt de la thérapeutique (voir observations).

 

Enfin, la dopamine augmente dans le mésencéphale et diminue dans le cervelet le pont et le bulbe.

 

Ce travail comporte un élément paradoxal : l'activité locomotrice des rats traités n'est aucunement modifiée s'ils ne reçoivent que de 1'alprénolol.

 

S'ils ont été traités par des amphétamines, au contraire, l'hyperactivité motrice attendue sous l'influence de ces substances est antagonisée ! On voit là une des raisons qui pourrait expliquer la remarquable efficacité des bêta - bloquants dans l'agitation ou l'anxiété (7) (6) (151) etc... et l'absence d'effet "psychique" des bêta - bloquants lorsqu'on les administre à des sujets "non perturbés psychiquement".

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

Texte de 1973
quelques notes le 18 Décembre 2007



[1] En 2007, nous avons obtenu des certitudes au sujet de l’action anti - dépressive de certains neuroleptiques, dits de deuxième génération, comme par exemple l’olanzapine (Zyprexa ®, Zydis®, Symbyax®,).