Correspondance d'un l.v.f. et waffen s.s. français

Claude Delpla, Correspondant du Comité d'Histoire de la 2e Guerre Mondiale.

Dr Bernard Auriol, Psychanalyste.

A la Libération, le Gouvernement Provisoire du Général de Gaulle a pris la décision de permettre aux femmes ayant épousé des « mauvais français » d'obtenir le divorce sur présentation des preuves de la trahison de leur mari.

Un militaire des Forces Françaises de l'Intérieur (F.F.I.) en poste au Camp du Vernet d'Ariège, devenu Camp de Prisonniers pour des officiers allemands, demanda à constituer un dossier pour permettre le divorce de sa sœur mariée à un français devenu Wafen S.S. dans l'Armée Allemande. Ce S.S. était un toulousain marié à une ariégeoise. La personne qui avait travaillé à recueillir les preuves, conserva le document principal, la correspondance privée entre le S.S. Daniel V... et sa femme.

On n'a conservé ici que les aspects « politiques » des lettres de Daniel V.

L'ordre chronologique n'est pas gardé mais seulement un ordre thématique

Daniel V. était devenu membre de la « Légion des Volontaires Français contre le Bolchévisme » (L.V.F.) et de la « Waffen ‑ S.S. ».

Rappelons que la L.V.F. fut formée, en 1941, pour lutter aux côtés de la Wehrmacht, sur le front russe.

Un certain nombre de ses membres passa à la Waffen S.S. A la fin de la guerre ces S.S. français formèrent une unité (équivalente à une brigade) qui prit le nom de « 3e » Waffen‑Grenadier division der S,S. « Charlemagne » « Française n° 1 ». En avril 1945, trois cents rescapés de cette formation furent parmi les derniers défenseurs du bunker de Hitler à Berlin.


 

Pourquoi Daniel V... est-il entré dans la Waffen S.S. ?

« Lorsque tu m'écris, tu n'as pas besoin d'affranchir les lettres ; tu as droit à mettre en haut et à droite de l'enveloppe FELDPOST, et surtout recopie l'adresse telle que je la mets, 44 veut dire SS. L'adresse est la suivante : S.S. Freiw. V... Daniel Réserve Lazaret, Abt 1 Z 3 Mulhausen (Elsass) (Deutschland). » (Lettre de MULHOUSE du 13 octobre 1943.) Cette lettre comme toutes les autres se termine par « Heil Hitler ».

Daniel V... a été travailleur volontaire en Allemagne pendant vingt mois et s'est, ensuite, engagé volontaire dans la Waffen S.S.. Il insiste sur son volontariat et sur sa camaraderie de coeur et d'esprit avec les Allemands. II se présente comme défenseur de l'Europe Nouvelle face aux hordes barbares (« barbaresques ») des Soviétiques et des Anglo‑Américains :

« Il me semble que ces messieurs de la censure devraient tenir compte que je suis soldat du Grand Reich et non ouvrier civil comme je l'ai été pendant 20 mois. Si je me suis engagé à la Waffen S.S., premièrement, c'est volontairement et deuxièmement, c'est parce que je suis de cœur et d'esprit avec mes camarades alle­mands qui luttent pour l'Europe Nouvelle contre les hordes barba­resques, soviétiques et Anglo‑Américaines. » (Lettre de TUBINGEN, du 22 décembre 1943.)

Les avantages alimentaires sont très importants et l'Allemagne nazie semble un pays de cocagne. Noter que le texte est de juin 1942.

« Nous avons 500 g de pain, 75 g de beurre et 125 g de charcu­terie par jour, de la viande 100. g, 5 ou 4 fois par semaine plus 2 paquets de cigarettes ou de tabac par semaine également... » (Lettre de WATENSTEDT, du 7 juin 1942.)

Que pense Daniel V... des Allemands ?

Le texte suivant qui date de mai 1942 est très intéressant pour découvrir quelle a été l'image de l'homme nouveau prétendument créé par l'Allemagne nazi: homme neuf, mentalité merveilleuse.

Il ajoute: « Ils ne traitent pas l'individu comme une machine mais comme un Homme. » Plus loin, « Voilà ce qui s'appelle du progrès social. » « Ici tout se fait pour le social ».

Suit un développement sur la nécessité d'une France socialiste « telle que l'Allemagne Nationale Socialiste ». Vient, ensuite, l'éloge du gouvernement à poigne.

Allusion aux Toulousains mécontents: on est en mai 1942, un mois après le retour de Laval : espoir de voir la France se modeler sur le national socialisme.

Puis on lira un passage sur les Toulousains pourris de bien être, gavés comme des cochons, par la Ille République et la Gauche (Front Populaire). Suit la tirade contre Staline et les juifs‑francs‑maçons et, notamment, contre Churchill et Roosevelt.

« Je regarde l'avenir avec confiance, car au contact d'hommes neufs comme les Allemands on devient un autre soi‑même. Ils ont une mentalité qui réellement est merveilleuse, ils ne traitent pas l'individu comme une machine mais comme un Homme et chaque Homme est responsable de son travail, s'il fait une bêtise, il est puni et sévèrement même, mais quand il a payé sa dette on ne le met pas au rebut comme on fait en France, il reprend sa place dans la société comme par le passé; voilà ce qui s'appelle du progrès social. Ici, en Allemagne tout se fait pour le social; nous avons un bel exemple à prendre, nous Français et j'espère que notre gouver­nement travaille pour faire une France socialiste, telle que l'Alle­magne Nationale Socialiste. Je voudrais voir les Toulousains un peu ici : ils tomberaient de bien haut, s'ils voyaient de leurs propres yeux ce qu'est le gouvernement allemand, et l'Allemand lui‑même. C'est un gouvernement à poigne qui est secondé par des hommes disciplinés, voilà la vraie force. Tu me dis que les Toulousains ne sont pas contents, je m'en doute, la défunte vieille IIIème République avait assez pourri de bien‑être, ces messieurs qui étaient Socialistes, Anarchistes et Communistes, ils se gavaient comme des cochons à l'engrais et maintenant ils se plaignent. Qu'ils demandent ce qui leur manque au sanguinaire Staline, aux juifs francs‑maçons Che­valier Kadoc et Prince Sublime du Royal Secret Churchill et Roose­velt, ils leur donneront tout par l'intermédiaire de la mort, leur fidèle ambassadrice. » (Lettre de WATENSTEDT du 31 mai 1942)

Daniel V... souhaite la victoire de l'Allemagne

 Le 22 février 1943, vingt jours après la capitulation de Stalingrad, il écrit un texte très intéressant. Nous y voyons sa détermination. Il semble s'être engagé dans les S. S. vers janvier‑février 1943. Il se dit prêt à mourir pour la victoire de l'Allemagne, il clame sa fierté de porter l'uniforme allemand, « tenue couverte de gloire ». Par contre, il a honte de l'uniforme français, porté par des « poltrons, des fanfarons, des pleutres, des marionnettes ». Cette violence verbale montre sans doute le désarroi et l'impact du désastre de Stalingrad.

Avant son entrée dans les S. S., il était gardien de travailleurs « volontaires » français. Il les traitait de fainéants, de vauriens, venus pour se promener. Il se savait menacé: « Ils ont juré d'avoir ma peau en France ». Cela montre le climat tendu entre main d’œuvre « volontaire » et gardiens. Imitant Pétain, il fait don de sa carcasse pour la victoire de l'Allemagne.

« ...d'ailleurs je fais un travail qui a fait mettre ma peau à prix, je traque les fainéants et les vauriens qui sont venus ici pour se r promener, ils ont juré d'avoir ma peau en France, s'ils réussissent ; aucune importance car j'ai fait don de ma carcasse pour la vic­toire de l'Allemagne et si je dois me faire trouer la peau, je vou­drais d'abord voir la victoire du 3° Reich et voir la Russie et la per­fide Albion à feu et à sang. » (Lettre de HEERTE, du 22 février 1943)

« Je n'ai jamais eu honte de mon uniforme du temps où j'étais dans l'Artillerie Coloniale, et celui que je vais porter maintenant, j'en suis fier car il n'est pas porté par des poltrons, des fanfarons . ou des pleutres ; il n'y a que des hommes sans peur, ni reproches.

C'est une tenue qui est couverte de gloire, ce n'est pas une tenue de marionnette, Aussi je tiens à te prévenir que je viendrai en per­mission en uniforme de Waffen. » (Lettre de HEERTE, du 22 février 1943.)

Opinion de Daniel V... sur les Anglais (11 mars 1942)

Cette lettre est intéressante pour évaluer l'opinion sous Vichy: l'anglophobie bien connue de la droite Vichyssoise se trouve renforcée par les bombardements britanniques sur Paris et sa banlieue. La contradiction entre le discours de Londres soutenant la France hostile à Vichy et les actions militaires contre les occupants allemands et la «France allemande», est adroitement utilisée. Bien entendu, l'anglophobie est mêlée à l'antisémitisme.

« Par des camarades allemands et les journaux français que nous recevons, j'ai appris ce que les Anglais on fait à Paris, c'est du propre! Après avoir affamé la population civile par le blocus, maintenant ils bombardent et font des victimes et ils disent à la radio être nos amis et nous défendre. Ils ont une façon qui n'est pas ordinaire de nous montrer leur amitié. Ils nous ont mis dans la danse et maintenant qu'ils voient que l'on ne peut pas se faire tuer pour eux, ils viennent eux‑mêmes nous tuer; c'est ce qui s'appelle en Anglais la fraternité des hommes, elle est belle! Ils sont égoïstes comme des juifs et ils le sont tous sans exception, mais j'espère qu'un jour prochain il faudra qu'ils rendent des comptes sur les actes meurtriers qu'ils font vis‑à‑vis de nous et qu'ils seront châtiés comme des criminels qu'ils sont, c'est‑à‑dire par la mort. » (Lettre de WATENSTETD, Lager K Stube 14, du 11 mars 1942.)

Opinion sur la parole d'un officier français

Cette lettre sur la parole d'un officier français (27 février 1944)  reprend les thèmes précédents :

« L'officier me certifie qu'il t'a envoyé de .'l'argent et il me donne des dates et me montre le montant des sommes expédiées que je pourrai contrôler quand bon me semblera, ce serait un offi­cier français, j'aurais des doutes mais jamais je ne mettrai en doute la parole d'un Officier Allemand, surtout pour une chose aussi importante. » (Lettre de TUBINGEN, du 27 février 1944.)

 Opinion sur les Français qui travaillent en Allemagne ( 7 juin 1942)

Sur les travailleurs volontaires en Allemagne, il nous donne un excellent texte sur ces « volontaires » dont beaucoup étaient des repris de justice, des marginaux en voie de « régénérescence ». Ce fut un échec de Vichy qui va entraîner la création du Service de Travail Obligatoire S.T.O. en février 1943.

« Il y en a qui se plaignent, je t'assure que si cela m'était per­mis je les saignerais à ceux‑là; celui qui se plaint ici qu'il travaille trop, c'est alors un fameux fainéant, et celui qui se plaint que la nourriture n'est pas suffisante mérite d'être fouetté jusqu'au sang. Je suis sûr qu'il y en a qui voudraient être à leurs places: il est exact que je regarde toujours ceux qui se plaignent, et je vois qu'avant de venir ici, ils étaient clochards ou alors piliers de pri­son, il y a 75 % des Français (je cause seulement d'eux), c'étaient des barbeaux, souteneurs, faussaires, voleurs, repris de justice ou autre..., voilà comment et par qui la nation française est représentée. Heureusement les Allemands voient bien et ils le disent eux‑mêmes ils savent que les Français ne sont pas tous pareils et ils savent distinguer les bons des mauvais.» (Lettre de . WATENSTEDT, du 7 juin 1942.)

Quelques réflexions sur les réfractaires:

Sur les réfractaires (13 novembre 1943). A l'automne,1943, l'échec du S.T.O. est manifeste. La plupart des requis deviennent des réfractaires, certains prennent le « maquis ». Il écrit :

« Je suis soldat Waffen S.S., j'ai trop appris de saletés sur le compte des dirigeants en France et si je peux revenir, moi et mes camarades S.S., nous nous chargerons d'arranger la petite binette de ces salopards, les réfractaires et autres types de cette espèce pourrie. Ce sont là, tous ces fainéants, tous ces réfractaires, jeunes ou vieux qui ne veulent pas comprendre que nous sommes vaincus, que des traîtres, des vendus, des Judas ont volontairement jeté bas notre belle France et ceux qui actuellement font tout pour que nos relations avec nos vainqueurs s'enveniment, ce sont ceux là qui avant la guerre fréquentaient les cellules et les loges, qui semaient haines et discordes partout et maintenant ils continuent, ce sont eux, ces suppôts de Satan qui m'ont pris tout. » (Lettre de TUBINGEN, du 13 novembre 1943.)

Contre les toulousains

Le 1" mars 1943 il regrette l'opposition des Toulousains à Vichy. C’est une tentative de justification de la collaboration qu’il défend face à une opinion très hostile. Il montre clairement que Pétain est lui même l'inventeur, le père de la Collaboration.

« Les Toulousains doivent l'avoir amère de voir les Allemands, ils auraient mieux aimé voir les soudards de Churchill, de Roose­velt ou du père génial des peuples Staline, mais, erreur, ce sont les vaillants et preux soldats de M. Hitler qui sont là et je suis sûr qu'il y a des grincements de dents et qu'ils doivent vouer les trou­pes et le peuple allemands à tous les diables mais s'ils le font, c'est en cachette. Je suis bien content que les Toulousains soient un peu mâtés. D'après ce que je sais par des camarades qui reviennent de permission, il y a beaucoup de gens qui souhaitent la victoire des Alliés..., ils sont fous ! et bons pour la camisole de force. Ils veulent absolument être esclaves et se figurent que l'Axe est à bout, que l'Allemagne est épuisée et faible; or il y a 15 mois que je suis en Allemagne et je vois qu'au lieu de faiblir elle est de plus en plus forte. Le peuple entier est sûr de la victoire et a confiance en son chef Adolphe Hitler. Oui! en France il y aura des désillu­sions pour certains et ils n'auront que ce qu'ils méritent.

Pour moi, personnellement, je sais que l'Allemagne sortira vain­queur du grand conflit qu'elle a engagé et je regrette profondément que tous les Français et Françaises ne fassent pas leur devoir. Il y en a qui croient que ceux qui travaillent ou servent l'Allemagne sont des traîtres ou des vendus et eux se prétendent de purs Fran­çais, seulement, ils oublient qu'un grand homme, un vieillard cou­vert de gloire leur a dit: "Ayez confiance en moi, groupez‑vous derrière moi pour le relèvement de la France", le Maréchal Pétain et le Président Laval, un homme juste. Il faut collaborer à fond, il faudrait même faire une alliance avec le peuple allemand. Nous Français, nous avons un passé héroïque et pour avoir droit à la place qui nous revient dans la nouvelle Europe, il nous faut tous sans distinction de classe ou de rang, faire notre devoir. Il nous faut aider le peuple allemand et par tous nos moyens écraser cette Rus­sie Bolcheviste qui ne songe qu'à semer la haine, la misère et la mort partout, et cette perfide Albion qui s'est toujours servie du sang français pour remplir les coffres forts de la City. Moi‑même je haïssais les Allemands parce que je ne les connaissais pas.

Maintenant que je les connais, je dis que ce sont des hommes dignes de notre amitié et auxquels nous pouvons avoir confiance. Après fa victoire, ils nous donneront ce qu'ils nous ont promis... Il faut que je parte en chasse contre les salopards et les fainéants qui sont, ici légions. Je t'assure que c'est une honte pour nous Français de voir de tels spécimens. » (Lettre de HEERTE, du ler mars 1943.)

Plus nazi que les nazis

Nous conclurons ces extraits par sa lettre fondamentale de français endoctriné devenu S.S. plus aryen, plus nazi que les nazis.

Haine des humains et des femmes.

Haine des français « peuple déchu et vaincu ».

 « Tu sais que je ne suis pas mauvais, ni rancunier, mais je ne puis te dire qu'une chose, je hais mes semblables, surtout les femmes et en particulier les Français et Françaises qui sont fourbes, hypocrites et égoïstes. De l'Allemagne j'ai fait ma deuxième patrie... Je travaille dur pour la victoire du Reich Allemand et je souhaite que tous les Français en fassent autant ; pour mon compte personnel, je me charge là où je suis, de faire travailler de force s'ils ne veulent pas le faire de bonne volonté, cette canaille de Français. » (Lettre de HEERTE, du 29 janvier 1943.)

La conclusion est assez spectaculaire : il n’est pas mauvais mais il déclare sa haine à ses semblables. Il est en cela l’ennemi de soi-même, à la fois destructeur et culpabilisé, mais d’une culpabilité souterraine dont il ne veut rien savoir et qu’il attribue tranquillement à tous les autres humains, notamment ses compatriotes. On ne sera pas surpris qu’il mette au premier rang de sa haine les femmes, les français, les toulousaines et les toulousains.

Ces textes sont très proches de ce que proposent C.G. Jung ou C. Baudoin  quand ils se réfèrent au symbole de l’Ombre. Il s’agit d’un renversement radical des valeurs. Le mal est mis du côté de ce que le groupe social qualifierait d’héroïque, le bien étant attribué à ce qui était réprouvé par ce même groupe social antérieur.

On pourrait aussi faire appel au concept, proposé par Anna Freud, d’identification à l’agresseur, puisqu’il s’agit bien de cela sur le plan politique. Cet aspect a d’ailleurs été exploité par les SS sous des formes dont on a bien souvent stigmatisé l’inhumaine cruauté. Inhumaine au point d’ailleurs, qu’aucun animal n’en serait capable. Il s’agit bien d’un « satanisme » aussi radical que possible.

Identification à l'agresseur

(anglais : identification with the aggressor ‑ Espagnol : identificacion con el agresor. ‑ Italien : identificazione con l' aggressore. ‑ Portugais : identificaçâo ao agressor).

Ce mécanisme de défense a été décrit par Anna Freud en 1936. Le sujet, soumis à un danger extérieur (par exemple une réprimande, un châtiment, etc.), s'identifie à son agresseur ; il « se prend pour lui » en repre­nant à son compte l'agression ou en mimant cet agresseur ; il peut aussi adopter des insignes, rites, symboles, drapeaux etc liés à cet agresseur. « Selon Anna Freud, ce mécanisme serait prévalent dans la constitution du stade préliminaire du surmoi, l'agression restant alors dirigée sur l'extérieur et n'étant pas encore retournée contre le sujet sous forme d'autocritique » (Laplanche).(cf aussi Freud au chapitre III d'Au‑delà du principe de plaisir, Jenseits des Lustprinzips, 1920).

Ferenczi utilise ce terme pour désigner l'agression sexuelle venant d’un adulte (voir : Séduction). L’enfant se soumet alors totalement à la volonté de l'agresseur avec un sentiment de peur invincible.

Selon Anna Freud l'identification à l’agresseur peut intervenir même avant l'agression redoutée. Le comportement observé est le résultat d'un renversement de rôles : l'agressé potentiel se fait agresseur. Il peut alors en devenir l’allié.

Pour Anna Freudl’enfant passe par un stade où l'agresseur est introjecté, tandis que la personne attaquée, critiquée, coupable, est projetée à l'extérieur.

L’enfant parvient, selon Spitz à la symbolisation de ce type de situation en acquérant , vers le quinzième mois,  la capacité de dire « non », capacité dont on sait qu’elle est des plus fondamentales en logique et qu’elle permet le langage abstrait.

Daniel Lagache situe plutôt l'identification à l'agresseur à l'origine de la formation du moi idéal ; dans le cadre du conflit de demandes entre l'enfant et l'adulte, le sujet s'identifie à l'adulte doté de toute­ puissance, ce qui implique la méconnaissance de l'autre, sa soumission, voire son abolition.

Les observations rapportées situent généralement ce mécanisme dans le cadre d'une relation non pas triangulaire mais duelle, dont le fond, comme l'a, à maintes reprises, souligné Daniel Lagache, est de nature sado-masochique.

(1)     FERENCZI (S.). Sprachverwirrung zwischen den Errwachsenen und dem Kind, 1932-­33. Angl., in Final Contributions, 162. Fr., in La Psychanalyse, P.U.F., Paris, vol. VI, 248.

(2)     LAGACHE (D.). Pouvoir et personne, in L'évolution psychiatrique, 1962, 1, III‑9.

L’homme appartenant au peuple vaincu va au secours de la victoire et déclare la guerre aux siens, aux femmes, aux toulousains et à toutes les bêtes noires des nazis ! « Au contact d'hommes neufs comme les Allemands [nazis] on devient un autre soi-même »  Il se prend pour un des leurs et se moule dans leur trouble jouissance dont les brumes se redoublent de sa trahison.

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12 Juin 2005