Dois-je parler à mon bébé pendant la grossesse ?

Dr Bernard Auriol

(émission de Parenthèse-Radio / La Cigogne, animée par Bérengère Lou)

 

Bébé est dans la matrice, il se construit, il passe du

-        stade à deux demi cellules (ovule / spermatozoïde)
-        puis à une cellule (œuf fécondé)
-        puis les cellules se multiplient pour donner l’embryon,
-        le fœtus
-        et le bébé.

 

Voici ce que la maman pourrait se dire :

Si je m’intéresse à ses débuts, je lui parlerai comme à un espoir, un projet, une ébauche, une concrétisation de l’union avec le futur papa.

Ce bébé n'est-il qu'une partie de moi-même ?

Dois-je lui parler comme à mon pied à qui je demande d’être plus agile ou à mes reins de moins me faire mal => dans ce cas, je m’adresse à moi-même, à cette partie de moi-même à qui je demande de fonctionner mieux,
un peu comme quand, me sentant énervée je me dis à moi-même « Allons, Charlotte, calme toi ! ».

Pour le bébé, même à ses tout-cébuts, c'est bien différent. Dès le départ il commence tout doucement à être un autre, c’est pour ça que je dois m’adresser à lui ; je lui reconnais son existence d’autre : il n’est pas moi.

Il n'est pas moi, mais il est très important pour moi et pour le monde. Alors je m’adresse à lui pour construire une relation, il est loin de pouvoir me répondre mais je construis mon attente pour lui donner l’espace en moi, en mon âme de recevoir  sa future expression.

Au cours des mois, il me percevra de mieux en mieux :

-        les odeurs de ce que je respire, il les sent
-        les mouvements rythmiques de mon corps qui lui apprennent la danse, il en est remué
-        les goûts de ce que je mange, il les perçoit et s'en imprègne
-        mes états émotionnels qui changent la composition de mon sang et du sien, il les partage s'en émeut
-        peut-être les images que j’imagine de la vie, de son futur, de ce qu’il sera, il les pressens ou s'en trouvera informé au fil rouge des mois et des années
-        les frôlements, caresses, pressions, déplacements, ils parlent à sa peau, il y réagit, il y répond
-        les sons de ma voix, mes intonations, mes rythmes vocaux, les nuances de mon discours, tout cet essentiel de la parole qui disparaît de l’écrit, il l'écoute, il en est épris, comme fasciné
-        Lorsque je lui parle, je lui en dis peut-être plus que je ne pourrai après sa naissance ; lorsqu’il est en moi, il m’entend et sait ce que j’ai de plus intime dans ce que je dis : il en a les sonorités les plus primitives, premières, instinctives ; il en a aussi les rythmes. Le sens des mots pour désigner des réalités découpées dans la réalité n’est pas encore appris, les informations ne se suivent pas comme à la radio, mais l’essentiel passe et ça passe en bloc, par tous les canaux à la fois !

Dire ce que je ressens à mon bébé présent en moi,

- c’est mettre au jour d’où il vient, de quel amour il surgit,
- où il est, au plus près de sa mère,
- où il va dans un monde sans doute difficile mais où son père et sa mère baliseront le chemin…

Comme MC Busnel l’a montré à la suite de De Casper, le bébé mémorise, moyennant répétition, beaucoup de choses lors d’une histoire lue par la maman. Cette histoire, il la reconnaîtra plus tard et fera la distinction avec une autre histoire qu'elle ne lui avait pas lu avant de lui donner le jour. Ceci est l’indice qu’il capte toute parole qu’elle prononce, adressée à lui ou à d’autres.

Je suppose que la parole qui est adressée au bébé a des qualités différentes de toutes les autres paroles. Voilà un socle magnifique pour la vie future du bébé.

Un socle mais aussi un pont entre la vie dans sa caverne de chair et celle qu’il devra affronter lorsqu’il respirera l’air de ses propres poumons. Un pont sonore notamment : il entendait la voix de sa maman privée de beaucoup de ses harmoniques. Il peut les entendre clairement après être né. Il découvre en même temps tous les aigüs, des sons plus brutaux qu’il devra moins amplifier, la lumière, les contacts rugueux, le froid, l’eau, etc…

Ce pont est pour lui une assurance, une sécurité, un moyen de s’y retrouver ; la voix et le lait (au biberon ou au sein chaque fois que c’est possible) !


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18 Septembre 2008