Introduction

{au Mémoire :L’apport du découpage IDS dans la compréhension des aspects qualitatifs de la perception auditive et du contrôle de la boucle audio-phonatoire, soutenu par Charlie Sénécaut à l'École Nationale Supérieure Louis-Lumière, Section Son, rédigé sous la direction de Bernard AURIOL et Laurent MILLOT}

L’objet de ce mémoire a pour origines les propos tenus par Alfred Tomatis sur l’oreille directrice. Ce médecin français, spécialisé en ORL, propose dans les années 1960, une méthode, qui porte son nom, permettant de résoudre les problèmes de troubles du langage grâce à un apprentissage basé sur une nouvelle façon d’écouter.

En effet, Tomatis considère que l’on doit se servir d’une oreille plus que d’une autre tout comme nous nous servons d’une main plus que d’une autre. De plus, Tomatis insiste sur le fait que, concernant l’oreille, il faut être droitier absolument. Laissons de côté pour le moment les raisons d’une telle affirmation que nous développerons dans l’un des chapitres de ce mémoire. Retenons juste que la méthode Tomatis est basée sur l’entraînement intensif de l’organe auditif droit, et l’accentuation dynamique des aigus que nous développerons plus loin.

C’est au cours d’une rééducation dans l’un de ces centres d’écoute, suite à la découverte d’une dyslexie légère à mon sujet, que j’ai pour la première fois entendu parler du rôle différent de chacune de nos deux oreilles. Selon les psychologues de ce centre thérapeutique, les troubles de compréhension de la parole et d’élocution dont je souffrais étaient la conséquence d’une mauvaise latéralité auditive.

« Muscler l’oreille droite », tel est donc l’un des principes à la base de la méthode Tomatis dont les bienfaits firent l’objet de ma perplexité. Comment, en effet, ne pas douter de tels propos qui attribuent à l’organe auditif droit la responsabilité des troubles langagiers ? Cette interrogation refit surface à la fin de mes études à l’école Louis Lumière dans lesquelles l’écoute tient une place essentielle. Le désir d’en savoir plus sur les fondements d’une telle conception nous incita à en faire le sujet sous-jacent de notre étude.


Ce mémoire est à la fois l’occasion d’établir un bilan critique d’un aspect particulier des travaux de Tomatis sur la latéralité auditive, et la possibilité d’appréhender les tests de perception auditive grâce à  un nouvel outil : l’intégrateur de densité spectrale ou IDS.

L’IDS est créé en 1977 par Émile Leipp. Cet appareil permet d’effectuer une analyse de l’énergie fréquentielle (ou spectrale) d’un son. Un analyseur de spectre dira-t-on. Seulement, à la différence de ce dernier, l’IDS offre la possibilité d’analyser dans la durée en procédant à une moyenne dans le temps, d’où son nom d’“intégrateur“. Ce détail est crucial pour notre étude car celle-ci concerne l’acte parlé que nous ne pouvons isoler de son déroulement dans le temps. Il nous importe, en effet, d’en analyser les modifications éventuelles de rythme et de timbre. Ce que nous ne pourrions faire avec un analyseur de spectre traditionnel se limitant à un échantillon temporel de quelques millisecondes.

L‘objet de notre étude porte donc sur les aspects qualitatifs de la perception auditive et de la boucle audio-phonatoire. Par « aspects qualitatifs », nous entendons ce qui relève de la qualité, c’est-à-dire de la nature, de notre objet d’étude qu’est la perception auditive. Et par perception, il faut comprendre la saisie par l’esprit et les notions d’interprétation subjective qui sont mises en jeu.

Nous cherchons donc, d’une part, à savoir, grâce à l’IDS, de quoi est faite cette saisie de l’information auditive par la conscience ; et d’autre part, nous cherchons à comprendre les liens entre la réception et la production de la parole dans l’influence que peut avoir la première sur la seconde, ce que nous appelons le contrôle de la boucle audio phonatoire.

Aussi, les questions auxquelles nous tenterons de répondre tout au long de ce mémoire sont celles que pose l’hypothèse d’une oreille directrice dans l’acte perceptif, hypothèse centrale à la méthode Tomatis : comment entendons nous ? Nos deux oreilles ont-elles un rôle équivalent dans l’analyse que nous faisons d’un son et dans la perception que nous en avons ? En d’autres termes, peut-on parler de latéralité auditive ?

L’IDS interviendra alors pour observer l’influence de l’audition sur la phonation. De cette analyse de la densité spectrale de la voix, nous espérons pouvoir dégager des éléments de réponse nous permettant de confirmer ou d’infirmer les propos de Tomatis.


Ce mémoire s’articule en deux parties. La première expose les faits.

Après un bref récapitulatif des mécanismes de l’audition et de la phonation (chapitre 1), nous présentons (chapitre 2), la conception d’Alfred Tomatis sur la latéralité auditive.

Nous ferons le point sur ses travaux en les confrontant à une revue non exhaustive des principaux ouvrages français de synthèse qui ont traité du sujet de la latéralité auditive avant d’aborder (chapitre 3), les hypothèses qui co-existent aujourd’hui concernant la question de la latéralité cérébrale dont les mécanismes apportent des éléments de réponses aux questions que pose la latéralité auditive.

Dans une seconde partie, nous décrirons notre approche de la question avec les moyens et l’expérience qui sont les nôtres.

Nous exposerons, en effet, une partie expérimentale (chapitre 4) qui nous a permis, à notre niveau, d’appréhender ces questions grâce à un nouvel outil, l’intégrateur de densité spectrale, ou IDS, dans une version étendue et numérique.

Fortement inspirée des travaux d’Émile Leipp, cette version de l’IDS. sera présentée dans le dernier chapitre (chapitre 5), dans lequel nous proposerons, en perspective, un protocole expérimental devant permettre de travailler sur la perception auditive.

Enfin, on trouvera, en annexe (A5 p.115), une transcription écrite de la soutenance orale qui, tout en constituant une synthèse de la partie expérimentale, permettra au lecteur de mieux comprendre le cheminement de ce mémoire.

Le lecteur pourra d’ailleurs, s’il le souhaite, commencer par cette synthèse avant d’explorer plus en détail le reste de l’ouvrage.

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6 Septembre 2008