L'action de la méthode audio-psychophonoloqique sur les états dépressifs

(à propos de 40 cas)

Dr Bernard AURIOL

Annales de Sophrologie Médicale, N° spécial, 19-20, Juillet-Octobre 1978

1) La Méthode Audio-Psycho-Phonologique :

Elle est basée sur l'hypothèse que les sons peuvent entraîner, en fonction de leur nature fréquentielle, de leur intensité et de leur répétition des modifications touchant non seulement la façon d'entendre et la qualité de l'écoute, mais aussi l'ensemble psychosomatique tout entier. Réciproquement, on peut inférer, à la lecture fine d'un « Test d'Ecoute » (audiogramme dont la passation est légèrement différente de celle qui est classique en ORL) un certain nombre de caractéristiques psychologiques ou physiologiques.

2) Le Matériel utilisé

On emploie des sons filtrés selon différentes modalités bien précises. Le matériau sonore de départ peut être un enregistrement de la Voix Maternelle du patient et/ou certains morceaux enregistrés de Mozart. On procède à un filtrage qui consiste à conserver toutes les fréquences au dessus de 8000 Hz et à atténuer de manière très importante les fréquences inférieures à ce seuil. (La pente de filtrage retenue est habituellement de 60 à 80 dB par Octave). Les sons filtrés à 8000 Hz sont utilisés pendant une période de durée variable au début de la cure A.P.P. à l'exclusion de tous autres sons (dix, vingt, trente heures). Dans une deuxième phase on propose l'écoute de sons progressivement défiltrés (A.S.M.). Dans une troisième étape le client doit devenir actif et vocaliser devant un micro, puis répéter des mots comportant des fricatives (sons riches en aigus), enfin on lui propose de répéter des textes ou de lire.

L'usage du micro permet de modifier, grâce à l'oreille électronique, la voix du client qui lui est re- adressée au niveau des écouteurs, renforcée dans ses fréquences élevées : c'est dire qu'on obtient ainsi un enrichissement apparent du timbre. Ce « training » maintes fois répété conditionne les unités cérébrales du contrôle phonatoire de telle sorte que le sujet se met à parler d'une voix plus chaude, plus nuancée, mieux posée. Bien entendu cet aperçu ultra-schématique ne permet pas de se faire une idée complète de l’audio- psycho- phonologie dont tous les éléments théoriques n'ont pas encore reçu de confirmation expérimentale. Parmi ces éléments théoriques ,actuellement à l'étude, citons : l’audition intra- utérine, le mécanisme osseux de l'audition, la latéralisation auditive, la prévalence de Mozart, etc.

3) Remarques Cliniques antérieures :

Dès les premiers temps de l’utilisation de l’oreille électronique dans les troubles lexiques, il est apparu qu'on obtenait (outre l'amélioration de la lecture et de l'orthographe ou de l’élocution) une dynamisation de l’enfant qui semblait prendre un nouvel intérêt à la vie scolaire et même à la vie tout court, nouant de nouvelles relations, sortant de sa timidité, de son isolement, de son apathie, etc... On pouvait considérer qu'il y avait là une action sur des « équivalents dépressifs » propres à l'enfance.

Freud a montré que le choix de mots, le vague de l'expression, une mauvaise articulation, une mauvaise phonation, peuvaient résulter de la censure ou de la résistance.

(Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, séance du 3-3-1909, traductionBakman, Gallimard, 1978, p. 166)

D'autre part, certains utilisateurs de l’oreille Electronique (Dr Gardey, Dr Mouret, Dr Raynaud) ont signalé, depuis quelques années, soit en forme de communication personnelle, soit lors du Congrès du Val de Grâce (Dr Raynaud ) un effet antidépresseur repérable chez l'adulte.

Par ailleurs, la phase appelée Accouchement Sonique (cf. plus haut : défiltrage) provoque, d'une manière remarquablement constante des phénomènes dépressifs à type de déréliction, sentiments de perte d'objet, impression exagérée de frustration et d’incompréhension, tendance à l’acédia, somatisations diverses. Or, cette phase est passée beaucoup plus sereinement si la période des Sons Filtrés (dits « intra- utérins »)a été assez longue. Elle se voit de toute façon « guérie » par une nouvelle imposition de sons filtrés quand cela s'avère utile.

Enfin, une des hypothèses de la méthode étant qu'elle tirait son efficacité d'une régression sonore à la vie fœtale et postnatale, il était logique d'y chercher un remède aux troubles dont la psychanalyse enseigne qu’ils se sont structurés au cours des étapes les plus archaïques de l'existence : troubles psychosomatiques vrais, troubles psychotiques et notamment Psychose Mélancolique.

Ces différentes considérations nous ont amené à prescrire de manière fréquente cette thérapie à ceux de nos clients (ambulatoires) qui présentaient un état dépressif qu'il s'agisse de sujets à symptomatologie d'apparence « névrotique » ou « psychotique » (notamment maniaco-dépressive).


publicité non évaluée par le Dr Bernard Auriol

 

4) Population traitée :

Nous avons traité 40 personnes déprimées dont l’âge allait de 16 à 68 ans, avec une moyenne de 42 ans. La plupart sont des femmes (31 et seulement 9 hommes). Nous comptions 20 états dépressifs « névrotiques », trois états dépressifs dans le contexte d'une évolution psychotique de type dissociatif, cinq maladies psychosomatiques à signification dépressive et six états dépressifs de type « mélancolique » dans un contexte classique de maladie circulaire.

5) Temps consacré au traitement et association de techniques :

Le temps moyen consacré au traitement a été de 59 heures (y compris les cures interrompues sans avoir abouti à une amélioration). La durée des cures ayant abouti à un succès étant en moyenne de 70 heures. Cette évaluation ne tient pas compte du plus ou moins grand espacement des séances entre elles. Tant qu'une étude systématique n'aura pas mis en évidence le rythme optimum, nous avons l’habitude de considérer équivalents trois heures passées en cure dans une seule journée ou réparties sur trois semaines. A notre sentiment, une séance le matin et le soir est la meilleure formule puisqu'elle permet la reprise progressive de l'activité et la participation simultanée à d'autre formes d'aide.

En effet, et comme bien d'autres utilisateurs de l’oreille électronique, nous préconisons volontiers l'association d'autres techniques pratiquées simultanément ou non. Ainsi nos patients ont utilisé parfois et sur notre conseil les traitements suivants, à un moment ou l'autre de leur cure : Hatha- Yoga, Zazen, Méditation Transcendantale, Sophronisation simple, Training Autogène classique, Relaxation Dynamique de Caycédo, Rolfing, Rebirth, Méthode Mézière, Manipulations ostéopathiques, Ionisation Aérienne Négative, Chimiothérapie (rare et discrète) à base de béta- bloquants, Dogmatil, Dépamide et somnifères non barbituriques, tisane sauge, coquelicot ou tilleul.

6) Résultats :

Si nous tenons compte de tous les sujets, y compris ceux qui ont abandonné avant la fin d'adaptation sons filtrés (sept heures) nous observons un nombre d'échec de l'ordre de 30 %, avec deux tiers de succès  faibles, moyens ou spectaculaires. Si nous ne retenons que les patients ayant suivi plus de 7 heures d'oreille électronique (33 sujets) nous notons 28 succès dont 20 excellents ou spectaculaires (soit 60%).

Il importe cependant de distribuer succès et échecs en fonction du diagnostic :

Diagnostic

Nombre

Succès

Echecs ou faible succès

Etat dépressifs névrotiques

20

13

7

Etat dépressifs sur fond dissociatif

3

2

1

Equivalents somatiques

5

3

2

Mélancolies (P.M.D.)

6

1

5

Bien sûr, le résultat est considéré comme un résultat stable comparé à ce qu'était l'état antécédent à la cure de la (ou du) patient. Il semble que les meilleurs résultats soient obtenus chez des patients pour lesquels la cure tardait à manifester ses effets. Nous observons que le premier mieux évident l'est en moyenne au bout de 22 heures d'écoute si on regroupe les sujets ayant finalement eu soit un bon soit un mauvais résultat alors que cette première amélioration évidente ne survient qu'au bout de 27 heures en moyenne chez ceux qui obtiendront finalement un résultat très positif et paraissant très stable. Cependant il convient de remarquer que la dispersion est très forte ; certains patients paraissent améliorés très spectaculairement après une vingtaine de séances (dix heures) alors que dans un cas il a fallu 84 heures…. Cependant, si après 50 à 60 heures ont n'observe aucune amélioration, il est probable la thérapie fait fausse route à se borner au plan de l'écoute et il peut être alors opportun d'utiliser une technique différente en complément ou pour succéder à l’audio-psycho-phonologie. Notamment le Rebirth et le Rolfing semblent permettre (avec une intervention ponctuelle) un mordançage de la  cure très net dans certains cas.

CONCLUSION:

L'ensemble Oreille Electronique et méthodes concomitantes permet de traiter avec succès 84 % des déprimés auxquels la chimiothérapie ne venait pas en aide de manière suffisante ou utile. Cependant elle n’est pas efficiente (dans les conditions de notre observation) par rapport aux  états mélancoliques dont l’amélioration paraît être un feu de paille sans  lendemain. Elle peut être utilisée avec bénéfice dans les états dépressifs sur terrain dissociatif ou psychosomatique. Une grande prudence s'impose cependant en cure ambulatoire car il nous a semblé que les sons filtrés pouvaient avoir dans certains cas un effet désinhibiteur précédant la guérison des idées dépressives et entraînant parfois des idées, voire des tentatives suicide. Ce fait nous incite à recommander l’adjonction de traitements à visée anxiolytique précédents ou contemporains des premières séances d'adaptation aux sons filtrés : anxiolytiques chimiques, sophronisation simple ou training autogène, hatha-yoga ou Méditation Transcendantale.

On doit se montrer également vigilant dans et immédiatement après la phase appelée « accouchement sonique » dans la mesure où on voit se réactiver généralement la symptomatologie de départ de manière transitoire certes mais qui peut parfois s'accompagner encore une fois, d'idées de suicides, de tentatives ou d'équivalents (accident ou maladie).

Ces précautions étant observées, l’audio- psycho- phonologie apparaît comme un instrument de tout premier ordre au service du patient déprimé qui se rend ainsi capable de mieux affronter les frustrations et les traumatismes que les circonstances lui imposent.

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

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MAJ partielle le 8 Juin 2014