Le Littré => ASPIRER (a-spi-ré), v. a.
1° Attirer l'air dans ses poumons. Aspirer l'air. Le poumon qui aspire
et expire l'air. Le cheval aspire l'air de ses larges naseaux. Et chaque
souffle enfin que j'exhale ou j'aspire, LAMART. Harm. I, 1.
Absolument. Aspirer avec force. Les oiseaux boivent
en aspirant.
2° Élever l'eau en faisant le vide. Cette pompe aspire l'eau
avec beaucoup de force.
3° Terme de grammaire. Prononcer de la gorge. Aspirer l'h.
Absolument. Aspirer, suivant le Dictionnaire de
l'Académie, c'est.... D'OLIVET, Prosod. fr.
4° Avoir le désir de. Aspirer à la royauté, à
régner, aux honneurs. Il aspire au premier rang. Quiconque, après
sa mort, aspire à la couronne, CORN. Cinna, II, 2. Et monté
sur le faîte, il aspire à descendre, ID. ib. II, 1. Nous
devions aspirer à sa possession, Par amour, par devoir ou par ambition,
ID. Rodog. IV, 3. à de plus grands honneurs faut-il qu'un père
aspire ? ID. Hor. IV, 2. Il m'a plu sans peut-être aspirer à
me plaire, RAC. Baj. I, 3. N'aspirant qu'à troubler le repos où
nous sommes, ID. Esth. II, 1. Il n'a plus aspiré qu'à s'ouvrir
des chemins.... ID. Mithr. V, 4. Et je ne puis songer Que Troie en cet
état aspire à se venger, ID. Andr. I, 2. Sortez du temps
et du changement, aspirez à l'éternité, BOSSUET Duch.
d'Orl.
On l'a aussi construit avec de. Elle n'aspire
encore d'y arriver que par des moyens qui viennent de Dieu même,
PASC. dans GIRAULT-DUVIVIER.
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non évaluée par le Dr Bernard Auriol
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SYNONYME :
ASPIRER à, PRÉTENDRE à.
La différence entre ces deux mots, c'est que aspirer n'implique
que l'idée des désirs qui nous poussent à une chose ;
et que prétendre implique que nous y avons des droits réels
ou imaginaires.
HISTORIQUE :
XIIe s. Teu (telle) parole unt le duc nonciée,
Si cum Deus les out aspirez [inspirés], BENOÎT, Chr. de Norm.
t. II, p. 185, V. 20744.
XIVe s. Aspirer la fumée de l'eaue, Ménag.
II, 5.
XVe s. L'oeil regarde où le cueur aspire,
BASSELIN, III.
XVIe s. Ils veulent, ils aspirent, ils s'efforcent
: mais rien en telle perfection qu'il appartient, CALV. Inst. 660. Chascun
aspire si naturellement à la liberté et auctorité,
que.... MONT. I, 59. L'eloquence et la louange de bien dire estoit des
jà le but ordinaire, auquel aspiroient et taschoient de parvenir
tous les jeunes hommes romains, AMYOT, Caton, 9. Tel lieu est continuellement
aspiré et eventilé de la frigidité de l'air qui nous
environne, PARÉ, VI, 23. Il a aspiré cest office ung long
temps, PALSGR. p. 421. Nul aultre n'y pouvoit aspirer ny parvenir s'il
n'estoit des sus dictes sept races, CARL. VI, 6.
ÉTYMOLOGIE :
Provenç. et espagn. aspirar ; ital.
aspirare ; du latin aspirare, de a pour ad (voy. à), et spirare,
souffler (voy. ESPRIT). Comme la prononciation d'une lettre aspirée
et, au reste, de toute autre lettre, se fait non dans l'aspiration mais
dans l'expiration, on a dit que aspirer était ici dit pour aspérer,
rendre âpre, les Latins appelant en effet asper l'esprit rude des
Grecs. Mais cela ne s'appuie sur aucun exemple. Il est bien plus probable
que, les Grecs et les Latins appelant spiritus, c'est-à-dire souffle,
ce que nous appelons aspiration, aspiration a été dite chez
nous pour souffle, par une méprise sur le mécanisme vocal.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE :
ASPIRER. - HIST.
XIVe s. Ajoutez : Et que maintenant n'osoient
il [les plébéiens] non pas encore aspirer à avoir
partie du consulat, BERCHEURE, f° 87, verso.
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