« Le chef d’œuvre naît de la perception intensifiée du lien que l’artiste entretient avec la vie. »
Rolando Toro Araneda
« Je suis dans le monde uniquement dans le but
de composer. »
Franz Schubert
« Tous les arts que nous
pratiquons sont des apprentissages.
Le grand art, c’est notre vie. »
M.C. Richards
« Il faut porter en soi
un chaos pour pouvoir
mettre au monde une étoile dansante. »
F. Nietzsche
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Son père |
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7 |
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Son nom |
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3 |
Sa définition |
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Son positionnement |
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Son inscription au
sein du principe biocentrique |
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Sa méthodologie basée
sur la vivencia |
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Son modèle théorique |
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Ses cinq lignes de
vivencia |
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Son processus :
l’intégration de l’Identité |
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10 Sa découverte :
l’Inconscient Vital |
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11 Ses effets
physiologiques |
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1. La place de la Créativité dans la société page 27
2. Le jeu : origine de la créativité page 28
- l’espace potentiel ou aire transitionnelle page
28
- le Jeu et le Corps page
30
- L’Amour et le Jeu page
32
- Le Jeu et la Créativité page
32
- du Jeu ou « Je » page
33
3. Conditions d’émergence de la créativité page
34
- Une foi dans le potentiel créatif page 34
- Accepter la valeur
inconditionnelle de l’individu page 35 - Etablir un climat de confiance dont toute
évaluation externe est absente page 36
- Une compréhension empathique page 37
4. La ligne de la Créativité en Biodanza® page 39
- L’ordinaire extraordinaire de la Créativité page
39
- Création et Répression page
40
- Les propositions concrètes de la Biodanza® page 41
5. Danser : un acte de transformation page 43
6. Créativité et Affectivité page
47
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1. La ligne de la Créativité dans ma vie page
50
2. La danse dans ma vie page
54
3. Ma rencontre « synchrone » avec la Biodanza® page 56
4. Mon processus avec la Biodanza® page 57
5.
Ma Créativité existentielle ou
l’art de danser ma vie page
61
1. Mon premier groupe hebdomadaire page 64
2. Mon évolution grâce aux supervisions page 65
3. Mon second groupe hebdomadaire page 69
4. Mon avenir avec la Biodanza® page 71
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page 74 page 76
page 78 page 81 |
Je n’ai eu aucune hésitation lorsque j’ai su que ma
formation de Biodanza® se clôturait par une monographie. Le thème de la
Créativité m’est apparu comme une évidence. La
Créativité donne tout son sens à ma vie, privée ou professionnelle.
Depuis que j’ai découvert l’expression de mes
potentiels par la Création, j’ai la sensation de m’être réellement engagée dans un processus créatif
existentiel. Cette nouvelle perception de ma vie
m’a permis d’introduire plus d’intensité dans mon
quotidien, et de me sentir de plus en plus «
sur ma route », soit dans une cohérence entre ma réalité
extérieure et mon monde intérieur.
Pour
introduire ce travail, j’ai besoin de donner une définition à ce terme de Créativité pour délimiter mon sujet, le préciser et
ainsi permettre de poser les bases de ma
réflexion. Au cours de ma recherche et de mes
lectures, j’ai trouvé toutes sortes de
définitions de la Créativité. Freud, découvreur de l’inconscient individuel, indique qu’elle « résulte d’une tension entre réalité consciente et pulsions inconscientes ». Sa vision passe par le philtre de l’existence de l’inconscient. Il suggère que les artistes
créent afin d’exprimer leurs désirs
inconscients par des moyens culturellement acceptables. Mihaly Csikszentmihalyi, psychologue contemporain, en donne la
définition suivante : « est
créatif un acte, une idée ou un produit qui modifie un domaine existant ou qui le transforme en un nouveau
domaine. La personne créative devient ainsi : celui ou celle dont la pensée ou les actions font
évoluer un domaine ou en créent un nouveau. Il convient toutefois de ne pas
oublier qu’un domaine ne peut être modifié sans le
consentement implicite ou explicite du milieu concerné. »
Pour lui, la Créativité est réservée à certains et elle dépend de l’approbation des pairs.
Mon approche de la Créativité et ma vision de celle-ci se
rapproche plus de celles d’Abraham Maslow et de
Carl R. Rogers : « la
créativité est un moyen de réaliser ses potentialités, elle implique certains traits comme
l’acceptation de soi, le courage et la liberté d’esprit. »
Mon expérience personnelle et mon métier
d’art thérapeute m’ont amenée à la concevoir de cette façon-là. Et quand j’ai
rencontré la Biodanza®, immédiatement, des
similitudes importantes me sont apparues
entre les vivencias, ma perception de la Créativité et les ateliers d’expression créatrice
en groupe que j’anime depuis plusieurs années. Je me suis tout de
suite sentie chez moi, je n’ai eu aucune appréhension, aucune peur d’aucune
sorte de me mettre en mouvement. C’était un peu comme si je me glissais dans un bain déjà humé et visité. J’ai
cherché ce qui en moi connaissait déjà cette sensation, ce qui faisait que je
me sentais, dès mes premiers pas, en terrain
familier. Maintenant que je connais cette définition de Rolando Toro Araneda, le créateur de la Biodanza® : « L’acte créateur est toujours le résultat expressif, visible, de l’acte de
vivre. », je comprends pourquoi j’étais
si à l’aise. Je partage cette vision qui relie de
manière indissociable la créativité et le fait
même de vivre. C’est cette relation au vivant qui me fait vibrer aussi bien dans ma Créativité existentielle que
dans mon métier.
Dans
un premier temps, je précise les bases conceptuelles de la Biodanza®. Cet aspect me semble fondamental pour montrer
combien la Créativité de Rolando lui a permis
de relier différentes connaissances sur
l’être humain pour les potentialiser au service de la Biodanza®.
Dans
un second temps, je développe la Créativité d’une
manière plus générale. Tout d’abord, j’examine le jeu dans lequel elle s’origine ainsi que les conditions
favorables à son expression. Puis, je présente la ligne de la Créativité telle qu’elle est vue et proposée par la Biodanza®. Enfin, je partage ma vision de la danse comme acte de transformation existentielle et
je relie plus particulièrement la Créativité et l’Affectivité.
Dans
un troisième temps, je livre un témoignage très personnel de mon aventure existentielle pétrie de Créativité. Ce passage
relate également ma rencontre opportune
avec la Biodanza® et mon parcours d’évolution à travers elle depuis cinq ans. Je conclus cette partie de ma monographie
par un partage sur l’art de danser ma propre vie.
Dans un quatrième et dernier temps, je décris avec
enthousiasme, sincérité et j’espère lucidité mes
premiers pas de facilitatrice. Mon expérience des
groupes et les supervisions m’ont permis de prendre du recul sur ce témoignage vivenciel
et d’en tirer un enseignement. Ce dernier me
paraît important pour éventuellement aider d’autres facilitateurs « en cours de création.
» Enfin, je termine ce travail passionnant et stimulant par une vision créative de mon avenir au sein de la Biodanza® !
Je souhaite que ceux qui lisent cette monographie aient
autant de plaisir, de joie et d’émotions que j’en ai eus à
l’écrire. Bonne lecture !!
1. Son père et son processus de naissance
Rolando
Toro Araneda est né au Chili en 1924, il est psychologue, anthropologue de formation, ainsi que peintre et poète. Il
a vécu en Argentine, au Brésil, en Italie
puis à la fin de sa vie, il revient au Chili d’où il supervise les activités internationales de la Biodanza®. Marqué par les « créations terrifiantes » de l’homme (l’holocauste, Hiroshima,
Nagasaki, la
dictature dans son
pays) et en même temps, expérimentateur du merveilleux créatif de la vie (écologie, être père,
l’amour,...), Rolando
aspire à « un
paradis ici et
maintenant ». Il souhaite partager
celui-ci, il ne peut concevoir l’évolution humaine solitaire.
Durant les
premières années de son activité professionnelle, Rolando travaille dans des hôpitaux psychiatriques, son rôle
consiste à distribuer des médicaments. Déjà à
cette période-là, il s’aperçoit que la musique et
le mouvement peuvent avoir des effets thérapeutiques sur les
malades. Il procède donc à des expériences.
Les personnes souffrant de dépression sont celles qui bénéficient des meilleurs effets, elles voient leur état d’8me se modifier complètement.
A l’opposé, les personnes victimes d’hallucinations et de délires voient leurs symptômes augmenter lors de propositions de
danses tranquilles, plus sereines. Rolando,
fort de ces constatations, structure son travail.
Dans le cadre d’études réalisées
avec des malades mentaux pour améliorer leurs conditions de vie pour le Centre d’Etudes et d’Anthropologie médicale de l’Ecole de Médecine de l’Université du Chili, Rolando met en place un modèle
théorique dans
lequel la musique, le mouvement et les émotions forment une parfaite unité. Se basant sur des sciences telles que la
physiologie, la psychologie, la biologie,
la philosophie, l’anthropologie, Rolando n’a cessé d’enrichir ce modèle. Même s’il a subi quelques
modifications depuis sa création (mais n’est-ce
pas justement l’intérêt d’un modèle théorique que de pouvoir être l’objet de manipulation, d’investigation et
d’évolution), il est toujours en vigueur actuellement.
« La musique
est le langage universel, compréhensible par tous, et la danse la forme idéale pour réunir corps et âme. » R.T
(Rolando Toro Araneda)
Cette théorie se
diffuse auprès des infirmières, des médecins et des étudiants en médecine au sein de l’Ecole de Médecine de
l’Université du Chili. En 1970, Rolando occupe
la chaire de Psychologie de l’expression au sein de l’Université Catholique du Chili. L’université lui
demande de créer la première chaire de
Psychodanza (premier terme pour désigner la Biodanza®). En 1973, suite au coup d’état
d’Augusto Pinochet, Rolando ne peut plus
exercer au sein de l’Université, il est
contraint de s’expatrier en Argentine, tout d’abord, et au Brésil ensuite où il développe la Biodanza® auprès des
personnes dites « saines » pour favoriser le
bien-être et la santé. Ce qui intéresse avant
tout Rolando, c’est
de favoriser l’intelligence et la sagesse de vie
que litre humain abrite à travers le
développement des potentialités humaines I
« La base conceptuelle de la Biodanza® vient d’une
méditation sur la vie,
du désir de
renaître de nos gestes dépecés au sein d’une structure répressive..., d’une valorisation excessive de la culture aux
dépens de la nature et d’une prédominance exaspérée de la raison sur les instincts. » R.T.
Au Brésil, Rolando
est contacté par un couple d’italiens qui lui
propose de venir en Italie développer la
Biodanza®, ce qu’il réalise durant huit années. Dans
les années 80, la fille de Rolando, Véronica et son mari
Raul Terren (actuel directeur de l’International
Biocentric Foundation : instance
internationale organisatrice et
régulatrice de la Biodanza®) développent particulièrement la Biodanza® en Europe. Maintenant, elle existe et se
développe dans de nombreux pays du monde (Afrique du Sud, Brésil, Canada,
Suisse, Israël, ...).
Rolando s’est éteint en
février 2010, il dansait encore à l’8ge de 86 ans !!
« J’ai
eu la grande chance de te croiser sur ma route Rolando, de danser sous
ton animation, de recevoir ton enseignement sur l’Education Biocentrique, de là où « j’œuvre
» je te remercie
de tout mon cœur pour le génie que tu
as déployé en créant la Biodanza®. Puisse-t-elle, comme tu le souhaitais, créer un immense paradis ici et
maintenant sur notre terre I »
2.
Son
nom
Au départ nommée
Psychodanza, ce terme crée une séparation entre le préfixe « psycho », dérivé du grec psyché qui signifie « âme » et le terme « danza », elle est alors la « danse de l’âme » et établit une
dissociation entre le corps et l’âme. Dans ce
terme, la danse en tant que mouvement de vie n’apparaît pas présente, elle est
rebaptisée en 1976 en Biodanza®, un terme qui correspond mieux à ce qu’elle propose, le préfixe bio vient du grec «
bios », il désigne la vie et
le mot « danza », d’origine française
signifie « mouvement intégré plein de sens ». La Biodanza® est
donc la « Danse de la Vie. » Elle propose de retrouver des gestes, des mouvements
naturels, vivants, connectés à l’émotion et qui
donnent du sens (signification, direction, sensations) à notre vie II
3.
Sa définition
Voici un exercice
pas facile ! Difficile de poser des mots sur un concept qui est essentiellement basé sur l’expérience intérieure, sur un vécu intense appelé
la vivencia !
La définition «
officielle » est la suivante :
« La Biodanza® se définit comme un système
d’intégration
humaine, de rénovation
organique, de rééducation affective et de réapprentissage des fonctions originaires de la vie. » R. T.
Un système se définit comme la réunion de divers éléments
pour former un ensemble.
- Un système
d’intégration humaine
L’intégration d’un
système est l’ensemble des processus qui mettent en corrélation les parties
avec le tout, assurant l’unité et la stabilité de ce système. En Biodanza®, ce processus se fait en stimulant les
fonctions primordiales de connexion à la
vie. Elles permettent à chaque individu
l’intégration à soi (récupérer une unité
psychophysique), l’intégration au semblable (retrouver le lien avec l’espèce) et l’intégration à l’univers
(retrouver le lien à la nature et notre
sentiment de faire partie d’un tout plus grand, le
cosmos). La perte de cette intégration, de la
connexion avec tout ce qui est vivant peut, par exemple, conduire à la maladie.
- La rénovation organique
La Biodanza® est
un tout destiné à stimuler des ressentis, des émotions particulières. Elle agit directement sur les fonctions
physiologiques en visant l’homéostasie de
l’organisme.
« L’organisme vivant a, en fait, la capacité de
se rénover et d’établir de nouveaux niveaux d’équilibre à partir de certains états de désordre. La rénovation organique survient en Biodanza®
comme un effet de la stimulation de l’homéostasie, ou équilibre interne, et de la réduction des facteurs
de stress. » R.T.
Des états bien
spécifiques de régression intégrante (entendue en Biodanza®, comme une connexion à l’intelligence de vie, à l’origine de la vie dans l’homme), non
dissociante, contrairement aux régressions psychotiques avec lesquelles elles n’ont rien à voir, induisent la
rénovation organique. Ces re-progressions (une régression préalable à un pas en avant)
influencent la biologie humaine en régénérant
les tissus, les organes pour plus de santé. Elles
sont assimilables au repos pendant lequel
l’individu se régénère, il récupère
; elles le reconnectent à un état physiologique et psychologique périnatal ou fœtal. En mettant
l’être humain en relation avec le métabolisme cellulaire de l’enfant,
plus rapide que celui de l’adulte, la régression vient augmenter l’efficacité des processus de réparation
organique.
- La rééducation
affective.
Diverses
expériences, celles de Spitz en particulier sur « l’hospitalisme » concernant les enfants privés de contact ou de substitut
maternel, menées auprès de bébés en
orphelinat, ont démontré que la nourriture
alimentaire n’est pas suffisante pour
soutenir la vie. En effet, des bébés nourris de lait mais manquant cruellement
de « nourritures affectives » finissent par se laisser mourir. Notre besoin d’amour, de tendresse est
vital, sans une satisfaction de celui-ci, nous dépérissons et mourons. D’ailleurs, nombre de maladies surviennent après une rupture amoureuse, un deuil, un
choc affectif important. Notre équilibre affectif
a une influence sur notre système physiologique interne, en particulier au niveau limbique et hypothalamique, des
centres qui régulent le fonctionnement viscéral
et émotionnel. La Biodanza® invite l’individu à réunifier perception,
motricité, affectivité et fonctions viscérales.
« L’affectivité est un nutriment essentiel en Biodanza® pour
développer nos potentialités.
» Bruno Ribant
L’individu ne sait
plus comment établir des liens avec les autres. Soit il n’a pas appris à le faire ou/et cela est tellement réprimé
(éducation, culture) qu’il ne s’autorise pas à le faire,
ou bien alors encore ses souffrances relationnelles sont telles qu’elles le parasitent pour aller vers l’autre. L’être humain a besoin de
l’autre pour se développer, pour évoluer, l’identité est
fondamentalement relationnelle et c’est
l’autre qui me révèle qui je suis. L’individu
cherche donc toujours à entrer en relation avec l’autre, même maladroitement. Le petit enfant qui tape son camarade souhaite lui exprimer quelque
chose, se relier à lui, mais il ne
connaît souvent pas d’autre façon de le
faire qu’en utilisant la violence.
- Le ré-apprentissage des fonctions originaires de vie.
Il s’agit là de se reconnecter aux instincts qui sont souvent devenus
effrayants dans la société, le contemporain en a perdu le
sens ! Les instincts permettent de conserver la vie, de la protéger, d’assurer sa continuité
et son évolution, ils sont une expression de la programmation, de
la sagesse biologique. Si le lien aux instincts
est rétabli, l’individu est en mesure de les satisfaire et dès lors, leur force diminue.
« L’autorégulation des instincts a une base
organique constituée d’une infrastructure neuroendocrinienne de grande précision : pour cette
raison, la libération
des instincts ne représente pas un risque, mais au contraire, récupérer dans son propre style de vie une cohérence
avec ces impulsions innées est une façon naturelle de répondre harmonieusement aux
nécessités organiques et
donc de conserver la santé. Il s’agit de regarder l’instinct comme une perspective poétique d’exaltation de
la vie. » R. T.
Permettre à l’individu une reconnexion à
ses instincts, dans un contexte de groupe
intégré affectivement, va le conduire à mettre en lien et en cohérence son style de vie et ses besoins fondamentaux pour plus de
santé. Le contexte affectif est
fondamental. En effet, si les instincts ne sont pas reliés à la capacité
de l’être humain à éprouver de la tendresse, de l’amour pour l’autre, ils sont pervertis et ne remplissent plus leur rôle de
préservation de la vie.
Lorsque je suis
devenue facilitatrice de Biodanza®, j’ai très
vite réalisé qu’il était urgent pour moi de concevoir une définition
de la Biodanza® qui soit abordable par tous,
simple et en même temps fidèle à ce qu’elle est ! Au téléphone,
difficile de donner la définition officielle et de la développer sans que cela soit indigeste ! Voici
celle que je pourrais retenir parmi d’autres :
« La Biodanza® invite l’individu à un processus
d’évolution alliant musique, mouvement et ressentis. La Biodanza®
propose à l’individu de se laisser toucher par
des musiques spécifiquement choisies pour stimuler
l’intelligence de vie en lui afin qu’elle se
réveille et s’exprime dans ses gestes. Alors, un mouvement spontané et vivant, générateur de joie de vivre et de
liens nourrissants se déploie pour plus de
bien-être et de santé. »
La Biodanza® est
pour moi avant tout une expérience intérieure à vivre, les mots sont insuffisants pour relater ce qui peut se vivre lors d’une vivencia.
« C’est quelque
chose de plus grand que notre capacité d’expliquer. » Raul Terren.
La musique
agit et mon corps se meut pour mon plus grand plaisir, le sourire vient à mes
lèvres, des frissons de volupté parcourent ma peau, des regards me réchauffent en profondeur et le présent se fait délice,
tendresse, légèreté, amusement,
douceur,...plus rien n’existe que le précieux de cet instant de vie où tout est possible I
4. Son positionnement
La Biodanza® a fait le choix de s’occuper de la partie saine et « lumineuse » de
l’individu : créativité, capacités expressives, joie... faisant le pari que si la partie « lumineuse » se
développe, elle laissera moins de place à la partie pathologique et « sombre » de l’individu. Il ne s’agit pas de laisser de côté l’ombre mais bien plutôt de choisir
la direction de la lumière pour
développer son potentiel.
Rolando partage la
vision optimiste de Carl Rogers de l’être
humain. Selon ce dernier, un docteur en
psychologie qui a profondément influencé tout le courant
de la psychologie humaniste :
« Lin des concepts les plus révolutionnaires qui soit sorti de notre expérience clinique est la reconnaissance
accrue que le centre, la base la plus profonde de la nature humaine, les couches les plus intérieures de
sa personnalité,
le fond de sa nature « animale », que tout ceci est naturellement positif, fondamentalement socialisé, dirigé vers
l’avant. »
La Biodanza® ne se
définit pas comme une psychothérapie, elle ne va pas dans le sens du soin
et ne s’occupe pas du symptôme. Les mécanismes d’action de la Biodanza® agissent par la stimulation de la partie
saine de l’individu et du groupe, elle
renforce ainsi les fonctions d’intégration (unité psycho-physiobiologique).
Elle ne prétend
donc pas guérir des pathologies. Cependant, elle revendique
des effets thérapeutiques indirects au niveau de la physiologie et de la psychologie de l’individu. Par exemple, gr8ce à la
transe, il est possible de parvenir à la
restauration de modèles de réponses physiologiques saines quand ils sont altérés. Les souffrances qui jalonnent la vie de l’individu peuvent être ainsi conjurées,
compensées et transformées.
Chez des personnes
dites « normales », la Biodanza® conduit à une réhabilitation
existentielle. Elle ouvre la perception que la vie est un miracle et,
qu’en tant qu’être vivant, je suis un
miracle ! Elle redonne du sens à notre vie à travers les trois questions existentielles qu’elle
propose de clarifier : avec qui est-ce
que je veux vivre ? où est-ce que je veux vivre ?
qu’est-ce que je veux faire
dans ma vie ? En trouvant les réponses à ces questions et en les mettant en œuvre dans sa vie lors d’une transformation existentielle, l’individu va vers un mieux-vivre.
La
réhabilitation classique travaille sur le problème,
met l’accent sur le symptôme. La Biodanza®
va agir sur la motricité reliée au centre affectif parce qu’un réel changement dans le style de vie, dans
l’évolution de la personne passe par un
changement du schéma corporel. Les altérations psychologiques sont en correspondance avec des aspects moteurs : névrose
obsessionnelle (rigidité motrice, méticulosité
des gestes, actes compulsifs...), dépression (dissociation émotions
et expression). En agissant sur l’aspect moteur et
sensitivo-moteur, des portes peuvent s’ouvrir pour des évolutions
psychologiques.
Dans
des groupes spécifiques : personnes âgées, femmes enceintes, malades de Parkinson, adolescents en rupture,... la Biodanza® peut
apporter une aide pour soutenir d’autres
démarches. Et avec les enfants, elle permet
une éducation biocentrique dès le plus jeune 8ge, c’est-à-dire une éducation basée sur le respect et la
préservation de la vie pour aller vers un mieux-vivre avec soi-même, avec les autres et avec le monde.
Enfin,
la relation participant-facilitateur est
empreinte d’affectivité, elle peut se décrire comme un lien d’ami à
ami, d’être humain à être humain. Elle va alors
pouvoir soutenir et accompagner au mieux la personne dans son processus de transformation. De même, il n’existe pas de Biodanza®
en individuel, l’identité se construit dans
le rapport au monde, soutenu et encouragé par le regard de l’autre (cf. Jean Piaget) et il n’est donc pas possible
d’évoluer en solitaire. Le groupe constitue
une matrice affective facilitant la renaissance
de l’individu en lui apportant sécurité,
amour et confiance. L’affectivité est le noyau intégrateur de l’identité et, dès lors, toutes les relations en
Biodanza® (avec le groupe, avec le
facilitateur) en sont empreintes.
5. Son
inscription au sein du principe biocentrique
Ce concept inventé
par Rolando met la vie au centre de tout
l’univers. Le paradigme
actuel se modifie totalement : c’est tout
l’univers qui est organisé en fonction de la vie et non le contraire. Ainsi que l’indique Rolando :
« La matière vivante est capable de s’organiser de
façon autonome, à partir des molécules simples, au travers de réactions de biosynthèse et
de décomposition.
»
De même, elle est
aussi capable de se répliquer sur la base d’un code
préétabli (le code génétique). Ainsi, c’est la vie qui
s’organise pour être et qui se démultiplie elle-même,
elle fait preuve d’une autonomie que l’Homme
semble oublier. Elle
nous apprend qu’elle a l’intelligence nécessaire pour s’auto-générer continuellement.
Les êtres vivants
sont eux-mêmes capables d’ « autopoïèse » selon le scientifique
Maturana, d’auto création. Les cellules savent ce qu’elles ont à faire pour s’organiser et créer des organes, des tissus, etc...
Et chaque cellule porte en elle les
informations génétiques nécessaires à la reproduction du processus destiné à créer un nouvel organisme structurellement
conforme à la génération précédente. La vie montre son pouvoir créateur à travers tous ces phénomènes, et plus magnifiquement encore
dans le processus de différenciation
évolutive : les espèces sont différentes les unes des autres et à l’intérieur d’une même espèce, il n’y
a aucun être vivant semblable à un autre, chacun
est un exemplaire unique.
Rolando part de la
vivencia de la vie pour se questionner sur
l’origine du cosmos. Tout ce qui existe dans l’univers fait partie
d’un système vivant unique.
« Selon
le principe biocentrique, l’univers existe parce que la vie existe, et non le contraire. » R. T.
L’univers pris en
tant qu’organisme à part entière peut être lui-même
générateur,
créateur de vie. Son existence engendre la vie. A l’intérieur, la vie emprunte
plusieurs chemins pour s’exprimer à travers des formes variées.
A
partir de cela, tous nos gestes sont l’expression mime de la vie et cherchent à mettre plus de vie dans la
vie, c’est là leur essence première. Comment protéger la vie en nous et la laisser « parler » ? Comment favoriser la priorité au vivant et donc à
la créativité existentielle ?
Il s’agit alors d’ « être le sens même de sa propre existence
comme le danseur est
lui-même rythme et harmonie. » R.T.
Dans notre vie de
tous les jours alors, comment se met en forme le principe
biocentrique ? Selon Bruno Ribant,
c’est « mettre le respect de
la vie au centre de
nos valeurs » dans tous les domaines
de notre vie : favoriser la santé de la Terre
Mère en mangeant et achetant biologique, en cultivant biologique, en construisant avec des matériaux écologiques
pour préserver les ressources de la terre,
recherchant une qualité de vie proche de la nature dans laquelle la connexion à la vie est facilitée, utilisant
moins sa voiture et plus les transports en commun pour moins polluer, exerçant
le métier aimé plutôt que le plus rentable.
« L’utilitarisme étant le fondement de ce monde,
toute activité qui ne produit pas est une perte de temps, sauf pour quelques privilégiés. »
Pierre Rabhi
Pouvoir renforcer
assez son identité profonde permet de s’affranchir
des rôles culturels, sociaux, éducatifs que la société confie
au contemporain au profit de l’intelligence
de vie existant en chacun. Il apparaît fondamental d’envisager
la réconciliation de la nature et de la culture, c’est ce qu’essaie de réaliser l’éducation
biocentrique en permettant l’expression de l’identité, la rééducation affective et la connexion au sacré de la vie.
6. Sa méthodologie basée sur la vivencia
Il convient sans aucun
doute de définir le terme de vivencia.
Il désigne ce temps
privilégié et protégé au sein du groupe où intérieur et extérieur vont se relier de manière particulièrement
forte. Cet espace prend place petit à petit à l’intérieur de
l’individu. Il peut ainsi être « emmené » dans le quotidien et permettre que la vivencia soit
présente dans toutes les facettes de la
vie de chacun. Ce temps débute dès l’entrée
dans la salle de cours de
Biodanza® et
concerne aussi bien le récit vivenciel (temps de parole reliée aux ressentis), que le temps de danses et d’exercices d’environ 1 h 30 durant lequel les mots sont mis en veille. La séance de Biodanza®
propose au participant un lieu dans lequel il va
pouvoir, selon une méthodologie précise proposée par le facilitateur, et en fonction d’un respect profond pour ce
qu’il est, approfondir de façon concentrée l’expérience de la vie. Au sein d’un
groupe dans lequel la confiance va petit à petit
s’instaurer, la personne va oser laisser émerger ce qu’elle est au plus profond
d’elle-même, loin de
l’éducation, de la culture. Ce laisser-faire loin
du mental va ouvrir la porte à la vivencia !
Et la vivencia, c’est ce vécu intense
ici et maintenant d’être vivant. C’est Wilhelm
Dilthey, un philosophe allemand qui propose le premier ce concept exprimé par le terme allemand Erlebnis qu’il définit comme « quelque chose de révélé dans le complexe psychique, de donné dans l’expérience interne
d’une façon de
vivre la réalité pour un individu. »
Rolando
redéfinit ce concept de vivencia comme « une expérience vécue avec une grande intensité par un individu dans le moment présent, qui englobe la cénesthésie, les fonctions
viscérales et émotionnelles. Les vivencias confèrent à l’expérience subjective de chaque individu la palpitante qualité existentielle du vécu ici et
maintenant. »
La vivencia, c’est la
sensation globale de se sentir vivant, une perception intense et intime d’être
soi, de se sentir unique et en lien avec tout ce qui existe. Elle s’élabore dans le corps en dehors du temps,
de la mémoire et de l’apprentissage.
Elle a un pouvoir de réorganisation parce qu’elle connecte
l’homme à une expérience
originelle de son être profond, antérieure à la conscience.
Relié à cette intelligence de vie en lui, il peut connecter bien-être, plaisir de vivre, joie de vivre. La méthodologie de la
Biodanza® a pour objectif d’induire des
vivencias intégrantes dont l’effet
est harmonisant, revitalisant.
« Les vivencias
ont pour but l’intégration et le développement humain par la stimulation des fonctions archaïques de
connexion à la vie, puisque la vivencia est l’expression psychique immédiate de ces fonctions. » R. T.
Au cours d’une
classe de Biodanza®, les vivencias se
renforcent selon les modalités décrites par
B.F.Skinner, elles sont associées à des situations plaisantes (joie, tendresse, détente,...) et selon ce psychologue
behavioriste, un
apprentissage est plus stable lorsqu’il
est encouragé à partir du « positif » plutôt qu’en cherchant à
supprimer le « négatif » (haine, égoïsme, violence). L’apprentissage se fait dans la vivencia sur trois niveaux : cognitif, vivenciel et viscéral. En touchant ces trois niveaux, la Biodanza®
permet de retrouver une intégration
comportementale : rationnelle, émotionnelle et viscérale. La priorité est donnée à la vivencia pour aller des émotions aux
significations. En effet, la compréhension
mentale vient après la vivencia car cette dernière suffit déjà en elle-même, elle a une
valeur intrinsèque et un effet immédiat d’intégration. Elle ne nécessite donc pas une analyse ou une interprétation
psychologique. Ses effets s’élaborent directement dans les organes, les glandes
endocrines et les neurotransmetteurs.
Je peux témoigner de
ce vécu de la Biodanza®. Je suis issue, de par ma formation en psychologie, d’un milieu s’appuyant essentiellement sur la pensée, la conscience. Or, avec la Biodanza®,
j’ai pu expérimenter que mon comportement se transforme malgré moi, par des changements subtils qui
ne passent pas par la
conscience, en tous les cas pas dans un premier temps. Je m’aperçois que mon attitude est
différente dans les faits et là alors, le miroir de la conscience me permet de mettre du sens sur
cette transformation. Je fus
très troublée au départ de constater que les changements passaient par mon corps et la
vivencia et non par la parole. J’apprends sur moi non par la pensée mais par mes sensations
viscérales, émotionnelles.
Je ne suis plus observatrice mais je suis au cœur de l’expérience, je suis sensations et
perceptions.
Les
caractéristiques de la vivencia sont les suivantes : l’antériorité à la conscience,
l’expression originaire de soi-même, la spontanéité, la subjectivité (difficilement communicable), l’intensité variable, la
temporalité (passagère : par exemple une vivencia de plénitude, de sécurité, de
puissance), les émotions (elle génère souvent des
émotions), la dimension cénesthésique (tout l’organisme est concerné), la dimension ontologique, la dimension
psychosomatique (en relation avec le processus
de transmutation du psychique en organique et vice et versa).
Chaque vivencia est
une aventure où tout l’être est impliqué, là dans l’instant. Elle nécessite une ouverture à l’expérience
d’être totalement soi au sein du
groupe et de l’univers afin de pouvoir ensuite « emmener
» avec soi cette expérience dans le monde du quotidien.
7. Son modèle théorique
Un modèle théorique, c’est une image construite
de la réalité. Celui-ci s’est inspiré
d’expériences cliniques en milieu psychiatrique sur des patients pour humaniser leurs conditions d’internement. Il constitue une base cohérente sur laquelle
s’appuie
la Biodanza®.
A la naissance, le
bébé possède un potentiel génétique propre qui, selon le milieu dans lequel il va grandir, est plus ou moins
inhibé, développé ou exprimé. La Biodanza®
offre alors un espace dans lequel ce potentiel va pouvoir trouver toute son expression. Chacun expérimente ses richesses et
les fait grandir.
Pour que le
potentiel humain puisse s’exprimer
pleinement, il est nécessaire de développer
cinq lignes de vivencia : la Vitalité, la Sexualité, la Créativité, l’Affectivité et la Transcendance. Elles sont ici classées dans leur ordre de répression au sein de notre société, de celle qui
est la plus facilement exprimée à celle qui
est la plus étouffée.
En faisant une expérience de plus en plus large de son potentiel grâce à la pleine expression de ces cinq lignes, l’individu
entame un processus d’évolution. Il va vers de plus en plus
d’intégration, à savoir vers une unité plus grande de qui il est, de son identité. Il unifie ses pensées,
son cœur et ses actions pour plus de cohérence
existentielle. Son identité s’en trouve renforcée, il se rapproche un peu plus de sa nature
essentielle. Cette expérience de soi se fait à
l’intérieur d’un continuum pulsant (comme la vie) entre une Conscience
Intensifiée de Soi (un niveau élevé de notre conscience corporelle, un élargissement de notre perception du monde) et une
Régression (dans le sens d’un retour à notre
origine, une reconnexion à l’intelligence de vie en soi accompagnée d’une diminution de la
perception des limites corporelles) à l’intérieur
de chaque ligne de vivencia. Les lignes sont
liées entre elles et elles se potentialisent les
unes les autres.
Dès lors, à
l’intérieur d’une vivencia, les exercices ou danses proposées sont un ensemble d’éco-facteurs
(éléments de l’environnement)
positifs destinés à venir stimuler le développement des potentialités dans le
continuum indiqué ci-dessus au travers des 5
lignes de vivencia. Il est fondamental alors de savoir que les éco-facteurs les plus puissants sont les autres êtres
humains ! L’ensemble
des systèmes qui composent l’individu vient se mettre en corrélation pour une meilleure unité du système global assurant alors une
meilleure stabilité de celui-ci. L’objectif de ce développement du potentiel humain étant l’intégration,
une cohérence de la nature profonde de chacun.
8. Ses cinq lignes de vivencia
Pour permettre à l’identité d’exister
pleinement, la Biodanza® propose à l’individu
d’explorer son potentiel, de le manifester le plus largement possible au travers de cinq lignes de vivencia : la Vitalité, la
Sexualité, la Créativité, l’Affectivité et la
Transcendance. Ces lignes ont été
déterminées par Rolando après une enquête menée
auprès de 300 personnes concernant les aspects de leur vie qui leur permettraient d’aller vers plus de
joie, de bonheur, de plénitude existentielle.
Après avoir regroupé et analysé les réponses, Rolando a établi cette classification en 5 lignes. Elles ont toutes une
base génétique et elles sont toutes liées à un
comportement instinctif.
Durant les six
premiers mois de la vie, le bébé va mettre en place des modèles de réponses aux stimulations de l’environnement et d’entrée en communication avec son environnement. Ces réponses
dépendent des premières sensations organiques (protovivencias) du
bébé et vont influencer sa façon d’être au monde.
-
La Vitalité : liée à l’instinct de
conservation, la vitalité dépend de la liberté de mouvement laissée au bébé et du respect de ses
rythmes de veille et de sommeil. Elle s’exprime dans la capacité de
l’individu à se mettre en action et à
écouter ses besoins de repos. Une personne «
vitale » a de fortes motivations pour vivre et elle a une énergie suffisante pour agir.
La Biodanza® agit sur la vitalité par l’autorégulation (équilibre neurovégétatif) et la rénovation cellulaire.
Elle permet d’élever la joie de vivre, stimule l’expression de
l’élan vital et intensifie la conscience de
soi.
-
La Sexualité : liée à l’instinct de
reproduction, aux protovivencias de contact,
de plaisir émanant des caresses, de la succion du sein maternel. Cette ligne concerne la capacité à éprouver du
désir, du
plaisir, sans
culpabilité. Il s’agit de retrouver un style de vie hédoniste, de savourer chaque
geste.
La Biodanza® renforce la
sensibilité pour ouvrir la porte du plaisir, explore
le corps comme propre source de plaisir, elle aide à dissoudre les cuirasses « caractérielles »
défensives.
-
La Créativité : liée à l’instinct exploratoire, aux protovivencias d’expression, de
curiosité, de t8tonnements du langage, de changements
de réaction face à l’environnement. Elle
permet l’adaptation de manière générale pour poursuivre le
développement et l’évolution des espèces
vivantes. En renforçant l’estime de soi, la Créativité permet de libérer les mouvements pour aller
vers la transformation, l’innovation.
La Biodanza® permet de développer ses
intérêts artistiques, d’oser
modeler son existence-même pour l’embellir.
-
L’Affectivité : liée à l’instinct grégaire, aux protovivencias d’alimentation, de faim, de contact et de chaleur
affective, de communication avec les personnes proches. L’amour permet de développer un sentiment de sécurité nécessaire pour entrer
en relation avec le monde avec élan.
L’affectivité est cet état d’affinité
profonde envers les êtres (altruisme, amitié,
amour mais aussi jalousie, rage).
La
Biodanza® contribue
à diminuer la peur d’aimer, développe la notion de partage, augmente la confiance en soi. De
nombreuses situations
de rencontres permettent de trouver de nouvelles formes de relations plus
réciproques et plus équilibrées dans la vie de tous les jours.
-
La Transcendance : liée à l’instinct de
fusion avec la totalité, aux protovivencias de plénitude et d’harmonie avec
l’environnement (flottement dans le
liquide amniotique). Cet aspect du potentiel permet à l’individu de dépasser sa
seule perception de lui-même pour se sentir relié à quelque chose de
plus vaste, à la nature, à l’essence des choses, à
tout ce qui existe, pour connecter cette sensation de faire partie de la Création.
La Biodanza® permet à litre humain un lien plus harmonique avec le monde, éveille une attitude écologique,
un respect de la nature et de
l’environnement.
Chacune
des lignes est présente dans toute vivencia. Selon le milieu dans lequel la personne a évolué dans l’enfance et son potentiel propre, une ligne aura été plus ou moins mise en valeur, inhibée, réprimée. Or,
comme l’identité de l’individu est en
constante création, à chaque instant de la
vie, il est possible d’agir sur son potentiel
pour lui donner une possibilité d’expression supplémentaire,
gage d’une meilleure intégration.
9. Son processus : l’intégration de l’Identité
Les conflits
personnels, la culture conduisent l’homme contemporain à des dissociations (entre la vie et le travail, entre l’homme
et la nature, entre le haut et le bas du corps, entre ce
que je sens et ce que je fais,...) génératrices de mal-être, de maladies. En réunifiant pensée,
affectivité, émotions et motricité, la Biodanza®
invite à plus d’harmonie et d’authenticité existentielles.
En Biodanza®,
l’identité se définit comme la
sensation émouvante et intense d’être vivant,
de se sentir unique et en lien avec tout ce
qui existe. Elle est la capacité à être soi dans
n’importe quelle situation, sans masque. L’identité est la singularité de l’être humain, l’ensemble des qualités personnelles et fondamentales
d’un individu qui font que personne ne peut le remplacer, qu’il manque s’il
n’est pas dans le groupe et qu’il y a sa place de par son existence-même.
« L’identité est notre essence. Elle est, selon
Saint-Augustin, le
plus intime de ce
qui est intime. Elle est le centre à partir duquel je sens le monde et me différencie de lui. Elle est en même temps
conscience et vivencia d’être. » R. T.
La Biodanza® se
propose de renforcer l’identité de l’individu en agissant directement sur le potentiel génétique. Ainsi, fort de ce
qu’il est, il est moins, pas ou peu soumis aux
rôles sociaux ou culturels que la société lui impose car il est plus connecté à sa nature profonde. En cela, la
Biodanza® est subversive, elle remet en question
les valeurs venues de l’extérieur pour favoriser
celles issues de l’intérieur
de l’individu, liées
au principe biocentrique.
Une identité saine
se révèle au sein de la capacité d’intimité,
de fuite face à une force supérieure, de
feed-back avec la réalité, de perception du semblable
comme unique,
différent et ayant une valeur intrinsèque,
de l’absence d’agression gratuite,
d’autoritarisme, d’esprit de compétition. L’expression de l’identité permet un rééquilibrage de l’organisme et de nos
fonctionnements.
« L’organisme
sain serait celui qui accueille les écofacteurs qui renforcent son unité et rejette ceux qui la mettent en
danger. » C’est ainsi que Rolando
définit la santé.
L’intégration de
l’identité est la
capacité de l’homme à surmonter les dissociations
et à être un, unifié et cohérent dans son ensemble. Elle contribue à la santé de ce dernier.
Enfin, l’identité
est relationnelle, c’est à travers l’interaction entre les personnes que se
produit le processus d’évolution, de croissance. C’est avec la présence du groupe que
chacun va pouvoir s’auto-créer à chaque vivencia.
« Notre identité se révèle en
présence de l’autre. » R. T.
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Freud est à l’origine de la découverte de l’inconscient personnel qui contient l’histoire, la
mémoire singulière des faits de l’enfance. C.G. Jung décrit l’inconscient collectif en particulier avec les archétypes qui relient l’homme à la mémoire de l’espèce, du vécu et de l’évolution des
individus.
Selon Wilhem Reich,
l’inconscient est constitué par le corps et ses organes et la répression politique et sociale est la cause
principale des maladies psychosomatiques et des
tensions musculaires et viscérales. En étouffant les instincts et les émotions, la répression crée tout d’abord des
tensions musculaires (cuirasses).
Pour Rolando, il existe un autre inconscient, l’inconscient vital qu’il
loge dans le corps lui aussi, soit un psychisme des cellules,
des tissus et des organes qui obéit à une
tendance globale à la conservation présente chez les êtres vivants. Cet inconscient se nourrit de la mémoire de
l’univers et est fonction de l’évolution de la
vie. La biologie cellulaire a pu mettre en
évidence un comportement autonome des cellules.
« Le terme « psychisme » fait allusion à l’analogie entre le comportement autonome des cellules et notre comportement
psychique, il accomplit des fonctions similaires à nos fonctions psychiques : les cellules ont une
forme de mémoire,
manifestent des affinités et des rejets, une solidarité entre elles et utilisent de multiples formes de
communication. » R. T.
Cet inconscient va
coordonner les fonctions de régulation organique et l’homéostasie. Son autonomie est large par rapport au
comportement humain et à la conscience. Sa manifestation dans la vie
quotidienne se traduit par l’humeur endogène,
le bien-être cénesthésique et l’état
général de santé.
« C’est le désir de vivre qui rend compte de
l’état de santé de l’Inconscient Vital. Ce désir dépend du psychisme cellulaire, du désir des cellules et
non d’une volonté
consciente. » R. T.
Il est possible
d’accéder à l’inconscient personnel par les lapsus, les rêves, les associations, à l’inconscient collectif par l’analyse
du répertoire archétypique du patient, les
travaux sur les mythes.
« La vivencia est la voie d’accès immédiate à l’inconscient vital. » R. T.
Les vivencias
permettent une action au niveau physiologique et viscéral. Les danses et exercices suivants sont les moyens d’accès les plus directs à l’Inconscient Vital : les
caresses, les jeux, les danses dans la nature, celles qui réveillent les instincts. En proposant des danses qui
touchent directement l’aspect physiologique,
les cellules, la Biodanza® est un puissant instrument de transformation qui améliore l’humeur, le bien-être physique et l’état
de santé.
Les trois inconscients sont liés et, même si la Biodanza® privilégie
l’action sur l’inconscient vital, elle agit également sur l’inconscient
personnel (exercices de segmentaires : dissolution des cuirasses corporelles) et sur
l’inconscient collectif (positions génératrices :
archétypes).
11. Ses effets
physiologiques
La Biodanza®
cherche bien sûr plutôt à agir sur l’hémisphère droit du cerveau, spécialiste des processus et ordonnancements non
linéaires contrairement à l’hémisphère gauche
qui est lui plus concerné par les
ordonnancements
linéaires, le langage. Pour aller vers cet objectif, la Biodanza® n’utilise pas le langage verbal, elle stimule la
sensibilité tactile, la perception musicale
contrairement à la culture contemporaine.
Toute la région
limbique représente le fond neurodynamique
de l’instinct, des émotions et du «
tonus vital » (euphorique, dépressif), lequel est inhibé, contrôlé et modulé à
partir du cortex cérébral.
Le cortex cérébral
est le siège de la pensée, de la conscience et de la réflexion, il contrôle
l’activité motrice volontaire et coordonne également l’activité viscérale. Il inhibe l’ensemble des structures
formant le cerveau primitif : instincts,
fonctions viscérales et automatiques.
Dans la danse, le
cortex ordonne les mouvements contrôlés par la volonté et guidés par la pensée alors que d’autres sont plus
impulsifs, liés à l’affectivité, à l’émotion.
L’adaptation à la
vie se fait par le système intégrateur-adaptateurlimbique- hypothalamique
(SIALH). Il est étroitement lié à l’expression
des instincts, des vivencias, des émotions et des affects. Il
influe sur le cortex cérébral mais ce dernier
a également des fonctions d’inhibition sur lui. En Biodanza®, on induit une diminution temporaire de la
fonction inhibitrice du cortex cérébral soit par
la suspension provisoire du langage verbal, soit par le ralentissement de l’activité visuelle (yeux fermés) et de
la motricité volontaire (ralentissement) pour
permettre une plus grande expression des impulsions limbique-hypothalamiques.
Le système nerveux
autonome est constitué de deux sous systèmes : le sympathique et le parasympathique qui exercent une action
complémentaire et équilibrée. Ce système a
en charge les fonctions involontaires qui servent à la conservation de la vie : activité
cœur, poumons, organes sexuels... Le système sympathique
agit en stimulant la circulation pour faire face aux situations d’urgence, de défense. Le parasympathique agit lui comme
un inhibiteur de ces fonctions. Ces deux systèmes sont inhibiteurs l’un de l’autre. L’appareil digestif, la
détente, le sommeil se voient stimulés par le parasympathique et inhibé par le sympathique. En Biodanza®, on stimule donc l’un ou
l’autre des systèmes pour contribuer à
stabiliser l’équilibre neuro-végétatif souvent
perturbé par le style de vie contemporain très solliciteur du système
sympathique.
Il existe une
relation organique parfaite entre la psyché, le système nerveux, les glandes endocrines et le système immunitaire.
Certains
effets provoqués par les vivencias de Biodanza® (par exemple stimulation du plaisir cénesthésique) sont analogues à
ceux produits par l’action de certains
neurotransmetteurs et hormones. Une relation entre le système psycho-neuro-endocrinien et le système immunitaire a été
démontrée scientifiquement. Elle est
volontairement induite par la pratique de la Biodanza®.
Je
terminerai ce chapitre par quelques phrases de Rolando qui me paraissent dire l’essentiel
sur le sens de la Biodanza® :
« La danse comme le chant et le cri, est une des conditions innées de l’être humain. La première connaissance du monde,
antérieure à la parole, est celle qui arrive pour chacun de nous par le mouvement. Dans un sens originaire,
la danse surgit
de la profondeur de l’être humain ; elle est mouvement de vie, d’intimité, elle est impulsion d’union à
l’espèce. » R. T.
« La base conceptuelle de la Biodanza® vient
d’une méditation sur la vie, du désir de renaître de nos gestes dépecés, de notre structure répressive
vide et stérile ; ceci provient certainement de la nostalgie de
l’amour. » R.
T.
« Nous sommes
trop seuls, au milieu d’un chaos collectif. Il y a une façon d’être absent avec toute notre présence. Dans
l’acte de ne pas regarder, de ne pas écouter, de ne pas toucher l’autre, nous le dépouillons
subtilement de son
identité ; nous sommes
avec l’autre mais nous l’ignorons. » R.T.
« Célébrer la
présence de l’autre, l’exalter dans l’enchantement essentiel de la rencontre est souvent l’unique possibilité
saine. La Biodanza® participe ainsi à une vision différente. Elle propose la recherche d’une nouvelle façon de vivre en réveillant notre sensibilité
endormie. » R.T.
1. La place de la Créativité dans la société
De façon générale,
la Créativité n’est pas forcément très favorisée dans la culture contemporaine française. On peut observer que
dans les milieux scolaires, la Créativité
a sa place à la maternelle mais dès l’école primaire, peindre n’est déjà plus considéré comme sérieux !!! Et donc cet aspect-là de l’individu est négligé, étouffé, mis de côté. Plus tard,
si le jeune s’oriente vers une section « art » (et c’est en voie de suppression en collège et lycée à l’éducation
nationale !), il a de nouveau l’occasion d’aller explorer cette capacité mais à cette seule condition et dans des orientations
bien particulières, en fonction de certains courants de pensée ! A moins de
fréquenter une école d’orientation Steiner,
Montessori...
« L’acte créateur est toujours le résultat
expressif, visible, de l’acte de vivre. » R. T.
Cette phrase
traduit pour moi l’importance de la place que devrait occuper la
Créativité dans la vie d’un individu. Elle fait partie intégrante du processus
de vivre. Tout est création, chacun de nos gestes, chacune de
nos pensées, chacune de nos entreprises.
Tout contribue à la création de soi, du monde. Tout participe au déploiement du vivant. La pulsion créatrice de l’homme
est pulsion de vie et elle s’inscrit dans un contexte plus large, celui de
l’univers avec lui-aussi sa propre force créatrice.
L’univers dans son entier pulse et de par ce mouvement-là,
il engendre l’être humain qui est lui-même
animé par une pulsion, une force qui s’exerce au plus profond de lui et qui le
pousse à accomplir une action dans le but d’exprimer qui il est.
« Si l’acte de vivre est une des manifestations subtiles du
mouvement porteur d’un
univers organisé à partir de la vie et en constante « création actuelle », la créativité humaine peut être
considérée comme une extension de ces mêmes forces bio-cosmiques s’exprimant à travers chaque individu de manière singulière. »
«Nous sommes
le message, la créature et le créateur, tout à la fois.» R. T.
2. Le jeu : origine de la Créativité
- L’Espace Potentiel
ou Aire Transitionnelle
Le petit enfant,
pour avoir la sensation de contrôler un peu ce qui est au dehors, pour avoir
une prise sur l’extérieur, doit réaliser
des choses, pas juste penser ou désirer, il lui est nécessaire de faire. Jouer, c’est faire
! Se mettre en action !
Au tout début de
la relation entre la mère et l’enfant, il existe
un espace que le
psychanalyste D.W. Winnicott a appelé l’espace
potentiel.
« L’espace potentiel, un lieu qui n’est ni en
dehors de l’enfant, ni à l’intérieur de celui-ci, c’est dans
cet espace qu’advient le jeu, il est universel et traduit une bonne santé, il facilite d’ailleurs
la croissance. »
C’est en jouant que le petit enfant va établir des relations
avec l’extérieur, le monde, les autres. La capacité de jouer reflète une identité «
saine ».
Cet espace
potentiel entre le bébé et la mère va les mettre en lien, il permet que le jeu advienne. Par le jeu, l’enfant va
s’assurer que la relation avec la mère
est fiable, que la mère est bien là avec son amour. Au départ, la mère va s’adapter à l’enfant dans la relation, puis petit à petit, elle va introduire ses propres idées et va alors pouvoir naître un jeu en commun
au sein de la relation.
« Le jeu est alors envisagé au sens d’une relation de confiance capable de
se développer entre le
bébé et la mère. En arrière fond au jeu, il y a donc l’amour, c’est la base sans laquelle le jeu
n’est pas possible. » D.W. Winnicott.
J’ose un parallèle entre l’espace transitionnel et l’espace de la vivencia, ce dernier peut être assimilé à ce
lieu qui n’est ni dehors, ni
dedans, un champ d’expériences qui se
réalisent dans un espace
protégé, au sein d’un
groupe dans lequel la confiance s’installe progressivement, avec un facilitateur dont l’attitude affective
rappelle l’amour de la mère. La vivencia peut alors constituer cette base réactualisée qui offre
la possibilité à l’émergence du jeu. Les
participants peuvent « rejouer » des
expériences et ainsi s’auto-créer, renaître à chaque vivencia.
« Jouer est un acte spontané, non l’expression
d’une réponse
à une demande. »
D.W. Winnicott
L’enfant qui joue
est totalement plongé dans cette expérience, il accepte difficilement de quitter cette aire-là et il n’admet pas facilement que quelqu’un s’invite
à l’intérieur de ce lieu. Pendant une année, j’ai accompagné
une personne dans mes ateliers d’art thérapie
qui avait beaucoup de mal à sortir du temps de création.
Elle disait entrer dans une bulle, un cocon à elle, en elle, duquel elle n’avait ensuite plus envie de sortir tant elle y était
bien. L’atelier lui permettait de se remettre en lien avec cette aire intermédiaire
entre dedans et dehors. Au cours de l’année, il lui a été de moins
en moins difficile de sortir de cette aire qui n’appartient ni à l’espace psychique interne de l’enfant
ni à la réalité extérieure.
« L’enfant y réunit des objets ou des phénomènes
issus de sa réalité extérieure et il les utilise en les mettant au service de ce qu’il vit
dans sa réalité
interne, personnelle. Grace au jeu, l’enfant manipule les phénomènes extérieurs en les mettant au service de ses
rêves. » D.W. Winnicott
Tout individu qui a atteint un stade psychique où il se vit comme une unité comprend une membrane corporelle
délimitant un dehors et un dedans. Il dispose alors d’une réalité intérieure (un monde intérieur, riche ou
pauvre, en paix ou en guerre) et d’une réalité extérieure.
L’aire
intermédiaire, c’est cette troisième partie
dans la vie de tout être humain, lieu d’expériences à
laquelle contribuent simultanément la réalité intérieure
et la réalité extérieure :
«Un espace de
quiétude pour l’homme dont la tache de toute une vie est de maintenir à la fois séparées et reliées la
réalité intérieure et la réalité extérieure. » D.W. Winnicott.
La Biodanza® propose à l’individu de se
sentir de nouveau de l’intérieur,
connecté à ses sensations, ses ressentis, son vécu interne, tout en restant en feed-back avec la réalité
externe, dans un rapport juste au monde. En
cela,
elle contribue à soutenir l’homme dans cette « tâche » citée par Winnicott de garder séparées et reliées le monde
interne et le monde externe en lui
permettant de trouver une aire intermédiaire au sein de la vivencia, l’espace de quiétude !
Etre capable de
jouer, c’est pouvoir faire une expérience créative, elle est une forme
fondamentale de la vie. Le jeu est toujours situé entre subjectif (ce que le sujet perçoit) et objectif (la réalité). Cette
expérience créative s’inscrit dans le temps et dans l’espace et elle est intensément réelle pour celui
qui joue. En effet, lorsqu’il est plongé dans
son jeu, l’enfant est très sérieux, il ne fait pas semblant, il vit totalement ce qu’il est en train de
mettre en scène, en forme. Dans
le temps de la vivencia, ce que vit le participant est bien réel, il vit une nouvelle expérience, ce n’est pas un « faire semblant ». Dans cet espace-temps, le participant va pouvoir trouver une
aire d’expériences semblable à celle du jeu pour l’enfant dans laquelle il va rejouer des
aspects de sa vie.
- Le Jeu et le Corps
Le jeu implique le
corps : une manipulation des objets, une certaine excitation corporelle. La capacité de jouer est en lien
direct avec le sentiment d’exister en tant que
personne, avec l’identité.
A ce titre, en
Biodanza® où la ligne de la Sexualité est explorée, il est fondamental de savoir que
l’excitation corporelle de zones érogènes menace la capacité de jouer et donc le sentiment de l’enfant
d’exister en tant que
personne. Dans la
séduction par exemple, une personne extérieure vient utiliser les pulsions de l’enfant, elle favorise alors la
destruction du sentiment d’exister en tant qu’unité autonome et par là même,
elle rend le jeu impossible ! Dès lors, tout enfant ayant subi des attouchements, ayant vécu un
inceste, un viol va voir sa capacité à jouer
disparaître, c’est l’identité même qui est
alors atteinte et mise en danger et cela est valable pour l’adulte qu’il va devenir.
Pour cette
raison, la Biodanza® sera particulièrement indiquée
pour ces personnes
parce qu’elle renforce l’identité, elle permet de vivre d’autres expériences corporelles qui vont leur
permettre de se réapproprier leur corps
différemment, leurs pulsions, leurs instincts et donc de retrouver une autonomie d’existence. Le jeu et la créativité vont de nouveau
être possibles I
« Même en présence d’une certaine angoisse pour
l’enfant, le jeu est essentiellement satisfaisant. Pour que le jeu puisse être agréable, il ne
doit pas éveiller
de manière excessive les pulsions. Le jeu connaît un point de saturation qui est dépendant de la capacité de
l’enfant à contenir l’expérience qu’il vit par ce jeu. » D.W. Winnicott
Si l’enfant ne peut contenir ce vécu, qu’advient-il ?
Le petit enfant se
défend contre l’angoisse (de solitude, d’endormissement)
gr8ce aux objets et phénomènes transitionnels. Son doudou lui permet de garder présent en lui la présence de la mère
lors de son absence réelle et, dès lors, de faire face à l’angoisse que peut constituer
l’absence de celle-ci.
L’adaptation de la mère aux besoins du petit enfant donne à celui-ci l’illusion qu’une réalité extérieure existe qui correspond à sa propre capacité
de créer. Cette adaptation est nécessaire pour que l’enfant
puisse intégrer qu’il est capable d’avoir un
pouvoir sur les objets ou phénomènes extérieurs. De
ce possible pouvoir sur le monde peut naître la capacité de créer de l’enfant et donc plus tard celle de
l’adulte.
« Il y a ainsi chevauchement entre l’apport de la mère et ce que l’enfant
peut concevoir. » D.W.
Winnicott
- L’Amour et le Jeu
L’espace
potentiel ne se constitue qu’en relation avec un sentiment de confiance de la part du bébé. Ce sont les premières
expériences de la vie (protovivencias) qui prennent place aux premiers stades de l’existence individuelle du bébé, celles qui sont en lien avec les
premières sensations organiques qui vont déterminer l’usage de cet espace. Un lien peut être établi entre
les phénomènes transitionnels (ex : le doudou), le jeu seul, le jeu partagé
(liens avec les autres) et les expériences culturelles (dans la société).
Aussi,
si l’amour n’a pas été présent pour créer ce sentiment
de confiance à l’intérieur du bébé, l’espace
potentiel, donc le jeu et par conséquent la créativité deviennent inaccessibles. Je peux ici relier cet aspect à l’affectivité que la Biodanza® considère comme le noyau intégrateur de l’identité. Au départ c’est l’amour qui permet au bébé de se
construire et c’est sur cette base-là de sécurité qu’il pourra développer les autres aspects de
son potentiel et tendre, plus tard, en tant qu’adulte, vers l’intégration.
- Le Jeu et la
Créativité
C’est
uniquement lorsqu’il joue que l’enfant ou l’adulte est libre de se montrer créatif. Sans jeu, pas de créativité possible. La
créativité en tant que telle est une
particularité de la vie et de l’existence dans
son ensemble. Le
chaos, le non-sens, le déséquilibre sont nécessaires pour pouvoir ensuite se rassembler et exister comme unité, non comme une défense
contre l’angoisse mais comme l’expression
du « je suis », « je suis en vie », « je suis moi-même ».
A
partir d’une telle position, tout devient créatif
! Donner la possibilité à l’informe, aux
pulsions créatives motrices et sensorielles de se manifester, telle est la trame du jeu. C’est sur la base du jeu que s’édifie
toute l’existence expérientielle de l’être humain. Lors de la vivencia, en Biodanza®, c’est au jeu que les participants s’exercent, c’est ce
jeu-là qu’ils expérimentent, ce jeu qui donne forme à l’informe, qui laissent
la parole aux pulsions créatives motrices et sensorielles.
Il ne s’agit pas uniquement du jeu amusant, comme il peut être proposé avec un « maintenant ou jamais » ou un « jeu du miroir », mais il est bien question d’un concept plus large, de ce jeu
spontané, de cette implication totale du
corps qui advient comme émergence d’une forme, d’un nouvel ordre.
- du Jeu au « Je »
« Qu’est-ce qui fait que l’individu se sent «
vivant », au-delà de l’adaptation à son environnement ? »
Du jeu au je !!! Voilà toute l’expérience de mon métier d’art thérapeute. J’ai pu observer depuis 10 ans comment du jeu (émergence de formes libres par la création avec la matière), possible dans un espace
transitionnel « recréé », advient le sujet.
Le « je » se construit petit à petit dans cette expérience de mise en forme de la matière,
l’identité trouve ses contours et peut émerger
puis se renforcer.
La création, c’est
toute une attitude face à la réalité extérieure, un mode créatif de perception qui donne à l’individu le sentiment que la vie vaut la peine d’être
vécue par rapport à une relation de soumission à la réalité extérieure où l’individu doit s’ajuster et s’adapter avec dès lors un sentiment de futilité où rien n’a d’importance.
« bans des
situations de vie extrêmes (camp de concentration, persécutions politiques...),
seules certaines personnes continuent à rester créatives, ce sont
celles qui souffrent, qui conservent cette part d’humanité en elles. » b.W. Winnicott
La destruction
complète de la capacité de l’individu à vivre
une vie créative semble impossible, il existe toujours en lui une
vie secrète mais insatisfaisante car cachée,
non exprimée. Cependant, elle ne s’enrichit
pas au contact de l’expérience de la vie ! La pulsion créative existe en chacun qui pose un regard sain sur tout ce qu’il voit ou qui fait volontairement quelque chose pour en goûter la saveur.
Quand quelqu’un
arrive dans mes ateliers ou dans les entretiens individuels que je propose, je ne doute jamais de sa capacité à jouer,
à créer. Je sais qu’il me
suffit juste de lui offrir un espace « transitionnel » qui n’est ni dedans ni dehors,
que nous allons créer ensemble dans une confiance s’installant dans le temps. L’espace offre un non-jugement, une bienveillance, une
confidentialité, un
respect, une
liberté qui vont être propices à la création de cette confiance, comme le bébé qui a besoin de celle-ci pour s’autoriser à jouer. Selon les personnes, le temps pour construire cet espace sera plus
ou moins long. Dans ce lieu, l’individu va pouvoir rejouer l’expérience des premiers
stades de la relation avec la mère et ainsi
reconstruire sa capacité à jouer, à créer ou lui donner de la puissance.
Le facilitateur lui-même ne crée-t-il pas, lui aussi, par la confiance qu’il va gagner tout au long des vivencias, cet espace « transitionnel » dans lequel la création va pouvoir être possible
afin que tout puisse se «
rejouer » là où cela s’est figé, là où
la vie n’est plus en circulation ?
Comment peut disparaître chez quelqu’un le sentiment que la vie est riche de
signification ? La quantité et la qualité de l’apport
offert par l’environnement dans les
expériences premières de la vie du bébé, les protovivencias ont un rôle fondamental. Cependant, rien n’est définitif, la personne se recrée à chaque instant, l’identité est à la fois stable et sans cesse en auto création. Il s’agit de l’autopoïèse ainsi
que la nomme Maturana. Cette possibilité dont
dispose l’homme de s’auto-engendrer peut être stimulée tout au long de la vie, et
dans la vivencia en Biodanza®, plus
particulièrement.
3 .Conditions d’émergence de la Créativité - Une
foi dans le potentiel créatif
« La
créativité ne peut être forcée, mais nous pouvons lui permettre de se manifester. » Carl Rogers
Après en avoir fait
moi-même l’expérience et après l’avoir constaté chez mes participants et patients, j’ai pu acquérir une foi
totale en la capacité de création de l’individu.
Cette conviction intérieure de l’accompagnant, du facilitateur concernant
cette faculté que chacun porte en lui d’innover, de créer, de découvrir des solutions originales à un problème est
fondamentale pour soutenir l’autre dans
son processus de découverte, d’exploration de lui-même.
Tenir présente en soi cette foi permet d’ouvrir un espace à l’autre pour qu’il puisse s’y installer et tranquillement y explorer sa
propre créativité.
Quand
une personne se met en mouvement pour aller vers l’inconnu, l’improbable, l’indescriptible, je ne doute jamais de sa
capacité à s’y transporter, à s’y rendre et je
suis là pour tenir cette position, cette foi dans son potentiel. Si elle se met à douter, j’accueille ce chaos mais je ne suis jamais déstabilisée par son « vide », son « rien ». Je suis juste présente
avec ma certitude qu’elle va trouver le passage vers du nouveau. J’assure à cet être
humain une sécurité, garante d’une ouverture
intérieure. Le facilitateur a ce même rôle au sein de son groupe : offrir un point d’ancrage qui va
permettre à la créativité d’émerger, de naître,
de croître.
- Accepter la valeur inconditionnelle de
l’individu
« Il s’agit de sentir en soi profondément que
tout individu, quelle que soit sa condition ou sa conduite présente, a une valeur en propre et la développe
de façon
personnelle. » Carl Rogers
Ce sentiment profond de l’existence
d’une valeur propre à chaque individu va encourager chez ce dernier la
créativité, l’expression de celle-ci.
Ceci n’est opérationnel que si j’ai une foi
inconditionnelle en cet individu, quels que soient son état présent, ses comportements et ses fonctionnements
actuels.
Petit à petit, le
participant va sentir, percevoir cette attitude profonde, il se sent alors dans un climat d’acceptation, de sécurité
qui est propice à libérer sa nature
profonde. Il apprend qu’il peut être lui-même sans crainte, il peut enlever ses masques, arrêter de « faire semblant ». Une
valeur lui est accordée quoi qu’il fasse. Il peut
alors aller tranquillement à la découverte de lui-même
et il peut essayer de s’actualiser lui-même, spontanément. Il accède à la créativité.
« La cause première de la créativité semble être
cette tendance de l’homme à s’actualiser et à devenir ce qui est potentiel en lui. Je veux parler de la tendance propre à toute vie humaine de
s’étendre, de grandir, de se développer,
de mûrir ; je veux
parler du besoin de s’exprimer et d’actualiser ses capacités propres ». Carl Rogers
Le
besoin de créer est là présent en l’homme, son potentiel veut apparaître au grand jour, se créer à chaque instant, prendre forme
dans la vie. Nous avons donc en tant que facilitateur la mission
d’offrir à nos participants un lieu de sécurité où ce développement, cette tendance pourra
trouver un espace de croissance,
d’expression libre.
- Etablir un climat dont toute
évaluation externe est
absente
Il est profondément
libérateur d’ouvrir un espace de
bienveillance à l’Homme. Toute
évaluation, tout jugement est toujours une menace pour l’individu qui va alors créer des comportements de refoulement
d’une certaine part de son expérience ou des
attitudes défensives. Dans une atmosphère sans évaluation, sans mesure selon des normes
extérieures, l’individu va conquérir une liberté propice
à l’expression de sa créativité. Quand l’autre me reconnaît dans ma différence, je peux m’accepter tel que je suis et ainsi
renforcer mon identité et oser ma créativité.
« Je peux commencer à reconnaître en moi-même le lieu d’évaluation » Carl Rogers
et ainsi m’accorder une valeur en fonction de ma propre satisfaction et non en réponse à une attente extérieure, sociale,
culturelle, parentale... Avec mes patients ou mes
participants, dans les ateliers créatifs de
groupe, j’ai posé ceci : les productions
créatives réalisées au sein de l’atelier y
restent durant toute
l’année. Je les conserve pour leurs créateurs, elles sont
bien à eux mais aucun jugement extérieur, aucun regard si ce n’est celui
des autres participants ne se
pose sur ces créations. Ainsi, aucune influence d’aucune sorte n’intervient sur ce qui est mis en forme. Une remarque même positive a
une incidence sur la direction prise par
l’individu. Or, dans le
processus de création, il est fondamental que la spontanéité de l’individu reste intacte, qu’il soit totalement libre d’être lui-même à travers ce qu’il met en forme pour laisser émerger sa nature profonde.
« C’est cette liberté d’être soi-même de façon responsable qui favorise le développement d’une source sûre d’évaluation en
soi-même et
établit ainsi les conditions intérieures d’une créativité constructive. » Carl Rogers
Dans les cours de Biodanza®, aucune personne ne peut
venir juste assister à
une vivencia, pas question ditre uniquement le spectateur, l’observateur de ce que les personnes donnent à voir d’elles-mêmes. Ce serait laisser cet espace d’intimité, de
découverte de soi non protégé. L’absence de sécurité qui en découle empêche les
participants de se laisser aller pleinement,
totalement à la vivencia. Sentir un regard extérieur que chacun peut à un moment ou à un autre vivre, imaginer comme jugeant,
évaluateur empêche la création pour l’individu d’un espace
intérieur et extérieur de liberté propice à la créativité. La confidentialité de ce qui se vit là est la garante d’une expression libre et réelle de l’identité
de chacun et donc de la
ligne de la Créativité.
De même, si le
facilitateur observe une erreur dans l’orientation d’une danse, il s’adresse à l’ensemble du groupe et non pas à une personne en particulier pour ne pas prendre le risque de tomber dans
une évaluation, génératrice
d’empêchement, d’insécurité. Et même, peut-être
est-il préférable d’attendre la vivencia
suivante, dans le cas d’un groupe hebdomadaire pour
donner une consigne qui conduit à une orientation plus
juste de la danse. Beaucoup de précautions
sont prises lors de la vivencia pour créer un climat de bienveillance, de confiance d’où toute évaluation est
bannie. C’est une attitude fondamentale pour favoriser l’émergence de la
créativité mais également l’expression des
autres lignes de vivencia.
- Une compréhension empathique
L’empathie, cette
faculté de se mettre à la place de l’autre et de ressentir ses sentiments et émotions sans pour autant les éprouver
soi-même, offre à l’individu une
acceptation inconditionnelle de qui il est et permet un réel accompagnement dans l’émergence de la créativité.
L’empathie est une qualité d’accueil de
l’autre, un temps et une attention qui lui sont donnés nécessitant une ouverture à l’instant, de la sensibilité disponible.
« L’empathie est une qualité d’attention
multisensorielle. Elle est un temps
d’arrêt pendant lequel
nous nous
relions au mouvement de la vie. Cette pause
crée une connexion profonde et globale. Tant
qu’elle est établie, il n’y a pas
de séparation entre celui qui donne son attention et celui qui la
reçoit. » Philippe Faure
et Céline Girardet.
En faisant preuve
d’empathie, le facilitateur offre à l’individu une écoute profonde qui ne cherche pas à l’influencer. Il est dans
l’instant et offre une attention bienveillante
aux besoins de l’autre. En même temps, il ne mets pas son égo dans la relation
pour permettre une réelle connexion, quelle que soit la souffrance de l’autre, sans s’identifier avec celle-ci.
L’accès à la
créativité est parfois douloureux, empreint de difficultés profondes et diverses. Face à l’émotion, à l’expression de la souffrance, le facilitateur reste présent au fait que cette émergence
est l’expression du mouvement de la vie et
qu’ainsi elle a à être accueillie sans
jugement, sans chercher à savoir pour
l’autre, sans vouloir absolument faire quelque chose, sans chercher une
solution, sans limiter le champs des possibles.
Le facilitateur
offre en quelque sorte un silence, un espace intérieur, cela crée la connexion avec le participant aussi bien au
niveau mental, qu’émotionnel et sensoriel
et lui permet d’accéder à son propre
intérieur pour s’y relier et laisser émerger
sa créativité.
A travers une formation en partie vivencielle, expérientielle, le facilitateur va se « coltiner » à l’émotion, à la sensation, à la
rencontre, à la
transformation. En faisant ces expériences, il va acquérir une confiance en sa capacité, et en celle du groupe, à
faire face à tout ce vécu. Il va petit à petit intégrer que ce passage parfois chaotique est nécessaire
pour aller vers autre
chose, vers du nouveau, de l’inconnu, vers la créativité !
L’empathie permet
donc au facilitateur de voir l’autre vraiment, de partir de son point de vue pour comprendre ce qu’il sent, ce qu’il fait. Il pénètre dans son
intimité et la voit comme le participant la voit.
L’individu se sent accepté dans ce qu’il est, alors il ne ressent plus de danger. Il peut laisser émerger sa nature profonde et exprimer sous des formes nouvelles la
manière dont il est au monde. C’est là encore
un encouragement à la créativité.
« L’individu à qui est offert cette liberté
d’expression : de
penser, de sentir, d’être
réellement lui-même est encouragé à s’ouvrir à tout un éventail de perceptions, de concepts, de
significations, ce qui fait partie de la créativité. » C. R. Rogers
4. La ligne de la Créativité en Biodanza®
- L’ordinaire
extraordinaire de la Créativité
Parmi les cinq
lignes de vivencia qui sont développées pour favoriser l’expression du potentiel de l’individu, l’intégration
de son identité, la ligne de la Créativité
arrive en troisième position, après celle de la Vitalité et celle de la Sexualité et juste avant l’Affectivité et la Transcendance. Elle est située juste au milieu de ces cinq lignes classées dans l’ordre
croissant de répression au sein de
notre culture.
La Biodanza® invite l’Homme d’aujourd’hui à modifier sa vision de la créativité. Celle-ci
n’est pas l’apanage de certains nantis,
chanceux. De même, elle n’habite pas
uniquement l’esprit mais réside dans l’existence même de l’Homme. Sa vie propre est son œuvre d’art. Avec cette
vision, l’Homme réhabilite
et assume sa grandeur, sa lumière, il met fin à la dissociation entre l’Homme et son œuvre.
La psychologie,
avec sa vision élitiste de la créativité et des créateurs, étudie l’encodage sélectif, la pensée divergente, la
flexibilité, le quotient intellectuel, les traits
de personnalité des créateurs, les motivations... Elle classifie, code, organise, catégorise et ne laisse
aucunement la place à l’extraordinaire de
chaque geste de la vie quotidienne. En
séparant ainsi le geste de l’émotion qui l’a créé,
la civilisation actuelle réprime la fonction naturelle de la créativité.
« La Biodanza® émet une conception biologique de la créativité, en tant qu’expression, au niveau individuel, du
génie de l’espèce humaine. Il s’agit donc de faciliter, et non pas d’enseigner ou de réprimer l’acte
de fructifier. »
R. T.
-
Créativité et répression
C’est la vivencia, cette sensation
d’être pleinement vivant ici et maintenant qui
est à l’origine de l’activité créatrice. Et dès lors, sa répression a des conséquences
énormes et catastrophiques sur le rapport de l’individu à la réalité. S’il
n’est plus capable d’innover dans le monde, alors la pulsion de vie devient pulsion de mort et l’aptitude de l’homme à vivre en
société est fortement compromise.
Les répercussions de cette répression sont alors :
-
Une dissociation entre affect et réalisation : intérieur et extérieur sont séparés créant une sorte de paralysie,
- Une
mécanisation : sans connexion avec lui-même, l’homme
ne fait que répéter ce que la société impose, sa vie perd de
son sens.
-
Une décompensation et une perte de l’homéostasie : un arrêt de la fluidité de la vie dans l’existence de l’individu perturbe fortement
l’autorégulation de l’organisme, donnant lieu à des maladies psychosomatiques.
- Une
dépersonnalisation : sans la créativité,
l’individu n’est plus en mesure de tracer sa
propre route et dès lors, il ne peut plus être sensible à celle des autres.
« Les
facteurs décrits ci-dessus, conduisent tous, dans leur ensemble, à l’extinction de tous les autres élans innés de
vie. » R.T.
L’art fait alors souvent irruption dans
la vie d’un être humain comme une tentative
désespérée de survie et non plus comme l’expression de l’acte de vivre ( cf les nombreux artistes célèbres torturés !).
Tout individu porte en lui une
richesse, un potentiel qui ne demande qu’à se laisser voir, qu’à prendre forme dans la vie et
la fonction créatrice permet alors l’expression
de cette « surabondance ». La
créativité trouve son expression aussi bien
dans une peinture d’un célèbre artiste que dans une préparation culinaire, un jardin ou l’acte sexuel.
« Dans l’ordinaire aussi bien que dans l’extraordinaire. » R. T.
Une œuvre d’art
demeure pour toujours vivante, l’artiste a cette capacité de donner la vie à la matière, aux couleurs, à la forme.
S’il ressent profondément la vie, alors il peut la créer.
« Le chef d’œuvre naît de la perception intensifiée du lien que l’artiste entretient avec la vie. » R. T.
- Les
propositions concrètes de la Biodanza®
En Biodanza®, la ligne de la Créativité se développe en
quatre étapes principales :
- L’expression primale
: premières manifestations expressives
- L’intégration Yin-Yang : découverte et
intégration des énergies opposées
- Communication expressive : capacité de
communiquer aux autres des émotions et des
contenus vivenciels
- Elaboration créatrice : expression créatrice
pleine et authentique menant parfois à l’œuvre d’art.
Chaque étape contient des exercices et des danses
destinées à transformer la difficulté concernée : mécanisation, paralysie existentielle...
La Biodanza®
propose une danse appelée « la danse de la création » que Rolando a créée en retenant les éléments les plus
universels, pour reproduire dans celle-ci, la
vivencia personnelle de la création du monde
et de l’ensemble des mouvements qui
conduisent du chaos au cosmos.
« L’objectif de la danse de la création est
d’induire la vivencia de la création cosmogonique et d’éveiller chez le danseur le potentiel
créateur et l’exaltation créatrice. » R.T.
Lorsque l’individu
arrive à voir un visage, un paysage, un objet, un modèle à partir de son regard intérieur,
il transmet l’émotion dans ses traits, l’essence de ce qu’il regarde. Cette capacité s’acquiert avec le
développement de la « perception sensible »
dans laquelle se mettent en lien les aspects sémiotiques
et sémantiques. La vibration de la vie y devient présente,
elle habite la peinture, le dessin, la
sculpture...
La Biodanza®
propose pour développer cet aspect une méthodologie avec le dessin et la peinture
pour favoriser l’apparition de l’expression créatrice à travers des danses qui amplifient la perception interne
de la réalité. Danser c’est aussi écrire de la
poésie, cela s’apparente à l’acte de vivre. Dès lors la danse peut transmettre des
messages chargés d’un sens universel. La Biodanza® propose aussi cette expérience où danse et poésie ne font qu’un.
Une autre porte d’entrée vers le
développement de la ligne de la Créativité est offerte par la Biodanza®, elle concerne
l’expérience du modelage de l’argile comme contenant
émotionnel.
Les formes réalisées deviennent alors un reflet d’une réalité interne, une mise en forme de la sensibilité intérieure.
En Biodanza®,
l’approche de la Créativité est vivencielle, elle va être stimulée par la radicalisation de vivencias. Avant la mise
en acte créative elle-même, les vivencias vont
engendrer les conditions intérieures propices à son émergence, c’est par exemple ce qui se passe avec les danses créatives (très libres).
DANSE
Tu es ta
propre danse
L’image
s’amplifie
Dans les
caresses
Le fœtus devient ange
Surgissant du torrent des larmes
Renaissance
Ta danse est
la révélation voluptueuse
De ton mystère le plus
intime
Ta version personnelle
De l’origine du monde
Rolando Toro
Araneda
La
Biodanza propose aussi de danser les différentes écoles de peinture pour stimuler la créativité en indiquant au préalable les
caractéristiques de chacune : écoles
romantique, surréaliste, cubiste et informelle sur des musiques bien spécifiques.
Enfin, la voix, le chant, expression d’un besoin irrépressible
d’exprimer une émotion intense, sont
aussi explorés comme acte libérateur, comme cri du cœur. Il s’agit alors d’entrer dans un état de transe et
d’émettre un son sans finalité esthétique et de
suivre cette direction juste pour le plaisir de créer par la voix.
Devant un enfant,
devant les tournesols de Van Gogh, en écoutant les 4 saisons de Vivaldi, en
mangeant un plat savoureux, l’individu a la sensation que tout est en ordre, que tout est à sa place. Face à la
création, le chaos se calme et tout rentre dans
l’ordre.
« L’homme de
génie est comme un enfant qui ne fait rien d’autre que balbutier le message d’unité de la vie. » R. T.
5. Danser
: un acte de transformation
Danser ! Depuis
que les êtres humains existent, ils dansent pour célébrer, fêter, exprimer l’inexprimable, mettre en forme
l’angoisse existentielle. Que trouvent-ils donc
alors dans le fait de danser ?
« L’angoisse
existentielle est à la fois peur de la mort, peur de la division, peur du vide, peur du néant, peur de vivre et
peur de ne plus exister. » Guy Corneau
La vie est
mouvement. L’être humain fait partie du règne vivant. Danser, c’est se mettre en mouvement, entrer dans le courant de la
vie et se relier à quelque chose de plus
grand que soi qui sort alors l’être humain de
son isolement, de son angoisse
existentielle (où vais-je ? quel sens a la vie ? après la mort ?), du chaos.
Quand les peurs
sont là, quand l’angoisse prend l’homme, le mouvement se fige en lui, la vie déserte son intérieur et alors le chaos s’installe. Les expériences « négatives », les fonctionnements se fixent
là dans une
immobilisation mortifère, une
absence de mouvement. Alors, la transformation possible
uniquement par le mouvement, par la mise en acte n’a pas lieu, tout reste figé,
sidéré, bloqué et l’individu reste là, à
cet endroit-là de son expérience, de son chemin et l’évolution ne peut plus advenir.
Lorsque
le corps vit un stress, comme une sensation de
rejet, une peur,... ce dernier se propage à
la vitesse de l’éclair à travers la membrane
conjonctive qu’est le fascia. Le fascia est un
tissu qui gaine chaque muscle et qui
parcourt l’organisme
en entier. Il permet une mobilisation instantanée qui vise la protection. Si une décharge appropriée est possible dans
la fuite ou dans l’attaque, le fascia
élimine la tension et les émotions avec elle. Cependant, si l’individu est dans l’impossibilité d’éliminer le stress
de façon efficace, les émotions vont fixer la
tension nerveuse dans le corps. Une cuirasse se forme pour protéger la personne
des perturbations potentielles liées à d’autres expériences
désagréables, accompagnées de souffrance de même type.
Selon
Marie Lise Labonté, la cuirasse est « l’expression pure de la vie, mais de la vie inhibée ».
Avec les exercices de segmentaires en Biodanza®, la danse
va venir « dégeler
» petit à petit, pas à pas, vivencia après vivencia, les cuirasses installées dans le corps de litre humain. Le
mouvement libère la tension, l’émotion figée dans le corps et l’énergie de vie peut alors de nouveau se remettre à circuler à cet endroit-là.
Tant
que la vie et donc le mouvement ne vient pas redonner de l’espace, de la consistance, du jeu, de la forme à cet « amas » d’énergie, de matière, rien ne change, les difficultés perdurent, les problématiques de chacun s’ancrent et notre processus
d’intégration de l’identité ne peut plus se poursuivre.
« Si cela ne va pas, danses ! ». R.T.
Dès
que j’ai entendu cette phrase, elle a vibré au plus profond de moi. J’ai découvert lors de mon processus
à travers la création et dans mon métier d’art thérapeute
la signification et le sens profond de cette petite phrase. Pour moi, elle contient l’essentiel de l’acte de créer. Mets-toi en mouvement pour transformer
ce qui fait frein en toi, ce qui te blesse,
ce qui t’emp~che d’accéder au bonheur, à la
joie de vivre, à la santé... !
« La plus
grande œuvre que nous ayons à créer est notre propre existence.
Nous devenons alors à la
fois le message, le créateur et la créature. » R.T.
Je suis le
créateur, celui qui est à l’origine de la création, celui qui se met en mouvement, qui met en acte et entre donc dans le flux
de la vie. Je suis aussi la créature, celle qui a pu voir le jour grâce à ce
mouvement, le fruit de la vie. Et je suis
aussi le message, l’exprimé, le dit, le sens de cette
création. Tous ces rôles se confondent dans l’acte de création.
N’est-ce pas incroyable,
miraculeux qu’aucune personne ne ressemble à une
autre ? Nous sommes des millions sur terre et nous sommes tous différents. La création de la vie est sans limites, chacun a ses
singularités, ses particularités, ses
caractéristiques et cela sera toujours ainsi. J’adore m’assoir sur un banc et regarder passer les gens juste comme cela
sans penser à quoi que ce soit sur eux, je
suis juste fascinée de voir la diversité des visages, des corps, des allures... des personnes qui passent devant moi. Je
crois que c’est cette créativité inimaginable,
illimitée de la vie qui me subjugue, me fascine !! Je ne me lasse pas de côtoyer cela !
Et l’Homme qui est l’expression de la vie a en lui ce potentiel de créativité qui a parfois été inhibé, étouffé,
brimé, réprimé. Il abrite en lui ce pouvoir de
transformation, d’innovation qui lui permet de créer sa propre existence, de créer chacun de ses gestes et d’aller vers la création de lui-même.
Quand il retrouve
l’estime de soi, il peut oser, prendre des risques pour aller vers de nouvelles actions, de nouveaux mouvements
et s’adapter, en accord avec ses besoins et ses
désirs, aux autres, au monde et ainsi modeler son existence
à l’image de ce qui est juste pour lui.
« Nous
sommes des diamants qui ont oublié leur véritable nature. Nous sommes naturellement débordants d’énergie,
remplis d’amour et d’idées créatrices. » Guy Corneau
La Biodanza® invite
l’individu à entrer dans le mouvement de la vie, à se l’approprier en fonction de ses besoins, de ses désirs. Ainsi, son estime de lui peut
se reconstruire. Elle lui permet alors d’oser
créer sa vie. La danse
permet la mise en acte, cette
entrée dans la vie et son mouvement, elle est le stimulant, le révélateur du potentiel
humain et la possibilité de changement, de transformation, d’évolution vers une œuvre de vie qui
ressemble à son
créateur. Une vie qui répond de façon satisfaisante aux trois
questions fondamentales que la Biodanza®
invite à se poser : où est-ce que je veux vivre ? avec qui est-ce que je veux
vivre ? qu’est-ce que je veux
faire dans ma vie ?
« Le sentiment d’impuissance accompagne une crise
d’identité. Quand les gens ne savent plus qui ils sont, d’où ils viennent ni où
ils vont, ils se sentent à la merci de forces qu’ils ne maîtrisent pas.
Mais le sentiment d’impuissance s’exprime aussi dans le
manque de confiance en soi, en ses capacités, en ses ressources personnelles. » Charles et Théa
Rojzman
En offrant un
espace de jeu dans lequel le « je » se construit et donc où l’estime de soi prend forme,
où les ressources personnelles se révèlent, comme celui de la vivencia en Biodanza®, alors, peut advenir la
création. Elle nécessite la prise de risques,
l’innovation, d’aller voir ailleurs. Un minimum d’estime de soi, de confiance en soi, en son potentiel est nécessaire pour
oser aller dans cette direction. En permettant le développement du potentiel de l’individu et
ainsi le renforcement de
son identité par la danse, le mouvement et la musique, la Biodanza® contribue à redonner à litre
humain son sentiment de puissance et donc son
pouvoir de création.
« Si nous n’osons pas nous aventurer vers
l’inconnu, le nouveau, nous finissons par nous étouffer et par trouver le malheur. En revanche, si
nous osons exprimer notre individualité créatrice, nous avons de bonnes chances
de nous épanouir et de
nous rapprocher de la plénitude existentielle. » Guy Corneau
L’acte d’expression
est lié à une notion de plaisir. L’élan créateur modifie petit à petit la vie de l’individu, il lui permet de
dire oui à la vie. S’il enclenche le mouvement,
de nouveaux espaces s’ouvrent en lui. L’engagement
dans un processus créatif donne la sensation de vivre plus intensément. Contacter l’élan créateur permet à l’Homme de jouir d’un geste
sans attente du résultat, de sortir de
l’obligation de performance, de prendre plaisir au processus de création, de créer pour créer.
Dans cette
expérience subjective, l’individu peut ainsi quitter cette « vie-survie » passive
pour se mettre en lien avec son essence créatrice individuelle. Il prend ainsi contact avec la partie vivante en lui, il
ouvre une porte en lui qui peut
lui donner la chance d’y rencontrer
l’univers. Vivre redevient alors un acte ! Alors que taire sa puissance expressive équivaut à
mutiler sa force de vie.
« Nous sommes créateurs de notre vie et nous
sommes un avec l’univers. Quand nous nous accomplissons alors il nous semble que la vie est belle
et que tout est juste. » Guy Corneau
« L’univers est vivant. Il est énergie créatrice.
Il s’exprime. Nos âmes individuelles sont les mandataires de cet univers expressif ; chaque
fibre de nos êtres
nous pousse à
l’expression créatrice. » Guy Corneau
6.
Créativité et Affectivité
Le mouvement
premier, c’est celui du cœur ! Si le cœur de l’Homme
ne bat pas, la flamme de vie le quitte, et alors plus de
mouvements possibles, d’aucune sorte ! Le cœur, cet organe humain, est ainsi responsable d’une chose capitale qui échappe souvent au contemporain
: le mouvement. Et le cœur, symboliquement, c’est
l’organe de l’amour, de l’affectivité, de la tendresse, donc serait-il possible d’en déduire que le mouvement
serait issu de l’amour P L’amour
ne fait-il pas déplacer des montagnes ? Par amour, l’individu traverse
la terre pour rejoindre celui ou celle qui fait « battre son cœur », il
se met à «œuvrer » plus qu’à travailler par amour de son
travail...
Dans le corps
humain, le cœur alterne contraction et
expansion, le rythme vital est donné, il
conditionne le travail des poumons et devient inspiration/expiration.
Ce rythme fondamental se répercute à d’autres niveaux de l’être. Le double mouvement du cœur devient alors impression/expression.
« L’impression correspond au mouvement
d’inspiration : les
événements et les pensées, les intuitions et les sentiments s’impriment en nous.
L’expression, elle,
correspond au moment de l’expiration : des choses nous ont impressionné, nous les avons inspirées, elles
nous ont inspiré, et nous réagissons. Nous nous exprimons, nous créons, nous unissons notre être intime à l’univers, nous répondons « présent » par notre souffle, par nos pensées et par nos gestes. » Guy Corneau
Si
le cœur est responsable du mouvement dans l’individu alors seul l’amour peut entretenir ce mouvement car la nourriture du cœur
c’est l’affectivité !
« L’ouverture
du cœur, l’expansion de l’être individuel dans l’expérience de l’amour humain, semble être l’un des buts du mouvement vital. » Guy Corneau
Qui ne rêve pas de
rencontrer quelqu’un avec qui il pourrait entrer en communion ?
Selon la Biodanza®, l’identité est fondamentalement relationnelle, l’évolution de l’être humain ne peut avoir lieu sans le
lien à l’autre. La vie, en s’exprimant à travers l’être humain, et en particulier
au sein de son cœur, choisit d’orienter son
mouvement vers l’amour, l’unité. La Biodanza®
considère que l’Affectivité est le noyau
intégrateur de l’Identité. Elle est fondamentale pour lier toutes les lignes de vivencias et
conduire l’individu vers l’intégration. La vie a choisi l’Homme pour s’exprimer à travers lui. Soutenu et nourri par
l’amour, l’Homme incarne le mouvement de la
vie qu’il manifeste dans le monde par l’acte créateur
! La force de vie qui anime l’être humain le pousse à
accomplir une action dans le but d’exprimer
qui il est, c’est là que réside l’acte créateur.
« Cette force d’attraction entre les êtres
exprimerait le grand mouvement de cohésion et d’amour qui anime la création et qui semble en être la loi, une loi dont le cœur est le gardien. Dans le secret
du cœur, chaque solitude cherche un compagnon ou une compagne. » Guy Corneau
« Le cœur cherche
à renouer le lien avec l’univers, à retrouver le mouvement naturel liant individualité et
universalité. Nous sommes purement et simplement de l’amour sur deux jambes. » Guy Corneau
En ouvrant
symboliquement son cœur, l’individu
donne de l’expansion à son être. Il s’agit alors purement et
simplement dans ce mouvement initié par l’amour de permettre à l’Homme de renouer avec son sentiment d’appartenance à l’humanité et au cosmos. L’homme connecte alors son union avec la totalité et abolit
son sentiment de séparation, générateur d’angoisse existentielle. Ce lien remet l’homme en contact avec la joie d’être en
vie, avec une tranquillité intérieure, une sorte de sérénité dans le
mouvement même de l’existence.
Comme si, au cœur
du mouvement, une position de stabilité pouvait être trouvée, elle aide alors à s’abandonner avec confiance au processus vivant. Et n’est-ce pas cela la
création : s’abandonner au courant de la vie
en toute
confiance ? Utiliser les talents de l’Homme pour le transformer et changer le monde. Goûter à l’adéquation
fondamentale de son essence avec la nature universelle.
Avec la création, l’être s’installe dans sa profondeur tranquille, il existe, il peut se promener avec plus de sécurité dans le
monde car il sait que même la mort ne peut
lui enlever la dégustation de ce précieux de la vie.
« Arriver à s’oublier et à dépasser ses peurs pour se livrer à
un acte réel de
création qui témoigne de la beauté universelle, voilà ce à quoi nous sommes appelés. » Guy Corneau
1. La ligne de la Créativité dans ma vie
Je ne suis pas née
dans une famille « d’artistes », cependant, mes parents, en
tant qu’êtres vivants, sont des créatifs ! Je
le réalise en écrivant ces lignes. Ma mère
a un amour de l’écriture qu’elle m’a transmis et aujourd’hui, elle peint. Avait-elle déjà cette envie non conscientisée qu’elle m’a communiqué ? Mon
père lui est un bricoleur « fou », il adore être dans son
atelier et « trafiquer » tout ce qu’il trouve.
D’aussi loin que je
me souvienne, j’ai écrit. Des journaux intimes, des cahiers
d’expression avec des dessins, des collages, des « pages
du matin » pour bien démarrer la journée,
des journées entières pour tenter d’extraire des mots qui tournaient dans ma tête, des livres commencés mais
jamais achevés, des textes de toutes sortes
dans un atelier d’écriture, un cahier pour ma fille quand elle sera en 8ge de le lire, je me suis essayée à
l’écriture automatique... Et encore maintenant, quand les vacances approchent,
j’ai la tentation de m’acheter un beau nouveau cahier pour écrire sur l’humeur du jour, sur les
beautés de la journée, sur l’ombre qui peut-être passera par là.
J’aime poser mon crayon sur le papier et laisser
mes doigts « jouer » du stylo, de la
plume, du crayon. L’angoisse de la page blanche, je ne connais pas, un mot apparaît toujours si je
le laisse frapper à la porte ! La seule chose
qui puisse arriver, c’est que je ne le laisse pas s’écrire
mais il est là !
J’ai animé avec un
plaisir immense plusieurs ateliers d’écriture. Je faisais des propositions
ludiques, collectives, autour de photos, de cartes thématiques,
de peintures. Même
si au démarrage d’un atelier, une personne
ressentait de la difficulté à écrire, la
présence du groupe et le jeu venait toujours à bout de ses freins. Ensuite, ses propres jugements sur son écriture
pouvaient naître. Alors, ce n’était plus la créativité qui était concernée mais bien l’évaluation qu’elle se faisait sur elle-même. Les mots étaient empêchés par la
critique. J’ai aimé partager
cet amour des mots, de l’écrit, du langage avec
d’autres, écrire à plusieurs et puis
entendre toutes ces créations drôles, tendres, émouvantes, délirantes, joyeuses qui n’auraient jamais vu le jour si
les participants n’avaient pas osé un jour se
mettre en route vers leur créativité. Et puis, en étant en contact avec une intimité profonde que chacun venait
révéler petit à petit ici, des liens forts,
essentiels naissaient dans le groupe, une affectivité de plus en plus rassurante et donc libératrice de l’expression, de la
créativité.
J’ai toujours eu
chez moi des boîtes à « bidouilles » comme j’aime le dire dans
lesquelles je glisse des « trucs » qui peuvent me servir si je fais un collage,
une peinture, un modelage. J’aime être entourée de « bricoles » diverses, avoir un
stock de matériaux dans lequel je peux fouiller si
l’envie s’en fait ressentir, si le
besoin impérieux de créer se fait jour.
J’aime la peinture
pour ses couleurs, ses matières, la suggestion que je ne manque pas de trouver à chacun de mes gestes sur la
feuille. Je suis la proposition sans idée
préconçue puis une direction se dessine et je
m’empresse de la suivre, sachant qu’elle va
m’étonner sur ma capacité à mettre en forme. J’ai
toujours eu beaucoup de difficultés à me mettre à
apprendre une quelconque technique. Je me
souviens avoir pris des cours de pastels durant une année, j’ai reproduit des
tableaux existants déjà. Quel ennui pour moi !
J’ai très vite oublié toute
technique et je suis retournée à mon expression spontanée et libre.
Je me régale dans
le collage à inventer des formes, à travailler en trois dimensions, à détourner les objets déjà existants, à
employer autrement des images déjà toutes
faites et à élargir mon regard pour voir au-delà de ce qui est là devant moi. Tout
matériaux est utilisable, transformable, détournable !! Une mine pour stimuler ma créativité.
L’argile, elle, me transporte. Quand je plonge mes mains dans une
motte de terre, je suis totalement dedans, plus rien d’autre n’existe. Je fais corps avec la
matière, je l’épouse, je me love à l’intérieur, sur le bord, à l’extérieur. Je la sens sur ma peau,
je ressens les caresses que je lui offre dans tout mon corps.
Des histoires me traversent avec les
différentes formes qui apparaissent, un dialogue intime, passionné
s’établit avec l’argile et je ne me lasse pas de l’écouter me suggérer des pistes, des voyages, des possibles, des
ouvertures vers l’inconnu. J’aime
laisser apparaître une fissure qui devient courbe d’un corps, un trait creusé par un ongle qui se transforme en ride sur
un visage. Mon imaginaire se met à déborder
d’enthousiasme quand l’argile est sous mes mains avec tout un lot de sensations, c’est
mou, lisse, chaud, doux, granuleux, sensuel, gluant, mouillé,
collant, ridé, fendu, souple, résistant, cassant,... Je ferme les yeux pour mieux sentir la terre faire corps avec moi, pour la
laisser me parler au plus intime. Je
l’écoute et je saisis ses propositions, ravie d’avoir une compagne sur la route de ma découverte intérieure ! Humm, quel bonheur de
se replonger dans ces expériences !!
Une
autre exploration créative qui me manque parfois intensément, j’ai presqu’envie
de dire cruellement, c’est celle du clown. Trois ans d’improvisations, de spectacles, d’amitiés, de complicités avec les
autres clowns. Un clown qui révèle
mes fragilités, mes sensibilités, mes humeurs du jour, qui peut rire de ses difficultés pour mieux les dépasser.
J’adore
monter sur scène sans aucune idée de départ, juste avec
des habits passés en quelques minutes, et entrer totalement,
pleinement dans le vide, le rien. Je peux alors me connecter à la sensation d’être face à un public alors que rien n’est là
et réussir à jouer de ce ressenti, à tirer un fil de cette situation pour le dérouler et créer une histoire, un voyage dont
l’issue est indéterminée, incroyable,
improbable. Je laisse alors apparaître mes émotions au grand jour, sincèrement, sans masque. Le public est touché, il entre
en résonnance avec mon humanité au grand jour
et là ce sont les rires, les larmes, l’émerveillement, la surprise, la poésie qui viennent fleurir l’instant
magique. Le processus du clown m’a permis de croire
encore un peu plus en mon pouvoir de
création et d’expression. Apprivoiser le vide, ne plus en avoir peur, habiter ce chaos
implique de se faire confiance, d’être en lien
avec ce qui se vit à l’intérieur et de ne pas fuir
ce qui est là mais d’oser laisser voir ses peurs, ses hésitations, ses doutes, ses rires, son stress, de ne plus avoir peur de ces
aspects de soi mais au contraire de s’appuyer
sur eux pour se propulser ailleurs, pour transformer et donner le meilleur de soi.
A ce titre, je me
souviens de la soirée clown que nous avions animé avec Nadine pour la venue de Rolando. Il s’agissait de faire d’une soirée « enchères » un
moment de joie, de plaisir et de rires partagés.
Pas gagné d’avance ! J’avais pris un plaisir
immense à utiliser des éléments de la Biodanza® pour les intégrer dans
la soirée, Nadine qui n’avait jamais fait de clown a été une
complice géniale, notre accord fluide
avait rendu la soirée mémorable. Le clown est encore un moyen de me révéler à moi-même par la créativité et de
créer du lien avec les compagnons, les
compagnes de manière vivante, avec les surgissements poétiques, drôles et pathétiques
de l’instant. Le chaos remis en ordre !
Je
vois deux fils conducteurs dans la variété de toutes mes explorations créatives : la
joie et le plaisir de l’expression de mon identité et le lien à moi-même, à l’autre. La pratique de la Biodanza® est venue réunir ces deux
éléments fondamentaux et m’a ainsi offert la
possibilité de laisser vibrer mon identité. Je sens, j’exprime : la proposition de la Biodanza® rejoint mon expérience
de la créativité dans laquelle je me reconnecte à mes sensations
pour favoriser l’expression de mes
potentialités qui me relie au monde, aux autres. Pour
moi, la mise en forme extérieure de ce
que j’abrite de plus intime est fondamentale,
vitale puisqu’elle me
permet la relation au monde.
Au
fur et à mesure de cette découverte, de cette expérience de ma créativité, j’ai tissé un chemin
de plus en plus évident, authentique, sincère entre mon monde intérieur et
la réalité extérieure. Ce n’était plus deux mondes sans aucun lien, sans résonnance mais deux mondes en
connexion, en dialogue, en complicité. Avant,
je me sentais en décalage entre ce qui pouvait se jouer en moi, entre mes émotions, mes sentiments, ce que je sentais et
ce que je pouvais laisser apparaître de
moi, mes gestes, mes actions. J’étais complètement
dissociée entre mon mental, mon cœur et mes actions. Un décalage, une incohérence
régnaient, avec en arrière fond un malaise, un mal-être, une agitation qui entachaient mes relations aux autres.
Oser
ce processus d’auto-découverte et d’intégration par la créativité m’a donné une grande sensation de liberté, d’unité. Maintenant et avec la Biodanza®, je sens, j’exprime. La spontanéité de l’instant, l’absence de jugement de ma
part et de celle de ceux
qui m’accompagnaient m’ont amené à
développer une attitude toute différente face à
moi-même, aux autres et au monde, à exister autrement.
2. La danse dans ma vie
Avant
de me pencher sur cette question, je n’avais pas vraiment
réalisé que la danse avait depuis
l’enfance traversé ma vie en large, en rond,
en long, en travers, sous diverses formes et à
différents âges. M’exprimer par le corps a toujours
plus ou moins fait partie intégrante de mon parcours de vie.
Cela
a commencé par la danse classique quand
j’avais je crois 6 ou 7 ans. Je me souviens juste du rose des tenues que nous portions et
que nous nous déshabillions toutes sous la scène
sur laquelle nous allions ensuite monter pour danser.
Je ne garde pas de souvenirs marquants de cette période,
je n’ai pas poursuivi au-delà d’un an ou deux.
Puis,
c’est beaucoup plus tard que le « démon » de la danse m’a repris,
j’étais alors une jeune adulte. Tout d’abord avec la danse
africaine, je me souviens alors que
j’adorais me sentir complètement épuisée après deux bonnes heures de sauts, de mouvements intenses et vitaux. La
musique rythmée me plaisait également
beaucoup, parfois nous avions même droit à la présence de musiciens avec des djembés, des djaparas, des instruments
divers venus d’Afrique. J’aimais l’ambiance
joyeuse, vitalisante et festive de mes cours de
danse africaine.
Pendant
quelque temps, j’ai également
suivi des cours de Modern Jazz mais j’avoue
que j’avais du mal à suivre les enchaînements que j’étais sensée apprendre le plus rapidement
possible. Ils « n’entraient » pas en moi et je
n’arrêtais pas de me tromper, je me suis
découragée. Voyant les autres suivre les propositions sans problème, j’en ai déduit que je ne devais pas être «
faite » pour le Modern Jazz,
j’ai quitté le cours sans regrets !!!!
J’ai
aussi tenté la danse contemporaine avec une professeure étonnante. Elle travaillait beaucoup sur la conscience du corps, des
mouvements, la sensation que chaque geste pouvait engendrer intérieurement. Je
ressentais des vibrations profondes en moi,
le travail effectué me mettait en mouvement au plus profond, au plus intime de mon être. J’ai beaucoup appris à
m’écouter dans ses cours, à laisser résonner
en moi la musique, à éveiller mes sensations et le rapport à mon
corps, qui était plutôt mécanique,
impersonnel et froid a changé. Il est devenu plus
chaud, plus sensible, plus présent. Peut-être que
cela m’a ouvert le chemin de
la danse d’expression de soi !
J’ai
eu l’occasion dans ma formation d’art-thérapeute
de pratiquer la « danse singulière »
inventée et dispensée par Marc Guiraud. Le concept est le suivant : l’animateur nous
fait écouter quatre musiques, les premières
notes de chaque CD choisi (il y en a 4 en
tout), tout le groupe est assis sur les bords de la « scène » qui se trouve être la salle dans laquelle nous
nous trouvons ! Nous avons le choix de danser ou non, de passer quand nous le souhaitons, de choisir l’une des quatre musiques présentées ou de danser sur le silence
(cette proposition étant toujours valable et identique à chaque temps de danse
de deux heures). Nous dansons alors devant l’ensemble du groupe,
yeux ouverts ou fermés, nous dansons
essentiellement seul mais il est possible
d’inviter quelqu’un dans notre danse, de même qu’une des personnes présentes peut s’inviter
si le désir naît. L’animateur intervient parfois lorsqu’il considère que sa
présence peut permettre de dépasser une difficulté, de vivre une autre étape dans
notre parcours, etc...
J’ai beaucoup appris
dans cette danse, en particulier à oser danser devant les autres, à improviser et à faire confiance à mon corps
pour « dire », à m’autoriser à bouger
sans chorégraphie, sans être dans mon mental, à sentir que même sans musique, mon corps peut se mouvoir en écoutant
sa musique intérieure. Cette méthode m’a
conduit à prendre du plaisir à danser avec l’autre librement, sans suivre un mouvement appris, à entrer en
contact avec le corps de l’autre juste pour le plaisir de dialoguer avec nos corps... Une possibilité
de formation se dessinait
pour moi dans ce domaine. J’ai beaucoup réfléchi, j’ai hésité mais j’ai fini par différer et par renoncer à
cette direction. Je venais à peine de terminer ma formation d’art-thérapeute et puis une intuition me poussait à aller explorer encore d’autres possibles dans
la danse.
J’ai
participé deux ou trois fois à des sortes de bals improvisés avec la compagnie Emmanuel Grivet à Colomiers. Il y avait diverses
propositions seul, à deux ou à plusieurs, les
musiques étaient choisies par un animateur et nous apprenions quelques pas faciles. C’était joyeux, très «danse-contact
» : s’appuyer sur
l’autre pour réaliser des mouvements ensemble.
Le lien au compagnon ou à la compagne commençait
à être important pour moi dans la danse. Mais, petit à
petit,
mon intérêt a baissé, rien ne me touchait assez profondément au point de me retenir.
3. Ma rencontre « synchrone » avec la
Biodanza®
Et
puis, il y a environ cinq ans, j’ai découvert la Biodanza® au
cours d’une journée organisée par Cathou (tu
resteras celle par qui la Biodanza® m’est arrivée
!! Merci à toi !). C’était au mois d’avril,
quelques jours après mon anniversaire. J’avais entraîné une
amie et nous nous étions inscrites sans trop savoir
où nous « mettions les pieds » mais notre idée était de passer un bon moment
ensemble.
Je
n’imaginais pas encore que cette marmite serait
celle dans laquelle j’allais plonger avec joie, délice, plaisir, au moins au départ... Avec
la Biodanza®, j’avais une sensation de liberté
immense (certains participants trouvent qu’ils sont
contraints du fait qu’il y a des propositions et qu’une direction est induite à chaque fois sur une
musique, moi c’est le contraire !). Pour moi, la liberté est vraiment générée par le cadre contenant et rassurant (non
jugeant, préservé du regard extérieur au
groupe, respectueux de chacun...) posé par le facilitateur, elle me
permet d’aller là où je n’étais jamais allée ou peut-être il y a fort longtemps
! Et puis, il y avait tout ce plaisir intense à me mouvoir sur la musique, à me laisser « prendre » par le mouvement. Seul le corps
avait alors la parole, plus rien n’existait que les sensations, les émotions, la vivencia et la liberté
d’expression dans le mouvement. La rencontre était parfaite !!
Je
fis la connaissance de Bernadette, lors de cette journée, elle me parla de la formation de l’Ecole de Toulouse-Occitanie. Aussitôt rentrée chez moi et totalement séduite par la proposition de la Biodanza®, je
téléphonais à Françoise, l’organisatrice et je m’inscrivais
pour le week-end suivant avec la ferme intention d’intégrer
l’école. Je sentais dans mes cellules
que j’étais arrivée
chez moi. J’étais
revenue dans la tribu que je cherchais depuis toujours et mon premier week-end à l’école
me confirma ma première impression. J’intégrais l’école, avec l’accord des directeurs
Guillaume Husson et Géraldine Abel, et je me lançais avec beaucoup d’implication et d’enthousiasme dans cette nouvelle aventure
que je devinais déjà remuante car vivante !!!
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4. Mon processus avec la Biodanza®
Depuis plusieurs années, j’effectue une
psychanalyse que j’ai poursuivie durant ma
formation de Biodanza®. Elle m’a permis de mettre du sens sur ce que la
Biodanza® mettait en chaos en moi pour un nouvel ordre plus en correspondance avec ma nature profonde. J’ai adoré avoir
ces deux espaces de création de moi-même,
complémentaires. Chaque chemin proposé est singulier, cependant, chacun contribue à « l’autopoïèse » de
mon identité de Sandrine Sanchez.
Je me suis
plongée avec délice dans ce parcours de formation en Biodanza® et de
vie au sein d’un groupe qui m’a accueillie (j’ai intégré l’école en fin
de première année, juin 2006) avec chaleur, enthousiasme et tendresse.
J’ai souhaité
partager le chemin que j’ai effectué
avec la Biodanza® pour témoigner de ce
qu’elle peut apporter dans la vie de chacun, même
si selon les histoires personnelles, les impacts
existentiels seront différents. Pour moi, il y a un
avant et un après Biodanza®. Ma perception de la vie, des autres, du monde, de moi-même est devenue plus intense, elle ne pourra plus être celle que j’avais avant de rencontrer la Biodanza® sur ma route !!!! Merci
à la vie de l’avoir placée sur
mon chemin !
J’ai fait le choix de développer cet aspect personnel en reprenant
chacune des lignes de vivencia, afin de pouvoir être la plus
proche possible de toute cette aventure intérieure
avec la Biodanza®.
LA VITALITE
J’ai pu
m’apercevoir tout au long de mon exploration que cette ligne est bien présente en moi. Mon dynamisme, mon pétillement, mon
enthousiasme prennent une place importante dans
ma vie. Et grâce à la Biodanza®, ces aspects-là ont pu s’installer
durablement.
De même, chaque jour
en fond d’humeur du jour, la joie de vivre est là, toujours présente, même dans les petits chaos de la vie,
avec des émotions comme la tristesse, la
colère, « tout ce petit monde » se côtoie de manière fluide. La Biodanza® m’ a permis de donner de la place à tous les aspects de la
vie en moi. Et
aujourd’hui, quelle que soit la tempête, je sais que ma nature profonde est joyeuse et qu’elle ne demande qu’une
étincelle pour se rallumer.
Mon énergie de vie
est puissante et je sais la transmettre à travers mes vivencias quand j’anime en tant que facilitatrice. Le
matin, mon élan de vie me pousse
hors du lit pour aller vers ce que la vie va m’offrir, ma capacité d’action s’est développée encore plus.
Peut-être, ai-je plus de soin envers mon autorégulation
et suis-je plus attentive à mes besoins de repos et de récupération.
Ma santé générale
plutôt très bonne, ma récupération rapide après un effort et mon appétit excellent marque une vitalité bien
exprimée. Ma tendance avant la Biodanza®
suivait déjà cette direction, elle semble
l’avoir ancrée encore un
peu plus.
LA SEXUALITE
Cette ligne a été
fort malmenée durant mon enfance. C’est sans doute là que mes chaos ont été les plus bouleversants durant ma
traversée de formation.
J’ai tout d’abord
pu repérer l’essentiel de mes fonctionnements
dans ce domaine : vision négative de la sexualité génitale, désir
lié à des peurs, plaisir emprunt de répression,
culpabilité, honte. Tout un lot de ressentis non conscientisés
en arrivant à la Biodanza® que j’ai pu
mettre au jour car le corps ne ment pas et il
ne fait pas de concessions !
Le chemin du
changement a été long et douloureux. Petit à
petit, j’ai pu laisser émerger mes
désirs pour les suivre, le plaisir a pu retrouver une place dans mon corps sans culpabilité ni honte et dans la plupart
des gestes de mon quotidien.
Mon rapport avec
les hommes s’est totalement transformé, il est passé d’une
méfiance a priori à une ouverture confiante. Etre proche d’un homme physiquement a cessé d’être
un stress, cela est devenu un plaisir, un moment bienfaisant.
La séduction a repris une plus juste place, moins liée uniquement à la sexualité, dans une dimension plus tournée vers la
tendresse, la douceur, l’affection partagée.
J’ai
acquis la faculté à oser dire non, à poser
des limites de manière juste avec les hommes,
sans colère, sans rage et à accepter que la caresse affective auprès
d’eux soit possible, agréable et réciproque.
Ma féminité s’est
adoucie, arrondie, elle est réellement entrée
dans une position sensible plus osée, plus
yin, elle est plus posée, plus dense, dans une présence tranquille.
Ma sensualité s’est développée également sur cet aspect-là
dans un fonctionnement général plus souple.
LA CREATIVITE
Ce thème est largement développé et exploré dans ce
chapitre en ce qui me concerne !
L’AFFECTIVITE
Cette ligne a
également été largement en chaos pour moi. De par mon histoire et mon vécu, sexualité et affectivité ont été
fortement dissociées dans mon
fonctionnement. Les réunir m’a demandé beaucoup de traversées vivencielles.
Mes relations avec
les autres êtres humains, au départ plutôt sur le mode de la soumission-domination, se sont équilibrées, elles
sont devenues plus vivantes, nourrissantes.
Je me sens authentique et sincère dans chacun des liens que je crée. De même, je ne suis pas différente dans mon
travail et dans ma vie privée, les deux sont
reliés et cohérents.
J’ai pu introduire
de la stabilité dans ma vie amoureuse, j’ai beaucoup moins
peur d’aimer, cela ne me fait plus fuir. Et
ce n’était pas gagné d’avance !
Mes amitiés sont
plus chaleureuses, j’y suis vraie, je n’ai plus peur d’y exprimer mes émotions. Ma
sincérité plus affirmée m’a d’ailleurs permis d’effectuer
des ruptures dans des liens qui étaient devenus « toxiques
» pour moi sans trop de difficultés. Je me sens plus tolérante à la différence et j’ouvre mon
cœur plus facilement à la tendresse pour tout être humain.
Je
n’ai plus peur de la relation à l’autre, quel qu’il soit. J’ai acquis une confiance dans l’Homme qui s’ancre chaque jour un peu
plus. J’adore arriver dans une soirée où il y
a un grand nombre de personnes. L’idée
de nouvelles rencontres, d’échanges à venir m’enthousiasme.
Je me sens curieuse de mon semblable. Je recherche son contact, il me permet de me
rapprocher encore un peu plus du vivant en
moi, de ce que je suis.
LA TRANSCENDANCE
Il est certain
qu’aujourd’hui, plus que jamais, je me sens dans
le présent, consciente du merveilleux cadeau
qu’est la vie. L’arrivée de ma fille Ambre, bientôt
trois ans, m’a également aidée à être dans l’ici et
maintenant. Je goûte à sa présence, je savoure chaque moment passé avec elle,
sachant dans mes cellules qu’ils sont
uniques et pour cela sacrés.
J’ai maintenant la perception de l’extraordinaire dans
l’ordinaire de mon quotidien : pouvoir
contempler le coucher du soleil, avoir la chance de me réveiller auprès de mon amour le matin, pouvoir prendre
dans mes bras une amie,...
Ma conscience de
l’écologie s’est encore développée, j’essais que chacun de mes gestes soit en cohérence avec la vie. Avec mon
compagnon, nous avons projeté de construire
une maison en bois, avec uniquement des matériaux écologiques. J’ai besoin de vivre dans un lieu vivant,
qui respire. Le respect de la terre est devenu
une évidence, notre alimentation est essentiellement biologique et locale si possible, elle respecte la terre, les Hommes
et notre santé.
Mon compagnon, ma
fille et moi avons déménagé en Ariège pour être plus proches de la nature, sentir ce lien profond au vivant me
réjouit chaque jour. Etre au pied des Pyrénées me permet d’ancrer mes racines, de me sentir
posée. La sensation de faire partie de la totalité est plus forte
ici pour moi qu’en ville à Toulouse. Je suis heureuse de ce choix, fait aussi pour
notre fille.
Et ce qui m’a particulièrement marqué
quand je suis arrivée en formation, c’est en
moi ce sentiment de revenir à la « maison
», au sein de la tribu humaine, sentir
au plus profond de mon être cette appartenance à la communauté humaine. Je ne suis plus seule, dans les faits peut-être parfois, mais c’est momentané. Sentir
ce lien avec mes semblables me donne un sentiment de sécurité, de solidité pour traverser ma vie, chaque jour.
Dans mon
fonctionnement général, je suis plus en contact avec ma puissance intérieure, avec mes capacités de création. Mon
estime de soi est meilleure,
l’affirmation de ma singularité a beaucoup progressé par rapport à mes débuts
en Biodanza®. J’ai beaucoup plus confiance dans mon potentiel, j’ose plus. J’aime être appelée
Sandrine, contrairement à d’autres temps où
j’avais nombre de surnoms divers. Mon identité me plaît et j’ai de plus en
plus envie de l’offrir au monde !!! Je suis
fière de la « créature créatrice » que je suis devenue aujourd’hui
et qui va encore et encore continuer à accoucher d’elle-même
durant toutes les années à venir !
5. Ma Créativité existentielle ou l’art de
danser ma vie !
Quand
je regarde aujourd’hui ma vie, je suis fière, heureuse et satisfaite de ce qu’elle est. Je me sens en cohérence avec mes
idées, mon cœur et mes actes. Je vais partir
de chacune des trois questions existentielles que la Biodanza® m’invite à me poser
pour dérouler le fil de cette danse vitale que j’effectue
chaque jour.
AVEC QUI
EST-CE QUE JE VEUX VIVRE ?
Dans
ma relation amoureuse, je me sens aujourd’hui sincère, vraie, qualifiée, aimée,
soutenue dans mes entreprises, entendue dans mes demandes, écoutée dans mes difficultés, dans ma sensibilité. Mon
compagnon Patrice et moi partageons une vision
biocentrique du couple, qui nous rapproche profondément.
Notre
communication est plutôt satisfaisante pour moi, les conflits existent entre nous mais ils trouvent souvent une
résolution bénéfique pour l’un et pour l’autre.
Nous avons des centres d’intérêts communs qui
créent entre nous un lien profond et
fort. J’aime la complicité qui nous relie et qui fait le piment
de notre quotidien. Je ne m’ennuie jamais avec lui, je ne
sais pas ce que c’est que la routine, notre
relation est bien vivante. D’ailleurs, il nous
est impossible (et je crois que peu nous
importe) de nous souvenir en quelle année nous nous sommes rencontrés, c’était hier
!!!
Je le vis
attentionné et compréhensif, je me sens respectée dans une relation nourrissante. Ce lien est pour moi écologique, il
correspond à mon besoin de sécurité tout en
satisfaisant mon désir de pétillement d’une
relation bien vivante !
OU EST-CE
QUE JE VEUX VIVRE ?
Depuis
juillet 2010, je vis en Ariège, à Foix après avoir vécu de nombreuses années à Toulouse. Dans cette petite ville, je
me sens encore à la découverte, je commence
à prendre des repères mais doucement. J’aime le côté tranquille, un peu touristique, familial, au ralenti de
Foix. Cette vie me correspond mieux aujourd’hui.
Je
vais travailler deux jours à Toulouse en train, j’y dors une nuit. Là-bas, je
satisfais mon besoin de lâcher momentanément ma responsabilité de maman. J’y retrouve mes amies de longue date, nous discutons des
heures, j’adore ! Je me couche tard, je travaille beaucoup, c’est un peu le tourbillon de la ville qui me prend. Lorsque je reviens près des montagnes qui dominent
Foix, je me sens centrée, apaisée, ancrée
et chez moi. J’aime revenir ici, je me sens plus connectée à moi-même ici, plus proche de ma nature
profonde. Pour l’instant, cet équilibre ville-montagne me va bien !
Je
n’ai pas encore créé beaucoup de nouveaux liens mais cela se fait
tranquillement. Je me laisse le temps et j’ai confiance que ceux-ci vont se faire au hasard
des rencontres. Et je ne suis qu’à une heure de Toulouse.
Nous
sommes à la recherche d’un lieu dans la
nature qui nous permettra de construire une
maison écologique en bois, si possible dans un éco-lieu à plusieurs. Le
partage est au cœur de notre vision de la vie.
Ici,
je mène une vie plus simple, plus saine et plus écologique. Cela est d’autant plus important pour moi que je suis maman d’une
fille de 3 ans bientôt à qui j’ai à cœur d’offrir tout cela dès maintenant. Cette vie se rapproche en effet plus de l’éducation
biocentrique que j’essaie de lui transmettre.
QU’EST-CE
QUE JE VEUX FAIRE DANS MA VIE ?
Il y a un peu plus
de dix ans, j’ai quitté un « bon » poste dans
une grande entreprise pour réaliser un rêve,
celui de devenir art-thérapeute. Je mourrais à petit
feu dans cette grande organisation et, en
devenant thérapeute, la vie s’est de nouveau remise à battre dans mon domaine professionnel
et donc dans l’ensemble de mon quotidien.
Par la créativité,
j’accompagne des adolescents et des enfants plus particulièrement
que des adultes maintenant à retrouver ce pétillement de vie qui parfois leur fait
défaut. En groupe ou en individuel, j’assiste, émerveillée et émue, au réveil
de la vie. Je suis passionnée par ce travail qui m’apporte joie, émotions, vibrations, pulsations de vie !
Et depuis septembre
2009, je suis facilitatrice de Biodanza®. Je satisfais mon besoin impératif de créativité avec « ma dose » de
vivencias à « modeler » chaque semaine (j’ai
maintenant deux groupes hebdomadaires). Je suis
témoin du développement du potentiel de
chaque participant, je me réjouis à chaque pas supplémentaire
effectué par les uns ou les autres. Je me délecte intérieurement de voir les changements notoires que chacun fait dans son
fonctionnement, sa vie. J’aime tout
particulièrement cet accompagnement sur la durée d’un an d’un groupe qui naît et prend forme avec l’affectivité. Le
potentiel de création, de transformation de
l’être humain me passionne, me questionne, me ravit.
J’ai le métier que j’aime,
basé sur la rencontre entre les individus.
Je me sens à ma
place sur mon chemin, je sais que j’ai « œuvré » pour qu’il me
ressemble. J’ai contribué à construire cette route-là et de le savoir renforce mon estime de soi ! Mon
existence me satisfait, j’ai bien sûr
toujours des désirs, des envies (et
heureusement !) qui me poussent dans le mouvement de la vie. Et à côté de cela, je mesure le précieux de ce que je vis, je
le goûte et le savoure pleinement parce que je sais que c’est en partie mon « œuvre d’art ».
1. Mon
premier groupe hebdomadaire
Je suis Bélier, et la patience ou l’incubation
sont rarement au rendez-vous avec
moi. J’ai décidé très vite de démarrer un groupe, dès la rentrée de septembre qui suivait la fin du cursus théorique et
vivenciel de formation.
Première séance
découverte, j’avais réussi à mobiliser plus de vingt personnes pour venir ou découvrir la Biodanza® ou me
découvrir en tant que facilitatrice débutante
!!! Un des rôles principaux du facilitateur est
de permettre
la mobilisation du mouvement chez les participants I Et sur cet aspect, j’ai une compétence certaine, je le
lie beaucoup à ma ligne de la vitalité qui
est particulièrement développée chez moi. Cependant, une
semaine après, je me retrouvais avec
beaucoup moins de monde. Une dizaine de personnes, dont une partie était séduite et souhaitait s’inscrire pour l’année. Je connaissais la plupart d’entre elles, elles avaient suivi
mes ateliers d’expression plastique, une
confiance était déjà là me concernant et elles étaient prêtes à vivre une nouvelle aventure à mes côtés !
J’avais pris
beaucoup de soin concernant la salle qui allait recevoir les cours de Biodanza®, elle était chaleureuse, bien chauffée,
claire, accueillante.
Cela me paraissait
essentiel pour accompagner ces personnes au mieux dans leur processus
d’évolution. J’ai été fort récompensée !!
Ce premier groupe
fut petit finalement, cinq personnes assidues, inscrites à l’année et quelques passages en cours d’année. Mais
quel chemin parcouru durant cette année et
pour moi et pour elles (seulement des femmes !). L’assiduité
a été la caractéristique principale de mon groupe. Nous avons pu suivre une progressivité assez rapide de ce fait. Les
lignes de vivencia ont été explorées lors de
multiples propositions et l’intégration du groupe, en particulier affective, a été un point majeur de cette première année.
Des liens très forts se sont créés entre les
participantes mais aussi entre moi et ces dernières.
Un autre point qui me paraît important dans le fait ditre facilitatrice : la nécessité d’un engagement affectif. De celui-ci va aussi dépendre l’évolution et l’intégration du groupe.
Je sens que dans les liens affectifs profonds que je tisse avec chaque participant,
la confiance s’installe et dès lors, l’entrée plus profonde en vivencia en est facilitée, assortie bien
entendu de la confiance très importante dans un
groupe en grande partie stable et engagé.
2. Mon évolution grâce aux supervisions
En règle générale, je me suis toujours sentie à l’aise au cours des
supervisions, je vivais vraiment ce temps comme un
espace de soutien, d’accompagnement dans
lequel je pouvais expérimenter de l’inconnu pour bénéficier d’un retour constructif avec le ou la superviseuse. Pouvoir être guidée sur
ce chemin de la facilitation m’a énormément apporté. Cela m’a aussi chamboulée à certaines étapes de ce parcours.
J’ai repéré chez moi tout d’abord une certaine euphorie, un enthousiasme de
départ fort qui m’a permis de me lancer, d’oser créer mon propre groupe, de
faire le pas d’entrer dans cette posture de facilitatrice. Puis, mieux j’ai
géré les aspects techniques (musique,
lumière,...), plus les questionnements, les doutes sont apparus. Suis-je vraiment faite pour cela ? Si mon
groupe ne grossit pas, mon savoir-faire est-il
à remettre en question ? Mon travail est-il réellement en accord avec ce que la Biodanza® veut transmettre ? Mon
accompagnement de ce groupe-là est-il en
adéquation avec son niveau ?... Ces remises en
question profondes
m’ont amenée à faire de grands pas et à m’ancrer dans ce
métier,
à trouver ma propre
identité de facilitatrice, à oser ma créativité, à être plus moi-mime, à m’approprier cet espace et à le
faire mien tout en restant fidèle à la Biodanza®.
En
fait, tout au long de ce parcours vers la
titularisation, j’ai pu mûrir ma posture de facilitatrice. Selon
moi, une sortie de formation s’accompagne de ce cheminement :
tout d’abord, j’applique ce que j’ai reçu sans vraiment y mettre ma griffe, puis petit à
petit avec l’expérience, je peux m’autoriser à être plus moi-même, à oser une
créativité propre sans trahir ou sans être infidèle à la Biodanza®. Je me sens aujourd’hui tout à fait moi dans
cet espace, sans crainte de me montrer telle que
je suis, présente avec mes difficultés, mes facilités, mes sensibilités, mes forces, mon amour et mon humour et j’aime me sentir moi à cette
place-là. Comment accompagner
l’autre vers lui-même si
moi-même je ne suis pas au moins en chemin vers cela ? J’ai pu réaliser un processus d’autonomie,
de confiance en mes capacités, d’authenticité plus grande avec le soutien des personnes qui ont accepté de venir me
superviser dans ce parcours. Je leur en suis
immensément reconnaissante. Je sais que ce métier sera encore habité de beaucoup de transformations, d’évolutions pour
moi, de doutes, il est vivant et c’est cet aspect-là qui
arrose mon désir de poursuivre dans ce chemin !!
Premier
point, ma difficulté principale a été de me faire confiance quant aux
consignes que je voulais faire passer. J’avais toujours besoin d’avoir près de moi mon carnet pour pouvoir m’y reporter. Mais du coup, mes consignes manquaient
de vivant, de spontanéité. Je souhaitais absolument dire tout ce que j’avais prévu et tel que je l’avais écrit. Cela m’a été
difficile de l8cher mon carnet et de faire confiance à mes expériences propres de
Biodanza®, suffisantes en fait pour pouvoir retrouver l’essence de ce que je voulais
transmettre dans
chacune des danses. J’ai petit à petit un
peu plus laissé mes notes mais j’ai quand même
encore besoin d’un mémo à côté de moi quand je donne mes vivencias. C’est encore ainsi pour l’instant ! Et puis, selon mon état, mon centrage du moment, je me sens plus ou moins inspirée et donc plus
ou moins libre dans les mots. Pourtant, je vois
des similitudes entre le clown, l’improvisation que cela demande et dans laquelle je me sens bien et tranquille et
la place de facilitatrice dans laquelle j’ai
aussi à faire avec l’improvisation, avec ce qui est présent en moi à l’instant et
avec ce qui habite le groupe. Mais pour
l’instant, je n’ai pas pu vraiment transposer
ce travail du clown dans mon métier de facilitatrice.
Second
point, sortir d’une théorie trop éloignée de la réalité de vie de chacun, plus adaptée à des élèves en formation qu’à des participants
d’un cours hebdomadaire ! Je crois avoir fait
des progrès cette année dans ce domaine. Ai-je
acquis une intégration plus importante de la Biodanza ? Mon expérience plus
longue en tant que facilitatrice me permet-elle une meilleure transmission,
plus essentielle ?
L’important dans ce temps de théorie, c’est que les personnes puissent faire des liens entre leur
quotidien, les danses et l’invitation qui leur
est lancée dans la Biodanza®, afin que toute cette expérience réalisée de manière protégée puisse trouver sa place à l’extérieur, dans
le monde, dans leur
vie de tous les jours. Et les exemples concrets me paraissent des éléments « déflagrateurs », rassurants et
parlants pour entrer encore plus loin dans la vivencia, pour oser l’expérience.
A l’opposé, un de mes points forts dans ce métier de facilitatrice est ma
capacité
à « emmener » le groupe. Je lierais l’existence de ce potentiel à
quelque chose que j’ai beaucoup entendu durant ma formation et
qui me semble fondamental dans tout métier en
lien avec les personnes, ma propre conviction dans ce que je propose, ici la Biodanza®.
C’est l’énergie, la
motivation et la vitalité
qui habitent mon identité que je transmets, qui donnent envie aux personnes d’entrer dans mon sillon.
« Nous sommes un feu, une source de chaleur auprès de laquelle les personnes viennent se réchauffer ! » Guillaume
HUSSON.
Je me reconnais
totalement dans ce positionnement et il me semble aller de soi. J’ai toujours en
tète la dernière lettre de Rolando. Pour lui, « le facilitateur est un révélateur de lumière chez l’autre »,
encore faut-il avoir la perception de la sienne propre en évitant le danger d’un égo trop
présent !
Un autre point qui
m’a souvent été pointé et sur lequel je peux m’appuyer : ma capacité à relier mes consignes au thème que j’ai choisi pour la
vivencia. Je ne sais pas travailler autrement qu’en choisissant un
thème pour mes vivencias, c’est alors mon fil rouge pour les danses,
les musiques, les consignes
et alors tout prend une cohérence qui m’aide à trouver du sens à ce que je propose. Les consignes sont donc pour moi un réel temps de
création dans lequel j’introduis un sens
indispensable, me semble-t-il, pour l’effet déflagrant
de celles-ci.
Il est vrai que j’ai
trouvé en créant les vivencias un réel espace pour
ma créativité personnelle, à la fois dans l’invention
continue que réclame chaque consigne pour s’adapter au thème, dans la
description de chaque danse pour qu’elle
soit à chaque instant réinventée, vivante, dans le contenu et le déroulé de la vivencia (danses et courbe) pour répondre au mieux à
la progression du groupe, au niveau de
celui-ci. J’expérimente une fluidité continue qui me demande
d’aller chercher dans mes ressources créatives. J’adore ce temps
de latence, de recherche, de
maturation, de germination qui précède la création de chaque vivencia. Je m’y sens dans une tension agréable,
motivante qui trouve sa détente dans le
moment de la création de la vivencia et dans son temps
d’animation.
Au
fur et à mesure des supervisions, mon
travail s’est approfondi, affiné, j’ai pu préciser des concepts que je n’avais qu’effleurés
peut-être durant la formation
sans m’en rendre compte. Ces temps de supervision
furent très riches d’échanges, de
transformations personnelles, de remises en question. Seule la mise en situation que
constitue le fait de créer et d’accompagner un groupe m’a permis de
repérer les points où
il m’est nécessaire d’avancer, d’améliorer, de travailler encore et encore.
J’ai
très envie aussi de poursuivre les supervisions tout au long de mon parcours de facilitatrice. Je fais déjà cette démarche
depuis dix ans dans mon métier d’art thérapeute
et cela m’apporte énormément, en particulier, la supervision me permet un recul avec le regard d’une personne extérieure au groupe, je peux ainsi recréer de l’espace
en moi pour me remettre à penser autrement, à percevoir différemment, à créer. Nous avons un peu commencé à mettre en place ce type de travail avec quelques collègues
de formation, il nous permet en plus de
danser ! Puis, nous pouvons ensuite échanger, partager, émettre des avis différents, suggérer de nouvelles
pistes. Travailler collectivement me plaît
beaucoup, c’est nouveau pour moi et très enrichissant, gratifiant. Là aussi, je
mesure l’importance du lien aux compagnons pour faire un réel chemin d’évolution
!
Enfin,
pour conclure cette première expérience de facilitatrice, je souhaite partager que je suis pleinement remplie,
satisfaite, épanouie lorsque je crée une vivencia. Cette mise en forme comble
mon besoin fort de créativité, de sens
dans ce que je fais et elle répond en grande
partie à l’une des trois questions
existentielles que la Biodanza® m’invite
à me poser : qu’est-ce que je
veux faire dans ma vie ? J’éprouve toujours beaucoup d’enthousiasme, de plaisir, de joie, d’amour à réaliser une vivencia. Je rentre
dedans, je m’imagine ce que les participants
vont pouvoir vivre, ce qu’ils vont pouvoir emmener de cette proposition dans leur vie. Souvent, je me sens très
joyeuse, excitée à la veille de donner
ma vivencia. Et puis, je suis heureuse et touchée aussi de voir les personnes retrouver leur sourire, leur vitalité, du
plaisir, de la joie, oser être elles-mêmes et
témoigner de tout cela lors des vivencias ou du récit vivenciel. Je me sens à ma place et sur ma route en tant que facilitatrice.
3. Mon second groupe hebdomadaire
Cette
année, j’ai ouvert un groupe en septembre avec toutes les élèves de mon groupe de l’année précédente plus quelques autres.
Dans mon groupe, le récit vivenciel est
particulièrement « habité » par les participantes. En effet, chacune a à cœur de partager
les changements que la Biodanza® introduit chaque
fois un peu plus dans sa vie, les vivencias expérimentées dans les cours précédents, le vécu de l’instant. Ce temps constitue réellement un espace de
création par la parole, où celle-ci est
reliée à la fois aux ressentis de celui qui pose des mots et aux autres personnes présentes, cette
parole vivencielle qui unit,
qui fait naître le groupe. Ce partage d’une
humanité en transformation crée des liens très
profonds, cette parole vivante donne forme à l’affectivité dans le groupe un peu plus chaque fois.
Et
je peux noter que lorsqu’une nouvelle personne arrive dans le groupe, les partages sont différents, il est nécessaire pour les
participantes de reprendre leurs
marques, chaque nouvel élément dans le groupe invite chacune à se repositionner, à choisir de remettre son masque ou à le
laisser de côté avec confiance. Chaque partage fortement vivenciel invite du coup
chacune à oser aller
plus loin dans ce qu’elle dépose dans le groupe, une sorte d’autorisation se met en place qui grossit avec l’affectivité du groupe. Je me souviens que nous
avions abordé en formation cet aspect du groupe hebdomadaire, faire un récit vivenciel à chaque fois ou non. En ce qui me
concerne, j’ai envie de le proposer à chaque
séance et il me paraît important comme un autre aspect de l’expérience vivencielle. Pouvoir être soi avec la parole,
relier les mots aux ressentis internes
m’apparaît fondamental et vient amener une note supplémentaire
au « je sens, j’exprime ». Là
le « j’exprime » étant la mise
en
mots ! Et puis, c’est aussi oser affirmer son identité que de
dire dans le groupe, de se dire.
J’ai choisi cette
année de ne proposer que l’engagement à l’année dans mon groupe hebdomadaire de Toulouse. Toutes les personnes ont
accepté cet engagement sur la durée. Un processus nécessite du temps pour permettre une évolution, une transformation. Pour moi, là
aussi, tout dépend de la conviction
personnelle du facilitateur, de son positionnement par rapport à l’engagement. Sur une quinzaine de personnes, seules deux n’ont pas
accepté dès le départ l’engagement : la première
s’est inscrite au trimestre et au bout de deux mois, elle m’a indiqué que je pouvais la compter
pour l’année, elle a d’ailleurs pris
son forfait très vite et la seconde qui continuait à payer par séance a fini par arrêter de venir.
Dès lors, compte
tenu de cette expérience et de l’évolution qu’a pu prendre très vite ce groupe en particulier au niveau de la
ligne de l’affectivité, des partages vivenciels de début de séance, je souhaite dorénavant ne proposer que des cours hebdomadaires assortis d’un
engagement annuel. Moi, je m’y sens complètement investie et j’accompagne réellement chaque
personne dans son
processus. Je sens aussi que dans cet
engagement, je suis moi aussi plus libre
d’être dans l’affectivité, je m’implique dans une réelle relation de durée, vivante, authentique et de confiance.
La manière dont
nous sommes en lien avec les participants joue un rôle dans leur engagement dans le groupe et dans le processus. Et dans cet engagement
annuel, les participants sont également beaucoup plus engagés dans ce chemin, ils sont présents (j’ai peu d’absentéisme) et investissent le cours,
il prend une place fondamentale dans leur quotidien, dans leur vie et du coup, ils ont aussi très envie de partager cela avec
d’autres et ne manquent pas d’amener de
nouvelles personnes aux stages de découverte
que je propose. Et depuis quelques cours,
je savoure le désir que plusieurs participantes ont émis d’organiser un repas ou une journée ensemble, en dehors
des temps de vivencias.
Cette seconde
année de facilitation en cours est déjà fort différente de la première et ce n’est que le début d’un processus !! Mon identité de facilitatrice se renforce à travers les
vivencias que je traverse en animant mes cours hebdomadaires. Ma nature de facilitatrice se consolide et
prend petit à petit sa
place. Je me sens de plus en plus juste et créative donc
vivante dans ma façon d’animer. Mon groupe s’est bien
étoffé et toutes les participantes
de l’année dernière sont revenues cette année très motivées. Le processus d’intégration
de la facilitatrice est en cours et il me plaît
de le voir se mettre en forme !!!
Enfin,
un aspect important m’est apparu aussi durant cette période d’apprentissage du métier de facilitatrice. Tout l’ « à côté » du groupe hebdomadaire,
tout cet accompagnement des personnes qui ne se limite pas à la séance
de Biodanza®. Lors du processus d’évolution, les personnes rencontrent des difficultés, des obstacles, le mouvement
s’arrête et elles sont tentées par l’arrêt
de la Biodanza®. Dois-je les laisser se
figer, arrêter le mouvement et continuer dans le sens qu’elles ont choisi sans la Biodanza®
alors qu’elles se sont engagées pour un temps
déterminé dans le groupe ou puis-je « mettre mon grain de sel » et les inviter à continuer le mouvement au sein
du groupe et de la Biodanza® ? J’ai opté pour
la seconde route et plusieurs personnes ont pu me témoigner qu’une transformation vers un autre possible s’était
accomplie au sein du même groupe et avec
la Biodanza®.
Animer
un groupe hebdomadaire est selon moi un réel investissement personnel qui dépasse le seul espace de la vivencia, tout
au moins pour certains participants et à
certains moments du processus d’évolution. Ensuite, il revient au facilitateur de décider de ce qui est de sa compétence
et de son désir d’accompagnement.
Il
m’apparaissait important de partager cette
expérience de facilitatrice « en création » parce qu’elle montre que chacun à sa façon va investir de manière singulière
cette place, petit à petit, et de façon différente, selon ses potentialités, son origine professionnelle, son évolution
personnelle, ses convictions, ses
expériences, son histoire, ses désirs...
C’est ce qui va faire l’identité du
facilitateur et qui fait la richesse de la Biodanza®. Elle permet à chacun de connecter sa nature profonde dans cette place de
facilitateur et ainsi d’offrir à chaque participant une large palette de couleurs de
facilitation.
4. Mon avenir avec la Biodanza®
Quand je fais une formation, c’est toujours avec
l’objectif d’en faire quelque chose dans ma vie. Bien sûr, je
choisis aussi une formation parce qu’elle
me permet de vivre
une belle aventure personnelle mais ce n’est pas ma motivation de départ. Je me projette toujours une fois la
formation terminée, que vais-je en faire
professionnellement ?
Avant d’être art-thérapeute, je travaillais dans une compagnie d’assurances
et même si celle-ci répondait à mes critères de valeurs
humaines, je m’ennuyais à mourir dans mon bureau
et il devenait vital pour moi d’aller voir ailleurs.
J’ai eu la chance d’obtenir, dès ma première demande, un congé individuel de formation. Après ce parcours de deux ans
pour être art-thérapeute, je me suis mise à temps
partiel, puis j’ai demandé un congé sans soldes d’un an et enfin, j’ai obtenu un licenciement qui
m’a permis de construire mon nouveau métier.
Après cette expérience de 12 ans (quand même !) au sein de cette compagnie, il était
clair pour moi que ce que je recherchais dans un travail, c’était avant tout la passion, le
fait de vibrer, de me sentir vivante. Je ne me
suis pas trompée en choisissant ce métier au cœur même de la créativité dans lequel je me sens toujours en découverte,
stimulée, excitée, joueuse, joyeuse,
touchée, vivante quoi !!!
Et c’est exactement
ce que je ressens en animant mes vivencias, en
voyant mon groupe se transformer, en entendant les participantes
témoigner de ce qui se passe pour elles dans
le processus de la Biodanza®, en constatant que s’organisent
des dîners en dehors des séances. Et je sais que c’est là que j’ai envie d’être, au cœur de la vie ! Pour Rolando, « la création est une extension du processus de vie. » C’est bien de ce
processus dont il s’agit dans mon métier.
J’ai profité de ma
seconde année comme facilitatrice de Biodanza®, ayant effectué mes supervisions et étant de ce fait un peu plus
disponible, pour me former à l’extension
enfants, adolescents et familles avec Monica Turco. Je me suis
régalée avec l’humour de Monica, j’ai été séduite par sa simplicité et par sa large expérience dans ce domaine.
Même si cela m’effraie un peu car c’est une prise de risque beaucoup
plus grande qu’avec les adultes, j’ai le désir profond de
travailler avec les enfants, les adolescents
et les familles. Dans mon métier d’art-thérapeute, c’est déjà cette direction que je prends depuis quelques temps. J’aime la spontanéité, le naturel, la franchise, l’innocence des
enfants. J’adore la fragilité déguisée des ados, leur curiosité un peu timide, leur maladresse
pour dire, exprimer,
leurs résistances face
aux adultes. Et la famille, elle me touche parce qu’elle me montre combien vivre ensemble
est tout un apprentissage (je parle aussi pour ma petite famille !). Je
suis aussi séduite par la diffusion de l’éducation
biocentrique à ces publics.
Ce qui me tente fortement aussi dans le travail avec les enfants, c’est le chaos, le désordre immanquablement
présent qui me bouscule et qui m’oblige à entrer dans le mouvement, dans la vie avec confiance, à
sortir du connu, de
mes habitudes et surtout qui m’invite constamment à être créative !!!! De l’inconfort souvent,
du piment, de la joie et du jeu constamment !! Je suis stimulée par ces perspectives !
Je
vais donc dès cette année préparer le terrain pour développer un cours enfants au sein d’une école, d’une crèche (j’ai déjà un projet en cours dans une crèche !), à voir ce qui sera possible ou en cours privés.
Je suis intéressée particulièrement par l’entrée de la
Biodanza® au sein des structures reconnues pour
que la Biodanza® puisse l’être elle-même dans ses effets, ses possibles. Le changement est à introduire aussi dans les institutions
même les plus résistantes (sic !). Et puis, j’ai à cœur aussi que tous les enfants puissent
bénéficier de la Biodanza®. En cours privés, ce seront les enfants de parents déjà
sensibilisés à une éducation
différente. A l’école, les
enfants sont de tous les milieux socio-culturels
et c’est là que les liens sont fondamentaux, au sein d’une population hétéroclite.
Je
vais poursuivre mes cours hebdomadaires (un à Foix et un à Toulouse), certainement proposer un
cours intermédiaire dès l’année prochaine pour les personnes qui ont déjà effectué au moins deux années de
Biodanza®. Il me plaît d’accompagner des personnes sur plusieurs
années et de voir se dérouler leur processus
d’évolution. J’aime m’engager sur du
long terme pour être la témoin du changement,
de la vie qui pulse, qui germe et fleurit !!! A côté de mon métier d’art thérapeute, je souhaite ajouter celui de
facilitatrice de Biodanza®, deux espaces
de créativité existentielle essentiels à mon équilibre vital.
L’écriture
de cette monographie m’a permis de mettre en œuvre ma ligne de la Créativité durant
plusieurs jours de manière intense puisque j’ai attendu d’être sous pression au niveau des délais pour m’y
mettre. Pourtant, j’adore écrire et le sujet
que j’ai choisi m’enthousiasme beaucoup. Je me suis réservée plusieurs jours uniquement pour ce temps-là d’écriture. Je
suis allée « fouiller » en moi pour extraire
l’essence de mon expérience « au sein » de la
Créativité.
Je me « soupçonne
» en fait d’avoir reculé ce moment parce qu’il
marque aussi la fin de cette formation et peut-être n’ai-je pas encore
envie de finir cette aventure-là ! Mon parcours de formation initiale se termine, c’est une
page qui se tourne, un chapitre qui se clôt, ce temps
privilégié avec tous les compagnons de formation
ne reviendra plus. Je m’aperçois que j’ai
rencontré la Biodanza® au cours d’un certain
mois d’avril et je termine ma formation au mois d’avril
2011, quelques années plus tard ! Mon anniversaire
est aussi ce même mois, il me plaît d’y voir là
une synchronicité chargée de sens : la fin d’un cycle ouvrant le commencement d’un autre. Je ressens un peu de nostalgie en pensant à ce voyage passé même si je sais que celui de facilitatrice
démarre à peine et que de belles formations
continues et de magnifiques expériences de facilitation m’attendent
au détour du chemin !
Et « accoucher » de
soi-même n’est pas si rapide. Tout d’abord, un temps pour mûrir ce thème m’a été nécessaire. Et puis, je
réalise qu’en fait, gr8ce à cette monographie,
je mets en forme théoriquement ce que je fais intuitivement dans mon travail d’art thérapeute depuis de nombreuses
années. Je m’étais promis qu’un jour, je me
donnerais le temps et l’énergie de réaliser un
écrit sur ma pratique reliée à des concepts
théoriques. Au cours de ma formation d’art
thérapeute, je n’ai pas eu à faire
cette introspection et ce travail d’écriture n’était
pas demandé. Je me rends aujourd’hui compte combien ce « malaxage intellectuel et
vivenciel » me permet de prendre du recul, de
voir d’un autre regard ma pratique
professionnelle, d’ordonner mes idées pour pouvoir les transmettre aux autres. Depuis
que j’ai terminé ma formation d’art thérapeute, je
sens ce manque d’un écrit pour remettre de l’ordre, pour m’approprier réellement ce que j’ai reçu. J’ai eu très longtemps une
difficulté majeure à parler de mon travail.
Difficile de « donner envie » si le désordre règne !
J’ai
également eu cette sensation de clarté en rédigeant mes comptes-rendus durant ces
trois années de formation. Ils constituent un aspect important du parcours de facilitateur « en création ». En effet,
lors de leur écriture, je remettais de « l’ordre » dans ma pensée, j’éclaircissais les concepts
théoriques et souvent je pouvais donner du sens à mon vécu, j’étais plus apte
avec ce recul de l’écrit à repérer mes
fonctionnements en mettant en mots l’aspect vivenciel du compte-rendu. Ainsi, ces
rédactions m’ont permis de relier théorie et vivenciel. Ce lien facilite ensuite la mise en forme langagière, l’acte de parole pour transmettre la Biodanza®. J’y vois là une
intégration pensée, vivencia et action,
fondamentale pour un futur facilitateur.
Enfin,
en rédigeant cette monographie, j’ai pu réaliser combien il m’importait de pouvoir
laisser émerger ma singularité grâce à la Créativité. Je n’ai pratiquement pas remanié cet écrit, il a émergé de
moi très simplement et naturellement. Je relie
cette facilité d’écriture aux traits que citent Maslow et Rogers et qui sont l’acceptation de soi, la liberté
d’esprit et le courage. Ces caractéristiques m’amènent à soutenir que la Créativité est profondément subversive. Il me
plaît de penser que la Biodanza® peut s’introduire dans tous les milieux : écoles, administrations, entreprises,.., pour introduire,
maintenir et nourrir une manière de vivre les uns
avec les autres basée sur le Principe Biocentrique
et donc sur la Créativité. Faciliter l’accès
des individus à leur propre pouvoir créateur
est décidément une idée qui fait pétiller mes cellules ! C’est
pour cette raison que j’ai à cœur de promouvoir la Biodanza® dans
tous les lieux où a priori elle ne pourrait
pas trouver place !
Brainbridge
Cohen Bonnie,
Sentir, Ressentir et Agir, Editions Nouvelles de Danse, 1993
Broustra Jean, Lafargue Guy, L’expression créatrice, Editions Morisset, 1995
Cameron Julia, Libérez votre créativité : osez dire oui à la vie !
Editions Dangles, 1992
Corneau Guy, La
guérison du cœur, Edition J’ai lu, 2002
Corneau
Guy, Le meilleur de soi, Editions J’ai lu, 2007
Csikszentmihalyi Mihaly, La créativité,
Editions Pocket Evolution, 2006 Jean-
Faure Philippe- Girardet Céline,
L’empathie : le pouvoir de l’accueil, Editions Jouvence, 2003
Garaudy Roger, Danser sa vie,
Editions Seuil, 1973
Garcia M.E, Plevin M., Macagno P., Mouvement
créatif et danse : méthode Garcia-Plevin, Editions Gremese, 2008
Jung C. G., Ma vie, Souvenirs, rêves et pensées, Editions Folio,
1973 Todd Lubart, Psychologie de la créativité, Editions Armand Colin,
2003
D.W. Winnicott, Jeu et Realité :
l’espace potentiel, Editions Gallimard, 1971 France
Schott- Billmann, Le besoin de danser, Editions Odile Jacob, 2000
Ribant
Bruno, Mettre la vie au centre de nos
vies, Editions Alphée, 2005
Rojzman Charles, Bien
vivre avec les autres, une nouvelle approche : la thérapie sociale, Editions Larousse, L’univers psychologique, 2009
Rogers Carl R, Le développement
de la personne, InterEditions, 1968 Roulin
Paula, Biodanza®, la danse de la vie,
Editions Recto Verseau, 2000
Schwebel M. - Raph J., Piaget
à l’école : libérer la pédagogie, Editions
Denoël, Gonthier, 1973
Toro Araneda Rolando, Biodanza®,
Editions le Vivier, 2006
Toro Araneda Rolando,
Fascicules de formation, traduction Hélène Levy Benseft
Cette monographie
vient clôturer ce merveilleux voyage que fut pour moi cette formation de facilitatrice de Biodanza®. Au cours
de ma traversée, j’ai rencontré de nombreuses
personnes, elles ont contribué de près ou de loin à mon évolution. Je tiens à les en remercier chaleureusement du fond de mon cœur.
Je
m’adresse tout d’abord à
Guillaume Husson. Il a su créer un climat de confiance et de liberté gr8ce auquel j’ai pu m’investir
de tout mon corps dans cette formation. Auprès
de lui, j’ai reçu l’essence de la Biodanza® qu’il a su me transmettre avec précision, éthique, orthodoxie et
professionnalisme. Sa connaissance profonde de
l’aspect théorique et son goût pour la réflexion n’ont cessé d’aiguiser ma curiosité, mon admiration et mon
intérêt. Ses vivencias m’ont transporté
magiquement dans des « lieux intérieurs magnifiques ». Je suis fière d’avoir été formée à l’école de Toulouse-Occitanie. Merci également pour les retours toujours très enrichissants et encourageants lors
de mes premiers pas de facilitatrice.
Merci
à Géraldine Abel pour son dynamisme, sa
présence pleine et sa puissance «
déflagratrice » lors des vivencias, sa clarté dans les aspects théoriques.
Je
remercie tous les facilitateurs riches de qualités humaines, professionnelles et
d’expériences vivantes invités à l’école, Alejandro Balbi Toro,
Carlos Garcia, Nadia Costa, Yves Gendrot, Marie-Odile Legrand... Chaque regard singulier a su m’ouvrir des portes et me
donner encore un peu plus d’enthousiasme pour diffuser la Biodanza®.
Merci à l’Ecole de Biodanza® Rolando Toro d’Avignon de m’avoir accueillie
pour un module de formation.
Merci
à l’Ecole de Biodanza Rolando Toro Méditerranée de m’avoir permis
de suivre les modules de l’extension « enfants
et adolescents », un grand merci à Monica Turco pour sa générosité, sa spontanéité,
son humour et son expérience vivencielle.
Merci
beaucoup à Mahélie Fischbach pour ses
supervisions justes, « transformatrices »,
pour son écoute précise et fine et pour sa disponibilité et son investissement dans le feed-back sur ce document.
Merci
à Eric Ancelet d’avoir bien voulu se déplacer pour venir éclairer de son regard une de mes supervisions.
Une
profonde gratitude à Cathou qui m’a un jour d’un certain mois d’avril fait découvrir la
Biodanza® !!
Un
merci ému et tendre pour mes
compagnons de voyage de l’Ecole de Toulouse-Occitanie : Françoise R., Pascale, Françoise V., Nadine,
François, Christine
S., Christine Sar., Sabine, Lindsay, André, Françoise T., Florence, Nicolas, Patrice, Vincent, Isabelle,
Markus, Florence et Nuria, avec qui j’ai traversé des moments intenses, intimes,
vivants et inoubliables et pour qui je garde dans mon
cœur une place de choix.
Merci
à mes « marraines » Mireille Benchetrit et
Bernadette Bertrand dont l’amitié m’est précieuse et dont le soutien au cours
de ce parcours ne m’a jamais fait défaut, pour
leurs regards aimants et pour les moments fous et joyeux que nous avons partagés.
Un
merci tout spécifique pour Françoise Vandoren avec qui j’ai pu partager
des moments forts en émotions en toute intimité, merci pour son amitié sans distance.
Merci
beaucoup à Pascale Bernard pour son aide
et son soutien lors de la rédaction de cette
monographie, pour sa finesse de lecture et son attention, je la remercie aussi pour son amitié passionnée, joyeuse et pleine d’apprentissages.
Un merci vraiment
très chaleureux à chacun des participants de mes
cours de Toulouse et de Foix pour leurs encouragements, leur
intérêt, leur confiance et leur affection.
Merci
à mon compagnon Patrice Catalano pour son
soutien, sa présence amoureuse et son regard
qualifiant durant toute cette aventure.
Merci
à ma fille Ambre, née en cours de
formation, pour sa présence vivante,
stimulante, innocente, joyeuse et « remuante » durant plusieurs modules de
formation.
Merci
à mes amies de toujours Christelle Sokoloff
et Nathalie Pruvost pour
leur soutien inconditionnel, leur confiance et leur amitié précieuse.
Enfin, merci à Rolando Toro Araneda
pour son génie créatif et pour son rave d’un « paradis ici et maintenant à partager ».
MAJ 8 septembre 2011
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