Trop de bruit au bloc

Dr Jean-Fred Warlin

 

Les abcès postopératoires (APO) sont, en termes de durée de séjour et de coût, un fléau qu’il faut prévenir absolument ; leur survenue est corrélée principalement à l’obésité et à la durée de l’intervention. L’équipe chirurgicale a aussi sa part de responsabilité, mais les études se sont surtout focalisées sur la désinfection du champ opératoire, le matériel non-tissé, le lavage des mains, le changement de gants, etc. L’accroissement du nombre de personnes au bloc et le non-respect des règles d’asepsie jouent aussi un rôle, mais les auteurs suisses se sont intéressés à celui du…bruit parasite.

Pendant 8 mois de 2008, ils ont mesuré à l’aide d’un sonomètre fixé sur le scialytique, l’intensité des décibels (dB) émis par seconde, au cours de 35 interventions majeures abdominales, programmées et menées par laparotomie. On a considéré que le bruit de base atteignait 20 dB, et que le niveau pivot était de 25 dB (à titre de comparaison, le bruit d’une rue animée est de 70 dB) ; quelques questions complémentaires ont été examinées (les conversations portaient-elles sur l’opération ou étaient-elles privées, les anesthésistes discutaient-ils, la position du patient a-t-elle été modifiée, y avait-il plus de 10 personnes dans la salle ?).

Sur les 35 interventions, 6 APO (17 %), dont 4 superficiels ont été observés dans les 30 j postopératoires.


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Une association a pu être remarquée entre les conversations ne se rapportant pas au malade et le niveau général de sonorité (on parle plus fort quand on aborde des sujets hors thème). Ledit niveau n’a pas influé sur la durée de l’intervention, et n’a pas été différent selon le type de celle-ci (hépatobiliaire ou colorectale). En revanche, on a observé que le bruit avait été plus élevé pour les malades qui ont été infectés (43 dB) que pour ceux aux suites aseptiques (26 dB), et ce tout au long de l’intervention (différence moyenne de 10 dB).

De plus, des pics de sonorité dépassant de 4dB au moins le niveau moyen ont été trouvés 2 fois plus souvent au cours des interventions ayant concerné les malades secondairement infectés que pour les autres.

Une association semble donc exister entre le bruit au bloc et la survenue d’infections postopératoires ; quel qu’en soit le mécanisme (défaut de concentration ou tensions dans l’environnement), il importe de réduire cette nuisance sonore et de considérer le calme comme l’un des paramètres de la bonne conduite en salle d’intervention…Le « théâtre » opératoire doit être (presque) muet.

Référence unique : Kurmann A et coll. : Adverse effect of noise in the operating theatre on surgical-site infection. Brit J Surg., 2011; 98: 1021-1025.

Cet article est issu de JIM.fr du 7.9.2011

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MAJ 7 septembre 2011