La Musique au Bloc Opératoire

Par P. L'Echevin et J.M. Platel
(Travail de la Polyclinique chirurgicale de l’Artois à Béthune)

CR paru in La Lettre du Chirurgien, 1981

(basé sur la thèse de Patrrick l'Echevin, "Musique et Médecine", 1980
et de l'ouvrage éponyme qui en a été publié en 1981)

 

Depuis la plus haute antiquité, la musique a toujours été utilisée dans l'art de guérir. Initialement, elle était censée apaiser les esprits des dieux dont le courroux se traduisait par l'apparition d'une maladie parmi la population.

Plus tard, selon les époques et les pays, on lui accorda des vertus cathartiques et bienfaisantes pour le malade lui-même. Actuellement, on essaie, un peu partout dans le monde, d'utiliser rationnellement la musique grâce à une connaissance de plus en plus fine de ses effets sur l'organisme.

A partir de notre expérience personnelle de la musique et de la médecine, nous avons essayé d'employer la musique dans une discipline où elle est encore peu usitée, en anesthésiologie, en complément des drogues pharmacologiques.

Les premiers résultats que nous apportons n'ont aucune prétention scientifique, ni aucune valeur statistique, il ne s'agit que de quelques constatations plus ou moins empiriques, mais qui nous ont semblé cependant très encourageantes.

Les éléments analytiques que nous livrons ici se rapportent é une soixantaine de cas de malades opérés.

Cette population a été délimitée dans le recrutement tout venant d'une consultation da chirurgie générale, après élimination des jeunes enfants, trop souvent incapables de répondre précisément aux questions posées en post-opératoire, et des personnes âgées généralement réticentes aux innovations. De même, nous n'avons pas proposé la thérapeutique aux patients devant bénéficier d'une intervention de durée brève (inférieure è 1 heure) en raison des contraintes de la méthode et du bénéfice minime.

Notre protocole de musicothérapie péri-anesthésique est le suivant : entretien personnalisé la veille de l'intervention afin d'expliquer au patient la technique et de recueillir son autorisation le jour de l'intervention ; une heure avant le départ au bloc opératoire, mise en place sur les oreilles du patient d'un casque stéréophonique relié à un appareil de type baladeur « walkman » qui le suivra en per et post-opératoire. Celui-ci diffuse une musique créée spécialement à cet effet, à l'aide d'un synthétiseur et dont la composante essentielle est l'absence totale de lignes mélodiques pouvant retenir et capter l'attention du sujet, et aussi l'utilisation de fréquence particulière dans le registre des graves. La musique ainsi diffusée et conçue sous la forme d'un programme de 4 heures, assurant la continuité de la période pré-opératoire avec le temps chirurgical, pendant lequel le patient conserve le casque et les premières heures post-opératoires. Cette méthode a permis dans tous les cas, la suppression de la prémédication anxiolytique, classiquement administrée par voie intra-musculaire, le patient recevait de l'atropine par vote buccale chaque fois que nécessaire.

Les futurs opérés sont tous arrivés au bloc opératoire, parfaitement calmes, voire somnolents. Au moment de Ia mise en place du cathéter intra-veineux servant à l'administration de l'anesthésique, aucun patient n'a manifesté un quelconque signe de sensation douloureuse.

L'anesthésie était réalisée par la séquence habituelle : Thiopental 7,5 mg par kilo, iodure de Succicurariurn 1 mg par kilo, Intubation endotrachéale et inhalation d'un mélange à 50 % d'oxygène et de protoxyde d'azote, avec 1 % de fluothane en ventilation spontanée ou 0,5 % en ventilation contrôlée.

La stabilité hémodynamique per-opératoire a toujours été parfaite, malgré la non-utilisation d'analgésiques dans le protocole anesthésique. En particulier lors des temps réputés douloureux des interventions (en majorité digestives et traumatologiques). Aucun des signes classiques de souffrance per-anesthésiques n'a été retrouvé (tachycardie, hypertension, sudation, mouvements des extrémités).

Dans la période post-opératoire, les malades ont gardé le casque jusqu'au moment où ils ont souhaité qu'on le leur enlève. Le réveil a toujours été très calme. A aucun moment nous n'avons observé d'agitation ou de vomissement, que ce soit au sortir du bloc opératoire, ou au retour dans la chambre. Nous avons pu constater que la demande d'antalgiques ne survenait qu'après l'arrêt de l'écoute musicale, et était en moyenne différée de 2 heures par rapport à la même demande lors d'une anesthésie classique.

Enfin, tous les patients Interrogés le lendemain de l'intervention ont été satisfaits, et parmi eux, ceux qui avaient déjà été opérés antérieurement, souhaitaient pouvoir bénéficier de !a même méthode au cas où leur état nécessiterait une intervention ultérieure.

 

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13 Octobre 2008