Contribution à l’étude de la latéralité auditive

Dr Yamina Guelouet, PhD, MD, Psychiatre

UPS Toulouse 84 – N°30

 

 

C H A P I T R E  I

 

*

 

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE SON

1 – A - Propriétés physiques des sons en général

 

Le son désigne à la fois une sensation auditive et le phénomène physique susceptible de lui donner naissance. Un son est un être à double face :

 

- face physique : c'est un ébranlement, une perturbation dans un milieu matériel élastique.

 

- face perceptive : c'est un signal perçu par le sens de l'ouïe ou de l'audition.

 

 



 

De ce fait s'impose un bref rappel sur les propriétés spécifiques des vibrations sonores et de leur propagation qui ai­deront à comprendre par le biais de l'exploration fonctionnelle, les propriétés générales du sens de l'ouïe et de la perception auditive, indispensables à la survie des espèces et à la commu­nication entre les hommes.

 

1 ‑ Propriétés physiques.

 

* Production du son

 

Le son résulte d'une perturbation d'un milieu élastique qui provoque une modification de la pression dans le milieu. Le milieu élastique transmet l'état de compression ou de dila­tation c'est à dire la déformation de proche en proche sans qu'il y ait transport de matière à distance. On dit que le son se propage en ondes sonores ou acoustiques. L'image des rides se déplaçant à la surface d'une nappe d'eau lorsqu'on y a jeté une pierre illustre cette propagation. Dans l'air, le son prend naissance quand les molécules qui composent l'air sont mises en mouvements d'une manière périodique. On a affaire à une source sonore qui rayonne de l'énergie acoustique sous for­me de sphère.

 

Certains instruments de musique (piano, harpe), rayonnent le son par la mise en vibration d'une surface. Dans le cas d'un tuyau à embouchure de flûte, de la voix humaine, le son est transmis par interruption périodique d'un jeu d'air provo­quant ainsi des vibrations qui se transmettent dans le milieu environnant à travers des cavités résonnantes.

 

*Propagation des ondes sonores.

 

Résultant d'une perturbation d'un milieu élastique, le son ne peut se propager dans le vide.

 

La transmission du son ne se fait bien que dans les mi­lieux homogènes. Les corps à structure hétérogène tels que coton, poudre de liège, laine de verre conduisent mal le son d'où leur utilisation pour réaliser les isolations phoniques.

 

L'étude mathématique de la propagation des ondes sonores est en général très compliquée. Aussi, nous allons donner une formulation très simplifiée de cette propagation.

 

*Equation de propagation des ondes.

 

C'est l'équation aux dérivées partielles secondes représen­tative d'une onde sonore longitudinale que se propage en fonc­tion du temps, dans la direction Ox (sens positif et négatif) :


est la distance de la déformation de l'onde à sa position d'équilibre, C la célérité de l'onde.

 

L'intérêt d'une telle équation est qu'elle résume sous une forme mathématique compacte une très grande quantité de données sur les phénomènes physiques en général, acoustiques en parti­cu1ier .

 

Une solution générale de cette équation est représentée par une fonction f(x).

 

Cette solution est de la forme :

(2)


pour une onde se déplaçant dans le sens positif.

(3)


pour une onde se déplaçant dans le sens négatif.

Pour illustrer ces solutions, nous observerons ce qui se passe sur une longue corde parfaitement souple.

 

Si l'on produit à l’extrémité de la corde initialement ho­rizontale, une déformation, celle-ci se propage le long de la corde d'une façon facile à repérer. Fig. (1).

 

Dans cet exemple, l'onde se propage dans une seule direc­tion. La déformation perpendiculaire à la direction de propa­gation est appelée onde transversale. En ceci, elle diffère d'une onde acoustique. En effet, dans cette dernière, la dé­formation qui est une compression de l'air se produit dans la même direction que la propagation de l'onde, on l'appelle onde longitudinale.

 

 

 

Chaque particule du fluide se déplace autour de sa posi­tion d'équilibre dans la direction de propagation de l'onde. Cependant, l'analyse mathématique dans ses aspects fondamen­taux, est la même pour les deux types d'ondes.

 

     Si nous prenons un instantané de la corde déformée à un instant t = to, elle aura par exemple la forme de la figure la. La déformation mesurée par la distance d'un point de la corde à sa position d'équilibre, peut être représentée par une fonction f(x),      se désignant la distance le long de la corde.

A la date t1 (t1 > to),la déformation s'est déplacée le long de la corde d'une distance C (t1‑to).C désignant la célérité de l'onde comme on l'a vu dans l'équation (1).La même fonc­tion f(x) réapparaît, mais décalée en B. Et de même à une date ultérieure t2, elle réapparaît décalée en C. Il s'agit donc de

représenter une fonction f(x)qui se déplace sur l'axe ox à la vitesse C.

 

La solution est la fonction :  

(2)      et      (3)

respectivement solutions de l'équation d'onde (1).

 

Les déformations peuvent être complexes. Parmi elles, les plus intéressantes sont la déformations périodiques, les plus simples étant les fonctions sinusoïdales.

 

Toute fonction sinusoïdale peut être représentée par ce modèle mathématique :

 (4)

 

ou est le déplacement

 

On peut identifier (4) à (2) et (3) si on choisit

Pour déterminer la signification de ω, considérons un point de la corde à la distance x fixée et filmons son mouve­ment. On voit qu'il s'agit d'une vibration sinusoïdale dont on peut définir un certain nombre de paramètres.

 

 

-          La période de  = durée d'une oscillation complète.

ω étant la pulsation

     ‑ la fréquence  en hertz

                           

 

La fréquence exprime le nombre de périodes pendant l'unité de temps.

                                    

     La longueur d’onde 

on a ainsi :

(5)  


Le déplacement peut s'écrire

(6)  à partir de (5), on peut tirer la relation  
qui lie la célérité à la longueur d'onde et à la fréquence de la vibration acoustique.

 


*Pression acoustique.

 

De la même façon que pour le déplacement , on peut représenter les variations de la pression p par une équation du même type que (1) c'est à dire :

 

             

 

 

Physiquement, cela signifie que la pression acoustique se propage avec la célérité C le long de l’axe ox, et qu’il existe une solution de cette équation de la forme 
p est la pression acoustique, excès algébrique de la pression réelle sur la pression d'équilibre, traduisant un ef­fet tantôt de compression, tantôt de dépression autour de Po qui est la pression d'équilibre.

 


     Ceci conduit à définir une nouvelle notion importante,

celle de l'impédance :

     Z = C    (9)

     Z : impédance acoustique sur laquelle nous reviendrons plus loin.

       est la masse volumique du milieu considéré comme homogène et c    la célérité de l'onde.

 

*Célérité du son

 

En fonction du milieu dans lequel il se propage, si ce milieu est un fluide parfait de masse spécifique , cette célérité est donnée par l'expression

 

 (10)             Pour une déformation isotherme

            p = pression acoustique

            p = masse spécifique

 

Si on introduit le coefficient de compressibilité X et si on considère un liquide, sa compressibilité étant faible, la den­sité reste pratiquement constante, d'où  et   (11)

 

partant de l'expression  

  = coefficient de compressibilité isotherme

 = rapport des chaleurs spécifiques à pression

                     constante et à volume constant

on aboutit à  (12) qui est la relation de Laplace.

 

Pour les gaz parfaits  (inverse de la pression p)

 

, C devient :  (13) où C est indépendante de la pression, mais dépend de la température dans l'air qui n'est pas un gaz parfait, il est clair que C va aussi dépendre de la pression.

 

A pression normale de 76 cm de Hg, la célérité du son est de 344 m/s à 20°C, dans l'eau plus dense, la célérité est de 1430 m/s à 17°C.

 

*Energie acoustique Flux d'énergie d'un faisceau sonore.

 

Pour déformer un fluide en un endroit, il faut fournir un travail représentant une dépense d'énergie. La propagation de la déformation correspond à une propagation de l'énergie initiale .

 

Le Flux moyen d'énergie sonore par unité de temps et par unité de surface se calcule en prenant la moyenne du produit de la pression acoustique  et de la vitesse d'écoulement .

 

L'analyse montre que l'intensité I d'une onde plane peut s'exprimer par  watt/m2 (14).

Elle se mesure en W/m2. Mais bien que toujours faible, les puissances acoustiques varient dans des limites considérables. Ce très large domaine de variation justifie l'emploi d'une uni­té logarithmique, le décibel.

 

Le décibel est une unité qui sert à comparer entre elles les puissances surfaciques de deux sons. L'un de ces sons est un son de référence de puissance /m2. Cette valeur universellement admise correspond au seuil de perception du su­jet moyen pour une fréquence de 1000 Hz. L'autre son a une

Puissance  .Le rapport  variant dans une proportion consi­dérable (de 1 à ),       on considère le logarithme décimal de ce rapport, ce qui permet de rendre compte des lois de la per­ception (Fechner) et de manipuler des nombres plus simples. On exprime ainsi le niveau sonore par rapport au son de référence

en bels :  = log  en bel B

                    

Le décibel est le 1/10 du bel.

             = 10 log  en décibels dB      (15)

                      

 

Pour fixer les ordres de grandeur une conversation normale correspond à un niveau de 70 dB tandis que le seuil de douleur est situé à 70 dB au dessus.

 

*Impédance acoustique.

 

Il s'agit d'une grandeur physique qui représente en fait la résistance acoustique c'est à dire la résistance que pré­sente le milieu à la propagation de l'onde acoustique. Il y a une analogie avec le courant électrique :

 

l'équivalent électrique de la pression acoustique est la tension électrique.

     le courant électrique est l'équivalent de la vitesse de

       déplacement de l'onde

et leur rapport est bien la résistance électrique.

 

     Cependant, pour une plus grande rigueur, il est préférable de faire l'analogie avec le courant électrique alternatif dans lequel tension et intensité sont des fonctions sinusoïdales du temps. Leur rapport est appelé impédance. Ainsi, apparaît comme une densité de courant acoustique.

 

On peut donc généraliser et définir l'impédance acousti­que Z comme :

 

 (16) ou

 

= courant acoustique volumique

et S = aire de front d'onde

 

Dans la théorie des circuits alternatifs, Z est en général composée d'une résistance et d'une réactance. La résistance re­présente la partie en phase avec la tension, la réactance la partie en quadrature de phase.

 

Dans un circuit R, L, C, l'impédance est donnée par :

 

     (17)     =     

 

 

où R  est la partie resistive et  la partie réactive ;le courant

est en retard de phase sur la tension d'un angle  tel que

        

 

     Dans un onde plane, pression acoustique et la vitesse de déplacement des particules sont en phase. La partie réactance est nulle et l'impédance se réduit à une pure résistance. L'an­gle y est aussi nul (ceci est vrai pour une onde     plane acoustique et ne l'est plus pour un onde sphérique).

 

La notion d'impédance se révèle être d'un grand intérêt en acoustique. Elle permet de remplacer les calculs de transmis­sion acoustique par des calculs analogues électriques.

 

D'autre part, de nombreux effets acoustiques peuvent être facilement évalués grâce à la connaissance des impédances acous­tiques en certains points essentiels par exemple, les problèmes d'acoustique architecturale qui font intervenir la réflexion du son par les murs passent souvent par l'usage de la notation en impédance. Cette notion est aussi à la base d'une méthode d'évaluation de la fonction auditive ; l'impédancemétrie qui vi­se à apprécier le degré de rigidité du système tympano‑ossicu­laire. Ce système doit constituer un ensemble aussi peu ré­sistant que possible pour que le stimulus acoustique qui par­vient au tympan soit transmis correctement aux structures neuro‑sensorielles de la cochlée.

 

*Pression de radiation.

 

Elle se manifeste lorsqu'on interpose un écran rigide sur le trajet d'une onde sonore. Elle est à différencier de la pression acoustique. Elle est proportionnelle au carré de la fréquence et devient donc très importante pour les ultra‑sons.

 

Absorption ‑ Réflexion ‑ Réfraction ‑ Diffraction des sons.

 

Absorption

 

Dans un milieu homogène et illimité, l'énergie sonore d'une source décroît comme l'inverse du carré de la distance. Mais dans la réalité, les milieux ne sont ni homogènes, ni il­limités. On doit tenir compte de l'absorption du son et de sa transformation en chaleur. Cette absorption est très grande dans les milieux visqueux. Si de plus, il y a des obstacles ou des changements de milieu, de nouveaux phénomènes apparais­sent : réflexion, réfraction et diffraction.

 

Réflexion

 

Il s'agit du phénomène bien connu de l'écho perceptible lorsque un son de courte durée est émis devant un obstacle suf­fisamment éloigné : on entend au bout d'un certain temps un deuxième son qui parait issu d'un point symétrique de la sour­ce sonore par rapport à l'obstacle : les réflexions peuvent être multiples et présenter des aspects négatifs. Il y a réver­bération du son, ce qui peut nuire à la compréhension. La maî­trise de la réverbération est un problème classique de l'acoustique architecturale.

 

Réfraction.

 

Elle est moins évidente que la réflexion. Elle survient lors d'un changement de milieu ou au cours de la propagation dans un milieu non homogène où règne un gradient de température ou de salinité. Elle peut se traduire par des différences notables d'audibilité à l'air libre en fonction des conditions météorologiques.

 

Diffraction

 

C'est l'une des propriétés les plus frappantes du son. Cela tient à ce que les longueurs d'onde sont grandes. Si la longueur d'onde est grande par rapport à l'obstacle, cet obs­tacle perturbe à peine la propagation. Les longueurs d'onde limites des sons audibles étant de :

 

17 m pour un son de 20 Hz

17 mm pour un son de 20.000 Hz.

 

Il est évident que ce sont les fréquences élevées d'un son complexe qui sont le plus facilement arrêtées par des écrans.

 

 

 

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©Yamina Guelouet