Test de Mesker et Latéralité grapho-motrice

Dr Jean Raynaud

Ce travail est fondé sur la traduction du livre de P.MESKER qui porte originellement le titre « la main humaine », traduction réalisée dans le cadre de l’Association Française d’audio-psycho-phonologie.

Ce livre fonde une pratique et il pose un certain nombre de questions essentielles que j’ai essayé de préciser.

En premier lieu celui du développement psychomoteur qui doit être centré sur l’exécution motrice.

Il révèle l’importance du bilatéralisme et pose la question fondamentale de la dominance cérébrale.

Il permet une évaluation du degré de maturité cérébrale donc motrice et met en évidence l’importance du corps calleux, le grand oublié des méthodes pédagogiques actuelles.

Il permet de comprendre les raisons principales les plus fréquentes des échecs scolaires si nombreux et souvent si catastrophiques pour l’avenir d’un certain nombre d’enfants, dont les plus défavorisés socialement mais aussi ceux qui le sont le moins.

Il pose le problème d’un renouveau pédagogique ou la question du rapport à l’écriture serait traitée de façon cohérente à partir des réalités du fonctionnement neuro psychologique, c’est à dire impliquant réellement le corps global et l’exécution de la trace écrite.


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Enfin par l’efficacité de l’utilisation des épreuves de ce qui est au départ un test dynamique de latéralité, il propose une méthode reéducative de la plupart des dyslexies-dysgraphies.

IL se fonde là sur les apports nouveaux des méthodes de focalisation sensorielle, dont l’impact doit être évalué bien au delà des effets immédiats sur les apprentissages scolaires.

Il permet de vérifier qu’il n’est pas contradictoire, en améliorant la capacité d’expression motrice inhérente à la parole, d’obtenir un mieux être qui concerne le fonctionnement psycho affectif et le rapport à l’autre.

Je dois préciser qu’il ne s’agit pas de la traduction littérale de P.MESKER car je l’ai agrémentée de mes opinions et de mon expérience de la pratique du test dans sa portée reéducative.

Jean RAYNAUD

PSYCHOMOTOR DOMINANCE TEST

By P. MESKER and J. HOFHULZEN-HAGEMEIJER

LEGEND :

V = Velocity                                       Diff. = Difference                                  L = Left

D= Diminution                                   App. = Appearing                                  R = Right

F = Firmnes                                        ­ = Centrifugal                                      G = Good

S = Synchronous                                ¯ = Centripetal                                       IF = Initial Failure

A = Alternating                                  O = Opposition                                      TF = Total Failure

                                                                                                                                   =  = Equal

                                         

SCORING-SHEET A                                                                                GARLAND – DRAWING

Instruction : Encircle with red only the signs in the spaces framed in thick lines

 

PSYCHOMOTOR DOMINANCE TEST

By P.MESKER and J.HOFHULZEN-HAGEMEIJER

LEGEND :

V = Velocity                                       Corr. = Correct                                  L = Left

D= Diminution                                    Inc. = Incorrect                                 R = Right

F = Firmnes                                         ­ = Centrifugal                                  =  = Equal

S = Synchronous                                 ¯ = Centripetal                                      

A = Alternating                                                                                                

Tableau

SCORING- SHEET B                                                                            LETTER-WRITTING

Instruction : Encircle with red only the signs in the spaces framed in thick lines

                     Test 7 and 8 :Copy performances of testee.

Tableau

Un des axes principaux de notre recherche est centré sur l'idée que le corps de l'homme est un cryptogramme, très vieille idée ancrée au fond de notre tradition, que la science, analytique par vocation, ne veut pas entendre, mais qui, au fil des nouvelles découvertes qu'elle permet, se révèle à notre avis pertinente.

Il va s'agir ici de motricité manuelle et de latéralité, donc de fonctionnement cérébral.

A partir de travaux dont il va être question, se dégagent des ques­tions tout à fait fondamentales à propos de l'apprentissage scolaire, surtout des présupposés qui à l'heure actuelle influencent le système et  qui à notre avis méconnaissent de façon grave le fonctionnement corporel et les données qui s'enrichissent peu à peu sur celui- ci.

Notre idée est que le cryptogramme suggère une finalité du corps et de son agencement neurophysiologique, celle de la parole et au- delà celle de la personne.

En reprenant le travail original de l’auteur, nous gardons donc cette préoccupation qui anime notre démarche et que rien jusqu'ici n'est venu contre­dire dans les découvertes que nous apporte chaque jour la science.

Le but du travail qui va suivre est d'initier le lecteur à une conception dynamique du fonctionnement neuropsychologique qui intègre l'essen­tiel, c'est- à- dire le corps en tant que système psycho- neuro- fonctionnel.

Le point de départ se fera à partir d'un nouveau test de latéralité celui de Monsieur MESKER et Madame HOFHUISEN - HAGELMEYER.

Ce test introduit une dynamique particulièrement intéressante dans l'investigation du fonctionnement cérébral et il mérite d'être posé comme une expérience originelle source d'un questionnement fondamental,  qui dépasse lar­gement le problème de la latéralité tel que jusqu'ici il a été posé.

AFFAIRE DE DROITE ET DE GAUCHE :

LE TEST DE MESKER ET DE MADAME HOFHUIZEN HAGELMEYER

Il paraît utile d'emblée de mettre le lecteur dans la situation concrète de ce test à savoir : par des consignes écrites et sans l'aide de sché­mas ou photographies, lui demander d'imaginer et de faire lui- même les épreuves du test. Les feuilles de notation du test jointes ici fourniront un point d'appui pour en comprendre la passation.

Cette mise en situation nous paraît bien objectiver par l'action à réaliser, le propre rapport de chacun à la trace écrite, problème culturel tout à fait fondamental et sans doute en partie déterminant dans la structuration cé­rébrale de chacun à travers la stimulation éducative scolaire.

Le sujet doit prendre position devant un tableau constitué par un plan horizontal formé de deux carrés de 50 centimètres de côté, chaque main pou­vant être posée chacune sur un carré.

Sagittalement, c'est- à- dire perpendiculairement au plan du front, est dressé un plan vertical également de 50 centimètres de côté. Le sujet appuie son front et son arête nasale sur le côté vertical, cela lui permet de bouger ses deux mains à droite et à gauche, chaque œil regardant la main correspondante.

La personne qui est chargée de tester se place derrière le sujet pour observer les mouvements de ses mains.

Les deux plans verticaux sur lesquels le sujet à tester va tracer ses mouvements, sont légèrement divergents : 5° d'ouverture en partant de l'arête du nez. Les deux plans horizontaux servant au testeur à proposer les modèles à exé­cuter.

Un petit miroir placé sur le plan sagittal, au- dessus du sujet, permet au testeur de voir les mouvements des yeux du sujet examiné. Si celui- ci présente des problèmes de convergence oculaire, strabisme, il devra faire le test les yeux fermés.

Les 9 premières épreuves sont des dessins de guirlandes.

Le sujet est assis. Le testeur lui montre les modèles sur le carré horizontal, en général toujours sur sa droite.

Le testeur indique au sujet de poser devant ses yeux les deux index, juste l’un en face de l'autre, de chaque côté du tableau vertical et de faire des mouvements comme s'ils ne formaient qu'un seul doigt.

PSYCHOMOTOR DOMINANCE TEST

By P. MESKER and J. HOFHUIZEN-HAGEMEIJER

LEGEND :

V = Velocity                                       Diff. = Difference                                  L = Left

D= Diminution                                   App. = Appearing                                  R = Right

F = Firmnes                                        ­ = Centrifugal                                      G = Good

S = Synchronous                                ¯ = Centripetal                                       IF = Initial Failure

A = Alternating                                  O = Opposition                                      TF = Total Failure

                                                                                                                                   =  = Equal

Tableau p 3

 

On lui donne une craie dans chaque main et on lui propose la première guirlande, guirlande simple, horizontale, à boucles égales vers le haut à tracer en direction centrifuge.

Le testeur la dessine dans le sens de l'écriture normale sur le carré horizontal à droite du sujet.

Le sujet doit tracer la guirlande en partant de lui, avec ses deux mains agissant sur le tableau vertical en direction centrifuge.

La deuxième épreuve est demandée par le testeur après avoir tracé sous la première guirlande, sur le carré horizontal et toujours dans le sens de l'écriture, la même guirlande simple mais avec ses boucles vers le bas, toujours donc dans le sens centrifuge.

Le troisième test consiste à faire dessiner la même guirlande à bou­cles vers le haut mais cette fois- ci en direction centripète.

Le testeur montre au sujet la trace déjà tracée par lui à la craie sur le carré horizontal : "regarde ces boucles et dessine- les dans l'autre di­rection" en montrant les boucles vers le haut. On peut dire : "fais les boucles en direction de ton nez".

Les boucles vers le bas sont réalisées à leur tour, avec une consigne purement verbale, ce qui constitue la quatrième épreuve.

Pour apprécier justement la performance que constituent ces quatre premières épreuves, les points suivants doivent être notés par le testeur

Dans chaque volte une main peut précéder l'autre.

Ici trois alternatives :

- ou la droite ou la gauche va plus vite

- ou les vitesses sont strictement égales

- ou le tracé de la volte ne peut être fait que de façon alternative une main précédant l'autre.

Ces mêmes paramètres se retrouvent autour de la taille des voltes et autour de la pression avec laquelle une main se différencie de l'autre.

Enfin ce qui est important, l'on va noter la plupart du temps, une plus grande facilité à tracer les voltes dans le sens centripète ou le sens centrifuge.

Ici il faut décrire une sorte de polarité universelle : les droitiers font plus facilement l'épreuve dans le sens centrifuge et les gauchers dans le sens centripète, fait que l'on retrouvera tout au long du test.

En fait ce qui est important, c'est le synchronisme entre les deux mains, ce qui amène à définir une sorte de potentialité idéale où les mouvements seraient aussi synchrones et aussi faciles dans un sens que dans l'autre, suprê­me indication du cryptogramme.

SCORING-SHEET A                                                                                GARLAND – DRAWING

Instruction : Encircle with red only the signs in the spaces framed in thick lines

Tableau p 5

Bien sûr l'on pourra noter ici les distorsions extrêmes que sont l'impossibilité de tracer les voltes autrement qu'en alternatif, l'impossibilité de maintenir l'horizontalité de la trace, l'impossibilité de reconnaître le haut et le bas dans la mise en œuvre du mouvement de la volte qui se traduit par des erreurs systématiques portant sur le haut et le bas.

Notons enfin que le test suggère l'exécution de consignes verbales donc leur intégration neuropsychologique, ce qui nous amènera par la suite à poser largement ce problème de l'intégration sensorimotrice par l'oreille et par l'iden­tification kinesthésique.

La 5ème épreuve du test représente une nouvelle épreuve plus com­plexe.

Le testeur trace ici, dans le sens de l'écriture, sur le plan horizontal de droite, une double boucle à imiter. Celle- ci commence comme la bou­cle vers le haut de la précédente guirlande mais elle se poursuit par l'inver­sion immédiate vers le bas de la première volte, formant ainsi une sorte de double boucle superposée en forme de 8 qui ne se refermerait plus et qui peut être reproduite indéfiniment.

Notons que cette double boucle comporte la combinaison du haut et du bas, et d'une inversion du sens de rotation de la boucle.

Le testeur en dessinant la double boucle à droite, l'accompagne rythmiquement en disant : en avant, en arrière...

Le sujet doit au moins effectuer quatre doubles boucles dans le sens centrifuge.

La 6ème épreuve est la même mais le testeur se place à la gauche du sujet et de la main gauche, trace de droite à gauche et demande au sujet de tracer la double boucle en centrifuge.

La 7ème épreuve est la même que la cinquième, mais il est demandé verbalement au sujet de dessiner une guirlande d'au moins quatre doubles boucles en direction centripète.

La 8ème épreuve consiste pour le testeur à tracer la guirlande de doubles boucles à gauche du sujet et dans le sens gauche droite.

Les résultats sont ici notés de la façon suivante :

4 doubles voltes réussies :  G (C’est-à-dire gain) = réussi

2 doubles voltes seulement réussies:        I.F. (initial Failure) = échec partiel

Aucune ou moins de 2 boucles réussies : T.F. (Total Failure) = échec total

Une notation particulière doit être ici envisagée lorsque le syn­chronisme entre les 2 mains est en défaut c'est- à- dire lorsque le mouvement dans le bon sens de rotation est gêné par une tendance à tourner dans le sens contraire :

PSYCHOMOTOR DOMINANCE TEST

By P.MESKER and J.HOFHUIZEN-HAGEMEIJER

LEGEND :

V = Velocity                                       Corr. = Correct                                  L = Left

D= Diminution                                    Inc. = Incorrect                                 R = Right

F = Firmnes                                         ­ = Centrifugal                                  =  = Equal

S = Synchronous                                 ¯ = Centripetal                                      

A = Alternating   

                                                                                      

Si l'on a constamment de telles interruptions de la continuité du mou­vement, on note : 0 + (opposition)

S'il y en a dans 12 moitiés des voltes : 0 +

Si nous ne voyons pas d'interruption : 0 -

Bien sûr ici le test réfère implicitement à une réussite harmonieuse de ces 4 épreuves.

Le 9ème test implique un travail unilatéral.

Le testeur dessine ici, sur le plan horizontal, les 4 doubles bou­cles à droite de la main droite et dans le sens gauche- droite, à gauche de la main gauche dans le sens droite- gauche.

Il dit au sujet : l'on va travailler d'une seule main, laquelle préfères ­tu ? Après sa réponse gauche ou droite, il demande de préciser en montrant la main correspondante.

Le testeur pose alors une autre question en faisant le geste : ''Dis- moi est- ce que tu préfères, dessiner dans ce sens ou dans l'autre avec cette main ?

Le testeur demande alors au sujet de dessiner dans le sens choisi puis dans l'autre sens. La même épreuve est pratiquée de l'autre côté.

On note l'échec ou la réussite.

La deuxième partie du test annotée sur la troisième feuille, comporte un rapport plus direct avec les gestes d'écriture.

Tous les modèles seront ici présentés du côté droit.

Les deux premières épreuves qui évoquent des lettres seront montrées de gauche à droite, donc dans le sens de l'écriture en disant : ''une grande boucle et une petite" pour le premier modèle. Il est recommandé ici de ne pas présenter la tâche comme une tâche d'écriture, mais comme une guirlande nouvelle.

Il s'agit ici d'une guirlande de "le" successifs en écriture cursive.

La deuxième épreuve se fait en centripète sur simple consigne verbale.

Ces épreuves sont notées comme les 4 premières du test.

La 3ème épreuve comporte la présentation d'un modèle type "lo" tracé à droite du sujet dans le sens gauche- droite : on suggère ici : "une grande boucle un petit rond".

La 4ème demande le tracé en sens centripète sur consigne verbale.

SCORING- SHEET B                                                                            LETTER-WRITTING

Instruction : Encircle with red only the signs in the spaces framed in thick lines

                     Test 7 and 8 :Copy performances of testee.

 

 

L'appréciation de la réussite se fera comme au test précédent mais l'on notera, si le sens de rotation des cercles est correct et incorrect ou s'il est alternativement correct.

Il faut souligner ici que le tracé idéal proposé suppose une inversion du sens de rotation du trait quand on passe de la grande boucle, c'est- à- dire du « l » à la petite c'est- à- dire à « lo ».

Après l'exécution de ces 4 tests, on fait seulement constater au sujet que l'on peut lire ce qu'il vient de tracer.

La 5ème épreuve consiste à faire écrire ''lalala'' au sujet sur consi­gne uniquement verbale en centrifuge.

La 6ème épreuve est la même consigne en centripète, la notation s'ef­fectuant comme précédemment.

Les 7ème et 8ème tests consistent à faire écrire le mot ''bad'' en centri­pète et centrifuge sur commande uniquement verbale.

Le mot a été choisi à cause de la succession des changements de sens de rotation dans l'écriture du mot.

En français il s'agit d'un phonème sans signification particulière.

C'est donc ici en fin de test un exercice d'écriture pur : reproduire un son en un geste d'écriture.

Si l'on considère ici la réussite idéale, celle de tout adulte de pays dit industrialisé, c'est- à- dire adhérent culturellement au système de l'écriture, l'on peut faire facilement la constatation suivante :

- En action centrifuge la main droite écrit en écriture droite lisible et synchroniquement la main gauche en écriture en miroir,

- En action centripète c'est l'inverse, la main droite écrit en écri­ture de miroir et la main gauche en écriture droite, en se plaçant face à la face verticale du plan sagittal, pour lire les traces.

Cette constatation peut être faite par tout sujet, disons bien latéra­lisé, référant encore ici à une structuration idéale de la capacité motrice d'exé­cution bilatérale de la trace écrite.

Ainsi ce test présente une dynamique toute particulière et originale et montre de toute évidence une sorte de structuration idéale de fonctionnement où la forme et le sens sont traités simultanément, de façon bilatérale et en miroir dans l'exécution motrice de gestes d'écriture.

Chaque personne adulte faisant le test sera surprise de constater que ses deux mains ensemble peuvent écrire en écriture droite et en miroir.

MESKER s'est posé le problème de l'explication de cette réalité.

Soulignons combien cette expérience nous parait signifiante de notre notion de cryptogramme qui suggère ici de toute évidence la question d'une struc­ture idéale des schèmes sensori-moteurs de l'écriture, impliquant une sorte de po­larisation du système neuromoteur où les notions de droite et de gauche prendraient finalement une valeur relative.

Ce qui semble important à la vérité, apparaît être le bilatérisme moteur et un synchronisme d'actions parfait entre les deux nains, finalement une structu­ration en miroir des deux hémisphères si l'on se place dans la perspective d'un fonctionnement global bi-hémisphérique.

LA MAIN HUMAINE

UNE ETUDE DU DEVELOPPEMENT DE L'AGILITE MANUELLE EN RAPPORT

AVEC L'ORGANISATION CEREBRALE D’ENFANTS DYSLEXIQUES

Le Docteur P. MESKER est l'auteur de cette étude dans un livre publié sous ce titre en 1977 après dix ans de travaux personnels, en marge de La Faculté.

Après plusieurs années de mise en pratique des idées et méthodes pro­posées dans cet ouvrage, il nous a paru primordial d'en exposer clairement les présupposés, les indications testologiques et rééducatives qui s'en dégagent, compte tenu de l'efficacité incontestable de la pratique ainsi instaurée, des problèmes aussi suggérés par rapport à la pédagogie ordinairement pratiquée en France dans sa méconnaissance quasi totale du corps en fonction.

En effet les études et découvertes récentes sur les hémisphères céré­braux qu'il convient de rappeler, montrent la pertinence des travaux de MESKER qui s'intègrent totalement dans les apports récents concernant leur fonctionnement et celui du corps calleux.

Le fait dominant de la recherche de MESEER est d'être centré sur la main de l'homme et de montrer la primordialité du fonctionnement bi- hémisphérique et l'importance de considérer la main latéralisée comme organe moteur du cerveau bi- hémisphérique où joue de façon essentielle au plan développemental, le corps calleux.

Il est intéressant de s'intéresser aux présupposés de MESKER compte tenu de leur originalité, de leur pertinence, et des ouvertures qu'il suggère concer­nant les problèmes d'apprentissage.

MESKER souligne qu'il s'intéresse en premier lieu à la main de l'enfant. C'est dire qu'il s'intéresse d'abord à l'être en développement, plus spécialement au problème de la latéralisation corporelle, vieux problème anthropologique et pé­dagogique qui est encore l'objet de discussions voire de disputes qui ne sont pas encore éteintes.

MESKER souligne d'emblée l'importance de l'expérience acquise à tra­vers les mains par l'enfant, notamment pour ce qui concerne la parole.

Il en arrive à la formulation suivante : la main parle par l'écriture « Il y a le grand miracle de la main qui prend le rôle de la voix et de la bouche et qui parle par l'écriture. »

Pour lui en effet il est vide de sens de séparer l'écriture et la lec­ture et de ne pas prendre en compte dans ces apprentissages, l'expérience naturel­le acquise par la motricité oculo-manuelle d'un enfant normalement porté à la parole.

L'objet de sa tentative est de découvrir les origines des troubles dyslexiques et dysgraphiques et de les traiter.

Il propose ainsi dans son livre une méthode pour tester la latéra­lité vis- à- vis de la trace écrite mais ses travaux suggèrent directement grâce au matériel de test et à son utilisation, une possibilité rééducative dont l’intérêt a paru essentiel.

Il n'hésite pas à parler pour ce qui le concerne de "possibilité thérapeutique".

S'agit- il réellement de maladie ? Nous aurions tendance à penser à de simples troubles fonctionnels du développement moteur, toujours curables, représentant, il faut le dire, l'aboutissant de tout un système éducatif et de ses fondements théorico- philosophiques appliqués par les parents et les maîtres d'école en général à des enfants immatures sensori-moteurs pour la plupart, si l'on considère la tâche à eux proposée et la façon dont elle est proposée.

Nous sommes d'accord avec MESKER pour penser qu'il s'agit dans sa tentative de l'établissement d'une véritable séméiologie tout à fait pertinente du développement psychomoteur, plus exactement psycho- graphomoteur.

GENERALITES

MESKER souligne que dans son titre il utilise le mot main au singulier. Il souligne également qu'une main d'adulte indépendante dans sa liberté de mouvement reste cependant tout à fait dépendante de l'autre main dans son développement.

C'est dire que cette organisation sensorimotrice symétrique l’amène à des considérations tout à fait intéressantes et surprenantes si l'on s'en tient à ce qui est ordinairement admis.

Dans un premier temps, MESKER considère les choses sur le plan phylo­génétique.

Il oppose dans cette sensorimotricité symétrique l'antagonisme muscu­laire dorso- ventral aux mouvements plus primitifs qui sont des mouvements de tor­sion latérale qu'il nomme mouvements de ballant (par référence à la trompe de l'éléphant par exemple, qui se balance de gauche à droite et de droite à gauche pendant la marche, se contractant d'un côté pour se relâcher de l'autre, comme l'ensemble de son corps).

Si l'on considère le ver de terre, il peut se déplacer dans le plan horizontal en se contractant unilatéralement et alternativement à droite et à gauche pour avancer. C'est un mouvement de ballant. S'il s'agit de quitter le plan horizontal pour monter au descendre, il utilise des mouvements antagonistes qui sont cette fois dorso- ventraux et non alternatifs.

Si l'on considère l'homme dressé sur ses jambes, sa motricité plus complexe que celle du ver lui permet des mouvements de torsion alternatifs droite et gauche qui sont ceux de la marche, du ramper lorsque l'enfant est encore en quadripédié comme l'animal, mouvements concernant les quatre membres dans les deux ras. Mais dès que les membres supérieurs sont libérés totalement, ceux- ci bien que participant encore à la marche sur le mode du ballant, c'est- à- dire de l'antagonisme droite- gauche, sont aussi capables de mouvements dorso- ventraux.

Il s'agit ici de schèmes de mouvements symétriques en adduction - abduction au cours de mouvements pour embrasser ou prendre. Il s'agit d'un pro­grès considérable, les mouvements du bras et de la main étant liés au regard convergent.

MESKER montre que ce système dorso- ventral acquiert un développement supérieur chez les anthropoïdes et l'homme, par la motricité symétrique des mains et du regard correspondant à un cortex particulièrement développé.

L'on peut ajouter à ces considérations phylogénétiques, celles qui différencient les anthropoïdes de l'homme et qui touchent plus particulièrement

1 - La forme du crâne et sa position par rapport à la colonne cervicale permettant chez l'homosapiens des cavités bucco- pharyngées, rendant possible l'émis­sion des phonèmes de la parole.

2 - La capacité d'opposition du pouce aux autres doigts qui jouent comme le notera plus loin MESKER un effet tout à fait déterminant dans la struc­turation bilatérale du cortex cérébral et des gnoso- praxies manuelles.

MESKER réfère bien sur à une structuration du système nerveux direc­tement en rapport avec l'environnement à travers les possibilités sensori-motrices de l'enfant puis de l'homme.

Il se réfère implicitement là à la thèse réflexologique telle que l'ont bien exposée les soviétiques, Setchenov, Luria, Pavlov notamment. Il insis­te comme eux sur l'aspect tout à fait déterminant de la motricité. Il souligne notamment que l'expérience sensorielle ne peut être dissociée de la motricité.

Il souligne également que l'effet rétroactif du mouvement est tout à fait essentiel à la structuration du système nerveux donc à la sensation donc à la capacité cognitive.

Il ne nous parait pas possible de ne pas citer ici des expériences tout à fait significatives de ce point de vue et qui soulignent l'importance du fonctionnement réflexologique du système nerveux et partent du conditionnement opérant qui est une dimension quotidienne de l'homme face à sen environnement naturel.

Les travaux du Pr. IMBERT Michel à PARIS ont montré que chez le chaton sa rétine, donc sa vision ne se développait pas, non seulement si l'on coupe au paralyse les muscles de l’œil mais aussi si l'on empêche, par section des nerfs uniquement sensitifs le retour au cerveau des sensations proprioceptives nées du mouvement lui- même des muscles oculaires qu'on laisse fonctionner.

THOMSON, un chercheur américain a élégamment démontré que la mise en mémoire motrice se ferait dans le cervelet et surtout que la mémoire des réflexes conditionnés établis à partir du réflexe inné du clignement de l’œil, grâce à un son chez le lapin, se situerait au niveau du noyau dentelé dans le tronc céré­bral, structure nerveuse qui se rencontre aussi chez l'homme.

Le problème de la motricité et de ses effets rétroactifs dans la struc­turation cérébrale est au premier plan de tous les problèmes d'apprentissages, notamment pour tout ce qui concerne les problèmes scolaires de la lecture écriture.

Se pose en effet ici la question de la réaction motrice latente à tou­te stimulation de l'environnement, notamment au son, et à la parole dans l'écoute, problème psycho- neuro- sensorimoteur majeur à considérer, notamment dans les pro­blèmes des mots entendus et de l'écriture.

Le problème de la motricité, de ses effets rétroactifs, est au centre de la programmation cérébrale des mouvements, donc de la mémoire.

LES MOTS

                   Ainsi si l'on parle d'écriture et de motricité, il faut aussi parler des mots.

Les conceptions de MESKER traitant du bilatéralisme revêtent un inté­rêt tout particulier. Il souligne l'importance de la structuration des champs cor­ticaux par le rejeu bilatéral de la motricité conjuguée mise en jeu par l’enfant, dans ses mouvements des deux mains vers les objets, origine de schèmes sensori-moteurs.

« A partir de ce moment (où l'enfant découvre sa main) la main devenue objet, rendra objet tout ce qu'elle touchera. La main par ses schèmes de mouvements automatiques obtenus à partir des "contre mouvements" des objets du monde, leur donnera la "gestalt" et la forme. Elle isolera les objets du monde extérieur comme des discontinuités et elle apprendra de ces discontinuités l'organisation de l'expérience qui lui est propre : le lien conditionnel entre la sensation et un schème de développement automatique".

Il faut noter ici que le langage de l'enfant commence surtout à partir de dénominations de personnes ou d'objets extérieurs à lui.

MESKER souligne l'importance de la stimulation poly- sensorielle et mo­trice des champs corticaux pour la mémoire.

''Lorsque je vois quelque chose de rond et d'orange sous une armoire, je ne reconnais pas en cela, mais en moi- même, une orange, car en moi- même sont la consistance palpable, l'odeur et le goût et toute la situation de l'orange et de moi-même".

Pour MESKER il y a les formes primaires de mots qu'il assimile à ces formes, ces gestalt, expériences sensori-motrices vécues et inscrites par mécanisme de conditionnement au niveau des structures corticales.

''Nous appelons cela la forme primaire du mot orange.

Ce que nous appelons la forme secondaire de ce mot est un tissu fait de l'expérience de mouvement de la parole et de l'expérience de son de ce mot lors­que nous le prononçons ou l'entendons.

La forme secondaire du mot dépend de ma possibilité d'entendre le mot et de le répéter.

La forme de mot secondaire doit être tissée avec la forme de mot pri­maire mais ceci n'est possible que si cette forme de mot primaire existe".

A propos de l'établissement de la forme de mot secondaire, MESKER insiste sur l'importance de l'expérience identificatoire c'est- à- dire de la ten­dance naturelle de l'enfant à répéter ce qu'il entend.

Mais il décrit essentiellement une expérience d'identification glo­bale, au corps entier de l'interlocuteur, expression essentiellement sociale.

Il assimile ici,

-      d’une part ce qui se produit chez l'homme primitif, des civili­sations avant l'écrit pour lesquelles le corps est lieu d'expression sociale dans le discours ou les pratiques sociales communautaires,

-      d’autre part ce qui se passe chez le jeune enfant  lui aussi mineur de l'adulte comme l'a si magnifiquement étudié Marcel JOUSSE.

« A l'origine le moyen d'expression a été un mouvement corporel total, une conduite de toute la façon d'être, une danse où le sens de l’expression était accentué par la répétition. »

Finalement MESKER insiste sur l'importance du rejeu et de la répétition dans l'acquisition de la forme de mot secondaire, c'est- à- dire de la parole.

Il insiste sur le fait que chez le primitif comme chez l'enfant, le rejeu moteur est toujours accompagné d'une sonorisation qu'il s'agisse de chant ou de danse ou qu'il s'agisse d'échange verbal ordinaire.

« Les relations de mouvement que nous établissons avec les objets lors de la perception, donnent de deux façons une possibilité de reproduction. La repro­duction de la forme de l'objet expérimenté dans le mouvement automatique dans un geste descriptif et la reproduction du bruit produit par l'objet en mouvement.

Nous pouvons insister ici sur le fait que, à l'origine, chaque bruit reproduit est, en soi (per se) onomatopoïétique ».

Ainsi, au temps de la locomotive à vapeur, l'enfant avançait en accélérant progressivement sa cadence, tournait ses poings fermés imitant les bielles et en faisant ''Tchouk - Tchouk''.

MESKER pose ici le problème du symbolisme sonore qui est une ques­tion majeure qui ne peut être limitée selon nous à l'aspect onomatopoïétique, qui devrait traiter par exemple de ce que l'on pourrait appeler le geste consonantique, faisant des bruits consonantiques déjà des significations expressives et analytiques dans leur association aux voyelles, sons périodiques, support de la rythmo-mélodie de la voix.

MESKER parle ici d'une phase de création corporelle et vocale sonore appelée par les psychologues « Syncrétisme de perception et d'action au syncrétisme perceptivo- moteur. »

Face à un signifié complexe à exprimer, il y a chez l'enfant rejeu et sonorisation : c'est le passage fondamental selon vous, du son au sens.

L'enfant est ici pris entre une double réalité : entre la sponta­néité universelle et originelle du monde, de l'homme vivant et de la vie et son monde social - familial qui n'a pas forcément préservé cette spontanéité fonda­mentale.

La capacité symbolique de l'enfant s'origine là, dans sa façon de reproduire globalement par le corps et la voix les interactions du monde dont il est le témoin - acteur.

Cette capacité serait ainsi d'abord et de façon primordiale, celle de la parole agie.

Il n'est pas évident que cette capacité serait préservée dans notre système scolaire où est privilégiée de façon absolue la linguistique sausurienne centrée sur l'arbitraire absolu du signe linguistique et les théories de CHOMSKY où l'élément sonore et corporel est considéré comme secondaire au regard de l'aspect syntaxique.

Dans un tel système, priorité est donnée très tôt à l'écriture latéralisée, dans l'espoir fallacieux et erroné que les idées viennent direc­tement des mots silencieux de l'écriture, c'est- à- dire que l'on postule une pensée innée et préexistante à la parole.

Les conceptions de MESKER qui donnent la priorité aux expériences corporelles et sonores globales privilégient la parole comme au fondement de la capacité symbolique de représentation, impliquant que l'on ne peut isoler la pensée de la parole et penser arbitrairement que l'une préexiste à l'autre.

S'il en est bien ainsi, l'éducateur devrait privilégier au moins au début de la vie le rejeu corporel et le bilatéralisme, la capacité de sonoriser les actions du corps global, la parole individuelle et les expériences particulières à chaque enfant, le temps nécessaire pour arriver à une maturité suf­fisante.

Le système scolaire ne va pas tout à fait dans ce sens, il contraint l'enfant, dès l'âge de 5 ans, parfois avant, à une confrontation silencieuse à des actes graphiques unilatéraux qui s'adressent à des mots le plus souvent dé­pourvus d'expériences existentielles suffisamment vécues par eux.

Ainsi plutôt que de privilégier l'écriture avant six ans, vaudrait- il mieux, comme le faisaient les Grecs antiques qui étaient pourtant de grands pen­seurs, privilégier l'animation du corps de l'enfant par la musique, la danse et le chant que de le forcer d'un côté ou de l'autre à des exercices sur des mouve­ments unimanuels, qui dessèchent sa spontanéité et sa capacité de communication en tant que sujet ouvert aux expériences existentielles diverses offertes par le monde à son corps global et à ses sens.

« Les mots expriment les expériences et doivent présenter un rapport entre eux, un rapport qui correspond à la relation avec l'expérience. Les mots doivent donc présenter un lien associatif provenant d'une situation d'expériences »

L’ECRITURE

L'écriture se fait avec une seule main et laisse une trace d'où il s'ensuit que l'écriture ne peut arriver à se développer que si la véritable "unimanualité" s'est développée et que, en plus, la trace de ce mouvement manuel n'a de sens que s'il est suivi par le regard dans le sens du mouvement manuel.

Les mouvements d'écriture de la main sont en effet totalement liés à ceux du langage et aux expériences de sons et en plus ils sont liés à la forme pri­maire de mots :

Et cela signifie que s'est développée une véritable dominance cérébrale de l'hémisphère correspondant à la main qui écrit.

« Un enfant qui doit apprendre à écrire dans la première classe de l'école primaire, doit déjà posséder une facilité de parole normale. Mais la petite main qui doit apprendre à écrire est encore un moyen d'expression totalement inadéquat quand il s'agit d'imiter le langage sur du papier".

« Une bonne position de la main, du poignet, de l'avant- bras, du tronc, du cou avec une détermination exacte des points d'appui sur le sous-main et une bonne prise souple de stylo et de crayon, doivent être apprises à l'enfant ».

Il est important que, à chaque répétition, ne soit exercé et donc gravé uniquement ce dont l'enfant est capable : l'on ne doit pas imposer d'exercice à l'en­fant dont la motricité ne serait pas suffisamment évoluée pour y faire face".

Il faut ici souligner que si l'on adopte les critères du test de laté­ralité de MESKER, de nombreux enfants se trouveraient quotidiennement dans cette situation, souvent pendant plusieurs années.

Un autre précepte de MESKER a aussi sa valeur. « On doit considérer que l'enfant doit apprendre à identifier sa main avec la main du maître qui écrit ».

Le corollaire immédiat est que l'on doit montrer au gaucher avec la main gauche.

MESKER attire d'autre part l'attention sur la nécessité de considérer que l'écriture est « un mouvement de progression se déroulant rapsodiquement, analogue de ce point de vue à la parole".

Pour faciliter cela, il est souhaitable que l'enfant, une fois l'habileté de sa main obtenue, apprenne en grande partie à écrire ce qu'il aimerait dire.

Hélas, dans la pratique quotidienne, un enfant apprend surtout en géné­ral à écrire ce qu'un autre lui dit.

Chaque écriture, aussi petite et futile soit- elle, doit être précédée par la parole sous forme de parole intérieure.

Il semble, hélas, que l'école française tout au moins prenne le parti de considérer que pour lire, la verbalisation ne sert à rien, dissociant en cela de façon radicale l'acte d'écrire de celui de lire, considéré comme pouvant être obtenu seulement par un entraînement oculaire.

MESKER dénonce de son côté l'influence destructrice de l'écriture sur la parole en rapport avec le fait que « dans nos écoles primaires avec l'apprentis­sage de la lecture et de l'écriture s'arrête en même temps la poursuite de l'appren­tissage de la parole".

Comment pour nous, ne pas s'arrêter sur ce propos qui dénonce effecti­vement la finalité d'un enseignement, d'une Education (nationale) essentiellement centrée sur le rapport à la trace écrite alors que toute éducation, digne de ce nom, ne peut être centrée que sur la parole, c'est- à- dire, l'affirmation personnelle et consciente de soi face aux problèmes existentiels et à celui des valeurs.

Mais est- il encore possible en France, d'imaginer que l'enfant, quoti­diennement puisse être considéré à l'école par autre chose que sa réussite, souvent relative vis-à-vis de la trace écrite, lue par l’œil ou écrite par la main.

Pourrait- on imaginer que l'éducation puisse être un apprentissage de la parole ou plutôt vers la parole, où la portée initiatique de l'intervention du maître d'école revêtirait son authentique caractère, au lieu de se limiter à la fonc­tion de répétiteur de la lecture - écriture.

D'ailleurs malgré l'état de fait actuel, le maître d'école(au plus sou­vent la maîtresse) ne se trouve- t- il pas de toute façon interpellé par la parole de l'enfant, notamment hélas par ceux qui parlent le moins... ou pas du tout, ou mal, ou entre eux.

MESKER souligne que l'archéologie de l'écriture passe par les peintures rupestres, début d'une écriture murale centrée sur des expériences existentielles et profondément vécues.

Les hiéroglyphes et les idéogrammes chinois constituent une évolution significative.

Notons ici qu'il y a passage d'un concrétisme manifeste des représen­tations vivantes du monde et du corps, aux idéogrammes sophistiqués qui vont évaluer vers une sorte d'hermétisme par abandon de représentations schématiques du monde au du corps de l'homme vers un abstractionnisme qui permet le pouvoir au scribe, au clerc, si l'on en croit l'élève de JOUSSE que fut TCHANG, victime du Maoïsme et de ses prisons où l'on meurt.

Pour MESKER, la véritable fonction de la lecture ne s'est développée qu'en même temps que l'écriture en lettres pures représentant des sons.

Il insiste sur le rapport étroit de la lecture à l'écriture dans son exécution motrice, calligraphiée, la rapsodie de cette forme de motricité rappe­lant celle de la parole et étant selon lui un préalable indispensable à la lecture des lettres d'imprimerie.

Pour lui « l'écriture est comme la parole toujours un geste, un mouve­ment concernant tout notre corps »et il précise : « Nous ne devons pas arrêter de penser que l'écriture doit servir la parole et non l'inverse. »

SYMETRIE ET ASYMETRIE

Le problème est de traiter ici le développement psychomoteur des fonc­tions manuelles jusqu'au stade de développement de dominance normal.

Deux processus se déroulent parallèlement :

1 - Le développement de la latéralisation, c'est- à- dire l'unimanualité. Le point final en est l'opposition des pouces aux autres doigts.

2 - Le développement à partir de l'antagonisme gauche - droit ou mouve­ment de ballant vers la motricité symétrique qui repose sur un antagonisme dorso­ventral, permettant une information sensori-motrice résultant de la motricité symétrique.

MESKER expose en premier lieu les influences qui favorisent la latéralisation. Il souligne que la prédominance statistique de la main droite et de l'hémis­phère gauche dans la population normale, s'exprime par un décalage vers la droite de la pointe de la courbe de Gauss classique de la répartition des gauchers et droitiers.

Il souligne par ailleurs que chez les enfants débiles mentaux (selon le Dr J.W.H.M Rutten) le déplacement de la courbe de probabilité vers la droite est ralenti de façon considérable, phénomène qui est couramment vérifié.

Il note que des différences congénitales ou acquises peuvent atteindre l'utilisation que fait le sujet de son hémisphère gauche :

- soit lésions ou maladie de l'hémisphère ou du corps lui- même

- soit méfiance ou expérience de tabou vis- à- vis de ce même hémicorps, parfois fixation de la main à un stade primitif de plaisir proprioceptif ou oral.

Dans les fonctions favorisant la latéralisation, MESKER donne de façon évidente la priorité aux facteurs exogènes, c'est- à- dire relevant du milieu, ce qui est à peu près admis par tous.

MESKER admet également l'opinion générale qu'une influence congénitale peut participer à la gaucherie mais également le fait admis par tous de la grande plasticité des hémisphères, tout à fait démontrée par l'aphasie de l’enfant qui montre qu'avant 15 ans, en cas de lésion cérébrale d'un hémisphère, notamment le gauche, c'est le droit qui peut le suppléer au niveau de l'établissement du centre du langage et de la latéralisation corporelle, alors qu'après 15 ans ces suppléances ne se produisent plus.

Pour ce qui est des facteurs freinant la latéralisation, il y aurait selon lui.

1 - L'opposition entre la prédisposition à la latéralisation et les fac­teurs favorisant la latéralisation.

Ce serait la droiterie forcée par le milieu d'un enfant à préférence manuelle gauche, ou bien la gaucherie forcée d'un enfant à préférence manuelle droite qui évolue du fait d'un tabou psychologique ou une méfiance de l'hémicorps droit dans une latéralisation gauche.

2 - Un trouble organique atteignant l’hémisphère correspondant à l'hémi­corps qui tend à la latéralisation spontanée.

3 - Un trouble de développement de l'hémisphère cérébral ou de l'hémi­corps qui est forcé par les conditions du milieu vers la latéralisation chez des enfants appartenant à ceux qui sont dans la portion médiane de la courbe de gauss.

Un point important souligné par MESKER est le passage de la motricité de ballant vers la motricité symétrique et sa signification.

Il donne beaucoup d'importance à la convergence oculo- manuelle pour comprendre ce passage de la motricité de ballant à la motricité symétrique.

Pour indiquer comment se constitue le stade de ballant il paraît utile de considérer l'évolution naturelle de la motricité conjuguée chez le nourrisson normal.

Dès la naissance l'on observe le réflexe tonique du cou (Gesell) : le bras et la cuisse sont étendus du côté où tourne la tête. C'est comme si l'enfant en regardant d'un côté contractait son hémicorps correspondant au côté vers qui se tourne le cou, par opposition l'autre hémicorps est relâché.

A cette organisation monolatérale, correspond une immaturité importante de l’œil : seul l’œil du côté activé s'oriente vers la source de stimulation, l'autre œil garde son alignement de repos ou suit le premier : c'est une organisa­tion monolatérale avec monoocularité. A. 20 semaines, l'enfant plus tonique tient mieux sa tête dans le plan médian et présente un réflexe symétro- tonique : placé sur le dos il rapproche les deux bras et souvent les deux jambes vers la ligne médiane : organisation duolatérale. Les deux yeux peuvent ici converger vers la ligne médiane c'est la biocularité, leur fonctionnement est simultané.

L'enfant continue à se maturer et devient capable de passer un objet d'une main dans l'autre, de même qu'il accède à la marche à quatre pattes, contro­latérale.

La coordination des deux yeux est meilleure, ils coopèrent, en accord avec les deux mains : c'est le stade de binocularité, c'est l'approche bilatérale que l'on peut considérer comme l'instauration du stade de ballant.

Des restes de cette motricité de ballant peuvent se rencontrer chez l'enfant d'âge scolaire :

A l'épreuve des marionnettes, il n'est alors pas capable de dissocier les mouvements de rotation des deux avant- bras, les agitant toujours en sens inver­se l'un de l'autre, donc de façon alternative.

Quand on lui fait serrer une main, il étend sans le vouloir les doigts de l'autre qui ne peut rester fermée.

Le stade de la motricité symétrique est celui de l'apparition des mou­vements conjugués en abduction - adduction (fermer et ouvrir les bras ensemble) des deux bras ou faire les marionnettes est possible de même que les synergies en ex­tension d'une main par rapport à l'autre disparaissent.

Ce stade de symétrie conduit l'enfant vers la stéréo ocularité, la coordination oculaire devient plus souple et il se dégage un œil directeur.

Pour MESKER, la caractéristique de la phase de symétrie est qu'elle repose sur des mouvements identiques des deux moitiés du corps (à l'opposé de la phase de ballant où les mouvements sont à l'inverse, contraction, détente inver­sée des groupes musculaires en cause). Ces mouvements identiques sont en miroir, c'est- à- dire en image réfléchie comme par un miroir d'un côté à l'autre du corps.

Ici donc ces mouvements dès leur début impliquent les deux hémisphères de façon symétrique. La convergence oculaire, qui parallèlement au mouvement de préhension manuelle notamment, informe également les deux hémisphères, collabore activement à la structuration en miroir de ceux- ci.

Il faut ici attirer l'attention sur la particularité du fonctionnement oculaire pour la structuration en miroir des hémisphères cérébraux et sans doute celle du fonctionnement du corps calleux.

Soulignons seulement avec le docteur BERRONDO qui s'est signalé par des travaux tout à fait pertinents sur la motricité conjuguée main - œil direc­teur à propos des strabismes et de la gaucherie notamment, les faits suivants : La commande du regard vers la droite se fait par l'hémisphère gauche, comme les mouvements des membres du même côté et inversement.

Au plan de la sensation visuelle, il faut signaler que chaque œil transmet des informations par la rétine à l'hémisphère droit et à l'hémisphère gauche, par chaque hémichamp visuel vertical par lesquels les choses vues et les mouvements se projettent dans chaque hémisphère, grâce à l'entrecroisement des fibres du chiasma optique.

BERRONDO fait remarquer que lorsque le sujet en phase de symétrie passe entre deux objets, le temps du passage d'avant l'objet à après l'objet après être passé à hauteur, il enregistre dans son cerveau deux mouvements de rotation : s'il est tourné vers l'objet à droite de lui, celui- ci est ressenti comme effectuant un mouvement de rotation dans le sens des aiguilles d'une montre, à l'inverse l'autre objet donne la sensation de tourner en sens inverse.

BERRONDO souligne qu'à ce stade de symétrie le sujet ne peut distin­guer encore la rotation à droite de la rotation à gauche.

MESKER souligne l'importance de cette phase de symétrie, permettant un bilatéralisme vrai, où les deux côtés sont vécus de façon parfaitement symé­trique, permettent les mouvements conjugués des deux mains et donc l'identifi­cation à l'adulte.

Quand cette phase ne s'établit pas et que l'enfant reste dans la phase de ballant, il présente un défaut grave d'expression corporelle, notamment de pos­sibilités d'identification à l'autre, une sensibilité pauvre et une indigence des formes de mots primaires, c'est- à- dire de l'investissement pycho- sensorimoteur des objets du monde et de l'espace.

Pour souligner l'importance de cette phrase de symétrie, MESKER pro­pose l'expérience suivante :

L'on écrit sur une porte en verre à deux battants devant la fente de la porte, une main écrivant sur chaque battant, un sujet normalement latéralisé écrira automatiquement avec la main droite en écriture normale et avec la main gauche en écriture de miroir.

Le sujet lira plus facilement l'écriture de la main droite. S'il tra­verse la porte entre les deux battants et se retourne, il pourra lire facilement, car en écriture droite, la trace effectuée par la main gauche.

Il souligne à ce sujet que la trace d'un mouvement de la main n'est intelligible que si je la vois et la vis du début à la fin dans le sens dans le­quel la main s'est déplacée, seule la trace des mouvements de la main qui écrit possède la signification de l'écriture.

Dans le cas de troubles du développement de la latéralisation, notam­ment d'une stagnation à la Phase de symétrie où un enfant se trouve encore dans l'expérience de l'identité fonctionnelle de l'image réfléchie des deux mains, le « b »et le « d » sont intervertis, de même le"12"et le"21".

Ces enfants présentent en lisant et en écrivant des métathèses, ont tendance à lire à la fois de gauche à droite et de droite à gauche. Ils écrivent certaines lettres en miroir, ne peuvent se rappeler une suite logique, sont désor­donnés, confondent droite et gauche, est et ouest, ne peuvent comprendre une carte de géographie, confondent les sens de rotation.

Ils finissent par développer une aversion pour la lecture, écriture.

LA DOMINANCE

MESKER définit la dominance à partir du tout fonctionnel formé par l'hémisphère et l'hémicorps controlatéral qui en dépend de façon prévalante.

Pour MESKER cette dominance de l'hémisphère se définit à partir d'une main, vécue comme susceptible d'atteindre un but, grâce au développement de l'op­position des pouces, cette main représentant les deux mains.

Cela implique qu'à ce stade existe une possibilité d'information inégale pour les deux hémisphères : l'information obtenue par cette main sera plus variée et plus gravée dans le cerveau par la répétition que celle de l'autre main.

Cette main va commencer à écrire, un mouvement manuel représentera alors un son et un schème de mouvement de parole, c'est- à- dire que les formes de mots se­condaires se lieront de façon croissante aux formes de mots primaires.

MESKER souligne que la conséquence en est que dans l'hémisphère corres­pondant à la main qui écrit, tous les champs corticaux en question sont concernés dans une organisation sensorimotrice où écrire, lire, parler et entendre seront impliqués.

Cet hémisphère va de ce fait devenir prévalent et le risque est que l'autre hémisphère ne se développe plus à cause du manque d'appel fait à ses fonc­tions corticales si ce n'est par l'intermédiaire du corps calleux.

Cet effet a été parfaitement montré par MAC LUAN au plan psycho­sociologique dans la distinction qu'il a pu faire entre le fonctionnement psycho-­corporel et cérébral des peuples sans écriture par rapport aux peuples industria­lisés où l'écriture joue précocement un rôle trop important.

Les études actuelles de TSUNODA sur le cerveau des japonais où prédomine l'hémisphère gauche, valent dans le même sens, marquant en outre l'importance décisive de l'aspect sonore de la langue parlée.

Et, n'y a- t- il pas au fond de ce problème, toute la question des diffé­rences entre le Nord et le Sud, du racisme de l'homme civilisé dans sa superbe, de celui de l'homme du tiers monde dans son particularisme outrancier...

Et il est certain que si dans les deux cas l'on examine les systèmes éducatifs chez les uns et chez les autres avec leurs conséquences sur le fonction­nement cérébral, l'on s'aperçoit que chacun à sa préférence hémisphérique, ce qui marque, s'il en était besoin, l'importance déterminante des stimulations éducatives et des soubassements idéologiques qui les sous- tendent.

Quoi qu'il en soit pour MESKER les conditions nécessaires à établisse­ment harmonieux de cette dominance sont :

1 - Une période suffisamment longue de motricité symétrique des 2 mains

2 - Une latéralisation non perturbée

3 - Une fonction du corps calleux normalement développée

4 - L'opposition du pouce doit être possible d'où une véritable uni­manualité

                    5 - L'écriture doit se faire avec la main latéralisée

Peut être un moyen parmi d'autres de rapprocher les extrêmes.

LA FONCTION DU CORPS CALLEUX

Chapitre tout à fait important où MESKER nous indique sans doute une question anthropologique tout à fait fondamentale, jusque- là entièrement négligée dans notre système éducatif.

Il part de l'expérience suivante :

On met un droitier, normalement latéralisé, avec dans chaque main un morceau de craie devant un tableau noir et on lui demande d'essayer d'écrire un mot :

- d'abord avec la main D seule de G à D donc dans le sens normal de l'écriture

- ensuite avec la main G seule de D à G.

Ce droitier remarquera qu'il sera gêné de sa main G, ayant tendance avec cette main à tourner ses lettres dans le même sens que le faisait la main D.

- Si par contre on lui demande d'opérer les 2 mains en même temps, ce même droitier remarquera que sa main G n'est gênée à aucun moment.

De plus les caractéristiques de l'écriture de la main G dans ce cas ­là seront les mêmes que celles de la main D, ce qui n'est pas le cas au 1er test.

Nous savons par ailleurs qu'une lésion du corps calleux chez des droi­tiers peut entraîner une apraxie du côté gauche.

Ces faits montrent que l'hémisphère gauche a chez les droitiers, par l'intermédiaire de la commissure du corps calleux une influence organisatrice très remarquable sur les fonctions des champs corticaux de l'hémisphère droit.

- Si maintenant on propose à notre droitier de faire les gestes d'écrire un mot en l'air, on peut faire les constatations suivantes :

1 - S'il forme le mot avec la main D dans le sens de l'écriture : le mouvement est exécuté sans problème, rapsodiquement.

2 - S'il forme le mot avec la main G dans le sens de l'écriture. Le sujet essaie ici d'imiter l'image visuelle du mot qu'il connaît, le geste d'écriture n'est pas facile, les mouvements de la main doivent rester sous le contrôle du regard.

3 - Si on lui propose d'écrire le mot avec la main D en écriture en miroir : sa main droite a beaucoup de mal à opérer les mouvements de rotation né­cessaires à l'écriture dans le bon sens, la main a tendance en permanence à aller de G à D au lieu de D à G.

4 - Si on lui propose d'écrire avec la main G en écriture en miroir : le mouvement est ici plus harmonieux, rapsodique et il tourne de façon plus correc­te qu'avec la main D.

5 - Si le sujet tenant une craie dans les 2 mains en même temps écrit en l'air des 2 mains dans le sens normal de l'écriture, le sujet remarque qu'il réussit mieux s'il ne fait attention qu'à sa main D. S'il ne prête pas attention à celle- ci, il tend à tourner incorrectement dans le sens du mouvement en miroir.

6 - La même expérience d'écriture des 2 mains en même temps en écriture en miroir c'est- à- dire de D à G, montre que le sujet éprouve de grandes difficultés pour penser uniquement à sa main G. Il a une forte tendance à tourner incorrecte­ment son écriture dans le sens de la direction normale de G à D. Il échoue la plu­part du temps à cette épreuve.

7 - Si on lui demande d'écrire avec la main D dans le sens de l'écriture, avec la main G en écriture en miroir (C’est- à- dire dans un sens opposé d'une main à l'autre), il note que la main G, dans un mouvement presque rapsodique ne montre que peu de tendances à tourner incorrectement.

8 - Avec les 2 mains, écrivant en l'air, la main D en écriture de miroir, la main G dans le sens de l'écriture donc dans un mouvement symétrique l'une par rap­port à l'autre).

L'on prend ici un mot court car les 2 mains vont l'une vers l'autre et ont tendance à se chevaucher. Le sujet fera difficilement quelques mouvements cor­rects. Il ne saura pas à quelle main faire attention et échouera systématiquement.

On peut tirer les conclusions suivantes :

Lorsque la main D a un but, la main G peut dans un mouvement en miroir effectuer sans réfléchir ce mouvement lorsque les 2 mains opèrent en même temps.

La main G accompagne en miroir les mouvements de la main D.

Le test 6 montre que la motivation de la main D est dominante alors que le test 2 montre que, si la main G veut faire les mouvements de la main D c'est- à- dire en écriture normale, non en miroir, elle doit essayer de les faire sous le contrôle du regard, ce qui signifie que la main G ne possède pas du tout l'habileté de la main D si ce n'est en écriture de miroir.

Les tests 5 et 6 proposent un véritable mouvement de ballant, c'est ­à dire d'antagonisme G - D , ils sont très difficiles à exécuter, sauf entraînement spécial, car dans la droiterie ordinaire, habituelle, qui repose sur un anta­gonisme dorso- ventral, la motivation d'une main domine sur les mouvements en miroir de l'autre main.

Il faut ici présumer que le corps calleux joue aussi un grand rôle dans le fonctionnement de l'écriture.

C'est ici l'occasion pour MESKER de préciser des indications tout à fait significatives sur ce problème de la collaboration des deux mains.

Pour lui, les formes les plus significatives de coopération des mains reposent très clairement sur les structures sensori- motrices de la motricité de ballant, c'est- à- dire des contractions dissymétriques, en mouvements d'opposition de la main D et de la main G.

Il faut noter ici que l'adulte droitier, bien latéralisé, garde bien sûr cette possibilité de mouvement de ballant : par exemple tourner le volant d'une voiture (la main G se lève par contraction du deltoïde, le pectoral étant relâché, la main D se baisse, le pectoral est contracté, le deltoïde relâché, pour tourner à droite et vice versa).

D'autres exemples pourraient être trouvés : éplucher des pommes de terre, se frotter les mains, rentrer une corde, essorer du linge, dévisser u couvercle et essuyer la vaisselle...

Il faut noter que l'enfant encore au stade de ballant se différencie de cet adulte bien latéralisé par un dissynchronisme encore présent entre les deux mains, ne permettant pas la facilité de ces divers mouvements différenciés de cha­que main.

A l'opposé d'autres mouvements impliquant des formes de coopération primitive, reposant sur une motricité symétrique, peuvent être cités : la prise à deux mains pour étrangler, tirer sur une corde, lever, soulever un poids, re­pousser des deux mains.

L’exemple du chef d'orchestre pris par MESKER est très significatif

Il peut diriger en mouvements de va et vient, se balançant d'un pied sur l'autre du haut du corps. Cela correspond à la motricité de ballant, MESKER souligne que ces mouvements sont très empathiques pour le spectateur.

Mais le chef d'orchestre peut aussi avec ses deux mains à la fois faire des mouvements tout à fait symétriques. Il apparaît alors comme celui qui, d'une façon impassible, dicte le rythme : l'on n'est plus ici dans l'empathie mais dans l'information cérébrale.

Enfin le même chef peut, dans une motricité tout à fait asymétrique imposer d'une main le "diminuendo" à certains instruments et appeler de l'autre un nouveau thème.

Il est alors dans la bimanualité pure : à ce moment, il est celui qui manipule l'orchestre, ce ne sont plus des mouvements d'accompagnement, ce n'est plus un professeur cérébral, il joue de son orchestre à deux mains.

Pour MESKER l’antagonisme G.D, la motricité de ballant a un effet in­discutablement empathique qui favorise l'identification kinesthésique. Il note que cette identification envers le chef d'orchestre a un caractère sympathique et ne fait appel qu'à des mouvements exécutés de manière irréfléchie.

Pour lui ces mouvements de ballant proviennent d'un niveau très archaïque, ne faisant pas appel aux fonctions corticales. On retrouve selon lui des iden­tifications kinesthésiques de la motricité de ballant dans le test de Rorschach.

Pour lui dans les mouvements de ballant, il faudrait supposer une pos­sibilité de fonctionnement du corps calleux entre les deux hémicorps mais qui se ferait à un niveau sous- cortical.

Il souligne en effet que l'on doit constater à partir de l'évolution de cette motricité de ballant, qu'elle se produit sans réfléchir, sans être apprise analytiquement mais seulement par identification kinesthésique.

Lorsque la motricité symétrique se met en œuvre, cela concerne d'abord des structures sensori-motrices assez grossières où les mains ensemble peuvent se lever, prendre quelque chose en l'entourant.

Ici l'on entre avec les deux mains dans des expériences de forme. De plus les mains peuvent en mouvements symétriques en touchant, modelant ou en pé­trissant, concevoir, créer des formes. Ces mouvements font plus directement appel à l'organisation corticale et aux possibilités commissurales que présente le corps calleux.

Mais alors que l'objet manipulé, formé peut être vécu comme une forme conçue, les deux mains qui alors coopèrent peuvent intégrer, sans que la réflexion                         intervienne, des possibilités sensori-motrices de la

motricité de ballant, issues l'identification kinesthésique, comme le fait de tourner quelque chose entre les mains, le tordre dans un sens au dans l'autre ... les mêmes choses pouvant être faites entre pouce et index, possibilités qui participent aussi au niveau cortical à la fonction en miroir des hémisphères cérébraux à travers la structuration du corps calleux.

                   Ainsi naissent dans la coopération des deux mains, des mouvements de ballant au niveau cortical mais cela n'est possible qu'à la suite du développement de la motricité symétrique.

Mais si c'est la main D qui se latéralise, c'est- à- dire que c'est elle qui va en permanence viser le but, l'ébauche de la forme et la collaboration du pouce et de l'index de la main G seront complètement organisées et dépendantes du fonctionnement de la main D et de l'hémisphère G (chez un droitier bien entendu).

Tout cela, c'est- à- dire la latéralisation - dominance de la main, sera possible grâce à l'opposition fonctionnelle du pouce, par laquelle cette main pourra représenter seule les deux mains.

MESKER insiste à nouveau sur l'importance du développement de la motri­cité symétrique et partant du plein développement des possibilités commissurales de communication inter- hémisphériques par le corps calleux.

                     En effet si cette phase n'est pas normalement développée, l'organisa­tion en miroir ne se développe pas.

De ce fait même, il n'y aura pas non plus intégration satisfaisante de la motricité de ballant au niveau cortical.

On en arrive à une détérioration de la capacité pour l'enfant à s'in­tégrer kinesthésiquement : les efforts thérapeutiques développés à propos des en­fants psychotiques ou autistiques montrent qu'effectivement il y a en permanence chez eux une atteinte grave de ces capacités d'identification et partant des défi­cits plus ou moins importants au plan intellectuel - cognitif.

MESKER insiste sur l'importance qu'il y a à constater au point de vue rééducationnel si la latéralisation - dominance s'est faite et si l'hémisphère correspondant à la main latéralisée s'est normalement rendu maître par l’intermédiaire du corps calleux de l'organisation en miroir des fonctions cérébrales de l'autre hémisphère.

Si cet état n'est pas réalisé, cela implique que l'on revienne obligatoirement à la phase de motricité symétrique, où l'on fait fonctionner simultané­ment les hémisphères cérébraux, d'une façon équivalente en miroir et où ainsi le corps calleux n'est plus utilisé sur le mode d'une circulation à sens unique.

L'OPPOSITION DES POUCES

Tout le monde connaît, selon MESKER, le schéma de PENFIELD et BOLCHEY qui donne une vue claire du fait que le champ cortical du pouce est presque aussi grand que celui correspondant au reste de la main.

Cette constatation anatomique impose ainsi que si le champ cortical du pouce possède une telle dimension, l'organisation de ce champ cortical et sa signification pour la fonction de la main, doit jouer un rôle très important dans le développement fonctionnel de l'unimanualité.

MESKER souligne que le nouveau- né présente un réflexe de préhension très net : si l'on gratte la peau de la main, l'on constate que le pouce fonctionne à l'inverse des autres doigts. Ceux- ci se ferment normalement sur la paume de la main, par contre le pouce se met en flexion dorsale c'est- à- dire qu'il se met sur le même plan que la paume.

Il s'agit donc d'une structure sensori- motrice d'origine réflexogène qui, selon MESKER, va disparaître pour s'organiser plus tard au niveau cortical.

La même chose se produit au niveau du pied sous la forme du signe de BABINSKI présent chez les nouveau- nés et qui disparaît ensuite : ici aussi par sti­mulation de la plante du pied en provoque une flexion des quatre derniers doigts vers la plante, par contre le gros orteil se fléchit dorsalement vers le dos du pied.

MESKER souligne aussi que plus tard le jeune enfant qui s'agrippe par les mains à une barre, le fait toujours en reprenant cette même position archaïque à savoir, les doigts et le pouce sur le même côté de la barre et non en opposition.

L'évolution de l'enfant et de ses structures sensori- motrices précédem­ment décrites pour les hémicorps se retrouve ainsi au niveau de la main.

Quand l'enfant arrive à une préhension normale de la barre, c'est- à­-dire qu'il agrippe la barre, le pouce étant en opposition avec les autres doigts, c'est- à- dire que le pouce passe sous la barre, l'on peut dire que l'on est passé ici aussi de la motricité de ballant, dérivée du réflexe archaïque de préhension, à un antagonisme dorso- ventral pur : il y a ici opposition en antagonisme dorso­ventral.

L'on peut ici conclure avec MESKER que dans le développement de la motricité, le pouce se rapporte aux doigts comme un hémicorps par rapport à l'autre et que ce rapport entre le pouce et les autres doigts existe déjà avant qu'il soit question de la motricité symétrique.

Bien sûr reste valable ici ce qui a été dit sur la fonction du corps calleux, permettant la collaboration des mains, comme la coopération du pouce et des doigts.

En effet là où les deux hémicorps, surtout en ce qui concerne les mains, grâce aux possibilités commissurales que présente le corps calleux, peuvent par des mouvements en miroir et simultanés arriver à une collaboration gnosique et praxique, nous pouvons attendre la même chose pour le pouce et les doigts.

Cela n'est possible que si le pouce peut fonctionner en même temps que les doigts, en miroir, dans les mêmes structures sensori-motrices.

L’unimanualitè véritable : une seule main représente fonctionnellement les deux mains.

1 - Direction corticale directe des mouvements de la main.

2 - Dans la motricité Symétrique les deux champs manuels S’organisent mutuellement en image de miroir fonctionnelle.

3 – Le champ manuel controlatéral organise le champ du pouce homolatéral dans une image de miroir fonctionnelle du champ manuel homolatéral.

4 – Direction corticale directe des mouvements du pouce en image de miroir des mouvements manuels.

Une telle fonction en miroir du pouce, n'est concevable que si le champ cortical est organisé en miroir à partir du champ cortical controlatéral de la main.

Une telle organisation du champ du pouce à partir du champ controlatéral de la main, doit utiliser la fonction du corps calleux et ne peut s'établir que grâce au développement de la motricité symétrique.

C'est ce développement de la fonction praxique et gnosique du pouce, dans laquelle le pouce se charge de la fonction de la main controlatérale qui rend possible la latéralisation vers le stade de dominance et vers l'unimanualité.

DISCUSSIONS ET COMMENTAIRES SUR LES

SYMPTOMES MIS EN EVIDENCE

MESKER pose le problème de la surface plan qui permet l'écriture.

Il souligne que chez les primitifs, le premier plan d'expression graphique est le plan frontal, la paroi de la grotte, plus tard la tenture, la paroi ou le mur qui nous conduisent vers la feuille de papier quadrangulaire sur laquelle l'enfant doit se mettre à écrire.

Il souligne que cette surface de papier n'est plus seulement définie par le haut et le bas, mais aussi par la droite et la gauche, un côté représentant le début, l'autre la fin, c'est- à- dire que la feuille se définit par le sans de l'écriture.

Le côté du début a le caractère du passé, le côté de la fin celui de l'avenir, alors que l'endroit où se trouve la main entrain d'écrire est le pré­sent. Ce présent est déterminé dans sa forme par ce qui a précédé et ce qui va suivre.

Il souligne que l'écriture exécutée suppose une forme de mot tertiaire qui se surajoute aux formes de mots primaires et secondaires.

Il souligne ici aussi l'aspect sensori-moteur de cette troisième forme dont l'existence repose sur les deux premières.

Il précise que "la forme de mot tertiaire n'est en fait rien d'autre que le résultat durable par lequel nous reconnaissons l'action de celui qui l'a faite".

« Nous entendons par forme de mot tertiaire uniquement ce qui a été écrit .Le mouvement d'écriture est une structure sensori-motrice qui peut être vue comme la mise en œuvre d'un geste et qui est en même temps écouté comme le mouvement de la parole ».

« Le mouvement d'écriture porte en lui les caractéristiques du geste et de la parole, en même temps sa forme est un savoir du corps en mouvement dans une structure sensori- motrice bien déterminée ».

MESKER fait ainsi jouer de façon significative, le facteur d'identifi­cation kinesthésique dans le problème de la lecture et de l'écriture.

En bref :

La forme de mot primaire est donc une forme d'expérience totale.

                   La forme de mot secondaire est une forme kinétique qui est écoutée et la forme de mot tertiaire est une forme dynamique par laquelle nos structures sensori- motrices sont en quelque sorte mises en mouvement et organisées par le ré­sultat de l'action.

Il souligne que la forme de mot secondaire suppose dans l'écoute une identification kinesthésique avec le locuteur comme la compréhension de la forme tertiaire dans la lecture exige une même identification avec celui qui écrit.

MESKER tient à préciser comment ce problème de l'identification kinesthésique se pose dans les situations d’immaturité que sont celles de la mo­tricité de ballant et celles de la motricité symétrique.

Le mouvement de ballant appliqué à la représentation du 6 ou du 9 suppose que si ces deux gestes sont faits simultanément par la main D et la main G, ils sont décrits sur le papier de façon totalement inversée et réciproque :

Si la main G fait le 6 de haut en bas, en même temps la main D fait le 9 de bas en haut et inversement dans un mouvement strictement inversé par chaque main. Les deux mouvements pour l'enfant ne sont pas possibles en simultanéité mais sont tout à fait identiques quant à l'expérience de mouvement, c’est- à - dire qu'il n'y a pas possibilité à ce stade pour l'enfant de différencier et de repérer le haut et le bas.

Ces enfants encore en motricité de ballant ne peuvent au cours du test faire la différence entre les guirlandes se dirigeant vers le haut et celles se di­rigeant vers le bas dans les 4 premières épreuves du test.

Ils peuvent même au lieu de garder l'horizontale, rendre la guirlande parallèle au côté vertical du tableau.

Il est bien évident qu'ils confondent régulièrement 6 et 9, d et p, b et g, toutes ces traces étant équivalentes pour eux.

Le mouvement équivalent en motricité symétrique des deux mains serait celui qui consisterait à faire le chiffre 6, la main D le traçant en écriture D et la main G en écriture de miroir. Ces deux traces chez l'enfant en phase de sy­métrie sont vécues comme tout à fait identiques.

Ces enfants au stade de motricité symétrique intervertissent b et d, ils ne peuvent distinguer un chiffre ou une lettre de leur image en miroir, c'est­-à- dire que le début et la fin, la G et la D ne peuvent être distingués dans la trace laissée.

MESKER en outre fait remarquer justement que si dans ces cas d'immatu­rité motrice l'on veut faire travailler simultanément les deux mains en mouvements symétriques sur la surface plane par rapport à un point médian, une guirlande par en haut par exemple, le regard convergent doit forcément suivre l'une des deux traces, selon la prédisposition du sujet.

Les mouvements de cette main sont suivis par le regard, les champs pariétaux de cette main sont organisés de plus en plus en collaboration avec les champs corticaux occipitaux, par contre les mêmes champs correspondant à l'autre main ne bénéficient que de la vision de la trace regardée.

Une stimulation bilatérale et symétrique devient possible, si les deux moitiés du plan horizontal d'écriture, sont rabattues sur un plan sagittal, placé entre les yeux de l'enfant.

Ce qui constitue l'idée centrale et la justification de la disposition particulière du tableau : il devient ainsi possible de faire appel à la fonction du corps calleux, non seulement pour le fonctionnement en image de miroir des champs corticaux pariétaux, mais aussi des champs occipitaux et des champs de la vision.

A ce propos, MESKER précise que lorsqu'il s’agit d'un enfant présentant un strabisme, c’est- à- dire un enfant présentant une différence très importante de vision entre les deux yeux, il est nécessaire qu'il fasse les exercices les yeux fermés.

Pour figurer la difficulté que peut avoir l'enfant vis- à- vis du plan sagittal que propose le tableau à l'écriture bilatérale, MESKER propose l'expérience suivante :

Si sur une surface plate, l'on trace simultanément avec les deux mains des cercles dans le sens des aiguilles d'une montre, l'on est là dans un mouvement de ballant, puisque les deux mains tournent dans le même sens.

Si l'on indique les sens de rotation des cercles par une flèche et qu'en­suite l'on plie en deux la feuille de papier le long de la ligne médiane tracée en­tre les deux cercles, l'on constate que les deux cercles tournent en sens inverse.

Cela indique clairement que des enfants fonctionnant encore sur le mode de la motricité de ballant, ont tendance dans cette épreuve à tourner les deux cer­cles en sens inverse, c'est- à- dire qu'ils ne peuvent réaliser le tracé des deux cercles simultanément si on leur propose l'épreuve au tableau sagittal.

Cela indique que ces exercices dans le plan sagittal font tous appel à la fonction du corps calleux.

La conséquence de cela est que dans tous les cas où la fonction du corps calleux ne s'est pas ou insuffisamment développée, le synchronisme du mouvement des deux mains sera perturbé ainsi dans le cas de restes de motricité de ballant, une main décrira bien une boucle mais l'autre ne pourra le faire et le mouvement conti­nuera ainsi de façon alternative et non simultanée, une main restant toujours inac­tive pendant que l'autre trace la boucle seule.

Il peut se produire également qu'une seule main d'un côté trace la bou­cle et de l'autre reste inactive.

Il faut insister ici sur ce point : le fait de suivre d'une façon con­vergente, les mouvements d'une main avec le regard, entraîne une information identique dans les deux hémisphères cérébraux, grâce à quoi a lieu une organisation symétrique des champs corticaux occipitaux.

Par ailleurs dans la période qui précède la latéralisation, se développe une différence dans l'habileté des mains.

Une conséquence de ces deux faits est que si par exemple nous présentons à D du tableau sur la surface horizontale de celui- ci une guirlande en direction centrifuge, qui est montrée à l'enfant et suivie du doigt, cette guirlande sera con­sidérée, si l'enfant est plus habile de sa main G grâce à son organisation particulière des champs corticaux, comme un mouvement de la main G non pas en miroir mais en écriture droite.

L'enfant aura tendance à exécuter le mouvement en centripète sur le ta­bleau, sa main D suivant dans la même direction.

Il est en effet un fait incontestable, tout à fait objectivé par le dispositif sagittal d'écriture à deux mains : c'est que la direction centrifuge est vécue comme une direction de la main droite alors que la direction centripète est vécue comme celle de la main G.

Ce point résulte de l'organisation symétrique des champs corticaux. Ce phénomène est plus prononcé en ce qui concerne les mouvements d'écriture.

Ainsi dans l'exécution du test, l'habileté de la main avec laquelle on a l'habitude d'écrire, apparaîtra clairement.

Cette habileté dans la direction privilégiée, centrifuge pour la main D et centripète pour la main G se traduira par une économie de mouvement, une diminution des excursions de la main et également une petite avance de cette main sur l'autre.

SEMEIOLOGIE DE LA LATERALITE A TRAVERS L'EPREUVE DU TEST

1 - La motricité de ballant

L'on objective les phénomènes suivants

A) Pas de synchronisme ou synchronisme insuffisant entre les deux mains : une main décrit correctement la guirlande alors que l'autre ne le fait pas (S - ) ou presque pas ou partiellement (S ±)

B) Pas de possibilité pour l'enfant de distinguer entre une boucle vers le haut et une boucle vers le bas de la guirlande. Les boucles vers le haut et le bas sont interverties.

C) La guirlande est souvent dessinée en direction verticale plutôt qu'horizontale.

D) La vitesse, la diminution et la fermeté des tracés sont en général égales à droite et à gauche.

Si ces caractéristiques du trait apparaissaient comme latéralisées, il s'agit d'une position de régression par rapport à l'âge normal.

E) On constate que l'enfant échoue totalement après la quatrième épreuve.

2 - La symétrie

Par rapport au stade de ballant, le synchronisme est ici acquis.

La vitesse, la diminution et la fermeté sont égales pour les deux mains au parfois alternantes.

L'enfant au stade de symétrie hésitera souvent pour choisir avec quelle main il va réaliser un projet au exécuter un ordre.

C'est- à- dire que dès la première épreuve du test, à savoir la guirlande avec les boucles vers le haut, il pourra la faire normalement s'il fait le choix avec sa main droite.

Si par contre il fait le choix de la main gauche, celle- ci dans la bou­cle vers le haut tournant dans le sens anti- horaire, dans le sens G - D sur le plan horizontal, il débutera à deux mains sur le tableau vertical par une boucle vers le bas, la main droite suivra avec une boucle vers le bas dans le sens horaire.

Il faut ici prendre en considération le fait des sens de rotation comme nous l'avons déjà évoqué : une boucle vers le bas est pour la main G en sens anti­-horaire, une boucle vers le haut en sens horaire, en direction centrifuge alors que tout cela est l'inverse pour la main droite.

Au test 9 l'enfant n'échoue pas car ici les mouvements se font à une seule main.

MESKER note que si l'on envisage le test dans son ensemble, sur la feuille b le ler et 2ème test ont la même portée que le ler et 3ème test de la feuille A, alors que les tests 3 à 6 de la feuille B rappellent les tests 5 à 8 de la feuille A , où peut être mise en évidence l'opposition des deux mains comme nous l'avons vu.

Les tests 3 à 6 de la feuille B objectivent en effet l'opposition dans la façon de tourner les « o » et les « a » qui doivent l'être sur le mode de l'écriture an­glaise.

En résumé la phase de symétrie se caractérise par

1)    Le synchronisme est bon.

2)    La vitesse, la diminution et la fermeté sont égales partout.

3)    La conception dynamique des formes est bonne.

4)    Les mains présentent toujours le phénomène de l'opposition. Les tests de la        feuille A de n° 5 à n° 8 ne peuvent être effectués correctement.

5)    Lors du test 9 de la feuille A l'enfant a du mal à choisir entre main D et main G.

6)    Le résultat unimanuel au test 9 de la feuille A est toujours bon.

7)    l'opposition des mains se manifeste dans les tests 3 - 4 - 5 et 6 de la feuille B :      les « lo » et les « la » sont tournés incorrectement en général dans les 2 directions.

3 - La latéralisation

Il faut distinguer ici

A) La latéralisation débutante.

                 B) La latéralisation avancée.

Pour une latéralisation normale, il faut qu'une symétrie parfaite soit obtenue.

Ici la vitesse et la diminution seront latéralisées alors que la fermeté ne doit pas l'être, on serait alors dans le cas d'une latéralisation artificielle.

Dans le test de la feuille A, la vitesse peut être latéralisée plus forte­ment ou moins fortement que dans le ler test. Une différence plus forte montre une direction plus accentuée de la main D. Moins de différenciation marquerait une direc­tion plus accentuée de la main G.

En effet, dans ce 3ème test la direction centripète est pour la main D , celle où elle est la moins adroite, moyennant quoi son orientation se manifeste davantage dans cette direction.

C'est l'inverse pour la main G.

Pour ce qui concerne les tests de 5 à 8, le test 5 réussira toujours chez un sujet latéralisé à D bien qu'il puisse y avoir une légère opposition.

Si l'enfant a fait de la boucle vers le haut du test 1, une boucle vers le bas, l'examinateur doit dessiner la boucle vers le bas du test 2, sur le plan horizontal du tableau à droite, au- dessous de la guirlande vers le haut déjà dessinée en disant : «maintenant tu dois tourner ces boucles- là ou peut- être l'as- tu déjà fait ? ».

Un enfant symétrique verra toujours s'il a fait la boucle d'une façon erronée puisqu'il connaît la différence entre le haut et le bas. Un enfant symétri­que exécutera ce 2ème ordre normalement.

Le même phénomène peut apparaître dans les tests 3 et 4.

L'origine de ces phénomènes est dans le fait que chez l'enfant symétri­que le sens de la trajectoire de l'écrit n'est pas encore défini, c'est- à- dire qu'il peut aller indifféremment de G à D ou bien de D à G. Ce n'est par conséquent que le sens de rotation, sens horaire ou anti- horaire, qui détermine la forme de la trace laissée sur la surface.

L'enfant en phase de symétrie va avoir des problèmes à effectuer les épreuves 5 à 8, ici en effet , il s'agit de tracer des boucles en sens horaire et anti- horaire.

Et par exemple la boucle vers le haut qui tourne dans le sens anti­-horaire sur le plan horizontal, si elle est vécue à travers la main gauche, sera tracée vers le bas sur le tableau. Mais la boucle vers le bas qu'il faut enchaîner aussitôt, deviendra une boucle vers le haut. Ce serait l'inverse si les choses étaient vécues à partir de la main D. Tout cela en direction centrifuge bien entendu.

La figure ci-jointe illustre bien le phénomène.

Un enfant gaucher décrirait de cette façon, c'est- à- dire que sa main gauche suivie par sa main droite, tentée en permanence par le sens horaire, va progresser à l'envers du sens de progression proposé c’est-à-dire centrifuge.

Coté D du tableau de test, sens centrifuge.

A-    point d’opposition venant de sa main G.

B-    perturbation venant de la main G finalement vaincue par la D.

                   Ces deux figures montrent le même phénomène :à chaque changement de sens de rotation il apparaît une incertitude et une interruption du mouvement de progression, parce que l'enfant éprouve alternativement le sens de rotation comme fonction de la main G puis de la main D, d'où l'apparition du symptôme nommé opposition des deux mains.

Les tests 6,7 et 8 peuvent encore échouer partiellement au totalement.

   Chez un sujet en latéralisation à G, les tests 6 et 8 offriront le plus de chance de réussite en fonction du degré d'évaluation.

   Les tests de 1 à 4 de la feuille B montrent le même résultat que les 4 premiers tests de la feuille A.

Les sens de rotation doivent être corrects en direction centrifuge pour le droitier et en centripète pour le gaucher.

Stade de latéralisation débutante

1) Sur les feuilles de test A et B dans les 4 premiers tests, la vitesse et la diminution sont très prononcées du côté en train de se latéraliser du fait que la potentialité de mouvement de cette main a encore un caractère inexpérimenté et rigide.

La fermeté est toujours égale.

Le synchronisme est bon.

2) Le phénomène appelé ''différence'' est, chez le gaucher, plus petit dans les tests 3 et 4 que dans les tests 1 et 2 et plus grande chez le droitier.

3) Le test 5 feuille A, réussira chez le droitier, quoique avec une légère opposi­tion, un gaucher la plupart du temps ne réussira pas.

Dans le test 6 le droitier réussira quelquefois de même que le gaucher, les deux avec une légère opposition.

Dans le test 7 le droitier ne réussit pas, le gaucher quelquefois.

Dans le test 8 le gaucher réussit alors que la plupart du temps le droitier échoue.

4) Le choix unimanuel a lieu sans hésitation.

5) En ce qui concerne les sens de rotation : dans le test 3 de la feuille B, le droitier tournera correctement, alors que dans le test 4 il peut encore tourner incorrectement.

Chez le gaucher c'est l'inverse.

Stade de latéralisation évoluée

1) Sur la feuille A, dans les 4 premiers tests, on voit à peine une latéralisation de "vitesse" et "diminution".

2)  Dans les tests 3 et 4 de la feuille A, on ne voit pratiquement pas de différence par rapport aux tests 1 et 2.

3)  Les tests 5 et 8 de la feuille A sont tous réussis, parfois avec un reste d'opposition.

4) Les tests 1 et 2 de la feuille B ne décèlent pas de latéralisation de la vitesse et de la diminution.

5) Lors des tests 3 et 4 de la feuille B, on note souvent une latéralisation de la vitesse et parfois de la diminution alors que les sens de rotation sont corrects.

6)  Dans les tests 5 et 6 de la feuille B, la vitesse est toujours latéralisée et aussi la diminution, les sens de rotation sont corrects.

7) L'écriture de mots est correcte dans les deux directions.

4 - La dominance

" L'essentiel de la dominance est que la trace du mouvement de la main per­met de reconnaître, grâce au regard convergent qui suit cette trace, non seulement la structure sensorimotrice du mouvement de la main, mais en même temps la structure sensorimotrice de la parole écoutée".

Autre fait important souligné par MESKER : la trace est déjà présente vir­tuellement avant que l'on commence à écrire et se dirige toujours de gauche à droite dans notre système.

Lorsqu'un droitier veut écrire de la main G de D à G, il doit utiliser la même trace virtuelle, ce qui veut dire que la structure sensorimotrice du mouvement du regard guidera les mouvements de la main G.

Il en est de même inversement, pour un gaucher qui veut écrire de la main D.

La feuille A du test ainsi que les 4 premiers tests de la feuille B, fixent l'histoire du développement jusqu'à cette dominance.

Ce n'est qu'au 5ème test de la feuille B (écrire lala) que commence l'in­jonction d'écrire un mouvement correspondant à un son de le parole.

Il est établi que dans les tests de la feuille A et dans les 4 premiers tests de la feuille B, la vitesse et la diminution seront à peu près symétriques. Une différence se manifestera justement aux tests 5 et 6 de la feuille B qui corres­pondent à l'exécution graphique de sons tirés de la parole.

Cette différence apparaîtra plus clairement chez des sujets qui continuent à utiliser leurs possibilités d'organisation symétrique.

MESKER décrit aussi en quelque sorte ici un stade de dominance imparfaite : pour ceux dont c'est le cas dans le test 5 et 6, la vitesse et la diminution seraient latéralisées du côté dominant.

Dans les tests 7 et 8 de la feuille B, c'est- à- dire dans l'écriture d'un mot ils présenteraient une grande différence d'habileté dans les sens de rotation avec des erreurs de sens, pour les droitiers en direction centripète et les gauchers en direction centrifuge.

Ce problème de la perfection ou de l'imperfection de la dominance nous parait être une question tout à fait centrale qui sera reprise ultérieurement.

Latéralisation artificielle

La caractéristique de ce stade selon MESKER est d'abord que la latéralisa­tion a un aspect exagéré, trop prononcé et d'autre part que les mouvements de miroir symétrique, sont inhibés du côté non latéralisé.

Cela s'exprime par :

- Le fait que la vitesse, la diminution et la fermeté sont latéralisées invariablement du même côté dans les 4 premiers tests de la feuille A et de la feuille B. Parfois ce trait particulier n’apparaît que sur la feuille B, parfois seulement sur les tests 5 - 6 - 7 ou 8.

- Un échec sans opposition dans les tests 5 à 8 de la feuille A.

- Des réussites uniquement dans la direction d'écriture au test 9 de la feuille A : en centrifuge avec la main D et en centripète de la main G.

Dans les cas plus légers, le sujet peut réussir à la fois avec la main D en direction centrifuge et avec la main G en direction centripète.

MESKER fait remarquer ici que dans ces cas de latéralisation artificielle, le sens de rotation de la main latéralisée n'est pas perturbé par le sens de rotation de l'autre main puisque celle- ci est inhibée.

Dans les tests de 5 à 8, feuille A, où la partie inférieure de la guirlan­de est l'image de miroir de la partie supérieure, ces sujets ont des difficultés : ils choisissent des mouvements d'écriture qui ressemblent vaguement à la figure pro­posée, en général le dessin rappelle une lettre de l'alphabet qui a une vague analogie avec la trace à reproduire.

Dans les tests 3 et 4 de la feuille B, les sens de rotation sont incorrects aussi bien en direction centrifuge que centripète chez un enfant symétrique.

Test 3 => 

Test 4 =>

Dans le cas d'un enfant présentant une latéralisation artificielle, s'il est droitier, en direction centrifuge, des deux mains, il produira une guirlande correcte, par contre en direction centripète, il aura tendance à continuer à effec­tuer de la main D le schème de mouvement centrifuge appris.

Test 3 => 

Test 4 =>

On a un résultat analogue pour les tests 5 et 6 de la feuille B.

Test 5 =>  

Test 6=>  

On aurait bien entendu l'inverse chez les gauchers.

Latéralisation artificielle

1) La vitesse, la diminution et surtout la fermeté sont latéralisées du même côté aux quatre premiers tests feuille A et feuille B.

2)  Dans les tests 5 et 8 de la feuille A il y a échec sans opposition.

3)  Dans le test 9 de la feuille B, il y a réussite seulement dans le sens de la main latéralisée : en centrifuge pour la main D en centripète pour la main G.

4)  Dans les tests 3 - 4 - 5 et 6 de la feuille B il y a systématiquement réussite      c'est- à- dire sens de rotation correct dans le sens centrifuge pour la main D et centripète pour la main G et échec, c'est- à- dire sens de rotation incorrect dans les directions inverses.

La Dyslatéralisation.

Elle se distingue de la latéralisation artificielle.

La latéralisation artificielle est caractérisée par le fait que la période symétrique a été interrompue à un mauvais moment ou a même sauté; mais le fait central est que cette latéralisation artificielle correspond à la prédisposition qui l'a précédée.

MESKER entend par dyslatéralisation une latéralisation trop précoce au non mais qui est en opposition avec la prédisposition existante.

Quand il parle de prédisposition il s'agit de la tendance à se servir d'une main plutôt que de l'autre.

La cause de la dyslatéralisation peut être, comme dans la latéralisation artificielle, une contrainte venant du milieu, familial en particulier, un tabou - méfiance d'origine psychologique envers une moitié du corps, une fixation d'une main à des sensations de plaisir proprioceptif.

Ici l'enfant essaie d'amener à la latéralisation le côté qui n'était pas orienté vers cela et il n'y réussit pas ou presque pas.

Le test de psychodominance donne un mélange de symptômes de ballant, de restes de symétrie parfois de latéralisation artificielle.

"De- generatio dextris sine sinistris".

MESKER entend ici une latéralisation qui se développent normalement est perturbée au interrompue parce qu'apparaissent des troubles fonctionnels cérébraux au niveau de l'hémisphère cérébral qui tendait à devenir dominant.

Il s'agit en général de troubles post- encéphalitiques au post- traumatiques.

Ce syndrome est peu fréquent.

Pour MESKER le danger est que l'épisode pathologique est interprété par les parents et les pédagogues comme expliquant en soi les difficultés d'apprentissa­ges qui surviennent après.

Or ici la main qui ne se trouvait pas en latéralisation se trouve sollici­tée avec perte du synchronisme puisque l'autre main n'est plus en mesure d'assurer sa fonction, ce qui équivaut à un état de ballant.

Il nous parait devoir être ajoutés aux commentaires de MESKER les points suivants :

La passation du test de psychodominance met incontestablement en évidence des stades de développement qui jusqu'ici n'étaient pas objectivés de façon aussi claire.

Ces stades décrivant une évolution "normale" c'est- à- dire non troublée seraient des moments de passage obligés pour l'enfant vis- à- vis de la maîtrise de la trace écrite, stades fonction de son âge et de son niveau de développement psycho­sensorimoteur.


Cette évolution passerait par le stade de ballant, le stade de symétrie le stade de latéralisation et le stade de dominance.

Les états de latéralisation artificielle, de dyslatéralisation de dégéné­ratio dextris sine sinistris, apparaissent très nettement comme des déviations du développement harmonieux qui aboutissent à des impasses.

Il y aurait ainsi à prendre en considération à travers la pratique du test :

- Un développement idéal, harmonieux comprenant un passage par les différen­tes étapes évolutives retrouvées chez l'enfant qui réussit à disposer du mieux pos­sible des potentialités offertes par les agencements neuro- physiologiques, de son système neuro- sensorimoteur.

Il y aurait à considérer le temps de cette évolution qui peut bien entendu varier et à notre avis est étroitement en rapport avec la forme et l'opportunité des stimulations psycho- sensorimotrices telles qu'elles sont proposées par le milieu édu­catif , c'est- à- dire les parents et l'école et sans doute les potentialités génétiques de chacun. La parole interactionnelle joue ici de façon déterminante.

- Enfin pour les déviations de l'évolution normale qui aboutissent à des difficultés importantes vis- à- vis de la trace écrite, l'expérience rééducative menée à travers l'utilisation du tableau sagittal montre qu'il s'agit de troubles fonc­tionnels auxquels en général il est plus ou moins facile de remédier, en tenant compte bien entendu des déficits organiques éventuels.

Une seconde épreuve de test concernant plus directement les gnosopraxies du pouce et des doigts, permet , selon MESKER de bien objectiver ce problème de maturation psycho- neuro- sensorimotrice.

(Une main gauche)

DESCRIPTION DU TEST UTILISE POUR L'EXAMEN

DU DEVELOPPEMENT DE L'OPPOSITION DU POUCE

Le test part de l'idée suivante : dans le mouvement symétrique des 2 mains pour prendre un objet, les deux mains agissent sans opposition du pouce, elles épouses: la forme de l'objet, touché par les deux paumes, tous les doigts y compris le pouce étant dans le même plan.

Cette disposition des mains peu devenir un geste descriptif, il s'agit d'une gnosie de forme de l'objet.

Le pouce et les doigts d'une seule main peuvent faire la même chose pour des objets plus petits, le pouce s'opposant aux doigts pour épouser leur forme.

Le test utilise un objet en bois symétrique selon le modèle représenté sur la figure.

On. donne l'ordre de palper cet objet de haut en bas, d abord avec une main et ensuite avec l'autre et la main doit être tenue en position de préhension de telle façon que les 4 doigts puissent palper un côté et le pouce l'autre.

Le but est que, soit uniquement les doigts, soit uniquement le pouce, palpent, après quoi la main qui a touché doit dessiner le côté touché, en allant de haut en bas.

La palpation, le dessin se font les yeux bandés.

On fait passer ce test de la façon suivante : on place l'objet en bois devant l'enfant et on met une feuille de dessin avec un crayon devant lui en disant: « voici un morceau de bois et tu peux le dessiner, mais sans le regarder parce que je te bande les yeux. Tu dois donc sentir de quoi il a l'air exactement ».

Après avoir bandé les yeux à l'enfant, on donne l'ordre de prendre l'objet d'une main et de le lever un peu.

Lorsque l'enfant fait cela on dit : "pince bien avec les doigts, est-­ce que tu le sens ? Tu tiens le morceau de bois dans ta main maintenant des deux côtés". En disant cela l'examinateur insiste en appuyant d'abord sur les doigts de l'enfant en disant: "ça c'est un côté", et ensuite il appuie avec autant d'insis­tance sur le pouce de l'enfant en disant : « et voilà l'autre côté ».

Ensuite on donne l'ordre dans le rythme suivant : « maintenant tu vas toucher le morceau de bois de haut en bas et tu sentiras qu'il n'est pas complète­ment droit, il y a des rebords, touche- les. Pendant ce temps la main de l'enfant est guidée par l'examinateur de haut en bas le long de l'objet.

Lorsque l'examinateur a la certitude que l'enfant prend conscience des rebords, il dit à l'enfant :"bon, maintenant tu vas d'abord toucher un côté du mor­ceau de bois de haut en bas jusqu'à ce que tu saches où se trouvent les rebords et ensuite tu vas les dessiner de haut en bas".

Ensuite la main de l'enfant est ramenée vers l'objet et alors l'exa­minateur le fait reprendre et guide la main le long de celui- ci de haut en bas en exerçant une légère pression sur le pouce en disant : maintenant tu touches l'au­tre côté du morceau de bois et si tu sais encore exactement où se trouvent les re­bords, tu vas les dessiner encore une fois de haut en bas" ; ce faisant, la main de l'enfant est encore guidée vers la feuille de papier.

On laisse l’enfant exécuter tranquillement sa tâche, sans le précipi­ter en faisant attention à ce que l'enfant touche effectivement avec les doigts seuls le côté externe de l'objet et avec le pouce seul le côté interne. On prend soin que l’enfant se serve de sa main dans la position normale de préhension d'un objet devant soi.

Lorsque l'enfant a dessiné les deux formes des côtés de l'objet en bois il doit faire la même chose avec l'autre main.

Après chaque forme perçue et tracée, on doit demander : « avec quel doigt est- ce que tu l'as touché ? " et lorsqu'il a répondu à cette question : "quel est le côté de l'objet que tu as dessiné ? ".

La façon de noter apparaîtra dans le paragraphe suivant où on décrira les symptômes mis en évidence.

DISCUSSION DES SYMPTOMES MIS EN EVIDENCE

MESKER nous indique en premier lieu les observations que l'on peut faire concernant les gnosopraxies du pouce et des doigts.

Une première remarque pourrait porter sur le fait qu'il s'agit d'une épreuve complexe qui met en œuvre la capacité de représentation d'une perception complexe dans l'espace, sous forme d'une représentation schématique à plat sur un papier,, ce qui à notre avis teste aussi la capacité propre de représentation et d'abstraction par le dessin.

La sémiologie élémentaire qui apparaît en premier lieu est celle de :

- L'agnosie totale notée      

- Une seule main peut présenter un début de gnosie des doigts ou du pouce, l'autre côté restant agnosique.

Le pouce accompagne ici les doigts dans un mouvement de ballant.

- La main D peut se trouver dans le même état que la main G, les pouces accompagnant les doigts sous la

forme d'un mouvement de ballant.

- Le résultat normal serait celui où les pouces fonctionnent face aux doigts de façon symétrique il y a naissance d'un fonctionnement symétrique des mains.

MESKER souligne qu'il a établi le tableau du développement normal sur la base de l'examen d'un groupe de plus de 200 enfants.

Ainsi pour lui :

1 - L'agnosie totale peut être considérée comme physiologique jusqu'à l'âge de 4 ans chez des enfants normalement développés.

2 - Aux environs de la 5ème et 6ème année, se développe la motricité symétrique, où les mains développent sans opposition des pouces une capacité gnosi­que des doigts. C'est- à- dire que l'enfant est capable seulement de dessiner ce qu'il sent à travers la perception des doigts, ce qui est encore impossible pour lui en percevant par les pouces.

3 - Vers 6 - 7 ans, le pouce de chaque main commence à avoir la capaci­té gnosique mais il ne perçoit pas de différence par rapport aux doigts. Pour MESKER le pouce est dans une motricité de ballant vis-à- vis des doigts.

4 - Le quatrième stade comprend une phase où la main mon prédisposée à la latéralisation commencerait à présenter un pouce opposable aux autres doigts.

MESKER explique ce fait qu'il constate par le fait que le champ corti­cal des doigts de la main se trouvant en latéralisation commence à organiser le champ cortical opposé du pouce de la main ne se trouvant pas en latéralisation.

5 - Le 5ème stade est celui où l'opposition des pouces est réalisée de façon symétrique des deux côtés.

MESKER présente par ailleurs un tableau de types des gnosopraxies doigt-­pouce qu'il considère comme anormales et qui posent selon lui des problèmes complexes.

Ses tentatives d'explications sont centrées sur ce qu'il nomme la motri­cité de pelle, faisant appel à l'image de la taupe fouissant, avec ses deux mains en pronation maximale, c’est- à-dire en des mouvements en abduction simultanée et symétrique, pour creuser des galeries.

L'homme selon lui possède également des schèmes sensori-moteurs de ce type : mouvements de natation des mains dans la brasse, tapisser les murs avec de l'argile, les mains à plat sur la surface, donner la forme à la paroi intérieure du vase pour le potier, entrer dans une pièce à portes battantes ou avec un rideau de boules ou de perles de verre... Tous gestes symétriques en pronation maximale des deux mains.

MESKER parle ici de gestalt ou d'expérience de gestalt de la cavité. Il s'agirait ici de schèmes très archaïques où il n'est pas question d'opposition des pouces, la main se comportant comme une pelle, le pouce dans l'alignement des doigts.

MESKER note que ce stade de motricité de pelle se retrouve au cours du développement normal : stade III du schéma qu'il propose. Ici en effet la gnosie du pouce se confond avec celle des doigts, c'est- à- dire que l'enfant en palpant les rebords avec le pouce ne ressent aucune différence avec les doigts de la même main.

Le premier syndrome décrit par MESKER dans son tableau des divers aspects de développement pathologique est celui de l'agnosie totale à un âge avancé, c’est-à-dire qu'il y a ici retard plus ou moins important à l'organisation gnosapraxique.

Le deuxième syndrome est celui du tabou de l'hémicorps droit. Ici les doigts de la main gauche ont organisé les gnosopraxies du pouce D, par contre le pouce G n'a pu être organisé par les doigts de la main D par utilisation insuffi­sante de celle- ci.

Sous le titre III, la main droite présente un caractère d'une manua­lité avec opposition gnosique du pouce alors que la main G a conservé l'image gnosique de main - pelle.

Pour MESKER ici les deux pouces ont pris le caractère de l'opposition gnosique mais l'une des mains ne peut pas arriver à l'unimanualité véritable, parce que les doigts de cette main, à la suite de la domination gnosique du pouce dans la motricité de pelle, sans doute par utilisation anormale de cette main dans cette fonction, n'ont pas obtenu de fonction gnosique propre, normalement opposée au pouce.

Le fait curieux, souligné par MESKER est ici que la main G a organisé sont propre champ cortical et par l'intermédiaire du corps calleux également, le champ du pouce opposé, correctement opposé aux doigts du côté D. La main gauche serait alors retombée dans la motricité de pelle. MESFER parle ici de régression qu'il n'arrive pas à expliquer clairement.

Le titre IV montre que les gnosies des deux mains ont le caractère de la motricité de pelle.

MESKER présente ces cas, difficilement explicables par autre chose qu'une organisation à rebours où les champs corticaux des doigts pourraient être organisés par ceux des pouces ……comme rares dans sa statistique.

Quant au titre V, qui selon lui est rencontré assez souvent, il s'agit du rejet d'une main : les doigts et le pouce de la main refoulée n'ont pas de gnosie propre. Nous avons affaire à une motricité de ballant où une seule main serait orga­nisée normalement : les doigts de la main rejetée décrivent la forme touchée comme s'ils étaient les doigts de la main non rejetée, la phase de symétrie ayant été esquivée.

Notre réflexion sur ces considérations générales concernant des anoma­lies plus ou moins facilement explicables du développement des gnosopraxies doigts-­pouce, ne repose pas sur des éléments statistiques.

Par contre, ce que l'on peut objecter à MESKER est qu'il parait hasar­deux de raisonner sur des états de développements gnosopraxiques anormaux, car l'opération proposée par le test fait appel aux capacités de représentation géo­métrique, de reconstruction d'un ensemble de perception de volume sur le mode d'un schéma géométrique.

Or il est clair que des enfants en difficultés gnosopraxiques ne peu­vent qu'avoir dans certains cas, leur capacité de figuration schématique très impar­faitement développée, ce qui rend l'interprétation des dessins obtenus critique.

Un exemple plusieurs fois rencontré nous a paru typique : des enfants en échec scolaire, avec capacités intellectuelles limitées, représentaient de façon stéréotypée ce qu'ils percevaient avec les doigts ou les pouces à savoir simplement la forme d'un escalier à plusieurs marches n'arrivant sans doute pas à concevoir la forme globale des contours et le rapport mutuel des rebords.

INVESTIGATIONS COMPLEMINTAIRES AU TEST GNOSOPRAXIQUE

Le test proposé par MESKER grâce à l'utilisation du tableau sagittal. et à la pratique d'épreuves bimanuelles, pose le problème d'un abord testologique nouveau qui objective deux paramètres que les connaissances nouvelles et actuelles sur le cerveau ne permettent plus de négliger, à savoir :

- La motricité des deux hémicorps et des deux mains dans leur rapport mutuel.

- Le fonctionnement des deux hémisphères cérébraux à travers le corps calleux.

Le test de MESKER présente en effet un intérêt majeur dans tous les troubles au retards de développement, mais en particulier dans celui des difficultés scolaires, retards, dyslexies, dysorthographies, dyscalculies, dysgraphies.

L’intérêt bien entendu est de proposer des mesures rééducatives adaptées qui ne peuvent se fonder que sur une analyse du symptôme et donc une idée sur l'origine du trouble.

Et cela d'autant plus que le tableau lui- même peut être utilisé sur le mode rééducatif à travers une méthode qui sera décrite.

L’expérience de la pratique du test, qui consiste finalement à mettre le corps en mouvement à travers le bilatéralisme centré sur les 2 mains, par les anomalies mises en évidence, a engagé MESKER à des investigations préliminaires qui nous paraissent intéressantes à considérer.

MESKER s'intéresse à des données particulières de l'anamnèse

1° - L'enfant a- t- il longtemps sucé le pouce au les doigts d'une seule main ?

2°- L'enfant a- t- il eu un bras dans le plâtre pendant un temps assez long ou de façon répétée ?

3° - Comment s'est fait son développement verbal ?

4° - Comment ses parents jugent la droiterie ou la gaucherie ?

5°- Avec quelle main griffonne- t- il ?

6° - Est- il maladroit avec ses 2 mains : pour faire des nœuds, boutonner ?

7° - L'enfant est- il ordonné au désordonné ?

8° - Au cours préparatoire, confond- il b et d, y a- t- il des métathèses dans la lec­ture écriture ? écrivait- il en miroir ? intervertissait-il les chiffres ?

9° - Comment l'enfant s'est- il adapté à l'école maternelle ?

10° - Les parents ont- ils fait pression pour la droiterie ?

11° - Vit-il dans un quartier populaire, en milieu défavorisé, dans un internat ?

12° - A-t- il eu une raison de s'identifier avec des gauchers ?

Pour situer l'enfant par rapport à son évolution motrice, MESKER propose une série d'épreuves de latéralité, simples

1° - Orientation inconsciente de la main

- Fait joindre les mains : l'auriculaire qui se trouve sur le dessus indique la main orientée.

- Fait applaudir : la main orientée est celle du dessus.

2° - Diadococinésie : c'est- à- dire faire les marionnettes.

- Les mains ont un mouvement de ballant.

- Le mouvement est symétrique mais infantile : tout le bras est bougé.

- Les deux mains ont un rythme différent.

- Des mouvements de ballant et des mouvements symétriques se succèdent, l'en­semble est chaotique.

3° - Examen de la praxie unimanuelle : une pièce de monnaie doit être tournée entre le pouce et les deux premiers doigts.

On relève :

- Une asymétrie dans l'adresse d'une main à l'autre.

- Une asymétrie dans les mouvements d'accompagnement de l'autre main.

- Une absence de mouvement d'accompagnement.

4° - On propose à l'enfant de tambouriner avec les doigts des deux mains.

- Le tambourinage a lieu en mouvement de ballant

- Le tambourinage a lieu de façon symétrique

       - L'action a lieu de façon unimanuelle et l'autre main ne fait que fléchir le poignet.

- L'action est impossible.

5° - On demande à l'enfant de faire semblant de planter un clou, de couper le pain

On peut noter ici :

- mouvements élémentaires et infantiles

- la main orientée peut être différente dans les deux tests.

MESKER procède ensuite à un examen de la lecture - écriture.

Il souligne que le test peut être proposé à des élèves de l'enseignement secondaire.

Une épreuve utilise des lettres en plastique qui peuvent être assemblées.

1° - Il demande de former des mots simples comme « bob » ou « jap » « dod ».

Ensuite avec les lettres b,d,a,k,m,o,w, mélangées il faut former "bak et "kam". L'enfant doit prononcer les mots, on note la main avec laquelle l’enfant agit, ou s'il agit avec les deux mains. On note l'ordre des lettres posées.

Pour les enfants du secondaire on présente à lire le mot « KARAKIER » en lettres capitales.

2° - On fait écrire l'enfant avec un stylo à bille.

Lors de l'écriture on porte attention à

- L'attitude de la main qui n'écrit pas :

                    · participe tout simplement, fixant la feuille

· bouge sous la forme de syncinésies doigts - pouce

· posée sur le genou ou fixée sous les fesses

· agrippe la table ou la chaise : il y a ici inhibition sur les possibi­lités rapsodiques de la main

· la main est posée sous la main qui écrit

- L'attitude de la main qui écrit :

                   · le pouce fait saillie et guide le stylo

· l'index est en équerre, les doigts et le pouce fixés de façon spasmo­ dique. L'écriture se fait par des mouvements de poignet et de bras.

  · Le crayon est tenu dans le poing lorsque des hyperkinies extra- pyramidales doivent être                   réprimées

                   · le pouce guide manifestement les mouvements, les l° et 2° doigts sont

                   passifs.

3° - On fait reproduire des types d'écriture :

                   · lettres capitales - parfois en miroir à reproduire

                   · écriture cursive, interrompue entre chaque lettre

                   · écriture cursive interrompue si apparaît des métathèses

4° - On note la façon d'écrire :

                   · en appuyant fort

                   · toujours en épelant

                   · les voltes sont incorrectes

5°- On procède à des dictées de nombres, celle de 21 + 12 =

MESKER procède ensuite à l'examen des expériences de mots primaires, du développe­ment de la forme de mot secondaire, de la liaison entre la forme de mot primaire et secondaire et de l'expérience de transformation.

1°- Pour les enfants du primaire, MESKER dessine un épi de blé et questionne l'enfant sur cette réalité :

qu'est ce que c'est ? peut- il décrire la plante ? les grains ? à quoi servent­-ils ? le moulin... jusqu'à la fabrication du pain et le processus de transformation de la farine en pain.

                -                 l'enfant a des interprétations archaïques magiques

                -   le processus est décrit par gestes, sans parole

                -   le processus est décrit par paroles, par cour, sans geste

-    le processus n'est connu que partiellement, il n'y a aucune représenta­tion sensori-motrice

2° - Pour les enfants du secondaire : il dessine une carte des Pays- Bas.

- qu'est- ce que c'est ? il faut placer villes et rivières.

- on demande de placer les points cardinaux.

· l'enfant peut indiquer les coins de la feuille

                            · l'Est et l’Ouest sont intervertis.

-         on peut interroger sur le sens des cours d'eau, l'origine de l'eau, les distances et le nombre d'habitants.

L'enfant note ses réponses sur la carte au crayon rouge pour les différencier.

MESKER pratique son examen en présence des parents, ce qui est un point à discuter.

INDICATIONS A PARTIR DES DONNEES DU TEST DE PSYCHODOMINANCE ET D'OPPOSITION DES POUCES, DE SON UTILISATION POUR REEDUQUER

Il faudrait distinguer ici deux options :

1°- Le test est passé dans une perspective uniquement testolo­gique : on fait le point sur la psychodominance et l'on en rend compte à qui de droit.

2° - Le test est passé dans le perspective d'une rééducation qui se fera à partir d'éléments tirés de la passation.

C'est cette option qui nous intéresse surtout et c'est elle que nous développerons, les éléments que nous dégagerons pouvant être utilisés dans la première perspective, finalement plus simple.

Un premier élément de la passation : faut- il faire passer le test en pré­sence des parents ou seul à seul avec l'enfant ?

On ne peut répondre de façon univoque à cette question.

Les éléments de réponse sont affaire d'appréciation. L'on se fondera pour cela sur :

Une analyse de la demande :

D'où celle- ci émane- t- elle ? Des parents ? de l'enseignant ? d'un tiers ? de l'enfant lui- même ?

Concernant les parents, il est certain qu'il faudra bien appré­cier la qualité de l'attente des parents vis- à- vis de l'enfant.

Un des éléments essentiels de la réponse sera donné par le con­tact personnel qui sera obtenu lors des préliminaires de la rencontre avec l'enfant, à la limite dans la rencontre inaugurale où l'enfant se manifes­te dans le premier contact en la présence de ses parents.

Nous nous contenterons de souligner l'importance de la relation établie avec l'enfant lors de la première passation du test.

Il est important de ce point de vue de bien expliquer à l’enfant qu’il s’agit d’un test, qu’il ne réussira pas forcement tout la première fois mais qu’il en sera forcement capable un jour.

Une première chose d'emblée, le test ne doit pas être présenté comme un test d'écriture ou de lecture, il s'agit seulement de mouvements à deux mains de plus en plus compliqués. Ce n'est qu'à la fin du test que l'on demande de véritables mouvements d'écriture, annoncés comme tels, à partir de ''la'' et du mot « bad ».

Il appartient ainsi au thérapeute seul , de déterminer si dès le premier contact pris avec parents et enfant, s'il convient de passer le test en la présence des parents ce en leur absence.

L'important est de lier implicitement à travers la passation du test dans sa visée exploratoire, une alliance avec l'enfant. C’est-à- dire que celui- ci doit sentir dès le premier usage du tableau qu'il est engagé dans une dynamique radicalement différente de ce qu'il a connu jusque- là et que le thérapeute est son allié objectif à travers cette dynamique elle­-même.

C'est dans les cas où l'attitude des parents paraît la plus problématique qu'il sera utile de ménager une confrontation face à face avec l'enfant seul.

Ainsi l'aspect ludique doit être préservé, car il est très im­portant et bien perçu par l'enfant la plupart du temps et le fait en soi de jouer sur le bilatéralisme naturel, constitue incontestablement une mo­tivation tout à fait intéressante à préserver et qui s'entretient d'elle-­même.

Il apparaît ainsi dès le premier examen comme une situation privilégiée où l'enfant doit rester dans l’impression. qu'il peut réussir alors que c'est jusque- là l'aspect d'échec scolaire qui est dominant dans son sentiment personnel et dans sa relation aux parents qui ne peuvent jamais mas­quer leur déception.

Ainsi la situation de test qui va inaugurer la situation de réédu­cation doit rester un moment privilégié entre l'enfant et le rééducateur, car l'enfant percevra très vite sa carence et aura tendance à vouloir la compenser parce qu'il comprendra vite qu'il y a derrière une sorte de facilité motrice qu'il ne possède pas mais qui peut le rendre plus efficace.

Ainsi le rééducateur doit à tout prix préserver cette situation privilégiée.

Il peut :

- soit laisser les parents totalement extérieurs, faisant le test seul à seul avec l'enfant mais en l'avertissant qu'il est obligé d'en parler aux parents pour leur expliquer.

- soit on les laissera assister au test.

Dans les deux cas le commentaire devra être réaliste sur la possi­bilité actuelle de l'enfant et surtout sur l'explication de son échec, le plus souvent lié à un trouble des mouvements conjugués . A partir de ce mo­ment, il faut que le problème des progrès de l'enfant devienne l'affaire de celui- ci, aidé du rééducateur et que la pression sévère le plus souvent ef­fectuée soit relâchée par l'intervention de celui- ci.

Pour rendre l'opération plus efficace et si la relation entre l'enfant et les parents parait problématique, au plan de l'écoute mutuelle, l'examen de l'écoute et la mise en œuvre préliminaire d'une cure de stimu­lation sonique, telle qu'elle sera plus loin décrite, peut être proposée.

Le fait ici d'enregistrer les voix des parents, avec les commentaires inhérents, ne peut que favoriser grandement le questionnement bilaté­ral nécessaire centré sur l'importance des échanges parlés.

Il y a aussi à parler ici de l'enfant dont les parents inversement ne sont aucunement motivés pour aider l'enfant sérieusement, la situation de rééducation apparaît ici la plupart du temps vécue de façon très positive.

Dans ces cas où la position de l'enfant est le plus souvent tein­tée d'abandonnisme, il est d'autant plus précieux de conserver cette rela­tion en apparence facile à travers la pratique de la rééducation.

Ainsi, que les parents assistent au test ou non, il est capital de démystifier, au sens absolu du terme, la situation, d'échec scolaire et c'est un des éléments clés de la situation qui doit concerner également l'enseignant .

Cette démystification ne peut reposer que sur une analyse des causes de l'échec scolaire où l'évaluation la plus juste possible soit faite sur :

- Les difficultés de l'enfant : sa personnalité, celle des parents et de leurs présupposés sur les causes de l'échec.

- Sa situation d'échec scolaire qui apparaît à travers le test de psychodominance, dans un certain rapport avec son degré d'immaturation motri­ce et cérébrale.

Se pose alors la question de mettre en rapport le contexte psycho­logique de l'enfant vis- à- vis du groupe parental et sa situation personnelle vis- à- vis de la situation scolaire en fonction des données du test de psycho-dominance.

C'est dire que le point central est de ne pas accepter le vécu d'échec de l'enfant, d'en analyser les composants et bien sûr, d'essayer de les modifier.

Il faut savoir que la situation la plus ordinaire est la suivante : on a contraint un enfant immature à utiliser de façon impérative une seule main dans des travaux d'écriture ou de préparation à l'écriture alors qu'il aurait fallu le faire travailler dans un premier temps de façon. bilatérale.

La finalité du test et des premiers entretiens doit être d'évaluer l’importance des difficultés d'apprentissage dans la dynamique de l'enfant, de sa propre évaluation et de la culpabilité qui en résulte, de la réaction des parents qui augmente souvent cette culpabilité par méconnaissance juste­ment des potentialités motrices de l'enfant. Toutes choses difficiles à dis­cerner de troubles plus franchement psycho- névrotiques liés à l'histoire de l'enfant vis- à- vis des images parentales.

Cette évaluation est importante à faire. L'on peut tabler sur les résultats du test pour postuler une amélioration significative si les élé­ments d'immaturité au de dyslatéralisation apparaissent dominants dans les difficultés de l'enfant. Avec l'expérience, cela est relativement facile.

Il est important, avec l’expérience, de pouvoir dans ces cas- là, bien expliquer la portée des troubles instrumentaux à l’enfant et aux parents, d’enjoindre ceux- ci à relâcher leur pression sur l’enfant et de pouvoir leur affirmer une amélioration significative au plan scolaire et même d'ailleurs au­-delà, notamment au niveau des capacités expressives et de communication.

Il est certain que joue ici de façon significative, l'expérience et la conviction elle- même du rééducateur, mot sur lequel il faudrait peut- être revenir.

En effet il s'agirait de quelque chose se situant plutôt sur le mode d'une sorte d’initiation corporelle - vocale dans le cadre d'une relation qui s'ins­taure vite sur un mode transférentiel positif, compte- tenu des avantages personnels que l'enfant tire en général de la situation, tant dans sa propre auto- évaluation que du regard nouveau et de l'écoute nouvelle que doit avoir suscités le praticien auprès des parents.

S'agissant de troubles psycho- névrotiques dominants avec souvent des atti­tudes parentales vis- à- vis de l'échec d'autant plus critiques, la décision de pour­suivre sur le mode rééducatif peut être différée, renvoyant l'enfant et surtout sa famille au trouble psychologique et à la nécessité d'une cure préalable de celui- ci.

Il est certain que la cure de stimulation sonore telle que nous la prati­quons peut être envisagée, l'intérêt particulier de celle- ci vis- à- vis des autres thérapies est que tout en abordant l'intimité de la dynamique familiale à travers la cure sonique et les contacts qu'elle impose, quand elle est bien menée, elle joue également sur la latéralisation cérébrale et a un effet sur celle- ci, y compris sur la motricité fine.

L'on peut ajouter à cela que les effets de la stimulation sonore comme ceux de la pratique des exercices au tableau vertical, doivent être rattachés aux problèmes de la focalisation sensori-motrice, c’est-à- dire à une visée d'harmonisa­tion des fonctionnements corticaux, sous- corticaux.

INDICATIONS A PARTIR DES DONNEES DU TEST DE PSYCHODOMINANCE

POUR LA REEDUCATIUN

L'on ne peut bien sûr les systématiser simplement. Il est certain que la pratique elle- même du test et l'utilisation de celui- ci à titre réeducatif ne peut être transmise que sur le mode d'une initiation à travers l'expérience. Aussi nous bornerons nous aux indications essentielles.

La sémiologie exposée par MESKER doit rester la base diagnostic résul­tant de l'examen du test de psychodominance et de celui des gnosopraxies des mains, doigts et pouce.

Nous nous intéressons essentiellement à la dynamique rééducative suggé­rée directement par l'utilisation du tableau avec plan sagittal.

Une telle pratique me parait devoir être centrée sur les épreuves 5 - 6 - 7 - 8 -         9 de la feuille A et sur le stade de symétrie acquise et dominé.

C'est- à- dire que l'enfant doit être capable de faire les doubles bou­cles en sens inverse dans les deux sens et est capable par mains séparées de réali­ser ces mêmes épreuves en centripète et centrifuge.

Ainsi envisager d'utiliser le tableau à titre rééducatif suppose que l'on ne l'utilise dans ce sens que si le stade de symétrie est bien dominé comme le prouve l'exécution des tests 5 - 6 - 7 - 8 - 9.

Cela signifie pour être schématique, que lorsque l'enfant ou l'adoles­cent ou l'adulte se trouvera encore en phase de ballant, de symétrie mal établie (C’est-à-dire lorsque les tests 5 - 6 - 7 - 8 - 9 ne sont pas exécutés complètement), en latéralisation artificielle, en dyslatéralisation, en stade de « degeneratio dex­tris sine sinistris », il ne faudra pas commencer de rééducation au tableau, portant donc plus directement sur l'acte graphique.

Que fera- t- on pour tous ces sujets ?

Il faudra ici préciser, par un bilan complet portant sur la dynamique de la personne et le niveau intellectuel le contexte familial et anamnestique, les difficultés motrices et gnosopraxiques, les examens sensoriels et de l'écoute, l'état particulier du sujet et définir une stratégie permettant à chaque cas de parvenir le plus tôt possible à la phase de symétrie bien dominée.

Cela suppose, après bilan complet, d'être parvenu à une compréhension. globaliste du cas, c'est- à- dire se situant dans notre perspective personnaliste faisant de la parole le centre de la fonction symbolique sans la dissocier du corps qui la produit.

Cela suppose bien entendu que l'on évalue précisément les capacités de compréhension et de motivation permettant d'entreprendre une éducation ou une rééducation psychomotrice du corps global par les moyens les mieux adaptés suivant le cas considéré.

Mise en œuvre de la rééducation

Le principe général en est :

1° - De travailler en permanence en situation de bilatéralisme et tou­jours dans les deux sens, centripète et centrifuge.

2° - De travailler le plus tôt possible en synchronie avec la parole, c'est- à- dire que le sujet devra en permanence pendant les exercices verbaliser en correspondance avec les gestes des deux mains qu'il effectue en parvenant à la meil­leure synchronisation possible.

Les consignes seront toujours verbales de la part du rééducateur, sans injonction par le geste.

La première préoccupation est d'obtenir un synchronisme parfait entre les deux mains sur les guirlandes telles qu'elles sont prescrites dans les huit pre­mières épreuves.

Les verbalisations correspondantes seront « Tchouk, Tchouk.. » dans les guirlandes simples, ''en haut ! en bas..." dans les doubles guirlandes.

Il faudra ici obtenir un synchronisme parfait entre voix et geste , ar­river à une rythmicité harmonieuse et facile.

L'on peut considérer que chez certains enfants en phase de symétrie en voie de s'instaurer sans troubles surajoutés, habiles et motivés par ailleurs, l'on pourra commencer la rééducation sous cette forme.

Ce stade obtenu par des répétitions régulières particulièrement centrées sur le synchronisme son proféré - geste l'on passera au stade suivant.

C'est l'obtention du geste déjà graphique, en associant le son du pho­nème à celui- ci concernant notamment les séries de "le" "lo" et ''la''.

Le but est ici surtout de sensibiliser l'enfant sur la différenciation voyelle, consonne et à montrer à l'enfant que la voyelle sonorise, si l'on peut dire la consonne.

L'exercice sur "lo" et "la" est ici capital. Le mouvement d'écriture anglaise supposant une rétroaction à l'attaque du rond du « o » ou du « a ».

Cette difficulté doit absolument être dominée pour poursuivre le pro­cessus.

La difficulté réside dans le tracé correct et le fait de verbaliser le phonème "lo" ou « la » dès que l'on change le sens de rotation de la main, c'est-à- dire dès que l'on passe de la consonne à la voyelle.

Une facilité de mouvement et un bon synchronisme doit être obtenu sur ces gestes pour pouvoir pousser au- delà.

Cette phase de début et de bonne maîtrise du synchronisme son - sens, est tout à fait capitale.


Dès cette phase l'on peut dire que l'on peut mesurer la difficulté plus ou moins grande de la progression.

On peut dire qu'elle oscille entre la maîtrise motrice dans l'exécution des tracés divers et des changements de rotation et la capacité à intégrer synchro­niquement les sons signifiés par les lettres et leur écriture séquentielle correcte.

Il faudra ainsi moduler les exercices en fonction des difficultés pré­sentées en ayant le souci de toujours terminer sur une réussite autant que possible en progrès par rapport à la séance précédente.

Pour la suite de la rééducation l'on ne peut que donner la ligne néces­saire de progression, une certaine latitude et créativité étant bien entendu laissée au praticien en fonction de la personne en cause, de la relation établie, des avan­cées obtenues.

Les principes de base de la poursuite du travail.

Celui- ci va se faire en continuant le travail sur des phonèmes simples en commençant par "bol", "pol", tol", "dol" en insistant toujours sur le geste gra­phique et le passage de la consonne à la voyelle en sonorisant la première par la seconde.

Se pose ensuite la question d'un travail plus différencié en tenant compte des possibilités de l'enfant et de ses carences électives.

Le but et la stratégie doivent être centrés sur la réussite et sur une interaction toujours favorable entre le geste d'écriture et sa correspondance sonore toujours exécutée de façon synchronique, toute erreur impliquant qu'on efface et que l'on recommence le geste d'écriture correspondant à l'erreur.

Ici les capacités d'invention et de recherche du rééducateur - initiateur doivent être stimulées.

On peut donner comme suggestion les idées suivantes :

Il faut en général balayer tout le spectre des associations possibles de consonnes - voyelles.

L'idéal est le plus vite possible de passer par des mots, simples, usuels, d'orthographe élémentaire où les sons correspondent exactement aux lettres.

Il est préférable dans un premier temps d'utiliser des mots courts, simples, à valeur symbolique au sens où nous l'avons défini. C'est- à- dire avez un lien clair entre l'action elle- même et le nom qui la figure, par exemple le mot "plouf", le mot fouette... des mots, onomatopées comme on en trouve dans les bandes dessinées.

Le but est de passer de mots isolés à des phrases complètes.

Il faudra là aussi avoir une diversité et une progression des phrases complètes en fonction de l'enfant et de son niveau.

Il est simple d'avoir recours à des manuels. Il faudra choisir ceux qui ont des phrases simples, expressives, directement compréhensibles.

Au départ il faudra choisir des manuels qui suppriment dans un premier temps tout problème d'orthographe, c’est-à-dire qu'ils ne représentent que des phrases où les sons sont intégralement représentés par les lettres correspondantes.

La programmation de l’enfant sera définie au fur et à mesure, en travaillant spécialement ses points faibles.

Dans les cas de difficultés phonétiques importantes, l'on aura recours, le cas échéant, à la dictée de logatomes spécialement adaptées à la carence électi­ve de l'enfant.

Résultats

On peut les résumer ainsi

L'on peut dire que si l'on reste dans les indications définies l'on ob­tient assez vite des résultats intéressants dans la capacité motrice des mouvements à deux mains.

L'expérience amène vite le patient à une maîtrise de plus en plus grande ce qui fortifie sa motivation dans tous les cas.

En effet, l'enfant perçoit très vite une facilitation de son travail quotidien en classe et surtout il s'aperçoit que ces tâches quotidiennes qu'il considérait comme pénibles et que malgré ses efforts il ne dominait pas, il commence à en maîtriser au moins les actes élémentaires.

Ainsi l'idée dévalorisante qu'il portait en lui et qui était quotidien­nement renforcée par les déceptions habituelles, disparaît peu à peu d'autant que la progression qui lui est proposée par le rééducateur l'amène à des réussites si­gnificatives.

Ainsi, même dans les cas les plus préoccupants on observe une améliora­tion du comportement de la parole et du désir de communiquer, surtout si les pa­rents ont bien perçu les raisons de l'échec antérieur et acceptent la discipline proposée par la rééducation.

Le premier symptôme à s'améliorer est l’écriture, le geste graphique, parfois spectaculairement mais également la lecture alors que les séances réé­ducatives ne comportent que des exercices moteurs au tableau.

Le symptôme le plus résistant est la dysorthographie, bien entendu. Il suppose un travail plus spécifique, centré sur le symptôme.

Un point aussi important à considérer c'est que l'acquis obtenu est solide et se conserve au long cours, l'apprentissage s'inscrivant à travers la motricité sur le mode d'un conditionnement opérant.

L'on peut affirmer que si la méthodologie est bien suivie et les indi­cations respectées, il n'y a pas d'échec et très peu de renoncement ou de fuites pendant la rééducation.

Au contraire la facilitation que l'on obtient, entretient une motivation et un intérêt vif pour les exercices qui sont toujours vécus très positivement par l'enfant en particulier.

Dans ce sens, la situation de travail a deux mains est réellement vécue sur le mode ludique pour des épreuves qui, jusque- là, suscitaient déceptions et dé­couragements chroniques.

Il convient ici de préciser que les effets obtenus doivent être mis en rapport avec le fait qu'il s'agit d'autre chose qu'un simple apprentissage.

La mise en situation consiste en effet, en un travail aboutissant à un fonctionnement à visée globaliste bilatérale du corps et du cerveau. C’est-à-dire à une sorte d'harmonisation d'un fonctionnement jusque-là. très imparfait.

Cette mise en situation suppose l'acceptation. stricte de consignes ver­bales exécutées.

Il faut analyser les effets obtenus par rapport aux conditionnements inauguraux de chaque enfant puisqu'on touche- là à un rapport de communication ver­bale.

Nous verrons plus loin, en nous penchant sur le problème de la focalisation sensorielle, qu'il s'agit là en réalité d'une harmonisation de fonctionne­ment des structures cortico- sous- corticales, aboutissant à des effets neurophysiologiques objectivement vérifiables.

Doit être préservée ici, dans l'interprétation des résultats, l'idée d'un effet global, jouant de façon majeure sur la structuration de la personne et de sa capacité de communication à travers la parole.

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

16 Octobre 2003

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Ontogenetic trends in gnostic hand function in 3- to 12-yr-old children.

van Grunsven W, Njiokiktjien C, Vranken M, Vuylsteke-Wauters M.

Institute for Remediation of Learning Disabilities, Eindhoven, The Netherlands.

The intimate relation between the sensory and motor functions of the hands during object manipulation and exploratory touch, the well-known improvement in object handling and constructive performance in ontogenesis and the emergent laterality thereof, assume changes in morphognostic capabilities in children. In this study we tried to corroborate the hypothesis of Mesker that mature and lateralized finger-thumb opposition is preceded by a stage of two-sided manual form agnosia in preschool children, followed by acquisition of morphognosis of the fingers and, finally, the thumbs. This study examined the development of gnostic hand function in 290 children from 3 to 11 years of age who drew the outlines of a meaningless wooden object passively felt with each hand without visual control. Analysis showed a clear ontogenetic change across the two age groups of increasing morphognostic function: 48% of the 6-yr.-olds drew correctly what the fingers of both left and right hands had perceived (thumbs, 14%). Of the 11-yr.-olds 91% and 61% performed perfectly with the right and left hands, respectively. The fingers preceded the thumbs in reproduction by most children, and the correct reproduction by the left thumb precedes that of the right thumb. The ontogenesis of bimanual sensorimotor functioning is discussed in the light of cortical and callosal development.

Child Care Health Dev. 1993 Mar-Apr;19(2):127-43.


Handedness in children at school entry: does the 'Mesker test' provide a valid method for testing writing handedness?

Warren E, McKinlay I.

Barony Hospital, Nantwich, Cheshire, UK.

The 'Mesker test', an experiment devised after the psycho-motor dominance test described by the Dutch paediatrician Mesker, was evaluated as a method for testing writing handedness in 145 children at school entry in Crewe Health Authority. Also included in the assessment was if, and how these children know their laterality. Positive outcome was measured as Mesker test result corresponding to spontaneous hand-preference in symbol copying. The correct indication of right arm or leg was evaluated in relation to the outcome by chance. The Mesker test could not confirm hand-preference in children at school entry. There was no significant relation to the child's maturity and no significant consistency in test performance. The sub-group of right-handed writers who confirmed their handedness showed an almost significant level of consistency. No more children who thought they knew the right side indicated the correct limb then could have been arrived at by chance. This was not significantly related to having been taught, writing handedness or maturity. It is concluded therefore, that at school entry age children don't have a good knowledge of their body's laterality. Although the Mesker test does not confirm writing handedness at school entry, it may be useful in older children with inconsistent laterality.