Le journal Croix rapporte dans un de ses articles qu’« après
la mort par accident d’un homme sourd et malvoyant, des patients mettent
en cause les appareils auditifs numériques et réclament l’accès
aux outils analogiques, aujourd’hui disparus ».
Le journal cite le Pr Albert Fournier, interne au CHU d’Amiens,
qui « souhaite que l’on questionne la pertinence d’une
généralisation à tous crins des appareils numériques.
Les outils analogiques convenaient davantage à certaines personnes handicapées
».
La Croix note en effet que le jeune homme décédé par accident
en novembre 2006 en gare de Boulogne (Nord-Pas-de-Calais), après être
tombé sur les rails, « ne cessait de se plaindre depuis des
années de l’inefficacité de ses appareils auditifs numériques
».
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Le quotidien cite le frère de la victime, lui aussi touché par
le syndrome
de Usher, qui déclare : « Ces outils se veulent plus modernes
car ils sont réglés de telle sorte que certains bruits sont amoindris
pour être moins fatigants, mais du coup, cela m’a fait perdre tous
mes repères. Il est devenu plus difficile d’évaluer les
situations ».
Le journal cite cependant Jean-Jacques Frayssinet, de l’association
Retina France, qui remarque que « le passage au numérique […]
s’est révélé plus difficile pour les patients adultes
car il a altéré les sons auxquels ils étaient habitués.
Mais les plus jeunes s’y font très bien ».
La Croix constate que « les fabricants français ont stoppé
net la production d’appareils analogiques », et note que pour
le Pr Fournier, « les entreprises du secteur ne raisonneraient plus
désormais qu’en termes de «produits à vendre»,
et non plus en termes de «services à rendre ».
Le journal indique que le médecin « a saisi le Comité d’éthique » pour que « les appareils analogiques soient à nouveau disponibles sur le marché français ». La Croix observe toutefois que « si le Comité national d’éthique devait lui donner raison, rien ne dit que les entreprises consentiraient à relancer la commercialisation de produits destinés à un public limité ».
Didier Sicard, président du CNE, déclare en outre : « Nous
devons nous demander si le marché n’est pas petit à petit
en train de laisser de côté les minorités, en faisant fi
de la spécificité de certains handicaps ».
Eddy Lambert dans une communication personnelle sur ce sujet approuve pleinement ces propos et travaille à rendre plus adaptés les appareils numériques eux-mêmes grâce à une rééducation sonique (psycho-acoustique) appropriée.
Elle dit sa joie de voir que ce qu'elle crie depuis des années (à savoir que les appareils trop adaptatifs sont néfastes) est en train d'être reconnu par d'autres et notamment par les plus compétents spécialistes du domaine !
D'autres équipes cherchent également à mieux adapter les prothèses numériques grâce à des outils technico-mathématiques performants. Par exemple : Mads Jensen and Lars Friis (Widex hearing aid).
15 Avril 2010