Enseigner : l’appui du yoga en cours d’espagnol [1]

Sylvia Lassy, Pr d'espagnol, Pr de Yoga


J’aurais voulu choisir un sujet de mémoire qui sorte de l’ordinaire, raconter une histoire originale, c’est l’ego qui voulait en moi ;

Je me rends compte alors rapidement que le quotidien dans ce qu’il a de plus banal peut devenir extraordinaire ; le sujet ne relève plus d’un choix, il s’impose : quoi de plus banal qu’un professeur d’espagnol ? C’est pourtant de cela que je vais parler, de cette expérience que je vis chaque jour avec mes élèves, au collège, de la 6° à la 3°.


Je raconterai pourquoi et comment j’ai introduit le yoga dans mes cours d’espagnol ; je montrerai les techniques que j’emploie, j’expliquerai que j’essaie de devenir une yogui pour être une meilleure enseignante ; enfin, j’en arriverai à me demander si le choix de ce métier ne dépasse pas les buts que l’on s’était fixés au début.

Je me demanderai si cela ne signifie pas beaucoup plus qu’aider l’élève à devenir un bon hispanisant.


J’ai accepté, il y a six ans de cela, une classe de 4° à « pédagogie soutenue ». Cela signifie que l’on avait formé une classe de 20 élèves maximum (entre 13 et 16 ans) composée d’enfants en situation d’échec, dont certains redoublaient.

Volontaires pour faire partie de cette classe, ils suivent en mathématiques, en français et en anglais une heure supplémentaire par semaine.

En espagnol, langue commencée en 4°, ils ont un horaire « normal » de 3 heures hebdomadaires.

Dès le début, je suis étonnée par l’incapacité de certains à rester immobiles ; F. se dresse à tous moments sur sa chaise, bouge dans tous les sens. Ils s’apaisent un peu lorsque je donne à chacun l’autorisation de bouger, de se lever pour faire un tour dans la classe lorsqu’il en éprouvera le besoin.


Dans cette classe, nombreux sont ceux qui ont des problèmes de dyslexie dont on les croyait guéris ; j’apprends alors par un spécialiste que ces problèmes peuvent réapparaître, lors de l’apprentissage d’une nouvelle langue.

D. interrogé reste bouche- bée, bégaye un peu. J’attends. Aucun son ne sort de sa bouche. Plus tard, lorsqu’il aura confiance, il dira « je ne peux pas parler ». J’apprendrai ensuite, qu’à la ferme où son père est employé, il fait de durs travaux, qu’il prépare les repas, s’occupe du linge et qu’enfin le père l’oblige à se recueillir tous les soirs sur l’autel qu’il a élevé à la mère défunte de l’enfant.

Dans l’ensemble, ils sont tristes, déprimés, si déprimés que Sophie, elle, a tenté de se suicider peu avant le 8 septembre dans le but d’échapper à la rentrée des classes.

Quant à S., sa mère l’a abandonnée ; elle la rencontre au hasard des rues et elle vit chez ses grands- parents à qui « elle en fait voir de toutes les couleurs » disent- ils.

Tous ces élèves ont beaucoup de mal à mémoriser, ce qui semble une conséquence normale de leurs difficultés à se concentrer, à soutenir leur attention. Plus encore que les autres enfants, ils sont victimes des multiples incitations actuelles à » se distraire » au sens étymologique du terme à se détourner d’eux- mêmes.

Sollicités de toutes parts, tous leurs sens mobilisés à la fois dans toutes les directions, ils ne savent plus se concentrer sur un objectif précis ; ils sont emportés vers l’extérieur au gré de nombreux stimulis (cf. Micheline Flack « Des élèves qui réussissent »)

Que peuvent alors nos avertissements répétés : « faites attention, concentrez- vous, vous ne travaillez pas assez ». Ces litanies arrivent à leurs oreilles vides de sens !

Que faire ?

Leur échec était le mien, leur découragement, leur lassitude étaient l’écho de mes sentiments.


Ils ne participaient pas, mes questions restaient sans réponses.

D., un jour, lève le doigt ; mais au moment de parler rien, le silence habituel, alors sans hésiter je leur fais pratiquer


1° Quelques minutes de relaxation

- Pousser livres et cahiers et sans changer de place mettre une main l’une sur l’autre
- déposer une joue sur les deux mains, ou le front sur les deux mains l’une sur l’autre
- fermer les yeux, si on en a envie et sentir que ça respire au niveau de l’abdomen
- inspir l’abdomen se gonfle
- expir il s’abaisse
- on ne modifie rien
- on écoute
- on sent juste la respiration se faire telle qu’elle est.

- Puis on remonte tranquillement vertèbre après vertèbre
- et on met la tête en dernier

- on peut ouvrir les yeux


2°Quelques étirements

- on s’étire comme lorsqu’ on se réveille
- les pieds bien en contact avec le sol
- assis sur le bord de la chaise, on se grandit
- on porte les bras tendus à la verticale, au- dessus de la tête, doigts croisés
- et on tourne la paume des mains vers le plafond
- on pousse le plafond avec ses paumes de mains et on reste les pieds bien collés au sol
- expir, on pousse le plafond
- inspir immobile sans trop forcer
- puis on laisse cet étirement

- on bâille plusieurs fois si nécessaire

Le souvenir est lointain, il me semble que ce jour- là tout le monde a participé, que personne n’a souri ; plus tard je leur dis que je suis aussi professeur de yoga et rapidement j’évoque les bénéfices de la détente.

L’essentiel, c’est ce qu’ils ressentent.

Ils se montrent très actifs pendant le cours ce jour- là.
D. trouve la réponse à la question posée quelques minutes auparavant et tous sont surpris de constater qu’ils travaillent mieux.

Quelle que soit la séance de yoga proposée,
il est demandé d’écouter le silence.
Il y a toujours un coin de silence autour de nous, écoutons- le
nous deviendrons alors capables d’écouter plus tard, le silence en nous.

Avant de proposer un instant de yoga, j’ai attendu de les connaître, j’ai attendu aussi qu’ils aient le temps d’apprécier le professeur d’espagnol, qu’ils constatent que je fais mon métier très consciencieusement avec beaucoup de sérieux ; bref j’ai attendu que « ça passe entre nous ». Parfois il m’est arrivé d’attendre un trimestre avant de sentir le moment où je pourrais leur offrir une pratique.

Certains élèves ne veulent pas participer ; ils sont une minorité rarement plus de deux.

Ceux qui ne veulent pas participer sont là, inactifs, l’air buté, ou au contraire ils s’agitent, font du bruit, regardent les autres.

Je leur dis alors que je respecte leur désir de ne pas faire de yoga et que j’attends d’eux qu’ils respectent les autres et que je ne tolèrerai pas qu’ils les dérangent; je leur propose de se reposer un peu, de dormir. Les livres et les cahiers doivent être fermés ; il m’est parfois arrivé de faire des exceptions et de m’approcher d’un élève particulièrement agité, de lui proposer d’illustrer son cahier d’espagnol, pour l’occuper, parce que je connaissais son goût pour le dessin, en m’adressant à lui avec gentillesse : il viendrait me montrer à la fin de l’heure.

Tous se sont mis à pratiquer un jour ou l’autre.

Un fou rire ?

On laisse faire ; je continue comme si de rien n’était ; de toutes façon, quoi faire d’autre ? Ils s’apaisent de toute façon parce que le silence et la concentration de leurs camarades est communicative et, peut- être parce qu’ils se sentent acceptés tels qu’ils sont.

Heureusement, je n’ai pas résisté au désir de leur faire du bien, à cet élan que je ressens si souvent vers eux et qui me donne les moyens de sentir ce qu’il faut faire.

Si j’avais réfléchi, avant de leur faire faire du yoga, j’aurais dû demander l’autorisation aux autorités administratives dont les pesanteurs bureaucratiques et la crainte permanente de réactions imprévisibles de la part de parents d’élèves, auraient pu compromettre cette initiative.

Très vite, ils vont demander du yoga en début de cours. Parce que la petite séance de 7 à 8 minutes va retarder le moment où ils vont être interrogés ? Peu importe, la courte séance les aide à se détendre, à retrouver de l’énergie, à se recentrer ; ils sont moins dispersés, ils s’apaisent et nous créons jour après jour, les conditions favorables à l’écoute et à la concentration.

Tôt le matin à 8 h des étirements pour se réveiller

1° Assis, le dos droit appuyé contre le dossier de la chaise, pieds en contact avec le sol
- On écoute les bruits lointains, les bruits les plus proches et pour terminer le silence dans la classe
- Décoller le dos du dossier, il reste droit, tête droite dans l’alignement de la colonne vertébrale
- En inspirant lever les bras tendus vers le plafond, tourner les paumes de mains de façon à ce qu’elles soient face à face
- Expir, les doigts pointent vers le plafond, on s’étire à partir de la taille
- Inspir on revient, on dépose les mains sur les cuisses ou sur le bureau

Geste conscient, attentif, à ce que l’on fait, 2 ou 3 mouvements à son rythme, yeux fermés

2° Dans la même posture, assis dos droit, on se laisse glisser jusqu'à amener les fessiers sur le bord de la chaise
- les jambes sont allongées, plantes de pieds verticalisées en appui sur les talons, orteils vers le bout du nez
- les bras s’étirent vers l’arrière, le haut des épaules et l’occiput reposent sur le haut du dossier
- A chaque inspiration on s’étire vers l’arrière, orteils vers le bout du nez
- A chaque expiration on amène les orteils en contact avec le sol

- On visualise une lumière jaune brillant, on » prend » cette lumière à l’inspiration, et on la diffuse en expirant dans le corps tout entier elle va nous revitaliser
- En même, temps « on se voit » en train de très bien travailler ;

On peut répéter mentalement « je me concentre facilement et je travaille très bien »

3° Une variante, en demandant aux élèves de se décaler un peu (l’un se recule le voisin s’avance )
- Même position : assis dos droit, pieds en contact avec le sol,
- Inspiration :bras à l’horizontale, paumes de mains tournées vers le tableau
- On s’élargit au maximum,
- Expiration : on ramène les bras
- On reprend pendant quelques respirations, chacun à son rythme

- Pendant l’exécution du mouvement on reste très conscient, attentif à l’air qui frôle nos mains, à toutes nos sensations


Comment le yoga est- il accepté au sein de l’établissement ?

Nous voilà à la réunion parents - professeurs, où chaque professeur explique sa méthode et le programme devant les parents et devant le principal. Quel étonnement lorsqu’un parent d’élève prend la parole au nom de tous les autres pour me remercier de ces cours de yoga !

Je guette la réaction du principal tout en restant paisible : quels reproches pourraient- ils m’adresser puisque parents et élèves sont satisfaits ?

Plus tard, je parle au principal de ce qui est proposé aux élèves, je lui dis que d’autres utilisent aussi le yoga. J’évoque la recherche de Micheline Flack et les expériences qu’elle a menées avec succès au lycée Condorcet à Paris.

J’évoque aussi Jacques de Coulon « Eveil et Harmonie de l’enfant » rencontré la même année qui nous avait fait travaillé dans ce sens.

Mais j’insiste surtout sur le fait que les élèves sont plus calmes, plus attentifs plus réceptifs et que les parents sont très satisfaits.

Voilà comment le yoga est devenu une pratique régulière. Nous l’avons exercé au début dans cette seule classe à « pédagogie soutenue » puis très vite les autres élèves de 3° ou de 4°, informés par leurs camarades, en ont réclamé à leur tour et cela est devenu une façon de soutenir la pédagogie de l’espagnol.


Et si nous faisions une pause ?


1° Assis sur la chaise,

- Pieds à plat
- le front sur les deux mains posées l’une sur l’autre
- Dos rond
- Mollets décontractés
- Fessiers décontractés

- Conscience de la respiration au niveau de l’abdomen
- Ça inspire, ça expire

- Sentir cela le temps de 4 ou 5 respirations

2° Se relever en montant vertèbre après vertèbre, lentement, en inspirant

- reculer sur la chaise et appuyer le dos contre le dossier
- monter sur les ischions (ce sont les os que l’ont a au milieu de chaque fessier) => le dos se décolle du dossier
- les bras le long du corps d’une façon naturelle
- monter rapidement les épaules vers le plafond
- relâcher brusquement comme lorsqu’on dit : « Je n’en ai rien à faire » ou « Je m’en fiche » (plus familièrement)
- ainsi le dos sera droit, les épaules relâchées, sans raideur


3°Avancer les fessiers au bord de la chaise

- croiser les doigts derrière le dos
- lever le nez vers le plafond
- revenir en arrondissant le dos, bras relâchés

- Quelle respiration vient naturellement dans ce mouvement ?

Ils découvrent seuls.

Ils sont calmes, apaisés, c’est eux- mêmes qui l’affirment.


Comment le yoga est- il accepté au niveau académique ?

Des mois ont passé, on m’a nommée entre- temps conseillère pédagogique. Le conseiller pédagogique reçoit dans sa classe un ou plusieurs stagiaires pour les préparer à la pratique de l’enseignement. Des formateurs de l’I. U. F. M. (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) me demandent alors de venir parler de mon expérience des élèves en difficultés.

Je les préviens que je ne pourrai pas traiter ce sujet sans parler du yoga que je fais pratiquer en classe.

Sont réunis ce jour- là une douzaine de professeurs stagiaires, un conseiller d’orientation, un principal adjoint (celui de mon collège) et l’I. P. R. (Inspecteur Pédagogique Régional) d’espagnol.

Je souhaitais surtout leur faire découvrir ce que je proposais à mes élèves, par un peu de pratique, dans les mêmes conditions, assis derrière une table.

Je ne savais pas si j’oserais rompre ainsi avec les habitudes qui président à ce genre de réunion.

J’ai connu ce jour là, un moment de grâce : la théorie a été expliquée rapidement, puis on en est venu à la pratique très naturellement. Les stagiaires qui venaient dans mes classes y étaient habitués.

Même l’inspectrice a tenté l’expérience.

Le silence était d’une qualité rare et l’échange se faisait comme une vague qui va de l’enseignant vers l’enseigné, et qui revient… et qui repart, incessante.

On a parlé du bien être qui succède à cette pratique, de l’état de calme ; un réel enthousiasme les animait.

Il était donc possible de continuer la pratique du yoga dans les cours d’espagnol sans plus rien craindre, cela avait pris un ton officiel ; quoique, réflexion faite, des peurs, il n’y en avait jamais eu.

De toutes façons, il aurait été difficile de faire autrement : le yogui est indissociable du professeur d’espagnol.

L’Adaptation de la technique au collège

Attention portée sur les pieds

Que l’on soit adulte ou enfant, il est très difficile de rester immobile pendant des heures.

En les regardant s’agiter ainsi, me vient l’image du « culbuto » : ce jouet dont la base très lourde permet de retrouver la stabilité alors même que l’enfant vient de le « culbuter » en tous sens.

Il est profitable pour eux

- de « sentir » leurs racines
- de mettre du plomb dans leurs pieds plutôt que d’alourdir leur cerveau d’une masse de connaissances nouvelles (je pense aux élèves en difficultés pour lesquels l’horaire était plus chargé dans certaines matières)

« On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui verserait dans un entonnoir »

Le précepteur idéal serait, selon Montaigne, celui qui « …ferait goûter les choses, les choisir et discerner d’elles mêmes. »


Les pieds

- Sentir le contact des pieds avec le sol
- Prendre conscience des talons, des orteils, en les faisant bouger à l’intérieur des chaussures
- Prendre conscience de la voûte plantaire ; évaluer sa hauteur, visualiser sa forme
- Observer par la pensée l’ongle d’un orteil précis
- Se diriger mentalement vers un autre ongle qui aurait une forme ou une qualité particulière
- Ressentir toute la longueur et toute la largeur de la plante des pieds en contact avec la chaussure

- Les élèves apprécient « ça réchauffe »



La posture de la « tête de vache » pour préparer le dos

- Assis sur le bord de la chaise,
- dos droit,
- tête dans le prolongement de la colonne vertébrale,
- menton légèrement orienté vers le creux de la gorge,
- plantes de pieds bien en contact avec le sol,
- mains sur les cuisses

- Au moment de l’inspiration, amener le dos de la main gauche entre les deux omoplates, expirer
- Inspir suivant, lever le bras droit, les doigts sont dirigés vers le plafond, expirer
- En inspirant, étirer tout le côté droit à partir de la taille,
- rester un peu dans cet étirement
- puis plier le bras droit et faire en sorte que la main droite aille toucher la main gauche.
- Le coude droit pointe vers le plafond
- Rester une ou 2 respirations en maintenant le dos bien droit
- puis reposer les mains sur les cuisses, et changer de côté

- Si l’on n’arrive pas au début, à joindre main droite et main gauche, s’aider d’une règle ou d’une écharpe.


De l’importance de la posture pour favoriser l’écoute

Nécessité de maintenir le dos bien droit, sans raideur, pour favoriser l’écoute
- du professeur
- du magnétophone (très employé pour enseigner les langues)

- Le dos droit appuyé contre le dossier de la chaise, les deux pieds en contact avec le sol,
- l’oreille gauche ou l’oreille droite dirigée vers le magnétophone, les yeux clos éventuellement, voilà l’attitude propice à une écoute profitable.

Le yoga facilite la prononciation de sons propres à l’espagnol

Parce qu’il permet une connaissance des lieux du corps, parce qu’il permet l’écoute des sensations corporelles, on peut l’utiliser pour faciliter la prononciation.

Tous les ans, au début de l’apprentissage, nombreux sont les élèves qui ne parviennent pas à rouler les « rr ».
On leur demande alors, et l’exercice est proposé à toute la classe, de

- Fermer les yeux
- fixer l’attention sur le bout de la langue
- faire comme le petit enfant lorsqu’il imite le vrombissement de la voiture ou la sonnette de la porte d’entrée : « drrin, drrin »
- sentir le mouvement rapide de la langue contre les incisives supérieures.

Ils remarqueront ensuite que la consonne r en espagnol, la « erre » exige les mêmes mouvements de la langue ;
Il leur sera alors plus facile de prononcer « guitarra « ou narrador « comme il se doit

Pour la « jota » ce seront au départ, les mêmes difficultés: les petits espagnols aussi connaissent cette difficulté et préfèrent remplacer cette consonne par un « r »

- Se concentrer sur l’arrière de la langue tout au fond
- elle frotte l’arrière du palais
- visualiser ce mouvement, le voir par la pensée
- ressentir ces vibrations
- écouter tout en disant « ja, jé, ji, jo, ju (jou) »

La concentration, le fait de porter la pensée sur l’arrière de la langue, qui vient frotter l’arrière du palais, de visualiser ce mouvement, leur permet de prononcer plus aisément.

Bien sûr, il est rare que ces exercices ne provoquent pas l’hilarité de tous, mais pourquoi la leur interdirait- on ?

Pourquoi ne pourrait- on pas en faire un jeu ?

C’est parce qu’ils prennent conscience des sensations corporelles, parce qu’ils localisent en le visualisant, le point d’émergence du son, qu’ils sont aptes à le reproduire



Le yoga, en outre, permet la simplicité : celle de chanter un refrain espagnol à la mode, avec ou sans musique, pour leur faire mémoriser une forme grammaticale ou un certain vocabulaire ; par exemple, la forme progressive

« Estoy pensando en ti, porque quiero adivinar »
=> Estar +gérondif = forme progressive


Autres pratiques possibles

1° Série


- Assis, le dos droit, avancer les fessiers vers le bord de la chaise
- les mains sur les cuisses
- en inspirant, lever le bras gauche à la verticale
- en pointant les doigts vers le plafond, expirer et étirer tout le côté gauche à partir de la taille, inspirer immobile
- puis en expirant, incliner le buste vers la droite
- inspirer en revenant lentement et en remettant la main sur la cuisse
- changer de côté


- Assis, dos droit, on monte sur les ischions, on se grandit, les épaules restent basses
- On place les avants bras sur des accoudoirs imaginaires qui seraient à peu près à la hauteur de la poitrine
- En inspirant on resserre les omoplates comme pour rétrécir l’espace entre elles, les coudes vont vers l’arrière,
- En expirant, on relâche les bras, on enroule lentement la colonne vertébrale (le front touche presque la table)
- on remonte vertèbre après vertèbre
- on « met » la tête en dernier.
-

- Dos bien droit, « monter » sur les ischions (ce sont les os que l’on a au milieu de chaque fessier)
- Amener les plantes de pieds sur la chaise
- Enlacer les jambes
- Inspiration, monter sur les ischions en serrant les genoux contre la poitrine
- Expiration, relâcher, laisser se courber le buste et la tête vers l’avant, recommencer l’exercice le temps de 2 ou 3 respirations

- Chacun à son rythme, au rythme de sa respiration.

2° Série


- Dos droit, les bras s’élèvent par l’avant à la verticale
- reviennent par l’avant.

- Le geste est en harmonie avec la respiration
- En ralentissant le mouvement, on ralentit la respiration

- Expirer lentement, longuement, doucement
- Rester attentifs à ce que l’on fait
- Etre attentif à l’air qui frôle les mains, les bras

2° Respiration alternée

- Les deux plantes de pieds en contact avec le sol
- Dos droit, sans raideur, appuyé contre le dossier de la chaise
- Tête dans le prolongement de la colonne vertébrale
- Menton vers le creux de la gorge sans forcer (pour bien aligner les cervicales)
- Porter l’attention dans le côté gauche du corps
- Prendre bien conscience du bras gauche de la main jusqu’à l’épaule
- en inspirant fermer le poing gauche et visualiser le souffle qui monte de la main jusqu’à l’épaule en « se promenant » sur le dessus du bras
- par la pensée on fait le tour de l’épaule pendant un léger temps de rétention poumons pleins, tandis qu’on ouvre la main droite en amenant la paume vers le plafond
- puis on expire en redescendant dans l’intérieur du bras droit
- un temps de rétention poumons vides
- la paume de la main droite vient en contact avec la cuisse et le poing droit se ferme
- inspiration : on remonte tout le long du bras droit
- par la pensée, on fait le tour de l’épaule pendant un léger temps de rétention poumons pleins, tandis qu’on ouvre la main gauche en amenant la paume vers le plafond
- puis on expire en redescendant dans l’intérieur du bras gauche
- on peut, en allant à son rythme faire plusieurs respirations.

- Quand le mouvement est « lancé » être attentif à la narine qui respire le plus quand on est du côté droit, à la narine qui respire le plus quand on est du côté gauche.

- On apprécie, en gardant les yeux fermés ; quelle est notre ambiance intérieure ?

Je suis étonnée de constater avec quelle rapidité les élèves « intègrent » ce type de respiration qui pourrait leur sembler compliqué.

2°Ardha Matsyendrasana : Torsion

- Le dos est droit, les fessiers reculés sur la chaise
- Porter la jambe droite sur la jambe gauche (genou droit sur genou gauche) expirer
- inspirer immobile, expiration : on rentre l’abdomen,
- inspiration : on s’étire, on se grandit, on monte sur les ischions
- sur l’expiration suivante, tourner le buste vers la droite
- Saisir l’extrémité droite du dossier avec la main gauche
- le bras droit passe par dessus le dossier, on le laisse pendre
- la tête se dirige vers la droite

- les épaules sont abaissées, à la même hauteur l’une et l’autre horizontales par rapport au sol
- Inspirer à gauche, expirer à droite et se grandir pendant le temps de rétention


Même torsion de l’autre côté

- porter la jambe gauche sur la jambe droite (genou gauche sur genou droit ), expirer
- inspir : immobile
- expiration : on rentre l’abdomen,
- inspir, on s’étire on se grandit on monte sur les ischions
- sur l’expiration suivante, tourner le buste vers la gauche
- saisir l’extrémité gauche du dossier avec la main droite
- le bras gauche passe par- dessus le dossier, on le laisse pendre
- la tête se dirige vers la gauche

- les épaules restent abaissées, horizontales

- inspirer à droite, expirer à gauche
- On revient lentement en inspirant et en expirant et on défait la posture.
- Laisser aller la tête et le tronc vers l’avant pour se relaxer, dos rond
- Puis s’étirer, baîller comme lorsqu’on se réveille le matin.

Le moment de relaxation ou de yoga leur apparaît comme un sas entre le vacarme, le tumulte violent de la cour ou du couloir et le cours.

Ils retrouvent leur centre, là au plus profond d’eux mêmes, et ils s’y reposent tranquillement. Il leur arrive quelques fois de me demander de leur faire préparer le contrôle qu’ils vont avoir pendant l’heure suivante en français ou en anglais ou dans n’importe quelle autre matière.
Préparer ça signifie se relaxer pour être frais et dispos, pour être capable de mieux se concentrer.

Après quelques respirations profondes, je leur propose

La relaxation du masque (In « Ma séance de yoga » de Van Lysebeth)

- Appuyer le dos contre le dossier de la chaise
- dos droit, sans raideur
- les mains reposent sur les cuisses, on cherche à s’installer dans une position confortable,
- on fixe un objet qui se trouve dans son champ de vision,
- on observe sa forme, sa couleur, attentivement comme pour être capable de le décrire ensuite si on nous le demandait (on ne le demandera pas) ; cela leur sert à avoir un repère à la fin de la relaxation.
- on se concentre sur la bouche
- plus exactement, on pense à la langue, on l’imagine bien plate et bien molle à l’intérieur de la bouche
- on se concentre sur les lèvres on les détend comme pour faire un léger sourire
- on va, par la pensée, vers la pointe du menton, on s’y arrête une seconde
- partant de la pointe du menton, on remonte le long des maxillaires inférieurs
- on essaie de sentir battre le sang au niveau des lobes des oreilles (la pratique facilitera cette sensation)
- puis on fait la même chose au niveau des deux tempes à la fois,
- on balaie le front du regard intérieur pour le déplisser, pour le lisser jusqu’à l’arrête du nez
- on installe comme un grand sourire derrière le front
- on pense aux paupières, elles sont aussi légères que deux ailes de papillon posées là sur les globes oculaires
- on fait tout le tour des globes oculaires pour en sentir la rondeur, pour essayer d’en évaluer le poids
- on va vers l’arrête du nez et les ailes du nez
- puis on pense aux creux des joues
- on remonte vers les pommettes
- et on redescend vers les maxillaires inférieurs jusqu’à la pointe du menton
- on refait seul ce pourtour du visage en essayant d’en retrouver les différentes parties en commençant par le bas
- on perçoit de l’intérieur cette sensation de sérénité qui se dégage de notre visage ainsi détendu
- sur l’inspir, « on prend » cet air de sérénité et on le communique au corps tout entier en expirant.
- Voilà une petite phrase d’auto- suggestion que je leur propose en leur précisant qu’ils peuvent la modifier à leur guise : « Je suis très calme, je me concentre très bien et je réussis parfaitement le contrôle » ; on se visualise en train de très bien travailler.

Avant d’ouvrir les yeux, se remémorer l’objet choisi en début de séance, le visualiser, prendre un peu de temps pour en voir tous les détails puis ouvrir les yeux, bien s’étirer, bâiller si nécessaire.

- voyez par la pensée la salle de cours avec le tableau, les fenêtres, la porte,
- votre voisin ou votre voisine, le bureau du professeur
- prenez une ou deux bonnes respirations
- avant d’ouvrir les yeux et de vous étirer

- ouvrez les yeux, étirez –vous encore.

 

Pour changer un peu, parfois je leur propose d’autres façons de se relaxer

1° Relaxation : yoga–nidra de Swami Satyananda « Apprenez à dormir »

Avant tout exercice de relaxation je prends la précaution de leur faire observer un objet dans leur champ de vision (sa forme, sa couleur) etc.

Mes élèves apprécient beaucoup cette relaxation « Promenade dans le parc »

- Il est tôt le matin , le soleil n’est pas encore levé
- nous sentons la fraîcheur de l’herbe sous nos pieds nus
- il y a des fleurs jaunes et des fleurs rouges nous regardons les gouttes de rosée sur les pétales
- nous passons prés d’un bassin où frétillent des poissons rouges, ils sont plein de vie, nous les observons
- nous continuons notre promenade - - - -
- le soleil commence de se lever, il réchauffe notre dos- - - -
- nous voyons de grands arbres verts et touffus et des arbres sans feuilles - - -
- nous arrivons dans une clairière et au milieu de cette clairière nous apercevons une petite maison, comme un petit temple
- nous poussons la porte- - - . Il n’y a personne
- Le soleil, à l’intérieur donne une belle lumière
- Nous nous asseyons sur les tapis
- Aucun bruit, - - - - - seulement le chant de quelques oiseaux.
- Pour mieux savourer le silence nous fermons les yeux - - - -
- Dans ce silence nous nous reposons - - - - - - -

Cette maison, elle est là, en chacun de nous, nous y accédons facilement pourvu que nous nous arrêtions un peu, que nous écoutions le silence

- et là, au creux de nous, à l’intérieur
- nous retrouvons la paix.
- Savourez encore quelques secondes ce silence,
- Visualisez vous en train de bien travailler - - - - -
- pensez à l’objet choisi en début de relaxation, puis étirez vous bien en prenant bien appui sur vos pieds en contact avec le sol


2°une autre relaxation : « au bord de la mer »

Choisissez le moment qui vous convient le mieux :le soleil couchant ou le lever de soleil
Imaginez une plage ; elle est déserte
Asseyez- vous près d’un rocher ou ailleurs, là où ça vous convient

- Observez le paysage :
le bleu de la mer, la couleur du sable et des algues
la couleur du ciel

puis fermez les yeux

- Mobilisez le sens du toucher pour sentir la chaleur du sable
gardez les yeux fermés
et faites le couler entre vos doigts,
sentez les petits grains

- Appréciez le parfum des algues, l’odeur de la mer toute proche

laissez pénétrer l’air dans vos narines

- Ecoutez le bruit des vagues qui viennent s’étaler devant vous

la mer est très calme - - - écoutez le bruit des vagues

- il vous apaise et peut- être, le rythme de votre respiration épouse- t- il celui des vagues
- et le souffle pénètre dans vos narines goûtez- le
- puis il ressort, soyez présents à l’entrée du nez, pour bien prendre conscience de cet air qui entre et qui sort de vos narines
- vous êtes un avec le souffle
- puis avant d’ouvrir les yeux, remontez le décor dans lequel vous vous trouvez.

Je leur suggère de modifier le lieu en fonction des besoins du moment.

Cela peut- être au bord d’un lac en montagne
ou dans un jardin que l’on connaît, qui est familier ou que l’on crée d’un bout à l’autre - - -


Changer son regard pour faire évoluer l’élève

J’ai fait l’expérience de visualiser en chaque élève le très bon élève ; même si on a en face de soi un élève, dont on peut penser, à cause de ses résultats qu’il s’agit d’un élève médiocre, le fait de poser un regard différent sur lui, modifie les choses, son attitude et ses résultats s’améliorent .
Par notre regard, nous phagocytons l’élève, nous l’avons classé enfermé dans une catégorie d’où il lui est difficile d’émerger.

En le regardant différemment, en voyant en lui le bon élève ou si cela nous est possible en voyant l’Etre en lui, comme en chacun de nous, nous lui ouvrons un chemin de liberté sur lequel il lui sera possible de progresser.

 

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

© Sylvia Lassy, 7 Février 2007

(Complété le 23 Juin 2007)

 



[1] Ce Mémoire a été réalisé dans le cadre d'une accréditation comme Pr de Yoga