Marie Louis Eudore Baldou
Né le 6 septembre
1813 à Sauve (Gard), de Antoine Maurice Baldou, docteur en médecine, et de
Marie Rosalie Baude, Eudore Baldou vécut ses premières années à Sauve. En
1815, à la mort d’Antoine Baldou, son épouse Marie Rosalie quitte Sauve avec
ses deux fils et s’installe vraisemblablement dans la région de Montpellier.
C’est en effet
dans cette ville que l’on retrouve Eudore Baldou lorsque, le 23 juin 1838,
il présente, devant la faculté de Médecine, son mémoire de thèse de Doctorat
en Médecine. Il est alors déjà membre titulaire du Cercle Médical de Montpellier.
En 1840 , impressionné
par la lecture du « Manuel d’Hydrosudopathie » du Dr Bigel (Paris,
Editions Baillière, 1840), il entreprend, avec l’appui du Ministre du Commerce,
Gouin, compétent en matière d’établissements sanitaires, un voyage d’études
en Allemagne. Il se rend tout d’abord, en juillet 1840, à Boppard, localité
de la rive gauche du Rhin à 13 km au sud de Coblence, où est installé l’établissement
hydrothérapique de Marienberg, dirigé par le Dr Schmitz. Conformément
à ses idées, il s’y soumet, durant une semaine, aux impératifs de la cure.
Il écrira ensuite : « Je devais essayer sur moi-même chacun des
agents qui composent la méthode », et, en thérapeute, il note les
réactions physiologiques qu’il éprouve et constate l’action bénéfique de la
sudation suivie du bain froid.
Il arrive ensuite,
en septembre 1840, à Graeffenberg, hameau des Sudètes où est installé l’établissement
d’hydrothérapie de Vincenz Priessnitz. Il s’y livre à une véritable enquête
clinique qu’il confronte avec l’opinion des huit confrères présents à ce moment-là
à Graeffenberg, dont deux autres français, les Drs Maingot, d’Abbeville (Somme),
et Taisseire de St Marc, de Paris. Il visite ensuite l’établissement de Weiss
à Freiwaldau (actuellement Jesenik), avant de rentrer en France.
A son retour,
Eudore Baldou s’installe à Paris, au 16 rue de la Victoire. Il
rédige et présente au Ministre Gouin son rapport sur l’hydrothérapie,
publié la même année par Baillière & Dantu, libraires à Paris, sous le
titre « L’Hydropathie – Traitement
rationnel par la sueur, l’eau froide, le régime et l’exercice ».
Le rapport semble avoir été favorablement accueilli par le Ministre et l’autorisation
d’ouvrir un établissement sanitaire selon les principes de Priessnitz est
accordée au Dr Baldou.
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Le premier établissement
français d’hydrothérapie appliquant les principes de Priessnitz sera ainsi
ouvert en 1841 aux Ternes, village
dépendant alors administrativement de la commune de Neuilly et devenu, à partir
de 1860, l’un des quartiers du XVII° arrondissement de Paris. Il avait d’abord
envisagé de s’installer sur les hauteurs du Pré-Saint-Gervais, mais son choix
définitif se porta sur le Château de l’Arcade au village des Ternes. C’est
un bel édifice du XVIII° siècle dont on perça le rez-de-chaussée du bâtiment
central (toujours visible de nos jours) afin d’y frayer un chemin, devenu
ensuite la rue de l’Arcade (actuellement rue Bayen). Proche de la barrière
du Roule (Place des Ternes), porte d’accès à la capitale ceinturée par le
mur des Fermiers Généraux, on y accède alors facilement par les voitures omnibus
de la Compagnie « Les Hirondelles » qui relient le boulevard de
la Madeleine au pont de Neuilly.
L’établissement
est installé dans une des ailes du château et utilise l’eau de la Seine filtrée et rafraîchie dont les baigneurs, après
la sudation et le bain froid de rigueur, absorbent en moyenne trois litres
par jour. Le parc offre ses ombrages pour la promenade. La fréquentation de
l’établissement semble avoir été importante, tout au moins les premières années,
et, en 1846, le Dr Baldou consigne les résultats de ses cinq premières années
d’activité dans un ouvrage intitulé « Instruction pratique sur l’Hydrothérapie étudiée au point de vue 1° de
l’analyse clinique, 2° de la thérapeutique générale, 3° de la thérapeutique
comparée, 4° de ses indications et contre-indications », dans lequel
il détaille ses observations ; il y exprime sa foi profonde dans l’avenir
de l’hydrothérapie et cet ouvrage sera réédité en 1857.
Toutefois, l’activité
de la Maison de Santé de la barrière du Roule ne semble pas avoir dépassé
la fin des années 1840. L’Almanach Royal d’abord puis l’Almanach Impérial
donnent en effet comme lieux d’exercice du Dr Baldou, d’abord la rue des Thermes
(actuelle rue du Sommerard, au n°11, pour les années 1848 à 1850), puis en
1851 la rue Godot de Mauroy (au n°10), de 1852 à 1855 à la fois au 5 rue de
Londres et au 5 rue des Batailles à Chaillot où il dirige le traitement hydrothérapique
dans la maison de santé et de convalescence du Dr Puzin. Il y applique ses
méthodes sur un certain nombre d’aliénés, ce qui lui permettra, en 1852, de
présenter un mémoire devant l’Académie Impériale de Médecine sur « Une
nouvelle méthode de traitement de l’aliénation mentale par l’Hydrothérapie »
(paru dans le Bull.Acad.impériale de Médecine, XXVIII, 1862, p.11). A partir
de 1863, il s’installe au 94 Place Carré, dans le quartier des Batignolles,
puis de 1866 à 1870 au 94 boulevard de Neuilly (actuelle avenue de Villiers),
où il est médecin du Bureau de Bienfaisance du 17ème arrondissement
de Paris. En 1864, il avait, sans résultats semble-t-il, présenté sa candidature
aux fonctions de Médecin Inspecteur des Eaux de Royat (Puy de Dôme), établissement
thermal inauguré en 1852, et où il espérait pouvoir ouvrir un établissement
de soins et rendre l’hydrothérapie accessible à toutes les classes de malades,
riches et pauvres.
A partir de 1870,
on perd la trace du Dr Baldou qui cependant résidait toujours 11 rue du Marché
Saint Honoré à Paris où on le trouve encore, vers 1885, mentionné, comme médecin,
à l’Annuaire des Artisans et Commerçants de la capitale.
Le Dr Baldou avait
épousé le 9 février 1850, à la mairie du 10ème arrondissement,
Caroline Marie Eugénie Denis de Lagarde, née le 10 mai 1830, fille du chef
du Service des Secrétaires Rédacteurs de la Chambre des Députés, Louis Pierre
Marie Auguste Denis de Lagarde et de Marie Victorine Désirée d’Haussy, son
épouse. De ce mariage, sont issus trois enfants , deux fils, Ludovic
l’aîné, né vers 1851 ou 1852, Aimé, le benjamin, né au Havre le 1er
août 1860, et une fille, Henriette, épouse d’un bijoutier parisien, David
Salomon.
Aimé Baldou, le
dernier fils, a fait des études d’ingénieur chimiste et pris un brevet pour
un appareil d’extinction des feux qu’il a entrepris de fabriquer et commercialiser
sous la marque « L’Antiflamme ». Son usine de production était située
à Paris, 4 rue de la Tour d’Auvergne. D’un premier mariage, le 10 juillet
1884, à Paris 6ème, suivi d’un divorce, avec Irène Adélaïde Zénaïde
Pisani, il a deux fils, Maurice et Henri, la présence du second au sein de
la famille étant attestée par des photographies où il semble avoir de 16 à
18 ans. De son second mariage, célébré le 28 juin 1900 à Paris (1er
arrondissement) avec Henriette Barbe Jouvard (1875-1951), il a encore deux
enfants : une fille, Marguerite, née en 1901 et morte en 1989, un fils,
Julien, né en 1902 et décédé en 1998.