Les Pulsions dans le Tantrisme

Dr Bernard Auriol

( Somatothérapie et Somatologie, Revue Internationale du Corps en Thérapie, 4, 46-50, Sept. 1989 )

 

 Résumé : Dans la tradition tantrique, chacun des "chakras" est associé à un organe de perception et un organe d'action. Il est remarquable qu'ils correspondent, dans l'ordre allant du bas vers le haut, aux stades libidinaux auxquels Freud nous a accoutumés. Nous avons sans doute là une remarquable clé pour la psychosomatique et les somatothérapies. ( Mots Clés: chakra, pulsion, stade, libido.)

 Summary : Each tantric chakra is linked with an organ of perception and with an organ of action. Actually, their order suggests that the freudian stages were known by this ancient tradition. These links are a very good way for expanding psychosomatic and somatotherapeutic topics. ( Keywords : chakra, instinct, drive, stage, libido.)


 

 LA NOTION DE PULSION

 La Pulsion (trieb) est un processus dynamique, une poussée (charge énergétique, facteur de motricité) qui fait tendre l'organisme vers un but.

 Selon Freud, une pulsion a sa source dans une excitation corporelle (état de tension); son but est de supprimer l'état de tension qui règne à la source pulsionnelle; c'est dans l'objet ou grâce à lui que la pulsion peut atteindre son but (Fig. 1).

 En tant que poussée, elle est irrépressible mais n'implique pas nécessairement tel but et tel objet précis. C'est une exigence de travail : une modification tend à se produire (ou à être freinée) sous l'influence d'une force. On la définit en physique d'agir sur un autre corps : la pulsion agit d'une partie de l'organisme - ou du corps - sur sa totalité et sur son environnement...

 Sa nature est un concept-limite entre psychique et somatique. Elle a un versant somatique et un 'représentant' dans le psychisme.

 La source ou partie agissante est constituée par une, au moins, des différentes zones érogènes portée à un potentiel élevé.

 L'objet est contingent, choisi en fonction des vicissitudes de l'histoire du sujet.

 Les buts sont multiples, parcellaires, étroitement dépendants de sources somatiques et spécifiant le travail à accomplir.

 Existe-t-il un analogue de la pulsion dans la pensée tantrique?

Pour le tantrisme, il existe une source commune à toutes les forces, à toutes les poussées, à toutes les pulsions et toutes les dérives ; cette source est localisable à la base du tronc corporel. Elle est rythme et vibration.

Elle se divise en deux manifestations :

Cette Source Unique obéit à un rythme de venue à l'existence et de résorption qui évoque les pulsions de vie et les pulsions de mort.

Ne peut-on se laisser prendre aux analogies simples ?

 Dans son séminaire sur l'Ethique Lacan parle de deux morts. Dans les écrits (p.810), il argumente: le pacte précède la violence, le Meurtre est-il le Maître Absolu ? le courant montant serait alors vers la Mort et le descendant vers la Vie.

Mais se pose la question d'une autre mort, celle qui porte la vie (courant ascendant vers l'Amour). L'Esclave se tue au travail et renonce à la jouissance pour échapper à la mort : c'est le Sacrifice qui vise à la Mystique.

 La Vie recèle la Mort, tendre vers l'Une ne peut ignorer l'autre. Il y a la Vie de Jaillissement qui de l'inerte va au vivant et jusqu'à l'âme et la Vie de Participation qui vient de l'Absolu et se relativise jusqu'à la poussière.

 Deux vies absolues qui à s'isoler pourraient se nommer MORT. Sauf à leur rencontre en forme d'Amour et de Cœur (fig. 2).

 L'ascension Néguentropique informe la poussière et la rassemble, produit de l'Un et de la Maîtrise, se tue à dégager la Structure. La descente Entropique délaisse les froides cimes, redonne vigueur aux tournoiements browniens, relâche les sévérités mortifères, ouvre aux désirs d'en bas, tellement premiers. Jeux alternants nécessaires de notre pèlerinage, dérive stochastique qui pourtant fait la Loi, passion surprenante d'exister au mieux par le pire: comme un Recuit Simulé du Sujet qui se glisse dans cette Soupe in-monde.

 Comme le yogi éprouve, lors de la montée de la Kundalini, un vif tournoiement au niveau de centres subjectifs situés le long d'un axe central, on les nomme des roues ou "chakras"... Chez l'homme non entraîné, ils représentent plutôt des "nœuds".

 Le système des chakras :

L' espace, dans lequel évolue le sujet par son regard et ses gestes, semble universellement structuré en forme de corps humain: avec un haut et un bas, une droite et une gauche, un avant et un arrière, dont les significations, rejoignent celles que l'Inde attribue à la tête et aux pieds, aux côtés droit et gauche, etc... (fig. 3)

Cette représentation est image et, en cela, très distincte du Réel comme du Symbolique. Elle n'en est pas indépendante cependant, s'y nouant, s'y enracinant tout en s'y opposant.

D'autres cultures que l'indienne ont élaboré un schéma de l'homme comportant des significations très voisines malgré la distance culturelle : par exemple la Kabbale hébraïque nous offre dans les dix séphiroths - dont certains disposés par paire sur un même niveau - sept étages allant aussi de la tête aux pieds et dont on remarque l'étroite parenté avec la somatotopie tantrique. (fig. 4).

 La mystique chrétienne d'Orient (St Jean Climaque) ou d'Occident (Ste Thérèse d'Avila) décrit également des échelles, des degrés, des demeures. Que ces étages se rapportent à l'organisme psychobiologique est attesté, au moins de manière allusive, comme lorsque la sainte carmélite écrit (1577/ 1982 p.116) "cet ouragan de suavité vient d'une autre région que celle où le démon exerce son empire".

 Je rappelle tout de même qu'ils constituent un système hiérarchisé complexe en rapport avec les stades supposés de l'évolution spirituelle. Ils intègrent une topologie anatomique dans laquelle le haut est valorisé par rapport au bas (qui lui est plus ou moins subordonné d'une façon tout à fait comparable aux modèles de Jackson, Janet, Ey, etc. ) et un point de vue ontogénétique, dans lequel le début est en bas et l'objectif final en haut (quoique certains systèmes puissent n'en faire qu'à leur tête de suivre un ordre inverse ou de s'originer au cœur).

 Un tel système dépasse largement l'anatomie, la physiologie et la psychologie, même s'il intègre ces disciplines. Il se réfère en effet, à une conception globalisante dans laquelle les frontières entre physique et métaphysique s'évanouissent. Ce point de vue permet alors de nouvelles distinctions, ésotériques au regard de notre culture: l'opposition simple entre l'âme et le corps cède le pas à l'articulation de multiples entités de statut ontologique intermédiaire: "corps causal", "corps astral", "corps éthérique", etc...

 Les chakras sont des "roues" représentées par des "lotus" et reliés entre eux par des canaux "subtils" les "nadis". Nous assimilerons ces centres à la "tranche de corps" respective qu'ils régissent, réduisant notre investigation (sommaire) à ce qui peut se saisir dans le cadre scientifique, c'est à dire d'un point de vue phénoménal.

 I) Le Sahasrara

 Il concerne l'Unité transcendante, l'Absolu et n'a pas de traduction phénoménale immédiate, de ce fait, pour rester dans la perspective que j'ai annoncée, je n'en dirai rien, sinon qu'on le symbolise par un lotus à mille pétales situé au-dessus du sommet du crâne. Je pense que c'est une erreur de lui attribuer quelque connexion directe avec l'épiphyse ou tout autre organe.

 Selon le même biais, (et qui fut dès la Genèse), la pensée Teilhardienne lui fait une place phénoménale, inventant pour cela le terme d' amorisation: il s'agit d'une activation de l'Amour dans le cadre de l'Evolution. (Teilhard de Chardin, in "Le Cœur de la Matière", X). "Il ne fallait rien de moins que la conjonction du Christ avec le point Oméga pour que, dans un jaillissement d'étincelles, se produisit à mes yeux l'extraordinaire phénomène d'un embrasement général du Monde : par amorisation totale". Il écrit ailleurs "Un Univers amorisé, qu'est-ce autre chose qu'Univers excité, activé, à l'extrême de ses puissances vitales" (Teilhard de Chardin, Oeuvres, VII, 274)

domaine accentuant le Réel

 II) Le Muladhara

Siège des pulsions d'auto conservation : besoin, se soutenir, occuper le lieu, dormir, dépendance, compulsion de répétition.

C'est une source abondante d'impressions agréables ; fortes sensations organiques de repos.

Il se situe à la base du corps et porte l'énergie fondamentale "Kundalini" dont on peut rapprocher, sans les identifier l'une à l'autre, la Libido.

 En latin nous avons "lubet", "lubido", "libido" (désir érotique) et en Sanskrit la racine "lubh-" (désirer vivement, être avide de, se mettre en chasse de).

 "Libitina" était la déesse des morts, des rites funéraires et de la mort. C'est une version infernale de Vénus. Elle nous signale peut-être la parenté inconsciente de la libido et de l'instinct de mort.

Le matérialisme, l'enracinement, la suggestibilité, les élans fusionnels, le besoin de sécurité, l'attachement aux lieux, à l'habitat sont des traits de personnalité bien reliés à ce centre "de base".

La Kabbale l'appelle "Malkout", le Royaume: c'est le lieu du Lieu.

Thérèse d'Avila évoque pour sa "première demeure" du château de l'âme (1577) les scrupules obsédants. Ceci suggère un lien avec la névrose obsessionnelle et le besoin de sécurisation par les rites et les répétitions stéréotypées à fonction plus ou moins magique.

L'organe d'action est représenté par les pieds (qui portent le corps), l'organe de perception sera l'odorat. Au niveau psychanalytique, il s'agit des premières relations du nourrisson à sa mère qu'il reconnaît à l'odeur. Il se fait porter, manipuler, soigner par elle ("Holding" et "Nursing"). Il est possible de faire reculer le début du stade maturant ces fonctions à la période fœtale et amusant de constater que la région osseuse correspondante, le coccyx, en grec "kokkux" a reçu de Galien un nom d'oiseau connu pour ses tendances parasitaires : le coucou... (cf en sanskrit "kokila", qui désignait le "coucou indien", eudynamis orientalis, renommé pour son chant).  Cet animal est un des symboles d'Héra dont le nom signifie "Satisfaction". Fille, comme son époux, de la Terre et du Ciel autrefois unis, elle personnifie la Nostalgie de l'unité perdue (dont on a pu faire la définition de l'amour). Bien connue pour sa jalousie, elle pourchasse toutes les séductrices qui détournent Zeus de son devoir. Rivalité du manque fondamental et des petites satisfactions quotidiennes. Elle est la mère de toutes les causes.

 On connaît deux usages du mot coucou liés à la mesure du temps (le chronomètre de marine et certaines horloges sont appelés des "coucous"). Ceci évoque les satisfactions rythmiques de la période entourant la naissance et l'automate de Baudouin. On désigne également par "coucou" le narcisse sauvage (primaire dirait Freud !)...

 III) Le svadhisthana (ou svadisthana ou svadistana)

pulsion orale, pulsion d'agression et de destruction, à mamelon prendre

Corporellement, il se situe un peu plus haut (sacrum) et correspond aux désirs orientés vers un objet externe (alimentation, copulation), à l'envie de mordre et la peur d'être englouti, à la soif physique et spirituelle, à l'hyperactivité non canalisée, à la pure spontanéité, etc...

 La Kabbale l'appelle "Iesod": le "fondement". Pour Thérèse d'Avila (1577) la deuxième demeure comporte le risque de désirer les plaisirs, ce qui est le plus agréable....

 L'organe d'action est la main, avec le goût comme voie perceptive. On peut le mettre en rapport avec le stade oral de Freud.

 Là naissent sentiments sexuels, lassitude, stupeur, cruauté, soupçon, mépris.

 domaine accentuant l'Imaginaire 

 IV) Le Manipura

pulsion scopique, pulsion d'emprise ; Narcisse ;

pulsion anale : excréments, scybale

La Demande

Lacan: miroir, image narcissique d'effet jubilatoire, affrontement au semblable dans l'agressivité : moi comme fonction de maitrise, jeu de prestance, rivalité constituée, moi idéal, i(a) à m

Il gère la région connue comme "plexus solaire", c'est à dire la zone lombaire, l'estomac, le foie, le pancréas, la rate... Rôle important dans la digestion, les éliminations de produits d'origine interne (globules rouges usés) ou externe (détoxication hépatique). C'est la zone métabolique par excellence avec la régulation de l'absorption (estomac, foie, pancréas) et de la distribution des aliments (pancréas endocrine, foie)...

Au point de vue psychologique il s'agit de la manifestation de soi par rapport à l'environnement intégré comme tel : marquer son territoire, affirmer sa propriété, produire, créer, se produire, se donner en spectacle,... C'est la conquête, la domination, l'affirmation compétitive, la colère et la peur, la stupéfaction, la jalousie, l'orgueil et la honte... Le voyeurisme et l'exhibitionnisme...

 Pour la Kabbale, il y a ici deux séphiroths : Hod ("honneur") et Nizah ("victoire").

La troisième demeure du château intérieur (Thérèse d'Avila) comporte la tentation de se faire admirer, de mal supporter le mépris d'autrui, d'être susceptible.

 L'organe de perception est la vue et l'organe d'action l'anus. C'est dire la profondeur de l'expérience yogique : plusieurs siècles avant Freud, l'analité était ici reconnue et décrite.

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 Les mots relatifs à l'amour et concernant ce chakra concernent la vue et la possession.

 Par exemple, idolâtrer vient de "idolo-latre" = "qui est le salarié des idoles" (images "sacrées" déconsidérées). C'est à dire, se payer d'images[1] ...

Les joueurs de Poker ont importé le lien entre Analité-Argent et Vision dans la phase de jeu et l'expression correspondante : "payer pour voir" !

 Un degré plus bas, pour désigner une forme superficielle d'amour, tenant pour beaucoup aux apparences, à ce qui est vu, nous utilisons "s'enticher" : en vieux français = "se souiller, s'entacher"; se laisser "tâcher" d'une mauvaise marque. Le mot "tâche" vient lui-même du gothique "taikns"= signe (cf. en allemand "zeichen")...

 L'aspect monétaire de l'amour se trouve nettement dans l'expression familière "mon trésor". Un autre vocable qui évoque ce chakra "anal" est "chérir" (aimer tendrement). Il y a là une ambiguïté sémantique jouant de "cher"= aimé ET coûteux. L'étymologie exhibe : "carus" (latin) qui a donné "caritas" (charité) lequel signifie tendresse, affection, amour avec cette connotation souvent dénoncée de "donner quelques sous à un pauvre"[2].

 On rapproche "carus" du letton "kars" : friand, plein de désirs. Ce terme apparaît ainsi s'étendre assez pour désigner diverses formes de l'amour : de l'oral au théologal...

 V) L'Anahata

 pulsion phallique, castration, de -phi à PHI, ce qui manque à l'objet du désir.

toucher, contacter, la masturbation

 Il est au niveau du thorax (vertèbres dorsales) et commande au cœur, aux poumons et au thymus. C'est dire qu'il joue un rôle privilégié dans la lutte, aussi bien vis à vis des animaux ou des humains que des microbes.

 Sur le plan affectif, nous trouvons l'espérance, l'anxiété, le remords, l'excitation, le courage, le tact, ...

 La Kabbale place ici la "Beauté" (Tiphereth).

 La quatrième demeure de Thérèse d'Avila comporte de quitter le pur imaginaire et d'accéder au principe de réalité car elle y découvre "la différence qu'il y a entre l'entendement et l'imagination". La mémoire, l'intelligence, la volonté doivent alors être mises en action.

 L'organe de perception est le toucher, l'action étant dévolue au phallus, quel que soit le sexe : nouvel exemple de la prodigieuse sagacité des yogis, capables d'entrevoir ainsi ce qui deviendra avec Freud le "stade phallique". Lieu d'affirmation de soi, de l'identité propre du moi, structuration oedipienne, problème de la castration, etc...

 L'importance de la jouissance tactile se marque en argot par des formes très expressives comme "en pincer pour", "l'avoir dans la peau".

 Le mot "passion" désigne une forme de l’amour en tant qu’il est « au delà de toute décision propre ; à rapprocher de patior en latin et de pathos en grec : mouvements violents de l'âme, souffrance subie passivement ou patiemment. Sont proches les mots français comme "patience", "passible", "passif", pâtir, compatir.

 domaine accentuant le Symbolique:

 VI) LeVishudda

écouter, pulsion invocante, nymphe Echo, phonèmes, signifiant flottant, veiller, jeûner et prier: l'ascèse, le sacrifice

Désir (« s'ébauche dans la marge où la demande se déchire du besoin »)

Le Désir est défense d'outre-passer une limite dans la Jouissance

A// L'Autre et le fantôme de sa toute puissance bridé par VII (la Loi)

 Le Vishudda se rapporte au cou, à la partie inférieure du visage et descend jusqu'aux épaules. On trouve là les dents, la langue, le nez, la thyroïde et les parathyroïdes aptes à régler la température du corps, à activer ou atténuer l'ensemble des combustions, à moduler les quantités de Calcium circulant, etc...

 Ce centre est lié à l'affection, la tristesse, le respect, la dévotion, le contentement, la résignation, les mutations (métanoïa), les choix dans le style de vie, le rapport à l'existence, etc...

 "affection" signifie tendresse, amitié, attachement. Ce mot pourrait dériver du latin ad-facere, c'est à dire "disposer en faveur de", "travailler pour", "toucher", mouvement de l'âme.

La Kabbale décrit ici deux séphiroths : Geburah (la "crainte") et Chesed (la "miséricorde").

L'aspect de métanoïa est souligné dans le "Château Intérieur" (Thérèse, 1577) par la métaphore du ver à soie "laid et difforme qui est appelé à mourir pour se convertir en papillon blanc et trés agréable" .

 L'organe de perception est l'ouïe, l'organe d'action le larynx et tout ce qui contribue à la phonation...

 (voir les mythes d'Echo et Narcisse, Eurydice et Orphée, Loth et sa femme)

 VII) L'Ajna

être guidé, soumis, le détachement, guider, soumettre.

Le Père Mort / Nom-du-Père ; La Loi; la Jouissance interdite.

Localisé dans la région du "troisième oeil", il est en rapport avec l'encéphale, les sinus, le nez, le crâne, l'hypophyse et l'épiphyse.

 Il est le lieu de la relation au guru, et par extension, à toutes formes d'autorité. Il réunit les instances interdictrices et d'idéalisation (surmoi, idéal du moi), I(A).

 Pour les Kabbalistes, ici résident l'intelligence (Binah) et la sagesse (Chochmah).

Thérèse (1577) y va d'images jupitériennes où "Dieu appelle comme par un coup de tonnerre" usant de paroles qui "portent avec elles un pouvoir et une autorité à quoi rien ne résiste".

 Les organes de perception et d'action sont d'ordre parapsychologique (télépathie, influence).

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schémas et tableaux

Après ces quelques indications, je me contenterai de vous présenter des schémas et tableaux propres à nous rappeler quelques corrélations: certaines sont données par la tradition confortée par la statistique, alors que d'autres prennent un fondement plus gracile dans la logique ou même l'analogie.

 La colonne intitulée "point de vue topique" est directement inspirée de Charles Baudouin (1950). La colonne "point de vue génétique" correspond à une découverte personnelle que j'avais exposée dans un congrès (Auriol, 1977): on s'appuie sur les organes de perception et d'action, attribués à chacun des chakras par la tradition. Si on envisage ces derniers comme centres énergétiques des investissements libidinaux, on trouve immédiatement l'ordre des divers stades décrits (très postérieurement) par S. Freud (1905, tr. Fr. 1962) et ses successeurs.

Lorsqu'on approfondit, en comparant les traits de caractère, sentiments, comportements attribués par le tantrisme à ces différents étages, aux données homologues dégagées par la psychanalyse, la convergence devient très suggestive[3]. Comme est suggestif le rapprochement des colonnes "topique" et "génétique"...

On pourra dégager de ces correspondances quelques hypothèses pour la compréhension psychodynamique des processus de « somatisation vraie », c'est à dire dont le mécanisme ne peut se ramener à une manipulation héraldique des éléments corporels.

Dans ce cadre, la somatisation sur tel ou tel organe ne serait ni le fait du hasard ou de quelque prédisposition factuelle ("épine irritative" congénitale ou historique), ni une façon de s'exprimer liée à la signification relationnelle de l'organe ("avoir une otite pour ne pas écouter"), mais plutôt le résultat d'un déséquilibre énergétique entre différents "lieux" de la personnalité soumis à des sur ou sous investissements, à la manière de la médecine chinoise. La somatisation devient ainsi l'affaire de tous les instants et de tous les individus : chacun est le siège d'une certaine distribution économique, dont l'équilibre, chez un être vivant donné ne peut être assuré que de manière dynamique; jamais parfaitement atteint ni définitivement stable. Héraclite (H. Diels et W. Krantz, 12, 1954) disait "toujours les mêmes, d'autres et d'autres eaux toujours surviennent".

Il est loisible de constater que les points de vue topique, dynamique et économique de la théorie freudienne ont une contrepartie objective, et peut être mesurable, au niveau des différents dérivés métamériques de notre organisme. On devrait probablement en conclure l'existence de phénomènes similaires localisables d'une certaine façon (et sans entrer en contradiction nécessaire avec une éventuelle "conception holographique" du fonctionnement cérébral) au niveau des différentes parties de l'encéphale (par exemple, les trois cerveaux de Mac Lean, 1973).

Bibliographie Sommaire

  1.  M.L. Aucher, L'Homme Sonore, Epi - 1977
  2.  B. Auriol, Yoga et Psychothérapie, traduit en espagnol, Privat - 1977
  3.  B. Auriol, Les chakras, les troubles du comportement et l'Audio Psycho Phonologie, Journées scientifiques de l'A.F.A.P.P., Carcassonne - 2-3 Juillet 1977
  4.  B. Auriol, Introduction aux méthodes de relaxation, techniques et orientations tendant à faciliter la détente et la disposition de soi, traduit en italien (édition de poche), espagnol et portugais, Mésopé - Privat - (1979) (épuisé)
  5.  B. Auriol, Effets des troubles corporels sur le T.E., Effets des sons sur le corps, Journées de réflexion sur les sons, Paris - Salpétrière - 4/5 Juin 1983
  6.  B. Auriol, Psychodynamique des organes uro-génitaux, Journées Internationales de Gynécologie-obstétrique Pau - 18/19 Février (1984)
  7.  B. Auriol, L'oreille, le corps, la psyché, 1° Rencontre des thérapies psycho-corporelles organisées par Le Lierre et le Coudrier (cassette audio) Toulouse - 16-18 Mars (1984)
  8.  B. Auriol, Topologie psychosomatique et paramètres soniques, Colloque "Théâtre et Sciences du Vivant" Paris - Maison des Cultures du Monde - (1984)
  9.  A. Avalon, La puissance du Serpent, Dervy-livres - 1950
  10.  C. Baudouin, De l'instinct à l'esprit, Précis de psychologie analytique, DDB - 1950
  11.  J. Blofeld, Le bouddhisme tantrique du Tibet, Points - Sagesses - Seuil (1976)
  12.  M. Choisy, Exercices de Yoga, Ed Mont-Blanc - 1963
  13.  A. El Béze, Approche de l' Audio-psycho-phonologie par le test d'écoute: recherche de corrélations, Thèse Médecine N° 447 - Toulouse 1979
  14.  S. Freud Oeuvres traduites en français
  15.  J. Lacan L'Ethique de la psychanalyse Seuil - Séminaire VII
  16.  M. Lüscher, Farb Psychologie - Der Lüscher-Test Persönichkeitsbeurteilung Durch Farbwahl Hamburg, Rowohlt - 1971 - pp. 9-16
  17.  P. D. MacLean, A Triune concept of the brain and behaviour, Edited by T.J. Boag and D. Campbell University of Toronto Press - Canada - 1973
  18.  D. Pannacci, Eléments d'explication de l'organisation métamérique du corps humain, Mémoire de Psychopathologie, Toulouse Mirail - 1982
  19.  G. Rousteau, La Psychophonie, Thèse Médecine - Nantes - 1982
  20.  Thérèse d'Avila,  Le château intérieur / poésies (1577) in "Oeuvres Complètes" Tome IV - Cerf – 1982.
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17 Avril 2008