TRANSPERSONNEL et NEUROSCIENCES

Le transpersonnel et les nouveaux courants de pensée en neurosciences.

Ou lorsque l’étude scientifique des méditations remet en cause le « Réel » 

par Pierre Etévenon, docteur ès sciences

Directeur de recherches honoraire INSERM

J’ai enregistré en EEG en méditations en 1972,  Maître Taisen Deshimaru en za-zen et Lilian Silburn, directeur de recherches au CNRS en méditation selon le Shivaïsme du Cachemire dont elle était spécialiste. Le livre de Marc-Alain Descamps (1) fait écho à un article « Un scientifique épris de yoga » (2) dans lequel je décris mon propre chemin de vie et aux premiers articles sur le yoga écrits en 1974 (3,4). Cette  étude comparée a mis en lumière nos intérêts communs pour le yoga (Kerneïz et Ferrer puis Roger Clerc et le hatha-yoga) et aussi pour la méditation. Il fut l’élève, entre autres maîtres, de Lilian Silburn et il en parle dans un livre récent (5). En ce qui me concerne, j’ai participé aux réunions du Centre d’Études Sri Aurobindo, à Paris, depuis 1964 puis suis allé à  l’ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry ou j’ai rencontré la Mère. Après huit ans à l’Institut Catholique de Paris, en faculté des sciences, devenu professeur de physique, puis ingénieur-chimiste ESCOM, avant une carrière de chercheur en neurosciences, j’ai  été passionné par Sri Aurobindo  (6 à 10, 11) et Héraclite après Teilhard de Chardin,  et par une possible remise en cause du réel quotidien.

 

La question de Socrate « Qui suis-je » n’a cessé de m’habiter et fait écho à « Je suis Cela » (Tat svam asi, So ham, Iti Iti,  en sanscrit) et « Je ne suis pas ceci » (Neti Neti) en Inde. C’est la question de la recherche intérieure, chère aux mystiques, aux aspirants en recherche de spiritualité, de transformation de la personne, de transpersonnel, de surconscient dirait Marc-Alain Descamps tandis que Sri Aurobindo parle de supraconscient. Les pratiques de méditations que nous allons tenter de résumer, peuvent rechercher l’immersion dans un divin transcendant (Brahman, Tat, Purusha), immanent (Sat-Chit-Ananda) et aussi individuel (être spirituel  jivatman et être psychique antaryamin (6,7,11), ou bien ne pas se poser la question du divin comme dans le bouddhisme et le zen (12 à 14). Cette question m’a guidée en filigrane pour écrire successivement trois premiers livres (15 à 17) avant le dernier, tout récent dont la première partie traite des états de conscience et en particulier des méditations qui sont maintenant étudiées en neurosciences et tout spécialement en imagerie cérébrale (18) à laquelle j’ai consacré les derniers 20 ans de ma carrière de chercheur.    

        

Les pratiques de méditations que nous allons tenter de résumer, peuvent rechercher l’immersion dans un divin transcendant (Brahman, Tat, Purusha), immanent (Sat-Chit-Ananda) et aussi individuel (être spirituel jivatman et être psychique antaryamin (6,7,11), ou bien ne pas se poser la question du divin comme dans le bouddhisme et le zen (12 à 14). Cette question m’a guidée en filigrane pour écrire successivement trois premiers livres (15 à 17) avant le dernier, tout récent dont la première partie traite des états de conscience et en particulier des méditations qui sont maintenant étudiées en neurosciences et tout spécialement en imagerie cérébrale (18) à laquelle j’ai consacré les derniers 20 ans de ma carrière de chercheur.              

 

1 Méditations et transpersonnel

Le transpersonnel est le dépassement de la notion de personne. Cette personne est notre ego, notre « je », notre moi de surface, que nous formons, développons, mettons en avant au quotidien par l’éducation, la famille, l’école et l’université, le travail, et le « développement personnel », tant du corps, des passions et des émotions, que de nos idées, de nos conduites et comportements, de notre tempérament et personnalité. Méditer, ce peut-être aller à la recherche de notre être intérieur, de  notre  étincelle divine autour de laquelle va croître notre « être psychique » (11), de notre « Soi » ou être spirituel,, de notre « âme » pour les religions du livre.  Ce peut-être encore  la recherche du non-être, de la non-voie, hors de la dualité de l’existence, du Brahman dans l’Advaita Vedanta (19), de Shiva dans le Shivaïsme du Cachemire selon Lilian Silburn qui en a traduit les textes et ses disciples (20, 21), dans une voie de montée et de libération qui peut révéler l’énergie mystérieuse de la Kundalini (22, 23).

Ce peut-être la recherche de libération et de découverte suprême du Purusha dans le Sâmkhya (24). Ce peut-être une voie de descente (6 à 8)  ou il est fait appel à la grâce pour révéler l’être intérieur et transformer la personne. Ces méditations existent en Asie depuis des millénaires et en Inde en particulier mais les voies différentes sont nombreuses. Qu’il s’agisse des différentes pratiques du yoga, du tantrisme, du shivaïsme, du bouddhisme et du zen, du soufisme, ou des méditations religieuses chrétiennes (25, 26).

            Les types de méditations pratiquées sont plus ou moins difficiles et longues pour en recueillir pleinement les effets (27,28). Ce peut être des méditations avec objet, comme des concentrations exclusives sur des objets sonores tels des syllabes sacrées (Aum), des mantras ou des récitations de prières, des objets visuels (mandalas et yantras) ou des visualisations intérieures fixées ou non (yoga nidra), des gestes rituels (mudras) ou des postures (asanas, assise en silence du zazen), des concentrations particulières sur la respiration (pranayama) avec perception fine du souffle au bord des narines (zazen)… Ce peut-être encore des méditations sans objet  ou le sujet méditant s’efface et disparaît dans de mystérieux vides qui le happent de plus en plus et cette descente en abîmes le conduit jusqu’à une réalité ultime pleine de présence, de joie et d’amour ou il se fond avec ravissement. Il y a alors bouleversement du « réel » habituel et quotidien et changement, progressif, ou brutal parfois, de la personne, de l’espace et du temps. Et il n’est plus possible de parler alors d’états mystiques « sauvages » comme dans la transe, le chamanisme, et encore moins d’états d’intoxications sous drogues, qu’elles soient hallucinogènes ou délirogènes, car ces pratiques de méditation sont volontaires, doivent être répétées, observées, surveillées, contrôlées et maîtrisées, avant que les résultats espérés et progressivement acquis ne fassent oublier les pratiques assidues.

 

 

Il se trouve que comme Marc-Alain Descamps et à ma manière j’ai pratiqué diverses et plusieurs de ces pratiques au fil des années écoulées dans le sablier de la vie qui coule comme un fleuve qui change toujours de lit.                   

 

2 Les nouveaux courants de pensée : neurophilosophie, neurophénoménologie, neurothéologie.

            Changeons de perspective car je dois reprendre maintenant mon discours de neuroscientifique. Une récente émission vient d’être présentée sur Arte le 15 janvier 2007 intitulée « Des moines en laboratoire » qui présentait les résultats d’études et de recherches de moines bouddhistes et de yogins en méditation, enregistrés en laboratoires d’imagerie cérébrale aux Etats-Unis. C’est justement ce qui m’a intéressé dernièrement  et ce que j’ai anticipé fin 2006 (18). Mais avant d’aller plus loin il me faut préciser les nouveaux courants de pensée qui font l’objet de discussions publiques ardentes et savoureuses dans les milieux scientifiques, psychanalytiques, psychologiques et psychiatriques. Ces nouveaux courants concernent aussi les méthodes de développement personnel et le transpersonnel.

            Depuis la parution en France en 1983 de « l’Homme neuronal » de J.P. Changeux, les neurosciences se sont inspirées du courant matérialiste français qui fait que la conscience est produite par le cerveau presque comme le rein produit l’urine. Le cerveau en 1981  était pour Changeux une « machine chimique » puis en 1983 une « machine cérébrale » et en 1989 une « machine intentionnelle » nous rappelle Andrieu dans son Que sais-je sur la « neurophilosophie » (29). Ces idées sont dominantes en neurosciences comme en biologie en général. Hobson considère « le cerveau rêvant » (30) comme proche d’un délire pathologique qui reçoit du bruit sensoriel des afférences nerveuses et le transforme en rêves aléatoires et il critique déjà avec violence la psychanalyse et a fortiori toute interprétation spiritualiste ou ésotérique des rêves. Debru ensuite dans sa « neurophilosophie du rêve » (31) a une position plus subtile et nuancée mais du même ordre. Récemment, Naccache, neurologue spécialiste d’imagerie cérébrale, à écrit un ouvrage sur « Le nouvel inconscient » (32) ou Freud, neurologue à l’origine et précurseur, est confronté à « l’inconscient cognitif » opposé au « conscient » et qui  est observé en imagerie cérébrale rapide comme une suite de processus cérébraux dont chacun est d’une durée de 100 ms. Ce fait nouveau en imagerie cérébrale de « quanta de pensée » de 100 ms d’époque, est indéniable et intéressant et nous l’avons aussi observé en cartographie EEG ces dernières années à Caen  (33 à 35) tout comme Lehmann à Zürich. Mais le rappel des rêves des patients lors d’une cure analytique est effectué de jour sur le divan et tient compte des élaborations. Les psychanalystes refusent à l’inconscient freudien d’être ramené à un inconscient cognitif élémentaire et encore inconnu vu en laboratoire. La querelle fait rage à juste titre (36, 37). Lors d’un récent débat entre Naccache contre les psychanalystes Pommier et Castel, le premier a reconnu le bien fondé d’une séparation entre ses observations de neurologue imageur du fonctionnement cérébral et les processus de la cure analytique qui ne sont pas de son domaine. Pommier a écrit un essai psychanalytique ou il remet en cause le « Réel » (38). Cela avait déjà fait l’objet précédemment d’un livre très intéressant de la part de philosophes et d’éminents physiciens (39).  Il n’empêche que « la parole est curative » (40) dans les psychothérapies et la cure psychanalytique, et les transferts et contre-transferts échappent aux protocoles des neurosciences tout comme l’inter-subjectivité des rapports humains (40, 41).

C’est  Francisco Varéla qui a développé la « neurophénoménologie » dans les années 1990, aux Etats-Unis d’abord puis en France (42, 43), et cela a donné l’impulsion d’étudier plus avant les états de méditation en laboratoire. Il s’est ensuite entretenu avec le dalaï-lama (44) de l’exploration de la conscience en général. Des congrès internationaux se sont tenus à New York et un nouveau courant de recherche et de pensée est apparu intitulé la « neurothéologie » (45).   De nouveaux livres sont apparus sur ce sujet brûlant dont le dernier est celui du moine bouddhiste français Matthieu Ricard avec le cosmologiste Trinh Xuan Thuan (46).  Il paraît évident que ces nouveaux courants intéressent tout particulièrement le transpersonnel. Mais voyons de plus près les résultats anciens et les nouveaux.      

 

3 Les états de conscience modifiés volontairement sont maintenant étudiés en imagerie cérébrale

Les états de conscience peuvent être classés en trois grandes catégories dont les deux premières « les états de conscience altérés » et « les états de conscience naturels » sont admises et la dernière catégorie encore discutée que nous avons appelée « Les états de conscience modifiés volontairement » dès 1972 et 1973 (47,48).

1 Les États de conscience altérés

 En 1984 j’ai publié un premier essai « Les aveugles éblouis » (15) qui aurait pu s’appeler « Les états de conscience altérés » faisant état des expériences américaines que j’ai vécu à Princeton en 1965 et 1966 auprès du Dr Humphrey Osmond, inventeur du mot « psychedelics » - ces substances hallucinogènes et délirogènes que mon futur patron le Pr. Pierre Deniker appellera ensuite « psychodysleptiques. » C’est là, auprès du Pr Léonide Goldstein, que je suis devenu neuropharmacologue avant de rentrer ensuite à l’INSERM en 1967 à Paris. J’ai ensuite publié des articles sur les effets du LSD étudiés à Princeton dont le dernier à l’Unité 19 INSERM de Neuropsychopharmacologie (49). Mais après ma thèse d’État en 1972 j’ai continué mes recherches pour caractériser les maladies mentales (schizophrénie, dépression et leurs traitements par psychotropes) et puis ensuite les affections neurologiques (Alzheimer). Ces états liés à des intoxications ou des maladies relèvent des « états pathologiques de la conscience » et sont des « états altérés de conscience » (15).

 

2 Les États de conscience naturels

Ils diffèrent complètement des « états de conscience naturels» que sont les états d’éveil de sommeil, et de rêve (50, 51) dont j’ai présenté une synthèse universitaire dans un deuxième essai « Du rêve à l’éveil » (16). Les travaux sont très nombreux sur ce sujet car la pathologie du sommeil est d’un grand intérêt de santé publique. Les ouvrages scientifiques sont éloignés et en amont des rêves vus dans la perspective verticale du transpersonnel (52). Nous avons étudié la cartographie EEG des états de veille et de sommeil et montré que le sommeil paradoxal, qui a 80% s’accompagne d’un vécu de rêve subjectif raconté après réveil provoqué, est un « éveil interne » qui se situe entre « l’éveil actif, yeux ouverts » et « l’éveil calme, yeux fermés » (53, 54, 55). Nous avons en 1993 proposé une « analyse quadri-dimensionnelle » nouvelle de la cartographie EEG appliquée au sommeil paradoxal chez l’homme (56).  L’éveil chez l’homme est multiforme et reste une question ouverte. C’est pourquoi en partant de la question « qu’est-ce que l’éveil ? » j’ai posé cette question à 27 personnalités et un troisième livre en est résulté (17).

 

3 Les États de conscience modifiés volontairement

Depuis l’enfance je suis un scientifique épris de yoga et amoureux de l’Inde. Alors il est naturel qu’en 1972 et 1973, peu de temps après avoir introduit en France la cartographie EEG en 1970, nous ayons publié deux articles précurseurs (47, 48) après avoir enregistré au Centre Hospitalier Sainte Anne à Paris, en EEG des méditants comme Maître Taisen Deshimaru en za-zen et ses élèves, ainsi que Lilian Silburn. Pendant l’assise silencieuse en zazen de Maître Deshimaru, des ondes alpha régulières et hypovariables, très stables au cours du temps pendant toute la méditation apparurent, seulement entrecoupées d’éveils très brefs suscités par des bruits extérieurs imprévus. Chez Lilian Silburn au cours d’une méditation d’état de « repos profond » selon la voie non dualiste du Shivaïsme du Cachemire qui, au-delà du vide et du rien, découvre l’amour universel à partir d’une concentration centrée dans le cœur, de brèves ondes et delta apparurent, superposées à une activité alpha lente, sans aucun signe de somnolence ni de sommeil. Au cours d’une expérience ultérieure d’extase (montée de la kundalini) avec ravissement, des rythmes rapides et de très grandes amplitudes apparurent sans apparemment être des artéfacts de mouvements musculaires mais plutôt, dirait-on de nos jours, des activités de la bande des fréquences gamma rapides, au-delà de 40 cycles/s.  En 1973, Banquet, chercheur au LENA à l’Hôpital de la Salpêtrière à Paris, publia ensuite des tracés EEG liés à la pratique de répétitions de mantras, chez des pratiquants de la « méditation transcendentale » (57).

Mais à cette époque, ces premières études d’états de méditation étaient très critiquées et les critiques étaient valables. Il a fallu attendre 1990 pour que de nouvelles techniques d’imagerie cérébrale, électrophysiologiques (cartographies EEG avec 64 et 128 canaux enregistrés simultanément, MEG), métaboliques (SPECT, TEP), ou morphologiques et fonctionnelles issues de la radiologie (IRM, IRMf), suscitent des articles de recherche aux Etats-Unis, au Danemark, et à Paris au LENA, à l’Hôpital de la Salpêtrière sous l’impulsion de Francisco Varela et de Jacques Martinerie (58 à 60). C’est ce qui m’a conduit, entre autres, à publier dernièrement un essai sur les « Etats de conscience, Sophrologie et Yoga » avec Bernard Santerre qui a rédigé la partie sophrologie (18). Dans  ce dernier livre j’ai présenté la spécificité des « Etats de conscience modifiés volontairement » en résumant les recherches récentes sur les états de méditation et de concentration. Les pages 44 à 50 résument et décrivent les résultats de six principaux articles internationaux publiés. La première catégorie est celle des états de conscience « actifs » qui apparaissent lors de concentrations et « méditations actives avec objet », ou l’objet peut-être auditif, sensoriel et kinesthésique (respiration), ou bien encore un mélange d’objets perceptuels en synergie (écoute d’une bande magnétique proposant  des visualisations proposées dans le yoga-nidra). La seconde catégorie est celle des « méditations passives sans objet » ou le moi, l’ego de surface disparaît pour faire place à un sentiment océanique de fusion avec le cosmos ou le transpersonnel (qui porte différents noms : satori dans le zen, compassion et présence éveillée ou vipassana dans le bouddhisme et nirvana, samadhi en yoga, Brahman, etc.)  Selon les méditations pratiquées chez des méditants entraînés depuis très longtemps, les observations des résultats d’imagerie cérébrale diffèrent entre eux. En général il est possible de dire que les méditations actives stimulent les aires cérébrales, corticales ou sous-corticales, liées aux stimulations pratiquées continument. À l’inverse, les méditations passives montrent des relaxations des aires cérébrales liées à « la présence du moi » et aussi à « la perception de l’espace ». Un livre publié aux Etats-Unis fait un premier point sur ce sujet (45).

Antoine Lutz, chercheur à Paris au CNRS-LENA, (UPR 640), avec Francisco Varéla comme mentor, a publié plusieurs articles (dont (60)) avant de soutenir ensuite une thèse à Paris VI en 2002 (61) et de publier en 2004 aux Etats-Unis un article en collaboration (62) sur des études par cartographies EEG multivoies de l’état de compassion enregistré chez des moines bouddhistes confirmés après des dizaines d’années de pratiques personnelles intenses. Les résultats ont montré de grandes amplitudes des fréquences rapides (dans la bande de fréquences gamma) et d’importantes « synchronies » de plusieurs larges aires cérébrales qui ont été observées pendant cet état de « compassion universelle » (62). Le contexte de cette expérience d’imagerie cérébrale est apparu, parmi d’autres recherches présentées  sur les « méditations scientifiques », dans la récente émission télévisée d’Arte du 15 janvier 2007 intitulée « Des moines en laboratoire ». Matthieu Ricard était alors enregistré en EEG multivoies par A. Lutz, à Madison dans l’Université du Wisconsin. Cette voie de recherche prometteuse se poursuit. Elle rejoint l’étude scientifique des expériences transpersonnelles jusqu’à présent le plus souvent ineffables, individuelles et subjectives.

 

4 Vers une approche multidimensionnelle, multiconnectée, phénoménologique, de la dynamique cérébrale qui considère la « personne »

Il apparaît que ces résultats peuvent s’interpréter selon une « causalité multiple » ou même selon un aspect multidimensionnel que j’ai postulé précédemment dans plusieurs articles (34, 56, 63). Varéla et ses collaborateurs parlent de « causalité réciproque ». Ils ont introduit nous l’avons dit, la « neurophénoménologie » qui considère le sujet « à la première  personne » qui doit être pris en compte dans un protocole d’imagerie cérébrale. Ils discutent aussi du rapport immanent/transcendant du « Réel vécu » au cours des états de méditation et interrogent leurs sujets en fin de protocole de recherche sur leur vécu d’expérience. Ils ont encore réfléchi et discutés sur les changements de la conscience du « temps », de « l’espace » et de la « personne » au cours des méditations.

Mes réflexions personnelles, menées depuis 1965, m’ont conduit à la fin du dernier ouvrage (18) à proposer un « modèle multidimensionnel des états de conscience », appliqué tout d’abord au cas particulier de la sophrologie et de ses sources indiennes selon le yoga intégral de Sri Aurobindo. C’est ainsi qu’ « une dimension transversale d’intériorité et d’évolution de conscience » chez l’Homme peut être supposée et proposée. Elle fera je l’espère l’objet de futures découvertes lorsque la science des états de conscience rejoindra les expériences de conscience des méditants. Et cela lorsque l’humanité future en évolution aura dépassé sa crise évolutive actuelle et  acquis plus d’équanimité, de sagesse et de compassion universelle. Car l’adage dit bien que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme.»

Les idées viendront sans doute des physiciens et des mathématiciens spécialistes de physique théorique et de cosmogénèse. Pour Greene (64) l’univers selon la théorie des supercordes est « élégant » et pour Witten, à Princeton, il faut monter en 11 dimensions pour faire l’unification des récentes et très complexes théories des supercordes. Pour Luminet (65) notre univers est « chiffonné » comme un foulard mis en boule et il est alors dit  « multiconnecté ». L’avenir des neurosciences verra sans doute nous l’espérons une convergence des disciplines avec une mise en lumière du domaine du transpersonnel.  

 

Pierre Etevenon a publié récemment un livre d'une rare qualité, "Etats de conscience Sophrologie et Yoga" "dont on trouvera ici la 4° de couverture  

 

 

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

19 septembre 2010

première parution dans le Bulletin du Transpersonnel, N°86 de Mars 2007

Copyright Pierre Etevenon et AFT

Références

 

(1) M.-A Descamps. Pèlerin de l’Absolu, Editions Trismégiste, 2007.

(2) P. Etévenon, Un scientifique épris de yoga. Infos Yoga, 61, 16-17 et 39, 35320, Lalleu, février/mars 2007.

(3) P. Etévenon. Étude comparée des états de conscience dans la tradition Indienne. 17-39, 55,  n°spécial, La Vie Médicale,  Paris, 1974.

(4) P. Etévenon. Étude psychophysiologique comparée des états de sommeil et de méditation. 7-14, 55, n° spécial, La Vie Médicale, Paris, 1974.

(5) M.-A. Descamps. Rencontres avec des femmes remarquables, Alphée, 2006.

(6) Sri Aurobindo, La Synthèse des Yoga. I. Le Yoga des œuvres, 1972 ; II. Le Yoga de la connaissance intégrale. Le Yoga de l’amour divin, 1974 ; III. Le Yoga de la perfection de soi, Buchet-Chastel, 1977

(7) Sri Aurobindo. Birth Centenary Library, 30 volumes, Sri Aurobindo ashram, Pondicherry, All India Press, 1970

(8) Sri Aurobindo, The Life Divine, Sri Aurobindo Ashram, Pondichéry, 1949 et 1955, 1977 ; Shrî Aurobindo, Spiritualités vivantes, La vie divine 1, 2, 3, 4, Albin Michel, 1973 

(9) Prithwindra Mukherjee. Sri Aurobindo, Desclée de Brouwer, 2000.

(10) Peter Heehs. La Vie de Sri Aurobindo, Editions du Rocher, 2003.

(11) L’Être Psychique. Nature, mission et évolution de l’âme.  Extraits des œuvres de Sri Aurobindo et de la Mère. Sri Aurobindo ashram, Pondichéry, Adi Shakti, 1993.

(12) Maître Taisen Deshimaru. La pratique du zen, Spiritualités vivantes, Albin Michel, 1981

(13) Marc De Smedt. Techniques de méditations, Spiritualités vivantes, Albin Michel, 1983

(14) Jean-Pierre Schnetzler. La méditation bouddhique. Une voie de libération, Spiritualités vivantes, Albin Michel, 1994.

(15) P. Etévenon. Les Aveugles éblouis. Les états limites de la conscience, Albin-Michel, 1984.

(16) P.Etévenon. Du rêve à l'éveil. Bases physiologiques du sommeil, Albin-Michel, 1987.

(17) P. Etévenon. L'Homme Eveillé. Paradoxes du sommeil et du rêve. Sand-Tchou, 1990.

(18) P. Etévenon B. Santerre. Etats de conscience Sophrologie et Yoga, Editions Tchou, Sand-Tchou, novembre 2006.

(19)  Michel Hulin. Shankara et la non-dualité, Bayard Éditions, 2001.

(20) C. Poggi . Les œuvres de vie selon Maître Eckhart et Abhinavagupta, Les Deux Océans, 2000.

(21) M. Bruno. Les Dits de Lalla et la quête mystique, Les deux Océans, 1999.

(22) L. Silburn. La Kundalini. L’éveil des profondeurs. Les deux océans, 1983

(23) M.-A Descamps. L’éveil de la Kundalini, Alphée, 2005.

(24) Prithwindra Mukherjee. Le Sâmkhya. Sources, méditations, applications, Epi, 1983.

(25) Ysé Tardan-Masquelier. L’Hindouisme, Bayard  Éditions, 1999.

(26)) Ysé Tardan-Masquelier. L’esprit du yoga, Albin Michel, 2005

(27) Karlfried Graf Dürckheim. Méditer. Pourquoi et comment, Le courrier du livre, 1976

(28) M.-A. Descamps. Qu’est-ce que MÉDITER ? Institut MAD, Paris.

(29) B. Andrieu. La neurophilosophie, Que sais-je, 3373, PUF, 1998.

(30) J.A. Hobson, Le cerveau rêvant, Editions Gallimard, NRF, Paris, 1988.

(31) C. Debru, Neurophilosophie du rêve, Hermann, 1990.

(32) L. Naccache. Le nouvel Inconscient. Freud, Christophe Colomb des neurosciences, Odile Jacob, 2006.

(33) Lebrun, N., Clochon, P., Etevenon, P., Eustache, F., Baron, J.C., Effect of Environmental Sound Familiarity on Dynamic Neural Activation/Inhibition Patterns: An ERD Mapping Study. NeuroImage, 8, 79-92, 1998.

(34) Etevenon P., Lebrun N., Clochon P., Perchey G., Eustache F., Baron J.-C., High Temporal Resolution Dynamic Mapping of Instantaneous EEG Amplitude Modulation after Tone-burst Auditory Stimulation, Brain Topography, 12, 2, 129-137, 1999.

(35) Lebrun N., Clochon P., Etevenon P., Lambert J., Baron J.C., Eustache F, An ERD mapping study of the neurocognitive processes involved in the perceptual and semantic analysis of environmental sounds and words. Cognitive Brain Research, 11, 235-248, 2001.

(36) G. Pommier. Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse, Flammarion, 2004.

(37) P.-H. Castel. A quoi résiste la psychanalyse, PUF, 2006.

(38) G. Pommier. Qu’est-ce que le Réel ? – Essai psychanalytique. Eres, 2004.

(39) G. Cohen-Tannoudji et &. Noël Eds. Le réel et ses dimensions, EDP  Sciences, Les Ulis, 2003.

(40) E. Zarifian. Le goût de vivre, Odile Jacob, 2005.

(41) P.-H. Keller. Le dialogue du corps et de l’esprit, Odile Jacob, 2006.

(42) Varela F., Thomson E. and Rosch E.. The Embodied Mind: Cognitive Science and Human Experience, MIT Press, 1991. Traduit au Seuil ensuite : L’inscription corporelle de l’Esprit. Sciences cognitives et Expérience humaine, 1993.

(43) Varela F. and Shear J., eds. The View from Within : First-person Approaches to the Study of Consciousness. London: Imprint academic, 1999.

(44) F. J. Varela. Dormir, rêver, mourir. Explorer la conscience avec le dalaï-lama, Nil, 1999.

(45) A. Newberg, E. d’Aquili. Pourquoi Dieu ne disparaîtra pas. Quand la science explique la religion, Sully pour la traduction française, 2003.

(46) Matthieu Ricard, Trinh Xuan Thuan. L’infini dans la paume de la main. Du Big Bang à l’Éveil, NiL Éditions / Fayard, 2000.

(47) J.G. Henrotte, P.  Etévenon,  G. Verdeaux. Les états de conscience modifiés volontairement. 3, 29, 1100-1102, dans La Recherche, Paris, 1972.

(48) P. Etévenon,  J.G. Henrotte,  G. Verdeaux. Approche méthodologique des états de conscience modifiés volontairement (Analyse spectrale statistique). Rev. EEG Neurophysiol. clin. , Paris, 3, 2, 232 - 237, 1973.

(49) Etevenon P.,  Boissier J.R. LSD effects on signal-to-noise ratio and lateralisation of visual cortex and lateral  geniculate during photic stimulation. Experientia, 28, 11,  1338 - 1340, 1972.

(50) M. Jouvet, Le sommeil et le rêve, Odile Jacob, Paris, 1992.

(51) M. Jouvet, Pourquoi rêvons-nous ? Pourquoi dormons-nous ? Où, quand, comment ?, Editions Odile Jacob, Paris, 2000.

(52) M.A. Descamps. Les rêves. Les comprendre et les diriger. Dangles Editions, 2006.

(53) Etevenon P., Guillou S.. EEG cartography of a night of sleep and dreams. Neuropsycho biology, 16, 2 & 3, 146 - 151, 1986.

(54) Etevenon P. EEG Dynamic cartography of wakefulness sleep and dreams : A movie, 329-334 in K. Maurer  Ed. , Topographic Brain Mapping of EEG and Evoked Potentials, Springer Verlag, Berlin, 1989.

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