Les « harmoniques » sont une « recherche poétique » : « des mots- clé » ont éveillé en moi des symboles, des images, des idées que j'ai accueillis. C'est ainsi que le mot- clé « fleur » a traîné après lui la « fleur d'alun » et la « fleur de soufre » que vous saurez aussi accueillir. Ce recueil pourrait d'ailleurs s'intituler : Recherches sur les pensées immédiates nées d'un « mot- clé », agencées sans rime ni raison. |
INTERIEURTu contemplais, ravie, le feu incantatoire. Au giron du fauteuil, ramassant tout ton corps, Tes genoux et tes seins jointaient leurs ombres noires Et la flamme ondulait, essor d'un rêve d'or Ta bouche était fiévreuse et tes lèvres lustrées. … Puis, tu ris avec dureté... … FLUIDENous ne parlerons pas de l'équilibre des fluides, ni des fluides parfaits, je veux seulement parler de tes caresses fluides, splendides de fluidité... Certaines villes, comme certaines femmes envoient leur fluide ... ... Les phénomènes mystérieux du monde sont expliqués par un fluide universel, fluide divin, fluide astral, fluide assurant l'équilibre des mondes, fluide lien entre corps et âme...
QU'EST CELALa douceur de ton corps S'alliait à la fixité de ton regard bleu bleu de cobalt, bleu déchirant et presque insoutenable donnant naissance à leur adoration pour toi, statue du jeune Amour.
FLUTELa flûte née du souffle... Quand je viendrai vers toi, n'astique surtout pas tes flûtes, sois plutôt du bois dont on fait des flûtes, sois souple cède à tout sans résistance et ma joie sera totale ce soir- là ! Nous mettrons d'accord nos flûtes et agirons ensemble, après quoi, nous sourirons en nous aimant devant nos flûtes remplies de Champagne couleur de topaze. Nous écouterons un air de valse que nous prodigueront des flûtes droites et des flûtes de Pan, avant que vienne nous charmer Mozart par sa « Flûte enchantée »... Puis enfoncé dans un sommeil vibrant, je croirai entendre ta voix flûtée... |
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FLACONUn flacon de cristal taillé, verre opalin du XVIIIème ou bien de Lalique, racé, cela est parole d'artiste ; mais le contenu, qu'est- ce à dire Un flacon de liqueur de braise, flacon de parfum royal essence de fleurs innombrables J'oubliais le flacon laveur émaillant nos heures heureuses de cours de chimie malheureuse. N'est- ce pas Musset qui a dit : < Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse » ? Je ne suis pas de son avis, et les flacons laids je déteste je pense aux flacons précieux qui étaient d'argent merveilleux ou de vermeil rempli de feu. Le flacon devient un bijou quand on le taille dans la masse d'une cornaline cuivrée, d'un oeil de tigre rayé ou d'une pierre de lune grise.
OREILLER..... Bel oreiller douceur duveteuse, douceur légère où accoste le rêve d'amour... Bel oreiller où ta tête accueillera les chevaux sauvages, noirs et terribles, faisant battre la breloque à ton coeur agité... Doux oreiller dans la tiédeur duquel s'évanouiront aussi grandes peurs et phantasmes...
LES TIEDESValent mieux les méchants que les tièdes stupides ; Car les méchants, les vrais, peuvent se repentir ; Tièdes superficiels, contents d'eux, soient honnis, Tout glisse et rien ne prend sur leur coeur endormi...
NOURRITURES TERRESTRESDu fond de ma douleur, je crie vers toi, Seigneur Laisse- moi m'abreuver aux sources éternelles Aux sources des grands bois, des prés, des fleurs nouvelles Sources de la vie même et que le Celte aimait, Vaisseaux spirituels me portant vers tes rais.
BEAUTÉTu es un Enfant de Lumière Garde- toi de te laisser surprendre par la nuit... Grain de poussière perdu Dans le scintillement fantastique des mondes... La beauté joie des artistes. La beauté des lignes, des sons, des couleurs Captée par les artistes Fleurit dans les oeuvres de ses amants fous, Peintres, poètes, sculpteurs ou musiciens Et nous plonge dans l'eau pure d'un bain de jouvence Paradis retrouvé où naît l'adoration...
FLECHEAs- tu déjà vu les feuilles acérées des sagittaires que l'on appelle aussi flèches d'eau Les flèches de l'amour lancées par un Dieu invisible tombent comme une averse sur tous ceux qui les appellent . ... N'oublions pas les flèches de tous ceux qui visent un but : ils font flèche de tout bois pour l'atteindre ... ... L'avion monte en flèche dans le ciel bleu profond laissant l'homme en proie à ses misères... Ou à ses joies... Je vois les belles flèches, les splendides flèches de France : la flèche de Chartres environnée de dentelles et celle de Saint- Denis. Quand nous repartirons de Saint- Trop Après la nationale 20, Nous emprunterons la flèche d'or, tu sais, ce splendide Pullman qui joint Paris à Londres et notre retard sera annulé. Nous aurons alors presque mérité l'ordre Impérial espagnol des Flèches Rouges !
LES ONDESLa vie, en ses mâchoires, au réveil nous agrippe ; Le grand cri de Paris vrille tous nos rochers ; Résonne en nos alpages en leur profond secret, Et viole les grands bois, les mers et les tropiques,
FLAMMEApparence lumineuse, tu te dégages de la matière. La flamme de ton regard peut- elle jamais être froide ? Flamme, clarté qui illumine l'intelligence, flamme, vive ardeur flamme chaleur flamme passion. Discours pleins de flamme. Tout feu, tout flamme est souvent ton coeur joyeux et quelque peu frivole ne crois- tu pas ? Et quand la colère gagne ton coeur, ne jettes- tu pas feu et flamme ? Avouer sa flamme, quelle affaire ! Quelle est donc cette fleur, un colchique peut- être qui a nom de flamme- nue ? Et la flamme d'un étendard ? Chaque matin un moussaillon hisse la flamme en haut du grand mât. Et ces superbes flammes que les cavaliers dans les temps anciens attachaient a ux lances de guerre, antan, antan. Les connais- tu ? As- tu jamais réfléchi à ton point de flamme ? Fais- le dès maintenant si ce n'est déjà fait. Les flammes de Bengale, te souviens- tu ? Comme elles étaient jolies, vertes ou blanches ou semblables à des coraux de feu, antan, antan . ... Connais- tu les retours de flamme auxquels personne ne s'attend ; ils sont souvent plus mauvais qu'angéliques. Ils sont subits et toujours contraignants Le four à flamme n'est pas pour un coeur moyen, celui- ci risquerait de se détruire... Réfléchis à la flamme oxydante de l'amour ; de même que la flamme la plus chaude n'est pas visible, la flamme de l'amour total ne peut se traduire Et la lancette de mort qui tuera l'animal, que faut- il en penser ? C'est aussi une flamme . Les grés flammés sont beaux, cuits en flamme, en pleine flamme ; vases flammés bleus ou lilas pâle, rouge de Chine ou turquoise... Voici des fils flammés qui nous vêtiront d'arc- en- ciel Ces flammes d'amour lancées par des yeux tendres, des yeux tendres, qui nous en dira les douceurs ?
LA VIELa vie est faite de mille rêves : Rêves d'argent Rêve d'amour, Rêves perdus au long des jours. Rêves tristes et joyeux Rêves ! ... La vie est faite de mille espoirs Espoirs d'argent Voilés de noir Espoirs perdus au long des soirs. Espoirs joyeux, immenses, Espoirs. La vie est faite de mille peines, Peines d'amour, peines d'oubli, Peines perdues au long des nuits Peines cruelles Et cachées, peines.
LA SEINEDans la boue noire de Paris Tu roules, tu coules, tu luis, Indifférente à nos soucis ! Superbe, altière, ma vie, Tu roules dans l'or de Paris... Le soleil dore ta peau, Il fait miroiter tes eaux ; Peau de vache, peau d'agneau, Poil de chien, poil de chevreau, Le soleil dore ta peau. Belle Seine, amour joli, Tu danses autour de Paris, Tu prends puis tu engloutis, Et tu donnes, donnes, donnes, Plus d'amour que tu n'en voles
APPRECIATIONSLe mauve prie Le rouge crie Le gris dort Le bleu pépie Le vert calme L'orangé claironne et le blanc sourit.
CIEL IMMENSEJ'ai peur du vent violent qui secoue l'ossature des châteaux, des maisons, des taudis, des masures. J'ai peur des champs de neige et j'ai peur de la mer ; et du jour de colère où finira notre ère. J'aime le ciel immense où gravitent les mondes. J'aime le vent léger où ce qui vit frissonne et la mer apaisée, les torrents que tu donnes à la montagne belle appelée Pyrénée.
MAINSJ'ai poussé vers tes mains des cris adulatoires leur teint, aduste et mûr, cuivré, incantatoire, a réveillé en moi des ondes apaisées et j'ai rêvé de fruits, de fleurs et de victoires. Tu te laissais regarder, remplie de trouble tes mains étaient devant moi, nerveuses ; mains sculptées dans l'esprit de braise, mains issues de fournaise, plus souples que la liane et plus lumineuses que l'opale...
TES MAINS D'OSIER...Tout petit homme ancien, plié sous les années, Tes mains d'osier séché Ne grattent plus, ce soir, ta grande .amie la terre Elles ne font que griffer la couche très légère Où la scabieuse bleue fleurira cet été ; tout petit homme ancien plié sous les années Tes mains d'osier séché Ne grattent plus, ce soir, ta grande amie la terre.
JE ME SOUVIENS...Je me souviens d'un jour, il y a tantôt huit soirs, Où, dans l'Avril amer, je piétinais les menthes, Menthes aussi velues que peluche élégante, Où l'odeur de miel doux imprégnait le terroir...
APRES LA PLUIEMes sens sont tout nouveaux, après la pluie d'hier. Par le parfum des fleurs, je découvre la terre ; Je bois le vent nouveau, généreuse promesse, De vide coloré, de vide généreux, Que je déchargerai dans mon coeur amoureux. Amoureux de la vie... De la vie, amoureux... L'aube approche, apportant des bluets, joie des yeux, Des flaques d'or massif, des genêts audacieux, Des bouffées de sommeil et des bouffées de brumes, Des brassées de soleil et des reflets d'écumes...
FORETSTandis que tu t'assieras à l'ombre des forêts les arbustes, les lierres, les champignons vivront d'une vie cachée, tout près de toi. Belles écharpes forestières ceinturant le globe, forêt noire du bord du Rhin, la puissance de vos chênes ou de vos hêtres m'écrase. Dans certaines forêts, l'hiver est long mais dans nos pays les forêts sont douces ; elles sont la chevelure des montagnes. En pays celte, la forêt était sanctuaire ; elle était temple de la puissance.
CAMPAGNECampagne de chez nous, constellée de poèmes, Glycines mauve- fin, géraniums brasillants, Palmes lustrées de brun, lierre vert- éclatant, Melons au coeur igné et béates pastèques, Fluides d'amour, portés par chaque feuille verte Aurore délivrée de chaînes, pluie offerte de fleurs, de gerbes de lumière, hirondelle pointue Fendant un ciel subtil et rayant l'air en fête. … Maintenant, l'ombre vient, elle cerne ma tête Le merle que tu aimais rompt son collier de fête C'est l'heure de ma joie, l'odeur des grands pins noirs.
FORETSForêt vierge, tu crées des essences complexes. Tu élabores, inextricable et mystérieuse, sans cesse, d'occultes condensations. Forêt équatoriale, dangereuse, dense ombrophile, tu prodigues certainement de merveilleux paysages végétaux. Forêt d'Amazonie aux bois précieux d'ébène ou d'acajou, quels êtres naissent sous les écorces de tes paysages surprenants ? Arbre, lien entre terre et ciel mangeur de lumière c'est toi qui donnes naissance à l'ambivalente forêt secrète, multiplie, parfois dévorante, symbole de l'inconscient...
CHAIRQuand tu mordais à pleines dents, la chair juteuse d'une pêche, tu respirais la plénitude... Enfant, chair de nos chairs, n'obéis pas trop à ta chair si tu le peux, mais tâche de ne pas cependant la crucifier car la résurrection de la chair ne sera- t- elle pas la résurrection de nos corps transformés en corps glorieux ? Chair, chose vivante, pleine de joie ou douloureuse, chair, chose fragile et transitoire chair, masse de plomb qui nous cloue à la terre et que nous voudrions souvent dépasser...
LUMIEREPoussés par une soif ardente de lumière, Nous puisons dans le CHRIST, source de vérité, Les flots réconfortants de sa Grâce première... La nuit de la Passion se déchirait troublante, Pour laisser passer l'or de la lumière ardente. Poussés par une soif ardente de lumière. Nous puisons dans le CHRIST, source de vérité, Les flots réconfortants de sa Grâce première... Jésus avait laissé, ténèbres de l'erreur, Les longues bandelettes entourant tout son corps… Poussés par une soif ardente de lumière, Nous puisons dans le CHRIST, source de vérité, Les flots réconfortants de sa Grâce première.
LE SOMMEILLe sommeil m'engloutit, comme on ferme une trappe... J'aime tant ton refuge, sûr sommeil, sommeil lourd... Sommeil total, immense, aussi lourd qu'une chape De plomb qui se referme au- dessus de nos jours... A la lutte, à la vie, au temps, au désespoir, j'échappe ; Au désarroi aussi, fuite profonde, et pourtant passagère, absence. Arrachement immense, abîme de l'absence... Absence fécondée, absence, absence, absence … Le sommeil m'engloutit comme on ferme une trappe.
PROVENCE (Pâques 1969 )Le noble paysage à mes pieds s'étendait. La beauté surgissait de ses lignes antiques, Se drapait dans ses rocs, blancs et purs comme lait. Quelques cyprès dressaient leurs colonnes doriques. (Vers l'étang de Berre)
NUAGESDes dragons dévoraient des sirènes bleutées. Des glycines croulaient, faisant naître un été. Des lilas, des cactées, de grandes fleurs sauvages Se groupaient en bouquets pour créer des mirages.
CHEVALCheval, fils de la nuit, fils du mystère, sortant des abyssales pentes cheval noir et déchaîné, quand tu nous poursuis dans nos rêves, tu nous donnes d'atroces frayeurs, de profondes paniques ; cheval triomphateur, cheval de feu, archétype porteur de vie, archétype porteur de mort émergeant des entrailles mêmes du monde témoin ténébreux de l'impétuosité de nos désirs. Puisse- je voir bientôt des chevaux blancs, chevaux de lumière de lumière, plus blancs et plus lumineux que la blancheur même... Cheval, tu peux franchir les portes inaccessibles à la raison ta chevauchée fantastique me conduira où ? On dit que tu peux marcher dans les eaux profondes, et que tu baignes dans la clarté, tu es parfois le sage initié.
CHRYSANTHEMEChrysanthème, belle matérialisation du soleil avec tes pétales en rayons, le chef descend toujours de la déesse solaire et tu es, beau chysanthème, son emblème. Certains te nomment, beau chrysanthème essence du soleil ; tu es aussi le médiateur entre terre et ciel la permanence, la durée naissent de toi ; fleur d'automne, fleur de vie paisible, fleur qui fuis le monde. Je t'aime.
FLANERFlâner, mais à tout prendre, qu'est- ce ? est- ce courir étourdiment, de- ci, de- là ? Balzac disait que flâner était toute une science. Une science, je le crois fermement. Aller sans se presser, c'est cela l'essentiel, ... Ne serait- ce pas perdre son temps, avec agrément voluptueusement peut- être ? La flânerie veut qu'on soit tout à elle ; on ne m'empêchera pas de penser que seul, le flâneur arrive à posséder les champs et les collines, les pervenches des bois, les bois et les torrents... Le flâneur c'est l'être le plus riche du monde... Le flâneur, c'est le souverain de Paris comme si bien Bazin le dit.
COURSIERCheval, tu es à la fois, dit- on eau courante et feu ; tu es le coursier des chevauchées fantastiques... Au moment du renouveau, tu éveilles dit- on la nature et on t'appelle « l'esprit du blé » . ... Cheval blanc lumineux, monture des conquérants ou des saints. Tes chemins secrets sont les chemins de l'eau, des pôles glacés aux tropiques brûlants, Cheval noir du désir libéré, cheval érotique, tu es l'archétype universel et tu relies les contraires. Au fronton du Parthénon, ne sont- ce pas des chevaux qui mènent le char de la lune ?
FLEURSFleur, tu es « fille du matin » a dit jadis un grand poète, Chateaubriand, je crois... Ta fraîcheur est si fragile que, même légère, une brise peut te blesser ; ton éclat est incomparable et tes couleurs devraient nous remplir de ravissement.
FLEURS .Je sèmerai de fleurs le chemin de ta vie et je ne te cacherai pas le précipice sous des fleurs, afin que tu le voies et que tu puisses ainsi l'éviter.
FLEURS ..Un certain soir d'été, les jeunes filles en fleurs faisaient onduler sous les noirs marronniers leurs robes fraîches et vaporeuses dont les grands plis se mouvaient avec harmonie ; tout près d'elles, quelques fleurs de macadam balançaient des croupes provocantes ; mais où étaient les plus perverses ? Hélène, aux yeux verts paraissait transparente, diaphane et fleur bleue. Boutons à fleurs, boutons à fruits, voilà de l'arboriculture !
FLEURS...Fi de certaines fleurs, Fi de la fleur d'alun, fleur de soufre, Fleur de zinc, ou fleur d'argent, fi ! Nous cueillerons la fleur de Pâques ; l'amarante et l'ancolie, la fleur d'amour et le pied d'alouette ; et aussi l'oeillet des poètes et la fleur de coucou ; la fleur de saint Jean, le sénéçon et aussi la fleur du soleil couleur de cuivre qui fera ressortir le bleu si pâle de la scabieuse, appelée aussi fleur des veuves. Dans le verger, nous irons cueillir la prune toute couverte de sa fleur mauve. Dans le musée de Naples, nous avons vu Flore cueillant des grappes de fleurs, t'en souviens- tu ?
LE FERComme le yin au yang Comme le nord au sud Comme l'eau et le feu Et comme vil métal Au métal noble et beau Le fer s'oppose net au cuivre que je nomme L'âge du fer étant l'égal de l’âge dur. Sais- tu que le fer est instrument de guerre Et que, dans le « Livre des Rois » Etaient proscrits, outils de fer, Pour construire le Temple. De Salomon, s'entend ; car fer Est une force impure ; car fer Est maître de la nuit. Le cuivre, c'est lumière et vie. Fer symbolique, ambivalent Parfois, protecteur des récoltes... Et puis Au pied du Kilimandjaro, Les femmes ne portent- elles pas Le fer en colliers durs et bracelets fertiles ?
EAU.Eau, tu es véhicule de toute vie car la sève est eau eau mère, eau matrice... Eau stagnante, tu es le plasma de la terre d'où naît la vie. Eau glacée, tu es une âme morte. Grandes eaux de la mort vous devenez les eaux de la vie pour les justes.
EAU..Aux premiers matins du monde, n'avaient pas de rives, les eaux. Puis sur ces eaux primordiales, a plané l'Esprit de Dieu... Eau magnifique, splendide héritage, grand héritage venu de Dieu. Un matin, l'eau jaillit du rocher de Moïse et les eaux paisibles de Siloé font toujours vivre Jérusalem... C'est près des puits que s'opèrent les rencontres. Je veux dire, les grandes rencontres, celles qui sont essentielles. Enfant, n'abandonne pas pour te creuser des citernes les belles sources d'eaux vives...
PEINTURE ABSTRAITECouleurs muettes, limes, arêtes, courbes secrètes, peinture abstraite. Rien d'imposé, tout proposé concret coupé, puis détaché du monde né... Dans la limite, le sans limite le fin complet, dans l'incomplet, très pauvre en soi, riche pour toi, tu rêveras, tu évoqueras... Tu renaîtras, t'évaderas, transcenderas et tu vivras...
COULEURSSur la lyre des couleurs que murmure donc l'ivoire ? L'ivoire ou le jaune paille ? Chacun murmure une histoire. Le bleu, le vert ? Le bleu chante la turquoise, la mer, parfois nos cieux du midi ; quand le violet la ranime, il chante le lazulli et nous évoquons alors, les statues pailletées d'or dont parlaient les vieux corsaires...
ENERGIEEnergie... Avec elle tout vit tout se tient, tout cohère, l'acier bleu, les gaz délétères, l'argent, le bois, le fer la mer et ses mystères, les pensées, les gaz bleus, ce qui fuit, ce qui dure et l'unité de tout éclaire la nature... Réversible pouvoir, réversible tendance agrippements ardents dansant autour d'un centre étau silencieux, guide des nations reine des temps futurs, puissante cohésion !
COULEURSSur la lyre des couleurs, le rouge chante la cerise, le soleil couchant, le bon feu, et puis Noël, l'âtre et nous deux... Le corail et l'ambre de Chine. Et le rubis au coeur profond, et le grenat noir de l'Espagne. Pierres de lune à reflets chantent sur la lyre des gris des gris tourterelle jolis sur la lyre des couleurs les couleurs murmurent ou crient.
EVOCATIONS BLEUESAs- tu pensé à la lumière bleue d'une opaline et au bleu sophistiqué d'un hortensia. Au bleu profond d’un vieux vase de Sèvres au bleu sans fond d'une nuit d'été ? Aux voûtes bleues des cathédrales gothiques et au velours bleu- nuit pailleté d'or de ta robe à danser ?
NOTRE MERGoûte mon bras salé, tu sentiras l'offrande, De la conque bleu-vif, où je me suis baignée. L'eau est ce soir pesante... Elle est, ce soir, si bleue, Que l'on est entouré De céramiques bleues. Goûte mon bras salé, tu sentiras l'offrande, De la conque bleu- vif, où je me suis baignée.
LA COLLINELa colline, assaillie par les genêts sauvages, Etalait son or- fin aux yeux de ses amants... Je me suis enivrée de paysages rares, Je me suis rapprochée de la mère nature, En mangeant des fruits verts et croquant des rochers. J'ai croqué des rochers, à chevelure verte, J'ai croqué des buissons, j'ai croqué des ciels d'or, J'ai croqué des peupliers, des pommiers et des chênes. La colline, assaillie par les genêts sauvages, Etalait son or- fin aux yeux de ses amants...
TORRENTSLe village, assagi par l'approche du soir, Dressait quelques cyprès, brochant sur un ciel noir, Tandis que le torrent, truffé de roches vertes, Secouait son écume, elle nous était offerte...
TOUT L' AMOUR DU MONDESous la forme d'un petit jardin, Prends toute la terre. Sous la forme d'une jeune treille, Prends toutes les feuilles, Sous la forme d'un petit toit, Prends tout l'amour du monde...
ACCORDSLa campagne meurtrie, pleurait de tous ses pores, L'asphalte suintait une eau de désespoir, Le ciel gris, surbaissé, pleurait sur nos joies mortes.
TOIJe te regardais ; je suivais ton sillage doré Tu portais sur la table rêche la cruche d'eau, Tu éparpillais le coeur blanc d'une salade fraîche, Tu versais religieusement l'huile ambrée Et tu me l'offrais, afin que sous mes dents, Craquent ses feuilles. La pénombre mûrissait dans la cuisine de Provence, Une auto roulait sa nuée de poussière. Autour de ton corps, naissait un mystère.
COUPEEnsemble, nous porterons à nos lèvres la coupe du Graal, débordante de nourriture ineffable. Aux champs, nous irons boire la coupe de sève, que nous donnera le sein maternel de Flore.
CHRYSALIDEChrysalide, tu es le symbole du lieu des métamorphoses. Tu es la chambre secrète. Tu es un état transitoire. Chrysalide mystérieuse, en toi se prépare une maturation...
ANTANAntan, il m'arrivait des bouffées de printemps, des bouffées de lilas et des bouffées de roses, et de tout cela, j'ai la nostalgie.
BAINQui sait où pourrait te mener Un bain bleu ou de lait d'iris Par contre, d'un arbre, la dure écorce ne peut que t'offrir un nirvâna.
POUR TOIMieux vaut pour toi une tomate fraîche, qu'un bain de lait d'iris...
UNE SUEUR DE SANGLa Pâque allait animer Jérusalem... Le Cédron coulait, noir et froid, Les feuilles des oliviers pendaient, meurtries, tandis que la vue allait jusqu'aux montagnes de Moab. Immobile, était l'air dans le jardin de Gethsémanie. Tout se taisait et attendait... Une sueur de sang recouvrait le corps de Jésus. Tout ce qui était important avait été dit. |
Acbevé d'imprimer le 7 Mai 1974 sur les presses de l' Imprimerie Gerbert - Aurillac (Cantal)
Dépôt légal 2° trimestre 1974. /No 217