"LES HARMONIQUES"

Claire Auriol

Les « harmoniques » sont une « recherche poétique » :

« des mots- clé »  ont éveillé en moi des symboles, des images, des idées que j'ai accueillis.

C'est ainsi que le mot- clé « fleur » a traîné après lui

la « fleur d'alun » et la « fleur de soufre » que vous saurez aussi accueillir.

Ce recueil pourrait d'ailleurs s'intituler :

Recherches sur les pensées immédiates nées d'un « mot- clé », agencées sans rime ni raison.

 

INTERIEUR

Tu contemplais, ravie, le feu incantatoire.

Au giron du fauteuil, ramassant tout ton corps,

Tes genoux et tes seins jointaient leurs ombres noires

Et la flamme ondulait, essor d'un rêve d'or

Ta bouche était fiévreuse et tes lèvres lustrées.

Puis, tu ris avec dureté...

FLUIDE

Nous ne parlerons pas de l'équilibre des fluides,

ni des fluides parfaits,

je veux seulement parler de tes caresses fluides,

splendides de fluidité...

Certaines villes, comme certaines femmes

envoient leur fluide ...

... Les phénomènes mystérieux du monde

sont expliqués par un fluide universel,

fluide divin, fluide astral, fluide assurant

l'équilibre des mondes, fluide lien entre

corps et âme...

 

QU'EST CELA

La douceur de ton corps

S'alliait à la fixité de ton regard bleu

bleu de cobalt, bleu déchirant et

presque insoutenable donnant naissance

à leur adoration pour toi,

statue du jeune Amour.

 

FLUTE

La flûte née du souffle...

Quand je viendrai vers toi,

n'astique surtout pas tes flûtes, sois plutôt

du bois dont on fait des flûtes, sois souple

cède à tout sans résistance et ma joie

sera totale ce soir- là !

Nous mettrons d'accord nos flûtes

et agirons ensemble, après quoi, nous

sourirons en nous aimant devant nos flûtes

remplies de Champagne couleur de topaze.

Nous écouterons un air de valse

que nous prodigueront des flûtes droites

et des flûtes de Pan, avant que

vienne nous charmer Mozart par

sa  « Flûte enchantée »...

Puis enfoncé dans un sommeil vibrant,

je croirai entendre ta voix flûtée...

 


 

FLACON

Un flacon de cristal taillé, verre opalin du XVIIIème

ou bien de Lalique, racé, cela est parole

d'artiste ; mais le contenu, qu'est- ce à dire

Un flacon de liqueur de braise, flacon

de parfum royal essence de fleurs innombrables

J'oubliais le flacon laveur émaillant

nos heures heureuses de cours de chimie malheureuse.

N'est- ce pas Musset qui a dit : < Qu'importe

le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse » ?

Je ne suis pas de son avis, et les flacons laids je déteste

je pense aux flacons précieux qui étaient d'argent

merveilleux

ou de vermeil rempli de feu.

Le flacon devient un bijou quand on le taille

dans la masse d'une cornaline cuivrée,

d'un oeil de tigre rayé ou d'une

pierre de lune grise.

 

OREILLER

..... Bel oreiller

douceur duveteuse, douceur légère

où accoste le rêve d'amour...

Bel oreiller où ta tête accueillera

les chevaux sauvages, noirs

et terribles, faisant

battre la breloque à ton coeur agité...

Doux oreiller dans la tiédeur duquel

s'évanouiront aussi grandes peurs et

phantasmes...

 

LES TIEDES

Valent mieux les méchants que les tièdes stupides ;

Car les méchants, les vrais, peuvent se repentir ;

Tièdes superficiels, contents d'eux, soient honnis,

Tout glisse et rien ne prend sur leur coeur endormi...

 

NOURRITURES TERRESTRES

Du fond de ma douleur, je crie vers toi, Seigneur

Laisse- moi m'abreuver aux sources éternelles

Aux sources des grands bois, des prés, des fleurs nouvelles

Sources de la vie même et que le Celte aimait,

Vaisseaux spirituels me portant vers tes rais.

 

BEAUTÉ

Tu es un Enfant de Lumière

Garde- toi de te laisser surprendre par la nuit...

Grain de poussière perdu

Dans le scintillement fantastique des mondes...

La beauté joie des artistes.

La beauté des lignes, des sons, des couleurs

Captée par les artistes

Fleurit dans les oeuvres de ses amants fous,

Peintres, poètes, sculpteurs ou musiciens

Et nous plonge dans l'eau pure d'un bain de jouvence

Paradis retrouvé où naît l'adoration...

 

FLECHE

As- tu déjà vu les feuilles

acérées des sagittaires que l'on appelle aussi

flèches d'eau

Les flèches de l'amour lancées

par un Dieu invisible tombent

comme une averse sur tous ceux qui les appellent .

... N'oublions pas les flèches de tous ceux

qui visent un but : ils font flèche

de tout bois pour l'atteindre ...

... L'avion monte en flèche dans le ciel bleu

profond laissant l'homme en proie

à ses misères... Ou à ses joies...

Je vois les belles flèches, les splendides

flèches de France : la flèche

de Chartres environnée de dentelles

et celle de Saint- Denis.

Quand nous repartirons de Saint- Trop

Après la nationale 20,

Nous emprunterons la flèche

d'or, tu sais, ce splendide Pullman qui

joint Paris à Londres et notre

retard sera annulé.

Nous aurons alors presque mérité l'ordre

Impérial espagnol des Flèches Rouges !

 

LES ONDES

La vie, en ses mâchoires, au réveil nous agrippe ;

Le grand cri de Paris vrille tous nos rochers ;

Résonne en nos alpages en leur profond secret,

Et viole les grands bois, les mers et les tropiques,

 

FLAMME

Apparence lumineuse,

tu te dégages de la matière.

La flamme de ton regard peut- elle

jamais être froide ?

Flamme, clarté qui illumine l'intelligence,

flamme, vive ardeur

flamme chaleur

flamme passion.

Discours pleins de flamme.

Tout feu, tout flamme est souvent

ton coeur joyeux et quelque peu frivole

ne crois- tu pas ?

Et quand la colère gagne ton coeur,

ne jettes- tu pas feu et flamme ?

Avouer sa flamme, quelle affaire !

Quelle est donc cette fleur, un colchique

peut- être qui a nom de flamme- nue ?

Et la flamme d'un étendard ?

Chaque matin un moussaillon hisse la flamme

en haut du grand mât.

Et ces superbes flammes que les cavaliers

dans les temps anciens attachaient a

ux lances de guerre, antan, antan.

Les connais- tu ?

As- tu jamais réfléchi à ton point

de flamme ? Fais- le dès maintenant

si ce n'est déjà fait.

Les flammes de Bengale, te souviens- tu ?

Comme elles étaient jolies, vertes

ou blanches ou semblables à des

coraux de feu, antan, antan .

... Connais- tu les retours de flamme

auxquels personne ne s'attend ; ils sont

souvent plus mauvais qu'angéliques.

Ils sont subits et toujours contraignants

Le four à flamme n'est pas pour un coeur moyen,

celui- ci risquerait de se détruire...

Réfléchis à la flamme oxydante

de l'amour ; de même que la flamme

la plus chaude n'est pas visible, la flamme de l'amour

total ne peut se traduire

Et la lancette de mort qui tuera l'animal,

que faut- il en penser ? C'est aussi une flamme

.

Les grés flammés sont beaux, cuits en flamme,

en pleine flamme ; vases flammés bleus ou lilas pâle,

rouge de Chine ou turquoise...

Voici des fils flammés qui nous vêtiront d'arc- en- ciel

Ces flammes d'amour lancées par des yeux tendres,

des yeux tendres, qui nous en dira les douceurs ?

 

LA VIE

La vie est faite de mille rêves :

Rêves d'argent

Rêve d'amour,

Rêves perdus au long des jours.

Rêves tristes et joyeux

Rêves ! ...

La vie est faite de mille espoirs

Espoirs d'argent Voilés de noir

Espoirs perdus au long des soirs.

Espoirs joyeux, immenses,

Espoirs.

La vie est faite de mille peines,

Peines d'amour, peines d'oubli,

Peines perdues au long des nuits

Peines cruelles

Et cachées, peines.

 

LA SEINE

Dans la boue noire de Paris

Tu roules, tu coules, tu luis,

Indifférente à nos soucis !

Superbe, altière, ma vie,

Tu roules dans l'or de Paris...

Le soleil dore ta peau,

Il fait miroiter tes eaux ;

Peau de vache, peau d'agneau,

Poil de chien, poil de chevreau,

Le soleil dore ta peau.

Belle Seine, amour joli,

Tu danses autour de Paris,

Tu prends puis tu engloutis,

Et tu donnes, donnes, donnes,

Plus d'amour que tu n'en voles

 

APPRECIATIONS

Le mauve prie

Le rouge crie

Le gris dort

Le bleu pépie

Le vert calme

L'orangé claironne

et le blanc sourit.

 

CIEL IMMENSE

J'ai peur du vent violent qui secoue l'ossature

des châteaux, des maisons, des taudis, des masures.

J'ai peur des champs de neige

et j'ai peur de la mer ;

et du jour de colère où finira notre ère.

J'aime le ciel immense où gravitent les mondes.

J'aime le vent léger où ce qui vit frissonne

et la mer apaisée, les torrents que tu donnes

à la montagne belle appelée Pyrénée.

 

MAINS

J'ai poussé vers tes mains des cris adulatoires

leur teint, aduste et mûr, cuivré, incantatoire,

a réveillé en moi des ondes apaisées

et j'ai rêvé de fruits, de fleurs et de victoires.

Tu te laissais regarder, remplie de trouble

tes mains étaient devant moi, nerveuses ;

mains sculptées dans l'esprit de braise,

mains issues de fournaise,

plus souples que la liane

et plus lumineuses que l'opale...

 

TES MAINS D'OSIER...

Tout petit homme ancien, plié sous les années,

Tes mains d'osier séché

Ne grattent plus, ce soir, ta grande .amie la terre

Elles ne font que griffer la couche très légère

Où la scabieuse bleue fleurira cet été ;

tout petit homme ancien plié sous les années

Tes mains d'osier séché

Ne grattent plus, ce soir, ta grande amie la terre.

 

JE ME SOUVIENS...

Je me souviens d'un jour, il y a tantôt huit soirs,

Où, dans l'Avril amer, je piétinais les menthes,

Menthes aussi velues que peluche élégante,

Où l'odeur de miel doux imprégnait le terroir...

 

APRES LA PLUIE

Mes sens sont tout nouveaux, après la pluie d'hier.

Par le parfum des fleurs, je découvre la terre ;

Je bois le vent nouveau, généreuse promesse,

De vide coloré, de vide généreux,

Que je déchargerai dans mon coeur amoureux.

Amoureux de la vie... De la vie, amoureux...

L'aube approche, apportant des bluets, joie des yeux,

Des flaques d'or massif, des genêts audacieux,

Des bouffées de sommeil et des bouffées de brumes,

Des brassées de soleil et des reflets d'écumes...

 

FORETS

Tandis que tu t'assieras à l'ombre des forêts

les arbustes, les lierres, les champignons

vivront d'une vie cachée, tout près de toi.

Belles écharpes forestières

ceinturant le globe,

forêt noire du bord du Rhin,

la puissance de vos chênes ou de vos

  hêtres m'écrase.

Dans certaines forêts, l'hiver est long

mais dans nos pays les forêts sont douces ;

elles sont la chevelure des montagnes.

En pays celte, la forêt était sanctuaire ;

elle était temple de la puissance.

 

CAMPAGNE

Campagne de chez nous, constellée de poèmes,

Glycines mauve- fin, géraniums brasillants,

Palmes lustrées de brun, lierre vert- éclatant,

Melons au coeur igné et béates pastèques,

Fluides d'amour, portés par chaque feuille verte

Aurore délivrée de chaînes, pluie offerte

de fleurs, de gerbes de lumière, hirondelle pointue

Fendant un ciel subtil et rayant l'air en fête.

Maintenant, l'ombre vient, elle cerne ma tête

Le merle que tu aimais rompt son collier de fête

C'est l'heure de ma joie, l'odeur des grands pins noirs.

 

FORETS

Forêt vierge, tu crées des essences complexes.

Tu élabores, inextricable et mystérieuse,

sans cesse, d'occultes condensations.

Forêt équatoriale, dangereuse, dense

ombrophile, tu prodigues certainement

de merveilleux paysages végétaux.

Forêt d'Amazonie aux bois précieux

d'ébène ou d'acajou, quels êtres naissent

sous les écorces de tes paysages surprenants ?

Arbre, lien entre terre et ciel

mangeur de lumière c'est toi

qui donnes naissance à l'ambivalente forêt

secrète, multiplie, parfois dévorante, symbole

de l'inconscient...

 

CHAIR

Quand tu mordais à pleines dents,

la chair juteuse d'une pêche,

tu respirais la plénitude...

Enfant, chair de nos chairs,

n'obéis pas trop à ta chair si tu le peux,

mais tâche de ne pas cependant la crucifier

car la résurrection de la chair ne sera- t- elle

pas la résurrection de nos corps transformés

en corps glorieux ?

Chair, chose vivante, pleine de joie ou douloureuse,

chair, chose fragile et transitoire

chair, masse de plomb

qui nous cloue à la terre et que nous

voudrions souvent dépasser...

 

LUMIERE

Poussés par une soif ardente de lumière,

Nous puisons dans le CHRIST, source de vérité,

Les flots réconfortants de sa Grâce première...

La nuit de la Passion se déchirait troublante,

Pour laisser passer l'or de la lumière ardente.

Poussés par une soif ardente de lumière.

Nous puisons dans le CHRIST, source de vérité,

Les flots réconfortants de sa Grâce première...

Jésus avait laissé, ténèbres de l'erreur,

Les longues bandelettes entourant tout son corps…

Poussés par une soif ardente de lumière,

Nous puisons dans le CHRIST, source de vérité,

Les flots réconfortants de sa Grâce première.

 

LE SOMMEIL

Le sommeil m'engloutit, comme on ferme une trappe...

J'aime tant ton refuge, sûr sommeil, sommeil lourd...

Sommeil total, immense, aussi lourd qu'une chape

De plomb qui se referme au- dessus de nos jours...

A la lutte, à la vie, au temps, au désespoir, j'échappe ;

Au désarroi aussi, fuite profonde, et pourtant passagère,

absence.

Arrachement immense, abîme de l'absence...

Absence fécondée, absence, absence, absence

Le sommeil m'engloutit comme on ferme une trappe.

 

PROVENCE (Pâques 1969 )

Le noble paysage à mes pieds s'étendait.

La beauté surgissait de ses lignes antiques,

Se drapait dans ses rocs, blancs et purs comme lait.

Quelques cyprès dressaient leurs colonnes doriques.

(Vers l'étang de Berre)

 

NUAGES

Des dragons dévoraient des sirènes bleutées.

Des glycines croulaient, faisant naître un été.

Des lilas, des cactées, de grandes fleurs sauvages

Se groupaient en bouquets pour créer des mirages.

 

CHEVAL

Cheval, fils de la nuit, fils du

mystère, sortant des abyssales pentes

cheval noir et déchaîné, quand tu nous

poursuis dans nos rêves, tu nous donnes d'atroces

frayeurs, de profondes paniques ;

cheval triomphateur, cheval de feu,

archétype porteur de vie,

archétype porteur de mort émergeant

des entrailles mêmes du monde

témoin ténébreux de l'impétuosité

de nos désirs.

Puisse- je voir bientôt des chevaux

blancs, chevaux de lumière de lumière,

plus blancs et plus lumineux

que la blancheur même...

Cheval, tu peux franchir les portes

inaccessibles à la raison

ta chevauchée fantastique

me conduira où ? On dit que tu peux

marcher dans les eaux profondes,

et que tu baignes dans la clarté,

tu es parfois le sage initié.

 

CHRYSANTHEME

Chrysanthème, belle matérialisation

du soleil avec tes pétales

en rayons, le chef descend toujours

de la déesse solaire et tu es,

beau chysanthème, son emblème.

Certains te nomment, beau chrysanthème

essence du soleil ;

tu es aussi le médiateur entre

terre et ciel

la permanence, la durée naissent

de toi ; fleur d'automne, fleur

de vie paisible, fleur qui fuis le monde.

Je t'aime.

 

FLANER

Flâner, mais à tout prendre, qu'est- ce ?

est- ce courir étourdiment, de- ci, de- là ?

Balzac disait que flâner était toute une science.

Une science, je le crois fermement.

Aller sans se presser, c'est cela l'essentiel, ...

Ne serait- ce pas perdre son temps, avec agrément

voluptueusement peut- être ?

La flânerie veut qu'on soit tout à elle ;

on ne m'empêchera pas de penser

que seul, le flâneur arrive à posséder

les champs et les collines, les pervenches des bois,

les bois et les torrents... Le flâneur

c'est l'être le plus riche du monde...

Le flâneur, c'est le souverain de Paris

comme si bien Bazin le dit.

 

COURSIER

Cheval, tu es à la fois, dit- on

eau courante et feu ; tu es le coursier

des chevauchées fantastiques...

Au moment du renouveau,

tu éveilles dit- on la nature et on

t'appelle « l'esprit du blé » .

... Cheval blanc lumineux, monture

des conquérants ou des saints.

Tes chemins secrets sont les chemins

de l'eau, des pôles glacés aux tropiques brûlants,

Cheval noir du désir libéré, cheval érotique,

tu es l'archétype universel et

tu relies les contraires.

Au fronton du Parthénon, ne sont- ce pas des chevaux qui mènent le char de la lune ?

 

FLEURS

Fleur, tu es « fille du matin »

a dit jadis un grand poète,

Chateaubriand, je crois...

Ta fraîcheur est si fragile que,

même légère, une brise peut

te blesser ; ton éclat est incomparable

et tes couleurs devraient

nous remplir de ravissement.

 

FLEURS .

Je sèmerai de fleurs

le chemin de ta vie et je ne te cacherai pas

le précipice sous des fleurs, afin que

tu le voies et que tu puisses ainsi l'éviter.

 

FLEURS ..

Un certain soir d'été, les jeunes filles en fleurs

faisaient onduler sous les noirs marronniers

leurs robes fraîches et vaporeuses

dont les grands plis se mouvaient

avec harmonie ; tout près d'elles,

quelques fleurs de macadam balançaient

des croupes provocantes ; mais où étaient

les plus perverses ?

Hélène, aux yeux verts

paraissait transparente, diaphane et

fleur bleue.

Boutons à fleurs, boutons à fruits,

voilà de l'arboriculture !

 

FLEURS...

Fi de certaines fleurs,

Fi de la fleur d'alun, fleur de soufre,

Fleur de zinc, ou fleur d'argent, fi !

Nous cueillerons la fleur de Pâques ;

l'amarante et l'ancolie, la fleur

d'amour et le pied d'alouette ; et aussi

l'oeillet des poètes et la fleur de coucou ;

la fleur de saint Jean, le sénéçon

et aussi la fleur du soleil couleur

de cuivre qui fera ressortir le bleu

si pâle de la scabieuse, appelée aussi

fleur des veuves.

Dans le verger, nous irons cueillir la prune

toute couverte de sa fleur mauve.

Dans le musée de Naples, nous avons vu

Flore cueillant des grappes de fleurs,

t'en souviens- tu ?

 

LE FER

Comme le yin au yang

Comme le nord au sud

Comme l'eau et le feu

Et comme vil métal

Au métal noble et beau

Le fer s'oppose net au cuivre que je nomme

L'âge du fer étant l'égal de l’âge dur.

Sais- tu que le fer est instrument de guerre

Et que, dans le « Livre des Rois »

Etaient proscrits, outils de fer,

Pour construire le Temple.

De Salomon, s'entend ; car fer

Est une force impure ; car fer

Est maître de la nuit.

Le cuivre, c'est lumière et vie.

Fer symbolique, ambivalent

Parfois, protecteur des récoltes... Et puis

Au pied du Kilimandjaro,

Les femmes ne portent- elles pas

Le fer en colliers durs et bracelets fertiles ?

 

EAU.

Eau, tu es véhicule de toute vie

car la sève est eau

eau mère, eau matrice...

Eau stagnante, tu es le plasma de la terre

d'où naît la vie.

Eau glacée, tu es une âme morte.

Grandes eaux de la mort vous devenez

les eaux de la vie pour les justes.

 

EAU..

Aux premiers matins du monde,

n'avaient pas de rives, les eaux.

Puis sur ces eaux primordiales,

a plané l'Esprit de Dieu...

Eau magnifique, splendide héritage,

grand héritage venu de Dieu.

Un matin, l'eau jaillit du rocher de Moïse

et les eaux paisibles de Siloé

 font toujours vivre Jérusalem...

C'est près des puits que s'opèrent les rencontres.

Je veux dire, les grandes rencontres,

celles qui sont essentielles.

Enfant, n'abandonne pas

pour te creuser des citernes

les belles sources d'eaux vives...

 

PEINTURE ABSTRAITE

Couleurs muettes, limes, arêtes,

courbes secrètes, peinture abstraite.

Rien d'imposé, tout proposé

concret coupé, puis détaché

du monde né...

Dans la limite, le sans limite

le fin complet, dans l'incomplet,

très pauvre en soi, riche pour toi,

tu rêveras, tu évoqueras...

Tu renaîtras, t'évaderas, transcenderas

et tu vivras...

 

COULEURS

Sur la lyre des couleurs

que murmure donc l'ivoire ?

L'ivoire ou le jaune paille ?

Chacun murmure une histoire.

Le bleu, le vert ?

Le bleu chante la turquoise, la mer,

parfois nos cieux du midi ;

quand le violet la ranime,

il chante le lazulli

et nous évoquons alors,

les statues pailletées d'or

dont parlaient les vieux corsaires...

 

ENERGIE

Energie... Avec elle tout vit

tout se tient, tout cohère,

l'acier bleu, les gaz délétères,

l'argent, le bois, le fer

la mer et ses mystères,

les pensées, les gaz bleus,

ce qui fuit, ce qui dure

et l'unité de tout éclaire la nature...

Réversible pouvoir, réversible tendance

agrippements ardents dansant autour d'un centre

étau silencieux, guide des nations

reine des temps futurs, puissante cohésion !

 

COULEURS

Sur la lyre des couleurs,

le rouge chante la cerise,

le soleil couchant, le bon feu,

et puis Noël, l'âtre et nous deux...

Le corail et l'ambre de Chine.

Et le rubis au coeur profond,

et le grenat noir de l'Espagne.

Pierres de lune à reflets

chantent sur la lyre des gris

des gris tourterelle jolis

sur la lyre des couleurs

les couleurs murmurent ou crient.

 

EVOCATIONS BLEUES

As- tu pensé à la lumière bleue d'une opaline

et au bleu sophistiqué d'un hortensia.

Au bleu profond d’un vieux vase de Sèvres

au bleu sans fond d'une nuit d'été ?

Aux voûtes bleues des cathédrales gothiques

et au velours bleu- nuit pailleté d'or

de ta robe à danser ?

 

NOTRE MER

Goûte mon bras salé, tu sentiras l'offrande,

De la conque bleu-vif, où je me suis baignée.

L'eau est ce soir pesante...

Elle est, ce soir, si bleue,

Que l'on est entouré

De céramiques bleues.

Goûte mon bras salé, tu sentiras l'offrande,

De la conque bleu- vif, où je me suis baignée.

 

LA COLLINE

La colline, assaillie par les genêts sauvages,

Etalait son or- fin aux yeux de ses amants...

Je me suis enivrée de paysages rares,

Je me suis rapprochée de la mère nature,

En mangeant des fruits verts et croquant des rochers.

J'ai croqué des rochers, à chevelure verte,

J'ai croqué des buissons, j'ai croqué des ciels d'or,

J'ai croqué des peupliers, des pommiers et des chênes.

La colline, assaillie par les genêts sauvages,

Etalait son or- fin aux yeux de ses amants...

 

TORRENTS

Le village, assagi par l'approche du soir,

Dressait quelques cyprès, brochant sur un ciel noir,

Tandis que le torrent, truffé de roches vertes,

Secouait son écume, elle nous était offerte...

 

TOUT L' AMOUR DU MONDE

Sous la forme d'un petit jardin,

Prends toute la terre.

Sous la forme d'une jeune treille,

Prends toutes les feuilles,

Sous la forme d'un petit toit,

Prends tout l'amour du monde...

 

ACCORDS

La campagne meurtrie, pleurait de tous ses pores,

L'asphalte suintait une eau de désespoir,

Le ciel gris, surbaissé, pleurait sur nos joies mortes.

 

TOI

Je te regardais ; je suivais ton sillage doré

Tu portais sur la table rêche la cruche d'eau,

Tu éparpillais le coeur blanc d'une salade fraîche,

Tu versais religieusement l'huile ambrée

Et tu me l'offrais, afin que sous mes dents,

Craquent ses feuilles.

La pénombre mûrissait dans la cuisine de Provence,

Une auto roulait sa nuée de poussière.

Autour de ton corps, naissait un mystère.

 

COUPE

Ensemble,

nous porterons à nos lèvres la coupe du Graal,

débordante de nourriture ineffable.

Aux champs,

nous irons boire la coupe de sève,

que nous donnera le sein maternel de Flore.

 

CHRYSALIDE

Chrysalide,

tu es le symbole du lieu des métamorphoses.

Tu es la chambre secrète.

Tu es un état transitoire.

Chrysalide mystérieuse,

en toi se prépare une maturation...

 

ANTAN

Antan,

il m'arrivait des bouffées de printemps,

des bouffées de lilas et des bouffées de roses,

et de tout cela, j'ai la nostalgie.

 

BAIN

Qui sait où pourrait te mener

Un bain bleu ou de lait d'iris

Par contre, d'un arbre, la dure écorce

ne peut que t'offrir un nirvâna.

 

POUR TOI

Mieux vaut pour toi une tomate fraîche,

qu'un bain de lait d'iris...

 

UNE SUEUR DE SANG

La Pâque allait animer Jérusalem...

Le Cédron coulait, noir et froid,

Les feuilles des oliviers pendaient, meurtries,

tandis que la vue allait

jusqu'aux montagnes de Moab.

Immobile, était l'air

dans le jardin de Gethsémanie.

Tout se taisait et attendait...

Une sueur de sang recouvrait le corps de Jésus.

Tout ce qui était important avait été dit.

 

Acbevé d'imprimer le 7 Mai 1974 sur les presses de l' Imprimerie Gerbert - Aurillac (Cantal)

Dépôt légal 2° trimestre 1974. /No 217

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6 Février 2007