Bernard Auriol
L'onychophagie est l'acte de se ronger les ongles des doigts des mains (mais
parfois aussi des orteils). Elle s'étend parfois à la peau qui
avoisine l'ongle.
Plus de 10 % des enfants scolarisés, garçons ou filles, se mangent
les ongles (onychophagie). Se ronger les ongles est surtout fréquent
entre 10 et 14 ans mais l’onychophagie peut persister
jusqu’à l’adolescence et même l’âge adulte.
Activité naturelle hygiénique normale de l’être possédant
des griffes ou des ongles Il lui est utile de les entretenir ce qui implique
l’usage des dents, pour régulariser le bord libre de la griffe
ou de l’ongle et nettoyer la saleté qui les noircit. C’est
à rapprocher du léchage du pelage ou des organes de son propre
corps par l’animal ; c’est à rapprocher aussi du toilettage
réciproque (destruction des parasites) qu’on observe entre animaux
et qui témoignent de leurs liens « amicaux ». L’être
humain dispose d’outils manucuriaux (ciseaux, coupe-ongles, limes,
etc…) qui lui permettent de s’affranchir de cette activité
de toilettage.
Dans son expression minimale, elle correspondrait à l'utilité
de régulariser l'extrémité des ongles.
Cependant cette activité " hygiénique" peut dépasse
ce qui est utile pour prendre le caractère d’un symptôme
quand elle s'exagère chez certains individus (enfants ou adultes) et
devient une activité compulsive, non maitrisable ; tellement que les
dents en arrivent alors à détruire une bonne partie de l'ongle
au lieu d’en assurer la simple régularité. Elles finissent
même par s’attaquer à la peau avoisinante des mains ou des
orteils, aboutissant à détériorer plus ou moins gravement
l'extrémité des doigts.
Sadisme : tyranniser l’autre ou soi-même
C’est assurément une conduite agressive culpabilisée, l’agressivité
étant retournée contre le corps propre (auto-mutilation auto-punitive).
Jusqu’après la deuxième guerre mondiale, la tradition médicale
voyait dans l’onychophagie un signe d’onanisme (Emmanuel Mounier).
Marie Bonaparte considère l'onychophagie comme une manifestation d'auto-érotisme
et de masochisme, qui retournerait contre le sujet lui-même une agression
primitivement adressée au monde extérieur et se manifestant, dans
le
fait de se ronger les ongles, sur le plan symbolique. D’autres auteurs,
remarquant surtout l’aspect de jouissance masochiste, expliquent que le
sujet qui ronge ses ongles et mord ses doigts satisferait des besoins masturbatoires
et se procurerait dans un même mouvement, le plaisir de l'acte défendu
et sa punition.
Il s’agit de MORDRE et d’être mordu : sadisme dans des jeux
sexuels, dans certaines formes de maltraitance à l’enfant (mère
qui mord son enfant). L'onychophagie apparaît dès lors comme un
acte auto-agressif dérivé de la pulsion sadique orale retournée
contre le corps propre du sujet et manifestant une forme d’anxiété
dont elle constitue partiellement un remède.
Lorsque les lésions sont importantes, il s’agit d’une forme
d’automutilation ; c’est paradoxalement un moyen d'apaiser des souffrances
psychiques intenses, tout comme la drogue ou l'alcool.
Un onychophage explique « Quand l'angoisse survient cela demeure un exutoire
de choix, même la cigarette n'y arrive pas, car si elle fait mal, elle
ne provoque pas de petite douleur directe comme l'onychophagie. C'est vraiment
atroce ce que je raconte mais c'est vrai. Quand je regarde mes mains, j'ai l'impression
que ce que je vois, c'est une porte ouverte sur ma douleur.
|
Evaluer la situation :
1º) Déterminez les situations dans lesquelles vous avez tendance à vous ronger les ongles. Par exemple : Caresser, toucher, palper, frotter ou gratter les ongles avant de porter les doigts à la bouche. etc. (écrivez tout ce que vous pouvez vous rappeler)
2º) Déterminez les situations qui provoquent ou stimulent votre habitude de se ronger les ongles.Par exemple : lorsque vous étudiez, lorsque vous lisez, quand vous regardez la TV ou devant l'ordinateur, pendant des discussions, quand vous êtes énervé, etc. (écrivez tout ce que vous pouvez vous rappeler).
3º) Déterminez les situations où vous avez réussi à éviter de vous ronger les ongles.Par exemple : En pratiquant des activités sportives, pendant des conversations avec des amis, en dansant, quand vous êtes dans des endroits publics, quand vous mastiquez quelque chose, etc. (écrivez tout ce que vous pouvez vous rappeler).
4º) Evaluez à des moments prévus à l'avance la situation de vos ongles.
Par exemple : leur esthétique, votre souffrance, leur évolution (progrès ?), etc. (Signalez tout ce que vous pouvez vous rappeler).
Exercice de substitution :
Exercices de relaxation :
Psychanalyse et autres approches psychodynamiques
- Il est très difficile de sortir de ces situations de "dépendance".
- Aides des amis et de la famille
- Quelqu'un à qui parler c'est déjà énorme... ça soulage.
L’amourUn témoignage qui nous servira d'enseignement :
" J'ai 26 ans et je me suis toujours rongé les ongles. Je ne peux pas m'en empêcher, c'est affreusement plus fort que moi. Sauf pendant deux années discontinues pour plaire à mes partenaires".
Comme pour les toxicomanes une démarche spirituelle ou une passion amoureuse est capable de libérer, là ou les médicaments échouent trop souvent.
Bibliographie
Note : très curieusement, la bibliographie disponible concernant l'onychophagie est des plus limitées
J. de Ajuriaguerra : Psychiatrie de l’enfant, 2° Ed Masson, 1980.- E. Benjamin et al., Lehrbuch der Psychopathologie des Kindesalters, Rotapfelverlag, Zurich et Leipzig, 1938.
- M. Bonaparte, , Des autoérotismes agressifs par la griffe et par la dent, RFP, 1933, 6, 192
- L. Bovet, L'onychophagie, Contribution à l'étude de la pathologie de la personne, Scheizer Archiv. für Neurologieund Psychiatrie, 1942, vol.49, 39-61 ; vol.50, 1943, 14-59.
coll. DSM IV TR , 4° ed. Masson, 2000- L. Kanner, Child Psychiatry, Springfield, Ill., Thomas, 1960.
E. Mounier, Traité du Caractère, Ed du Seuil, 1947- S.A. Shentoub et A Soulairac, L'enfant automutilateur, , Psychiatrie de l'Enfant, 1961, 3, 1, 111-146.
Bibliography en provenance de Wikipedia Anglais (2008 - 04 - 04)
dont proviennent aussi les deux photographies citées
- Anonymous, Dermatophagia. PubMed. Department of Health and Human Services (1997). Retrieved on June 15, 2007.
- Anonymous, Stop eating my fingers. 43 Things. Robot Co-op. Retrieved on June 15, 2007.
- Al Aboud, Khalid; V. Ramesh; and K. Al Hawsawi (2003). Dermatophagia Simulating Callosities (pdf). Dermatology Psychosomatics. Department of Dermatology. Retrieved on July 17, 2007.
- Baydas B, Uslu H, Yavuz I, Ceylan I, Dagsuyu IM (2007). "Effect of a chronic nail-biting habit on the oral carriage of Enterobacteriaceae". Oral Microbiol. Immunol. 22 (1): 1-4. doi:10.1111/j.1399-302X.2007.00291.x. PMID 17241163. Retrieved on 2008-03-22.
- Dutchman Offers 'Cure' for Nail Biting. The Washington Post (2007-09-08). Retrieved on 2008-03-22.
Penzel, Fred. Skin picking and nail biting: related habits.. Western Suffolk Psychological Services. Retrieved on 2008-03-22.- Leung AK, Robson WL (1990). "Nailbiting". Clin Pediatr (Phila) 29 (12): 690-2. PMID 2276242.
20 Avril 2013