L'onychophagie (se ronger les ongles)

Dr Bernard Auriol

 

 

Pour l’anecdote rappelons que jusqu’après la deuxième guerre mondiale, la tradition médicale voyait dans l’onychophagie un signe de perversité et d’onanisme (in Traité du Caractère d'Emmanuel Mounier).

Plus de 10 % des enfants scolarisés, garçons ou filles, se mangent les ongles (onychophagie).

Se ronger les ongles est surtout fréquent entre 10 et 14 ans mais l’onychophagie peut persister jusqu’à  l’adolescence et même l’âge adulte.

 

Description de l’onychophagie

L’onychophagie est une activité hygiénique normale de l’être vivant possédant des griffes ou des ongles. Il lui est utile de les entretenir ce qui implique l’usage des dents, sauf pour l’être humain qui dispose d’outils manucuriaux (ciseaux, coupe-ongles, limes, etc…).

Cette activité hygiénique peut dépasser ce qui est utile pour prendre le caractère d’un symptôme : il s'agit alors, de se ronger les ongles de façon non maîtrisée, et les dents peuvent alors détruire une bonne partie de l'onglue au lieu d’en assurer la simple régularité et s’attaquer même à la peau avoisinante des doigts des mains ou des orteils.

L'onychophagie apparaît dès lors comme un acte auto-agressif dérivé de la pulsion sadique orale retournée contre le corps propre du sujet et manifestant une forme d’anxiété dont elle constitue partiellement un remède.

On trouvera ici un bref interview sur RTL du Dr Bernard Auriol par Philippe Bouvard dans l'Emission "La Lanterne

("Les Grosses Têtes") (patientez SVP quelques minutes pour le téléchargement de l'enregistrement).

 

Une astuce pour s'en sortir proposée par Alain RICHARD

Je ne pense pas être un cas très fortement atteint car je ne crois pas rechercher la douleur, mon problème est plutôt que lorsque j'ai un ongle irrégulier. Cela m'énerve et je le ronge pour tenter de l'égaliser ; le résultat n'est jamais bon : c'est un cycle infernal.

Mon astuce pourrait être utile à des personnes légèrement atteintes, d'autant plus qu'elle est différente des remèdes abordés à la fin de votre article.

Pour remédier à ce problème j'ai pris l'habitude d'avoir toujours sur moi un petit couteau suisse : le plus petit modèle, celui qui comporte (en plus de la lame classique) une petite paire de ciseaux et une lime. J'en ai plusieurs que j'attache sur mes porte-clefs pour en avoir toujours un avec moi, et, dès qu'un ongle est irrégulier, soit parce que je l'ai abîmé par accident, par exemple en bricolant, soit parce que je prends conscience que j'ai commencé à le ronger, je sors la petite paire de ciseaux (même en réunion !) et j'égalise immédiatement l'ongle irrégulier ; éventuellement je coupe aussi les autres s'ils sont plus longs, et les peaux mortes si elles dépassent : en moins d'une minute j'ai des ongles qui me plaisent à nouveau et aucune envie de continuer à les ronger...

Ces petits ciseaux permettent de faire un travail bien plus propre qu'un coupe-ongles (si l'on est assez adroit) et ne font pas de bruit, ils peuvent donc être utilisés partout. De plus, le petit couteau suisse peut se révéler utile dans bien d'autres situations !

 


Description des onychophages

Bien des auteurs décrivent l'onychophage comme un

- sujet vif, hyperactif, instable, nerveux, tendu, autoritaire, anxieux
- qui a du mal à extérioriser ses sentiments
- on note parfois une forme de retrait : indifférence apparente, distraction
- ou de refus : désobéissance, difficulté à écouter et mémoriser les ordres reçus


 

Environnement de l’onychophage

Ce type de symptôme est augmenté quand l’environnement est plus froid, moins personnalisé, permettant moins d’interactions entre le sujet et les autres.

On peut notamment parfois observer concernant le sujet :

 

Tempérament du rongeur d’ongle ?

Pour L. Bovet, l’onychophagie serait en relation avec le tempérament cyclothymique alors que pour E. Mounier l’onychophagie est souvent révélatrice d’une forme de schizoïdie : « par excès de concentration, le sujet se ronge lui-même ».

 

Psychodynamique de l’onychophagie

 

On sait que se ronger les ongles peut résulter de frustrations accumulées, de la timidité et de la baisse de sa propre estime. Il semble y avoir un rapport entre l’onychophagie et une situation de tension affective frustrante qui engendrerait ce comportement auto-agressif.

Le fait que les ongles soient des armes naturelles chez l’homme comme chez l’animal nous amène à considérer qu’ils sont solidaires de toute forme d’agressivité.

L'agressivité n'est pas encore, pour l’instinct de puissance, cette frénésie qui en fera le moins domesticable des instincts ; elle en est le premier frémissement, l`irritation vitale. Il arrive souvent, qu'elle développe elle -même son propre frein. Ainsi, elle se signale souvent par l’habitude de se ronger les ongles, symbole d'agression : elle se retourne ainsi contre elle -même et simule de se désarmer (Emmanuel Mounier, p.575 sq.).

M. Bonaparte considère l'onychophagie comme une manifestation d'auto-érotisme et de masochisme, qui retournerait contre le sujet lui-même une agression primitivement adressée au monde extérieur et se manifestant, dans le fait de se ronger les ongles, sur le plan symbolique.

C’est assurément une conduite agressive culpabilisée, l’agressivité étant retournée contre le corps propre (auto-mutilation auto-punitive).

D’autres auteurs, remarquant surtout l’aspect de jouissance masochiste, expliquent que le sujet qui ronge ses ongles et mord ses doigts satisferait des besoins masturbatoires et se procurerait dans un même mouvement, le plaisir de l'acte défendu et sa punition.

La tendance agressive exercée sur le corps absorbe, tant que ça dure, l'intérêt entier de l'enfant ; il s’adonne à sa répétition avec des variantes, ne cesse d’en augmenter l’intensité destructrice, jouissive et douloureuse s'élevant vers un point culminant voisin de l’insupportable.

Pendant cette action de style auto-centré, narcissique, le sujet tend à se retrancher du monde ambiant (comme il le fait dans le suçage de doigt ou la masturbation) .

Emmanuel Mounier (p.520) décrit une forme de dépendance, basée sur un attachement infantile excessif à un des deux parents, dépendance qui entraînerait un souci excessif de l’ordre, des formes et conventions sociales, de crainte du « qu’en dira-t-on », d’intimidation chronique et diffuse, de croyances superstitieuses à de petits signes « providentiels ». « Cet intellectuel qui a la manie de se ronger les ongles sursaute, comme un enfant en faute, quand la sonnerie du téléphone le surprend dans cette occupation anodine » .

 

Comme l'affirme une personne sur une fiche de discussion dans wikipedia, l'automutilation est beaucoup plus qu'un simple trouble de comportement. Lorsque vous êtes victime de ce trouble vous commencez à vous infliger des blessures. C'est un trouble mais c'est plus précisément un moyen d'apaiser ses souffrances, tout comme la drogue ou l'alcool.

Pour que le trouble s'installe, il faut que la personne "future auto-mutilée" soit dans la "dépression" déjà depuis un long moment, ce n'est pas directement que l'on va s'attaquer à soi-même, c'est après avoir tenté mille choses que l'on ne trouve pas efficaces pour se sortir de sa "tristesse", de sa "dépression"... tous les termes de ce champ lexical...

Peut-être, espèrent les personnes qui s'auto-mutilent, trouveront elles un moyen de sortir de ce malaise... mais ça ne fait qu'en créer un nouveau.

Une personne qui souffre de ce trouble, déclare "Je sais de quoi je parle... avant de m'automutiler, je n'avais pas du tout tendance à m'infliger des blessures, je n'aimais pas du tout ça... je n'aime toujours pas d'ailleurs. Ca peut même affecter les personnes qui n'ont pas de tendance innée à s'infliger elles-mêmes des blessures, ça peut même être tout le contraire de celà…  des personnes n'ayant jamais utilisé la douleur pour se sortir d'un malaise trop dur à affronter, "peuvent" essayer celà en pensant que c'est une solution comme une autre pour s'en sortir...

Il est très difficile de sortir de ces situations de "dépendance". Pour cela, il est nécessaire de recourir à des aides; s'appuyer sur des amis et une famille qui vous soutiennent, sinon, le chemin peut s'avérer long et difficile... même avec des appuis, c'est quand même très dur de s'en sortir, mais dès que l'on a quelqu'un à qui parler c'est déjà énorme... ça soulage.

Les médicaments sont souvent une aide précieuse, pour éviter de "craquer" trop souvent. Les médicaments sont surtout là pour modérer ces actions, parce qu'ils ne les suppriment pas. On peut éviter de se faire du mal dans certains cas et même beaucoup, mais moins qu'en l'absence de médicaments.

Différence entre suceurs et rongeurs

Pour L. Kanner

-        les suceur de doigts sont calmes, placides, difficiles à émouvoir

-        alors que les rongeurs d'ongles seraient vifs, hyperactifs, autoritaires.

On relève que les enfants souffrant de douleurs abdominales d'origine anxieuse ou émotionnelles ("mal au ventre") présentent assez souvent d'autres symptômes, notamment l'onychophagie. Ce sont des enfants sensibles, nerveux, inhibés, avec de fréquents troubles du sommeil et des difficultés alimentaires. On remarquera que l'importance de la pulsion orale et l'association éventuelle à des "maux de ventre" font de l'onychophagie un symptôme très lié à la zone pulsionnelle orale et au svadhisthana chakra.

 

Annexes

 

Evaluation de l'onychophagie

(C) Dr Bernard Auriol

Fréquence de se ronger les ongles

    1. => jamais
    2. => rarement
    3. => assez souvent
    4. => très souvent
    5. => extrêmement souvent
?

Gêne liée au fait de se ronger les ongles

    1. => aucune gêne
    2. => peu de gêne
    3. => assez gêné
    4. => très gêné
    5. => extrêmement gêné
?

Angoisse liée au fait de se ronger les ongles

    1. => aucune angoisse
    2. => angoisse minime
    3. => angoisse notable
    4. => beaucoup d'angoisse
    5. => angoisse extrême
?

Résistance au fait de se ronger les ongles

    1. => ne cède jamais au désir de se ronger les ongles
    2. => cède rarement au désir de se ronger les ongles
    3. => cède assez souvent au désir de se ronger les ongles
    4. => cède très souvent au désir de se ronger les ongles
    5. => cède extrêmement souvent au désir de se ronger les ongles
?
TOTAL =
??
de 4 à 9: onychophagie absente ou très légère
de 10 à 14 : onychophagie modérée
de 15 à 20 : onychophagie importante

 

Douleurs abdominales d’origine anxieuse, avec souvent, onychophagie (J de Ajuriaguerra)

L'onychophagie est souvent associée à des douleurs abdominales ("J'ai mal au centre")

Ces douleurs sont souvent purement fonctionnelles (tension des muscles lisses intestinaux, comme manifestation anxieuse ou émotionnelle) et nécessitent alors un traitement psychothérapique individuel ou systémique.

Ils peuvent parfois être organiques (5 % d'atteinte organique sérieuse d'après D. J. Conway, 8 % d'atteinte organique décelable d'après J. Apley et al., et 42 % d'après J. L. Wood et al.). Dans ce cas, le diagnostic impose un traitement qui est déterminé par la maladie constatée (médicaments, intervention chirurgicale, etc).

 

Un trouble cousin : la trichotillophagie

Certaines personnes se rongent, non les ongles, mais d'autres phanères : les cheveux. Par exemple, la main présente les cheveux aux dents qui les sectionnent, ce qui produit un petit bruit sec, source d'une sorte de jouissance. Est ce l'origine de l'expression "couper les cheveux en quatre" ?

Cette compulsion est à différencier de la trichotillomanie : dans ce dernier cas, il s'agit de s'arracher compulsivements des cheveux ou des poils. "La trichotillomanie, ou trichomanie, est un trouble caractérisé par l’arrachage compulsif de ses propres poils et/ou cheveux, entraînant une alopécie manifeste sur la partie du corps touchée. Elle est définie dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM IV) en tant que trouble des habitudes et des impulsions [...] Le mot vient des termes grecs thríx, tríkhos : poil, tíllo : épiler ou effeuiller et manía. Il fut utilisé pour la première fois en 1889 dans une étude de cas par le dermatologue français François Henri Hallopeau [ ... ] Les estimations actuelles suggèrent que 3,5 % des femmes et 1,5 % des hommes aux États-Unis ont un épisode de trichotillomanie significatif au cours de leur vie. Il semble que les enfants soient davantage concernés, mais ils peuvent plus facilement arrêter.Ce trouble serait assez commun et toucherait, selon les études, environ 1 à 2 % de la population" (WP).

Dans la pelade, la personne perd ses cheveux sans le vouloir, suite à un stress profond ou pour des raisons immunologiques à causalité mal déterminée. La pelade est un symptôme différent de la calvitie, souvent liée à certaines sécrétions endocriniennes, "testostérone", chez les hommes ou ménopause chez les femmes et ne semble pas lié à un stress particulier.

Traitement ?

Pour décourager le geste, on peut s'aider d'un vernis à ongles au goût très amer, bon marché

On peut utiliser des méthodes comportementalistes comme le Habit Reversal Training (HRT ou entraînement à la modification d'une habitude); cette méthode comporte quatre étapes destinées à "désapprendre" l'habitude et le remplacer par une autre habitude, plus constructive ! On porte aussi attention aux stimuli déclencheurs du phénomène pour tenter de les éliminer plus ou moins totalement.

Certains médicaments seraient utiles, par exemple les anti-dépresseurs (on a montré l'utilité des produits suivant : clomipramine, fluoxetine, sertraline, paroxetine, fluvoxamine, citalopram, escitalopram, nefazodone and venlafaxine).

De même des anti-psychotiques à dose très faible (doses "filées") ont montré une certaine efficacité si on les associe à l'un des anti-dépresseurs cités : risperidone, olanzapine, quetiapine, ziprasidone, aripiprazole

Evaluer la situation :

1º) Déterminez les situations dans lesquelles vous avez tendance à vous ronger les ongles.

Par exemple : Caresser, toucher, palper, frotter ou gratter les ongles avant de porter les doigts à la bouche. etc. (écrivez tout ce que vous pouvez vous rappeler)

2º) Déterminez les situations qui provoquent ou stimulent votre habitude de se ronger les ongles.

Par exemple : lorsque vous étudiez, lorsque vous lisez, quand vous regardez la TV ou devant l'ordinateur, pendant des discussions, quand vous êtes énervé, etc. (écrivez tout ce que vous pouvez vous rappeler).

3º) Déterminez les situations où vous avez réussi à éviter de vous ronger les ongles.

Par exemple : En pratiquant des activités sportives, pendant des conversations avec des amis, en dansant, quand vous êtes dans des endroits publics, quand vous mastiquez quelque chose, etc. (écrivez tout ce que vous pouvez vous rappeler).

4º) Evaluez à des moments prévus à l'avance la situation de vos ongles.

Par exemple : leur esthétique, votre souffrance, leur évolution (progrès ?), etc. (Signalez tout ce que vous pouvez vous rappeler).

 

Exercice d'autodiscipline :

  • Portez un doigt vers la bouche et arrêtez le mouvement quand votre doigt arrive à 5 centimètres des lêvres.
  • Répétez cette action plusieurs fois et à des distances différentes (3 cm, 10 cm, 20 cm).
  • Puis mettez ce doigt entre les dents une ou 2 minutes sans mordre votre ongle.

Tous ces actes vous avez pu les contrôler pendant quelques minutes consciemment et avec votre autodiscipline, et peu à peu vous verrez comment vous pourrez contrôler cette habitude et vous quitter le désir de ronger vos ongles POUR TOUJOURS ! .

Exercice de substitution :

  • Pour vous aider à laisser progressivement votre envie de ronger les ongles, mordillez une racine de réglisse ou d'autres plantes comestibles.

    La racine de réglisse NE SE MANGE PAS elle se mastique lentement. L’important c'est de la garder entre les dents le plus longtemps possible et seulement dans les situations qui activent, provoquent ou stimulent votre habitude de mordre ou ronger les ongles.

  • effectuer un exercice simple qui peut être pratiqué en tout lieu, à l'école, au bureau, à la maison, etc. chaque fois que vous avez des envies de ronger les ongles : Tambourinez doucement avec le bout des doigts sur une surface quelconque.


Exercices de relaxation :

  • Il est aussi très important de se détendre physiquement et mentalement grâce à des exercices de relaxation : respiration, yoga, gymnastique, sport.

Favoriser l'épanouissement personnel et la créativité

  • Découvrir un hobby qui pourrait vous plaire et vous y adonner
  • sortir de la maison pour voir des choses nouvelles, rencontrer des amis, etc.
  • pratiquer un sport de combat attractif pour vous : savate, judo, aïKiDo, etc.

    de cette manière vous éviterez la monotonie et pourrez exprimer la part saine de votre agressivité.

    adapté d’après : http://www.podium.es/podium/anom8fr.htm

 

 


Un témoignage qui nous servira d'enseignement :

" J'ai 26 ans et je me suis toujours rongé les ongles. Je ne peux pas m'en empêcher, c'est affreusement plus fort que moi. Sauf pendant deux années discontinues pour plaire à mes partenaires".

=> les toxicomanes arrivent parfois à se sevrer par une démarche spirituelle, voire mystique, ou une passion amoureuse. Ce témoignage nous enseigne qu'il peut en être de même pour l'onychophagie. L'amour est capable de libérer, là ou les médicaments échouent trop souvent.


"Ce n'est pas le seul trouble "comportemental" dont j'ai été atteinte mais les autres j'ai réussi, avec beaucoup d'acharnement, à m'en défaire.

Je me souviens qu'à l'âge de 11 ans j'ai été atteinte d'une manie à me laver les mains sans cesse qui a duré quelques semaines, mais cela devenait tellement gênant et douloureux qui je me suis convaincue de cesser et j'ai réussi.

Lorsque je suis devenue étudiante, il y a quelques années de cela, j'ai eu mon premier appartement. Jusque là j'avais vécu chez mes parents et ma mère passait son temps (elle le fait toujours) à vérifier la fermeture des portes et cela m'énervait beaucoup, je trouvais cela ridicule.

Sauf que, quand j'ai eu mon premier appartement, je me suis mise à faire la même chose, multipliée au centuple. J'appuyais plusieurs fois sur la poignée et faisais des allers-retours pour vérifier, vérifier, vérifier, c'était un cauchemar. Je pense même avoir sacrifié une année de fac à cause de cela. En effet, comme mon angoisse ne s'apaisait qu'une fois dans la rue et que je mettais beaucoup de temps à sortir, j'arrivais perpétuellement en retard.

[...]

J'ai essayé beaucoup de choses, manucure, faux ongles (quel cauchemar), vernis amer, etc. Rien ne fonctionne et je me sens mal d'être différente.

Parfois dans le métro ou dans le train j'essaye de compter les personnes aux ongles rongés pour me prouver que j'ai tort et que je fais partie d'une minorité ridicule de névrosés onychophages. J'ai bien honte, ça pas de problème. Mais quand l'angoisse survient cela demeure un exutoire de choix, même la cigarette n'y arrive pas, car si elle fait mal, elle ne provoque pas de petite douleur directe comme l'onychophagie. C'est vraiment atroce ce que je raconte mais c'est vrai.

Est-ce donc vrai que lorsqu'on est onychophage c'est pour la vie?

=> Certainement pas ! Rien n'est désespéré. Dites vous que vous pourrez vous aussi, un jour, avoir une certaine dignité ongulaire sans que ce soit pour plaire à l'autre, mais tout simplement pour se plaire à soi-même, pour soi-même.

Pouvoir être fier de soi et arrêter de cacher les mains dans les poches. Vivre normalement sans être regardé comme une néenderthal.

Mon entourage considère qu'il s'agit d'un simple problème de volonté et d'esthétique. Bref que je suis presque une souillon qui s'en moque, alors que c'est loin d'être le cas. Seulement quand je regarde mes mains, j'ai l'impression que ce que je vois, c'est une porte ouverte sur ma douleur et que c'est une façon de la montrer, quelque part une espèce d'appel, c'est ridicule mais c'est peut être vrai. Comme un coin de moi laissé en friche, non maîtrisé, reflétant mes tortures intérieures mal définies.

[...]

suite

Bibliographie

Note : très curieusement, la bibliographie disponible concernant l'onychophagie est des plus limitées

  • J. de Ajuriaguerra : Psychiatrie de l’enfant, 2° Ed Masson, 1980.
  • E. Benjamin et al., Lehrbuch der Psychopathologie des Kindesalters, Rotapfelverlag, Zurich et Leipzig, 1938.
  • M. Bonaparte, , Des autoérotismes agressifs par la griffe et par la dent, RFP, 1933, 6, 192
  • L. Bovet, L'onychophagie, Contribution à l'étude de la pathologie de la personne, Scheizer Archiv. für Neurologieund Psychiatrie, 1942, vol.49, 39-61 ; vol.50, 1943, 14-59.
  • coll. DSM IV TR , 4° ed. Masson, 2000
  • L. Kanner, Child Psychiatry, Springfield, Ill., Thomas, 1960.
  • E. Mounier, Traité du Caractère, Ed du Seuil, 1947
  • S.A. Shentoub et A Soulairac, L'enfant automutilateur, , Psychiatrie de l'Enfant, 1961, 3, 1, 111-146.

Bibliography en provenance de Wikipedia Anglais (2008 - 04 - 04)
dont proviennent aussi les deux photographies citées

  • Anonymous, Dermatophagia. PubMed. Department of Health and Human Services (1997). Retrieved on June 15, 2007.
  • Anonymous, Stop eating my fingers. 43 Things. Robot Co-op. Retrieved on June 15, 2007.
  • Al Aboud, Khalid; V. Ramesh; and K. Al Hawsawi (2003). Dermatophagia Simulating Callosities (pdf). Dermatology Psychosomatics. Department of Dermatology. Retrieved on July 17, 2007.
  • Baydas B, Uslu H, Yavuz I, Ceylan I, Dagsuyu IM (2007). "Effect of a chronic nail-biting habit on the oral carriage of Enterobacteriaceae". Oral Microbiol. Immunol. 22 (1): 1-4. doi:10.1111/j.1399-302X.2007.00291.x. PMID 17241163. Retrieved on 2008-03-22.
  • Dutchman Offers 'Cure' for Nail Biting. The Washington Post (2007-09-08). Retrieved on 2008-03-22.
    Penzel, Fred. Skin picking and nail biting: related habits.. Western Suffolk Psychological Services. Retrieved on 2008-03-22.
  • Leung AK, Robson WL (1990). "Nailbiting". Clin Pediatr (Phila) 29 (12): 690-2. PMID 2276242.

 

 

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31 Octobre 2013