Sur divers aspects caractérologiques de l'épileptoïdie

Bernard Auriol et Monique Pagès-Bord

 

 

L'épilepsie et son éventuel corollaire l'épileptoïdie paraissent constituer un sujet d'étude privilégié pour l'élucidation d'un certain nombre de problèmes caractérologiques théoriques et pratiques, en raison de l'existence de formes symptomatiques, liées à la survenue de lésions neurologiques anatomiquement objectivables, et de formes "idiopathiques" dont il semble qu'on puisse légitimement affirmer le caractère "constitutionnel", héréditaire, au moins au niveau d'un terrain prédisposant (Wallon, Minkowska, Mauz, etc.).

Son intérêt pour le caractérologue est encore augmenté si l'on considère qu'elle s'accompagne fréquemment de troubles du caractère aussi bien que de troubles neurophysiologiques (Falret et Féré, Minkowska, Mauz).

Pour H. Ey, sa définition physiologique la caractérise par l'existence de crises, contemporaines d'une décharge en masse d'un groupe de neurones cérébraux ou de leur totalité, momentanément affectés d'une synchronie excessive.

Elle est également susceptible d'une définition neurologique : ce sont les manifestations convulsives de cette hyper­synchronie, ou leurs équivalents. Il reste encore une définition psychiatrique, « d'une part les aspects de la destructuration de la conscience en rapport avec les crises, et d'autre part les modifications de la personnalité éventuellement associées à ces troubles ».

En effet, si les épileptiques ne présentent pas toujours des troubles du caractère (la c glyschroïdie » ou l'épileptoïdie), ces derniers paraissent beaucoup plus fréquents chez eux que dans l'ensemble de la population...

Il paraît, à l'heure actuelle, difficile de décider s'il faut attribuer ces troubles à un « terrain » responsable de la comitialité, c'est-à-dire à une « épileptoidie » encore hypothétique, s'ils ne sont que la conséquence des difficultés d'adaptation sociale que rencontre le comitial en raison de ses crises, si leur origine est essentiellement iatrogène, s'ils résultent des lésions cérébrales qui atteignent nombre de ces sujets (alors même qu'il ne serait pas nécessairement question de lésions épileptogènes) ou si, plus probablement, il ne s'agit pas de l'intrication variable de cet ensemble de facteurs qu'on regroupe avec quelque abus sous un chapeau commun...

Pour Henri Ey, il existe une «manière d'être au monde » propre à l'épileptique et elle imprime aux perturbations de son comportement une physionomie assez particulière.

Classiquement, sur un fond de « viscosité », de « stase affective », de bradypsychie, de rigidité, de persévération on est frappé de se trouver affronté à l'explosivité, l'impulsivité et parfois l'extrême violence qui en émergent. On sait que certains de ces paroxysmes constituent pour l'entourage un très réel danger pouvant aller jusqu'à la survenue d'actes médicolégaux.


publicité non évaluée par le Dr Bernard Auriol

 

Il paraît dès lors intéressant de voir s'il n'existerait pas un lien psychophysiologique qui rendrait compte et des crises, et des particulatirés comportementales.

On peut imaginer que l'analogie entre la bipolarité neurologique opposant, d'une part, la lenteur réactionnelle aux crises convulsives et la bipolarité psychologique opposant, d'autre part, la persévération et la bradypsychie à l'explosivité, on peut imaginer que cette analogie n'est pas seulement curieuse pour l'esprit, mais correspond à des troubles similaires quoique à des niveaux différents du fonctionnement psychocérébral...

Dans les deux cas, tout se passe en effet comme si des stimuli en nombre indéfini étaient acceptables pour un système X qui ne pourrait les décharger qu'à partir de l'obtention d'une certaine intensité énergétique capable de franchir un « seuil » lié àla nature des efférents du système ou de la jonction entre le système considéré et ses efférents. La particularité du fonctionnement implique une décharge brutale d'une énergie accumulée

les choses se passent comme s'il existait au niveau du fonctionnement psychophysiologique du cerveau épileptique un phénomène comparable à celui des "fontaines intermittentes" ou des bouteilles de Leyde (Henri Ey).

A la lumière des travaux de Moruzzi, Jasper, Davis, sur les variations du seuil convulsivant en fonction de certaines données biochimiques (hypoglycémie, alcalose, etc.), on a émis l'hypothèse que le franchissement de ce seuil ne se ferait pas comme il est physiologique de façon axono-dendritique, mais qu'il correspondrait à l'emprunt de voies anarchiques somito­somitiques par déficience de la structure habituelle de transmission.

Il n'est pas interdit de penser qu'interviennent aussi, on uniquement, des processus d'accumulation au niveau biochimique, suivis d'une libération massive de substances «actives »

On doit en effet prendre en considération le fait bien connu de l' «échappement » chez certains comitiaux apparemment convenablement traités et qui présentent un nombre de crises relativement important en un temps court après une longue période de « silence »... On doit également retenir le temps de latence fréquemment observé entre un traumatisme et « sa » comitialité... On ne peut davantage oublier que les mécanismes électro-physiologiques se rapportent à des durées probablement assez brèves (cf. les études sur la mémoire à court et long terme) alors que les mécanismes biochimiques peuvent porter sur des durées très brèves ou très longues.

Enfin deux arguments thérapeutiques font pencher actuellement notre conviction du côté de la biochimie : d'une part, il est devenu évident que la plupart des drogues anticomitiales efficaces agissent par le biais de leur action antifolique et indirectement - c'est notre hypothèse -en freinant la synthèse des acides ribonucléiques au niveau cérébral. D'autre part, l'action bénéfique des dérivés de l'ergot de seigle sur l'épilepsie et sur les manifestations de l'involution sénile semble passer par une diminution des synthèses ou du stockage à l'intérieur des cellules névrogliques. On sait par ailleurs (Bertrand) que les épilepsies anciennes s'accompagnent souvent de lésions gliales, en particulier au niveau de la corne d'Ammon.

En reprenant notre analyse de tout à l'heure, il serait tentant de dire que l'accumulation et la décharge brutale de «substances épileptogènes » correspondent au niveau psychologique au refoulement incessant et excessif de pulsions essentiellement agressives-érotiques : ce refoulement trop massif céderait de temps à autre ou plus exactement - la crise est inconsciente - le matériel accumulé se déchargerait sporadiquement à l'occasion d'un fléchissement de la vigilance corticale. On en rapprochera le fait que certaines drogues "antivigilance", tels les anesthésiques (gamma-OH par exemple), peuvent considérablement abaisser le seuil convulsivant et induire des crises comitiales chez des sujets apparemment sains...

L'ensemble des faits et des hypothèses qu'on vient de résumer suggère que l'épilepsie ne va pas sans une diminution de la plasticité des processus neurophysiologiques avec pour implication caractérologique une certaine secondarisation et peut-être un rétrécissement du champ de la conscience dû à la difficulté de circulation énergétique que nous avons soulignée.

Nous allons essayer maintenant d'aborder l'aspect proprement caractérologique de l'épilepsie : pour ce faire, nous nous attacherons à une conception phénoménologique de la caractérologie, laissant irrésolu et comme a entre parenthèses » le fait de savoir si le caractère est plus dépendant de la constitution génétique, de l'histoire individuelle, des données situationnelles ou de l'état biologique actuel de l'individu. Dès lors, la question ne se pose plus de savoir s'il est légitime d'utiliser cette discipline en regard de sujets malades que certains considèrent comme radicalement - et même ontologiquement - différents de l'homme "normal".

Essayons tout d'abord de confronter ce que la littérature médicale rapporte du comportement de l'homme épileptique aux différents facteurs de la caractérologie lesennienne (Ecole de Heymans-Wiersma-Le Senne)..

Tout d'abord il est admis que l'émotion peut jouer un rôle favorisant par rapport au déclenchement des crises, et même qu'elle pourrait constituer dans quelques cas l'étiologie déterminante (épilepsie psychosomatique).

Il devient dès lors probable que l'émotivité, autrement dit l'aptitude à être ému, joue un certain rôle au moins révélateur, et en conséquence que le degré d'émotivité (sous le couvert sans doute d'une apparence non émotive favorisant la somatisation : cryptémotivité) est probablement plus élevé pour l'ensemble des épileptiques que pour une population "au hasard".

La persévération qui comporte la lenteur de l'adaptation sensorielle et motrice représente une certaine forme de comportement "secondaire" ; nous aimerions plutôt parler d'étroitesse du champ de la conscience pouvant passer pour de la secondarité. Il en va de même pour la tendance à l'automaticité et à la stagnation.

Associées à la bradypsychie, ces caractéristiques évoquent également la non-activité... On peut se demander pourtant si ce n'est point la thérapeutique qui fait illusion en imprimant cet aspect au malade soumis aux drogues anticomitiales. D'ailleurs il convient de remarquer que ces sujets ont plus de mal à passer d'une activité à une autre en fonction de l'ambiance qu'à agir ou à s'exprimer. Nous voyons donc ici aussi plutôt une manifestation d'étroitesse du champ de la conscience que de défaut énergétique.

La difficulté de l'expression verbale s'explique aussi en partie par la pauvreté du vocabulaire et par la difficulté à faire saisir les nuances. Tout cela étant lié d'un côté à la médiocre capacité d'abstraction et de symbolisation que remarque Wallon.

L'impression de non-largeur est encore accentuée si l'on considère l'adhérence au concret et la minutie tatillonne souvent retrouvées chez les comitiaux. De là aussi l'importunité déroutante, la réputation d'avoir un esprit entêté et même la variabilité de l'efficience au cours des épreuves psychométriques, soit que l'on considère un individu au cours d'examens successifs, soit que l'on compare les individus les uns aux autres...

Irritable, coléreux, fier, susceptible comme un émotif-actif ou comme un émotif - non-actif - non-large, il tend également à verser dans le pessimisme ce qui le rapproche plutôt du deuxième groupement que du premier. D'autant qu'il est également timide, très poli et méfiant, qu'il aime parfois le macabre et quil manifeste fréquemment une forte religiosité.

L'ensemble évoque pour nous un émotif - non-actif - primaire - non-large (nerveux étroit) sans exclure la possibilité du type passionné-étroit : il se pourrait même, à ce niveau de l'analyse, qu'alternent ces deux types au sein du même individu, suivant les secteurs de sa personnalité mis en cause par la situation.

Il est intéressant d'évoquer ici le problème de l'hystéro­épilepsie, entité un moment oubliée mais que les recherches modernes (1975) remettent en honneur : elle est caractérisée par la survenue de crises comitiales sur un terrain de névrose hystérique. On trouve chez ces sujets diverses formes de crises : comitiales vraies, hystériques typiques ou difficiles à classer dans l'une ou l'autre de ces catégories. On sait que le même problème permet d'apparenter certains phénomènes extrapyramidaux paroxystiques à l'hystérie.

L'association de l'hystérie et de l'épilepsie ne surprendra pas le caractérologue s'il admet avec Pierre Janet que ces deux affections ont pour dénominateur commun un rétrécissement du champ de la conscience et si l'on convient que de toute façon l'hystérie et peut-être l'épilepsie ont quelque rapport avec le type E-nA-P de Le Senne.

Il existerait chez les hystéro-épileptiques un balancement à l'égard de deux processus pathologiques liés, au moins au niveau d'une structure caractérologique analogue.

Une deuxième voie de compréhension caractérologique de l'épilepsie nous est ouverte par l'utilisation des méthodes projectives (Rorschach en particulier) ou réfractives (graphométrie).

Le Rorschach des épileptiques amène à distinguer

- un type « coarcté » caractérisé par la restriction de sa capacité émotionnelle, sa bonne adaptation sociale et l'absence de troubles graves du caractère, type retrouvé plus souvent dans l'épilepsie idiopathique ;
- et un type « extratensif » caractérisé par sa réactivité émotionnelle excessive, sa mauvaise adaptation sociale et la survenue plus fréquente de troubles mentaux, ce type serait plus fréquent dans l'épilepsie symptomatique.

Le caractérologue aura sans doute tendance à rapprocher le premier des types nE-S alors que le second s'apparenterait mieux aux E-nA-P.

Dans le premier cas le sujet dépourvu de réactions émotionnelles intenses apparentes et conscientes S'en expliquerait par ses crises qui représenteraient la somatisation de sa cryptémotivité ! Dans le second cas le sujet lésé au niveau d'un équilibre psychophysiologique antérieur plus ou moins solide manifesterait son incapacité d'intégrer les frustrations et réagirait tour à tour par les explosions caractérielles et les crises comitiales.

Minkowska souligne l'impétueux mouvement de cohésion et d'agglutination qui caractérise le comitial dans son interprétation des taches d'encre, nous allons retrouver une caractéristique semblable en graphométrie...

L'écriture compacte et le gribouillis « envahissant » retenus par H. de Gobineau parmi les 12 items du syndrome graphique épileptoïde renforcent l'opinion que nous avons formulée plus haut quant à l'étendue du champ de conscience des comitiaux. Ania Teillard l'interprète comme l'indice d'une «crispation, de concentration, de sens du réel, de lourdeur ».

L'inclinaison excessive (+ de 70°) mais régulière est en faveur de la secondarité, mais aussi de l'étroitesse. Associée au mouvement cursif et dynamique, aux lancements, au trait large, appuyé, à la raideur des traits et des liaisons, elle évoque le passionné étroit. L'étroitesse est encore marquée au niveau de la préférence pour la calligraphie scolaire et par l'ordonnance défectueuse.

Il faut noter qu'à plusieurs niveaux on pourrait considérer cet ensemble graphique comme primaire ou non actif ; dès lors il ne reste d'assurées que la non-largeur et l'émotivité. Admettons pour l'instant qu'il n'est pas possible d'exclure une alternance en secteur des comportements nA-P et A-S.

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Nous avons recherché le type caractérologique que se reconnaissent les épileptiques hospitalisés au Service de Psychiatrie de l'Hôpital de Montauban, en leur posant les questions proposées par Gex.

Les 15 sujets que nous avons interrogés (et ce nombre faible nous a grandement étonné, tant nous étions persuadés que le service en hébergeait le double ou le triple : mais ils font beaucoup parler d'eux !) ont répondu de manière significativement négative aux questions suivantes

- les autres me considèrent paresseux;
- j'ai du goût pour les systèmes abstraits, les théories ;
- je suis cordial, exubérant, démonstratif en société ;
- j'ai tendance au gaspillage ;
- j'ai le goût de la moquerie, de l'ironie à base de scepticisme ;
- j'ai besoin d'agir en de multiples domaines ;
- je suis indifférent au passé et à l'avenir;
- les autres me trouvent séduisant et recherchent ma société ;
- je désire étonner, attirer l'attention.

Toutes ces affirmations qu'ils jugent ne pas leur correspondre font référence aux types primaires. Leurs réponses négatives indiquent donc qu'ils refusent de se reconnaître tels. Seule la question à propos des systèmes abstraits et des théories est propre aux secondaires, à notre avis, s'ils la refusent c'est surtout en raison de l'étroitesse du champ de leur conscience.

Par contre ils répondent plutôt « vrai » que « faux » aux questions suivantes

- j'aime la nature ;
- j'ai les sentiments vifs, changeants, mobiles, l'humeur variable ;
- j'ai confiance dans l'expérience et non dans les systèmes ;
- les autres reconnaissent aisément ma loyauté et ma franchise ;
- j'ai tendance à ruminer les événements passés.

La deuxième et la troisième de ces questions sont typiquement « primaires » si bien que nous serions tentés de voir dans la primarité refusée de la première série de questions et dans la contradiction apparente de la deuxième série un reflet instantané d'un déroulement historique qui aurait contraint ces sujets à passer de la primarité à la secondarité, laquelle serait donc superficielle, acquise et non congénitale. Il ne s'agit pas ici de supposition gratuite s'il est vrai que les comitiaux jeunes enfants sont instables, dispersés, turbulents, etc.

Au cours de la passation du questionnaire de Gex, nous avons été frappés par la difficulté qu'éprouvent ces sujets à répondre aux questions du type : «les autres disent de moi... », comme s'ils étaient incapables de connaître l'impression produite par eux-mêmes sur autrui : donc difficulté de prise de distance et de symbolisation, incapacité de « se mettre dans la peau » de l'observateur... La réponse est souvent « comment voulez-vous que je sache ? » ou bien le sujet rapporte des paroles généralement insultantes à son endroit que tel ou tel lui a dites. Les autres en général n'existent pas, mais l'autre un tel ou un tel... Nouvel indice de la difficulté d'abstraction, de généralisation, de « vue d'ensemble »...

Si nous comparons le Gex de nos 15 épileptiques à celui que nous avons étudié pour une communication au Congrès Caractérologie et Psychiatrie (organisé à Monaco en avril 1969 par l'Association méditerranéenne de Psychiatrie et par l'Association internationale de Caractérologie) de 65 schizophrènes, nous constatons que les épileptiques se reconnaissent significativement plus souvent violents et ruminant sur leur passé, moins souvent calmes et pondérés, capables d'abstraction, conciliants ou attachés à une vie simple.

Ils se voient significativement plus passionnés et moins amorphes que les schizophrènes ; paradoxalement, ils apparaissent plus constamment secondaires que ces derniers. Au niveau de leur auto-observation, les comitiaux apparaissent comme des passionnés étroits...

A trois exceptions près cependant, colériques paranerveux qui sont les seuls dans notre population à être étiquetés « hystéroépileptiques »...

Les différentes démarches que nous avons faites jusqu'ici nous amènent à une convergence qui fait de l'épileptique un E-nA-P-nL (nerveux étroit), un E-A-S-nL ou une sorte de « chimère » combinant ces deux types largement contradictoires.

L'émotivité et la non-largeur semblent les éléments les plus constants ! Tous participent peu ou prou du passionné en dehors de trois hystéro-épileptiques perçus dans leur entourage comme bien plus nettement « immatures ».

Nous pensons que la non-largeur entraîne une surestimation de l'activité et du retentissement liée à une sorte de spécialisation rigide de l'activité.

Nous pensons que le traitement caractérologique doit viser à élargir le champ de conscience de ces sujets, à atténuer leur émotivité de fond, alors même qu'elle reste masquée et pour cela les méthodes de relaxation (la yogathérapie en particulier) et les procédés de la sémantique générale de Korzybski nous paraissent les plus adéquats : ce sont eux qui nous ont, en tout cas, donné les meilleurs résultats.

Au terme de ce travail, et en tenant compte de l'essntiel de ce qui a été écrit sur l'épileptoïdie, nous proposerons un schéma de caractérologie structurale à visée synthétique

L'épileptoïde "constitutionnel" serait du type E-nA-P-nL ce qui implique une insuffisance du frein cortical, rend compte de l'instabilité psychomotrice de l'enfant atteint et implique une focalisation excessive de la vigilance corticale : la vie psychique paraît cloisonnée, il y a densification des frontières au sens de Lewin et ce qui ne peut se faire jour au niveau de l'expression motrice expressive se décharge en crises généralisées ou en "absences". La difficulté de symbolisation et d'abstraction, l'impossibilité de "prendre de la distance" rendent difficile l'intégration des frustrations et entraînent cette alternance d'attitudes trop caressantes ou trop coléreuses qu'on reconnaît chez l'enfant comitial.

L'entourage et surtout les parents de cet enfant sont plus ou moins consciemment terrifiés par ce morbus sacer, ces crises pendant lesquelles il paraît "capable de tuer, en mourir et renaître" (phase tonico-clonique, phase stertoreuse, reprise de conscience). Son agressivité et son érotisme paraissent soudain s'exprimer sans contrôle. L'entourage, pourtant conscient du caractère pathologique de ces crises, y réagit ultérieurement soit par une attitude excessivement punitive, répressive comme pour étouffer le flux pulsionnel "dans l'oeuf" , soit au contraire par une attitude d'hyperprotection effrayée tout aussi aliénante.

Il en résulte chez le petit malade la constitution d'un Surmoi terrifiant et excessif tendant à l'inhibition indifférenciée de toute expression en dehors d'un certain nombre de schèmes éducatifs précis : il s'agit d'un "conditionnement de fer" dans une optique pavlovienne.

La sublimation, interdite pour la plus grande part par la difficulté d'accès au symbole, les pulsions n'ayant que des possibilités de réalisation extrêmement limitées, la répression constante entraînent la bradypsychie, une secondarité apparente acquise, un rétrécissement surajouté du champ de conscience.

Les pulsions accumulées (multiples et de grande force) débordent parfois (ou fréquemment) la barrière d'autant plus fragile que le sujet dispose de moins d'énergie surmoïque et dans ce cas l'explosivité caractérielle domine le tableau clinique.

Lorsque cette expression psychomotrice et caractérielle des pulsions est impossible ou très difficile, l'énergie disponible se somatise et la fréquence des crises en rend compte.

Le traitement anticomitial a pour effet d'espacer, voire de supprimer les crises, et probablement d'accentuer la " glyschroïdie " (explosivité-viscosité)...

L'ensemble de notre travail ne dépasse évidemment pas le stade de l'hypothèse mais donne de sérieux arguments pour dire que l'épileptoïde naît nerveux étroit pour mourir passionné étroit...

Sur divers aspects caractérologiques de l'épileptoïdie, La Caractérologie N° 17 - P.U.F. pp.79-89 (2° trimestre 1975)

Que penser de la glischroïdie ? Quels liens peut-on dégager entre les mécanismes neurophysiologiques et les tendances caractérologiques qu'on relève fréquemment chez les sujets soumis à des crises comitiales ? Ces liens se vérifient-ils sur le terrain statistique ?

 

 

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MAJ 28 Octobre 2013