Analyse par catégorie
1.1 – Approche
globale
Vingt-six personnes relèvent de cette catégorie; parmi elles, quatre n'ont
jamais travaillé.
Les données ci-dessous porteront donc sur les 22 personnes
ayant eu une expérience professionnelle
Durant ces quinze
dernières années, 79 contrats ont été signés, soit une moyenne de 3,6 contrats
par personne.
Nombre
de contrats par type d'entreprises
-
46% de contrats signés dans le privé (dont 7 par le biais des agences
intérimaires), - 32% des contrats sont conclus dans le
milieu associatif (dont 4% dans les structures d'insertion par l'économique). C'est la seule catégorie dans laquelle
apparaît le milieu protégé. |
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Types
de contrats
Prédominance des CDD (85 %, dont 20% de
contrats aidés). Tous les CDI sont signés dans le privé
(dont 1 en atelier protégé). Cette catégorie fait peu de missions
intérimaires. |
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Répartition
temps plein/temps partiel
Il n'y a pas d'écart significatif entre
le nombre de contrats à temps pleins et ceux à temps partiels. Cependant, la majorité des contrats se
soldent soit par la maladie, soit par des démissions, ceci indépendamment du
fait qu'ils soient à temps pleins ou à temps partiels. |
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Cumul
du temps sous contrat
En cumulant la durée effectivement
travaillée, tous contrats confondus, déduction faite des arrêts maladie et
quelle que soit la durée hebdomadaire de travail, nous obtenons une moyenne
de 2 ans travaillés par personne, soit 13% du temps. |
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Durée
du temps effectivement travaillé
|
Nous
répertorions ici le nombre de contrats selon leur durée effective, déduction
faite des arrêts maladie et quels que soient le type de contrat et la durée
hebdomadaire de travail.
82%
des contrats ont une durée de moins d'une semaine à 1 an.
Maladie
en contrat
Les arrêts maladie se situent
majoritairement au cours de contrats longs et à temps pleins. La durée de ces arrêts est directement proportionnelle à la durée des contrats. |
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Motifs
de fin de contrats
Pour une majorité de fins de CDD dont
nous ne connaissons pas les causes réelles d'arrêt. Il y a une forte proportion de démissions, aussi bien sur des contrats à temps pleins qu'à temps partiels. |
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Les difficultés mises en avant par les TH MP comme
étant à l'origine de toutes ces ruptures sont :
-
Forte
fatigabilité,
-
Cadence trop
soutenue,
-
Pression,
stress,
-
Problèmes
relationnels,
-
Difficultés à
tenir dans la durée
Analyse qualitative
« Très éloignés »
1/ L’éloignement par rapport à l’emploi est important.
-
Les
personnes de cette catégorie ont peu travaillé : 2 années en moyenne dans les 15 dernières
années, soit 13% du temps.
-
Une longue
période d’inactivité professionnelle les sépare de leur dernier emploi (si l’enquête avait porté sur les 10
dernières années, la proportion de temps travaillé chuterait en dessous des
10%).
-
Les
intervalles entre les contrats sont longs, et les contrats sont de courte durée,
2/ Le TH MP de cette catégorie ne possède pas les
capacités de rendement et d’adaptation exigés actuellement par le monde de
l’entreprise.
-
Principales
difficultés :
§
Fatigabilité forte,
§
Problèmes
relationnels dans l’entreprise,
§
Tenir un
rythme,
§
Tenir dans la
durée,
§
Gérer la
pression, le stress.
-
Ils ont du
mal à mener un contrat à son terme et démissionnent, rompent en période d’essai ou tombent malades au
bout d’une durée relativement courte, que le contrat soit à temps plein ou
temps partiel.
-
Ils ont un
traitement médical lourd
qui amène beaucoup d’effets secondaires (fatigabilité, perte de vigilance,
troubles de la mémoire et de la concentration…) incompatibles avec un emploi.
3/ Le lien social passe pour ces personnes par les
activités extraprofessionnelles ou la formation.
-
Ils sont
très investis dans des activités de loisirs ou de bénévolat, parfois par le biais des ateliers
thérapeutiques ou dans des clubs d’usagers.
-
Ils
s’inscrivent dans des formations artistiques afin de s’investir dans des projets artistiques qui
souvent se confondent dans leur esprit avec une véritable formation
professionnelle.
-
Ils sont
dans une demande perpétuelle de formation, essayant d’atteindre un idéal de niveau toujours
repoussé plus loin, et de retarder sans cesse leur entrée dans le monde du
travail.
4/ Le milieu social dans lequel ils évoluent leur
permet de ne pas placer l’emploi comme une priorité.
-
Ils sont très
soutenus par leur entourage familial.
-
Ils viennent
d’un milieu social souvent aisé.
-
Ils sont
célibataires et n’ont pas de charges familiales.
-
Ils
perçoivent tous l’AHH.
Nous avons
divisé cette catégorie en trois groupes :
-
Les éloignés : (14
personnes), ainsi qualifiés car cumulant des difficultés qui augmente la
distance à parcourir pour accéder à l’emploi,
-
Les atypiques : (9
personnes), groupe de personnes ancrées dans des choix de vie les démarquant
des autres personnes,
-
Les « milieu protégé » :
(3 personnes) ayant une orientation COTOREP vers le milieu protégé.
|
Nombre de contrats par type d'entreprises
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Nous avons un total
de 79 contrats, ce qui représente une moyenne de 3 contrats par personne sur un
total de 26 personnes et de 3,6 contrats pour un total de 22 personnes (sortis
les 4 qui n’ont jamais travaillé).
32 ont signé dans
le privé, 26 dans les associations intermédiaires, 15 dans le public et 6 en
intérim.
A – Presque la
moitié des contrats sont signés dans le privé. L’autre moitié se répartit
presque équitablement entre le secteur public et le monde associatif.
L’intérim est très
peu représenté avec seulement 1 contrat.
B – 1/3 des
contrats sont signés dans des associations, ce qui est presque équivalent au
privé.
Peu de contrats
sont signés dans le public (4 sur 28), et dans l’intérim (5 sur 28).
C – Nous trouvons
autant de contrats dans le privé que dans les associations.
Le public est peu
représenté, avec seulement 3 contrats, dont 1 correspond à 1 CES et 2 à des
contrats contractuels.
2 personnes ont
travaillé en atelier protégé.
Types de
contrats
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A – La
majorité des contrats correspond à des CDD : 30 sur 39. Si l’on inclut les
missions intérims et les contrats aidés, cela donne ¾ des contrats.
¼ des contrat
est signé en CDI (7). Tous les CDI sont signés dans le privé, 1 dans dans un
atelier protégé.
B – Tous les contrats, hormis 1, sont des CDD.
Parmi eux, plusieurs correspondent à des contrats de
type intermittents, dans le milieu du spectacle. Ils correspondent à des
emplois de chanteurs, comédiens, à situer pour ce public, à mi-chemin de
l’implication artistique de loisirs et du salariat à proprement parler.
Le seul contrat en CDI est signé dans le privé.
C – Là encore nous trouvons une majorité de CDD, avec
seulement 3 CDI sur 17 contrats.
2 CDI sont signés dans le privé , et 1 est signé en
atelier protégé.
Répartition temps plein/temps
partiel
A – Les éloignés |
B – les Atypiques |
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C – Le Milieu Protégé |
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A – Nous trouvons
plus de temps pleins que de temps partiels, mais nous notons autant de ruptures
anticipées chez les uns ou les autres. La difficulté semble résider plutôt dans
la durée.
-
Seuls 8
contrats à temps plein sur 19 ont une durée supérieure à 1 an.
-
Seuls 2
contrats à temps partiel sur 15 ont une durée supérieure à 1 an.
B – Répartition
égale entre les temps pleins et les temps partiels.
-
Seul 1
contrat à temps plein sur 14 a une
durée supérieure à 1 an.
-
3 contrats à
temps partiel sur 14 ont une durée supérieure à 1 an.
C – Nous trouvons
plus de temps pleins que de temps partiels.
-
Seuls 5
contrats à temps plein ont une durée de plus d’1 an, et aucun pour les contrats
à temps partiels.
Cumul du temps sous contrat
et nombre de personnes
Période 1990 à 2005
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A – 11 personnes de ce groupe ont travaillé moins de 2
ans dans les 15 dernières années et 4
n’ont jamais travaillé.
2 personnes seulement ont travaillé entre 5 et 10 ans.
B – Nous trouvons une moyenne de temps travaillé assez
faible : 6 personnes sur 9 ont travaillé moins d’1 an.
Seule 1 personne a travaillé entre 5 et 10 ans.
C – Ces trois personnes ont été orientées vers le
milieu protégé. Cependant, même en milieu protégé, elles ne tiennent pas.
c) Commentaires
Durée
du temps effectivement travaillé et nombre de contrats
|
28 contrats sur 39
ont une durée de moins d’un an.
Parmi eux, 13, sont
d’une durée inférieure à 3 mois, et 4 de moins d’un mois, soit près de la
moitié des contrats.
Ces 28 contrats
correspondent à l’ensemble des CDD mais aussi à une partie des CDI.
Nous trouvons un
seul contrat d’une durée supérieure à 5 ans.
En moyenne, seul 1
contrat sur 6 a une durée supérieure à 1 an.
|
La grande majorité
des contrats (24 sur 28) a une durée de moins d’un an. 1/3 de ces contrats (8
sur 24) sont d’une durée inférieure à 3 mois.
Aucun contrat
n’excède 2 ans, ce qui correspond au type de contrats signés ; en majorité
des CDD. En moyenne, seul 1 contrat sur 8 a une durée supérieure à 1 an.
|
C’est le groupe
pour lequel nous trouvons le plus grand nombre de contrats d’une durée
supérieure à 1 an (5 sur 12). Cependant, 5 contrats ne dépassent pas les 3
mois.
Hormis un contrat
d’une durée comprise entre 5 et 10 ans, la durée des contrats n’excède pas 2
ans.
Nous relevons une
difficulté à tenir un contrat dans la durée. Cependant, c’est dans ce groupe
que l’on trouve proportionnellement le
plus grand nombre de contrats d’une durée supérieure à 1 an (5 sur 12) soit
environ 1 contrat sur 3.
Maladie en
contrat
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A – Le type de
contrat ne semble pas avoir une incidence significative sur le nombre d’arrêts
de travail :
- 3 en CDI
- 5 en CDD (dont 1 en
CES et 1 en CEC)
B & C – Un
seul arrêt de travail pour chacun de ces groupes, ce qui s’explique au regard
du faible nombre de contrats.
Motif de fin de contrat
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A – Sur 39
contrats, nous trouvons 11 contrats rompus par démission, soit 1/3.
Sur ces 11
démissions, 8 correspondent à des CDI, 3 à des CES. 8 de ces démissions
interviennent au cours des 6 premiers mois de contrat.
7 contrats ont dû
être interrompus pour maladie, dont 3 correspondent à des CDI. Sur les 11 CDI
signés, 8 ont abouti à des démissions, 3 à des périodes de maladie qui se sont
soldées par des licenciements.
Seuls 18 CDD ont
été menés jusqu’à leur terme, soit seulement la moitié.
2 licenciements sur
3 interviennent au cours des 6 premiers mois.
Nous relevons 1
rupture en période d’essai à l’initiative du TH MP, que nous pouvons
comptabiliser au nombre des démissions.
B – Nous trouvons
une majorité de fins de contrats à mettre en liaison avec la courte durée de
ces contrats.
3 démissions :
1 en période d’essai, alors que la personne était en CAT (n’a plus, depuis,
l’orientation en milieu protégé). 1 au bout d’un mois de CDD car le travail
était trop dur physiquement. 1 en CDI.
A noter que le seul
CDI signé par ce public aboutit à une démission.
C – Là encore
prédominance des fins de CDD.
Les 2 démissions et
la rupture pour maladie correspondent aux 3 CDI (1 démission se situe au moment
du déclenchement de la maladie).
1.3
– Commentaires par groupe
Groupe A « Les éloignés »
Ce
groupe n’a fait aucune formation qualifiante depuis 15 ans. Les seuls stages
suivis correspondent à des stages d’insertion, comme en particulier le DAP. Il
est d’ailleurs intéressant de souligner que plusieurs personnes ont bénéficié
de la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) pour pouvoir
intégrer ce dispositif (ceci étant un critère d’entrée obligatoire), et y
vérifier leur capacité à s’insérer dans le monde du travail.
Ces
personnes s’investissent beaucoup dans des activités extraprofessionnelles. Il
y a comme un surinvestissement dans les activités artistiques, bénévoles ou de
loisirs, parfois par le biais d’ateliers thérapeutiques). Deux personnes
seulement ne pratiquent aucune activité extraprofessionnelle mais réclament une
aide pour en faire.
Les
périodes d’hospitalisation, assez fréquentes et régulières, sont vécues par
certains comme une « retraite médicalisée en psychiatrie »,
retraite à entendre dans le sens de repos qui permettrait de « penser à
soi avant de penser au travail ».
En
même temps, cette pause est pour certains l’occasion de faire des rencontres,
de se détendre, de participer à des
activités de sport et de loisirs. Il est intéressant de remarquer que nous
trouvons plusieurs personnes qui voyagent assez dans cette catégorie, et que
pendant ces voyages, ils disent ne pas être en crise.
Lorsque nous
regardons les cartographies dont nous nous sommes servies, nous constatons que
pour certains, s’il n’y a pas de départ en vacances, nous trouvons à la place
une hospitalisation, comme si l’hospitalisation était une coupure avec la
réalité au même titre qu’un séjour touristique.
Ce
groupe met en avant beaucoup de problèmes relationnels dans l’entreprise au
cours des contrats qu’ils ont effectués. Ces problèmes sont de deux
sortes : soit les personnes sont en conflit permanent avec les collègues et présentent un refus de la
hiérarchie, soit il y a une absence totale de conflit externe mais une grande
soumission. En résumé, les uns extériorisent le conflit avec les résultats que
l’on sait sur les contrats de travail, et les autres l’intériorisent, ce qui
peut aussi avoir des conséquences lourdes pour la personne.
Toutes
les personnes de ce groupe sont suivies par un psychiatre, et sont sous
traitement médical, souvent très lourd et ayant des effets secondaires.
Enfin, ce sont des
personnes qui sont très entourées au niveau familial et qui viennent pour la
plupart d’un milieu social aisé.
Groupe B « Les atypiques »
Atypiques,
pourquoi ? Le dictionnaire définit ce terme comme « qui n’a pas de
type déterminé permettant une identification, un classement ». Ces
personnes, en effet, si elles regroupent quelques uns des critères communs qui
nous ont servi à définir nos catégories, s’en démarquent pour d’autres. Nous avons
cependant choisi de les classer avec la catégorie des personnes « très
éloignées de l’emploi » au regard de la faible durée de leur activité
professionnelle, et des caractéristiques des contrats qu’ils ont signés.
Atypiques
dans leur choix de vie : on retrouve dans ce groupe des artistes
(peintres, comédiens), des animateurs socio-culturels, des animateurs radio.
Ces choix d’activités professionnelles leur permettent d’évoluer dans des
milieux où l’intermittence est souvent la norme. Ceux-là sont dans une
recherche farouche de singularité. D’autres ont construit leur projet
professionnel autour d’une idée fixe. Il s’agit pour eux de travailler dans un
endroit particulier, un organisme bien précis, comme par exemple la CPAM, la
Mairie.
Ces
personnes, qui mettent en avant très peu de difficultés (2 disent n’en avoir
aucune) sont pourtant assez suivies (entre 3 et 5 professionnels, allant du
médical au socioprofessionnel, une seule personne n’en ayant aucun), mais ce
suivi ne sert pas ou très peu à la réinsertion professionnelle.
Plusieurs
parmi eux multiplient les formations qualifiantes. Leur activité principale
n’est pas de travailler mais d’être sans cesse en train de se former ou de
réclamer une formation, formation qu’ils obtiennent la plupart du temps. Ils
mettent en effet en avant que la cause principale à leur difficulté à accéder à
l’emploi est liée à un manque de formation ou à une formation inadaptée. Ils
demandent sans cesse à travailler leur projet professionnel. On constate
pourtant qu’une fois qu’ils ont suivi leur formation, ils ne s’en servent pas
pour accéder à l’emploi. L’objectif semble être toujours la recherche d’un
nouveau diplôme.
Ainsi, ils
repoussent toujours davantage leur entrée dans le monde du travail. C’est comme
s’ils s’imposaient sans cesse un nouvel idéal de formation impossible à
atteindre. Leur « surqualification » ne leur sert jamais à accéder à
l’emploi.
Les
personnes de ce groupe sont très investies dans des activités
extraprofessionnelles, souvent artistiques. Certains ont d’ailleurs parfois
tendance à confondre un stage court
d’une discipline artistique (chant, théâtre) à une véritable formation
professionnelle. Les deux se confondent dans leur esprit, les confortant dans
l’idée qu’ils mettent en place des actions nécessaires à leur future insertion
professionnelle idéalisée.
Ils
sont dans le déni de leur handicap psychique, mais ils présentent la plupart du
temps des troubles psychosomatiques associés qu’ils vont mettre en avant pour
expliquer leur reconnaissance travailleur handicapé. Ils arrivent d’ailleurs
souvent à donner le change, en présentant à priori tous les gages de la
normalité, ce qui leur permet parfois d’arriver à s’inscrire dans des réseaux
professionnels sur une courte période, souvent artistiques ou d’animation.
Nous constatons pour ce groupe une
grande disparité au niveau de l’entourage familial, certains disent être
totalement isolés, d’autres au
contraire très soutenus.
Groupe C
« Le milieu protégé »
Trois
personnes seulement constituent ce groupe : nous les avons distinguées des
autres en raison de leur orientation COTOREP vers le milieu protégé. S’il est
avéré par cette orientation que ces personnes sont inadaptées au travail en
milieu ordinaire, il est important de constater que le milieu protégé semble
également présenter des exigences trop fortes pour elles en terme de
rentabilité et de rendement, puisque les essais qu’elles ont fait n’ont pas été
concluants.
1.4 –
Commentaires généraux sur la catégorie
« Très éloignés de
l’emploi »
Si certaines
personnes de cette catégorie ont travaillé plusieurs années, nous constatons
que ces emplois se situent dans la chronologie de leur parcours avant le
déclenchement de la maladie. Si l’on avait effectué notre étude en remontant
seulement sur les dix dernières années, et non pas sur quinze, cette proportion
de 13 % chuterait encore pour passer en dessous des 10 %.
Les personnes de
cette catégorie, très éloignés du monde du travail par le peu d’expérience
professionnelle qu’elles cumulent, le sont également par la longueur de la
période d’inactivité professionnelle qui les sépare de leur dernier emploi. Sur
un total de 22 (hormis les 4 qui n’ont jamais travaillé), 14 n’ont pas
travaillé depuis plus de 4 ans.
Si l’on considère
les exigences énoncées par les entreprises, qui se définissent en termes de
compétences professionnelles et d’adaptabilité, on peut considérer que cette
population est loin des critères d’employabilité actuellement en vigueur.
En examinant les
parcours plus en détail, nous constatons que 6 personnes ont travaillé dans les
trois dernières années. Nous pourrions penser que ces personnes possèdent
encore de compétences professionnelles qui pourraient être réactivées.
Cependant, une analyse plus fine laisse apparaître que pour ces
personnes :
-
1 personne a travaillé seulement 1 mois, il y
a un an à mi-temps et a démissionné en période d’essai.
-
1 personne a travaillé 3
mois (il y a 1 an). Sa dernière expérience remontait avant ça à 5 ans (1 mois
de contrat). Cette personne totalise sur les 11 dernières années 4 mois de
travail.
-
1 personne a travaillé 3
mois (il y a 3 ans) en atelier protégé et bénéficie depuis d’une pension
d’invalidité 2ème catégorie.
-
1 personne a travaillé 2
mois en CES et a démissionné car elle ne pouvait pas tenir à mi-temps. Sa
dernière expérience remontait à plus de 5 ans.
-
1 personne a travaillé 2
ans en CES. Il n’avait pas travaillé depuis 7 ans.
-
1 personne a travaillé 6
mois (il y a 1 an) et 1 mois (il y a 2 ans). Elle n’avait pas travaillé depuis
17 ans.
Il apparaît que
pour cette catégorie même si certaines personnes ont tenté d’intégrer le monde
du travail, la distance qui les séparait de l’emploi était trop importante pour
éviter l’échec. Cet intervalle très long d’inactivité les sépare toujours plus
de l’insertion professionnelle.
Les personnes de
cette catégorie ne cherchent pas à travailler en contrat aidé. A cela nous
avons deux hypothèses : d’une part la durée des contrats qui peut être
considérée comme trop longue, d’autre part la connotation négative (public en
grande difficulté) qui est liée à ce type de contrats. Cette connotation peut
rentrer en contradiction avec la reconnaissance sociale à laquelle certains
aspirent.
Fait marquant
également pour cette catégorie : l’incapacité à tenir en CDI. Sur un
totale de 12 CDI, 8 se sont soldés par des démissions, 3 par une période de
maladie suivie d’un licenciement, et 1 est du à des causes économiques.
La durée des contrats ne paraît pas
avoir une incidence, car ceux-ci sont parfois moins longs que des CDD. Est-ce
la notion de « temps indéterminé » qui provoque l’inquiétude chez le
TH MP et le pousse à la démission ?
Ces CDI se situant
presque tous dans le privé, on peut penser que le monde de l’entreprise a des
exigences en terme de rentabilité qui ne correspondent pas à la capacité de
rendement et d’adaptation qu’il peut fournir.
Ces résultats nous
interrogent quant à la pertinence de continuer à mettre en place pour certains
des dispositifs visant l’insertion professionnelle, alors qu’ils sont investis
depuis des années sur le lien social, par le biais d’activités de loisirs ou de
bénévolat.
Impératifs divers, souvent financiers,
pressions sociales ou familiales viennent parfois bousculer le relatif
équilibre trouvé. « L’obligation » à rechercher un emploi peut
avoir pour conséquence une réactivation des troubles, et aboutit presque
toujours à un échec.
Plusieurs personnes
interrogées ont mis en avant l’inquiétude dans laquelle les plonge la durée
limitée dans le temps de l’AAH. L’improbabilité du renouvellement de l’AAH,
véritable revenu de subsistance, est un facteur de recherche d’emploi, même si
la personne n’est pas prête.
Plusieurs se sont exprimées dans le
sens où une attribution à vie (toutefois revalorisé, le montant de l’AAH était
trop faible à leurs yeux), les amènerait à cesser toute recherche d’emploi et à
se consacrer exclusivement à des activités extraprofessionnelles. Pour citer
l’un d’entre eux « travailler, ce n’est pas fondamental », « si
l’AAH était plus conséquente, je ne chercherais pas de travail ».
En conclusion, nous
pensons que les causes endogènes jouent un rôle prépondérant pour les personnes
de cette catégorie. Les problèmes liés à la pathologie psychologique sont fréquents
et s’inscrivent dans la durée. Pour reprendre une phrase empruntée à un
professionnel du soin au cours du forum de septembre 2005 organisé par
l’association Croix Marine sur le thème « Employabilité et santé
mentale » : « L’emploi n’est qu’une forme particulière de travail ».
Cette formulation nous paraît bien
convenir à ces personnes, qui trouvent dans les activités extraprofessionnelles
une forme de travail, et contribuent ainsi à la vie sociale.
La question se pose alors en ces
termes : quelle rétribution pour cette contribution ?
1.5 – Portrait-type de la catégorie 1 : « Très éloignés
de l’emploi »
C’est un homme, célibataire sans enfant, qui a 40 ans et possède le niveau IV, il a travaillé de façon discontinue
seulement deux ans sur de courtes missions au cours des quinze dernières
années.
Souvent il a travaillé dans le privé mais
aussi dans le milieu associatif en tant qu’agent, aide ou auxiliaire. Il ne
souhaite pas travailler de façon « classique » plutôt s’investir
dans des activités extraprofessionnelles : loisirs, activités artistiques
et/ou faire du bénévolat « dilué ».
Il est fréquemment hospitalisé, souvent à
sa demande, il prend un traitement médicamenteux souvent lourd avec des effets
secondaires : asthénie, tremblements, sécheresse buccale, etc… Son handicap
peut être visible.
Il rencontre souvent des problèmes
relationnels, il manque de souplesse et d’adaptabilité. Il vient d’un milieu
social plutôt aisé, est très soutenu par sa famille et son entourage proche. Il
est suivi par au moins trois acteurs du milieu médico-socio-professionnel. Il
argumente et s’exprime très bien, il possède le sens de la rhétorique. Tourné
vers le social, il cherche à s’impliquer dans des activités associatives où il
peut trouver une reconnaissance sociale. Il est bénéficiaire de l’allocation
aux adultes handicapés et il ne cesse de réclamer une revalorisation de son
montant.
Aménagements demandés :
Il utilise le conditionnel quand il s’image
au travail « si j’avais tel diplôme, si j’avais tel travail, si j’avais
une voiture… ». Il préfère travailler seul plutôt qu’en équipe, à mi-temps
et parfois moins d’un mi-temps. Il demande une période d’adaptation longue et
progressive avec la possibilité de revenir en arrière, mais aussi une
progressivité quant à la montée en charge de la complexité des tâches à
effectuer.
Accompagnement sollicité :
Il souhaite l’intervention d’un
accompagnateur compréhensif, à
l’écoute, patient, disponible et qui lui porte une attention particulière…
L’accompagnateur doit posséder une connaissance
de la pathologie psychique mais aussi une bonne appréhension du milieu
socioprofessionnel afin de venir l’aider concrètement dans toutes les démarches
qu’il doit faire : notamment toutes les démarches de renouvellements
d’AAH, de RQTH… car sa mémoire lui fait souvent défaut.
Représentation du tutorat :
Il veut un tuteur qui aurait en même temps un rôle « d’assistant » (et non d’assistance) et qui exercerait le rôle de médiateur afin de lui faciliter un bon relationnel avec les collègues et la hiérarchie.
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