2.1 – Approche globale
Dix-huit personnes
constituent cette catégorie. Toutes les
données relevées sont des données cumulées sur les 15 dernières années
(1990/2005).
Durant ces quinze
ans, 104 contrats ont été signés, soit une moyenne de 5,8 contrats par
personne.
Nombre
de contrats par type d'entreprises
56% de contrats signés dans le privé
(dont 20% par le biais des agences intérimaires) Les secteurs publics et associatifs sont
investis à part presque égale. |
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Types
de contrats
(Nous avons additionnés les contrats signés en
associations intermédiaires au nombre des CDD). Nous observons une nette prédominance des
CDD. C'est la catégorie dans laquelle nous
trouvons le plus grand nombre de contrats aidés (28). |
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Répartition
temps plein/temps partiel
La majorité des contrats sont à temps
pleins : 22% ont une durée de plus de 1 an. Pour les contrats à temps partiels : 64%
ont une durée de plus de 1 an. Cette catégorie tient difficilement en emploi
sur des postes à plein temps. La majorité se situe autour du mi-temps.
Au-delà, les contrats aboutissent à la démission, au licenciement parfois à
la maladie. |
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Cumul
du temps sous contrat
En cumulant la durée effectivement
travaillée, tout contrat confondu, déduction faite des arrêts maladie et
quelle que soit la durée hebdomadaire de travail, nous obtenons une moyenne de 6 ans par personne passés à
travailler, soit 39 % du temps. |
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Durée
du temps effectivement travaillé
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Nous
répertorions ici le nombre de contrats selon leur durée effective, déduction
faite des arrêts maladie et quels que soient la durée hebdomadaire de travail
et le type de contrat.
72%
des contrats ont une durée de moins d'une semaine à 1 an.
Maladie
en contrat
Nous trouvons un total de 13 arrêts
maladie dont la moitié est de courte durée (moins de 1 mois). Les périodes de maladie se situent pour
la plupart en dehors des temps d'activité professionnelle. |
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Motifs
de fin de contrats
(102 contrats car 2 personnes toujours en
emploi) Nous observons une majorité de fins de
CDD (64%) dont nous ne connaissons pas les causes réelles. Seul 1 licenciement sur 10 est dû à des
raisons économiques. |
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Les difficultés mises en avant par les TH MP comme
étant à l'origine des autres fins de contrats sont :
- tenir un rythme soutenu,
- assumer des responsabilités,
- d'ordre relationnelles
ANALYSE QUALITATIVE « à mi-chemin de
l’emploi »
1/ L’implication dans le
monde du travail se fait à mi-temps.
-
Les
personnes de cette catégorie ont
travaillé 6 années
en moyenne dans les 15 dernières années, soit 39% du temps.
-
Les
contrats qui tiennent dans la durée sont des contrats à temps partiels, plutôt
des mi-temps. C’est le
maximum de temps qu’ils peuvent consacrer au travail. Au-delà, les contrats
aboutissent à la démission, au licenciement, parfois à la maladie.
-
Les
intervalles entre les contrats sont également de l’ordre du mi-temps. Il existe un lien entre la durée des
contrats et la durée du temps réparateur dont ils ont besoin. Il reste
difficile de faire la part des choses entre les causes endogènes et exogènes
concernant les périodes d’inactivité professionnelle. Nous pensons que les deux
se superposent et tendent à se confondre.
2/ Le handicap est
« visible » et constitue un frein pour accéder au monde du travail.
-
Ils
rencontrent des difficultés à passer la barrière de l’entretien d’embauche dans l’entreprise classique où ils sont
mis en concurrence avec les autres demandeurs d’emploi non handicapés par la
maladie psychologique.
-
Ils ont
des traitements médicaux qui ont beaucoup d’effets secondaires et les rend « visibles »
(tremblements, troubles de l’élocution, sudation intense, etc).
-
Ils
signent souvent des contrats aidés dans des administrations ou des associations car ils n’arrivent pas à
intégrer l’entreprise.
-
Ils
doivent attendre, entre deux contrats aidés, de cumuler un temps de chômage suffisamment long pour leur permettre
d’accéder de nouveau à un contrat de ce type.
3/ Ils réclament un
environnement de travail « bienveillant ».
-
Ils
travaillent dans le public ou le milieu associatif où la pression est moins grande.
-
Ils
rencontrent des difficultés :
§
A tenir un
rythme de travail
§
A assumer des
responsabilités
§
Relationnelles
§
A gérer la
pression, le stress.
-
Ils sont
très sensibles aux changements. Tout changement doit être planifié, préparé, négocié à l’avance.
4/ Ils cherchent à
travailler.
- Le travail représente un équilibre
pour eux, les cadre, les maintient. Ils tombent malades plutôt dans les
périodes d’inactivité professionnelle.
-
Le milieu
social duquel ils sont issus les pousse à travailler, ne serait-ce qu’en terme de nécessité
économique : certaines personnes de cette catégorie sont très isolées, les
autres sont soutenues financièrement par leur entourage mais souhaitent
subvenir en partie à leurs besoins par leur activité.
Nous avons divisé
cette catégorie en deux groupes :
-
les
« vulnérables » (9 personnes),
qualifiées ainsi au regard de leur grande fragilité
-
les
« équilibristes » (9 personnes), groupe de personnes arrivant à
trouver des points d’appui dans leur entourage.
|
Bien que nous trouvions beaucoup de
caractéristiques communes entre ces deux groupes, il y a toutefois des
différences notables quant à leur insertion dans le champ professionnel, c’est
pourquoi nous avons choisi des les distinguer. Chacun d’eux se trouve
actuellement à « mi-chemin de l’emploi ».
Nombre
de contrats par type d'entreprises
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Nous trouvons un
total de 104 contrats de travail, soit une moyenne de 5,7 contrats par
personne.
Le groupe A a signé 38 contrats, soit 4,2 contrats par
personne.
Le groupe B a
signé 66 contrats, soit 7,4 contrats par personne.
A
– Le secteur privé représente plus de la moitié des contrats de travail (inclus
l’intérim).
Il y a peu de
contrats signés dans le secteur associatif classique (bien que 2 personnes
n’aient travaillé que dans des associations).
Cependant 5
contrats sont signés dans des associations intermédiaires ou des entreprises
d’insertion ce qui correspond à 4 personnes.
B
– Le secteur privé arrive en tête des contrats avec un total de 31 contrats
(inclus les contrats intérimaires), avec plus de la moitié des contrats.
Le secteur public
est largement représenté avec 16 contrats, ainsi que le milieu associatif.
Aucune de ces
personnes n’est passée par les associations intermédiaires pour accéder à
l’emploi.
Type de contrat
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A –
Il y a une majorité de CDD : 30 sur 38 contrats.
Sur les 8 CDI
(dont 5 concernent seulement 2 personnes), 6 sont signés dans le privé, 2 dans
les associations.
3 personnes n’ont
jamais signé de CDI.
B
– Nous trouvons un très grand nombre des contrats aidés, presque exclusivement
des CES, qui représentent la moitié des 66 contrats.
Toutes les
personnes de ce groupe ont signé au moins 1 CES.
1 personne
totalise à elle seule 5 CES (cette personne n’a par ailleurs signé qu’un seul
autre contrat : 1 CDD de 1 mois), une autre 4 CES.
Les 6 CDI
correspondent à 4 personnes (1 personne a signé à elle seule 3 CDI).
Les missions
intérimaires, au nombre de 14, concernent 5 personnes. La moitié d’entre elles,
soit 7, sont signées par 1 seule personne.
Répartition temps plein/temps
partiel
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A – Il y a une
majorité de contrats à temps plein (29). Sur ces 29 contrats, 5 ont une durée
allant de 15 jours à 3 mois (17%), de 3 mois à 1 an (56%). 7 contrats ont une
durée comprise entre 1 an et 3 ans (24%). 1 a une durée de 7 ans ½ (3%).
9 contrats sont à
temps partiel : 2 contrats ont une durée comprise entre 15 jours et 3 mois
(22%). 5 ont une durée comprise entre 1 an et 3 ans (56%). 2 ont une durée
comprise entre 6 et 7 ans (22%).
B – Il y a une
majorité de contrats à temps plein (36). Cependant, sur ces 36 contrats, 9 vont
de 1 jour à 1 semaine (25%), 10 ont une durée comprise entre 2 semaines et 2
mois (28%), 12 ont une durée comprise entre 3 mois et 1 an (14%).
A l’inverse, pour les contrats à temps partiel (30),
seul 6 contrats font moins de 3 mois (20%), 6 ont une durée comprise entre 3
mois et 1 an (20%). 18 ont une durée comprise entre 1 an et 3 ans (60%).
Cumul du temps sous contrat
et nombre de personnes
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A
– Plus de la moitié a travaillé entre 5 et 10 ans.
La moyenne de
temps travaillé pour cette tranche est de 7,6 ans (sachant qu’une des personnes
travaille depuis 6 ans mais seulement 12 heures par mois).
2 personnes ont
travaillé pendant 9 ans (maximum de temps travaillé pour ce groupe).
B –
La majorité a travaillé entre 2 et 5 ans. 1 personne a travaillé 12 ans.
A noter que près
de la moitié du cumul du temps travaillé s’est déroulé en contrat aidé.
Durée du temps effectivement
travaillé et nombre de contrats
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A
– 2/3 des contrats sont de courte durée : 15 font
moins de 6 mois.
Nous trouvons 3
contrats de plus de 5 ans :
- 1 est toujours en cours actuellement. Il faut
cependant moduler ce chiffre en précisant que la personne en question travaille
dans une association intermédiaire et fait une moyenne de 12 heures de travail
par mois.
- 2 se sont soldés par une période de maladie longue.
B
– Prédominance des contrats de courte durée : 52
contrats sur 66 font moins d’un an, soit plus des ¾.
Sur les 9 contrats
de moins d’une semaine, 6 correspondent à des missions intérims, 2 à des CDI
avec rupture en période d’essai (concernant la même personne), 1 à un CDD dans
le privé.
Seuls 2 contrats
ont une durée comprise entre 5 et 10 ans.
Les 2 contrats
compris entre 2 et 3 ans correspondent à un CEC et un emploi jeune.
Les CES ont une
durée s’étalant de moins d’un mois (2), 3 à 6 mois (4), 6 mois à 1 an (9), 1 à
2 ans (8).
Maladie en contrat
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A –
Nous trouvons peu d’arrêts de travail, 3 font moins d’1 mois : ils se sont
passés en fin de CDD, et expliquent pour les TH MP la non-reconduction de
ceux-ci.
1 arrêt de 2 mois
qui a couru sur toute la durée du CDD, et 1 arrêt de 3 ans qui a abouti à une
inaptitude.
B –
2 arrêts de 1 à 6 mois ont conduit à des licenciements, l’autre à une
démission.
Les 3 arrêts de
moins d’1 mois se sont soldés par des hospitalisations. Intervenus en fin de
CDD, ceux-ci n’ont pas été reconduits.
1 arrêt long de 14
mois qui n’a pas permis à la personne d’occuper son poste puisqu’il est
intervenu au démarrage du contrat (CDI dans le privé) et s’est conclu par un
licenciement. C’est la même personne qui a un arrêt compris entre 6 et 1 an (9
mois).
Motif de fin de
contrat
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Nous trouvons à
présent un total de 102 contrats, 2 personnes (1 de chaque groupe), étant
actuellement en poste (une avec une association intermédiaire, l’autre en CES
dans une association).
A –
Nous avons une majorité de fins de CDD, qui montrent que peu de contrats ont
été pérennisés en CDI.
Les 3 démissions
et la rupture en période d’essai concernent la même personne (3 CDI et 1 CDD).
Les raisons avancées concernent une grande fatigabilité et l’impossibilité à
tenir le rythme demandé.
3 licenciements
sur 4 sont à imputer à la même personne. Ils ont été prononcés suite à de gros
problèmes relationnels dans l’entreprise. Le quatrième concerne une personne en
poste depuis plusieurs années dans l’entreprise, suite au déclenchement de la
maladie.
B
– Nous trouvons une part importante de fins de CDD.
8 démissions qui
concernent uniquement des CDD ou des missions intérimaires. 2 interviennent
dans le public, 2 dans les associations, 4 dans le privé.
6 licenciements
dont 3 seulement concernent des CDI dans le privé (1 pour faute grave, 1 accord
mutuel, 1 pour cessation d’activité), et 3 des CES (2 sont liés à des
interruptions de crédits dont le paiement des CES, 1 dont la personne ne se
rappelle pas la raison).
6 ruptures pour
maladie dont 1 seulement concerne 1 CDI, 4 des CDD et 1 mission intérim. Elles
se situent toutes dans des contrats signés dans le privé où la personne
travaille à temps plein. Les problèmes évoqués concernent le rythme trop
soutenu, des problèmes relationnels dans l’entreprise (la personne n’arrive pas
à expliquer ses difficultés, ce qui créé des tensions dans l’équipe), trop de
pression et de responsabilités dans le poste. Toutes les ruptures pour maladie
ont donné lieu à des hospitalisations.
4 ruptures en
période d’essai à l’initiative du THMP, dont 3 dans le privé et 1 dans le
public. Là encore, nous trouvons invoquées des problèmes de rythme et des
problèmes relationnels.
2.3 – Commentaires
par groupe
Groupe A « Les
vulnérables »
Ce
groupe, constitué de personnes très fragiles qui ont pour certains d’entre eux
un passé professionnel conséquent, présente une caractéristique qui nous paraît
essentielle : l’isolement. Sur neuf personnes, seul une est mariée. Toutes
les autres sont célibataires, séparées, divorcées. D’un faible niveau de
qualification (aucune ne dépasse le niveau V), ils font peu de formation ou les
arrêtent avant la fin. Une seule personne de ce groupe a suivi une formation
longue jusqu’à son terme. Par ailleurs, ils ne font pas d’activités
extraprofessionnelles.
Ainsi,
l’isolement prédomine, les privant des points d’appuis essentiels qui
pourraient leur permettre de s’inscrire plus durablement ou de manière plus
régulière dans l’emploi, font défaut. Bien que suivis par des professionnels
(en moyenne 2,6 suivis par personne) ils semblent moins en mesure que les
autres de mobiliser un suivi social.
Comme
pour la catégorie qui est très éloignée de l’emploi, la durée depuis le dernier
emploi est souvent conséquente. Deux personnes n’ont pas travaillé depuis 4
ans, une depuis 5 ans, deux depuis 6 ans, une depuis 7 ans. Cependant, ce qui
les différencie tient à ce qu’ils souhaitent trouver un emploi, et sont assez
rarement malades quand ils travaillent, comme si le travail les
maintenait : « si je ne trouve pas de travail pendant une longue
période, je risque de rechuter. »
Une
personne a fait du bénévolat trois jours par semaine pendant six mois :
elle a apprécié l’ambiance détendue, l’absence de pression. Cette même personne
a démissionné plusieurs fois de son emploi pour des problèmes de fatigabilité
et n’a pas pu pour la même raison mener une formation jusqu’au bout.
Toutes
ces personnes ont connu des périodes de maladie assez longues, avec des
hospitalisations de plusieurs mois. Elles sont actuellement toutes suivies par
un psychiatre. Une est également suivie régulièrement à l’hôpital de jour, une
est suivie par cinq spécialistes différents et est sous curatelle. Il s’agit de
la personne qui travaille environ 12 heures par mois, en CDI depuis 5 ans.
Cette régularité dans le travail, même si elle peut paraître dérisoire, l’aide
à définir un cadre dans sa vie. Le reste de son temps est presque entièrement
occupé par le soin. On peut considérer que c’est pour elle une forme d’activité
au même titre que le travail ou les loisirs.
Certains,
parmi ce groupe, pourraient à terme glisser dans la catégorie des personnes
très éloignées de l’emploi. Leur durée de chômage s’allonge, le nombre de leurs
échecs se multiplie, les soutiens se font rare, les relations sociales
s’amenuisent, la tendance est au repli sur soi-même. Par voie de conséquence,
l’insertion professionnelle devient de plus en plus problématique dans un monde
du travail qui durcit ses exigences et raisonne souvent en terme de
rentabilité.
Groupe B « Les
équilibristes »
La
caractéristique essentielle de ce groupe tient au fait que leur insertion dans
l’emploi passe avant tout par les contrats aidés. Pour certains d’entre eux,
ils constituent la porte d’entrée privilégiée et parfois unique dans le monde
du travail. Par voie de conséquence, les types de postes occupés sont souvent
sans responsabilités (postes d’agents, d’aides, d’auxiliaires…), ce qui leur
convient dans la mesure où ils ne peuvent pas travailler sous pression.
Comme
pour les « vulnérables », le temps de travail salarié va occuper à
peu près un mi-temps, du fait d’une part de la typologie des contrats, d’autre
part de l’impossibilité dans laquelle ils se trouvent à travailler davantage. Les
quelques tentatives de travail à temps plein ont été, soit de très courte durée
(1 à 2 mois), soit ont abouti à des ruptures.
Ces
personnes, très fragiles, ont besoin d’une ambiance de travail dans laquelle
elles se sentent soutenues. Plusieurs parlent également de l’importance d’une
période d’adaptation. Il a parfois été difficile de retracer le parcours de
façon précise et chronologique, beaucoup de « trous noirs » venant
émailler les souvenirs, situés la plupart du temps au moment du déclenchement
de la maladie.
Au
contraire de l’autre groupe, nous trouvons beaucoup de formations (6
personnes). Celles-ci sont assez courtes (entre 1 et 6 mois) et se déroulent
souvent dans le cadre des formations complémentaires CES. Nous pensons que ces
formations, outre leur intérêt premier qui est de développer leurs compétences
professionnelles, leur permettent également de suspendre pour un temps
l’implication psychique très exigeante requise par le professionnel. Le niveau
scolaire est plus élevé que pour le groupe A, 4 personnes se situant aux
niveaux 4 et 3.
C’est
aussi une population essentiellement constituée de célibataires (7 sur 9).
Cependant, ils sont très soutenus par leur entourage familial et/ou amical. Ils
restent souvent très dépendants des parents, qui les aident à beaucoup de
niveaux, en particulier au niveau financier. Cette aide pécuniaire leur permet
ainsi de se « contenter » d’emplois à mi-temps. Deux personnes sont
sous curatelle, dont une également sous tutelle. Toutes sont suivies par un
psychiatre.
Ils
font beaucoup d’activités extraprofessionnelles : sportives, artistiques,
notamment dans le cadre des ateliers thérapeutiques à l’hôpital de jour (3
personnes). Pour ces trois personnes, la journée s’organise (en période
d’emploi) entre un mi-temps travaillé et un mi-temps réservé au soin, ce qui
leur permet de tenir dans la durée. Nous pouvons effectivement considérer que
pour cette population, un contrat de 2 ans représente une durée longue.
2.4 – Commentaires généraux de la catégorie
« A mi-chemin de l’emploi »
Les
personnes de cette catégorie tiennent difficilement en emploi sur des postes à
plein temps. La moyenne se situe autour du mi-temps. Au-delà, les contrats
aboutissent souvent à la démission, au licenciement, parfois à la maladie.
Les raisons invoquées concernent la
difficulté à tenir une cadence, un rythme de travail trop soutenu. L’excès de
responsabilités amène également la personne à vivre une pression, un stress
qu’elle n’arrive pas à gérer. L’accent est mis également sur les difficultés
relationnelles dans l’entreprise, qui interviennent souvent au moment où la
personne atteint ses limites, et ne peut plus assumer correctement le travail
demandé. L’incompréhension s’installe, les problèmes surgissent. En l’absence
d’aménagements, la personne « craque », le contrat se rompt.
Cette population, très sensible aux changements,
réclame un environnement, « une ambiance de travail
bienveillante », où ils se sentent soutenus. C’est pourquoi certains vont
se tourner vers le milieu associatif ou le secteur public, où la pression est
moins grande que dans le privé.
Même
s'ils souhaitaient être "invisibles", le handicap pour la grande
majorité de cette catégorie, en particulier le groupe B, se voit. Cette
visibilité (due souvent aux effets secondaires des médicaments qui occasionnent
tremblements, troubles de l’élocution, etc…) va souvent constituer un frein à
leur insertion dans le privé, où ils sont mis en concurrence avec le demandeur
d’emploi lambda (ne présentant pas de
troubles psychiques).
Ils rencontrent de ce fait des difficultés à franchir
la barrière de l’entretien d’embauche, et se tournent vers des contrats aidés,
dans lesquels leur moindre compétitivité apparente ne constituera pas un frein
majeur.
Cependant, la précarité de ces contrats les conduit au
bout d’un temps plus ou moins long à se retrouver de nouveau demandeurs
d’emplois et à retourner sur le marché des emplois classiques.
Certes,
leurs compétences se sont perfectionnées ou maintenues dans cette expérience
professionnelle, mais leur fragilité demeure, les difficultés d’accession au
monde de l’entreprise perdurent. Paradoxe du système, certaines personnes vont
devoir attendre, entre deux contrats aidés, d’avoir un temps de chômage suffisamment
long pour pouvoir de nouveau prétendre à un contrat aidé.
Nous
nous interrogeons au sujet de cette intermittence particulière. Cette pause
dans l'activité professionnelle, due à des causes exogènes, n’est-elle pas
aussi nécessaire à la personne pour souffler ? Bien que le fait de ne pas être assurée de
retrouver un emploi après cet « intermède » aggrave leur anxiété,
tiendraient-ils sur du plus long terme ?
S’ils
avaient la certitude qu’après cette période de « break » ils
retrouveraient un travail, il est possible que cette intermittence induite par
les lois du marché de l'emploi leur conviendrait tout à fait. Nous nous
demandons si les intervalles de maladie ne seraient pas plus fréquents si les
contrats duraient de façon indéterminée.
Force est de
constater que pour cette catégorie, tous les CDI ont abouti à des ruptures,
dont la majorité viennent du TH MP lui-même.
La
pause, quand elle devient nécessaire (si elle ne peut être faite par
l’aménagement rationnel du poste), va de toute manière se faire par l’arrêt
maladie ou la démission.
C'’est un impératif pour eux. Ce qui devrait être une
pause reconnue devient une rupture.
Nous
pensons à cet égard qu’il y a peut-être un lien entre la durée de la période
travaillée et la durée du temps « réparateur » dont certains ont
besoin. Mais il reste souvent difficile
de faire la part des choses entre les causes endogènes et exogènes, la
superposition de ces deux types d’intermittence tendant à se masquer l’une
l’autre et parfois à se confondre.
Notons
pour cette catégorie que les périodes de maladie, même si nous en dénombrons
quelques-unes en période d’emploi, se situent pour la plupart en dehors des
périodes d’activité professionnelle.
L’intermittence
varie : elle peut se décliner en heures, en jours, en mois de pauses. Le
maximum de temps qu’ils peuvent consacrer au travail est de l'ordre du
mi-temps.
Cependant
le problème économique détermine que même les personnes pour lesquelles il
apparaît qu’au-delà d’un mi-temps, les signaux d’alarme retentissent, la
recherche du travail va se faire vers un temps plein qu’ils ne pourront pas
tenir. D’où vont s’enchaîner, après des périodes d’emploi, des périodes de
maladie, de « reconstruction psychique », le temps de, pour
reprendre l’expression d’une TH MP : « remettre les compteurs à
zéro ».
2.5 – Portrait-type de la catégorie 2 : « A mi-chemin
de l’emploi »
C’est une femme, célibataire sans enfant qui a 40 ans et possède le niveau V. Elle a travaillé à mi-temps de façon
discontinue pendant six ans au cours des quinze dernières années. Elle a du mal
à franchir la barrière de l’entretien d’embauche, elle recherche un travail
sous la responsabilité de quelqu’un et souhaite effectuer des tâches très
précises et répétitives. Elle préfère travailler dans le secteur public ou dans
le milieu associatif.
Elle s’investit dans des activités très
variées et s’engage dans des activités bénévoles. Elle rencontre des problèmes
de lenteur et a du mal à prendre des responsabilités, elle manque de confiance
en soi. Elle réclame un environnement de travail bienveillant et ne peut pas
travailler sous pression.
Elle fréquente les ateliers thérapeutiques
de l’hôpital de jour, elle prend un traitement médicamenteux. Son handicap se
perçoit, elle est hospitalisée dans les périodes dites d’inactivité (lire
latence).
Elle est issue de la classe moyenne,
souvent soutenue par son entourage familial et mobilise autour d’elle quatre
acteurs du réseau médico-socio-professionnel. Discrète, elle est assez en
retrait vis-à-vis de la relation aux autres.
Elle est bénéficiaire de l’assedic ou
d’allocation aux adultes handicapés.
Aménagements demandés :
Elle demande à travailler à mi-temps avec
des horaires équitablement répartis dans la semaine ou de pouvoir les organiser à sa convenance. Elle exprime le besoin
d’avoir des pauses régulières et préfère
travailler seule ou en binôme dans une ambiance calme, elle ne supporte
pas le bruit. Elle a besoin d’une période d’adaptation
avec une légère idée de progression, elle demande que tout changement soit discuté
et programmé et préfère effectuer toujours les mêmes tâches pour éviter l’angoisse
liée à tout changement.
Accompagnement sollicité :
Elle est à la recherche de quelqu’un de
compréhensif qui l’aide à trouver un emploi et qui fasse office de médiateur
pour l’embauche, car elle ressent une grande inquiétude face à l’idée d’être
« sélectionnée ». Elle recherche aussi quelqu’un qui l’aide à tisser
un réseau social et qui aborde le côté pratique des choses, quelqu’un qui la motive,
l’encourage et la pousse à persévérer, à se prendre en charge (un coach), mais
qui en même temps connaisse le handicap psychique et les problèmes qu’il pose
au quotidien.
Représentation du tutorat :
Un tuteur patient, tolérant et bienveillant, un soutien, de sorte à pouvoir cerner ses difficultés, bref une personne sur qui elle peut compter. Mais aussi un « conciliateur » avec la hiérarchie et les collègues si le besoin s’en ressent. Quelqu’un qui puisse favoriser les réajustements nécessaires sur le poste de travail qu’elle occupe.
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