Musique amplifiées et audition

Pr Pierre Josserand, Université Paul Sabatier

 

Nous évoquerons au cours de la Table ronde quelques résultats originaux obtenus à la faveur d'une étude financée par le Ministère de l'Environnement et ayant pour thème : "la musique amplifiée, travail des uns, loisir des autres".

C'est la partie travail des musiciens de Rock qui a surtout fait l'objet de nos investigations.

La méthodologie de cette recherche consistait à évaluer la performance auditive avant et après l'exposition des sujets à des niveaux sonores très élevés tels que ceux rencontrés au sein d'un orchestre de Rock.

L'expérimentation a eu lieu sur le terrain avec toutes les contraintes que cela implique. L'audiométrie était pratiquée avec un appareil automatique mettant partiellement en oeuvre la méthode BEKESI et faisait appel non à des sons purs mais à des sons "pulsés" réputés plus réactogènes et mieux perceptibles dans le bruit, car nous ne disposions pas de cabine audiométrique.

L'exposition au bruit était constituée par la pratique de répétitions d'orchestre de durée voisine de quatre heures et elle était évaluée de façon précise pour chaque sujet à l'aide d'un sonomètre intégrateur à stockage porté par le sujet.

Les niveaux sonores mesurés en Leq pour la période d'exposition variaient entre 100 et 110 voire 118 dBA.

L'évaluation d'un son est réalisée en Leq, donnant la moyenne de l'énergie acoustique perçue durant la durée d'observation. Le Leq est un indice exprimé en dBA (décibel pondéré), il sert à apprécier la gêne totale causée par un bruit sur la période de mesure.

Contrairement à ce qui est généralement affirmé en matière de fatigue auditive à court terme, on ne note pas de façon significative d'abaissement notoire du seuil de l'audition. Certains sujets présentent une performance meilleure après exposition qu'avant !


L'étude comporte environ cent observations.


Parmi les hypothèses avancées pour expliquer ces résultats on peut retenir :

- la connaissance traditionnelle et classique en la matière, provient d'expériences de laboratoire plutôt que d'expériences réalisées comme nous l'avons fait dans les conditions normales de travail des sujets.

- l'audiométrie tonale liminaire automatique est perçue par les musiciens comme un "défi" qu'ils s'efforcent de relever en allant jusqu'à des comportements hyper acousiques.

- on ne saurait assimiler "leur" musique à du bruit, en tous les cas il s'agit d'un son dont ils ont le contrôle et non d'un son qu'ils subissent.


 

Pour l'instant, la méthodologie retenue n'a pu être appliquée à des auditeurs et des spectateurs de concerts de Rock, il y a là des pistes fort intéressantes notamment pour des études à long terme qui font encore défaut en matière de connaissance des effets du bruit sur l'audition.


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12 Mai 2008