Pierre Csillag
En cherchant bien, on peut se rendre compte que le répertoire des pièces de piano écrites pour la main gauche seule est assez fourni. Bien sûr, il y a le célèbre concerto de Ravel que tout le monde connaît, mais il y a bien d’autres œuvres pour la main gauche seule (Brahms, Saint-Saëns, Scriabine, R. Strauss, Hindemith, Prokofiev, Bartók…).
On peut se demander s’il y a autant de pièces pour la main droite seule.
La réponse est surprenante : il n’en existe pratiquement pas. Pourquoi donc ?
La plupart des pièces de piano font travailler la main droite bien plus intensément que la main gauche. Alors les tendinites arrivent beaucoup plus souvent à la main droite, et le pauvre pianiste compositeur travaille, à la main gauche, des pièces qu’il a composées pour cette occasion.
Quand les compositeurs écrivent pour une seule main, ils n’écrivent pas surtout, mais exclusivement pour la main gauche, à quelques rares exceptions près (les seules que je connais sont quelques Etudes pour Agresseurs d’Alain Louvier et une pittoresque Bagatelle pour flûte et piano de Wilhelm Popp, où le même exécutant joue de la flûte avec la main gauche et s’accompagne au piano à la main droite).
Pour comprendre ce qui se passe,
Sur la main gauche, la mélodie est jouée naturellement du côté des doigts forts, et l’accompagnement du côté des doigts faibles, donc le jeu reste « naturel ».
Par contre, sur la main droite, c’est la situation inverse, et donc, pour rétablir l’équilibre sonore, il faudrait forcer sur les doigts faibles, et « museler » les doigts forts.
Il serait donc vraiment contre-nature de composer des morceaux de piano pour la main droite seule.
Pierre Csillag
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MAJ 18 Janvier 2011