LES HYPOTHESES DU Dr. TOMATIS

1) - PRINCIPES DE BASE OU LOIS FONDAMENTALES

La lateralité auditive occupe une grande place dans la théorie de TOMATIS dont nous allons succinctement résumer les travaux.

O.R.L. de formation, TOMATIS a été amené à s'occuper de chanteurs ayant des problèmes de voix et de travailleurs des Arsenaux de l'aéro­nautique souffrant de "surdité traumatique". L'étude de l'audiogramme et l'analyse spectrale de la voix de ces différents sujets ont montré un parallélisme des lésions : les fréquences déficientes sur les audiogrammes étaient également altérées sur le spectre vocal.

Une série d'expérimentations utilisant un .matériel élec­tronique permettant de modifier à loisir l'audition du sujet lui a permis de mettre en évidence l’existence d'un véritable circuit fermé d'auto- information dont le capteur de contrôle, lors de l'émission au niveau des organes phonatoires, n'est autre que l'oreille. Toute modification imposée à ce capteur entraîne instantanément une modifi­cation parallèle du geste vocal.

Ces recherches aboutirent à l'énoncé de trois lois

1)       Première loi – « La voix ne contient que ce que l'oreille entend » c'est à dire que le "larynx n'émet que les harmoniques que l'oreille peut entendre". Cette notion avait déjà été perçue par MOREAU de NANCY (1933) "quand il y a des trous dans l'audi­tion, il y en a dans la voix". R. HUSSON a vérifié expérimentalement cette loi au labora­toire de physiologie de la Sorbonne et lui a donné le nom "d'effet Tomatis".

2)       Deuxiéme loi – « Si l'on restitue à l'oreille traumatisée la possibilité d'audition correcte des fréquences mal entendues, celles- ci se trouvent rétablies dans l'émission phonatoire instantanément et à l'insu du sujet ».

3)     Troisiéme loi - "L'oreille impose au dispositif phonatoire les modifica­tions d'audition qu'on lui impose artificiellement".

En corollaire de cette troisiéme loi, TOMATIS affirme que "l'audition forcée, alternativement entretenue et répétée, arrive à modifier à titre permanent et l'audition et la phonation", C'est cette observation qui va être utilisée comme procédé thérapeutique.


publicité non évaluée par le Dr Bernard Auriol

2) - LA LATERALITE AUDITIVE

Par des expérimentations sur des chanteurs d'opéra, TOMATIS a constaté que ceux-ci chantaient mieux lorsqu’ils controlaient leur voix en utilisant l’oreille droite que  lorsqu’ils le faisaient avec l’oreille gauche. Il réalise un montage composé d'un micro qui introduit la voix du sujet dans un amplificateur linéaire, d'où émanent deux écouteurs montés en parallèle. Un atténuateur permet au sujet, autour d'une position d'équilibre de s'entendre soit par les deux oreilles, soit par l'une ou l'autre oreille.

Lors de l'écoute avec les deux oreilles, la voix est la même que celle obtenue sans appareillage. L'analyse au sonographe donne le schéma d'une voix normale, bien timbrée.

Lorsque l’écoute par l’oreille droite est szupprimée, le sujet s’écoute et s’autocontrôle avec l’oreille gauche. Sa voix devient terne, perd de la justesse, son rythme se ralentit. Le sonogramme met en évidence la disparition de toute une série d’harmoniques.

En inversant le système de contrôle, c‘est à dire en oblitérant l'oreille gauche, les sons émis sont plus légers, plus modulés. Le chanteur signale que chanter lui est plus agréable et plus facile qu’à l’accoutumée. Le schéma obtenu au sono­graphe présente une gerbe importante d'harmoniques, plus fournie que celle du schéma résultant de l'auto- contrôle par les deux oreilles.

Cette expérience répétée avec des instrumentistes et des comédiens s'est vérifiée à chaque fois, ce qui a amené TOMÀTIS à émettre l'hypothèse que les deux oreilles n'ont pas la même fonction, l'une d'elles, la droite dénommée "oreille direc­trice" ayant pour rôle de diriger l'émission vocale.

A la suite de ces expériences, il apparait nettement que l'oreille n'est pas simplement un capteur, mais qu'elle a un rôle important dans le contrôle de la phonation. Pour TOMATIS, c'est l'oreille droite qui permet le meilleur contrôle psryho­physiologique du circuit audition- phonation.

TOMATIS explique cette asymétrie en s'appuyant sur un argument anatomique, la différence de longueur des nerfs récur­rents droit et gauche responsables de l'innervation du larynx, le trajet gauche étant plus long (le récurrent droit se dirige vers la partie droite du larynx après avoir croisé par le bas l'artère sous clavière droite; tandis que le récurrent gauche plonge dans le thorax et forme une anse au dessous de l'aorte avant de rejoindre la face latérale gauche du larynx). Le temps des impulsions neu­roniques est différent. Dans le circuit d'auto- écoute, qui relie donc le larynx à l'oreille, l'oreille droite est plus proche des organes phonatoires que la gauche.

Cette hypothèse avancée par TOMATIS est mise en défaut par les découvertes de Mme Jelena KREMPOTIC, professeur d'anatomie à la Faculté de Médecine de Zagreb. En 1955 elle nota un travail de TOMASCH et BRITTON, paru dans l'année, relatant que les axones récurrentiels gauches avaient été trouvés plus épais que ceux de droite par ces auteurs. Reprenant la question elle mesura à la fois la longueur des récurrents droit et gauche et le dia­mètre de leurs axones et obtint en 1957 les résultats suivant :

1)       Les longueurs moyennes sont de 42,4 cm à gauche et de 31,7 cm à droite.

2)       Les axones gauches ont un calibre qui surpasse en moyenne de 1,9 millième de millimètre celui des axones droits. Comme la vitesse de propagation des influx est proportion­nelle à leur calibre (6 m/s par millième de millimètre environ) la simultanéité d'arrivée des influx récurrentiels droits et gauches sur le larynx est exactement réta­blie par la différence du calibre des axones droits et gauches.

Dans les années qui suivirent, poursuivant la même recherche, la savante anatomiste de Zagreb mit successivement en évidence les résultats corrélatifs nouveaux énumérés ci- dessous :

1)       Sur un sujet, les longueurs des 2 récurrents, en raison d'un trajet aberrant du récurrent droit, furent trouvées de 22,2 cm et 41,2 cm. La différence des calibres des axones s'élevait alors à 3,1 millième de millimètre, ce qui rétablissait l'arrivée simultanée des influx au niveau du larynx.

2)       Sur un sujet sourd- muet de naissance, n'ayant jamais parlé, les axones droits et gauches furent trouvés identiques, malgré la différence de longueur des deux récurrents.

3)       Sur des enfants morts en bas âge et n'ayant jamais parlé, les axones droits et gauches sont toujours identiques.

Le calibre plus grand des axones récurrentiels gau­ches, chez un adulte normal, résulte donc d'une organogénèse nerveuse fonctionnelle dont c'est le premier exemple connu découverte riche en développements ultérieurs d’un haut intérêt.

On peut se demander si le stade da "bégayage" de l'enfant qui redouble les syllabes n'est pas dû à ce phénomène d'ontogénèse fonctionnelle. D'aprés les découvertes de KRMP0TIC, au départ les récurrents ont le même calibre mais par la même longueur . La fonction faisant l'organe, ce n'est que lorsque l'enfant se met à produire des sons et donc à faire fonctionner son larynx, que la différence de calibre des axones s'amorce pour palier à la différence des longueurs et permettre une synchronisation. On peut penser alors que le "bégayage" correspond au début de cette différenciation des calibres des axones des récurrents.

On peut également se poser la question pour le bégaie­ment. N'est- il pas dû à un manque d'organogenèse nerveuse au niveau des récurrents ?

D'après TOMATIS le circuit audio- phonatoire partant de l'oreille droite est plus direct. En effet, le gaucher de l'oreille envoie vers l'hémisphère droit le message qu'il faut alors diriger vers l'hémisphère gauche, ce qui constitue un élément de retard.

Nous schématisons ci- dessous le circuit audio- phonatoire normal (oreille droite directrice) comparé au circuit audio- phona­toire dyslatéralisé (oreille droite déficiente, l'oreille gauche pre­nant le relais) chez le droitier.

Circuit normal (trait plein)

1 - Oreille droite (directrice)

2 - Centre auditif du cerveau gauche

3 – RAS (pas de transfert nécessaire)

4 - Centre moteur laryngé du cerveau gauche

5- Muscles de la phonation, expression vocale.

6 - Trajet bouche- oreille droite

Circuit dyslatéralisé (trait discontinu)

1 - Oreille gauche

2 - Centre auditif du cerveau droit

3 - Transfert au centre cérébral gauche (sujet droitier)

4 - Centre moteur laryngé du cerveau gauche

5 - Muscles de la phonation, expression 'vocale

6 - Trajet bouche- oreille droite

Ces conclusions du Dr. TOMATIS sont confirmés par les travaux d'H. HECAEN qui conclut que "le contrôle de l'hémis­phère gauche resterait total sur l'expression verbale".

De même les recherches de D. KIMURA par la méthode de l'écoute dichotique et celles relatives à la méthode des po­tentiels évoqués, corroborent les conclusions de TOMATIS.

Premier Précédent Suivant Dernier Index Démarrage

Google
  Web auriol.free.fr   


Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

21 Février 2007