L’ECOUTE

in

ELEMENTS D’EXPLICATION DE L’ORGANISATION METAMERIQUE DU CORPS HUMAIN

PANNACI Didier

Maîtrise de psychopathologie

sous la direction de M. Birouste

Université de Toulouse Le Mirail

Année universitaire 81/82

 

Après avoir posé les différents éléments du décors, c'est à dire un environnement sonore, un organe de réception des sens, un système d'analyse des sons permettant une compréhension de ceux-ci, il faut envisager la dynamique de ce processus: l'écoute.

Si dans un premier temps, l'homme des cavernes utilisait son oreille pour être à l'écoute d'un danger éventuel, l'homme moderne socialisé se sert de cet organe pour écouter différents jugements, opinions et formes de pensées.

Ainsi, il se servira de sa sensorialité à des fins informatives dont il aura conscience, et qu'il mémorisera pour organiser un mode de réaction adapté à chacun des stimulis.

« Il se servira de son corps comme d'un instrument perfectionné qui lui permettra d'exploiter l'humain qu'il est dans l'homme qu'il est ». (L'oreille et le langage. TOMATIS.)


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Il s'agit de distinguer l'écoute de l'audition ; Tomatis nous  explique:

"Entendre n'implique pas pour autant la présence d'un champ conscient. Entendre, c'est en quelques sortes subir un son ou un message qui nous est adressé. Ecouter, c'est désirer appréhender ce son ou ce message".

« Entendre est le résultat d'une perception répondant à une situation venant de l'extérieur. Ecouter, se base certes sur une stimulation prenant source à l'extérieur mais devant être intérieurement, intentionnellement recherchée. Les notions de capteur, de choix, de filtre vont alors apparaître. L'élément conscient devient ainsi le facteur essentiel sur lequel repose toute la différence entre ces deux activités qui évoluent en parallèle et dont l'une d'elle, l'écoute se situe sur un plan supérieur, puisqu'il fait appel à une caractéristique spécifique de l'homme dans son cheminement humain. »

« Voir et vouloir voir sont deux mécanismes totalement différents, le second utilisant le premier. Vouloir voir, c'est viser. Il en est de même pour entendre et écouter. L'écoute résulte du vouloir entendre et est équivalent de la visée? L'écoute est à l'oreille ce que la visée est à l’œil".

L'oreille n'est que l'instrument assujetti à ces deux fonctions ou attitudes psychiques. Elle est un effet de corps à l'écoute. Mais elle ne peut fixer un son comme les yeux fixent un point. Elle ne se situe pas de la même façon dans le temps que les yeux se situent dans l'espace. Les yeux, par leur propre mobilité savent comment fixer un objet visible en image. L'oreille ne peut immobiliser le temps.

Même si l’œil fixe un point mobile, l’œil va plus vite, fabriquant de la sorte, une immobilité relative à l'observation de ce point. L’œil attrape la chose au vol. Il faut un mouvement et qu'il soit réversible. Pas de chose immobile sans réversion du mouvement des yeux. Et Jamais de regard qui ne joue de sa réversibilité, allant au but puis s'en éloignant, Cette réversion mobile fait l'immobilité, fait aussi la fascination: son va et vient finit par figer le regard lui-même.

L’œil, avec ses mouvements, va vers sa propre hypnose, va vers sa fixité. Pourtant un regard fixe ne dure pas ... A moins que les yeux fixent d'autres yeux, seul instant ou a lieu l'immobilité réciproque. Un regard saisit l'un, l'autre saisit le premier. Le saisissement est tel que le conscient s'égare et l'animal se réveille en l'homme. Quand la conscience, reprend ses droits, le défi a pris la place de la passion.

Pour sa part, l'écoute est sans réversion possible, c'est pourquoi elle n'a pas de lieu ni d'emprise sur la durée. Si un cri vient à durer, sa durée ne doit rien à l'écoute ; jamais elle n'est une fixité sous la dépendance de l'oreille. Même quand l'oreille se tourne vers la direction du cri, pour peu qu'il dure, même si le corps veut se déplacer en courant pour suivre le passager, tous les cris sont des fugitifs: ils ont atteint l'oreille, elle ne les atteint pas. Le corps bouge, mais les cris vont démesurément trop vite. On croit qu'on suit les sonorités dans le temps, mais non, elles se succèdent. Elles sont à porté d'oreille comme le visible est à porté de vue.

Mais écoutons une oreille lorsqu'elle isole une sonorité dans le concert fuyant des bruits. Elle ne fixe pas comme l’œil, elle isole. ce qu'elle isole fait figure, et le reste du bruit fait fond.

Ainsi l'oreille ne connaît que des bruits singuliers et elle ne peut faire de retour sur eux. Ils sont en elle de passage.

LA COURBE IDEALE DE L’ECOUTE

Il est souvent question dans les ouvrages de TOMATIS de courbe idéale vers laquelle devrait tendre toute oreille pour bien écouter.

En fait, il s'agit d'un profil moyen de musiciens capables d'aimer et de reproduire la musique avec qualité.

Schématiquement, elle se caractérise de la manière suivante:

"Entre le 500 Hz ut du médium et le 4 000 Hz ut au -dessus de l'ut de la flûte, on voit se dessiner la courbe ascendante dont la pente oscille entre 6 et 18 db: octave jusqu'à 2 000 Hz. Son trajet est régulier, sans faille, sans scotome.

Plus la pente est forte, plus la musicalité est accentuée.

A partir de 2 000 Hz, jusqu'à 4 000 Hz, on note une courbe en dôme avec une légère inflexion dès le 4 000 Hz vers le 6 000 Hz" (L'oreille et le langage -TOMATIS.)

Celui qui possède une telle écoute est musicien. La bande passante qu'il exploite témoigne de sa grande sensibilité aux variations tonales et d'une grande sélectivité entre les fréquences sonores.


Cette courbe correspond à la courbe de WEGEL, dite "courbe en citron inversée". Elle est obtenue lorsque sont posées en abscisses les fréquences et en ordonnées ascendantes les intensités.

Un premier seuil s'obtient, en partie basse, suivant un minimum qui commence dans les fréquences graves à environ 40 -50 Dbs, avoisine ensuite la courbe des abscisses entre 2 000 et 3 000 Hz et redevient ascendante à 40 -50 Dbs dans les aigus entre 8 et 10 000 Hz. Cette courbe se complète et prend l'allure de citron, selon l'expression imagée qu'on lui confère lorsqu'on envoie des sons d'intensité croissante et qu'on obtient alors une courbe des seuils maxima qui se déterminent là où l'oreille commence à souffrir, d'où le nom de "seuil de la douleur".

Ces seuils commencent dans les graves également à 50 -60 Dbs, rejoignent la première courbe, puis ils atteignent 120 à 130 Dbs entre

2 000 et 3 000 Hz pour chuter ensuite dans les aigus en rejoignant également la première courbe.

COURBE DE WEGEL

 

La ligne médiane qui se situe aux environs de 50 -60 Dbs, qui est linéaire, représente une zone dite zone de MUNSEN. Elle répond à la dynamique de l'oreille, c'est à dire à sa zone optimale de fonctionnement sans distorsion. Dans toutes les autres zones, comme on peut le voir, l'oreille agit comme un filtre dont les pentes sont variables en fonction de l'intensité, avec un lien de rotation situé entre 1 000 et 2 000 Hz.

Il existe donc une sorte de courbe physiologique idéale qu'il y a lieu de rechercher. Mais le fait de l'atteindre ne signifie pas forcément d'atteindre le champ conscient.

TOMATIS pense qu'il s'agit d'une courbe de réponse physico-acoustique dont la présence est nécessaire pour l'élaboration des processus d'écoute.

«  Les distorsions qui s'installent, les blocages qui s'instituent, les défaillances qui apparaissent ne sont là que pour freiner la motivation, pour empêcher l'échange, pour perturber le dialogue, pour perturber la communication. Ceux qui n'ont pas senti, goûté la vraie écoute ne peuvent pas se rendre compte de ce qu'ils perdent en gardant leurs distorsions. Il est si facile d'entendre, de communiquer, lorsqu'on a une oreille harmonieusement ouverte au monde extérieur alors qu'il est si difficile d'être en relation avec son environnement lorsqu'il faut, sur le plan cortical, redresser en permanence des distorsions qui vous compliquent l'existence ».

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Aire de la conversation
   //////////// Musique           d’orchestre
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Courbes de Fletcher et Munson (1933)

Passation du Test d'Ecoute

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20 Janvier 2006