"; ?> faux mouvement et faux pas

faux mouvement ?

Dr Bernard Auriol

 

Ce terme est assez inattendu, paradoxal et c'est peut être une des raisons de son succès dans le monde du spectacle. Il correspond à une observation des plus simples, étonnante, mais banale au point que chacun l'a remarqué sur soi-même ou au moins sur l'un de ses proches.

Je fais bien sûr, allusion à cet instant tellement bref et minime, parfois si lourd de conséquences :

Vous effectuez un geste simple : avant ce geste tout allait bien quant à votre fonctionnement corporel. Tout allait bien, ne serait-ce qu'au niveau de vos reins ou de votre épaule. Mais après ce geste, rien ne va plus ! Vous souffrez : un peu d'abord, puis cela empire; vous vous mettez à souffrir beaucoup; vous avez tellement mal que vous devez faire intervenir un médecin, parfois les urgences. Cela ira jusqu'au rhumatologue, peut-être à l'intervention chirurgicale, au moins jusqu'à la rencontre patiente d'un kinésithérapeute ou d'un ostéopathe.

Et pourtant ce n'était qu'un faux mouvement, un geste exécuté en une fraction de seconde, sans avoir porté un grand poids ni s'être livré à des acrobaties inouïes !

On pourrait en dire autant d'un faux pas. Pourtant ce faux mouvement là est probablement plus dépendant de facteurs exogènes, par exemple une irrégularité du sol. C'est sans doute ce qui rend compte du fait que ce terme de "faux pas" est pratiquement devenu obsolète pour désigner l'instant de démarche à l'origine d'un phénomène physique; il s'agit maintenant d'un sens métaphorique appliqué aux relations humaines, bien souvent dans un cadre administratif, politique voire judiciaire.

Il peut se faire qu'au lieu d'un faux geste ou d'un faux pas vous souffriez d'une attitude chroniquement inappropriée : fauteuil inadéquat pour écrire ou utiliser votre clavier. C'est plus rare mais très gênant, on peut évoquer à ce sujet la crampe de l'écrivain, peut être dûe à un excès dans l'acte d'écrire (celui qui toute la journée est à noircir sa page ou à tapoter sans relâche sur sa machine). Il s'agit ici plus d'une tension localisée, systématique et réitérée que d'un "faux geste". Plus d'une fausse posture que d'un faux mouvement. "Sans relâche" disons nous ! Oui, c'est peut-être la clef : quelques minutes de repos, au moins au début, suffisent à permettre de repartir et d'écrire encore. Dans des cas plus avancés, après une période de "jeûne graphique", on pourra s'atteler à nouveau au clavier ou reprendre bravement son stylo !

Si la chronicisation s'est pérennisée, sans doute faudra-t-il apprendre une méthode de relaxation, par exemple avec l'aide d'un orthophoniste spécialisé en graphothérapie.

Sans prétendre que tout trouble douloureux musculaire soit causé par un seul geste exécuté de travers, ou une posture unilatérale et répétée, il est clair que ce que nous décrivons existe, y compris sans raison "médicale" préalable.

 

La sagesse du corps

On parle parfois de cette "sagesse du corps" qui nous guiderait lorsque nous sommes attentif à notre "frère âne" comme dirait Saint François d'Assise. Cette sagesse nous permet sans doute une "eutonie" spontanée, il s'agit de réaliser nos gestes en restant harmonique entre notre posture, notre objectif, et le mouvement qui nous permet d'aller de cette posture à cet objectif.

Il s'agirait, dans le cas qui nous occupe, d'une sorte de "folie du corps", sa gestion étant pour un instant déraisonnable. Comme un lapsus musculaire en gardant à lapsus son sens freudien ou non.

Dans le courant d'une méditation (surtout si elle ne se centre pas spécialement sur la posture) il peut arriver qu'à l'improviste, sur la base d'un corps détendu, voire bienheureux, sur la base d'une conscience à peu près libre de toute pensée ou de tout affect, dans un instant à proprement parler asymbolique, sur vienne un mouvement brusque, fugace, léger accompagné ou non d'un léger craquement vertébral : vous voilà remis d'aplomb pour un ou plusieurs de vos vieux faux mouvements, de vos anciens faux pas, parfois de votre crampe de l'écrivain !

C'est une aubaine. N'en faites pas un outil, vous vous taperiez sur les doigts ! La tentation est pourtant grande, lors d'une méditation ultérieure de tendre à "aider la nature". Ce serait la forcer et obtenir ce que vous vous promettiez d'éviter. Vous seriez responsable alors d'un "faux mouvement" de second degré si je puis dire, basé sur votre simple forfanterie qui prétendrait faire de vous un auto-chiropractor.

Cette sagesse corporelle qui vous avait délivré d'une malposition vertébrale n'a pu agir qu'au prix de votre unité retrouvée, promue par l'abandon à la grâce du non-agir. Vouloir s'en servir, c'est justement aller à l'encontre de ce qui s'était passé : vous vous divisez contre vous même, vous mettez en séparation le moi qui décide par rapport à un corps ravalé au niveau de pur instrument mécanique entre les mains de l'horloger que vous n'êtes pas.

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

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6 Septembre 2008