Le ver dans le fruit

(Phénomènes de grand et petit groupe dans un hôpital psychiatrique)

Rapport présenté au colloque: « Le groupe d'aujourd'hui »

par Dr Bernard Auriol

"Le Ciel est pavé de mauvaises intentions"

B.A.

La volonté de « faire de la psychothérapie institutionnelle s'insère dans le cadre d'une société hiérarchisée. Cette société donne à l'Institution psychiatrique mission de rendre à l'activité rentable et surtout à la norme commune un certain nombre de personnes déviantes, ou en tous cas de tenir ces personnes à l'écart des communications et activités de cette société.

Ces sujets déviants sont :


La contestation du gréviste est comme le coup de bec du moineau, celle du malade psychiatrique est comme le ver dans le fruit ! Si le malade est ver dans le fruit, si l'institution est déléguée par la société pour éliminer ce ver que veut dire « faire de la psychothérapie institutionnelle » ?

Dans la mesure ou l'Institution est créée par la Société, si elle devient déviante ou contestataire, elle sera à son tour « soignée » par les instances socio-politiques compétentes (mutations, renvois, « scandales », etc...). La viabilité de l'Institution en tant que « psychothérapique » sera donc fonction des compromis qu'elle acceptera entre « contestation » et « manipulation ».

A l'occasion de cette réflexion, nous garderons à l'esprit que toute forme de marginalité ou même de créativité et d'affirmation personnelle face aux conventions et coutumes partagent l'essentiel de la présente analyse.

 

L'Ivraie et le Bon Grain (par I.L.G.)

 

Qui fait de la psychothérapie institutionnelle?

« La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde »

Paul Valéry

 

Soit le Pouvoir Institué par la société : Le médecin-chef de Service, le Directeur Administratif, soit des éléments doués d'un certain pouvoir mais sous la dépendance objective du Pouvoir Institutionnel. Ces éléments (infirmiers actifs et groupés au sein d'associations, internes, psychologues, etc.) n'auront d'activité qu'autant que le Pouvoir le leur concédera.

Cela revient à dire que la condition déterminante d'une telle psychothérapie est l'adhésion (le degré d'adhésion) du Pouvoir Institutionnel.

Si le Pouvoir Institutionnel dit OUI

Il va proposer une déhiérarchisation condition d'une libération de la parole. Or il est un délégué de la hiérarchisation sociale et doit user de compromission avec ceux qui le délèguent. Quelles conséquences?

Le (les) Représentant du Pouvoir Institutionnel est vécu comme un libérateur ambigu,

Bienveillant, Possesseur du savoir, Invulnérable il résume l'image de Dieu et par là devient terrifiant et objet d'amour universel. A moins qu'il ne soit souvent présent effectivement : là apparaîtront ses faiblesses et l'idole sera victime des iconoclastes. Mais il est très « occupé » et se montre rarement. Il est lointain.

Cependant il résume et représente l'institution, tous les « transferts » s'adressent, en dernière analyse à lui qui est leur point de convergence. Dans cette optique il est partout et toujours. Encore des caractéristiques divines!

 

Un « Complexe Institutionnel »: Joseph et ses frères

Si le Représentant du Pouvoir Institutionnel était réellement comme Dieu, il aimerait également tous les membres de l'institution. En fait, à ma connaissance, il en va autrement. Le Représentant Institutionnel a des préférences et des mépris. Pour analyser ce phénomène lisons la Bible: Israël « Jacob » aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, car il était le fils de sa vieillesse (Les citations bibliques sont extraites de la Bible de Jérusalem. Cf.. Genèse, chapitre 37 et suivants.).

Le Représentant du Pouvoir Institutionnel accepte une relation « privilégiée » avec un des membres de l'institution (soignant ou soigné), faible, fragile, à problèmes, mais qui le séduit.

Ses frères virent que son père l -aimait plus que tous ses autres fils et ils le prirent en haine, devenus incapables de lui parler amicalement.

On constate une subtile « mise en quarantaine » du « bien-aimé »

Or, Joseph eut un songe et il en fit part à ses frères. Il leur dit: « Ecoutez le rêve que j -ai fait il me paraissait que nous étions à lier des gerbes dans les champs, et voici que ma gerbe se dressa et qu'elle se tint debout, et vos gerbes l -entourèrent et elles se prosternèrent devant ma gerbe. »

Comme Joseph, le bien-aimé, sans toujours en être conscient, se rend compte qu'il a une certaine puissance. La subtilité de sa mise en quarantaine tient à ce que ses pairs le mettent à l'écart de tout ce qui ne peut être dit au Représentant du Pouvoir Institutionnel. Comme s'il était un espion de ce dernier. Il représente tout ce que l'institution n'a pas le droit ou la possibilité de reconnaître chez le Représentant du Pouvoir Institutionnel : sa compromission, sa trahison potentielle, l'épée de Damoclès constituée par son désaveu éventuel de l'institution en tant que « libérée ». Il est donc l'objet d'une agressivité inexprimable et inexprimée. Il sent toute la puissance que ses pairs croient voir en lui car il est le mauvais génie de l'institution. Mauvais et Puissant objet pour ses pairs, objet d'attention, d'intérêt privilégié, d'amour pour le Représentant du Pouvoir Institutionnel, il est très important pour tout le monde. Les gerbes de ses frères se prosternent devant lui.

Ses frères lui répondirent: « Voudrais-tu donc régner sur nous? » et ils le haïrent encore plus pour ses rêves et ses propos.

Il dit « J'ai encore fait un rêve il me paraissait que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi.» - Son père le gronda et lui dit: « Allons-nous donc, moi ta mère et tes frères, venir nous prosterner à terre devant toi? »

Le bien-aimé/mal-aimé prenant conscience de sa puissance sur ses frères se rend également compte de son pouvoir sur le Représentant du Pouvoir Institutionnel qui, pour ne pas perdre son statut de Représentant, se compromet avec le Pouvoir qui l'a délégué. S'il adore son propre pouvoir en cela, il devra aussi adorer son bien-aimé qui symbolise de manière vivante, comme dans sa chair, le problème de la déhiérarchisation venant de la hiérarchie, le ver menace de dévorer tout le fruit! Le Représentant du Pouvoir Institutionnel doit se fâcher lui aussi. Il a couvé un oeuf qui contenait un serpent.

Ses frères allèrent paître le petit bétail de leur père à Sichem. Israël dit à Joseph : « Tes frères ne sont-ils pas au pâturage de Sichem? Viens, Je vais t -envoyer vers eux. » « Va voir comment se portent tes frères et le bétail et rapporte-moi des nouvelles. »

Joseph apparaît comme l'interlocuteur qui reste privilégié. Mais ici l'amour confine à la haine puisqu'aussi bien le Représentant du Pouvoir Institutionnel ne peut pas ignorer - sauf à le vouloir - la haine de ses autres « enfants » à l'égard du bien-aimé. Il l'envoie à sa perte et pourra croire qu'il l'ignore, que seule la fatalité a perdu son bien-aimé/mal-aimé ! Il l'envoie comme espion « aux renseignements » et c'est en tant que tel que le bien-aimé déclenchera la haine mortelle en tant qu'il est le lieu et le vecteur des communications affectives, de la domination et de la soumission par l'amour.

Il rencontra un homme (à Sichem) et lui demanda où étaient ses frères. Ils ont décampé d'ici, je les ai entendus qui disaient « Allons à Dôtan »; Joseph partit en quête de ses frères et il les trouva à Dôtan.

C'est dans la mesure ou le bien-aimé, représentant du Représentant du Pouvoir Institutionnel est témoin de ce que la dépendance n'est pas aussi évidente qu'il y pourrait paraître, c'est dans cette mesure qu'il représente un grave danger pour ses frères. Il risque d'être plus aimé encore du père et eux moins, parce qu'il témoignera de leur infidélité. Il devient dès lors l'homme à abattre.

En effet « ses frères l'aperçurent de loin et avant qu'il n -arrivât près d'eux ils complotèrent de le faire mourir ». Mais l'un d'eux ne veut pas se charger d'une pareille culpabilité et ils le vendent à une caravane.

Il n'en va pas toujours ainsi.

Les frères de Joseph feront croire à son père qu'il est mort en lui envoyant sa tunique déchirée et tâchée de sang, cette tunique qu'Israël lui avait offerte.

Les pairs du bien-aimé s'arrangeront pour faire croire au Représentant du Pouvoir Institutionnel que le bien-aimé a été perdu définitivement, qu'il est pour ainsi dire mort et qu'il ne reste de lui que l'amour dont il était revêtu par le Représentant du Pouvoir Institutionnel (la tunique).

Dès lors Israël prend le deuil et le Représentant du Pouvoir Institutionnel également « pendant longtemps ». Il se sent responsable de cette mort et s'en veut grandement. Israël ne veut pas des consolations que cherchent à lui prodiguer ses autres enfants alors que le Représentant du Pouvoir Institutionnel rejoue parfois une nouvelle séquence avec un nouveau bien-aimé...

Le deuil n'est pas seulement celui du Représentant du Pouvoir Institutionnel, il concerne l'institution dans son ensemble, chacun accusant la fatalité ou invoquant « ce qu'on n'a pas su voir et entendre », avec juste raison, car c'est de n'avoir pas désamorcé le processus par son élucidation qu'il a abouti à cette fin malheureuse. Avec juste raison, mais pas avec lucidité : car la structure relationnelle de l'institution s'opposait de tout son poids à la prise de conscience collective du phénomène faute d'avoir accepté le problème de Joseph comme celui de l'institution, du Représentant du Pouvoir Institutionnel qui lui donne son unité, de chacun qui en partage l'appartenance. Et les frères de Joseph de dire « vous voyez, cher Représentant du Pouvoir Institutionnel, à quoi ça mène de préférer Joseph, maintenant il est mort pour vous ». Chacun s'efforce d'ignorer que tous sont responsables de la mort de Joseph. Qu'est-ce qui a tué Joseph? C'est d'être trop aimé de celui dont tous recherchaient l'amour, c'est d'être trop « soigné » par celui dont tous attendaient les soins. C'est parce que chacun aurait voulu être le bien-aimé que le bien-aimé meurt. Sa mort met en garde chacun à l'égard du danger de cet amour. Mais pourquoi chacun désirait-il cet amour? Sinon parce que les rapports de pouvoir dans l'institution étaient passés de la force de la loi à celle de la séduction, de la tendresse, de la « compréhension ».

Si hier le degré d'existence groupale se mesurait en avancement hiérarchique, en capacité d'imposer sa propre loi au nom de la loi, il semble se mesurer dans une « Institution institutionnelle » en capacité de plaire, d'attirer la sympathie, de susciter l'intérêt, l'écoute, la compréhension. Mais c'est toujours vis-à-vis du Représentant du Pouvoir Institutionnel en dernière analyse que cette nouvelle loi s'instaure; c'est parce que le Représentant du Pouvoir Institutionnel a décidé de libérer la parole que celle-ci prend sa valeur et chacun sait, implicitement qu'il existe des limites fixées par le degré de compromission du Représentant du Pouvoir Institutionnel et de son institution avec une loi plus vaste, toujours basée sur l'autorité imposée. C'est parce que le Représentant du Pouvoir Institutionnel préfère être aimé que craint dans l'exercice du Pouvoir qu'il conserve de toute façon - malgré sa volonté énoncée de dé-hiérarchiser - que chacun cherche à plaire plus qu'à obéir!

Il est bien évident qu'une prise de conscience de ce phénomène peut - éventuellement - modifier le déroulement des événements ! Cette prise de conscience permettrait en effet aussi bien au Représentant du Pouvoir Institutionnel qu'à ceux qui travaillent avec ou pour lui, de mesurer comment leur désir de 'soigner', de 'libérer', etc., est empreint du besoin d'être pris pour cet idéal - irréel que serait un moi-adorable sans volonté de domination. La réalité devant plutôt se lire comme un moi-exécrable qui sous le masque de l'amour impose à l'autre - aux autres - de l'adorer!

 

Le Complexe de Baal

Quelle que soit la motivation du soignant, plus spécialement du Représentant du Pouvoir Institutionnel, qui l'a conduit en cette situation d'« équilibreur », d'« anti-folie », impliqué par son statut de soignant que lui confère la société des  « gens normaux », cette situation implique chez les soignés qu'ils tenteront de le diviniser... Celui qui vient demander quelques lumières sur lui-même, une aide dans son angoisse, finalement un sens (à sa vie, à la vie, etc.), ce malade qui vient demander le miracle de la guérison, la solution de tous ses « problèmes », se comporte comme ces canards naissant dont Lorenz nous apprend qu'ils suivent le premier objet mouvant venu: leur mère, une dinde, un homme ou même un engin mécanique téléguidé... Le Représentant du Pouvoir Institutionnel placé en situation d'objet miraculant, d'être tout-puissant, omniscient, omniprésent, impassible, d'une bonté sans limites, etc., le Représentant du Pouvoir Institutionnel donc, finit par y croire ou de faire comme si, réellement, il était ce dieu qu'on fait de lui. Baal existe alors, ce Dieu qui est un faux dieu, une idole. Baal ne peut supporter des Baal'( baal prime) et tout ce qui s'oppose à son règne sera anathématisé, conspué, exclu, rejeté dans les ténèbres de l'ignorance et du mal, de l'erreur et de la déviation!...

Mais Baal est un faux dieu et lorsqu'on l'implore il n'y a pas de réponse, le feu ne tombe pas du ciel, ni la pluie lorsqu'il fait sec. Ainsi la neutralité du Représentant du Pouvoir Institutionnel, neutralité méthodologiquement systématique, peut devenir non engagement de sorte que les soignés, tout le collectif soignant-soigné se tait car il est divin de se taire. La liberté de parole proclamée par le Représentant du Pouvoir Institutionnel était un miroir aux alouettes qui vient se briser en grondant aux pieds d'un mur de silence. Silence éloquent sans doute car il est signe de puissance et garantit la puissance du faux dieu qui reste hors de portée.

Les prêtres du vrai Dieu YHVH/Adonaï usent d'ironie à l'égard des serviteurs de Baal « Criez plus fort, car c'est un dieu il a des soucis ou des affaires, ou bien il est en voyage; peut-être il dort et il se réveillera ».

Une des raisons peut-être qui rend compte de l'absentéisme quasi-universel des «psychothérapeutes institutionnels », leur présence les mettrait en danger de répondre, on l'exigerait d'eux pour tester leur divinité; mais ce sont des idoles et leur empire risquerait de s'écrouler au son de leur voix et se taire ils craignent de ne le pouvoir toujours! Il est plus commode de n'être point là... Les Soignants font entendre leur voix et revendiquent la présence du Représentant du Pouvoir Institutionnel: Nous, nous ne pouvons être neutres, cela vous est facile à vous qui seulement venez «en passant » lancer quelques oracles. C'est nous qui en portons, tout le long du jour, les conséquences.

Comme Baal dit à ses prêtres (les autres membres du collectif soignant) je ne suis pas votre père, vous êtes mes frères, des frères « à part entière », ce monologue se répercute par voie hiérarchique aux soignés et cela donne quelquefois ceci :

  1. les infirmiers marquent leurs distances à l'égard des malades ( blouses blanches, clefs, médicaments, rapports, ordres, etc.),
  2. jouant le jeu du Représentant du Pouvoir Institutionnel « libéral », ils quittent la blouse, abandonnent les clefs, etc... l'euphorie est générale : « il n'y a plus de différence entre soignants et soignés »,
  3. en fait tout se passe comme si, à l'instar du Représentant du Pouvoir Institutionnel chacun avait une idée précise du lieu où l'on veut mener le soigné; il s'agit d'une ruse destinée à l'y mener sans qu'il se rende compte de son obéissance au désir du collectif soignant. On prétend le mener à l'indépendance et pour ce faire, on l'entraîne dans une joyeuse et libre ronde dont il ne sera qu'un maillon et qu'il pourra à peine infléchir. Il est passé avec joie de la contestation à la compromission.
« - Je te donne la parole car tu es malade de n'avoir pu la prendre
-. ....
- En me parlant tu seras guéri.
-. ....
- Si tu ne parles pas c'est que tu es malade, incurable, perdu.
-. ....
- Salaud! Tu parleras oui ou non?
-. ....
- D'ailleurs tu parles puisque je vois ton envie de pleurer! ».

 

On peut entendre encore ceci :
« - Tu as été élevé par des parents qui n'ont pas su t'aimer!...
- Oui.
- Dis-leur zut!
- J'ai peur d'être seul dans la vie!
- Je suis avec toi, dis-leur zut!
- Zut.
- Maintenant tu es libre, tu as su dire zut.
- Je vais mieux grâce à toi, reste!
- Excuse-moi j'ai affaire ailleurs, il n'y a pas que toi...
- Mais! ?...

- Ne m'agace pas. Moi je vis seul. Toi aussi. Sinon tu es un salaud ! ».

 

Le Corps et l'amer

L'avènement de la Libre Parole en Institution peut constituer un refus du corps. Le vieux débat entre psychothérapeutes et organicistes a une signification profonde. Il est lié à ce dualisme cartésien qui sépare le corps de l'âme, la psychologie de la physiologie, la psychanalyse et le cognitivisme, le désir et le besoin, etc. Voyons un exemple :

Le Représentant du Pouvoir Institutionnel dit: « c'est mieux de soigner par la parole que par le corps ».

Il le prouve car sa présence est fantomatique et ne se lit qu'à travers le filigrane des phénomènes transférentiels. Il vient seulement de temps à autre comme une bourrasque de vent ou plutôt comme une brise passagère, car sa sérénité n'a rien à voir avec une bourrasque!

Le collectif soignant se met en devoir de se « réformer », la parole devient omniprésente. Tout devient prétexte à réunions, psychothérapie, dialogue, bavardage, etc. Sans parler de quelques tumeurs intra-crâniennes qui passent inaperçues, un autre cancer se met à ronger le groupe: la crasse, la saleté, l'ordure envahissent tout. C'est une parole. C'est merde que le collectif soignant dit à celui qui demande qu'on s'implique au niveau de l'expression verbale et qui se tire et se tait.

Mais le Représentant du Pouvoir Institutionnel use encore une fois de compromission avec l'ordre, l'« équilibre », la propreté et les bonnes manières ce n'est pas ça qu'il voulait! Il dit un jour en passant: « Oh! Que c'est sale! Il faut comprendre que la psychothérapie, c'est aussi respecter le malade en lui offrant un cadre convenable. » « Le corps aussi est important »! Dès lors dans l'institution on se préoccupe de vaisselle, de lavages et de gymnastique ! et les réunions de petit groupe révèlent le malaise de l'institution toute entière « Zorah, tu ne fais pas ton travail! Zorah tu ne travailles que si par ton travail tu plais à un homme. » « Zorah pourquoi ne fais-tu pas ton travail? » Et Zorah de n'y rien comprendre! Bien sûr, c'est au Représentant du Pouvoir Institutionnel que l'on s'adresse à travers elle: Tu n'es pas là! Sinon pour recueillir nos suffrages! Sinon pour recueillir de l'amour, de l'intérêt, toutes sortes de gratifications ! Mais sans rien donner en retour. Pauvre Zorah: c'est à elle que s'adresse le Représentant du Pouvoir Institutionnel, à travers les infirmières : c'est sale ici. C'est à elle que s'adressent les infirmières comme symbole du Représentant du Pouvoir Institutionnel : tu ne fais pas ton travail!

Ainsi le Représentant du Pouvoir Institutionnel et les soignants en général, délégués par les gens normaux pour faire taire l'ombre de la structure qu'ils habitent, c'est-à-dire les fous sont amenés à donner la parole à ce qui doit être tu. Mais ils ne peuvent le faire qu'à condition d'élaborer et de perpétuer un certain nombre de compromis. S'il est vrai que les fous représentent le refoulé de la structure sociale, il apparaît dès lors que la censure de ce refoulé sera représentée par le collectif soignant.

L'institution psychothérapeutique sera comparable, dans cette perspective à un symptôme névrotique et l'anti-psychiatrie à une prise de conscience qui nous a amenés à nous demander s'il existe d'autres remèdes qu'au niveau d'une déstructuration - restructuration de l'organisation sociale dans son ensemble.

N'a-t-Il pas dit qu'il faut respecter l'ivraie au milieu du bon grain ?

 

Cf. La sonnette sournoise,in fine.

Lise Durand propose une autre perspective sur les rêves et l'histoire de Joseph, à lire ici

 

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1 Avril 2009