Université Paul Sabatier, Toulouse III
U.E.R. Techniques de Réadaptation
Mémoire pour l'obtention
du certificat de capacité d'orthophoniste
Martine VALIÈRE‑MONTAUD
Gisèle ROTH,
Jean RIBO
Sous la direction de Pierre F. Montaud, orthophoniste (1978)
II PARTIE
LATERALITE AUDITIVE : étude pratique
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Après avoir abordé de façon théorique le problème de la latéralité dans son ensemble nous envisageons maintenant de réaliser une étude pratique portant sur un aspect
particulier de la latéralité.
Le but de notre travail est d’essayer de mettre en évidence une latéralité auditive et de la comparer à la latéralité psychomotrice, c'est-à-dire celle de la main, de l’œil et du pied.
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I) CHOIX DES EPREUVES et matériel utilisé
Pour réaliser cette étude nous avons choisi un certain nombre d'épreuves que nous allons décrire.
Ces épreuves se divisent en deux groupes qui concernent respectivement la latéralité auditive et la latéralité
psychomotrice.
EPREUVES DE LATERALITE AUDITIVE :
- Epreuve de la voix retardée ‑
Nous nous sommes inspirés pour une première épreuve, du test audiométrique de AZZI. Voici sa description telle qu'elle est donnée par PORTMANN dans son "Précis d’audiométrie clinique (22 p 277).
"Cet auteur utilise comme bruit masquant la propre voix du sujet. Celui‑ci est prié de lire un tente tout Mit. Sa voir est captée par un microphone puis retardée d’une fraction de seconde et reproduite à l'intensité que l'on désire dans des écouteurs situés sur les propres oreilles du sujet. Même avec la plus grande volonté il est absolument impossible de continuer à lire si l’on entend ainsi dans les écouteurs, légèrement retardées, ses propres paroles. En pratique, si le sujet est sourd, il peut poursuivre sa lecture. On augmente alors l’intensité du son des écouteurs jusqu'à l'obtention du bredouillement, le seuil obtenu donne une idée suffisamment précise du niveau de perte auditive du malade.
Ce test permet de dépister les surdités simulées car, lorsque l’intensité de la voix retardée atteint le seuil d'audition du sujet, elle entraîne cher celui‑ci des troubles de la parole qu'il ne peut pas maîtriser. Ces troubles sont dus à la perturbation du contrôle audio ‑ phonatoire.
L’un des rôles importants de l’oreille est d'exercer un contrôle immédiat et permanent sur la forme et le contenu de l'émission vocale. Elle intervient donc dans la régulation du rythme, de l’intention, de la hauteur et du timbre, mais elle contrôle également le choir du signifiant et du signifié. Ce contrôle est pratiquement simultané à l’Emission vocale, or, dans l'épreuve que nous
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amans utilisée, cette simultanéité n'existe plus et ce que perçoit l’oreille ne correspond plus dans le même temps à ce qui est émis. La disparition de cette simultanéité suffit à perturber de manière plus ou moins importante l'émission vocale dans tous ses aspects.
On peut supposer que si l’une des deus oreilles exerce un contrôle plus attentif, la désynchronisation de ce contrôle sur cette seule oreille entraînera des perturbations majeures de la parole, alors que la même désynchronisation appliquée à l'autre oreille n'en entraînera que de mineures
On admet facilement que le fait de supprimer l’intervention de l’œil directeur dans la visée apporte une gêne plus importante que la suppression de l’œil non directeur. Cette constatation peut s'appliquer à la main et au pied et son extension au niveau de l'oreille constitue notre hypothèse de travail.
Dans l’épreuve d’AZZI, le retard est d'une fraction de seconde et l’intensité est augmentée progressivement jusqu'à l'obtention de troubles. Un ce qui nous concerne, nous utiliserons un retard de la voix de 250 millisecondes car, parmi ceux dont nous disposions techniquement (125 ‑ 250 ‑ 500 ms), il nous a paru être la plus perturbant.
En effet, pour 125 et 500 ms, la voix retardée est respectivement trop proche ou trop éloignée de l'émission et par là, peu perturbante.
Pour ce qui est de l'intensité, quelques expériences nous ont permis de trouver un niveau permettant d'obtenir un maximum de perturbations dans les limites d'une audition confortable (à peu près 40 décibels). Ce niveau d'intensité a été utilisé pour toutes les passations. Pour conserver un niveau constant d’intensité tout au long des passations, nous avons pris soin de placer le micro à une distance égale pour chaque sujet (25 cm) et de nettoyer fréquemment les têtes du magnétophone.
‑DESCRIPTION DU MATERIEL ‑
- Matériel technique ‑
Nous avons utilisé pour réaliser notre épreuve de latéralité auditive un magnétophone à 3 têtes, d'un micro
Et d’un casque permettant l’écoute séparée des deux oreilles et
d'un dispositif permettant d'obtenir la voix retardée. (Voir annexe p.1)
Matériel linguistique ‑
Ce matériel comprend une épreuve de répétition, une épreuve de récit sur images et une épreuve de lecture pour les adultes et les sujets susceptibles de savoir lire correctement.
L’épreuve de répétition est constituée de 10 phrases inspirées de celles qui ont été conçues par Mme BASTOUL et Monsieur Jean SIMON dans le but de mesurer le niveau d'intégration linguistique d'enfants de grande section de maternelle.
Il s'est avéré après étalonnage réalisé sur environ 200 sujets que ces phrases sont normalement répétées par les enfants de cette section.
Le récit sur images a été emprunté sur aventures de Ferdinand, dessinées par ALL. MICK.
Le texte proposé dans l’épreuve de lecture
est un extrait des" Contes du Chat Perché ”de Marcel AYME(21 p171)
- Epreuve de la montre-
Nous avons associé à cette épreuve de latéralité auditive, dont nous venons de décrie le matériel, une autre épreuve également susceptible de nous renseigner sur la préférence latérale du sujet au niveau auditif.
Le sujet est assis devant une table, Nous plaçons une montre devant celui‑ci et nous lui demandons de se pencher pour écouter la montre avec "son" oreille en insistant sur la nécessité qu'il y a à ce qu'il entende le tic‑tac de la montre. Nous avons noté avec quelle oreille le sujet a tendance à écouter, avec quelle oreille “ il vise le son" (TOMATIS).
EPREUVES DE LATERALITE PSYCHOMOTRICE. ‑
Les épreuves permettant de déterminer la latéralité psychomotrice ont été
empruntées au test de HARRIS.
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-MAIN-
Nous avons tenté de déterminer la latéralité mariolle spontanée du sujet en lui demandant de mimer 10 actions de la vie courante (Protocole d’examen annexe page III).
Nous avons aussi demandé à celui‑ci d’écrire son non avec l’une puis l’autre main. Ce test nous permet de noter quelle main est utilisée d'emblée par le sujet et laquelle, par ailleurs, réalise le meilleur tracé.
-0EIL-
Le choix de l’œil directeur a été testé à l'aide d'un carton troué. Le sujet tient le carton des deus mains à bout de bras et vise un objet placé à quelques mètres de lui (à hauteur du regard), il doit rapprocher le carton de son visage sans perdre l'objet de vue.
La dominance oculaire se détermine en fonction de l’œil choisi par l'enfant pour viser. Rappelons que la latéralité n'a rien à voir avec l'acuité visuelle et que l’œil directeur n’est pas pour autant celui qui perçoit le mieux.
-PIED‑
Parmi les épreuves qui permettent de déterminer la dominance au niveau au membre inférieur, nous avons choisi de proposer trois actions à mimer :
‑ shooter dans un ballon
- monter sur tabouret
- décrire des ronds avec le bout "du" pied.
Nous savons que les avis sont partagé lorsqu'il s'agit de déterminer si le pied dominant est celui qui sert de soutien au corps ou celui qui est en mouvement.
Nous avons pour notre part admis que le pied dominant était celui qui exécutait le mouvement proposé.
Nous ne prétendons pas avec ces quelques épreuves donner une analyse très approfondie et complète de la
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latéralité des sujets que nous avons testés, mais nous avons sélectionné sur les conseils de Melle Catherine 0RTALA, (psychorééducatrice) les épreuves qui paraissent les plus efficaces pour déterminer la dominance latérale eue trois niveaux concernés (œil, main, pied')
Lorsque cela a été possible nous avons utilisé les résultats d’examens complets effectués par des psychorééducateurs.
En fonction des différentes tranches d'âge de notre population, nous avons réparti les épreuves de la façon
suivante :
‑ l'épreuve de récit sur images n'a été utilisé que pour les
enfants de classes primaires;
‑ l'épreuve de lecture a été proposée à la place du récit sur images aux enfants scolarisés dans le secondaire et aux adultes pour que les difficultés inhérentes à l'apprentissage de la lecture (au niveau du C.P. et du C.E.1 et celles qui sont de nature dyslexique n’interfèrent pas avec les troubles dû dans notre épreuve de latéralité auditive, à la "parole répétée ‑ retardée" (terme utilisé par J. de AJURIAGUERRA-13)
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©Martine VALIÈRE-MONTAUD, Gisèle ROTH, Jean RIBO