LA VOIX COMME OBJET REEL
André SOUEIX, Psychanalyste (E.C.F.)
A la découverte
freudienne de l'objet oral et de l'objet anal il faut ajouter la découverte
faite par Lacan de l'objet regard et de l'objet voix. Mais cette découverte se
change en invention lorsque ces objets sont dits "a" (à lire objet
petit a). C'est-à-dire objets réels ou plutôt : de l'ordre du réel. De quel
réel s'agit-il ? du réel de la castration. Le sujet en psychanalyse est certes
divisé par le signifiant., il est aussi effet de perte et c'est de ces chutes
de jouissance que sont les objets "a" qu'il se soutient dans son
être. C'est dans ce cadre là que l'objet voix peut être examiné.
Les hallucinations auditives sont là pour montrer que
voix bien qu'échappant au sonore est parfaitement pour le sujet. Séparées
du sujet et à l'extérieur ces voix ne sont pourtant que la matrice de l'objet
voix. L'acception est avec Lacan tout à fait particulière; en forçant le trait
on peut dire qu'on n'entend pas l'objet voix. Ce n'est pas la parole, parce
que la parole a un effet de signification. Est-ce le cri ? la vocalise ? Echappent-ils
à la signification ?
|
Après ce qu'elle
n'est pas, peut-on dire ce que la voix comme objet pour la psychanalyse, est :
- un objet
pulsionnel particulier : "Alors que le "se faire voir" s'indique
d'une flèche qui vraiment revient vers le sujet, le "se faire
entendre" va vers l'autre". Sem. X p. 178.
- C'est parce que
l'oreille ne se peut boucher que répond dans le corps l'objet voix.
-l'objet oral et
l'objet anal sont des objets du désir.
Les incidences sur
la clinique seront à mettre en valeur :
- Si dans les
séances la voix est ce qui reste de ce qui a été dit, le silence de l'analyste
n'est pas simplement un "se taire".
- Quel maniement de
l'objet voix dans la cure si la voix est le support du sur-moi et si
"nulle part le sujet n'est plus intéressé à l'Autre que par cet objet
là". (26.03.69 Sem XVI).
12 Mai 2008