Les illusions auditives peuvent être définies comme se produisant "chaque fois que notre perception du son est en désaccord avec sa description physique ou acoustique" (Wessel et Risset). Les perceptions qu'elles induisent frappent souvent les auditeurs, en raison précisément de leur caractère paradoxal. Mais au delà de l'aspect spectaculaire, leur étude a permis de mettre en évidence certaines propriétés du système auditif.
Au décours de la présentation de quelques illusions, nous tenterons de préciser quel apport leur étude a pu apporter à la compréhension du système auditif.
- La restitution perceptive des sons : Le système auditif peut "récupérer" une information masquée, voire absente, sans que le sujet ait eu conscience de l'absence : par exemple, dans une phrase, l'auditeur ne s'aperçoit pas qu'un phonème a été supprimé et remplacé par un bruit. Il croit même l'avoir perçu. L'aspect actif de la perception auditive est ici mis en évidence.
- Illusion de Deutsch : 2 sons purs présentés
dichotiquement, et alternativement échangés d'une oreille à
l'autre (voir Fig. 1), seront perçus comme étant présentés
chacun sur une oreille. Une compétition entre mécanismes provoquerait
cette réorganisation perceptive.
Fig. 1
- Fission et fusion mélodique : Une séquence de sons peut former une mélodie unique, ou se scinder en deux mélodies dinstinctes selon les fréquences relatives des sons. Deux illustrations seront présentées pour montrer sur quels indices se base le système auditif. pour organiser les séquences temporelles en un ou deux flux. L'étude de ce type d'illusion permet d'étayer des hypothèses sur les processus de groupements à l'oeuvre dans 1 organisation auditive.
- Sons circulaires (illusion de Shepard) : Une certaine série de sons complexes composés d'harmoniques, évoluant de manière cyclique donne l'impression d'entendre des sons qui deviennent indéfiniment de plus en plus aigüs. Cette illusion a permis d'étayer l'hypothèse d'une échelle bi?dimensionnelle de hauteur, comprenant un paramètre "grave/aigu" et un paramètre "chroma", même si par la suite, Burns (1981), sans remettre en question l'échelle bi?dimensionnelle, a montré que la même illusion pouvait être obtenue avec des sons inharmoniques.
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- La fondamentale absente : La hauteur résultante d'un son complexe harmonique correspond à celle de la fréquence fondamentale de ce son. Mais cette hauteur résultante (dite hauteur fondamentale) reste identique même si l'on supprime la fréquence fondamentale. Cette perception paradoxale a contribué à étayer l'hypothèse de l'existence d'un codage temporel de la hauteur, jouant un rôle différent de celui du codage spatial. (cf. le problème des "sons résultants")
- L'adaptation de la sonie : En marge de toutes ces illusions portant sur les composantes fréquentielles des sons, on a étudié la diminution de l'intensité subjective d'un son présenté à un niveau physique stable, dans des conditions particulières. On a pu en particulier montrer que des différences acquises modulaient l'ampleur du phénomène en effet, des sujets musiciens présentent une diminution de la sonie beaucoup plus faible que les non?musiciens, dans les mêmes conditions.