- La Voix et les chakras -

Dr Bernard Auriol

 

Du vide est sortie la Voix qui s’est faite Verbe en se coupant. L’être serait ainsi entré dans le monde relatif, celui des relations. Dans ce tourbillon nous pouvons isoler certaines zones que la tradition indienne appelle chakras et la Kabbale " sephiroths ". La voix et le corps forment un seul tissu. Tissé d’un seul fil !


 

 

L’axe vertical

On a fait de la station verticale un des signes cardinaux de l’hominisation. Il n’est pas surprenant que cet axe prenne une valeur particulière, plaçant vers le haut les représentations les plus humanisées et abstraites, vers le bas les données les plus charnelles et concrètes. A cela nous invite, indépendamment de notre culture, le réel lui-même qui place notre tête, siège nodal de la pensée, au sommet de l’édifice corporel, alors que les organes d’excrétion, procréation, nutrition sont distribués au-dessous.

Cette valence de l’axe vertical concerne aussi le monde inanimé qui, encore aujourd’hui place le vent, le soleil et les astres au-dessus de la terre et des sources. La biologie apporte également son concours à cette connivence symbolique : le petit d’homme vit sens dessus dessous dans la caverne utérine pour découvrir à sa naissance, à la fois, l’air, la lumière puis, au cours des mois, le " bon sens " de la station debout.

Ainsi se fonde un symbolisme universel de la verticalité qui, pour constituer son archétype, ne nécessite aucune hypothèse autre que les constatations précédentes.

L'espace, dans lequel évolue le sujet par son regard et ses gestes, semble universellement structuré en forme de corps humain : avec un haut et un bas, une droite et une gauche, un avant et un arrière, dont les significations, rejoignent celles qu’on attribue à la tête et aux pieds, aux côtés droit et gauche, etc.

Les yogis tout spécialement, mais, de manière plus rustique, la plupart des traditions spirituelles et mystiques, se sont référés à l’axe vertical et l’ont complexifié : ils ne se bornent pas à une grossière opposition du haut et du bas ; ils ajoutent un étage moyen puis d’autres échelons. Le nombre de niveaux est souvent de 3, 5 ou 7.

Plusieurs auteurs se sont posé la question d’une correspondance entre ces niveaux considérés selon différents champs d’étude :

L’approche psychométrique projective et réfractive (tests de l’arbre, du village, AT9, graphologie, etc.) utilise depuis des décennies un " symbolisme de l’espace " qui attribue une signification psychologique à ce qui est dessiné, écrit ou placé ‘en haut’, ‘au milieu’ ou ‘en bas’ de la feuille de papier ou même d’une seule lettre comme le ‘f’ minuscule.

Dans le rêve éveillé " l’idée de mouvement provoque une association d’images qui se fait spontanément avec la constance d’une loi :

La Kabbale hébraïque nous offre dans les dix sephiroths - dont certains disposés par paire sur un même niveau - sept étages allant de la tête aux pieds.

La mystique chrétienne d'Orient (St Jean Climaque) ou d'Occident (Ste Thérèse d'Avila) décrit également des échelles, des degrés, des demeures.

Le Yoga décrit des roues d’énergie, les Chakras. Ces " roues " sont représentées par des " lotus ", reliés entre eux par des canaux " subtils " d’énergie.

Nous assimilons ces centres à la " tranche de corps " respective qu'ils régissent. Ils constituent un système hiérarchisé complexe en rapport avec les stades supposés de l'évolution spirituelle et pulsionnelle. Ils intègrent une topologie anatomique dans laquelle le haut est valorisé par rapport au bas (qui lui est plus ou moins subordonné d'une façon tout à fait comparable aux modèles de Jackson, Janet, Ey, etc. ) et un point de vue ontogénétique pour lequel le début est en bas et l'objectif final en haut.

Un tel système dépasse largement l'anatomie, la physiologie et la psychologie, même s'il intègre ces disciplines. Il se réfère en effet, à une conception globalisante dans laquelle les frontières entre physique et métaphysique s'évanouissent. Ce point de vue permet alors de nouvelles distinctions, ésotériques pour notre culture : l'opposition simple entre l'âme et le corps cède le pas à l'articulation de multiples entités de statut ontologique intermédiaire.

I ) Le Sahasrara

Il concerne l’Unité Transcendante, l'Absolu et n'a pas de traduction phénoménale immédiate, de ce fait, je n'en dirai rien, sinon qu'on le symbolisme par un lotus à mille pétales situé au-dessus du sommet du crâne.

I I ) Le Muladhara

Il signifie " racine " et se situe à la base du corps et porte l'énergie fondamentale "kundalini" dont on peut rapprocher, sans les identifier, la Libido.

C'est là (et dans le chakra suivant) que se situeraient les centres exécutifs de l'évacuation urinaire, anale et séminale.

Le matérialisme, l'enracinement, la suggestibilité, les élans fusionnels, le besoin de sécurité, l'attachement aux lieux, à l'habitat sont des traits de personnalité bien reliés à ce centre "de base".

La Kabbale l'appelle "Malkouth", le Royaume. Au niveau psychanalytique, il s'agit des premières relations du nourrisson à sa mère qu'il reconnaît à l'odeur. Il se fait porter, manipuler, soigner par elle (" Holding " et " Nursing ").

III ) Le Swadisthana

C’est là ou se situe notre centre de gravité (" hara " des japonais). Il se situe un peu plus haut que le précédent et correspond aux pulsions orales, à l'envie de mordre et la peur d'être englouti, à la soif physique et spirituelle. Par extension, il est lié à toutes sortes d’avidités orientées vers un objet externe (alimentation, copulation), à l'hyperactivité non canalisée, à la pure spontanéité, etc...

La Kabbale l'appelle " Iesod ": le " fondement ". Pour Thérèse d'Avila (1577) la deuxième demeure comporte le risque de l’hédonisme....

L'organe d'action est la main, avec le goût comme voie perceptive.

I V ) Le Manipura

Cette " maison de l’orgueil " est vouée à la jalousie, la bouderie, la susceptibilité, le culte des apparences, l’affirmation de soi... Ce centre gère la région du " plexus solaire ". C'est la zone métabolique par excellence avec la régulation de l'absorption (estomac, foie, pancréas) et de l’utilisation finale des aliments (pancréas endocrine, foie) ...

Au point de vue psychologique il s'agit de la manifestation de soi par rapport à l'environnement intégré comme tel : affirmer sa propriété, produire, se produire, se donner en spectacle... C'est la conquête, la domination, l'affirmation compétitive, la colère, la peur, la stupéfaction ou l'orgueil.. Le voyeurisme ou l’exhibitionnisme... (pulsions anales et scopiques).

Pour la Kabbale, il y a ici deux sephiroths : Hod (" honneur ") et Nizah (" victoire "). La troisième demeure du château intérieur de Thérèse d’Avila, comporte la tentation de se faire admirer, de mal supporter le mépris d'autrui, d'être susceptible.

V ) L ' A n a h a t a

C’est le centre de la synthèse du haut et du bas, " non frappé, non battu, non conflictuel ", le lieu du frottement, du contact. Il est au niveau du thorax, des vertèbres dorsales et commande au coeur, aux poumons et au Thymus. Il joue un rôle privilégié dans la lutte, aussi bien vis à vis des animaux que des microbes. Sur le plan affectif, nous trouvons l'espérance, l'anxiété, le remords, l'excitation, le courage, le tact, ...

Pour la Kabbale nous trouvons ici la " Beauté " (Tipheroth). La quatrième demeure de Thérèse d'Avila permet de découvrir " la différence qu'il y a entre l'entendement et l'imagination " (découverte du Symbolique). L'organe de perception est le toucher, l'action étant dévolue au phallus, quel que soit le sexe : nouvel exemple de la prodigieuse sagacité des yogis, capables d'entrevoir ainsi ce qui deviendra avec S. Freud le " stade phallique " et la " castration symbolique ". Lieu d'affirmation de soi, de l'identité propre du moi, structuration œdipienne, etc.

V I ) Le Vishudda

Ce terme signifie " tout blanc ", très pur, disculpé, acquitté, justifié, achevé, bien déterminé, " ceci et pas cela " ! Le centre d’énergie se rapporte au cou, à la partie inférieure du visage et descend jusqu'aux épaules. On trouve là, la thyroïde et les parathyroïdes, aptes à régler la température du corps, à activer ou atténuer l'ensemble des combustions, à moduler les quantités de calcium circulant, etc...

Il est lié à l'affection, la tristesse, le respect, la dévotion, le contentement, la résignation, les mutations (métanoïa), les choix dans le style de vie, le rapport à l'existence, etc.

La Kabbale décrit ici deux sephiroths : Pechad (la " crainte ") et Chesed (la " miséricorde "). L'aspect de métanoïa est souligné dans le "Château Intérieur" (Thérèse, 1577) par la métaphore du ver à soie " laid et difforme qui est appelé à mourir pour se convertir en papillon blanc et très agréable "

L'organe de perception est l'ouïe, l'organe d'action le larynx et tout ce qui contribue à la phonation...

V I I ) L ' Ajna

Ce mot signifie " entendre dire, ordonner, exprimer l’autorité ". Localisé dans la région du " troisième œil ", il est en rapport avec l'encéphale, les sinus, le nez, le crâne et l'hypophyse. Il est le lieu de la relation au guru, et à toutes formes d'autorité. Il réunit les instances interdictrices et d'idéalisation (Surmoi, idéal du moi).

Pour les Kabbalistes nous trouvons ici l'intelligence (Binah) et la sagesse (Chochmah). Thérèse (1577) y va d'images jupitériennes où " Dieu appelle comme par un coup de tonnerre " usant de paroles qui " portent avec elles un pouvoir et une autorité à quoi rien ne résiste ". Les organes de perception et d'action seraient d'ordre parapsychologique (télépathie, influence).

 

Tableau 1

chakras

sanskrit

(Tantrisme)

sephiroths (Kabbale)

pulsion

(Freud)

topique 

II

Muladhara

Malkouth

fusionnelle

l’automate

III

Swadisthana

Iesod

orale

ça

IV

Manipura

Hod / 

Nizah

anale / scopique

persona

V

Anahata

Tipheroth

phallique

moi

VI

Vishuda

Pechad / Chesed

invocante

ombre

VII

Ajna

Binah /

Chochmah

épistémique

surmoi

I

Sahasrara

Kether

mystique

soi

 

Depuis la Gitalamkara jusqu'à nos jours, bien des auteurs ont tenté de mettre en relation les sons entendus et les étages dont nous venons de parler ! Il s’avère que pour chacun d’entre eux, les sons aigus auraient un lien avec le haut et les graves avec le bas ! Le haut et le bas se réfèrent ici, aussi bien à l’espace environnant, vécu symboliquement, qu’au corps et à sa représentation. Ces correspondances affirmées par Marie Louise Aucher et Alfred Tomatis ont trouvé quelques confirmations statistiques.

D’autres auteurs ont été conduits à se demander si le même symbolisme pourrait toucher l’expression sonore, c’est à dire la voix ! Nous allons tenter de faire le point à ce sujet !

 

Il y a, au moins, trois composantes dans la voix :

La voix permettra alors, pour le sujet qui s’y entend, d’utiliser des mots établis par contrat entre les êtres parlant pour dépasser le simple affrontement des images et accéder à un univers symbolique. Elle permettra aussi l’harmonieuse expression des émotions collectives qui font chanter les fêtes, sonner la charge et pleurer les morts.

 

La Voix

La recherche expérimentale (Scoto Di Carlo) montre que

Il faut cependant ajouter que l’affirmation n’est pas réversible : le registre dit plus que l’humeur du protagoniste ! Les aigus sont plus jeunes et plus féminins que les graves : ils parlent de petitesse, de faiblesse, d’amoindrissement ; mais ils sont aussi plus directionnels et par là plus informationnels. L’agresseur marque sa présence intrusive et le fuyard son besoin précis de secours par des jappements et des cris perçants !

Ceci aura une incidence sur la reconnaissance auditive des émotions dans les registres extrêmes du chant lyrique ou dans le jeu vocal de l’acteur.

 

La hauteur du cri

" Correspondant à la tête et à la gorge, le premier niveau est celui du souffle créateur (...) C’est un vide, une attente, une pure potentialité de souffle.(...) De ce vide central jaillit le son primordial (symbolisé comme un coup de tonnerre,(...) imité par le grondement du rhombe). "

La Menace du dominant (II, III, VII)

La plupart des vivants (oiseaux, mammifères) échangent, non seulement entre congénères mais aussi entre individus appartenant à des espèces très éloignées, des piaillements, grognements, aboiements, rugissements et autres tons d’intimidation qui remplacent ou précèdent un véritable conflit aux dents, bec et ongles.

L’adulte qui gronde ne s’y prend pas autrement. Il parle grave mais d’en haut ! Le maître des lieux menace l’intrus de son grognement sourd qui couvre son territoire (II). C’est la fulmination proférée par le père de la horde primitive que chacun entendra comme celui du tonnerre (VII) auquel répond le shofar !

L’intimation est cette injonction si particulière qui ne permet en aucune façon de vaciller quant à l’obéissance : la voix de l’autorité retentit du dehors mais trouve un allié dans la place, un allié intime à l’autre et qui pourtant le domine, " surmoi " comme dit Freud !

On a pu montrer que le " creak " fait de sons très graves indique une attaque possible plus qu’imminente, l’être ne se sent pas en danger. Il est en position de force et c’est lui qui menace. Au niveau paralinguistique, le " creak " est employé pour suggérer au deuxième degré ce surplomb puissant : le mépris, le dégoût et l’ironie ! La foule qui n’en veut pas joue au loup et répète " hou " à l’orateur...

L’imploration, la supplication, sont les manifestations sonores du petit vers le plus grand, voire du très humble au Très Haut ! L’attitude est symétrique de celle de l’ordre courroucé, de la menace; le ton part de haut pour dégringoler lamentablement afin de fléchir le puissant... " Les cris d’un lutteur blessé se changent peu à peu en gémissements. Le gémissement est l’effort de la faiblesse " !

 

Le Cri qui tue (II, VII)

Le fameux Kiaï japonais est un bruit vocal puissant, sauvage, très fort, très soudain, très bref et très concentré. Sa construction technicise, hors langage, le hurlement de la bête. Il est ‘porté’ à un moment adéquat d'interaction entre les protagonistes. Il est basé sur l'observation précise de la respiration de l'adversaire. Ce "cri qui tue" n'a jamais tué personne, au moins directement ! Il crée, par sa soudaineté, sa puissance, son assertitude, un effet de sidération. Son auteur peut en tirer profit, porter un coup fatal. Il tire son efficace, non d'une structure sonore précise et sophistiquée, mais plutôt de la brusquerie, quasiment impulsionnelle (au sens de l'acoustique) de sa profération et de la force qu'on y met ; et sans la moindre hésitation qui trahirait, par un infime tremblement, l’existence d’un deuxième front, à l’intime champ.

 

Le cri perçant du plus petit

On a bâti une divination sur les cris, " l’ologymancie ". Il vaudrait mieux la dénommer " ololugymancie " car ce mot vient du grec " o l o l u g h ". Sa traduction en dit long sur le sens de l’aigu par rapport au grave dans le ton de la voix : " cri aigu, voix divines, cris de femmes implorant les dieux, cri de douleur, lamentation ".

En passant du grave à l’aigu, le chien qui hurle à la lune suggère le désespoir et la mort ; tout comme la chouette, elle aussi annonciatrice de mort ou...de féminité et de naissance !

 

La voix caressante de la tendresse et de l’amour (V)

Les vocalisations tendres sont douces et sonores à la fois : les cordes vocales vibrent dans la détente, sans être pressées l’une contre l’autre, la glotte reste perméable ! Lorsque s’ajoute une note d’intimité, de secret (de répression) les ventricules de Morgagni se rétrécissent, s’effacent !

 

Le cri et son lieu

Le Cri des tripes (II, III)

Dès sa naissance, le vivant peut rendre sonore son expiration. Non seulement la Grande, lors du dernier soupir, mais aussi les cris, les ris et les chants, en des occasions plus communes. Les sons ainsi émis, peuvent l’être par nécessité physique, au décours de l’effort par exemple. Mais qu’ils soient entendus permet de redoubler leur rôle : le cri se fait signe ! Et pour peu que l’émetteur y prenne garde et le produise pour son effet, il devient signal ...

Signe qui prend du sens en fonction du contexte et de l’expérience passée à mesure que le vivant se complexifie ! Par exemple le chimpanzé évalue comme agressif le cri perçant d’un congénère à moins que ce dernier ne soit sous la menace d’un autre : dans ce cas il le protège. Ceci s’inscrit au niveau de l’anatomie microscopique du cerveau. Ainsi, certaines cellules corticales, peu nombreuses, sont spécifiquement sensibles au cri de détresse d’un congénère, et à peu près indifférentes aux autres stimulations !

 

Le cri devient signal à condition qu’il soit entendu : sa force, sa direction, ses composantes fréquentielles, la place de l’auditeur, son intérêt pour le message, en décideront !

Avant d’en arriver là, le cri tire sa signification involontaire et réelle du lieu corporel dont il surgit ! L’enracinement abdominal (II, III) de la respiration et des sons qui en surgissent correspond au champ de la psyché primitive symbolisée par le serpent, lové en spirale à la racine de la colonne vertébrale. Ce souffle explose parfois en " cri primal " incontrôlé, d’une incroyable puissance (hurlement d’effroi, sursaut de rage, cri d’horreur, etc.). Souffle des entrailles, il correspond aux pulsions les plus puissantes, les plus indifférenciées, les plus archaïques et, par là, les plus vitales. L’aspect énergie déborde et submerge alors complètement l’aspect information.

De la grenouille au boeuf (IV)

L’emphase donne un poids particulier à certains éléments de la phrase ou à tout le discours. Il y faut " de l’estomac " et une bonne respiration diaphragmatique. Plusieurs procédés linguistiques peuvent y contribuer dont l’un est proprement vocal : la ‘vélarisation emphatique’ de Troubetzkoy (renflement de la racine de la langue) qui permet cette éloquence sans micro si gratifiante pour le locuteur !

 

 

Le Cri du cœur (V)

A un degré d’énergie moindre, à un degré plus grand de formelle signifiance, à un égal degré de soudaineté, répond l’exclamation. Nous quittons le hurlement de ventre pour le cri du cœur, nous quittons la solitaire déflagration pour l’interjection, l’acclamation ou la clameur. Rôle volontiers dévolu par les anciens au groupe anonyme de choristes pour manifester le chagrin, la joie ou la surprise de toute l’assemblée réunie.

Le lieu d’où part le cri se marque lorsqu’il s’agit de s’adresser à qui n’en a cure : le crieur va s’époumoner. S’il se désespère d’avoir à faire aux pires sourds, il s’égosillera.

 

l’invective (VI)

" Dans l’éclat de colère, les poumons chassent violemment l’air qu’ils possèdent pour très vite le récupérer. Ceci tend à une meilleure oxygénation et surtout une concentration minimale en gaz carbonique ! Le protagoniste stimule ainsi la partie la plus primitive de son cerveau au détriment du manteau cortical ! Il libère les forces incontrôlées de Hulk !

L’emportement du locuteur s’efforce à une agression vocale ce qui se traduit par une forte contraction de la glotte. Mais le son perd plutôt qu’il ne gagne en puissance car les cordes vocales sont trop peu rapprochées pour vibrer. Le crieur " peste ", " tempête " mais sa colère est peu sûre de soi !

D’autant moins sûre si le conflit entre le haut et le bas se met de la partie. Nous sommes alors face à une colère " rentrée " qui étrangle la voix : les cordes vocales sont trop serrées pour vibrer normalement ! On assiste au combat des muscles expiratoires contre la résistance d’une glotte trop contractée. Comme le suggère FÙ nagy, il s’agit d’un fantasme de meurtre couplé à son interdit surmoïque. Tout se passe dans un en deçà du langage qui touche la gorge (pharynx, larynx) plus en rapport avec l’animalité, les chakras du bas, les positions régressives que les mots dont nous verrons qu’ils se créent dans une partie plus élevée du tractus phonatoire !

Le soupir (VII à II)

Du point de vue physiologique, il s’agit d’une élimination carbonique produite par un relâchement assez rapide des tensions inspiratoires : ceci avec un son très caractéristique qui passe de l’aigu au grave... Il y a là une forme de renoncement à l’action entreprise ou projetée.

Le soupir est un autre nom du désir timide ou soumis-. L’homme qui aime - fusse au delà de l’espoir ! - est un soupirant. L’être qui a aimé ce qu’il ne peut plus aimer, nostalgique ou mourant, pousse aussi des soupirs jusqu’au dernier... Celui qui tombe dans le silence noir.

L’amour produit aussi de primitifs soupirs, des gémissements extatiques, y compris celui du masochiste frustré de sa douleur sinon de son humiliation !

 

Les tessitures

L’axe vertical impose au fondamental de la voix sa bivalence et conduit le compositeur à attribuer certains rôles à certaines tessitures (et réciproquement !) en fonction de leur caractère.

 

Tableau 2

tessiture

caractère

chakra (?)

basse noble

L’autorité

VII

Baryton

Valorisent le conflit envers l’autorité, Traîtres à la révolte coupable 

( vizir Iznogoud ! )

VI

ténor

Amoureux passionnés, héros au cœur ardent

V

alto

Traîtresses

VI

soprano lyrique

Amour jusqu’au sacrifice de soi. Elle représentent les forces du cœur.

V

Soprano

Elle cultive la séduction du paraître !

Volontiers moqueuse, spirituelle, gaie, optimiste.

IV

 

 

schématiquement, la voix fondamentale prend un sens dramatique selon l’axe vertical :

 

Harmoniques et partiels

Depuis des temps immémoriaux et dans toutes les cultures, le haut, la lumière et l’aigu sont en correspondance, ainsi que le bas, le sombre et le grave. Ceci pour les sons fondamentaux comme pour leurs harmoniques.

Des remarques similaires devraient s’appliquer aux partiels présents dans la voix qui chante et celle qui parle...

 

La Parole

La Psychanalyse et la Magie des Mots

Freud, évoquant la "magie des mots" affirme qu'elle "découle d'une foi en la toute puissance de la pensée" comme en découlerait aussi la "conviction du pouvoir lié à la connaissance et à l'énonciation de quelque nom". On se trouve la dans le cadre du " narcissisme primaire " premier état de la vie qui est le mieux représenté par la vie foetale. A cette époque de l’existence, tous les besoins sont comblés sans nécessiter aucune action particulière. Le début de pensée et de conscience qui leur est contemporain semble efficace pour en produire la satisfaction ! La magie découle sans question d’un tel monde où l’extérieur et l’intérieur se répondent jusqu'à la confusion.

A propos du mythe de la horde primitive et de l’homme qui en était membre, Freud insiste sur une idée voisine " le langage était pour lui enchantement, ses pensées lui paraissaient toutes-puissantes ".

A côté de cet aspect du langage qui refait surface de manière faible dans la superstition et de manière forte dans l’hallucination, Freud remarque le rôle particulier des mots et des " restes de mots " qui " sont essentiellement les descendants de perceptions acoustiques " et donnent " une origine sensorielle particulière pour le système préconscient ". " Le mot est à proprement parler le reste mnésique du mot entendu ". Il constitue le principal canal d’accès des représentations inconscientes vers le préconscient et dès lors vers le conscient !

Certaines structures phonologiques, apparemment dépourvues de sens, surgissent au cours de la psychanalyse, comme noyau dur à quoi ramènent la plupart des signifiants : cette convergence leur confère une valeur éminente et leur simple énoncé peut, dans certains cas, avoir un effet analytique majeur.

 

Lacan et la Pulsion Invocante

" l'écoute favorise l'accueil alors que le regard favorise l'évasion de soi " Maître Eckhart La Voix est vecteur essentiel du Surmoi. Nulle part le sujet n’est plus intéressé à l’Autre que par l’objet ‘voix’.

La pulsion invocante a pour objet la voix. Elle est

L’indicible habite la voix : " s’il y a quelque chose par quoi la parole vient se combiner à une fonction vocale absolument a-signifiante et qui contient pourtant tous les signifiants possibles, c’est bien ce qui nous fait frissonner dans le hurlement du chien devant la lune ". Ou la scène primitive. Cette scène, à s’étendre sur les planches, ne perd rien de son éveil à la curiosité. Elle y prend un second souffle qui n’oublie pas la morale sous peine de réalistes censures. Mais ce n’est pas le plus drôle !

Les incantations et les enchantements

Ces faits rendent compte pour une bonne part de tout ce qu’on range sous le terme de " magie " : qu’il s’agisse de celle du sorcier ou de celle du poète !

Les trois formes principales de cette magie de la parole sont :

 

Le lien entre le mot et la psyché:

    1. Dans une première conception, liée à la linguistique saussurienne, il existe un lien par essence "arbitraire", autrement dit aléatoire, entre chaque ensemble phonématique et le champ sémantique correspondant; le langage est une algèbre et, de ce point de vue, il n'y a pas de différence fondamentale entre le morse ou n'importe quelle autre forme d'expression numérisée et les langues historiques des différents peuples.
    1. On tempère généralement cette assertion en concédant l'existence dans la plupart des langues d'expressions sonores imitant certains bruits de l'environnement: les onomatopées et les allitérations. M. Jousse (1969) insiste tout spécialement sur cet aspect qu'il tente de généraliser dans ce qu'il appelle le "phonomimisme", bien mieux réalisé autrefois (dans les civilisations orales) qu'aujourd'hui...
    1. Plus récemment la psycholinguistique (FÙ nagy par ex.), a dégagé certaines relations constantes entre plusieurs phonèmes et tel ou tel champ sémantique. L'aspect moteur, articulatoire du phonème prend ici le dessus, il ne s'agit plus d'un " phonomimisme " mais d'un " articulo-mimisme " expliqué par une parenté symbolique hypothétique entre la glotte et l'anus, ou par d'autres considérations tout aussi fragiles. M. Bernard (1976 p.328) écrit, par exemple, " paradoxalement la voix, travaillée par la pulsion de mort, utilise les structures de l'oralité (...) pour en inverser le sens et évoquer, par son mécanisme, la fonction excrétrice qui lui est opposée ". Il fait ainsi écho à G. Deleuze (1969, p. 225) pour qui parler est "taillé dans manger et chier". Malgré mon désir de simplifier, je dois bien reconnaître que ces trois approches contiennent quelque part de vérité: les psycho-phonéticiens s'appuient sur des statistiques, les onomatopées et un certain degré de " phonomimisme " se trouvent dans toutes les " langues naturelles " et il parait probable qu'un certain degré " d'algébrosation " imprègne pourtant chacune d'elles ! Je dois ajouter une dernière hypothèse dont la contribution à la construction des langues et même de la parole individuelle est peut-être tout à fait relevante:
    2. Quatrième hypothèse: il existe une relation entre les différents lieux d'articulation des phonèmes (labial, dental, palatal, etc..) et les différents " topos " psycho physiologiques évoqués plus haut sous le nom de " chakras "... Pour les yogis du tantrisme, la signification (en tant que code) du mantra est de peu d’intérêt en regard de son effet intrinsèque. L'effet d'un mantra devrait se comprendre comme celui d'une piqûre d'acupuncture, avec un degré supplémentaire de subtilité.

 

Le mantra :

structure phonologique

Il s’agit d’une formule magique, d’un charme, d’une incantation! Depuis l’époque védique ces formules sacrées à usage magique, rituel, liturgique ou spirituel, jouent un rôle essentiel dans la tradition religieuse de l’extrême orient. Ils reposent sur la croyance en l’énergie de la parole.

Chaque mantra est un ensemble de phonèmes, plus en tant qu’ils sont prononcés qu’en tant qu’ils sont entendus. Ils seraient l’incarnation la plus haute et la plus puissante, de divinités ou d’entités naturelles ou surnaturelles.

répétez dit le maître !

L’activité vocale, plus que toute autre, jouit de sa répétition ! Ce qui permet l’entrée dans le langage, c’est un circuit de la répétition (l’adulte répète l’enfant ou inversement, et l’enfant s’auto-imite). Cette activité d’imitation et de répétition sera finalement utile mais ne peut s’instaurer qu’au plaisir du jeu ! Au delà du plaisir puisqu’il s’agit du rythme des bercements primordiaux que le psychotique, en se frappant le crâne, renouvelle sans cesse dans la douleur.

Répéter, c’est " en redemander " comme on le voit dans le jeu de la bobine. La connivence de la répétition et de la demande est manifeste, y compris dans la prière.

Dans l’hindouisme les techniques de répétition se nomment " japa ". Le japa se décompte sur les phalanges des doigts ou sur un rosaire. Il se fait

Comptines, ritournelles, cantillation ...

Il n'est pas possible de cantonner notre étude aux formules saintes ; les enfants et les clowns, usent aussi de répétitions personnelles ou collectives en vue, sans doute, de limiter l'angoisse, comme S. Freud l'a expliqué. Peut être aussi par jeu pur et simple; attitudes ludiques partagées avec nos frères oiseaux (pas seulement les perroquets gris) ou mammifères.

Je citerai quelques exemples connus en France : "am stram gram, piké piké kolégram, bouré bouré rataplam, am stram gram" / "ra, peti, peta, petit pas, petit bus, si té fatigué ta ka prend, l'autobus" / "aux esclaux, pingui pinglo, barka chouya, ridé ridé ridé, répéti péta", etc...

Les phonèmes de la publicité, des slogans politiques ou syndicaux, les sobriquets, certains jeux de mots pourraient sans doute être explorés à la lumière de nos observations. De même les allitérations ou certains passages littéraires et théâtraux.

La technique et les effets

Selon la tradition, le mantra doit être dit exactement, en respectant un certain nombre de règles. Il n'a tous ses effets, notamment dans l'ordre spirituel, que s'il est intérieurement médité, exactement prononcé sans arriver pourtant aux lèvres : les schèmes centraux de prononciation des phonèmes sont requis - et eux seuls - jusqu'à leur dépassement dans la conscience de la conscience prononçante ; alors même que tout mouvement intérieur tend à se stabiliser comme en témoigne la diminution spectaculaire du métabolisme de base, la régularisation des battements cardiaques, l’arrêt complet ou partiel de la respiration.

Cependant, je pense qu’on doit distinguer :

 

Chakras et Mantras

 

La logique phonétique de la Guirlande des mantras

La représentation traditionnelle des chakras porte sur chacune de ses pétales les différentes lettres de l'alphabet sanskrit. Elles sont ordonnées, les unes par rapport aux autres, non pas tellement en fonction de leur qualité sonore que d'après les mouvements articulatoires qui permettent au locuteur de les produire. On remarque ainsi qu'on a de haut en bas:

 
 

chakra

phonèmes

sphincter

cavités séparées

VI

voyelles

glotte

trachée / bouche

V

vélaires

voile

nez / bouche

V

palatales

langue

avant / arrière
(bouche)

IV

dentales

dents

avant / arrière
(dents)

III 

labiales, semi-voyelles

lèvres, langue

intérieur / extérieur

II

sifflantes

lèvres

bouche / extérieur

 

  Les textes classiques détaillent la guirlande des mantras en la répartissant sur les pétales des lotus symbolisant les chakras principaux. En voici le détail :

Ddiagram from Oscar Marcel Hinze, Tantra Vidya,
Motilal Banarsidass, Delhi, Varanasi, Patna, 1979

Les philosophes indiens ont émis l'affirmation d'une étape interne de la prononciation, étape en laquelle les procès articulatoires sont présents à l'état de pure représentation mentale sans mise en action des organes eux mêmes.

Pour eux plus on prononce en arrière, plus on s’élève dans l’axe corporel. On peut ajouter que plus l’amplitude des mouvements du larynx est grande et plus la pression intra-orale est élevée, d’autant on s’élève dans cet axe vertical imaginaire.

Cependant l'aspect proprement sonore (auditif) des mantras ne peut être complètement négligé. Les chakras extrêmes (II, III, VI, VII) sont porteurs de phonèmes à fréquence propre élevée alors que les chakras médians (IV, V) sont porteurs de lettres à fréquence propre basse. Ainsi est-il remarquable que les chakras extrêmes (ajna, vishuda, muladhara, swadisthana) correspondent à un minimum d'obstacles sur le trajet de l'air entre l'intérieur et l'extérieur ; ce sont des chakras dont la signification métaphysique et psychologique implique un certain type de non différenciation à l'égard des énergies externes instinctives ou spirituelles, maternelles ou paternelles.

Par contre les chakras médians comportent des lettres de type occlusif qui marquent la limite entre l'intérieur et l'extérieur, le moi et le cosmos.

 

Conclusion

Nous proposons d’admettre, à titre d’hypothèse de travail, que la production phonique et son écoute, jouent avec un répondant psychophysiologique (chakras) lié aux zones pulsionnelles telles que la psychanalyse les a découvertes. Ce lien serait fondé dans le réel, l’imaginaire et le symbolique. Cette hypothèse me paraît apte à générer des applications en termes de sciences du théâtre et des moyens multimédia.

 

 

 

 

 

 

P h o n è m e s

V o i x

Chakras

phonèmes

fréquence

propre

lieu

d’articulation

amplitude des mouvements du larynx et pression intra-orale de prononciation

homme

femme

VII

complexes

grave à aigu

arrière à avant

forte à faible

Basse noble

-

VI

les voyelles

aigu

arrière

faible

 

Alto

 

diphtongues

- 

- 

- 

Baryton

 

V

vélaires

~ 

1/2 

~ 

 

soprano

 

palatales

grave

1/2 

forte

Ténor

lyrique

IV

dentales

- 

1/2 

- 

 

soprano

III

labiales

~ 

1/2 

1/2 

 

 

 

semi-consonnes

aigu

1/2 

~ 

1/2 

~ 

?

?

II

sifflantes

très aigu

avant

faible

 

 

 

 
 

Tableau 4

chakras

phonèmes

voix

N°

Nom Sanskrit

signification générale tirée de l’étymologie

fréquence

propre des phonèmes correspondant

lieu

d’articulation

amplitude des mouvements du larynx et pression intra-orale de prononciation

tessiture

VII

Ajna

autorité

élevée

arrière® avant

forte® faible

basses

VI

Vishudda

pureté

assez élevée

arrière

forte

- 

V

Anahata

musique sans action

basse

- 

- 

~ 

IV

Manipura

brillant joyau

basse

1/2 

1/2 

élevées

III

svadhisthana (ou svadisthana ou svadistana)

demeure bien située 

assez élevée

~ 

~ 

?

II

Muladhara

base

élevée

avant

faible

?

 

 

Bibliographie

J’ai utilisé sans toujours les citer expressément :

  1. Collectif Encyclopaedia Universalis, CD-Rom, 1995
  2. Kobbé Tout l’Opéra, bouquins Laffont, 1976, 1980
  3. Laffont-Bompiani Dictionnaire des personnages, bouquins Laffont, 1960
  4. M.L. Aucher L’homme Sonore, Epi, 1977
  5. M.L. Aucher Les Plans d’expression , Desclée de Brouwer, Paris, 1983
  6. B. Auriol Yoga et Psychothérapie, Privat - 1977
  1. B. Auriol Les chakras, les troubles du comportement et l'Audio Psycho Phonologie, Journées scientifiques de l'A.F.A.P.P., Carcassonne - 2-3 Juillet 1977
  2. B. Auriol Introduction aux méthodes de relaxation, Privat 1979 & 1987 (3° édition à paraître, Eres, 1998).
  3. B. Auriol Effets des troubles corporels sur le T.E., Effets des sons sur le corps, Journées de réflexion sur les sons, Paris - Salpétrière - 4/5 Juin 1983
  4. B. Auriol Psychodynamique des organes uro-génitaux, journées internationales de Gynécologie-obstétrique, Pau - 18/19 Février (1984)
  5. B. Auriol L'oreille, le corps, la psyché; 1° Rencontre des thérapies psycho-corporelles, Le Lierre et le Coudrier, Toulouse - 16-18 Mars (1984)
  6. B. Auriol Topologie psychosomatique et paramètres soniques, Colloque "Théâtre et Sciences du Vivant", Paris - Maison des Cultures du Monde - (1984)
  7. A. Avalon La puissance du Serpent, Dervy-livres - 1950
  8. A. Avalon La doctrine du Mantra, La guirlande des lettres / Varnamala, Ed. Orientales - 1979
  9. P. Barbier Les mouvements du larynx dans la chaîne parlée en français in "Larynx et Parole", séminaire de l'Institut Phonétique (Grenoble), 1979, publié par le G.A.L.F. (1980)
  10. C. Baudouin De l'instinct à l'esprit, Précis de psychologie analytique, DDB - 1950
  11. J. Blofeld Le bouddhisme tantrique du Tibet, Points - Sagesses - Seuil (1976)
  12. A. Bothorel Positions et mouvements de l'os hyoïde dans la chaîne parlée, Trav. de l'Inst. Phon. de Strasbourg, 7 :80-132
  13. C.Chevrié-Muller et C. Guidet Rôle du cervelet dans le contrôle de la hauteur de la voix et de ses modulations.in "Larynx et Parole" (1979) séminaire de l'Institut Phonétique (Grenoble) publié par le G.A.L.F. pp. 1-26 (1980)
  14. M. Choisy Exercices de Yoga, Ed Mont-Blanc - 1963
  15. G. Deleuze Logique du sens, Ed. de Minuit - 1969
  16. A. El Béze Approche de l' Audio-psycho-phonologie par le test d'écoute: recherche de corrélations, Thèse Médecine N° 447 - Toulouse 1979
  17. W.Y. Evans-Wentz Le Yoga tibétain et les doctrines secrètes (les Sept livres de la sagesse du grand sentier), sq. traduc. du Lama Kasi Dawa Samdup, traduc. française de M. La Fuente, A. Maisonneuve - Paris - 1970
  18. I. Fonagy Les bases pulsionnelles de la phonation: Les sons, Rev. Fse de Psychanalyse. XXXIV p.101 sq. (1970)
  19. I. Fonagy La Vive Voix, Essais de psychophonétique, Payot - (1983)
  20. S. Freud (Les transpositions de la pulsion et, en particulier, de l'érotisme anal), Gesammelte Werke, X, pp.402-410, Imago, Londres (1917)(1940-1952).
  21. S. Freud Moise et le Monothéisme, Gallimard - 1948 p.153
  22. Hruby, Eléments de Spiritualité Juive, in La Mystique et les mystiques, coll. sous la direction de A. Ravier, DDB - (1965) pp. 157-254
  23. R. HUSSON, La Voix chantée , Gauthier-Villars, Paris, 1960 ; Le Chant , P.U.F., 1962
  24. R. JACOBS, La Controverse sur le timbre du contre-ténor , Actes sud, Arles, 1985
  25. P. Janet L'automatisme psychologique, Alcan - 1883
  26. F. Joffrin-Huet Réflexions sur la pratique de la psychothérapie de relaxation ; Mémoire pour le CES de Psychiatrie, Marseille - Novembre 1984.
  27. M. Jousse L'anthropologie du geste, Resma - Paris - 1969
  28. C.G. Jung L'homme à la découverte de son âme, traduit par R. Cahen, Mont Blanc - Genève - 1944
  29. J. Lacan Ecrits, Seuil - 1966
  30. R. Lafon Vocabulaire de psychopédagogie et de psychiatrie de l'enfant, P.U.F - 4° Ed. (refondue) - 1979
  31. Lasserre R., Techniques secrètes de réanimation, Le livre des Kiai et des Kuatsu, Chiron - Sports, 1954 (7° Ed. 1976)
  32. E. Leipp, M. Castellengo, J. Liénard, La synthèse de la parole à partir de digrammes phonétiques; 6° Cong. Internat. d'Acoustique (Tokyo, 1968)
  33. Lama A. Govinda Les fondements de la mystique Tibétaine, (Om mani padme hum), trad. fse de C. Andrieu et J. Herbert, Albin Michel - (1960)
  34. J. Laurenceau, Les origines du rosaire, in "Le rosaire dans la pastorale", trimestriel - N°32 - Oct. 1972
  35. S. Leclaire psychanalyser, essai sur l'ordre de l'inconscient et la pratique de la lettre, Seuil,1968.
  36. A. Padoux Recherches sur la symbolique et l'énergie de la parole dans certains textes tantriques, Institut de Civilisation indienne N° 21, Diffusion E. de Boccard - Paris (1975)
  37. Pannacci D. Eléments d'explication de l'organisation métamérique du corps humain, Mémoire de Psychopathologie, Toulouse Mirail - 1982.
  38. A. Tomatis, L’Oreille et le langage , Seuil, Paris, 1991 ; L’Oreille et la Voix , Laffont, Paris, 1987.

 

 

 

Annexes

ANNEXE 1

 

 

Tableau 3

 

Voix

personnage

caractère

chakra

titre de l’oeuvre

compositeur

basse noble

Chefs

Symbole d’Autorité : caractère majestueux

VII

-

-

basse noble

Sarastro

sage, noble, vérité, lumière

VII

Flûte Enchantée

Mozart

basse noble

Commandeur

effigie du Surmoi

VII

Don Juan

Mozart

basse noble

Philippe II

roi d’Espagne

VII

Don Carlos

Verdi

basse noble

 

Grand Inquisiteur

VII

Don Carlos

Verdi

basse noble

Boris

" j’ai atteint la plus grande puissance ! " 

VII

Boris Godounov

Moussorgski

basse-baryton

 

 

IV

 

 

basse-baryton

Escamillo, le torero

vainqueur des taureaux brutaux et de Carmen, la passionnée rebelle !

IV

Carmen

Bizet

basse-baryton

Méphisto

le diable de rouge vêtu, hypocritement suave, ironique, démoniaque : il offre richesse et puissance

IV

Faust

Gounod

Baryton

le méchant

vizir

Iznogoud

Symbole de culpabilité : agressif, tueur sans merci, traître. 

Il s’agit dans tous les cas de trahir, livrer, abandonner, renoncer : toutes les façons de décliner le verbe " tradere « donner au delà " (de l’acceptable)... 

Le baryton se révolte, trahit ou se résigne. 

VI

 

 

Baryton

Iago

cherche à dominer tout être qui paraît supérieur, sans crainte d’utiliser la dissimulation, 

VI

Otello

Verdi

Baryton

Ourrias, le gardien de taureaux

assassine son rival puis fuit au Val d’Enfer, dévoré par le remords !

VI

Mireille

Gounod

Baryton

Lord Henry Ashton de Lammermoor

complote contre le roi, puis apprenant l’idylle de sa sœur avec un homme qu’il hait, il emploie tous les moyens - y compris les plus vils - pour les séparer et aboutir à leur mort.

VI

Lucie de Lammermoor

Donizetti

baryton dramatique

Rigoletto

bossu, bouffon à l’esprit caustique, homme sans scrupule, traître à soi-même et à son maître qu’il veut faire assassiner ! 

VI

Rigoletto

Verdi

baryton dramatique

Amonasro

traître, persuade sa fille de trahir celui qu’elle aime! 

VI

Aïda

Verdi

baryton dramatique

Scarpia

chef de la police, impérieux, cruel, sinistre et vindicatif, utilise le mensonge, le chantage, et la torture. Il mérite d’être interpellé par Cavaradossi "  boucher hypocrite ! "

IV

La Tosca

Puccini

baryton dramatique

Wotan

Petit " chef des dieux " avide de puissance, hésitant entre égoïsme et amour, il est le symbole des contradictions du devenir. Pour construire son autorité il doit faire appel à l’aide des forces obscures, les Géants ; il se trouve soumis à la fatalité attachée à la puissance et à l’or (source de désordres et de tragédies sans fin). Il est en proie à une intense culpabilité et pour obtenir la libération de la tyrannie de l’or, il doit cultiver la violence et devra sacrifier ses propres enfants !

IV

La Tétralogie

Wagner

baryton brillant

Figaro

Homme à tout faire de la ville, intrigant, opportuniste. Frondeur, il est ironique envers l’aristocratie.

IV

Les Noces de Figaro  

Mozart

baryton brillant

Figaro

idem

VI

Le Barbier de Séville 

 Rossini

baryton brillant

Papageno

à mi-chemin entre les forces de l’abîme et les purs héros. Joyeux symbole de la terre maternelle à la sensualité robuste, aux instincts élémentaires faciles à satisfaire.

III

IV

La Flûte enchantée

Mozart

baryton lyrique

Wolfram

semble faire exception : il retient Tannhaüser sur le chemin du mal.

VII

VI

Tannhaüser 

Wagner

baryton lyrique

Gunther

Contradictoire. Prince faible, peu scrupuleux, tricheur.

VI

Crépuscule des dieux 

Wagner

baryton lyrique

Germonte

Il utilise un infâme stratagème pour obtenir que Violetta renonce à l’amour d’Alfredo ; elle en mourra ! 

VI

La Traviata

Verdi

ténor

 

amoureux passionné, jeune et beau, cœur ardent

V

 

 

ténor léger

don Ferrando

bouillant, impulsif, sentimental. C’est un cœur ardent.

V

Cosi fan tutte  

Mozart

ténor léger

Almaviva

personnage bien vivant, spirituel, tenté d’abuser de son pouvoir

V

Le Barbier de Séville 

Rossini

ténor léger

Nadir

amoureux fidèle, ardent et protecteur, il transgresse l’interdit sous l’effet de sa passion 

V

Les Pêcheurs de perles

Bizet

ténor lyrique

Tamino

chevalier errant parti à la recherche de son idéal Tamina. Prisonnier de l’illusion puis initié

V

La Flûte enchantée 

Mozart

ténor lyrique

Alfredo

amoureux fou de la femme " perdue "

V

La Traviata 

Verdi

ténor lyrique

Faust

Avide de savoir, il aboutit à l’échec et au désespoir ; il conclut un pacte avec le diable : son âme éternelle contre le bonheur ici-bas. Epris de Marguerite, puis d’Hélène il finit par comprendre que le bonheur est dans l’action du moment ; ayant pratiquement atteint son but, il meurt mais sera sauvé de l’enfer. 

Culte d’une vie pleine, sans frein, sans limites et sans lois (III) à (V)

V

Faust 

Gounod

ténor lyrique

Rodolfo

Il vit dans la passion, ses délices et ses tourments; il est sensible, tendre, doux, ardent de sentiments et manifeste une légèreté juvénile, et une inconstance sans méchanceté.

V

La Bohème 

Puccini

ténor de demi-caractère

Florestan

noble prisonnier, résolution virile, stoïque résignation, conquête de la joie finale sur la douleur de son incarcération.

V

Fidelio 

Beethoven

ténor de demi-caractère

Don José

aime Micaela.. Nommé gardien de Carmen, il se laisse ensorceler et la libère, puis déserte pour elle, quitte à perdre la vie ; finalement il la tue.. Il symbolise la passion sans limite !

V

Carmen 

Bizet

ténor de demi-caractère

Lohengrin

Chevalier du Graal, incarnation de la foi, protecteur des faibles et des justes ; ses actes sont toujours conformes à sa mission, marqués d’un souverain désintéressement.

V

Lohengrin 

Wagner

fort ténor

Manrico

Sauvé de la mort par la folie de Azucena qui l’élève, trouvère, guerrier, généreux, clément.

V

Le Trouvère 

Verdi

fort ténor

Arthur

fidèle à ses amitiés et ses amours jusqu'à perdre la liberté et risquer sa vie !

V

Les Puritains 

Bellini

ténor robusto

Radamès

brave général à l’âme simple, rêvant de guerre et de gloire ; sentimental aveuglé par l’amour, loyauté foncière.

V

Aïda

Verdi

ténor robusto

Otello

homme d’action doué d’autorité, maturité impétueuse, chevaleresque, intrépide lion à la colère sans limite quand il est jaloux, il tue sa femme et se suicide ensuite !

V

Otello 

Verdi

ténor robusto

Tristan

joue de la harpe et des armes, c’est un chevalier, passionné, romantique 

V

Tristan et Isolde

Wagner

ténor robusto

Tannhaüser

déçu, tourmenté par le remords, déchiré comme Faust par la tragique dualité de la nature humaine, attiré par l’amour érotique envers Vénus et l’amour spirituel envers Ste Elisabeth ; il veut tout connaître, tout éprouver

V

Tannhäuser 

Wagner

ténor robusto

Siegfried

Elevé par un forgeron, il a la peau dure et insensible sauf en un point fragile. Il représente le monde des énergies élémentaires, de l’innocence et de la joie primitive, de l’héroïque insouciance, de l’ivresse printanière de la vie ; il ignore le péché et doit mourir. Il représente l’humanité appelée à prendre la place des dieux ! L’instinct chez lui s’épanouit librement, il exprime sa joie d’un rire clair et viril. Héros primesautier, espiègle, sa vitalité épuise le moment présent ; il est le " bon sauvage ", le Prométhée....

V

Siegfried

Wagner

 

 

 
 

Voix féminines

alto

contralto dramatique

Erda

Aînée des dieux, prophétesse des choses éternelles, personnification de l’esprit de la terre, celle qui choisit à l’origine de tout (II). Elle vit dans le sommeil primordial et porte le rêve éternel du monde. Mère de l’Abîme, elle apprendra à Wotan l’origine et la fin de toutes choses.

II

La Tétralogie

Wagner

alto

Eboli

Traîtresse, jalouse, elle se découvre une rivale auprès de Don Carlos dont elle se croit aimée ; elle fait en sorte de le perdre auprès du roi dont elle devient la maîtresse...

VI

Don Carlos 

Verdi

alto

Amneris

amour malheureux et jalousie, amour humilié.

VI

Aïda

Verdi

alto

Brangaene

Tendre sœur d’Yseult, elle substitue au philtre de mort pour Tristan un philtre d’amour. Elle symbolise un destin dans lequel l’amour est inséparable de la mort.

VI

Tristan et Yseult 

Wagner

alto dramatique ou mezzo soprano

Azucena

assiste à la mort de sa mère brûlée vive pour " sorcellerie ", elle veut la venger ; au lieu de brûler le fils du comte c’est le sien qu’elle jette au feu... (elle se venge mais est punie par le " destin ").

VI

Le Trouvère

Verdi

alto dramatique ou mezzo soprano 

Dalila

énergique, perfide, traîtresse.

VI

Samson et Dalila 

Saint-Saëns

alto

Geneviève

porte parole de Golaud pour le roi, son grand père.

VI

Pelléas et Mélisande

Debussy

Mezzo

Mezzo

Carmen

femme fatale : gitane passionnée mais volage, aimant impulsivement mais se lassant tout aussi vite, femme sans loi, elle représente le fatalisme qui joue avec la mort. Elle veut avant tout être libre !

VI

Carmen

Bizet

Mezzo

Mignon

Tour à tour jalouse et en colère (V), sauvée du feu, heureuse, " l’air m’enivre ", à la recherche de ses racines, de son identité (II).

VI

Mignon

 

Soprano coloratur

soprano coloratur

Reine de la Nuit

+

La nuit avec son mystère, ses cauchemars, ses sortilèges (VI) ; mère des forces instinctives, destructives ; vengeance d’un personnage farouchement passionné et aveuglé (le mal, la mort).

VI ou III

La Flûte enchantée 

Mozart

soprano dramatique

soprano dramatique

Amina

+

orpheline (-VII), une lampe à la main, somnambule en chemise blanche, prise pour un fantôme, elle dit la vérité en dormant (VI). Elle tombe sa lampe dans le torrent (III).

VI et III

La Somnambule 

Bellini

soprano dramatique

Lucie

+

mariée contre son gré et grâce à la calomnie, elle devient folle et assassine son mari puis meurt de douleur.

VI 

Lucie de Lammermoor

Donizetti

soprano dramatique

Constance

+

Fidèle à son fiancé, chante l’amour, exprime son chagrin. 

V

L’Enlèvement au sérail 

Mozart

Sopranos lirico

soprano lirico

Violetta

+

Courtisane, (" femme perdu " « " traviata "), tuberculeuse, amoureuse d’Alfredo, toujours libre, de plaisir en plaisir, amour jusqu’au sacrifice de soi. Trahit son amour pour son amour !

IV et

V

La Traviata

Verdi

soprano lirico

Manon 

+

Nature double : pleine d’un amour pur et courtisane cupide, traîtresse.

IV et V

Manon 

Massenet 

soprano lirico

Gilda

+

Fille du bossu (Rigoletto), amoureuse du roi, elle trahit son père en donnant sa vie pour son amant.

IV et V

Rigoletto

Verdi

soprano lirico

Micaela

+

paysanne messagère de la mère dont elle apporte l’argent à José et à qui elle annonce qu’elle est mourante.

IV et V

Carmen

Bizet

soprano lirico

Marguerite

+

fileuse, pieuse, pudique, compatissante, tentée, séduite, abandonnée, culpabilisée, infanticide, condamnée à mort...

IV et V

Faust

Gounod

sopranos " lyriques " (terminologie française)

soprano lyrique

Pamina

chaste jeune fille à l’âme ardente et pudique : elle représente les forces du cœur.

V

La Flûte enchantée

Mozart

soprano lyrique

Madame Butterfly

pleine d’un élan un peu brutal, d’une chaleur instinctive, elle sera la victime d’un odieux séducteur, et elle se poignarde.

Madame Butterfly

Puccini

soprano lyrique

Mimi

Transitoirement infidèle par pauvreté, aimant jusqu’au sacrifice, purifiée par la souffrance.

V

La Bohème

Puccini

Le soprano " soubrette " coloratur

Le soprano " soubrette " coloratur

Blondchen

très spirituelle, gaie, optimiste.

IV

L’Enlèvement au sérail 

Mozart

Le soprano " soubrette " coloratur

Adèle

excitation joyeuse, fait semblant de pleurer, moqueuse envers son employeur.

IV

La Chauve-Souris 

Johann Strauss

soprano " soubrette " ordinaire

soprano " soubrette " ordinaire

Papagena

vieille commère qui menace Papageno des pires sévices s’il ne lui jure pas fidélité : sur quoi elle devient jeune et jolie.

IV

La Flûte enchantée 

Mozart

soprano " soubrette " ordinaire

Suzanne

amoureuse, fine, ingénieuse, adroite, spirituelle, rieuse ; Elle aime Figaro de tout son cœur ; d’apparence légère, elle est foncièrement honnête ; esprit délicat, bon cœur, compatissante, sens des réalités : elle dupe son maître puissant par plaisir

IV et V

Les Noces de Figaro 

Mozart

soprano " soubrette " ordinaire

Marcelline

Amoureuse d’une femme travestie en homme.

IV

Fidelio

Beethoven

soprano lirico spinto (poussée, extrême)

soprano lirico spinto

(poussée, extrême)

Elsa

Elle doit accepter d’ignorer qui est Lohengrin son sauveur, son amour ! Mais elle finit par exiger de savoir : Lohengrin parle et s’en va. Elle est désespérée. 

Elle n’a pas douté par manque d’amour mais elle exigeait de cet amour sans cesse plus et ne pouvait se contenter des sentiments, il lui fallait aussi connaître son amour. Désir infini qui préfère tout perdre que de ne pas tout savoir.

VII

Lohengrin 

 

soprano lirico spinto

Elisabeth

femme rédemptrice qui sacrifie sa vie pour celui qu’elle aime, renoncement total.

VII

Tannhäuser

 

soprano lirico spinto

Senta

Senta éprouve une instinctive sympathie de fille de la mer pour le " héros maudit ". Une vocation mystique la pousse à la résolution d’être pour le Hollandais Volant l’épouse prédestinée au salut dans la mort. Elle est déchirée entre deux amours, prise entre deux mondes : celui de l’amour divin jusqu’au sacrifice de sa vie et celui de l’amour humain.

VII

Le Vaisseau fantôme

Wagner 

soprano lirico spinto

Desdémone

Culpabilisée par l’autre, innocente en son âme.

VII

Otello

Verdi

soprano lirico spinto

Tosca

passion véhémente exacerbée (V), éclats instinctifs et primitifs (II, III), douleurs extrêmes, irascible (V), tendre amante (V), meurtrière vengeresse (IV, V).

V

La Tosca 

Puccini

soprano dramatique

soprano lirico spinto ou soprano dramatique

Aïda

" Jamais sur terre il n’y eut de cœur plus cruellement déchiré. Ces mots sacrés, père, amant : ni l’un ni l’autre je ne peux les prononcer. Pour l’un pour l’autre, je pleurerai et je prierai ! ": agitation intérieure, amour passionné, sublimation mystique.

VII

Aïda

Verdi

soprano dramatique

Leonora

(Fidelio)

fidèle au mépris du danger, se travestit, objet d’amour homosexuel, confiante en la Providence.

VI

Fidelio

Beethoven

soprano dramatique

Norma

Conflit (VI) entre l’amour (V) et le devoir (VII) qui ne trouve d’issue que dans la mort (VI). Grande prêtresse druidique vouée à la virginité, amoureuse du chef ennemi, capable de renoncement (VI) puis de vengeance guerrière (V) et enfin de total sacrifice sur le bûcher (IV).

VII

La Norma

Bellini

soprano dramatique

Salomé

Comme prix du désir qu’elle a su éveiller (V) elle reçoit la promesse " demande moi ce que tu voudras et je te le donnerai ! ". Instrument (IV) de sa mère (Hérodiade = VI) elle se fait donner, sur un plat - comme pour un repas (III) - la tête du prophète culpabilisateur (VII). Pour Oscar Wilde et Richard Strauss, elle est folle de désir pour l’homme qu’elle fait décapiter !

III+

et VII-

Salomé 

Richard Strauss

soprano dramatique

Elektra

Implacable, car son père fut tué par sa mère (+ Egiste, son amant) et elle veut se venger, capable de guérir les cauchemars ; elle devient tendre quand elle a retrouvé son frère qui sera l’instrument de la vengeance !

V

Elektra

Richard Strauss

soprano dramatique

Yseult

au delà du conflit entre le devoir de fidélité au fiancé assassiné et l’amour fou pour son assassin ; coup de foudre et après être entrée dans la voie du mensonge et de la tromperie, c’est l’unité de l’extase et dissolution dans l’amour, la nuit et la mort avec Tristan 

VI

Tristan et Yseult

Wagner

soprano dramatique

Brunehilde

mystérieuse vierge endormie (II, III), Somnambule avec des songes prémonitoires, prisonnière d’un rideau de feu infranchissable (IV), amenée par Siegfried, guerrier lumineux (V), au roi (VII), elle exige pour son honneur (IV) que Siegfried soit tué puis le regrette (VI) et se jette elle même dans le brasier (IV). Elle permet le passage du divin à l’humain et la récapitulation finale du monde dans le divin (Kundalini ?).

VII

La Tétralogie

Wagner

 

 

ANNEXE 2

 

on décrit plusieurs voix de basse :

  1. La basse noble malgré le corps souvent grand et mince du chanteur, donne une idée de volume; son caractère majestueux est tout désigné pour les rôles de grands Seigneurs, chefs de tribu, grand prêtre, commandeur !
  1. à la basse chantante ou basse-baryton ou basse-taille conviennent les combats sans merci de la passion et du devoir. Elle s’oppose à la précédente par sa souplesse et un caractère moins tranché, plus conflictuel.

Baryton (VI)

l’homme agressif, tueur sans merci ou traître, sera joué par un baryton :

Ordinairement, dans le répertoire lyrique, on distingue quatre types de barytons.

ténor (V)

femme fatale (Carmen) ou (VI ?)

femme de devoir (Charlotte) (VII ?)

femme passionnée et jalouse : mignon! (IV ?)

 

 

Soprano (IV)

La soprano se verra proposer les rôles d’ingénue, de jeune fille pure, ou de grande coquette totalement évaporée !

 

1o le soprano coloratur, la plus haute de toutes les voix, qui chante jusqu’au fa’’’ , avec un timbre pur, léger et cristallin ; c’est le soprano de la Reine de la Nuit (La Flûte enchantée  de Mozart), de Zerbinetta (Ariane à Naxos  de Richard Strauss).

2o Proche de celui-là, le soprano " dramatique ", lui aussi très brillant et capable de vocalises impressionnantes (Lucia di Lammermoor  de Donizetti, Constance de L’Enlèvement au sérail  de Mozart, La Somnambule  de Bellini) ; son registre est légèrement inférieur au précédent, le timbre en est peut-être plus nuancé.

3o Le soprano lirico est une voix de coloratur plus limitée quant à ses possibilités lyriques (La Traviata  de Verdi, Mathilde dans Guillaume Tell  de Rossini, Manon  de Massenet, Gilda dans Rigoletto  de Verdi, Micaela dans Carmen  de Bizet, Marguerite dans Faust  de Gounod).

4o Le soprano " soubrette " coloratur possède un timbre léger et apte ordinairement à l’emploi de rôles dramatiques (Blondchen dans L’Enlèvement au sérail  de Mozart, Adèle dans La Chauve-Souris  de Johann Strauss).

5o Au soprano " soubrette " ordinaire correspondraient des rôles tels que Papagena (La Flûte enchantée ), Suzanne (Les Noces de Figaro  de Mozart), Marcelline (Fidelio  de Beethoven).

6o Le soprano lyrique (en terminologie française) conjugue les qualités de plusieurs types de voix féminines ; il est puissant, brillant, mais non dramatique et non coloratur, il ne vocalise pas, il est dit aussi soprano wagnérien ; c’est le soprano de Pamina (La Flûte enchantée ), de Madame Butterfly  et de Mimi (La Bohème , Puccini).

7o Le soprano lirico spinto  est proche du soprano léger dramatique (Elsa dans Lohengrin , Elisabeth dans Tannhäuser , Senta dans Le Vaisseau fantôme , de Wagner ; Desdémone dans Otello  de Verdi ; rôles principaux dans Aïda  de Verdi et dans La Tosca  de Puccini).

8o Le soprano dramatique possède un timbre plus sombre et plus grave (Fidelio , La Norma , Salomé , Elektra  ; c’est Isolde de Tristan und Isolde  et Brünnhilde de L’Anneau du Nibelung ).

9o Le soprano léger demi-caractère, par son timbre gracieux et agréable, de puissance moyenne, et possédant une heureuse souplesse dans un registre peu étendu, convient parfaitement à l’oratorio, à la cantate et surtout aux lieds.

 

ANNEXE 3

 

orient

On peut citer les mantras

Les mantras sont de formes très diverses, allant de longues phrases à des monosyllabes. Les groupes monosyllabiques n’ont souvent pas de sens littéral. Très nombreux – la tradition dit qu’il y en a des millions ! –, les mantras sont strictement codifiés. Un mantra ne s’improvise pas : révélé par un grand voyant (rishi) il est transmis par tradition initiatique et confié en secret par un maître à son disciple.

Dans les mantras du védisme et de l’hindouisme, la forme est l’essentiel. La valeur symbolique de certains phonèmes est proclamée. On les décrit aussi comme présents dans le corps humain au niveau des centres (chakras) du corps subtil.

Les textes tantriques (IVe siècle) soulignent le caractère d’énergie surnaturelle des mantras, dû à ce qu’ils sont des formes – parfois même la forme la plus haute – de l’énergie divine, qui est Parole.

Mais les mantras ne sont pas liés par les " conventions " gouvernant la langue et associant les mots aux choses. Leur usage, loin de tendre à favoriser la pensée discursive, tourne, au contraire, le " prononceur " vers son être profond et silencieux. Comme le montre l’expérience, le méditant découvre en lui une zone de silence et de paix ineffable.

 

2. Le bouddhisme

L’ésotérisme syllabique, avec les bija (nommés ici dharani , " porteuses "), y a également une place marquante.

 

Monothéismes

Christianisme

Catholicisme

Près de nous, les " oraisons jaculatoires ", les litanies, la récitation de l' " Ave Maria " qui se répète 150 fois dans la pratique du rosaire, etc...

Les chrétiens orthodoxes

font usage de la "prière du coeur", répétitions mentales accompagnées de respirations particulières et autres techniques corporelles (hésychasme).

À la fin du XIIIe siècle, après une phase de décadence, saint Grégoire le Sinaïte ranime la tradition hésychaste de la " prière de Jésus " au Mont-Athos, invocation intériorisée à l’aide des rythmes du souffle et du cœur dans une certaine posture, selon la formule alors fixée : " Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur. ".

 

Dans le monde islamique,

sans parler des pratiques soufis de psalmodie fascinante réunissant les adeptes en cercle dansant " dhikr ", l'usage du chapelet avec répétition insatiable de noms divins ou de formules sacrées est fort répandu et attesté dans toute l'aire mahométane : récitation de litanies généralement accompagnées de chants et de musique destinés à favoriser l’extase.

 

Le Judaïsme

est loin d'ignorer de telles pratiques et Hruby (1965, p.214) peut écrire (avec quelque abus) : " L'une des conceptions (...) de la Cabale est sans doute celle de la force créatrice des sons articulés dont le fondement, conformément à l'ancienne doctrine du Logos, est le Verbe primitif ".

 

Litanies

Terme générique et moderne qui désigne, dans le culte chrétien, plusieurs espèces de prières d’intercession. Celles-ci ont en commun une forme musicale caractérisée par sa simplicité formelle : alternance d’un soliste (ou d’un groupe de solistes), qui chante des invocations, des demandes ou des acclamations, et de l’assemblée, dont la réponse est brève et uniforme, tant mélodiquement que rythmiquement. Une telle structure est universelle et compte parmi les formes fondamentales de tous les cultes et de tous les temps.

Contentons-nous de citer ici les cultes babyloniens ou juifs (E. Werner, The Sacred Bridge , 1959) et ceux de la Rome païenne (Lactance, De mortibus persecutorum ). Parmi les prières chrétiennes d’intercession, on évoquera : les proclamations (karozuta ) syriaques (kerygma  en grec, praedicatio  en latin) ; les ectenie  (prière intense ou étendue), synapti  (collecte), litie  (supplication) de la liturgie byzantine ; les preces , orationes , etc., des rites latins.

Quant aux termes litaniae , letaniae , ils sont associés ordinairement à une procession de pénitence (processions des Rogations). " L’insistance dans l’invocation donne lieu à la répétition, et la répétition d’une invocation donne lieu à la litanie " (Gino Stefani, L’Acclamation de tout un peuple , 1967).

À l’origine, dans l’église orientale, le Kyrie eleison  a été la réponse de l’assemblée à une invocation du diacre, multiple, de longueur inégale, et plus ou moins proche de la cantillation, d’où son nom de litanie diaconale. Le passage en Occident du Kyrie est très ancien : messe gallicane, milanaise, hispanique, puis romaine (avec, ici, introduction du Christe eleison , au temps de Grégoire le Grand). Depuis lors, le Kyrie a perdu ses caractères litanique et invocatoire (malgré un essai de retour à ceux-ci après les réformes de Vatican II), pour devenir une acclamation festive proche du jubilus alléluiatique (Kyrieleis  des Kirchenlieder allemands). Dans la litanie chrétienne, on peut distinguer :

1. la litanie sacerdotale (oraisons solennelles du vendredi saint, aux formes complexes. a ) célébrant : Oremus pro ... [indication de l’intention] Oremus. b ) diacre : Flectamus genua  [silence] Levate  [monition et prière silencieuse]. c ) célébrant : Omnipotens sempiterne Deus  [demande]. d ) tout le peuple : Amen ).

2. la litanie diaconale, qui oriente la prière en Orient.

la litanie chorale, dirigée par les chantres (litanie des saints). La réponse de la foule est toujours une brève invocation, ainsi : Amen , Kyrie eleison  (non mélismatique), Te rogamus, audi nos  ; Libera nos Domine  ; Ora pro nobis...  (ou leurs équivalents français de la liturgie contemporaine).

À la fin du Moyen Age, du XIIe au XIVe siècle, se répandit en Occident la litanie d’origine non liturgique, laquelle naquit vraisemblablement en Irlande (VIIIe siècle) et qui fleurit notamment dans les livres d’heures. Bède le Vénérable (672-735) écrivit des litanies en forme de séquences. Trouvères et troubadours chantaient souvent dans l’esprit musical de la litanie : phrases répétées, avec ritournelles instrumentales en forme d’interlude élémentaire. À l’exemple de la chanson de geste, la pastourelle (chanson avec refrain), la laisse strophique et le rotrouenge (qui naît au milieu du XIIe siècle) dérivent de la forme litanique. Dans les motets des XIIe et XIIIe siècles, la teneur peut ne pas être une phrase continue ; elle donne parfois lieu à un long développement et adopte la forme de la litanie : il s’agit alors d’un fragment mélodique, d’une courte phrase, qui se répète plusieurs fois, selon le principe qui sera en vigueur, quelques siècles plus tard, dans la chaconne et la passacaille. Après l’apparition de l’écriture polyphonique, de nombreux compositeurs s’inspirèrent de la litanie, notamment des litanies de la Vierge. Les Litanies de Lorette  (Litaniae lauretanae ) tiennent une place primordiale parmi ces dernières. Ces litanies furent officiellement approuvées par le pape Sixte V en 1587.

Les œuvres se multiplient en Italie après les dix Litanies de la Vierge  (1593) à quatre, cinq, six et huit voix, de Palestrina, composées pour la confraternité du Saint-Rosaire ; il y a celles de Lassus, de Monteverdi, de Geronimo Giacobi (1567-1630), de Costanzo Festa (env. 1485-1545), dont les Litanies de la Vierge  à double chœur — huit voix — témoignent d’une écriture fort rare dans l’Italie du XVe siècle ; des Anglais Peter Philips (env. 1560-1628, litanies de quatre à neuf voix), William Byrd, Thomas Tallis (Litany , 1541). On remarquera que, dans l’Eglise anglicane du XVIe siècle, les litanies sur des textes anglais prennent la forme de faux-bourdons.

Celles de Mozart retiennent plus encore l’attention. Outre des Fragments de litanies de la bienheureuse Vierge Marie  pour quatre voix et orgue (K. 324, 325, 240) que le jeune Mozart a peut-être copiés pour son propre compte à partir d’œuvres d’anciens maîtres, il a composé des Litanies de Lorette , en si  bémol et en ré , et les Litanies du Saint-Sacrement , en si  bémol et en mi  bémol.

 

ANNEXE 4

 

La nomination

L’effet de nomination interrompt la contemplation de son image propre par le jeune enfant : s’il est appelé, c’est qu’un autre est là ! Si cet appel est nominal, s’il est vocatif, c’est que cet autre s’appuie dans son appel sur l’Autre qui lui garantit sa relation à l’Universel. L’appel nominal fait une brèche dans la fascination de l’image qui le noierait. La nomination a valeur " d’intimation que fait l’Autre par son discours au sujet " . L’Autre n’est pas dans l’image, mais là d’où ça parle.

L’expression lacanienne de " Nom du Père " est le support de la fonction symbolique et équivaut au nom de la Loi. " La place du père, écrit Ortigues, est marquée dans la vie par ce qui est d’un autre ordre que la vie, à savoir des gages de reconnaissance, par des noms. Ces noms supposent une tradition, un chemin qui, par des circuits plus ou moins compliqués, va des morts aux vivants. L’autorité gardienne de la coutume et des noms subsiste dans la mort comme dans la vie... ".

Chant et Chakras

Qu’il soit plaisir pur, qu’il ait vocation cultuelle, esthétique ou cathartique, qu’il se réclame de traditions millénaires ou des formes policées de l’art classique, le chant est à la fois sonorité pure et véhicule de pensée, encore que le mot, onomatopée domestiquée, soit lui-même pensée et sonorité pure, ainsi que l’exprime Marcel Beaufils dans Musique du son, musique du verbe . Mêlant donc l’incantation à la récitation, la magie à la raison, le dionysiaque à l’apollinien, qu’il soit savant ou intuitif, le chant est fonction de la langue parlée. L’envoûtement produit par le chant sur le public évoque parfois les transes collectives de maints rituels.

Aux débuts de la chrétienté

Nous retrouverons ces différences à tous les échelons du chant classique,

Enfin, pour mieux traduire les élans libertaires des héros de l’opéra historique et politique, les chanteurs renonceront à la magie de la vocalise pour lui substituer l’effet non moins envoûtant de la puissance de la voix, et surtout des notes aiguës : le fameux " ut  de poitrine " émis en 1831 par le ténor français Gilbert Duprez dans Guillaume Tell , de Rossini, aura de profondes répercussions sur l’art du chant et sur son nouveau public. (tiré de l’Encyclopaedia Universalis)

 

Publié dans Théâtre/Public, publié par le Théâtre de Gennevilliers, 41 Avenue des Grésillons, 92230 - Gennevilliers; Juillet-Octobre 1998, 90 Fr

Les Chemins de la Voix, 142-143 ; pp.34-45, (ISSN0335-2927 )

 

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26 Avril 2006