Pour mieux vivre, méditons

Carole de Landtsheer

(extrait de « Femme Actuelle » , N°1136 3-9 Juillet 2006, pp.40-41)

 

Cette pratique spirituelle connait un succès grandissant. Des "méditants" nous racontent comment elle a changé leur vie.

La venue en France du Dalaï Lama, du 16 au 21 juillet, devrait réjouir les quelque 800 000 pratiquants bouddhistes (30 % de non- asiatiques [1] ). Clé de voûte de cette pratique, qui se vit plus comme un art de vivre au quotidien: la méditation.

Sur notre territoire, on compte près de 300 centres de méditation : monastères tibétains, zen... Des lieux où l'on apprend à plonger en soi pour faire le vide, se ressourcer, trouver un espace de paix intérieure. Rappelons que la méditation peut aussi se pratiquer chez soi, indépendamment de tout contexte religieux. Elle relève d'une recherche de bien-être ou d'une quête spirituelle et oeuvre dans le sens d'un lâcher-prise prise et d'une prise de distance.

Au fil du temps, on tisse des liens plus harmonieux

On apprend à réagir moins sur le vif, à relativiser, à cesser de penser de façon anarchique, à vivre dans l'instant présent. Outre ses qualités antistress et anti- prises de tête, la méditation conduirait aussi à une meilleure connaissance de soi. Au fil du temps, on regarde le monde autrement, de façon plus concernée. On tisse des liens plus harmonieux... Elle présenterait donc des vertus hautement thérapeutiques. C'est le sujet du livre Méditation et psychothérapie, (paru chez Albin Michel).


publicité non évaluée par le Dr Bernard Auriol

Bernard Auriol, psychiatre et psychanalyste, l'un des auteurs de cet ouvrage collectif, répond à nos questions.

Femme Actuelle: Pourquoi la méditation fait-elle tant d'adeptes ? Quels en sont les bienfaits ?

Bernard Auriol: Les gens ménent des vies de plus en plus stressantes, compliquées, dans une société qui demande de gérer à la fois énormément d'informations, de données. Aussi ressentent- ils un besoin de simplification et de pacification. En fait, d'oublier et de remettre le compteur à zéro. La méditation a des effets de « désencombrement »  de l’inutile, des données sans importance. Elle permet de prendre du recul par rapport aux soucis, aux anxiétés qui peut- être n'auraient pas lieu d'être. En méditant, on se sent plus détendu, on accepte plus facilement de prendre contact avec les éléments qui gravitent en nous et que nous tenions à distance. On est moins effrayé par ce qui peut surgir, survenir dans notre esprit. De ce point de vue, la méditation favorise les prises de conscience. File atténue également les éventuels séismes psychiques qui peuvent découler de ces prises de conscience.

F. A.: Les "méditants" mettent en avant leur besoin de repasser par le corps pour se sentir mieux. Ils reprochent souvent à l'analyse de ne pas le prendre en compte. Qu'en pensez- vous ?

B. A. : Nous sommes des êtres de chair et de parole : corps et âme sont totalement imprégnés l’un de l’autre. Mais, malgré les apparences le travail analytique ne délaisse pas le corps. D'abord, celui-ci intervient de par sa position inhabituelle : l’analysant est allongé sur le divan et ne voit pas son analyste. Ensuite le patient, même s'il ne travaille pas directement sur ses sensations corporelles, est amené à ressentir plein de choses pendant ou en dehors des séances. Il se peut même que des troubles corporels, des passages à l'acte remplacent ou évitent des prises de conscience. La méditation qui tend à une harmonisation de l’organisme peut alors devenir complémentaire en évitant au sujet de s‘engager dans ces symptômes :le corps apprend à s'apaiser et la pensée à trouver la paix intérieure.

F. A. : Quels seraient les autres apports de la méditation ?

B. A. : Elle amène à être plus conscient de tout son être: corporel, psychique, relationnel, spirituel… pour, au final, ne considérer que ce qui a de l'importance. Elle « renarcissise » souvent: on s'aime mieux, on prend soin de soi. On s'envisage différemment, on abandonne certaines formes de jouissance masochiste.

En définitive, méditation et analyse offrent deux approches complémentaires. La méditation développe une réceptivité non verbale. Cette qualité peut s'exprimer parallèlement durant l'analyse qui, elle, se fonde sur le principe de la libre association. De même que la psychanalyse tend à la découverte de son désir profond, la méditation, si elle ne se prend pas au piège de croire aboutir à une plénitude toujours hors de portée, permet d'aller à l'essentiel, de se dépouiller de tous les faux- fuyants.

Carole De Landtsheer

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Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

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28 Juillet 2006


[1] Source : L’Union bouddhiste de France