Le controle inconscient du tonus et sa gestion dans le yoga (thèse Bernard Auriol)

Avec Sherrington, nous définirons le tonus musculaire en disant qu 'il désigne l 'activité posturale des muscles, laquelle fixe les articulations dans des positions déterminées, solidaires les unes des autres et composant ainsi l 'attitude d 'ensemble. On peut ajouter avec Rademaker que cette activité tensionnelle s 'oppose aux modifications passives de l 'attitude, qu 'il fixe cette dernière.

On a voulu voir dans le muscle strié une double fonction correspondant à une double structure histologique : fibres striées pour la contraction phasique, sarcoplasme pour la contraction tonique. Quoique cette dernière s 'établisse lentement, persiste longtemps, soit peu vulnérable à la fatigue et dépense peu de calories, en fait, une étude précise montre qu 'il n 'y a que des différences quantitatives et non de nature entre ces deux activités du muscle strié. L 'activité gestuelle procède d 'un tétanos à fréquence plus haute que l 'activité posturale. Moyennant une amplification suffisante, on peut toujours vérifier le caractère oscillatoire du tonus musculaire. Les différences métaboliques entre ces deux modes de contraction sont également d 'ordre quantitatif.

Ce ne sont pas les mécanismes de contraction qui différent, mais l 'organisation des circuits nerveux qui les commandent.

On comprend dés à présent que distribution tonique et activité gestuelle sont intimement liés de telle sorte qu 'il n 'est pas surprenant de constater que le malade mental névrosé ou psychopathe, ou le sujet " sain " ému ont simultanément des troubles toniques et phasiques responsables d 'une sensation de " tension " et de la malhabileté corporelle.

· En dehors des fibres musculaires ordonnées au déplacement des segments osseux, il existe des formations particulières les " fuseaux neuro-musculaires " que Barker divise en deux catégories

a) les fibres à bague, grêles, dont la striation s interrompt à la partie équatoriale ou se trouve la terminaison annulo-spirale, sensible à de très faibles variations de tension (de l 'ordre du gramme chez le chat). Elle donne naissance à une fibre myélinisée de gros diamètre (12 à 20 microns),à conduction rapide Fibre I a de Lodd

Cette fibre prédomine au niveau des extenseurs ou antigravifiques. Au voisinage de la région équatoriale on trouve des terminaisons en bouquet sensibles à des tensions de l 'ordre du décagramme (toujours chez le chat). Les fibres qui véhiculent leurs influx sont du type II (de Liodd), donc étroites (de 4 à 12 microns) et myéliniques. Elles prédominent au niveau des fléchisseurs et émettent des collatérales inhibitrices pour les extenseurs.

b) les fibres à chaîne, décrites par Barker, sont beaucoup plus fines, ne possèdent pas de récepteur spiral et sont très riches en noyaux. Les fibres nerveuses qui leur sont attribuables sont très étroites et très lentes (1à 4 microns de diamètre) et souvent amyéliniques.

Ces deux sortes de fuseaux sont groupés en unités fonctionnelles proprioceptive comprenant 2 fibres a bague pour 3 à 5 fibres à chaîne.

On trouve encore des terminaisons sensibles au niveau des tendons les corpuscules de Golgi d 'ou naissent les fibres nerveuses myélinisées I b (de 12 à 20 micron de diamètre). Elles sont sensibles à des tractions de l 'ordre de l 'hectogramme.

2) Les Centres Médullaires

Toutes ces fibres sensitives gagnent les cornes postérieures de la moelle, se terminent sur les noyaux cellulaires de la colonne de Clarke ou se rendent directement au niveau du bulbe vers le thalamus et le cortex. Les premières verront leurs influx se diriger vers le cervelet et sont responsables de la sensibilité proprioceptive inconsciente, les secondes renseignant. directement le cortex (sensibilité proprioceptive consciente).

Cependant, ces fibres, simultanément envoient des collatérales aux motoneurones alpha des cornes antérieures de la moelle (homo et contra latéraux).

3) Les Effecteurs

a) les motoneurones alpha qui représentent les deux tiers des fibres de la racine antérieure et commandent la contraction tonique ou phasique des unités motrices.

b) les motoneurones gamma ne représentent qu 'un tiers des fibres de la racine antérieure et leur excitation a pour effet d 'amener une non traction des fuseaux neuro-musculaire, leur action sur le tonus et la contraction phasique est donc indirecte.

On peut essayer de définir les diverses possibilités rencontrées au niveau myo-médullaire.

Les fibres gamma sont activées au minimum et d 'autant moins que le repos obtenu est plus complet, entraînant cependant quelques influx

dans les fibres IB (elles - mêmes inhibitrices des motoneurones alpha) et dans les fibres IA et II activatrices des motoneurones alpha qui sont eux-mêmes activés au minimum par les structures sus -médullaires.

Les variations de cette activation gamma au repos s 'accompagnent de modifications de la sensibilité fusoriale à l 'étirement passif. On comprend dès lors que la " souplesse", d 'un sujet n 'est pas seulement ou surtout à mettre en corollaire d 'une plus ou moins grande dimension relative de ses formations musculo-tendineuses, mais bien plutôt de l 'importance plus ou moins grande du tonus gamma. C 'est ce qui explique que l 'exploration clinique du tonus fasse essentiellement appel à ce qu 'il est - faussement - convenu d 'appeler la plus ou moins grande " laxité ligamentaire " (qui se réduit en fait à une plus ou moins grande tonicité gamma de base).

A notre avis, il ne faut pas en conclure, trop rapidement, que le yogathérapie est inutile aux sujets " hyperlaxes ". Nous pensons en effet que les asanas permettent la rééquilibration du tonus soit en diminuant l 'hypertonie soit en harmonisant l 'hypotonie (nous rejoignons ici G. Alexander (1 bis). Le yoga agirait également à ce niveau dans le sens d 'un renforcement de l 'homéostasie.....

Graves manifestations caractérielles, attitudes perverses agressives et érotiques, états d 'agitation fréquents.

Demeure très " caractérielle ", colères clastiques, grossièreté des propos, parfois l 'humeur est dépressive.

Très silencieuse, voudrait " arriver à se détendre entièrement ", favorisée dans la réalisation des postures par une extraordinaire hyperlaxité ligamentaire, contrôle assez bien son rythme respiratoire.

Se met encore parfois en colère mais se montre beaucoup plus souple avec les infirmières. Elle cherche à se rendre utile, s 'estime plus raisonnable et regrette ses " caprices " antérieurs.

Elle affirme que les séances de yoga sont pour elle une " détente et une joie ".

Le traitement chimiothérapique inchangé quant aux neuroleptiques sédatifs a pu être allégé d 'un comprimé de Dépakine et de 2 comprimés de Gardénal à 0,10 par jour.

Préparée par une augmentation de tonus gamma et réalisée par les influx alpha, elle entraîne une tension tendineuse et par conséquent les décharges IB. D 'où inhibition discrète des agonistes et activation discrète des antagonistes. Par ailleurs elle entraîne un raccourcissement fusorial et une diminution des potentiels d 'action IA et II malgré le maintien du tonus gamma. D 'où diminution de l 'activation des fibres alpha agonistes et augmentation des influx sur les alpha antagonistes.

Ces deux phénomènes ont un même résultat qui est une diminution de l 'excitabilité réflexe des agonistes, cette diminution de l 'excitabilité persistant après la fin de la contraction, alors que les antagonistes seront au contraire plus excitables : il y aura donc facilitation de la contreposture. Cet effet est également utilisé dans la relaxation induite par contraction volontaire simultanée des agonistes et des antagonistes, ou dans une posture très " relaxante " comme celle de l 'arc.

Il provoque une excitation des récepteurs de Golgi (inhibition des agonistes, excitation des antagonistes) et un étirement fusorial avec pour conséquence dominante activation de 1 ' agoniste et inhibition de l 'antagoniste. Cet étirement sera donc d 'autant plus facile que la susceptibilité fusoriale sera plus faible, autrement dit que les excitations gamma et alpha seront plus faibles. Il semble bien que le yoga des postures soit un entraînement à réaliser une telle diminution du tonus d 'origine centrale. On verra plus loin à quel point le fait de diriger son attention sur autre chose que le muscle est apte à favoriser ce processus (concentration sur la respiration).

C 'est ce qui a lieu dans des postures comme la " salutation " (fig. 2). Le poids du corps doit entraîner passivement l 'étirement des extenseurs et le raccourcissement des fléchisseurs, la pose est d 'autant plus facile qu 'elle est réalisée plus passivement. Il y a dans les muscles raccourcis une diminution de tension qui affecte simultanément les organes de Golgi (d 'où la diminution des influx inhibiteurs sur les fléchisseurs et des influx activateurs sur les extenseurs) et le fuseau neuro-musculaire (d 'où diminution du tonus réflexe des fléchisseurs et augmentation du tonus réflexe des extenseurs).

L 'hypotonie au niveau des extenseurs indispensable pour réaliser sans douleur cet asana est contrariée au maximum au niveau médullaire et son obtention progressive ne peut s 'expliquer que par une diminution du tonus d 'origine centrale.

NB. Bikram, un Professeur de Yoga indien préconise la pratique des asanas dans une atmosphère chaude et humide; ce type d'ambiance, qui partage les contre indications du hammam (problèmes cardiaques) agit à l'inverse du froid générateur de tension musculaire; la chaleur excessive favorise le relâchement musculaire maximum et par là, une prise des postures plus efficace.

Le Tonus Musculaire et la Yogathérapie (111 - 167)

Dr Bernard Auriol

2) Les Centres Médullaires

3) Les Effecteurs


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