"; ?> enfer

Traité de l'Enfer

Sainte Françoise Romaine
Veuve - Fondatrice des Oblates - 1384-1440

 


CHAPITRE III


Comment les péchés capitaux sont punis dans l’enfer inférieur.


1° Tourments des orgueilleux.


La bienheureuse aperçut une vaste prison dont les habitants étaient fort nombreux, et on lui dit que c'étaient les superbes. Cette prison était divisée en plusieurs pièces, où les victimes étaient classées selon les diverses espèces de ce péché.

Les ambitieux étaient ceux que les démons paraissaient mépriser davantage. Autant ces misérables avaient été affamés des honneurs pendant leur vie, autant ils étaient rassasiés d'opprobres et de confusion.

En punissant ceux-ci, ils n'oubliaient pourtant pas les autres. Chaque famille d'orgueilleux, si je puis parler ainsi, avait sa peine propre et particulière ; mais il y avait un châtiment horrible qui leur était commun à tous.
Au milieu de cette prison spéciale était posé un lion énorme d'airain rougi par le feu. Sa gueule était levée en l'air et largement ouverte, et ses mâchoires, en guise de dents, étaient armées d'un grand nombre de rasoirs affilés. Son ventre était un repaire de serpents et d'autres bêtes venimeuses, et l'ouverture postérieure était comme l'entrée du corps de ce monstre, garnie de lames brûlantes et horriblement acérées. Or, les démons chargés de tourmenter ces tristes victimes, les lançaient en l'air de manière à les faire retomber dans la gueule du lion. Toutes tranchées et presque divisées par les rasoirs, elles passaient par la gorge de ce monstre et tombaient dans ses larges entrailles, au milieu des reptiles qui fourmillaient dans ce lieu infect, et exerçaient sur elles leur rage infernale. Elles gravitaient ensuite vers la partie postérieure où des démons les saisissaient avec des pinces ardentes, et les tiraient violemment à eux, à travers les rasoirs dont l'ouverture était bordée, et ce jeu cruel les bourreaux le recommençaient sans cesse. Ces âmes, irritées et enragées par d'aussi horribles tourments, hurlaient d'une manière affreuse et proféraient des blasphèmes effroyables. « Hurlez, leur disaient les esprits infernaux ; hurlez, superbes maudits, qui fîtes si longtemps la guerre au Créateur sur la terre. Vous avez bien raison de vous désespérer, car vos malheurs ne finiront jamais ».


publicité non évaluée par le Dr Bernard Auriol


2° Tourments des réprouvés qui furent sujets à la colère.


Françoise remarqua qu'ils étaient punis selon leurs divers degrés de culpabilité ; mais voici une peine qui leur était commune. Il y avait dans leur prison un serpent d'airain, que le feu de l'enfer maintenait continuellement embrasé. Sa poitrine était large, son cou élevé comme une colonne et sa gueule béante. Dans cette horrible gueule étaient plantés en forme de croissant de longues et fortes aiguilles, dont les pointes étaient dirigées vers la gorge de l'animal. Or, les démons, prenant ces âmes dont nous parlons les lançaient par cette ouverture dans le corps du monstre ; puis ils les en retiraient avec des tenailles ardentes toutes déchirées par les pointes qu'elles rencontraient à leur sortie. Or, elles souffraient continuellement ce supplice, qui les réduisait à un affreux désespoir, et leur arrachait les plus effroyables blasphèmes.


3° Tourments des avares.


La bienheureuse vit ensuite les avares dans une fosse remplie de gros serpents qui avaient des bras. Chacun de ces hideux reptiles s'attachait à un de ces coupables, que la justice divine leur avait abandonnés. Il lui frappait la bouche de sa queue, lui déchirait le cœur avec les dents, et l'étreignait dans ses bras, de manière à l'étouffer, si cela eût été possible ; mais d'autres démons venaient les arracher à leurs affreux embrassements, avec des tenailles de fer, qui les déchiraient d'une manière horrible, et allaient les plonger dans une seconde fosse remplie d'or et d'argent liquéfiés, les accablant de leurs dérisions et de leurs sarcasmes.


4° Tourments des envieux.


Chacun de ces malheureux était couvert d'un manteau de flammes, avait un ver venimeux qui lui rongeait le cœur, pénétrait dans sa poitrine, et, remontant par la gorge se présentait à la bouche, qu'il forçait à ouvrir convulsivement ; mais un démon l'empêchait de sortir, en serrant avec la main le cou de la victime, ce qui lui causait d'insupportables étouffements ; et tandis qu'il l'étouffait ainsi d'une main, il tenait de l'autre une épée dont il lui perçait le cœur. Un second démon venait ensuite, qui lui arrachait le cœur de la poitrine, le trempait dans des immondices, et le lui remettait, pour l'arracher de nouveau, et ainsi sans fin ; et ces traitements barbares étaient accompagnés de dérisions et de reproches, qui réduisaient ces infortunés à la rage et au désespoir


5° Tourments des paresseux.


Françoise les vit assis au milieu d'un grand feu, les bras croisés, et la tête inclinée sur les genoux. Leurs sièges étaient de pierres ; ces pierres étaient cannelées profondément, et leurs cavités remplies de charbons embrasés : les bancs eux-mêmes étaient tout rouges et la flamme qui sortait du brasier s'attachait à ces tristes victimes, et les couvrait comme un vêtement. Or, les démons, les prenant avec des pinces ardentes, les renversaient violemment sur ces lits affreux, et les y traînaient en les tournant et les retournant en toutes manières ; c'était pour les punir d'avoir perdu le temps. A côté de chacune d'elles était un démon qui, avec un coutelas, lui fendait la poitrine, et y versait. de l'huile bouillante, et cela pour les punir d'avoir trop présumé de la miséricorde de Dieu. Il mettait encore des vers dans leurs plaies, en punition des mauvaises pensées auxquelles leur oisiveté laissait le champ libre.


6° Tourments des gourmands.


Françoise put contempler aussi les châtiments de la gourmandise. Chaque malheureux, réprouvé pour ce vice avait un démon qui le prenait par la tête et le traînait sur des charbons ardents, tandis qu'un autre démon, debout sur lui, le foulait aux pieds avec violence. Ils lui liaient ensuite les pieds et les mains, et le précipitaient dans une chaudière pleine de poix fondue ; puis, le retirant de là, ils le jetaient dans une autre remplie d'une eau presque réduite en glace. Ils lui versaient aussi du vin brûlant dans la bouche, pour le punir des coupables excès qu'il en avait fait pendant la vie. Pendant ce temps là, ses bourreaux lui disaient d'un ton ironique : «La peine des gourmands, dans cette demeure, est le superflu chaud et froid. Voici donc où vous ont conduit vos intempérances, lui disaient d'autres esprits infernaux. Désormais vous aurez pour nourriture des serpents, et du feu pour breuvage. »


7° Tourments des luxurieux.


Françoise cherchait des yeux les esclaves de cette passion honteuse ; on les lui montra. Ils étaient liés à des poteaux de fer embrasé, et les bourreaux, avec leurs langues ardentes, léchaient toutes les parties de leurs corps, ce qui les faisait souffrir horriblement. D'autres démons, avec des tenailles, déchiraient leurs chairs par lambeaux, en punition de la bonne chère qu'ils faisaient dans le monde, ce qui servait à alimenter toujours davantage leur funeste passion. Sous leurs poteaux étaient des grils ardents et armés de pointes de fer, auprès desquels étaient couchés d'horribles serpents. Les démons, attirant brusquement leurs victimes, les faisaient tomber à la renverse sur ces lits affreux, et les serpents se jetant sur eux, les mordaient avec une rage inconcevable. Ce supplice était particulier aux adultères.

 

 

CHAPITRE VI


Nombre des démons, leurs noms et leurs emplois


Dans la vision XVII, où la création des anges et leur classification furent manifestées à la servante de Dieu, Dieu lui fit discerner ceux qui devaient pécher de ceux qui demeureraient fidèles. Elle fut ensuite témoin de leur révolte et de la chute horrible qu'elle leur mérita.

Or, elle ne fut pourtant pas aussi profonde pour les uns que pour les autres :

 

Cette différence dans les châtiments correspondit à celles que Dieu remarqua dans les circonstances de leur faute commune. Parmi ces esprits rebelles, il y en eut qui embrassèrent de gaieté de cœur, si je puis parler de la sorte, la cause de Lucifer; et d'autres qui virent avec indifférence ce soulèvement contre le Créateur, et demeurèrent neutres. Les premiers furent précipités sur le champ dans l'enfer, d'où ils ne sortent jamais, à moins que Dieu ne les déchaîne quand Il veut frapper la terre de quelque grande calamité, pour punir les péchés des hommes. Les seconds furent jetés partie dans les airs, et partie sur la terre ; et ce sont ces derniers qui nous tentent, comme je le dirai plus tard.


Lucifer, qui voulut être l'égal de Dieu dans le ciel, est le monarque des enfers, mais monarque enchaîné et plus malheureux que tous les autres. Il a sous lui trois princes auxquels tous les démons, divisés en trois corps, sont assujettis par la volonté de Dieu ; de même que dans le ciel, les bons anges sont divisés en trois hiérarchies présidées par trois esprits d'une gloire supérieure. Ces trois princes de la milice céleste furent pris dans les trois premiers chœurs, où ils étaient les plus nobles et les plus excellents ; ainsi, les trois princes de la milice infernale furent choisis comme les plus méchants des esprits des mêmes chœurs, qui arborèrent l'étendard de la révolte.
Lucifer était dans le ciel le plus noble des anges qui se révoltèrent, et son orgueil en fit le plus méchant de tous les démons. C'est pour cela que la justice de Dieu l'a donné pour roi à tous ses compagnons et aux réprouvés, avec puissance de les gouverner et de les punir, selon ses caprices ; ce qui fait qu'on l'appelle le tyran des enfers. Outre cette présidence générale, il est encore établi sur le vice de l'orgueil.

Le premier des trois princes qui commandent sous ses ordres, se nomme Asmodée : c'était dans le ciel un chérubin, et il est aujourd'hui l'esprit impur qui préside à tous les péchés déshonnêtes.

Le deuxième prince s'appelle Mammon : c'était autrefois un trône, et maintenant il préside aux divers péchés que fait commettre l'amour de l'argent.

Le troisième prince porte le nom de Belzébuth ; il appartenait à l'origine au chœur des dominations, et maintenant il est établi sur tous les crimes qu'enfante l’idolâtrie, et préside aux ténèbres infernales. C'est aussi de lui que viennent celles qui aveuglent les esprits des humains.

Ces trois chefs ainsi que leur monarque, ne sortent jamais de leurs prisons infernales ; lorsque la justice de Dieu veut exercer sur la terre quelque vengeance éclatante, ces princes maudits députent à cet effet un nombre suffisant de leurs démons subordonnés ; car il arrive quelquefois que les fléaux dont Dieu veut frapper les peuples, demandent plus de forces ou plus de malices que n'en ont les mauvais esprits répandus sur la terre et dans l'air. Alors les infernaux plus méchants et plus enragés, deviennent des auxiliaires indispensables. Mais hors de ces cas rares, ces grands coupables ne peuvent sortir des prisons où ils sont renfermés.


Tous ces esprits infortunés sont classés dans l'abîme selon leur ordre hiérarchique. La première hiérarchie, composée de séraphins, de chérubins et de trônes, habite l'enfer le plus bas ; ils endurent des tourments plus cruels que les autres, et exercent les vengeances célestes sur les plus grands pécheurs. Lucifer qui fut un séraphin, exerce sur eux une spéciale autorité, en vertu de l'orgueil dont il a la haute présidence. Les démons de cette hiérarchie ne sont envoyés sur terre, que, lorsque la colère de Dieu permet que l'orgueil prévale pour punir les nations.

 

Asmodée


La deuxième hiérarchie formée de dominations, de principautés et de puissances, demeure dans l'enfer du milieu. Elle a pour prince Asmodée qui, comme je l'ai déjà dit, préside aux péchés de la luxure. On peut deviner que, les démons de cette hiérarchie sont sur terre, lorsque les peuples s'abandonnent au vice infâme de l'impureté.

 

Mammon


La troisième hiérarchie qui se compose de vertus, d'archanges et d'anges, a pour chef Mammon, et habite l'enfer supérieur. Lorsque ces démons sont lâchés sur la terre, la soif des richesses y prévaut de toutes parts, et il n'est plus question que d'or ou d'argent.

 

Belzébuth

Quant à Belzébuth, il est le prince des ténèbres, et les répand, quand Dieu le permet, dans les intelligences, pour étouffer la lumière de la conscience et celle de la véritable foi. Tel est l'ordre qui règne parmi les démons dans les enfers ; quant à leur nombre, il est innombrable.


On retrouve ces mêmes hiérarchies parmi les démons qui demeurent dans l'air et sur la terre, mais ils n'ont point de chefs, et par conséquent vivent dans l'indépendance et une sorte d’égalité. Ce sont les démons aériens qui, la plupart du temps, déchaînent les vents, excitent les tempêtes, produisent les orages, les grêles et les inondations. Leur intention en cela est de faire du mal aux hommes, surtout en diminuant leur confiance en la divine Providence, et les faisant murmurer contre la volonté de Dieu.


Les démons de la première hiérarchie, qui vivent sur la terre, ne manquent pas de profiter aussi de ces occasions favorables à leur malice ; trouvant les hommes irrités par ces calamités et fort affaiblis dans leur soumission et leur confiance, ils les font tomber beaucoup plus facilement dans le vice de l'orgueil. Ceux de la deuxième hiérarchie ne manquent pas à leur tour de les précipiter de leur hauteur superbe dans le cloaque impur, ce qui donne ensuite toute facilité aux démons de la troisième hiérarchie, de les faire tomber dans les péchés qu'enfante l'amour de l'argent.


Alors les anges qui président aux ténèbres les aveuglent, leur font quitter la voie de la vérité, et rendent leur retour extrêmement difficile. C'est ainsi que tous les démons, malgré la différence de leurs emplois, se concertent et s'aident mutuellement à perdre les âmes. Les uns affaiblissent leur foi, les autres les poussent à l'orgueil, ceux-ci à l'impureté, ceux-là à l'amour des richesses, d'autres enfin leur jettent un voile sur les yeux et les écartent si fort de la voie du salut, que la plupart ne la retrouvent plus. Le seul moyen d'échapper à ce complot infernal, serait de se relever promptement de la première chute, et c'est précisément ce que ces pauvres âmes ne font pas. De là, cette chaîne de tentations, qui de chute en chute les conduit au fond du précipice.
Lorsque j'ai dit que les démons qui sont dans l'air et sur la terre n'ont pas de chefs, j'ai voulu dire seulement qu'ils n'ont pas d'officiers subalternes ; car tous sont soumis à Lucifer, et obéissent à ses commandements, parce que telle est la volonté de la justice divine. Malgré la haine qu'ils portent aux hommes, aucun d'eux n'oserait les tenter sans l'ordre de Lucifer, et Lucifer lui-même ne peut prescrire, en ce genre que ce que lui permet le Seigneur plein de bonté et de compassion pour nous.


Lucifer voit tous ses démons, non seulement ceux qui sont autour de lui dans l'enfer, mais encore ceux qui sont dans l'air et sur la terre. Tous aussi le voient sans aucun obstacle, et comprennent parfaitement toutes ses volontés. Ils se voient également et se comprennent fort bien les uns les autres.
Les malins esprits, répandus dans l'air et sur la terre, ne ressentent pas les atteintes du feu de l'enfer ; ils n'en sont pas moins excessivement malheureux, tant parce qu'ils se maltraitent et se frappent sans cesse les uns les autres, que parce que les opérations des bons anges dans ce monde leur causent un dépit qui les tourmente cruellement. Les peines de ceux qui appartiennent à la première hiérarchie sont plus acerbes que celles des esprits de la seconde, et ceux-ci sont plus malheureux que les esprits de la troisième. La même justice distributive préside aux tourments des esprits infernaux; mais ceux-ci sont tous en proie à l'ardeur des flammes infernales.
Les démons qui demeurent au milieu de nous, et ont reçu le pouvoir de nous tenter, sont tous des esprits tombés du dernier chœur. Les anges commis à notre garde sont aussi de simples anges. Ces esprits tentateurs sont sans cesse occupés à préparer notre perte. Les moyens qu'ils emploient pour cela sont si subtils et si variés, qu'une âme qui leur échappe est fort heureuse, et ne saurait trop témoigner sa reconnaissance au Seigneur. Il n'est pas un instant du jour et de la nuit, où ces cruels ennemis n'essayent d'une tentation ou d'une autre, afin de lasser ceux qu'ils ne peuvent vaincre par la ruse ou la violence. La patience est donc l'arme défensive par excellence. Malheur à qui la laisse tomber de ses mains ! Lorsque ces tentateurs ordinaires rencontrent des âmes fortes et patientes, qu'ils ne peuvent entamer, ils appellent à leur secours des compagnons plus astucieux et plus malins, non pour combattre avec eux ou à leur place, car Dieu ne le permet pas ; mais pour leur suggérer des stratagèmes plus efficaces.

Françoise savait tout cela par expérience : il était rare qu'elle fût tentée par son démon seul. D'ordinaire il s'en associait d'autres ; et trop faibles encore, ils recouraient à la malice des esprits supérieurs qui demeuraient dans l'air. Elle était devenue si habile dans cette guerre, qu'en soutenant une attaque, elle savait à quel chœur avait appartenu celui dont le conseil la dirigeait, et qui il était.


Lorsque les démons veulent livrer un assaut à une âme habile et forte, les uns l'attaquent de front, et les autres se placent derrière elle. C'est de cette sorte qu’ils combattaient ordinairement contre notre bienheureuse, et elle les voyait se faire des signes pour concerter leurs moyens.
Lorsqu'une âme, vaincue par les tentations, meurt dans son péché, son tentateur habituel l'emporte avec promptitude, suivi de beaucoup d'autres qui lui prodiguent des outrages, et ne cessent de la tourmenter jusqu'à ce qu'elle soit précipitée dans l'enfer. Ces détestables esprits se livrent ensuite à une joie féroce. Son ange gardien, après l'avoir suivie jusqu'à l'entrée de l'abîme, se retire aussitôt qu’elle a disparu, et remonte au ciel.


Lorsqu'une âme, au contraire, est condamnée au purgatoire, son tentateur est cruellement battu par l'ordre de Lucifer pour avoir laissé échapper sa proie. Il reste pourtant là, en dehors du purgatoire, mais assez près pour que l'âme le voie et entende les reproches qu'il lui fait sur les causes de ses tourments. Lorsqu'elle quitte le purgatoire pour monter au ciel, ce démon revient sur la terre se mêler à ceux qui nous tentent ; mais il est pour eux un objet de moqueries, pour avoir mal rempli la mission dont il était chargé.
Tous ceux qui laissent ainsi échapper les âmes ne peuvent plus remplir l'office de tentateurs. Ils vont, errant çà et là, réduits à rendre aux hommes d'autres mauvais offices, quand ils peuvent. Quelquefois Lucifer, pour les punir, les loge honteusement dans des corps d'animaux, ou bien il s'en sert, avec la permission de Dieu, pour exercer des possessions qui leur attirent souvent de nouveaux châtiments et de nouvelles hontes.

Les démons, au contraire, qui ont réussi à perdre les âmes auxquelles Lucifer les avait attachés, après les avoir portées dans les enfers, reparaissent sur la terre, couverts de gloire parmi leurs semblables, et jouent un plus grand rôle que jamais dans la guerre qu'ils font aux enfants de Dieu. Ce sont eux que les autres appellent à leur secours, comme plus expérimentés et plus habiles, quand ils ont affaire à des âmes fortes et généreuses qui se rient de leurs vains efforts.
Tout démon chargé de la mission de perdre une âme ne s'occupe point des autres ; il n'en veut qu’à celle-là, et emploie tous ses soins à la faire pécher ou à troubler sa paix. Cependant, quand il l'a vaincue, il la pousse, autant qu'il peut, à tenter, à molester ou à scandaliser d'autres âmes.
Il y a d'autres démons du même chœur que ceux qui nous tentent, qui vivent au milieu de nous sans nous attaquer. Leur mission est de surveiller ceux qui nous tentent, et de les châtier chaque fois qu'ils ne réussissent pas à nous faire pécher.
Chaque fois qu'ils entendent prononcer dévotement le saint Nom de Jésus, ils se prosternent spirituellement, non de bon cœur, mais par force. Françoise en vit une fois plusieurs en forme humaine, qui à ce Nom sacré qu'elle prononçait en conversant avec son confesseur, inclinèrent leur front avec un profond respect, jusque dans la poussière. Ce Nom sacré est pour eux un nouveau supplice, qui les fait souffrir d'autant plus cruellement, que la personne qui le prononce est plus avancée dans l'amour, et plus parfaite. Lorsque les impies profanent ce nom adorable, ces esprits réprouvés ne s'en attristent pas ; mais ils sont forcés de s'incliner, comme pour réparer l'injure qui Lui est faite. Ils en agissent de même lorsqu'on le prend en vain. Sans cette adoration forcée, ils seraient bien contents d'entendre blasphémer ce saint Nom. Les bons anges, au contraire, en pareilles occasions, l'adorent profondément, le louent et le bénissent avec un amour incomparable. Lorsqu'il est prononcé avec un vrai sentiment de dévotion, ils lui rendent les mêmes hommages, mais avec un vif sentiment de joie. Chaque fois que notre bienheureuse proférait ce très saint Nom, elle voyait son archange prendre un air extraordinairement joyeux, et s'incliner d'une manière si gracieuse, qu'elle en était tout embrasée d'amour.
Lorsque les âmes vivent dans l'habitude du péché mortel, les démons entrent en elles, et les dominent en plusieurs façons, qui varient selon la qualité et la quantité de leurs crimes ; mais quand elles reçoivent l'absolution avec un cœur contrit, ils perdent leur domination, délogent au plus vite, et se remettent auprès d'elles pour les tenter de nouveau ; mais leurs attaques sont moins vives, parce que la confession a diminué leurs forces.

Google
  Web auriol.free.fr   


Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

14 Août 2007