3.1 - Protocole audio-psycho-phonologique (APP)
L'appareil
est le même que celui utilisé pour les audiogrammes, s'étalant de 125 à 8.000,
12.000 ou 16.000 hertz selon les appareils, d'octave en octave (ou de demi-octave
en demi-octave) et dont l'intensité varie de 5 dB. en 5 dB., de moins 10 à plus
100 dB. Ce test a pour but de rechercher un certain nombre de paramètres.
Nous citerons :
3.2 - La recherche des seuils
Ceux-ci
sont recherchés ainsi : de la plus faible intensité à la plus forte, sans répéter
le message, contrairement au protocole classique O.R.L. On demande simplement
au sujet d’être attentif aux sons et de lever la main lorsqu’il entend un signal,
pour une fréquence donnée, et on passe à l’intensité suivante s’il n’a pas perçu
et même intégré la fréquence, mais on ne le répète pas, car il est question
dans ce cas de l’attention consciente que le sujet porte au son comme il le
ferait dans un dialogue ou en salle
de classe.
- Les
fréquences sont interrogées des plus aiguës aux plus graves.
- La courbe
osseuse est obtenue en stimulant la mastoïde par le vibreur placé sur celle-ci,
au niveau du coté droit, puis du côté gauche.
3.3 - L'étude de la spatialisation
On note
le pouvoir qu'a l'oreille de localiser les sons dans l'espace en demandant au
sujet, en courbe osseuse et aérienne, lors de la recherche des seuils, de lever
la main du côté où il entend le son et de lever les deux mains lorsqu'il entend
le son des deux côtés, ou lorsqu'il ne peut en déterminer la direction. Les
inversions ou confusions de côté sont notées au niveau de chaque fréquence par
un petit trait placé au bas de chaque grille.
Certains
O.R.L. pensent que l'on ne peut réellement distinguer d'où vient le son en osseux,
en raison de la capacité vibratoire globale du crâne. La pratique montre que
le sujet bien latéralisé ou porteur d'une oreille éduquée
musicalement, ou celui qui a effectué un travail de pédagogie de l'écoute, contredisent
ces affirmations.
Nous citons
ici la statistique que Mme Claudie Michaud (1991), psychologue à l'I.M.E. de
Mons en Haute-Garonne, a effectuée sur 60 élèves de cours préparatoire.
Concernant
la spatialisation, ont été révélés :
- 10 problèmes
de spatialisation aérienne,
- 44 problèmes
de spatialisation osseuse.
3.4 - L'étude de la sélectivité : l’oreille
effectue des différences
La sélectivité
peut être définie comme la capacité d'un appareil de sélectionner une étroite
bande de fréquence par rapport aux fréquences voisines, propriété qui a été
décrite précédemment au niveau de l’organe de Corti. Une dénomination plus adéquate
serait la sériation ou discrimination
fréquencielle ou analyse tonale, de 8.000 hertz à 125 hertz en conduction aérienne.
Il s'agit ici de la capacité du sujet à reconnaître que, parmi deux sons successifs,
l'un est plus aigu ou plus grave que l'autre, tout au long
de la coulée du langage, qui est une
suite de traits distinctifs avec écarts différentiels, prononcés sur des variations
de l'aigu et du grave.
FIGURE
9
|
Poursuivant
sa statistique, Madame C. Michaud constate les faits suivants :
Sur les
60 élèves :
-
35 ont une sélectivité fermée,
- 9 ont une sélectivité ouverte dans les graves,
-
13 ont une sélectivité ouverte dans la zone du langage (autour de 2.000 hertz
pour la langue française).
Sur les
35 élèves à sélectivité fermée :
-
1 commence des études musicales,
-
6 sont en orthophonie,
-
28 n'ont aucune activité sportive, culturelle ou musicale.
Ces 35
élèves ont suivi difficilement le C.P.
Sa conclusion
est la suivante : « On peut trouver dans la sélectivité fermée l'origine de
bien des échecs. Si l'année de C.P. correspond à l'intégration des sons dans
le but de les différencier, afin de les répéter sans erreurs, comment ces 35
élèves vont-il pouvoir les différencier avec une sélectivité fermée ? La première
condition qui facilitera les études d'apprentissage écriture-lecture est d'avoir
une oreille ouverte aux sons et, pour commencer, aux sons du langage maternel.
13 enfants seulement vont pouvoir bénéficier de l'enseignement. "L'enfant
ne dit que ce que son oreille entend"».
La sélectivité
a été envisagée en relation avec les études musicales.
Sur 24
élèves de CE1 1 seul a une sélectivité ouverte et fait des études musicales.
Sur 24 élèves du CE2 4 ont une sélectivité
ouverte
-
2 font des études musicales
-
1 est en orthophonie
Sur les
17 élèves du CM1 - 3
ont une sélectivité ouverte, les 3 font de la musique
Sur 33
élèves du CM2 - 5 ont une sélectivité ouverte
-
2 font des études musicales
-
1 est en orthophonie
« La
même expérience a été réalisée dans le lycée de Montgeron dans l'Ain et au lycée
de Reims en 85-86. Les résultats ont été si probants que les expériences ont
été reconduites en 86-87 ».
La conclusion
de ces recherches a mis en évidence la relation entre les tests d'écoute et
les difficultés d'apprentissage en début d'année scolaire.
« Sur
une population de 130 élèves de 6ème, les tests auditifs ont annoncé
les passages des uns, les redoublements des autres avant que ceux-ci ne soient
prononcés, les classes expérimentales étant celles du CP pour l'apprentissage
de l'écriture-lecture, de CM2 pour le choix d'une langue étrangère, de 6ème
pour l'apprentissage de la langue étrangère, de 4ème
pour le choix de la deuxième langue étrangère ».
Approche
psychologique de la capacité d'analyse tonale (sélectivité)
Si nous
envisageons métaphoriquement l'oreille comme un diaphragme filtrant tel ou tel
son, au point de se fermer complètement à ceux-ci, nous pouvons dire que cette
sélectivité ou mieux, cette analyse tonale, a une signification relationnelle
et subjective : l'oreille peut être ouverte ou fermée ; l'enfant à la sélectivité
fermée et qui, de ce fait, est dans l'indifférenciation, la confusion quant
aux phonèmes du langage, a manifestement des difficultés de séparation par rapport
à son entourage, corrélatives de confusions
entre soi et l’autre par rapport au miroir.
Il ne s’est pas ouvert au langage en une place qui lui eut conféré une
dimension symbolique. Nous notons souvent : repli, lenteur dans les
réalisations, manque de confiance en soi, absence de concentration, instabilité,
irritabilité, ainsi qu’à partir d’un certain âge, des troubles
déficitaires de l'attention (TDA) sans hyper-kinétisme, mais aussi l'instabilité
psychomotrice de l'enfant, dont les
troubles hyper-kinétiques avec déficit de l'attention
(THDA) rencontrés chez nombre de dyslexiques.
Sous l'effet
des techniques d'entraînement de l'écoute, lorsque s'ouvre la sélectivité, c'est-à-dire
le diaphragme auditif, nous voyons s'amender certains symptômes, retrait, timidité,
etc., l'enfant s'ouvrant au monde et pouvant alors passagèrement devenir
agressif.
Fermeture de
la sélectivité avec seuils normaux
Corinne, 13 ans, 2ème d’une fratrie de trois enfants,
en classe de 5ème, nous est envoyée par ses professeurs, car elle
a des difficultés en anglais et son professeur de français envisage une classe spécialisée. Elle a suivi des séances d'orthophonie auparavant
après redoublement de la classe de CP. Elle fait encore des inversions en lecture.
Corinne a subi une plastie des oreilles.
Le bilan
de départ fait état de deux courbes parallèles, mais au niveau de l’oreille
gauche, un petit accident attire notre attention : la courbe osseuse(CO)
est ascendante au niveau des 1500-2000 hertz, rejoignant la courbe aérienne
(CA), signe d’un débordement d’énergie régulé avec difficulté dans cette région
qui , comme nous le montrerons , se situe au niveau de la région thoracique
haute, à valeur identitaire. (développé Chap. 8 et 12-4), contigue avec la région
du langage. Ce que nous retenons de ce bilan, ce sont ses difficultés par rapport
au langage écrit ainsi qu’à à une langue étrangère, associés à un retrait par
rapport à son environnement, ce dont témoigne une sélectivité fermée :
difficulté à instaurer un écart différentiel dans la coulée verbale.
Selon
notre pratique, nous avons reçu Corinne en psychothérapie parallèlement à la
thérapeutique par les sons filtrés. Il
est question de sa place au sein de sa famille : jalousie envers son petit frère
et agressivité envers sa grande sœur qui font respectivement clan avec la mère
et le père ; nous avons noté quelques éléments dépressifs « Je ne suis
pas aimée par mes amies »
La sélectivité,
sa capacité d’analyse tonale s’est « éclaircie » au cours de la cure
sonique, c’est à dire que les confusions dans le domaine fréquenciel se sont
amendées : l’anglais fut mieux perçu et de ce fait mieux prononcé ;
Corinne a ainsi pu poursuivre sa scolarité dans le secondaire.
3.5 - Recherche de l'oreille dominante ou oreille directrice :
Celle-ci
repose sur la réalisation des tests dichotiques, pratiqués à partir des premiers
travaux de Mme Kimura cités par Chouard (1991) en 1961, qui suscitent un grand
intérêt en raison des résultats retrouvés chez les dyslexiques et les bègues.
Le principe en est de faire entendre simultanément, au niveau des deux oreilles,
des messages différents et de quantifier les réponses obtenues en fonction de
leur nature. On emploie des paires de consonnes voyellées du type BA-TA (stimuli
verbaux), soit des paires de clicks dont les différents paramètres ou des séquences
sonores (stimuli non verbaux) varient. Mme Kimura a montré, chez les sujets
droitiers, l'existence d'une supériorité de l'oreille droite pour les stimuli
verbaux et, au contraire, de l'oreille gauche pour les stimuli non verbaux.
Des travaux
neurologiques ont permis ensuite de confirmer que cette notion d'oreille prédominante
pour les stimuli verbaux pouvait être reliée à celle de dominance cérébrale,
les connexions auditives croisées acheminant plus facilement les informations
au cerveau, et/ou ayant une action inhibitrice sur les connexions cérébrales
directes. Tsunoda, cité par Chouard (1991), a précisé ces rôles chez les sujets
musiciens ou non musiciens.
Le test
dichotique consiste donc à faire écouter deux séries de mots ou d'histoires,
diffusées simultanément à chacune des deux oreilles, au casque, en écoute aérienne.
Notre pratique s'effectue comme suit : deux histoires différentes sont proposées
en stéréophonie : une histoire pour l'oreille droite, une histoire pour l'oreille
gauche, et nous demandons au sujet, à l'issue de l'écoute de celles-ci, d'essayer
de nous relater le contenu des deux histoires. La consigne est la suivante :
si le sujet ne peut retenir le contenu des deux histoires
à la fois, nous lui demandons d'en choisir une qu'il nous relatera et qui correspondra
au côté préférentiel, à l'oreille dominante qu'utilise le sujet dans le quotidien.
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