Psychosonique en Pédo-Psychiatrie

Dr Joffrin, Françoise

 

2. - L'AUDIOGRAMME (Audiométrie tonale liminaire)

Cette méthode consiste, en utilisant des sons purs sinusoïdaux, à rechercher, pour plusieurs fréquences, les seuils absolus de perception du patient. Les mesures sont réalisées dans une pièce ordinaire non insonore : on obtient ainsi un audiogramme que l'on compare à la courbe du sujet normal.

 



L'appareillage est fait d'écouteurs pour la conduction aérienne et d'un vibreur pour la conduction osseuse. Les résultats sont rapportés sur deux grilles correspondant à la courbe de l'oreille droite et à celle de l'oreille gauche.

FIGURE 8

En abscisse, on porte les fréquences qui vont de 125 à 8.000 hertz, 12.000, ou même 16.000 hertz selon les appareils, et en ordonnées les intensités en décibels qui se lisent de haut en bas. On obtient ainsi les courbes aériennes (en bleu ou en traits pleins) et les courbes osseuses (en rouge ou en pointillés) de l'oreille droite et de l'oreille gauche. Cette méthode permet de mettre en évidence différents type d'atteintes organiques de l'oreille que l'on peut regrouper en trois types de surdité :         

                        - surdité de transmission,                         - surdité de perception,                                         - surdité mixte.

Cette épreuve est essentielle en matière d'investigations portant sur l'audition. Elle est, pour l'otologiste, un examen fondamental à partir duquel se dessinent les données étiologiques d'un trouble de la fonction auditive. D'elle dépend le pronostic qui va orienter le mode de thérapie médicale ou chirurgicale, voire rééducative.

Signalons qu'actuellement on complète cette série d'examens par l'étude des potentiels évoqués ainsi que celle des oto-émissions selon l’enseignement de Descouens (1998).

 

De l'audiogramme au test d'écoute : entre conscient et inconscient.

Nous devons  effectuer une nuance dans  l'audition : entendre n'implique pas  la présence d'un champ conscient. Entendre, c'est en quelque sorte subir un son ou un message qui nous est adressé. Écouter, c'est désirer appréhender ce message dans un rapport avec autrui ou un objet sonore avec un degré variable d’attention et de concentration tel l’archer qui va viser sa cible.

Cette distinction doit être constamment présente à l'esprit de l'audio-psycho-phonologiste et c'est à lui de savoir sauvegarder les données psychologiques qui vont lui permettre d'établir son diagnostic et d'orienter sa pratique au travers des résultats que lui offre l'audiologie pure.

 Il est évident que la sensation produite par la stimulation auditive est en fait sélective :

          - un sujet ne réagit pas à tous les sons audibles provenant de son environnement et il est aussi tributaire des circonstances dont il n’est pas toujours conscient, pouvant se fermer de la sorte à certains messages.

          - celui-ci portera des jugements affectifs sur une sensation sonore perçue et non sur une autre également perçue : c’est dire l’importance des facteurs inconscients qui régissent l’écoute, laquelle est aussi dépendante de l’humeur, ainsi que de la personnalité  du sujet.

Le compositeur Pierre Schæffer , dans le Traité des objets musicaux, (1966) schématise   quatre écoutes en fonction de la valeur que nous donnons à l’objet sonore  relativement à nos perceptions et aux esquisses que nous en faisons, de l’OUIR au COMPRENDRE ,selon le trajet cité ci-dessus de la voie auditive, en1-1.« L’ambiguïté de la relation à l’objet sonore, individuelle ou collective, tient au fait que l’auditeur, écartelé entre les « quatre écoutes » passe sans cesse d’une intention à l’autre. Comment, à plus forte raison, plusieurs auditeurs pourraient-ils comparer ce qu’ils ont entendu s’ils n’étaient convenus au préalable de l’intention d’entendre ceci plutôt que cela ? » L’un  est passif et fasciné par la voix du locuteur, le deuxième pense et analyse, et le troisième a déjà exprimé son interprétation ! Ce qui donne à penser qu’il est de multiples lieux d’où l’on parle  et  d’où l’on écoute.

Cliniquement, à partir de la période scolaire, le test d'écoute intègre ces renseignements dans le cadre d'un processus psychologique qui va permettre de déceler si le sujet désire ou non se servir des matériaux qu'il a à sa disposition sur le plan perceptif.

Le test d'écoute permet d'évaluer l'utilisation que fait un sujet de son audition ; il se situe à un niveau différent de celui de l'audiogramme. On peut l’envisager comme un test psycho-comportemental face à un événement. Il y a une attention, une adhésion qui s'institue dans l'écoute, une prise de conscience qui s'imbrique à l'audition elle-même. En particulier, nous devons nous demander pourquoi certains sujets sont hyperauditifs, en l'absence de toute atteinte organique, vis à vis de certaines fréquences, ce qui se traduit par des pics, des pointes, des surélévations (cf. l'étude de Bérard : Audition égale comportement, 1982), ou hypo-auditifs, en retrait, par rapport à d'autres fréquences, ceci se traduisant par des chutes ou des scotomes (Voir l’étude des courbes chutantes chapitre 14). A noter que les oscillations au niveau des courbes sont amplifiées si nous éliminons l’élément visuel lors de notre bilan, le sujet se trouvant en cabine : il n’est plus alors soutenu par le regard d’autrui de la relation duelle. Situation bien connue des familles qui nous déclarent qu’une leçon est sue  après avoir été apprise à la maison mais que, seul devant sa page, l’enfant ne peut plus rien restituer.

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