Cette méthode consiste, en utilisant des sons purs sinusoïdaux, à rechercher, pour plusieurs fréquences, les seuils absolus de perception du patient. Les mesures sont réalisées dans une pièce ordinaire non insonore : on obtient ainsi un audiogramme que l'on compare à la courbe du sujet normal.
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L'appareillage
est fait d'écouteurs pour la conduction aérienne et d'un vibreur pour la conduction
osseuse. Les résultats sont rapportés sur deux grilles correspondant à la courbe
de l'oreille droite et à celle de l'oreille gauche.
FIGURE 8
En abscisse,
on porte les fréquences qui vont de 125 à 8.000 hertz, 12.000, ou même 16.000
hertz selon les appareils, et en ordonnées les intensités en décibels qui se
lisent de haut en bas. On obtient ainsi les courbes aériennes (en bleu ou en
traits pleins) et les courbes osseuses (en rouge ou en pointillés) de l'oreille
droite et de l'oreille gauche. Cette méthode permet de mettre en évidence différents
type d'atteintes organiques de l'oreille que l'on peut regrouper en trois types
de surdité :
- surdité de transmission, - surdité de perception, - surdité
mixte.
Cette
épreuve est essentielle en matière d'investigations portant sur l'audition.
Elle est, pour l'otologiste, un examen fondamental à partir duquel se dessinent
les données étiologiques d'un trouble de la fonction auditive. D'elle dépend
le pronostic qui va orienter le mode de thérapie médicale ou chirurgicale, voire
rééducative.
Signalons
qu'actuellement on complète cette série d'examens par l'étude des potentiels
évoqués ainsi que celle des oto-émissions selon l’enseignement de Descouens
(1998).
Nous devons effectuer une nuance dans l'audition : entendre n'implique pas
la présence d'un champ conscient. Entendre, c'est en quelque sorte subir
un son ou un message qui nous est adressé. Écouter, c'est désirer appréhender
ce message dans un rapport avec autrui ou un objet sonore avec un degré variable
d’attention et de concentration tel l’archer qui va viser sa cible.
Cette distinction doit être constamment présente à l'esprit de l'audio-psycho-phonologiste et c'est à lui de savoir sauvegarder les données psychologiques qui vont lui permettre d'établir son diagnostic et d'orienter sa pratique au travers des résultats que lui offre l'audiologie pure.
Il
est évident que la sensation produite par la stimulation auditive est en fait
sélective :
- un sujet ne réagit pas à tous les sons
audibles provenant de son environnement et il est aussi tributaire des circonstances
dont il n’est pas toujours conscient, pouvant se fermer de la sorte à certains
messages.
- celui-ci portera des jugements affectifs
sur une sensation sonore perçue et non sur une autre également perçue : c’est
dire l’importance des facteurs inconscients qui régissent l’écoute, laquelle
est aussi dépendante de l’humeur, ainsi que de la personnalité du sujet.
Le compositeur
Pierre Schæffer , dans le Traité des objets
musicaux, (1966) schématise
quatre écoutes en fonction de la valeur que nous donnons à l’objet sonore relativement à nos perceptions et aux esquisses
que nous en faisons, de l’OUIR au COMPRENDRE ,selon le trajet cité ci-dessus
de la voie auditive, en1-1.« L’ambiguïté de la relation à l’objet sonore,
individuelle ou collective, tient au fait que l’auditeur, écartelé entre les
« quatre écoutes » passe sans cesse d’une intention à l’autre. Comment,
à plus forte raison, plusieurs auditeurs pourraient-ils comparer ce qu’ils ont
entendu s’ils n’étaient convenus au préalable de l’intention d’entendre ceci
plutôt que cela ? » L’un est
passif et fasciné par la voix du locuteur, le deuxième pense et analyse, et
le troisième a déjà exprimé son interprétation ! Ce qui donne à penser
qu’il est de multiples lieux d’où l’on parle
et d’où l’on écoute.
Cliniquement,
à partir de la période scolaire, le test d'écoute intègre ces renseignements
dans le cadre d'un processus psychologique qui va permettre de déceler si le
sujet désire ou non se servir des matériaux qu'il a à sa disposition sur le
plan perceptif.
Le test d'écoute permet d'évaluer l'utilisation que
fait un sujet de son audition ; il se situe à un niveau différent de celui
de l'audiogramme. On peut l’envisager comme un test psycho-comportemental face
à un événement. Il y a une attention, une adhésion qui s'institue dans
l'écoute, une prise de conscience qui s'imbrique à l'audition elle-même. En
particulier, nous devons nous demander pourquoi certains sujets sont hyperauditifs,
en l'absence de toute atteinte organique, vis à vis de certaines fréquences,
ce qui se traduit par des pics, des pointes, des surélévations (cf. l'étude
de Bérard : Audition égale comportement, 1982), ou hypo-auditifs, en retrait,
par rapport à d'autres fréquences, ceci se traduisant par des chutes ou des
scotomes (Voir l’étude des courbes chutantes chapitre 14). A noter que les oscillations
au niveau des courbes sont amplifiées si nous éliminons l’élément visuel lors
de notre bilan, le sujet se trouvant en cabine : il n’est plus alors soutenu
par le regard d’autrui de la relation duelle. Situation bien connue des familles
qui nous déclarent qu’une leçon est sue après
avoir été apprise à la maison mais que, seul devant sa page, l’enfant ne peut
plus rien restituer.
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