Psychosonique en Pédo-Psychiatrie

Dr Joffrin, Françoise

 

 

4.- MORPHOLOGIE DE LA COURBE TYPE - Les deux écoutes

4.1 - La courbe aérienne

La courbe idéale est une courbe ascendante de 125 à 2.000 hertz avec une pente d'environ 6 DB par octave ; elle culmine entre 2.000 et 4.000 hertz, puis amorce une légère descente. Cette courbe définit le seuil d'audibilité. Les audiogrammes sont standardisés en redressant les minima afin que la courbe idéale apparaisse droite sur les diagramme, pour en faciliter la lecture. Toutefois, une petite élévation persiste entre 1.000 et 2.000 hertz malgré les 30 à 40 dB. accordés sur la courbe dans les graves et les aigus (fig. 10).


FIGURE 10

 



Pourquoi existe-t-il tant de variations au niveau des individus, notamment chez  les enfants, en dehors de toute pathologie héréditaire, organique ou traumatique ? Nous avons avancé, à la suite de Feldman, que "nous ne réagissons pas à tous les sons audibles provenant de notre environnement" et que "nous portons des jugements affectifs sur une sensation sonore perçue et point sur une autre". L'aspect relationnel par rapport à l'environnement et à autrui serait à prendre en considération quant à la sensibilité auditive du sujet. Nous devons de même tenir compte de la relation du sujet à sa propre corporéité : la sensibilité auditive varierait au niveau de telle fréquence en fonction du ressenti du sujet au niveau de chaque organe. Empiriquement, Tomatis et Bérard, déjà cités, font état de distorsions par rapport à la courbe idéale à type de pics, surélévations, pointes, qui pourraient témoigner de l'hyperaudition de certaines fréquences spécifiques chez l'individu, ainsi que de scotomes, chutes au niveau des courbes, évocateurs de retrait, repli, non-écoute, fermeture à la communication concernant telle fréquence ou tel ensemble de fréquences (Statistiques entreprises par le Dr.  Descouens - ORL de Toulouse - et nous-même 1989, 1990).

Une technique audio-phonologique appropriée accompagnée d’un travail audio-vocal permettent de redonner une dynamique à l'écoute,  cette démarche pouvant précéder une technique psychothérapeutique, ou bien de situer en parallèle avec cette dernière.

La courbe aérienne refléterait-elle la façon dont le sujet écoute spécifiquement le monde environnant (aérien), l'interlocuteur l'Autre, et plus particulièrement dans son langage articulé ? Elle témoigne de la participation au monde commun, le koïnos kosmos d’Héraclite, (koïnos = partagé par tous) donc le symbolique, contrairement au monde privé, l’idïos kosmos, le monde particulier du sujet séparé (courbe osseuse) et on oppose généralement la multiplicité des idiomes et des dialectes à la langue unique et commune d’un état nation.

4.2 - La courbe osseuse, via les cavités résonantielles du crâne et du rachis, rendrait compte de la façon dont le sujet est à l'écoute de son monde propre, à la façon d'une auto-écoute. Il y a certainement plusieurs modalités de cette écoute intérieure, lieu de la vibration du verbe ou de la musique chez un sujet. La pédagogie de la voix peut nous donner un aperçu de cette vibration en nous : lorsque nous exécutons un « A » bouche ouverte et que nous refermons notre bouche tout en maintenant notre vibration sur le A, nous commençons à ressentir vibrer d’abord notre mâchoire, puis notre cou, puis notre thorax, et si nous y mettons une intentionnalité, nous pouvons la prolonger dans le ventre et même dans les jambes. Nous sommes traversés par la vibration et c’est un début d’exploration de notre espace intérieur. L’artiste lyrique travaille ainsi de façon très fine, et c’est aussi la façon de procéder des Mongols en chant_diphonique. Une interview du compositeur Marcel Landowski (France Culture, Novembre 1991) peut nous faire saisir ce que peut être l'écoute intérieure, à propos de l'écoute imaginaire de Beethoven : « Comprendre et ressentir sans entendre le réel doit donner de grandes libertés et du génie chez des sujets doués d'une grande imagination». L’auteur fait certainement référence à la mise en forme du son en images acoustiques (celles dont parle Saussure), le génie usant  d’une prodigieuse mémoire et alliant ses productions à des thèmes comme : la danse, la pastorale, l’hymne à la joie, l’héroïsme, le destin… il s’agit là de concepts (le signifié).

Le sujet doué d’inventivité nous montre que la création ne s ‘effectue pas toujours par les voies du langage articulé et Beethoven devenu sourd nous apprend que le talent est hors norme.

Si nous nous situons hors du champ de la créativité, nous adressant à l’enfant et à l’adulte que nous recevons dans notre pratique, nous pouvons dire que la courbe osseuse représente l’écoute de l’intimité du sujet,  de son monde fantasmatique, du pour-soi, mais aussi de sa propre corporéité et de ses différents niveaux résonantiels, essentiellement corporels, lieux où le langage n’est pas articulé ; en conséquence, la courbe osseuse, qui croisera maintes fois la courbe aérienne, sera révélatrice des somatisations du sujet, et en l’occurrence, nous nous sommes penchés sur l’asthme.

Il n'y a en fait qu'une seule courbe idéale qui correspond à la jonction de l'écoute   " extérieure "  pour l’Autre et de  l'écoute " intérieure " pour soi.  Pour faciliter l'analyse des résultats, les étalonnages des courbes aérienne et osseuse ont été volontairement décalés d'environ 20 dB (fig. 11), déterminant deux courbes parallèles séparées, la courbe aérienne devant être au-dessus de la courbe osseuse. La disposition réciproque des deux courbes est étudiée, à savoir : la courbe osseuse empiète-t-elle sur la courbe aérienne, et les points de croisement ont leur signification. Ces deux courbes, reflétant l'écoute de deux mondes différents, peuvent ne pas être parallèles.

FIGURE 11

 

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18 Avril 2003