LE BRUIT ET LA SANTE MENTALE

UNIVERSON 1993
Dr Bernard AURIOL

La défonce aux décibels

Pour les nouvelles générations qui disposent de toutes sortes d'instruments (laser, K7, FM, TV, etc), la musique "dessine un chemin. C'est une vie qu'on se donne" (Moitel, 1985) et, tant qu'à faire, poussons le potard à fond (quand on aime on ne compte pas), jusqu'à la défonce et pas toujours la surdité contrairement à ce qui adviendrait à l'usine pour un bruit comparable en décibels (Josserand, comm. au groupe des sons, 1988).


Tomatis déjà (1973) déclarait que le "grand chanteur d'Opéra développe environ 150 dB dans son crâne lorsqu'il est en pleine action" mais qu'il a appris à se défendre de sa propre production, évitant ainsi la surdité !

Le Bruit pour apprendre ?

Bien des parents s'inquiètent de voir leurs jeunes mettre de la musique à haut niveau, pendant le temps même où ils font leurs devoirs et apprennent leurs leçons : inutile de les brimer; cette coutume est probablement plus utile à la concentration que source d'évasion nuisant aux performances.

L'Hyperacousie

Il s'agit d'un syndrome psycho-physiologique mis en évidence notamment par Descouens. Les personnes qui en souffrent éprouvent certains bruits comme gravement insupportables, alors que d'autres sons, pourtant plus intenses sont bien tolérés. On peut mettre en évidence chez ces patients une exagération de l'amplitude des oto-émissions-acoustiques.

Certaines pathologies semblent prédisposer à cette hyperacousie (autisme, paranoïa, etc...) qui peut se manifester aussi sur le plan neuro-physiologique, au niveau de potentiels évoqués auditifs, d'amplitude augmentée.

Effets du Bruit

L'environnement de travail a fait l'objet, notamment en France, de recherches quant aux effets du bruit sur la santé des travailleurs. Ce qui est le plus évident est la surdité ou l'hypoacousie !

D'autres effets de la pollution sonore sont : la perte d'intelligibilité dans la communication parlée, l'altération des patterns du sommeil, et une augmentation du stress de l'individu. Par exemple les sujets souffrant d'un handicap lié à une maladie psychologique, sont parfois génés dans leur insertion professionnelle par le bruit souvent important dans le lieu de travail (cf. 1, 2).

« Le bruit des aéroports mauvais pour le cœur »

Des études menées scientifiques, publiées dans le British Medical Journal, montrent que les personnes vivant à proximité des aéroports et exposées au bruit des avions avaient des risques accrus d'accidents vasculaires cérébraux, et d'infarctus du myocarde (mesures basées sur le nombre des décès ou des hospitalisations).


L'étude menée par une équipe de l'Imperial College de Londres, concerne une population de 3,6 millions d'individus (habitant non loin de Heathrow).
Dans les zones exposées à des niveaux de bruit de plus de 63 dB (en raison des atterrissages et décollages) on a observé une augmentation de plus de 15 % des maladies cardio-vasculaires par rapport à ceux qui subissent un niveau sonore de moins de 50 dB.

De même une étude menée à Harvard (autour de 89 aéroports) : sur 6 millions de personnes âgées montre que les hospitalisations pour des problèmes cardio-vasculaires augmentent de 3,5% pour toute augmentation du niveau sonore de 10 dB.

Cette hausse du risque cardio-vasculaire ne semble pas liée au niveau des revenus, à l'appartenance ethnique, et ne résulte pas de l'exposition à divers niveaux de pollution ».

Le Pr Jean-Luc Puel, directeur Inserm à l'Institut des neurosciences à l'université de Montpellier, déclare : « Ces résultats ne me surprennent pas. On sait que des bruits gênants, même d'intensité modérée, comme par exemple une goutte d'eau qui tombe dans un lavabo, une dispute d'un couple de voisins, le bruit d'une autoroute au loin, peuvent avoir des répercussions énormes sur le stress, ce qui peut ensuite se traduire par de l'hypertension artérielle ».


Résumé d'une revue de presse rédigée par Laurent Frichet, TSAVO PRESSE / Le Figaro
Mediscoop du 11-10-2013 - Envoyée à 97264 abonnés en France

 

Le Bruit, mieux que d'autres jouissances, rend sourd !

"Hemmed in here (cernés) by the massive thickness of walls and arches, the storm within the fortress and without was only audible to them in a dull (maussade, sourde), subdued (à voix basse) way, as if the noise out of which they had come had almost destroyed their sense of hearing[1]."

pubs non contrôlées par le site  "Stress, Yoga et Psychosonique".

 

Perturbation de la parole et de la relation inter-subjective

Il est bien évident que le bruit, y compris sous forme de musique non écoutée, est un puissant facteur d'incompréhension entre les individus qui le subissent. Il n'est pas nécessaire de remonter jusqu'au film de Cayatte[2] ! De nombreux exemples associent ces méfaits à la xénophobie pour produire des crimes odieux et répétés ! 

Détérioration de la Structure du sommeil

Les patterns du sommeil

Ils sont souvent perturbés, le sommeil est plus léger, diverses formes d'insomnie peuvent survenir. Ceci conduit bien des gens à employer des bouchons d’oreille pour protéger leur sommeil. Un pharmacien toulousain prétend que c’est l’article de parapharmacie le plus vendu dans son officine ! Cependant, sauf en cas de nuisance majeure, il reste préférable de ne pas fermer le canal auditif, même pendant le sommeil[3]. En effet, c’est pratiquement le seul sens qui reste ouvert, placé comme une sentinelle qui saura monter le guet, informer des dangers, des agressions, des besoins du nouveau né ou du conjoint malade, etc.

Le Bruit pendant le sommeil    

Les rêves se laissent fortement inspirer (Dr Faure) par la signification d'un morceau de musique entendu lors de l'endormissement: tantôt des situations oniriques d'angoisse, tantôt d'euphorie, selon la nature de l'enregistrement utilisé. Si la musique est injectée, même à faible niveau, PENDANT le sommeil lui-même, l'Electro-Encéphalo-Gramme ne permet plus de discerner les phases normales de "sommeil Paradoxal". On a parlé, à ce sujet, de perturbation grave puisqu'il y aurait diminution ou suppression des rêves! (Anonyme 1- 1969)

Augmentation des marqueurs du stress

 


Women More Sensitive to Noise Than Men
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NEW YORK (Reuters Health) Mar 02 - Men and women appear to react differently to a loud startling noise, new research suggests. Women, it seems, can be frightened by a sound more easily than men, and in response, show an increased tolerance to pain.

Men, on the other hand, find a loud noise more startling than fearful and actually become more — not less — sensitive to pain, according to Dr. Mary W. Meagher, a psychologist at Texas A&M University in College Station, Texas. Dr. Meagher and colleague Dr. Jamie Rhudy report their findings in the February issue of the Journal of Pain.

"We can't say, on the basis of this study, that men and women have different reactions to noise as a stressor, but it suggests that women have a lower threshold to experience noise as stressful," Dr. Meagher explained in an interview with Reuters Health.

In the study, 20 men and 20 women were exposed to a loud sound similar to a fire alarm in an office building. For some of the participants, the sound came without warning while others were told that a sound was coming, but it never did. Afterward the study participants answered questions after the experience.

The women were more likely than the men to say that the noise made them afraid, according to the report. Afterward, the women showed an increase in their ability to withstand a painful stimulus, an effect that lasted up to 8 minutes after the sound.

The men were not as reactive to the noise and reported that they were not afraid. The men were more likely to say that they felt surprised by the noise, but when exposed to a pain stimulus, the men were less able to withstand the pain, Dr. Meagher noted.

"The gender difference might disappear if we increased the intensity of the noise bursts for men. With more intense noise they will probably show the same effect observed in the women. However, our data suggest that women may be more sensitive to noise stress than men," Dr. Meagher told Reuters Health.

From an evolutionary point of view it makes sense that fear would decrease a person's sensitivity to pain, the report indicates.

"During a life-threatening situation, feeling pain would get in the way of survival, so the body reacts by shutting off the pain response," Dr. Meagher said. "Anecdotally, this has been reported by men in combat who did not realize that they had been shot until after they made their way back to safety."

J Pain 2001;2:57-64.

 

Le "syndrome des HLM"  (dépressions, troubles digestifs, difficultés gynécologiques, asthénie, etc) pose le problème d'une promiscuité déshumanisante dont la nuisance tient, pour l'essentiel, à la communication sonore indue entre les appartements. La vie intime de chacun est connue de tous. Il n'existe plus cet espace personnel, tellement nécessaire à l'équilibre que P. Sivadon (1977) a voulu le recréer, même dans le cadre de l'hôpital

 

Effets du bruit sur les sécrétions gastriques  

L'audition d'un morceau de musique peut diminuer considérablement les sécrétions gastriques (Demling, 1970). Mais cet effet dépend des goûts particuliers de l'auditeur: ils sont extrêmes chez les amateurs de Pop-Music, notables pour ceux qui aiment Bach et disparaissent chez le non mélomane.

  Il y a de quoi devenir fou   (décompensation psycho pathologique).

     "In another room, a kind of purgatory or place of transition, six or eight noisy madwomen were gathered together, under the superintendence of one sane attendant. Among them was a girl of two or three and twenty, very prettily dressed, of most respectable appearance, and good manners, who had been brought in from the house where she had lived as domestic servant (having, I suppose, no friends), on account of being subject to epileptic fits, and requiring to be removed under the influence of a very bad one.  She was by no means of the same stuff (du même tonneau), or the same breeding (éducation), or the same experience, or in the same state of mind, as those by whom she was surrounded; and she pathetically complained that the daily association and nightly noise made her worse, and was driving her mad - which was perfectly evident.  The case was noted for enquiry and redress, but she said she had already been there for some weeks."

Dickens, Charles(A) Walk In A Workhouse.

Effets sur le caractère de l'exposition permanente au bruit          

Des statistiques ont montré que l'exposition permanente au bruit rend les gens plus querelleurs et favorise les scènes de ménage !

C'est le voisin qui fait du bruit !

Bien des personnes annoncent leur extrême sensibilité à certains sons, qu'il s'agisse de bruits particuliers ou d'un ensemble de bruits tous issus du même voisin, à connotation fréquemment sexuelle (évocation de la "scène primitive" ), parfois inaudibles ou non enregistrables par l'expert acousticien (P. Josserand, comm. pers.; Auriol, 1989) ...

Déjà Sénèque (165) se plaignait du bruit des Thermes qui nous paraitraient plutôt anodins :

« J'habite juste au-dessus de bains. Imagine-toi tant de types de voix, que je finis par haïr ma propre ouïe. Quand des costauds soulèvent des poids ou des haltères, quand ils s'entraînent ou du moins font semblant, je les entends souffler. Quand ils relâchent l'air retenu dans leurs poumons, j'entends sifflements et autres couinements. Ou alors, quand un paresseux se contente d'un ordinaire pommadage, j'entends les claquements de mains sur ses épaules... Ajoute à cela les querelleurs, les voleurs qui se font prendre ou les quidams aimant faire entendre leur voix aux bains; il y a encore ceux qui sautent dans les bassins, provoquant de grands bruits d'éclaboussement. Ou pense encore aux barbiers élevant sans cesse la voix, et ne se taisant que quand ils sont occupés à raser quelqu'un. Et il y a aussi les cris perçants des vendeurs de gâteaux ou de saucisses et des propriétaires d'échoppes qui vantent leurs marchandises. » (Pour La Science, 363, Janvier 2008, p.76)

EFFETS DE LA DISTRIBUTION SPECTRALE DOMINANTE:

          MEDIUMS

         

Certaines expressions musicales privilégiant la zone des médiums pourraient avoir quelque rôle dans l'expression ou l'évolution d'un caractère; c'est ainsi que tel musicien de mes amis prétend que ses collègues flûtistes ont tendance à se sentir persécutés et montrent un "sale caractère".

         

Les agents de l'E.D.F. qui utilisent à longueur de journée certaines générateurs de fréquences (800 à 1000 Hz) déclarent que c'est plus épuisant qu'une journée dans les embouteillages ou près d'un marteau piqueur ! Jusqu'à vouloir briser l'appareil, voir surgir des migraines ou des troubles gastriques... Bien sur, celui qui manie l'appareil et déclenche les salves sonores parait moins éprouvé que ses collègues, témoins passifs. Il s'agit ici de sons répétitifs, souvent de forte intensité. Cependant, leur caractère de fréquence pure, sinusoïdale, semble, même pour les faibles niveaux, comporter, de par leur structure très peu naturelle, un aspect agressif et nuisible, surtout lorsqu'ils sont très directifs et administrés à une seule oreille. On sait, par ailleurs (A.G. Woods,1970), que les vibrations infra soniques sinusoïdales sont ressenties plus péniblement que celles dont la forme d'onde est plus complexe. Certains audiométriciens (par exemple Mr Urgel) appuyé en cela par la majorité des autres membres du Groupe de Réflexion sur les Sons de Toulouse, estiment convenable d'enrichir le test d'écoute en utilisant, concurremment aux fréquences sinusoïdales du test, un son blanc filtré en bandes étroites, ou une wobulation du signal dans les mêmes limites.    

La musique d'ambiance et les choeurs, qui privilégient la zone des médiums par rapport aux musiques syncopées ou symphonique à grande dynamique, entraînent, chez 95 % des jeunes mamans, une stimulation de la sécrétion lactée, telle que leur production de lait s'accroisse de 50 à 150 % (Dr Ikouya Oka, 1970)!

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La MUSIQUE FONCTIONNELLE PLANIFIEE

est "une application industrielle des pouvoirs du son tels que les moyens modernes d'enregistrement, de traitement et de diffusion permettent de les utiliser." (M. Chion, 1978) Il s'agit de cette musique conçue de telle sorte qu'on "l'entend sans l'écouter" (W. Wokoun, 1969) et qui permet d'administrer une stimulation propre à combattre les déperditions de rendement quand la fatigue croit le long de la journée... On reconnaît des résultats spécialement positifs dans les unités de travail manuel et mécanique, surtout dans les ateliers féminins, lorsqu'une tâche inintéressante demande pourtant une attention soutenue.

         

          Cette musique facilite l'attente dans les lieux publics, favorise et oriente les achats dans les magasins où tout semble devenu possible; hélas, le paradis terrestre finit à la caisse.

          

          Muzak est la firme la plus connue pour la commercialisation de tels enregistrements qui ont plus de cent millions d'auditeurs quotidiens dans plus de 25 pays... Cela s'entend dans les bureaux, les usines, les restaurants, les cliniques, les écoles, les élevages de poulets, etc..

         

Les caractéristiques de la Musique Fonctionnelle Planifiée sont les suivantes : faible niveau de diffusion, aplatissement sévère des zones graves et aiguës du son, flux lisse et coulant, réduit à une bande étroite dans le médium, distillé en aérosol, il est omniprésent quoique très discret.

         

On voit que ce type de musique aplatie, non informationnelle quoique limitée à la région du spectre utilisé pour la parole, a une vertu de conformisation sociale maximum. Elle se range parmi les musiques "convergentes" de Feldman. Je viens de dire qu'elle s'abstient d'apporter de l'information. On ne peut cependant, la considérer comme un bruit banal ! Elle constitue un fond sonore, sur lequel pourront s'inscrire les "formes" de l'environnement productif ou marchand. Un tel fond est caractérisé par son aspect familier, dépourvu de toutes les aspérités qui pourraient être sources d'alerte, de stress, de vigilance. Ceci nous permet de poser le problème d'un troisième terme qui devrait dialectiser les recherches concernant le signal par rapport au bruit. Le fond sonore est un signal implicite en ceci qu'il est censé dire quelque chose de la situation dans laquelle le signal est transmis, il s'agit d'un contexte par rapport à un texte. D'un autre côté, il est un bruit, en ce sens que ce fond sonore pourrait n'a pas de lien nécessaire avec le message.

Le secret de la MFP et aussi des manipulations ériksoniennes et de l'hypnose en général est de jouer en prestidigitateur sur les deux tableaux, de semer la confusion sur ces deux pouvoirs séparés. C'est probablement dans cette ambiguïté que réside la magie de la musique !

Les sons à vocation purement contextuelle sont probablement extrêmement importants du point de vue de la santé mentale et des performances cognitives et relationnelles.

Le sourd     

   

L'absence de stimulation auditive, spécialement les surdités les plus radicales, diminuent le goût et même le besoin de communication. Les "interactions" entre enfants sourds sont de l'ordre de 3 minutes contre 8 minutes pour les autres. Cet appauvrissement aurait des conséquences très importantes si l'on en croit Schmitt (1981). Il déclare: "chez le jeune sourd à démutiser, on trouvera neuf fois sur dix une sexualité agressante, essentiellement gestique, très suggestive pour le partenaire, et paraissant obscène à l'observateur non averti". Il prétend même administrer la réciproque en ceci que 60 % des exhibitionnistes (108 sur 182) et une proportion comparable de prostituées (21 sur 31), ont une nette hypoacousie bilatérale (40 dB) alors que 45 % à 55 % (82 exhibitionnistes et 17 prostituées) souffrent de troubles de l'élocution (bégaiement ou chuintage)...

Il est plus classique (Vacola, 1983) de remarquer chez celui qui n'entend pas - que ce soit congénital ou acquis - retard psychomoteur, lenteur, retrait, dépression, morosité, méfiance, habitus coléreux, impulsif et violent selon le portrait du père fouetteur qu'on en voit dans "un Bon Petit Diable" (en quoi il s'oppose à l'aveugle et souriante Juliette).

         

          GRAVES

         

 

Il en va tout autrement de ce vaste ensemble qu'on a voulu réunir sous le vocable de M.P.R. (ou musique "POP/ROCK"): on utilise alors de très forts niveaux en aplatissant les médiums au profit des extrêmes aigus mais surtout graves. Les hauts parleurs "sont érigés comme des totems", agressivement visibles, les corps humains sont secoués de vibrations, les conversations impossibles : on ne peut que boire ou danser...

          

Dans l'ambiance Disco, on ne peut, au dire des témoins de Jéhovah (Anonyme 3, 1979), que "se laisser aller au mouvement primitif sans pensée, exprimer sa sexualité dans un état orgiaque d'exaltation extatique" ...

Le grondement des souterrains, la tempête de décibels, les festivals tonitruants induisent la fusionnalité des individus amassés les uns contre les autres, conforte les plus jeunes dans leur sentiment d'appartenir à un nouveau monde, les éclate et les défonce: les valeurs d'autorité disparaissent, les mornes indices de la quotidienneté s'éclipsent, la révolte, le vitalisme instinctif, la turgescence sexuelle, la liberté de l'eau jaillissent, festoient mais rendent - mieux que d'autres plaisirs - sourd... Au point que le nombre de réformes, pour défaut d'audition, augmente (1989) de manière très inquiétante dans notre pays !...  Au delà des impressions festives survient la gueule de bois et le besoin d'en rajouter, une certaine pente vers la déresponsabilisation. Le son peut alors devenir une drogue parmi d'autres (Antoine, 1988).

 

          AIGUS

La mélodiethérapie (Ferrand-Vidal, 1982), enseigne que l'opposition grave-aig¨u permet de réintégrer, sur la montée, les termes syntaxiques négligés sans cela par l'agrammatique (dont les lésions cérébrales ont altéré les capacités grammaticales). La catégorisation grave/aigu apparaît donc comme une structure d'éveil et d'accentuation ... Les mères et certaines orthophonistes (Maurette, 1989) le savent bien qui utilisent ces montées pour exciter l'enfant au parler: ce qu'il entend !

Les cuivres, tant prisés des fanfares militaires, conduisent à l'exaltation, signifient le triomphe, évoquent l'héroïsme Pourquoi ? C'est qu'ils ornent leurs finales d'une variation du timbre correspondant à une gerbe puissante d'harmoniques de plus en plus riches en aigus (on verra que l'oreille électronique et surtout le variophone agissent d'une manière analogue, mais avec plus de continuité et moins d'éclat grandiloquent).

Certains employés de l'E.D.F ont noté l'effet curieux des fréquences de 4000 à 5000 Hz; leur action se discerne mal pendant le temps d'exposition lui même; par contre, au décours de celle ci, le sujet se sent assommé ou persiste à entendre, jusqu'en son lit, le son lancinant qu'il a subi toute la journée...

Un médecin de l'Isère rapporte (Roucayrol, 1964), que des ouvriers, utilisant, pour agrafer des feuilles d'aluminium, un générateur à magnétostriction piloté par un oscillateur à 20 KHz (dont ils entendaient le sifflement), se plaignaient d'inappétence, impuissance, nervosité... Il est probable que l'appareil incriminé était mal réglé et la fréquence plus faible, puisque bien peu de personnes se montrent capables d'entendre au delà de 15 à 18 KHz...

Néanmoins, nous sommes dans la zone des sons très aigus: les effets observés peuvent contribuer à préciser quelle est leur type d'action sur l'organisme.

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L'entraînement audio-psycho-phonologique

L'usage de musiques "bruitées" par un filtrage asservi (Tomatis) ou aléatoire (Bérard), voire par des sonorités surajoutées (création d'harmoniques de l'Akousmatix d'Auriol et Thourel; création de sons synthétisés asservis, non harmoniques de Beller) induit des effets thérapeutiques dan une bonne proportion de cas.

Cependant, là encore, s'observent, parfois, des effets de stimulation non recherchés : excitation anxieuse, sentiment être "sous pression", réactivation bizarre d'une affection ancienne (lombalgie, hypertension artérielle, otite séreuse, eczéma du conduit, sécrétion exagérée de cérumen, parfois localisée à l'oreille la plus sollicitée, infiltration parotidienne et péri-auriculaire sans affection intercurrente décelable, infiltration du pavillon avec constitution d'une inflammation purement fonctionnelle, apparition de kyste rétro-auriculaire, dysphonie, etc...). Et si surgit la possibilité d'exprimer une agressivité jusque là réprimée ou refoulée, l'entourage regimbe "ça lui fait plus de mal que de bien: il devient irritable".

Ce qu'on vient de lire pourrait laisser dans l'ombre le fait qu'il est fort différent d'entendre un sifflement très aigu, une oeuvre symphonique de Debussy ou de Mozart filtrée en passe haut. Tomatis a proclamé que la musique filtrée, pour atteindre à son optimum d'efficacité, devait provenir de certains compositeurs (plus spécialement, dans le cas courant, de W.A. Mozart). Il en donnait une raison psycho-dynamique: cette musique faisait du bien parce que son compositeur était passé, presque directement du ventre maternel au clavier du piano. Possible. Reste à trouver en quoi cette musique diffère des autres, par exemple de celle de Vivaldi ou de Beethoven ?

Guy Maneveau (1975) observe que beaucoup de créateurs font comme si DO / MI / SOL était l'accord parfait alors que dans la nature on a plutôt DO / DO SOL / DO / MI etc... (4). Il a proposé l'explication suivante: la construction harmonique serait chez Mozart, plus fidèle, globalement, à la distribution naturelle des résonances.

Pour le Pr Jenkins (G.B.), l'écoute de la "sonate 448" permettrait aux enfants de réaliser de meilleurs découpages et dessins, donc d'améliorer leurs capacités spatio-temporelles. Certaines activités cérébrales pourraient donc être stimulées ou ralenties selon les compositions (Psychologies, 24, Septembre 2001).

 

Bruits convergents vs divergents ?         

David Feldman (Tableau) distingue les musiques à effet convergent qui amélioreraient la voix (et l'écoute des voix) et les musiques à effet divergent stimulant l'écoute des sons très graves ou très aigus.[4]

Domaine

Effet Convergent

Effet Divergent

Rythme

binaire ou ternaire

ni binaire ni ternaire

constant

variable

Mélodie

dans les fréquences de la voix parlée

fréquences plus hautes ou plus basses

Harmonie

tonale

atonale

Dynamique

changements de volume rares, progressifs, modérés

changements de volume fréquents,

brusques, importants

Timbres

> 5O % de la masse orchestrale

< 50 % de la masse orchestrale

Ecoute

verbale

non verbale

Tableau de Feldman (1983)

 

 

  CONCLUSION

         

L'effet des sons peut être d'oblitérer le silence dont quelques plages sont tout à fait nécessaires à une hygiène minimale (Auriol, 1987). Et de les avoir anéanties conduit à s'en donner le luxe, quand on peut y accéder; sous forme d'isolement sensoriel, méditation, et retraites...

Bibliographie : On trouvera une bibliographie assez détaillée quoique loin d'être exhaustive dans l'ouvrage de l'auteur intitulé "La Clef des Sons (Eres éditeur / DiffEdit)" . Une partie du texte ci dessus se trouve déjà dans cet ouvrage.

Google
  Web auriol.free.fr   


Psychosonique Yogathérapie Psychanalyse & Psychothérapie Dynamique des groupes Eléments Personnels

© Copyright Bernard AURIOL (email : )

11 Octobre 2013

 



[1] Charles Dickens  (in Book The Second: The Golden Thread)

[2] Nous Sommes tous des assassins !(1952)

[3] je dois cette recommandation à Alfred Tomatis (1920-2001)

[4] On voit que, selon la distinction que nous venons de faire, et tenu compte du fait que la parole est exprimée au niveau des médiums, cette distinction conduit à rapprocher la musique convergente du "texte" et la musique divergente du contexte.